Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTRODUCTION
- logique du statut
- logique de la fonction
- logique de la compétence
- logique du métier
- le degré de standardisation : plus il est élevé, plus les modes de GRH sont
uniformisés dans toute l’organisation, les départements disposent alors de peu de
latitude pour adapter les outils ou innover localement.
Objectifs explicites de la GRH : attirer les bons candidats, les garder; augmenter la
motivation des travailleurs; favoriser leur développement personnel dans l’organisation.
La GRH en contexte
Dans la GRH, il faut rechercher une cohérence entre tous les grands principes qui vont
déterminer les décisions relatives aux recrutements, aux rémunérations, aux affections,
aux mutations, aux promotions, à la gestion des carrières, à l’évaluation, au
développement des compétences, à l’exercice de la sanction.
—> à partir d’une certaine taille, cela suppose une formalisation, avec des procédures
explicites, des outils définis et des acteurs bien positionnés.
MAIS .. ce ne sont que des principes sur papier, qui ne peuvent pas remplacer la réalité
des pratiques des gestionnaires !
1) le modèle arbitraire
caractérisé par une absence de planification des effectifs, des licenciements sur le champ,
une culture fondée sur l’esprit maison, une formalisation sur le tas, des pratiques intuitives
d’évaluation et de promotion, des salaires fixés aléatoirement, une tendance à mélanger
temps de travail et temps libre, un communication informelle et centralisée, peu de
participation et des relations professionnelles inexistantes (ex: dans certaines PME)
2) le modèle objectivant
3) le modèle individualisant
4) le modèle conventionnaliste
s’observant dans les universités, les hôpitaux, les cabinets d’avocat, … il est fondé sur
la validation collégiale (= de manière collective) du recrutement et de la sélection, les
départs volontaires ou sons la pression des pairs, culture d’entreprise marquée par des
clivages corporatifs ou disciplinaires, processus de formation entièrement maitrisés par les
professionnels, une évaluation liée à la reconnaissance de critères fixés de manière
collégiale, promotions sur base d’élections par les pairs, salaires négociés à l’entrée avec
possibilités de rémunération externe, temps de travail sous la maitrise de professionnels,
communication largement décentralisée et collégiale, des relations professionnelles
fondés sur l’éthique professionnelle.
5) le modèle valoriel
—> On mesure la diversité des modèles en fonction des contextes propres aux
divers milieux professionnels. Dans la GRH, on voit donc une contextualisation de
principes et d’outils, de pratiques et d’usage dans les contextes de travail
spécifiques, et finalement d’appropriation par les acteurs.
Ce cours vise à offrir un aperçu à la fois pratique et critique des principales fonctions GRH.
Il n’a pas pour but d’expliquer une discipline qui ne recouvre qu’un ensemble de dispositifs
de pouvoir accompagnées d’une idéologie spécifique (performance, autonomie, potentiel,
…) au service d’une efficience collective.
Dans ce cours, nous mettrons entre parenthèse la question fondamentale de la finalité de
cette efficience collective, c’est à dire pourquoi chercher l’efficience ? (+ de profit et
enrichir l’actionnaire ? + de biens publics ? Produire des produits de qualité ?, …)
La GRH doit pourtant être jugée non seulement sur les modes de gestion qu’elle recouvre,
mais aussi sur les finalités qu’elle sert ! C’est une matière vaste et diverse et ce cours est
donc une sélection de certaines dimensions. Ne sont pas abordées :
(Voir + de détails, page 7 syllabus)
Introduction
Le concept de motivation
On est motivé dans une situation donnée et par une situation donnée —> on va donner un
surplus d’effort, + d’engagement dans son travail.
Il est important de ne pas réduire la motivation à un besoin ou un trait de personnalité. En
fait, la motivation n’existe pas en tant que telle, c’est un concept général pour
qualifier une forme complexe d’adaptation à un environnement de travail et qui
dispose l’individu à délivrer une « performance », c’est à dire à consacrer des
efforts, de l’énergie, de l’attention et de la réflexion à l’atteinte de certains objectifs.
C’est un processus, et non une donné !
On est donc motivé par un travail dans une situation donnée. On ne sait pas isoler
expérimentalement la motivation, comme l’attention ou la fatigue.
Enfin, il faut renoncer à faire de la motivation un calcul global de l’individu qui, en fonction
de ses préférences ou de son utilité, choisirait rationnellement de maximiser son intérêt en
s’investissant dans tel ou tel domaine (on ne tiendrait alors pas compte des éléments
culturels et socio-affectifs). Il faut aussi renoncer à concevoir un modèle universel qui
s’appliquerait à tous les travailleurs, quels que soient leur culture, profession, âge et
situation professionnelle.
Motivation = processus individuel et social qui se construit dans le temps de la personne
et du groupe, et qui n’est jamais acquis une fois pour toutes !
L’implication
psychosociologique qui se construit à travers la vie des groupes et qui dépend des
normes et valeurs. L’implication est donc différente de la motivation, mais les deux
peuvent bien entendu se corréler.
La satisfaction
C’est le travail intentionnel d’ajustement à une situation de travail et non un état objectif de
satisfaction des besoins.
La satisfaction est le concept le plus délicat. Que signifie l’individu qui déclare « être
satisfait de son travail »? Supposons qu’il existe bien, derrière cette expression, quelque
chose de substantiel qui serait « la vraie satisfaction », qui se comprendrait en termes
d’assouvissement des besoins ou de réalisation globale de ses aspirations. La sensation
de « satisfaction » peut en effet varier énormément d’un individu à l’autre. Quand
sommes-nous satisfaits ? (Voir exemple page 12)
La satisfaction peut se comprendre comme un travail intentionnel d’ajustement à une
situation de travail et non comme un état objectif de satisfaction de ses besoins. Comment
savoir que nos besoins professionnels sont satisfaits ?
L’idée que la satisfaction correspondrait à l’une ou l’autre forme de « bilan
psychique » de l’individu, entre ce qu’il apporte à l’entreprise et les rétributions de
tous types qu’il en reçoit est intenable …
- Le taux de rotation externe qui désigne la proportion des travailleurs qui quittent
chaque année l’entreprise. L’entreprise doit donc trouver des solutions pour les
remplacer.
- L’absentéisme qui peut marquer un manque de motivation et d’implication.
- La participation spontanée à la vie de l’entreprise : la propension aux suggestions,
aux idées nouvelles, les réunions supplémentaires, la participation à des cercles de
qualité, des groupes de réflexion, …
Qu’est-ce qui motive les individus ? Qu’est ce qui pousse à l’action ? Réponse classique
—> les besoins. Exemple de la fin ou de la soif qui entrainent certains comportements
jusqu’à l’assouvissement. On a un besoin, on agit pour assouvir ce besoin. On a donc
une tentative de réduire la tension et de revenir à l’équilibre. Et la tension ne serait pas
une création de l’individu, mais une donnée biologique. Avec la satisfaction du besoin,
la motivation disparaitrait donc.
Conception de Maslow : la plus connue, avec les 1) besoins physiologiques d’existence
(sexe, faim, soif, …); 2) le besoin de sécurité (être protégé contre les menaces); 3) les
besoins sociaux (fait d’appartenir à des groupes, de l’affection); 4) le besoin d’estime et
de réputation; 5) le besoin d’autonomie et d’indépendance et le 6) besoin de
compétence, d’auto-accomplissement.
- lien qui n’a jamais été prouvé entre les besoins identifiés et la motivation
- extrapolation des pulsions élémentaires dans la vie professionnelle
- L’hypothèse du besoin n’explique pas la démotivation (tant qu’un besoin est insatisfait,
l’individu devrait rester motivé)
- le caractère universel des besoins (sont-ils universels à travers le temps? l’espace ?,
…) D’une société à l’autre, les besoins changent en même temps que les cultures …
- La hiérarchie des besoins remise en question (des êtres humains peuvent manquer
du minimum et malgré tout lutter pour leur dignité).
- La conception même du besoin : en réalité, c’est l’expression d’un manque vécu dans
le cadre d’un usage déterminé, régi notamment par des comparaisons sociales (un
7
homme au M-A n’avait pas besoin de télévision, car il ignorait son existence. Le besoin
que j’éprouve d’avoir une télé va dépendre de la conscience que j’ai de pouvoir
disposer de la télé, également de la comparaison sociale, si des gens ont la télé ou pas,
et enfin la nécessité de cet instrument dans notre vie).
- La tendance à biologiser les comportements humains : on place des lois naturelles
et ainsi, ces pratiques se trouvent légitimées. Mais en s’enracinant dans notre nature
biologique, on oublie l’influence des institutions sociales sur notre comportement …
—> ne pas utiliser cette grille comme si elle offrait une évidence naturelle ! Les théories
du contenu négligent d’autres dimensions essentielles du travail (l’histoire, le
pouvoir, la domination, la culture, …). C’est une conception monadique de l’être
humain, c’est à dure une conception qui tend à interpréter l’ensemble des
comportements humains à des causes internes à l’individu !
Théories qui s’interrogent sur le fonctionnement de la motivation, sur les variables qui
l’influencent. Elles sont basées sur le fait qu’un individu apprend au fil de ses expériences
quelles actions produiront pour lui des résultats auxquels il attache un prix —> il sera
stimulé à reproduire ces actions.
—> tout comportement motivé serait bâti selon certaines probabilités d’atteindre un
résultat plus ou moins valorisé par son auteur. Et les motivations au travail se réfèreraient
à des actions perçues comme susceptibles de nous permettre d’atteindre certains objectifs
qui nous sont chers.
Concevoir l’être humain comme un être purement passif, privé de liberté, et donc
susceptible de réagir mécaniquement à son environnement dans un schéma stimulus-
réponse ou cause-effet. Des décideurs sont ainsi persuadés qu’il suffit d’une amélioration
des conditions de travail pour obtenir automatiquement un surcroit de motivation.
(Par exemple, repeindre les meurs dans une couleur plus joyeuse, réduire les pollutions
sonores, …)
Derrière les raisonnements mécaniques de certaines conceptions du management, on
retrouve donc en réalité des fantasmes de domination : l’idée que l’on peut décider de la
motivation d’un employé comme on peut délibérément « fabriquer » une culture
d’entreprise, changer les valeurs ou créer de l’implication, comme si les décideurs étaient
des êtres de raison, et que les autres étaient des êtres passifs et influençables.
8
Renvoyer la motivation à une force purement interne, affective et/ou cognitive (attentes,
préférences, aspirations). Bien entendu, la dimension personnelle de la motivation est
importante (nous avons différentes attentes, différents goûts). Mais cela n’explique pas
que la source de la motivation soit purement interne, car les attentes, les préférences et
aspirations n’existent pas dans l’absolu; elles proviennent elles-mêmes des interactions
sociales présentes et passées !
Les contextes de travail sont également déterminants. Une aspiration n’est rien d’autre
qu’un état souhaité de l’environnement de travail. —> toute motivation est
indissociablement interne et externe; elle se construit dans la relation de l’individu à son
environnement.
L’identification est très intéressante pour l’entreprise car heures supplémentaires, attitude
plus participative, plus responsable, loyauté, … —> c’est un surcroît de motivation.
La motivation n’est pas une donné naturel de la personnalité, variable d’une personne à
l’autre, et que l’individu apporterait avec lui en entrant dans l’organisation. Les individus
n’ont pas de personnalités figées une fois pour toutes, imperméables au milieu de travail.
L’organisation influence ses membres, en agissant sur la motivation, sur la satisfactions, et
même susciter de nouveaux « besoins » chez le travailleur. Si la motivation n’était qu’une
question de personnalité, alors toute la GRH pourrait se limiter au recrutement, en
recrutant des personnes qui auraient « la bonne personnalité » pour le poste.
Raisonnement pourtant encore fréquent, avec tests de personnalité mais qui sont très
controversés :
- bcp ont été conçus dans le cadre de la psycho clinique (contextes où les candidats sont
enclins à répondre sincèrement aux questions posées, ce qui n’est pas forcément le cas
lors d’un entretien d’embauche)
- la capacité de ces tests à décrire la personnalité (concept de personnalité lui même ..
C’est quoi ?)
- l’établissement de relations univoques entre des fonctions spécifiques et des
personnalités déterminées (chef de rayon qui doit plutôt être extraverti, sociable ?
Exemple du vendeur, page 25)
On voit dans la motivation une attitude générale, portant sur l’ensemble de la situation de
travail. Pourtant, la motivation est plus souvent spécifique (motivé par une certaine
activité, et moins motivé pour d’autres, pourtant on a la même fonction), et surtout qu’elle
est relative à des buts ou objectifs qu’on poursuit.
Pourtant, un objectif ne peut que rarement synthétiser la totalité d’une fonction.
11
Mais même en gardant cela à l’esprit … que signifie réellement « performance » ? Toute
fonction est complexe et comprend de multiples performances, en fonction du rôle que l’on
tient, des attentes organisationnelles à son égard. Ex : une secrétaire doit exercer à tas de
tâches différentes (relations publiques, gestion d’agenda, …), donc plein de dimensions
quantitatives (volume de travail) et qualitatives (qualité de l’organisation, courtoisie, …)
mais alors … qu’appellera-t-on sa « performance » ? Il n’y a pas d’évidence naturelle de la
performance.
Bien sûr, toute organisation consomme des ressources et délivre des produits ou services
en qualité et en quantité, et ce ratio peut s’améliorer ou se dégrader —> il y a une certaine
idée d’efficience ou d’inefficience qu’on peut vivre dans son travail, et la spécialisation, la
formalisation, l’évaluation de la contribution d’un membre à cette performance collective.
Mais … comment estimer la valeur d’un bien produit s’il n’est pas monétarisé (valeur d’une
formation, par exemple ?) Comment mesurer le stress, la pollution, la charge conflictuelle,
… tous ces éléments qui peuvent nuire à la performance ?
Cela serait comme si la motivation était une bonne chose en soi, une valeur morale a
priori. Les entreprises « motivantes » seraient alors préférables, plus dignes. Mais erreur :
- confusion de la motivation et du besoin (si toute motivation = satisfaction d’un besoin
humain, alors elle serait bonne en soi)
- de la valorisation a priori de la performance (comme si toute performance individuelle et
collective était bonne en soi).
Derrière ce concept se retrouve parfois la légitimation des contraintes de productivité.
Mais pourtant, c’est plutôt l’insatisfaction des besoins qui génère de la motivation, de sorte
que le chantage à l’emploi, travailler sous une menace, … peut effectivement contribuer à
la motivation, une performance supérieure. Mais alors, ici, la motivation ne serait donc en
rien connecté à des états positifs tels que la satisfaction, le bonheur au travail ou
l’épanouissement. Certaines entreprises « extorquent » à leur travailleur une motivation
excessive, conduisant parfois à l’épuisement professionnel.
Le concept de motivation n’a donc en soi aucune connotation morale positive !
12
Le modèle VIE
Pour VROOM, chacun d’entre nous ne se lance dans un cours d’action qu’à partir d’une
représentation de la situation et d’une anticipation de résultats. Trois facteurs influencent
la propension d’un individu à s’engager dans une action pour obtenir un certain résultat :
—> La motivation pour une tâche, un objectif, une performance donnée peut dès lors se
comprendre comme un produit de V, I et E —> M = V x I x E
L’expectation = c’est ce que l’individu se croit capable de faire, ce qu’il attend comme
résultat probable de son action, les anticipations que l’individu formule sur sa propre
capacité à s’engager dans un cours d’action et délivrer une performance ou atteindre un
but.
« Ai-je assez de ressources (affectives, physiques, cognitives, …) pour réaliser ce qu’il
faut faire en vue de produire telle performance ? » Voir page 29 pour quelques examples
de manque de ressources
Deux dimensions sont à dégager : le rapport à soi (confiance en soi, estime de soi) et les
moyens matériels dont dispose l’individu pour réaliser ses objectifs. Bcp de versions du
modèle VIE séparent insuffisamment ces deux dimensions de l’expectation, laissant
supposer que tout sentiment d’incapacité relève d’une sorte de déficit personnel. Pourtant,
on n’est pas tjr démotivé parce qu’on se sent incapable personnellement de réaliser
l’objectif ou parce qu’on manque de moyens matériels pour le faire.
—> On doit donc distinguer Em (l’expectation liée au sentiment de détenir les ressources
matérielles suffisantes pour atteindre un objectif) et l’Es (l’expectation relative aux attentes
de soi)
13
Vroom propose de faire varier l’expectation entre 0 (mes efforts ne serviront à rien) et 1 (je
suis sûr de délivrer cette performance)
Cette expectation est vécue subjectivement, même s’il y a aussi des éléments objectifs.
Le niveau d’expectation articule un plan objectif : les connaissances et les
compétences ; et un plan subjectif : ce que l’on croit capable ou incapable de faire
sans en être sûr et qui dépend de la confiance en soi, de l’estime de soi ou encore
de l’image de soi.
On peut s’évaluer trop haut ou trop bas. Si trop bas, niveau d’expectation est réduit et
donc la motivation. Donc, l’image de soi (ou l’estime de soi) est très importante : c’est
la représentation qu’un individu se fait de ce qu’il est, de ses qualités et ses
défauts, de sa valeur, des comportements qui sont prévisibles à ses yeux, de ses
goûts, …
L’image de soi est intiment lié à l’expectation, c’est le niveau de réussite que le sujet
prévoit lorsqu’on le met devant une tâche à accomplir. Et cette évaluation de soi-même
dépend de deux facteurs essentiels :
- les expériences de réussite ou d’échecs que l’on a connue dans le passé lors d’une
tâche similaire
- l’image globale qu’a l’individu de lui même.
Par exemple, la résistance au changement peut revenir d’un gros manque de confiance en
soi. Un changement dans la situation de travail s’apparente alors pour ces personnes à la
situation d’un novice que l’on précipiterait dans le vide muni d’un parachute dont il ignore
le fonctionnement.
« Le self-concept se développe à partir des contacts avec les autres dans la vie
quotidienne, et l’image de soi va guider nos actes et nos choix, durant toute notre
existence. »
La notion de locus of control est la mesure selon laquelle l’agent perçoit les
évènements de son existence comme contingents à son comportement et
dépendants de ses qualités et de ses défauts (« contrôle interne ») ou, comme étant
soit le contrôle des autres, soit imprévisibles et dus à la chance (« contrôle
externe »).
Les réactions devant l’échec et les difficultés professionnelles sont différentes selon le
locus of control, selon qu’on se sente capable d’agir ou qu’on reste une victime.
Le locus of control semble donc bien être une dimension de l’expectation.
Un objectif ambitieux :
- est un foyer d’attention, une référence, un étalon de mesure
- incite à la persévérance
- permet de mesurer régulièrement l’état d’avancement, de découvrir d’éventuelles
divergences.
(Ex: l’étudiant du secondaire et ses premiers examens à l’unit, page 33)
La fixation d’un but est un élément central dans les processus d’autorégulation parce qu’il
offre une représentation synthétique des actions à entreprendre et permet d’exercer un
contrôle efficace sur ses propres comportements.
Mais attention … Il n’y a pas de magie des objectifs ! Ce n’est pas parce qu’on fixe un
objectif que l’individu sera nécessairement motivé. Encore faut-il qu’il se sente capable de
l’atteindre (Em et Es), et qu’il y voie le moyen d’obtenir certains résultats qu’il valorise (I et
V).
Et encore faut-il aussi que la fixation des objectifs remplisse certains critères
d’opérationnalité :
- 1. Les objectifs doivent s’inscrire dans l’analyse de fonctions : définir ce qu’on attend
des employés
- 2. Les objectifs doivent être SMART : spécifiques, mesurables, ambitieux, réalistes (Em
Er), et délimités dans le temps (délai)
- 3. Ils doivent être entièrement sous le contrôle de l’employé et facilement
compréhensibles.
- 4. Ils doivent être négociés et justifiés; l’employé doit pouvoir participer à leur fixation,
l’accepter et le comprendre.
- 5. Les objectifs doivent être non contradictoires (ex: renforcer le contact client et traiter
plus de clients par jour, pas possible) et assortis de priorités.
- 6. Il faut mettre en place un dispositif de feedback intermédiaires pour évaluer l’état
d’avancement et recentrer l’employé sur ses objectifs
- 7. Il faut prévoir un contrôle de l’atteinte des objectifs (par exemple un entretien
d’évaluation)
- 8. La réalisation des objectifs doit être valorisée (pas forcément par l’argent!)
Attention à ce dernier point (8) : contre toute forme de cynisme organisationnel, un but
ambitieux est susceptible de motiver indépendamment des récompenses matérielles qui
lui sont associées : « Je l’ai fait ! J’en suis capable !! » —> valeurs affectives et morales,
dépassement de soi et estime de soi.
De plus, le fait de recevoir un objectif ambitieux de la part de son chef peut être compris
comme une marque de confiance : on nous juge capables et dignes de confiance.
Mais … il existe forcément une face plus sombre. Tout d’abord, certains objectifs sont
carrément imposés par la domination et ils ne produisent de la motivaient que par la seule
peur des sanctions « 30% de vente ou c’est la porte ! »
15
Ensuite, il existe des effets pervers des objectifs. Fixer un objectif, c’est ouvrir un foyer
d’attention, et donc on détourne l’attention d’autres dimensions de la fonction. On se
concentre sur une dimension au détriment d’une autre. (skieur : + vitesse que mouvement
—> mauvaises habitudes par la suite …)
De plus, des objectifs à court terme, s’ls ont un impact motivant, pourraient inviter les
employés à relâcher leur effort dès qu’ils ont atteint leur objectif, et provoquer alors une
démotivation.
L’autorégulation
Expectation et GRH
Pour s’engager dans une action, il faut que des conditions exogènes soient
rencontrées, que l’employé soit convaincu que les conditions sont bonnes pour atteindre
l’objectif. Ce qui suppose qu’il soit au clair sur ce qu’on attend de lui et sur ses objectifs :
1. Ainsi, l’analyse des fonctions et la gestion par objectifs sont des conditions
essentielles. La GPO inclut la pratique d’entretiens comportant la fixation d’objectifs et la
pratique de feedbacks réguliers.
2. Les objectifs doivent être sous le contrôle de l’employé, il doit avoir suffisamment
d’autonomie et de pouvoir —> la délégation de pouvoir est une autre condition de
l’Em
3. L’employé doit recevoir les moyens matériels (techniques, financiers, humains,
temporels) suffisants pour réaliser l’objectif. L’allocation des moyens et la gestion du
temps conditionnent elles aussi la motivation.
Si ces conditions ne sont pas remplies, on place alors l’individu dans une injonction
paradoxale, c’est à dire exiger de quelqu’un une performance en le mettant
simultanément dans l’impossibilité de délivrer cette performance, qui devient alors source
de stress et de souffrance au travail, voire d’harcèlement.
16
L’expectation de soi
2. L’instrumentalité
L’expectation est nécessaire à la motivation, mais elle n’est pas suffisante. Un second
facteur joue un rôle important : l’instrumentalité. Elle désigne la probabilité perçue
d’obtenir/d’éviter tel résultat en adoptant un comportement donné.
« Je serai motivé à étudier si je crois qu’à la réussite de mes examens est associée la
reconnaissance de mes parents, trouver un bon job plus tard, … »
La motivation sera ici fonction de la relation efficace perçue entre telle performance
et tel résultat espéré - ou redouté.
Exemple, si on instaure dans une entreprise un système de primes destinées à motiver les
individus, l’instrumentalité désignera la relation que chaque travailleur peut établir entre
son propre travail et le fait de recevoir ou non cette prime :
- Si prime calculé par rapport aux résultats globaux de l’entreprise -> instrumentalité
faible (prime satisfaisante ou non motivante)
- Si prime directement fonction des résultats obtenus par l’individu lui-même ->
instrumentalité forte (fonction motivante)
17
18
3. La valence
Il ne suffit pas que l’on se sente capable de délivrer une performance pour atteindre un
objectif, et que l’on perçoive la relation entre cette performance et un certain résultat
(sanction, gratification). Encore faut-il que ce résultat ait une quelconque importance pour
le travailleur, qu’il valorise ce résultat.
La valence = la valeur que représente tel résultat pour un individu donné, des
attentes valorisées.
Attention, le terme est différent de « valeur », car on insiste ici sur le fait que les
individus varient les uns des autres quant à la valeur qu’ils accordent aux
différentes rétributions. On insiste donc sur le caractère personnel et subjectif des
processus de valorisation.
Pour certains, la fierté du travail bien fait est aussi important qu’une promotion. Et les
valences d’un chef d’entreprise peuvent également être très différentes. Pour une même
performance délivrée, une même récompense motivera un travailleur et non pas un
autre.
19
—> notion de sanction essentielle car elle permet d’insister sur le rôle de la
nécessité au coeur des processus.
De plus, entrent dans les valences tous les « revers de la médaille », tous les aspects
négatifs du travail : stress, fatigue, collègue ennuyeux, mauvaises conditions de travail, …
qui ne sont pas des sanctions, mais qui réduisent la motivation. Par exemple, la possibilité
d’une promotion pourrait ne pas m’intéresser car cette nouvelle fonction serait synonyme
de stress et de perte de temps libre. Les valences négatives prennent ici le dessus sur
les valences positives.
Un élément important, lorsque les valences sont collectives et extrinsèques, liées à une
forme d’implication, d’identification au groupe. Dans ce cas, les succès du groupe
deviennent mes succès. Il devient donc possible de me motiver « au nom de l’intérêt du
groupe ».
On peut encore distinguer entre les valences collectives selon les sphères d’implication
sociale (différentes représentations du monde, des formes d’identité personnelle et
sociale, des types de loyauté, de solidarité, …)
Valences et GRH
- les valences négatives : l’ensemble des sanctions formelles (non promotion, non
augmentation, avertissement, licenciement, …) et informelles (déception,
engueulades, reproches, …)
- les valences positives extrinsèques (politique de rémunération, promotion,
gratifications diverses)
- les valences individuelles intrinsèques : le fait de recevoir des tâches ou des
missions intéressantes —> définition et affectation des postes (prestige social, statut,
sentiment d’utilité, …)
- l’ensemble des mécanismes qui favorisent l’implication (management participatif,
cercles de qualité, rappel et clarification des finalités générales, …)
Pas facile que toutes les valences s’additionnent les unes aux autres. Ex : lorsqu’on offre
des récompenses extrinsèques à des personnes qui étaient déjà motivées parce qu’elles
trouvaient leur travail intéressant et se sentaient utiles, il arrive qu’elles s’en trouvent
démotivées (passage d’une relation altruiste à une relation contractuelle, de valences
intrinsèques de type altruiste à des valences extrinsèques pécuniaires par exemple).
—> esprit cynique dans certaines entreprises …
20
Le système VIE
Cet exemple n’entend pas suggérer que la motivation soit une fonction
mathématique, il vise juste à illustrer le genre de raisonnement qu’un employé peut être
amené à faire. Il permet de comprendre par exemple qu’un individu privé d’une certaine
valence (prestige sociale, reconnaissance, …) pourrait vouloir compenser par le
renforcement d’une autre valence (argent). Ce serait le cas d’une personne à laquelle on
propose une fonction peu prestigieuse et qui réclame une augmentation de salaire à titre
de compensation.
Remarques :
21
La démotivation
Donc, nous avons deux degrés d’intensité dans la démotivation : une démotivation
« douce », qui affecte la valorisation que fait l’individu de sa situation de travail ; et
une démotivation « dure », qui affecte jusqu’à l’image que l’individu a de lui-même.
La démotivation douce
Face à une situation de déception ou d’insatisfaction, qui commence le plus souvent par
affecter l’instrumentalité (injustice, travailler en vain, …), l’individu peut réagir activement
(quitter l’entreprise, se révolter avec plaintes, actions syndicales, …). Mais … il peut aussi
se démotiver !
Cette démotivation peut alors influencer négativement les valences du travail, du milieu de
travail, du contexte de travail (Em), des collègues, … .
—> en réduisant les valences qu’il visait jusqu’à alors, l’individu protège son image
de soi et évite l’impression d’échec : « je suis en train d’échouer, mais de toute façon je
m’en fiche. Ce travail n’a aucun intérêt » « Ce n’est pas de ma faute, j’ai manqué de
soutien. Je n’ai pas eu l’équipement promis, … » —> réaction intentionnelle de défense.
La démotivation dure
—> une perte de motivation qui résulte intitialement d’une baisse d’instrumentalité
va affecter progressivement les valences du travail : c’est la démotivation douce.
Celle ci peut alors aussi affecter le niveau d’expectation de soi (perte de confiance,
d’estime) : c’est la démotivation dure, difficilement réversible.
22
- En pratiques :
- donner du pouvoir : participation aux décision, accès aux ressources
- Enablement : formation spécifique, épreuve de sélection, accès à l’information
(clarification des attentes et délivrance de feedback)
- Contrepartie : reddition des comptes (préambule à l’instrumentalité)
23
L’individu peut adapter, corriger ou modifier ces représentations. Par exemple, les
félicitations (valence) qu’une personne reçoit à l’issue d’une mission qu’elle a accomplie
peuvent contribuer à renforcer sa confiance en elle (expectation). elles peuvent en même
temps lui rappeler que son entourage est attentif à ce qu’elle fait et donc, renforcer son
instrumentalité.
De même, une valence peut soudainement prendre une importance fondamentale.
Des joueurs de foot qui doivent absolument marquer en fin de match, par exemple, qui
devient pour eux la chose la plus importante du monde pendant quelques minutes.
Il suffit également de découvrir que les autres ont reçu un certain avantage (une nouvelle
chaise par exemple) pour ne plus penser qu’à l’obtention de celui ci (avoir cette nouvelle
chaise), alors qu’on n’en éprouvait pas le besoin l’instant d’avant.
24
La rationalité limitée
Le modèle VIE est tenu pour un modèle rationnel au sens où l’individu décide
consciemment de porter son effort vers des objectifs qu’il se croit capable d’atteindre
(expectation) et qu’il pense associés (instrumentalité) à des résultats auxquels il attache
de la valeur (valences) —> il s’agit d’un modèle de prise de décision.
Partant de cela, certains en ont déduit qu’il était possible de rationaliser la motivation
comme un pur produit mathématique de E (de 0 à 1), de I (de -1 à +1) et de V (en
additionnant l’ensemble des valences à partir d’un équivalent général). Mais cette
mathématique est impraticable, c’est une fiction. D’abord, parce que V, I et E sont des
représentations, donc de construction sociale de la réalité, et tout calcul part d’une
certaine définition de la réalité, qui elle, ne saurait être totalement rationnelle.
« Comment savoir si je suis effectivement capable d’obtenir tel résultat ? Tel
récompense ? »
On pourrait admettre cet argument, et défendre malgré tout l’idée d’une rationalité
subjective : l’individu serait rationnel, mais dans le cadre d’une représentation du monde
et de soi qui ne le serait que partiellement. Mais … même cette rationalité là reste hors
d’atteinte de l’esprit humain ! Il est impossible d’imaginer que le décideur soit
capable de faire la somme de toutes les valences anticipées et de les pondérer.
Le modèle vie est un modèle de la décision au travail, destiné à prévoir le choix d’un
individu placé face à différentes possibilités d’action et qui cherche à choisir la
meilleure pour lui. Mais qu’arrive-t-il lorsque cette composante décisionnelle est
absente ? Nous ne prenons pas des décisions à chaque instant de notre vie, la
plupart de nos actions sont habituelles, s’inscrivant dans des routines et les normes de la
vie sociale. Un étudiant qui s’est lancé dans des études de GRH ne se demande pas à
chaque instant si ses valences sont satisfaites, sauf s’il est confronté à un échec ou une
lassitude.
Par ailleurs, le modèle néglige la question des objectifs plus lointains. L’étudiant
n’étudie pas seulement pour réussir ses examens, mais pour décrocher un diplôme et
avoir un travail plus tard. Sans le soutien de cet objectif plus lointain, la motivation risque
de s’affaiblir.
La question de l’horizon de temps est cruciale : certains employés/étudiants ne sont
capables de se motiver que dans l’urgence. En revanche, quand l’objectif est trop lointain,
il semble perdre de son pouvoir mobilisateur.
Le rôle de la morale
25
- deuxième erreur : les directions ne tiennent pas compte de la réaction logique des
salariés qui finissent par se concentrer exclusivement sur ces éléments
mesurables et négligent le reste de leur fonction. Ni non plus sur la tentation qu’elles
produisent de maquiller les chiffres pour obtenir une prime …
26
Introduction
En bref, justice = conformité du monde humain à des normes morales, formelles ou non,
vécues comme universelles (respect, intégrité, honnêteté, responsabilité, équité, …).
Les jugements sur la justice ou l’injustice au travail peuvent porter sur trois
dimensions du travail :
- les règles formelles (le règlement de travail, règles de calcul des rémunérations)
- la conformité des pratiques effectives à ces règles
- l’attitude plus générale des responsables dans la gestion des équipes (le chef est-
il impartial, fait-il preuve de favoritisme, personnes avantagées, …)
27
La justice distributive
28
—> Derrière toutes ces logiques se cachent des conceptions distinctes de la justice,
des valeurs qui renvoient souvent à des cultures professionnelles et même
sociétales. (exemple : anglais vs. italiens dans les files d’attente page 59)
Les conceptions du « juste » sont spontanées et peuvent être contradictoires.
Chacun de nous est en réalité attaché à plusieurs conceptions de la justice selon les
circonstances.
Dans le monde du travail, ces logiques peuvent se combiner, s’articuler de manière
parfois complexe, pouvant engendrer conflit et discussion sans fin. Il est alors difficile,
pour un manager, de trancher des conflits de valeurs qui, presque par définition,
n’autorisent souvent guère de solutions de compromis.
D’où vient que nous soyons attachés à telle ou telle conception de la justice ?
La théorie de l’équité
C’est une théorie d’Adams qui est souvent évoquée en matière de justice
organisationnelle, une théorie fondée sur le principe de proportionnalité dans les
échanges. D’après Adams, le salarié raisonne en termes de comparaisons pour
évaluer la justice d’une rétribution donné, les attentes et les réalisations.
Pour Adams, la salarié construit deux ratios : le ratio pour soi de ses rétributions sur ses
contributions (Rs/Cs) et le ratio des rétributions d’autrui par rapport aux contributions
d’autrui (Ra/Ca). Le concept de rétribution correspond en gros à celui de valence dans le
modèle VIE.
Différentes réactions quand un salarié se trouve en présence d’une inéquité qui lui est
défavorable :
- peut commencer par réduire la dissonance cognitive en modifiant ses
représentations (modifier son estimation, sa base de comparaison, …)
- peut réduire ses contributions (= démotivation)
- peut réclamer un accroissement de rétributions (augmentation salaire, prime, …)
- peut demander sa mutation ou quitter l’entreprise
- peut tenter de « corriger » le ratio des autres en les incitant à travailler davantage ou
en cherchant à rééquilibrer les rétributions en sa faveur (si il dispose du pouvoir
nécessaire)
- peut « quitter mentalement » son travail, refouler toute forme d’implication au travail.
C’est le retrait.
Mais cette rationalité limitée existe bel et bien ! En présence d’une divergence flagrante
entre le ratio pour soi et le ratio pour autrui à propos d’une prime, par exemple,
l’impression d’injustice surgira bel et bien et elle aura un impact sur la motivation. Le
sentiment d’iniquité plonge souvent dans la détresse ceux qui l’éprouvent. Les managers
et employés jugés injustes perdent leur légitimité et s’exposent à des représailles.
30
La justice procédurale
Il est très important de donner aux personnes concernées par une décision la possibilité
d’interroger les décideurs, de réclamer justifications, d’exprimer leur perplexité ou leur
inquiétude. Il faut que les personnes aient l’impression d’être effectivement écoutée et que
leur participation n’est pas seulement factice —> importance de l’implication des
salariés dans les décisions
LEVENTHAL cite six conditions à observer pour que les acteurs impliqués aient un
sentiment de justice :
Et selon ces auteurs, le système d’arbitrage produirait un plus grand sentiment de justice
concernant la procédure et une satisfaction accrue concernant le verdict. —> la
participation semble donc conforter le sentiment de justice procédurale. C’est à
travers la forme donnée par la procèdure à l’ensemble du processus d’allocation
que se construit le sentiment de justice et non par les seules rétributions. (fair
process).
31
La justice interactionnelle
Elle s’intéresse à la manière dont les individus sont traités : respect, écoute,
compréhension, qualité de l’info reçue, justification des décisions. Ici, ce n’est pas
seulement la justification des décisions et la possibilité pour les acteurs de peser sur ces
décisions, c’est aussi bien le sentiment d’être reconnu comme des interlocuteurs à part
entière. Derrière la justice interactionnelle se cache un enjeu fondamental de
reconnaissance.
—> focus sur comment les salariés sont traités par leur supérieur
32
Introduction
Bien sûr, ces questions sont loin d’être toujours réfléchies et il existe plusieurs
interprétations. Le processus de recrutement est souvent parasité par des préjugés, des
idéologies, des bricolages hâtifs, des calculs cyniques, …
Recruter, c’est procéder à l’intégration juridique d’un candidat externe à
l’organisation. Donc, il est important de distinguer le recrutement de la mobilité
interne !
Cette intégration juridique n’est pas synonyme d’une intégration sociale. Le travail n’est
pas toujours producteur de lien social (statuts précaires). Dans d’autres cas (comme
les caissières au supermarché), les contrats proposés imposent le temps partiel et des
horaires limités aux crêtes d’activité. L’externalisation de nombreuses activités
(nettoyage, sécurité, …) et le recours à la sous-traitance conduisent parfois à la
cohabitation de travailleurs appartenant à des entreprises différentes (ex: l’Intérim)
33
Même si elle est précaire et incertaine, une planification stratégique des effectifs présente
de nombreux avantages :
34
Il s’agit de l’estimation du nombre et de la nature des emplois qui seront requis dans
le futur dans chaque unité. Une première étape consiste :
- à recueillir l’info sur l’activité dans les divers secteurs de l’entreprise (progression
ou régression du chiffre d’affaire, nouveaux produits, business plan, pénurie de
certaines expertises, …)
- et à analyser les impacts de ces évolutions sur les besoins en personnel des
différentes unités de l’entreprise.
- de la politique de licenciement
Mais nous devons ventiler ce taux de rotation par âge, sexe, ancienneté, grands
départements, … . C’est en effet ces dernières mesures qui permettront d’orienter la
politique de recrutement. Quelques taux instructifs :
Donc on obtient :
(Temps total d’absence - absence de longue durée ) x 100
Temps théorique de travail
36
Il est important de préciser que tous ces calculs supposent que le département RH soit en
possession de toute l’information, et donc que tous les responsables à tous niveaux
notifient systématiquement toutes les absences ! Ce qui est loin d’être toujours le cas …
Il faut exiger d’abord des données factuelles, quantitatives, d’indicateurs, qui démontrent
l’évidence du besoin, car un besoin de recrutement ne saurait s’estimer indépendamment
de la performance du service et de la productivité du personnel en place.
Une fois reconnue la validité du besoin, il reste encore toute une série de questions à se
poser :
37
38
nombreuses entreprises, la flexibilité offerte par l’intérim par rapport à la rigidité d’un
contrat de travail classique compense le surcoût du recours à l’intérim.
Signalons qu’en Belgique, le recours à l’Interim n’est autorisé que dans trois
situations bien précises :
- un surcroit temporaire de travail
- l’exécution d’un travail exceptionnel
- le remplacement d’un travailleur permanent
Certaines sociétés d’intérim ont également créé un département spécialisé dans la
recherche de cadres et dirigeants indépendants désireux de louer temporairement leurs
services (= l’intérim management)
Pour rechercher les candidats, il est important d’établir le profil recherché : formation de
base, diplômes et connaissances requises, expériences professionnelles, aptitudes
spécifiques, conditions spécifiques, les aspirations … , en distinguant les critères
obligatoires et les critères souhaitables.
Ce profil peut être établi à partir de la définition de fonction (chapitre 2). Il y a donc une
concertation avec le chef de service pour extraire les dimensions fondamentales du poste
à pourvoir.
Attention, des conditions comme l’âge, le sexe ou la situation familiale sont beaucoup plus
discutables.
La question fondamentale : est ce qu’on recrute pour un poste défini ou pour une
carrière ?
Dans le premier cas, c’est un profil spécifique de compétences que l’on recherche.
Dans l’autre, c’est un profil général, un potentiel, une capacité d’adaptation. La logique
mécanique de l’adéquation du candidat aux caractéristiques du poste à pourvoir
sert souvent à rationaliser une décision fondée sur d’autres critères (personnalité,
dynamisme, ouverture, sociabilité, …)
Une tendance malheureuse consiste à profiter de la crise de l’emploi pour recruter du
personnel surqualifié pour les postes à pourvoir en partant du principe « qui peut le
plus peut le moins ». Or, c’est une pratique rarement fructueuse, les bénéfices liés à
cette provision de qualification étant plus que compensés par la frustration des salariés,
l’ennui, le caractère provisoire, leur tendance à rester à l’affût d’autres emplois …
Un autre problème consiste à enjoliver le poste à pourvoir, en exagérer l’importance et
l’intérêt, au risque d’entrainer une déception ultérieure.
3. Les annonces (petites annonces dans les journaux, revues spécialisées, bulletins
d’associations d’anciens, …) : un bon moyen de susciter un maximum de
candidatures, mais risquent qu’elles soient peu pertinentes car moins ciblées.
Important que l’annonce soit explicite (brève description du poste, compétences
requises, conditions de travail, date, …). A noter que derrière nombre d’annonces se
jouent des stratégies d’image, les entreprises profitant de cette technique pour
promouvoir son image. Elles cherchent alors à présenter une image valorisante, voire
idyllique, insistant sur sa dimension internationale, sa position de leader sur le marché,
les opportunités d’autonomie, d’épanouissement, … . Elles mélangent l’information
et le marketing, au risque d’engendrer des déceptions parmi les recrutés.
5. Les offices publics d’emplois (ORBEM, Forem, VDAB, BGDA) disposent de fichiers
sur les demandeurs d’emplois et assurent une mission de placement
6. Les chasseurs de tête : ce sont des individus travaillent pour des cabinets,
auxquels s’adressent les entreprises à la recherche de collaborateurs de haut
niveau, des cadres, des spécialistes pointus. Ils sont mandatés pour repérer,
approcher, jauger et sélectionner des candidats potentiels. En général, une
entreprise fait appel à un chasseur de têtes pour gagner du temps ou lorsque les
autres sources de recrutement n’ont rien donné. Mais les personnes concernées
par « l’exécutive search » ont généralement déjà un emploi, elles sont approchées,
« chassées », sur la base d’info obtenues à l’aide de différentes sources par des
cabinets dont la première ressource est évidemment leur connaissance personnalisée
des milieux professionnels.
Une autre motivation du recours aux chasseurs de tête est la confidentialité : soit
qu’on prépare le remplacement d’un responsable à son insu, soit qu’on préfère ne pas
alerter inutilement le personnel, ou éviter la lutte de tous les prétendants à la fonction
de pouvoir. Les montants que demandent les cabinets de chasseurs de tête vont
dépendre de la difficulté de la mission (voir note avec l’intervenant à la fin du résumé
page 108)
40
Internet
Beaucoup de sites proposent des offres d’emplois et des CV. Nous devons distinguer les
sites d’emploi (qui rassemblent des offres, tel un journal) et les sites des entreprises.
Le recrutement par internet est mois chers, plus rapides et plus accessibles. Les
réponses au candidats sont également plus faciles et ces sites sont accessibles
internationalement. Des candidats étrangers peuvent postuler facilement. Soit les sites
sont passifs et énumèrent une série de profils recherchés, laissent une adresse e-mail à
laquelle les candidats peuvent envoyer un CV. Soit le site est interactif et le candidat peut
laisser ses coordonnées et son profil sur le site même.
Voir les grandes étapes d’un « cyber chasseur de tête » page 81.
Les candidatures doivent faire l’objet d’un premier tri. 80 à 90% des CV sont
fréquemment déjà supprimés à ce stade. En général, ce tri est basé sur le diplôme,
l’expérience professionnelle, la maitrise des langues, la qualité des écrits … . Si cela
ne colle pas, les éliminés reçoivent une lettre de refus.
Une tendance nouvelle : aller chercher sur les réseaux sociaux des infos
supplémentaires sur les candidats pressentis (ex: Facebook, sur lequel les
demandeurs d’emploi sous-estiment l’impact que certaines publications peuvent avoir sur
leur image. Des candidats sont donc éliminées, car on y a trouvé des traces qui sont
incompatibles avec une image de sérieux et de crédibilité).
Même si on peut condamner ces pratiques d’intrusion dans la vie privée, il est très difficile
d’empêcher les recruteurs de consulter ces réseaux sociaux. La prudence est donc de
rigueur, de même pour les salariés d’une entreprise. On ne peut plus dire n’importe
quoi sur Facebook, sous peine de licenciement. La jurisprudence manque encore en la
matière.
41
Les candidats retenus à ce stade sont conviés à passer une série d’épreuves (tests
d’intelligence, tests d’aptitudes intellectuelles, mécaniques, psychomotrices, tests
d’habileté, tests de connaissances, de créativité, …
Il existe également les tests de personnalité qui sont largement critiqués pour 3
raisons :
- bcp ont été conçus dans le cadre de la psychologie clinique, c’est à dire dans des
contextes où les candidats sont enclins à répondre sincèrement aux questions
posées, ce qui n’est bien sûr pas le cas lors d’une épreuve de recrutement …
- la capacité de ces tests à décrire la personnalité reste controversée : et puis,
finalement, c’est quoi exactement une personnalité ?
- et enfin, supposons que ces « tests » livrent bel et bien des conclusions valides sur la
personnalité des candidats, il faudrait encore établir des relations concrètes entre
des fonctions spécifiques et des personnalités déterminées
(ex: vendeur que l’on imagine plutôt extraverti, sociable. Dès lors, on élimine toute
personne estimée « introverti » dans les tests. Et pourtant, certains de ces vendeurs
étaient perçus comme trop bavard, trop peu à l’écoute du client et finalement trop peu
crédible.)
Parmi les tests de personnalité, on distingue encore les tests dits objectifs (composés
de questions précises faisant référence à des situations) et les tests dits projectifs
(présentant au candidat un matériel incomplet, par exemple une phrase à compléter,
une image floue à interpréter, … qui pourrait inviter le candidat à projeter et révéler
sa personnalité)
Les tests d’aujourd’hui combinent plutôt les questions portant sur les intérêts du
candidat et des questions portant sur sa personnalité pour diagnostiquer son « style
professionnel ».
Les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un test sont notamment :
- l’économie : doit pouvoir être administré en un temps réduit
- la sensibilité : doit permettre d’opérer des discriminations fines
- la fidélité : les résultats doivent être constants et ne pas varier selon les circonstances
- la validité : il doit mesurer ce qu’il est censé mesurer, y avoir une liaison claire entre
performance dans le test et performance dans une activité professionnelle que le test
est censé prévoir
- l’étalonnage : le test doit avoir été appliqué à une population représentative suffisante
Outre ces qualités scientifiques, d’autres critères entre en jeu : le coût, l’acceptabilité par
les candidats, leur qualité éthique (respect de la vie privée)
42
Une autre technique pratiquée : les discussions de groupe, c’est à dire une mise en
situation de plusieurs candidats (ce qui permet de gagner du temps), qui sont rassemblés
et conviés à dialoguer ensemble sur un sujet, sous l’oeil d’un ou plusieurs observateurs
attentifs au comportement social des sujets (capacité d’écoute, ouverture à l’autre,
maitrise de soi, fermeté, …)
Mais cette méthode dépend énormément des circonstances ! Et de plus, inviter des
candidats en pleine situation de concurrence pour le poste n’est pas neutre et recèle une
certaine violence.
Néanmoins, même si il est à peu près toujours pratiqué, l’entretien possède en général
une capacité de prédiction assez faible. Les raisons sont multiples :
43
- Les attentes préconçues : savoir faire abstraction des épreuves, des tests
psychométriques, qui peuvent agir comme des préconceptions inconscientes lors de
l’entretien
- La prime à l’info négative : tendance à donner trop de poids aux infos négatives et
donc à chercher la faille, ayant peur de faire une erreur de recrutement plutôt que de
regarde les qualités de la personne
- L’induction des réponses : l’attitude de l’intervieweur et sa manière de poser les
questions induisent des effets chez les candidats
- Le manque de standardisation des questions : les questions varient d’un entretien à
l’autre, elles ne livrent aucune info comparative
- Le manque de critères de sélection : tendance à se contenter de comparer les
personnes entre elles de façon purement intuitive ou en modifiant les critères d’une
personne à l’autre. Au lieu d’évaluer chaque personne en fonction du profil recherché,
on les compare les unes aux autres sur base de critères implicites (dynamisme,
ouverture, élégance, …) —> attention à ne pas quitter le domaine de l’objectivité
- L’absence de prise de note ou d’enregistrement : au dixième entretien, on ne se
souvient quasi plus du premier …
Des ces faiblesses se déduisent les conditions d’une pratique efficace des entretiens
de recrutement :
9. Le choix final
44
Une fois la personne recrutée, il convient d’organiser au mieux son accueil. Son utilité
saute aux yeux :
- elle permet d’accéder le processus d’adaptation du nouvel arrivant, la découverte
de l’entreprise, de ses collaborateurs, l’apprentissage de sa fonction —> on le rend
opérationnel aussi vite que possible; c’est l’intégration fonctionnelle
- elle favorise le processus plus général d’intégration sociale, c’est à dire l’inscription
du nouvel employé dans le tissu social de l’organisation, établir des relations avec ses
collègues, l’apprentissage des rôles, des normes.
Cette accueil est important, et il n’est pas rare de voir des entreprises qui n’en tiennent
pas compte, des services qui ne préparent absolument pas l’arrivé du nouveau.
L’accueil au niveau de l’entreprise peut inclure un programme structuré de visites, une
série de conférence, la projection d’un film, des infos distribuées, un « welcome pack ».
Ne pas confondre le « welcome pack », qui vise uniquement à favoriser les premiers pas
du nouvel employé avec les vade mecum, qui rassemblement toutes les informations
administratives et concernent tous les employés.
L’accueil par le service suppose de préparer au préalable le lieu de travail et les outils
informatiques. Le chef accueille le nouveau venu, lui fait visiter les lieux, le présente aux
collègues, explique le travail, … Il doit également communique à ses autres collaborateurs
la présentation du nouveau venu. Il peut même désigner un « parrain », une « personne
ressource », pour le nouvel employeur. Et cette pratique du parrainage est trop
souvent négligée …
Il faut garder à l’esprit qu’un des objectifs majeurs des pratiques d’accueil devrait
être de réduire l’anxiété des entrants. Et le parrainage est une bonne solution. Les
pratiques d’accueil peuvent varier considérablement (voir exemple page 91).
45
Si ce dispositif sert à recruter, on parle d’Assessment Center. Lorsque l’A.C. sert aussi à
l’auto-évaluation, aux promotions internes, aux plans de carrière, l’analyse des
besoins de formation, le développement des personnes, on parle de Development
Center, qui concerne alors la GRH en général, et non plus que le recrutement.
Les A.C sont d’une grande fiabilité car approche multi-méthodes, multi observateurs, lien
entre test de simulation et compétences requises, objectivation des compétences et
systématisation de leur évaluation.
46
Le plus souvent, dans le rapport entre l’employeur et le demandeur d’emploi, leur relation
est déséquilibrée. Pourquoi ? Tout simplement parce que le demandeur d’emploi manque
de ressources stratégiques dans la relation de pouvoir : il n’a que son diplôme, son CV, sa
bonne volonté. Une fois engagé dans l’entreprise, c’est à ce moment que l’employé gagne
ces ressources (protection du contrat de travail, droit social, syndicats, …)
Donc, il peut y avoir un abus de pouvoir … quelques exemples d’abus :
47
Malgré tout cela, respecter ces principes restent assez difficiles. Une alternative ? La
pratique du CV anonyme !
Le CV anonyme retire toute information relative à l’identité sociale et/ou sexuelle du
candidat : son âge, sa date et lieu de naissance, son nom, prénom, son sexe, …
Cela semble être une solution idéale ! Mais en pratique, ce dispositif semble montrer des
résultats décevants : difficile à organiser, difficile de retrouver des CV sans les noms,
n’élimine pas forcément la discrimination (certains recruteurs cherchant malgré tout à
deviner l’identité sociale du candidat via ses études, son expérience, …). (voir expérience
du candidat immigré, page 101).
De plus, le CV anonyme ne permet pas de reconnaitre le mérite d’un candidat.
48
Introduction
La mobilité interne :
- permet la réalisation des ressources humaines en fonction des besoins des divers
services qui composent l’organisation. Elle est donc une condition de la performance
collective en évitant que des services en régression conservent du personnel
excédentaire, par exemple.
- permet la redistribution de la charge de travail de manière plus équitable
- renforce la motivation en élargissant le champ des carrières possibles et en favorisant
l’acquisition des nouvelles compétences
- contribue au décloisonnement de l’organisation
- permet d’éviter les licenciements, les conflits de personnes (et éviter les dérapages et
les harcèlements)
Néanmoins, la mobilité interne rencontre des résistances de la part des employés comme
de la hiérarchie. Il faut distinguer la mobilité temporaire et définitive.
49
La mobilité temporaire
2. le renfort : des employés sont envoyés pour quelques temps pour prêter main forte à
un service temporairement submergé par la charge de travail. Cette pratique est
fonctionnelle. D’une part, elle étend la mobilité interne au delà d’un petit groupe,
élargissant l’image que les employés se font de l’organisation, leur permettant de
nouer des contacts avec des collègues d’autres départements et de découvrir de
nouvelles activités. D’autre part, elle rappelle à tous les responsables qu’ils ne sont
pas propriétaires de leur personnel et aux employés qu’ils ont été engagés par
l’entreprise et non par un département, qu’ils sont au service de la collectivité.
50
Quand aux chefs de services, lâcher un employé, c’est avouer que leur service travaille
loin de l’optimum, c’est « faire un cadeau » à d’autres services, d’affaiblir leur propre
position, … « le service ne pourra pas tourner sans lui »
La mobilité définitive
Il se peut que le chef de service ne voit pas ses employés comme une ressource que
l’organisation met à disposition, mais comme un personnel qui lui revient de droit,
qu’il peut s’approprier définitivement « c’est mon personnel ! » et dont il est possible
d’empêcher la mutation, quand même cette mutation est ce que souhaite l’employé !
On en arrive parfois à la situation inacceptable que certains employés sont prisonniers
d’un service pendant des années …
La peur du non-remplacement
Il arrive que les département RH profite du départ des employés pour remettre en cause
les postes qu’ils occupaient afin de comprimer la masse salariale ou de réallouer les
ressources vers d’autres services. Dans ce cas, les chefs de service voudront s’opposer
au départ d’un collaborateur par peur de voir se réduire leur équipe. Certains employés
51
peuvent alors exercer une sorte de chantage à la mutation envers leur supérieur. « Si
je dois travailler plus, je demande ma mutation et vous n’obtiendrez pas de
remplacement ! ».
—> grande perversité d’une telle situation, qui s’explique par trois raisons :
a) la faiblesse du département RH qui ne peut ou qui n’ose pas réévaluer et remettre en
cause périodiquement le personnel alloué à chaque service et le cas échéant
reprendre l’un ou l’autre employé excédentaire
b) le risque de non-remplacement, le département RH cherchant à tirer profit des départs
au lieu de garantir tout remplacement en cas de mutation
c) le laxisme dans la gestion des RH, difficulté, répugnance à sanctionner le manque de
performance
d) l’absence d’une véritable évaluation de la performance des services
Les chefs de service résistent à laisser partir leurs meilleurs éléments, ils ne veulent pas
recommencer à zéro, en remplaçant ses meilleurs éléments par de nouveaux arrivant qui
vont devoir être à nouveau formés.
Dans certaines organisations, les mutations qui s’opèrent, plutôt que de s’inscrire dans
une perspective d’évolution des carrières, résultent de « problèmes » (défaut de
performance, conflit avec son chef, …), ce qui contribue à donner une mauvaise image de
la mobilité. La pratique de mutation punitive renforce encore cette suspicion. Cette
pratique consiste à « exporter » vers d’autres services les employés fautifs au lieu de les
sanctionner au sein de leur service ou de les licencier. —> cette pratique a donc un effet
fortement dissuasif sur les candidats à la mobilité, qui rime alors avec « punition » plutôt
qu’avec « dynamisme ». Et tout employé provenant d’un autre service est soupçonné
d’avoir été frappé par une sanction …
Cette méfiance envers les candidats à la mobilité interne vient renforcer, en cas de
vacance d’un poste, la préférence du chef de service pour un candidat extérieur.
Beaucoup de responsables préfèrent alors un recrutement externe en raison de l’éventail
de choix que leur offre cette ouverture au marché de l’emploi, plaçant sur le même pied
les candidats intérieurs et les candidats extérieurs. Une telle pratique finit par démotiver le
personnel en place qui se retrouve bloqué dans son évolution …
Dans les organisations où la mobilité interne est faible, il s’ensuit que les places
disponibles sont rares et qu’en conséquence les candidats à la mobilité doivent patienter
pendant assez longtemps pour qu’un poste se libère. Cela signifie qu’un chef de service
qui accepte d’accueillir un candidat maison risque fort, ensuite, de devoir le conserver
pendant longtemps. Et donc, une erreur d’affectation portera des conséquences pendant
longtemps. —> plus importante est la mobilité interne dans une organisation, plus
nombreuses sont les places qui se libèrent chaque année, donc les opportunités de
mutation. Les erreurs d’affectation sont donc plus faciles à corriger, et par la suite,
moindres sont les résistances à la mobilité interne.
52
Les résistances qu’opposent les chefs de service à la mobilité interne sont nombreuses.
En définitive, les pratiques de mobilité interne dans une organisation renvoient
directement à la logique des rapports de force, en particulier à la balance de pouvoir
entre le département RH et les responsables opérationnels.
La peur de l’inconnu
Les employés doivent souvent passer l’essentiel de leur carrière dans le même
environnement de travail. Ils ont donc tendance à développer une vision assez étroite de
l’organisation qui les emploie, et n’ont pas l’occasion de tisser des relations personnelles
avec les membres d’autres unités. Ils connaissent donc mal les autres services, et ont
peur d’une éventuelle mutation, du changement.
A mesure qu’un employé maitrise une fonction, il gagne le contrôle d’une zone
d’incertitude, et ce faisant, il cesse de dépendre des collègues pour la réalisation de son
travail. Il n’a alors plus besoin du pouvoir de ses collègues, il a sa propre autonomie et ce
sont maintenant les plus jeunes qui dépendent de lui. Or, si il est muté, l’employé doit
abandonner ce contrôle. Bien sûr, il emporte avec lui l’expérience qu’il a acquise, mais il
lui faudra découvrir de nouvelles tâches et de nouveaux collègues, donc de repasser au
banc d’essai.
Le fait que la mobilité interne soit faible dans une organisation entraine la peur pour
l’employé d’être coincé pendant longtemps dans un service. Au lieu de représenter une
simple étape dans une trajectoire professionnelle, la mutation devient un choix de vie ! Et
l’on devine alors l’anxiété d’un employé qui redoute de se retrouver à jamais coincé dans
un environnement de travail insatisfaisant.
Le manque d’apprentissage
La mobilité est aussi une question d’apprentissage : ceux qui l’ont pratiqué dans le passé
y sont plus ouverts dans l’avenir. Si l’occasion se représente, ceux-ci seront plus enclin à
dédramatiser le changement qui les attendent. La mobilité interne passée est le
meilleur prédicateur de la mobilité future - et plus spécifiquement de l’ascension
professionnelle.
53
Pour finir, on doit toujours se demander quel intérêt professionnel les employés ont-ils à se
montrer mobiles (valorisation dans l’appréciation de performances ? Parcours de
formation ? Augmentation salariale ? , …)
—> La mobilité interne n’est rien isolé, elle s’intègre à la politique de GRH en
général !
Cette conclusion s’applique donc aux employés aussi bien qu’à l’encadrement : les
résistances que peuvent opposer les employés à la mobilité interne s’alimentent à de
multiples sources. Le seul appel au volontariat ne suffit donc pas, et certaines mutations
doivent être imposées au grand dam des employés concernés. Dans la fonction publique,
on parle alors de mutation d’office. Une politique de GRH doit chercher à articuler
gestion individuelle et gestion collective de la mobilité. C’est un rôle difficile joué
par le département : on doit tenir compte des aspirations individuelles mais en
même temps, veilleur à la performance collective.
Gérer la mobilité interne, cela suppose de nommer un responsable ou une celle au sein du
département RH et de leur fournir une info suffisante sur les fonctions et les compétences
du personnel ; d’offrir un accueil personnalisé et de garantir la confidentialité aux
candidats à la mutation ; d’opter pour un système ouvert comptant des vacances de
postes ou pour un système plus fermé de négociation directe avec l’employé pressenti
pour une mutation ; de développer un système d’incitants et enfin, de clarifier les règles du
jeu, en particulier le pouvoir et les prérogatives du département RH en cette matière.
Dans une grande organisation, la mobilité interne ne doit pas s’improviser. Il faut
spécialiser une personne ou une cellule explicitement chargée de gérer la mobilité. On
parle souvent de cellule de gestion des carrières. Cette personne, ou cette cellule, va
alors récolter des infos concernant le personnel, les fonctions occupées et les
compétences acquises par chaque employé. La gestion de la mobilité interne est donc en
lien étroit avec les descriptions de fonction et la gestion des compétences. En cas
de grandes restructurations, des cellules bcp plus grandes se mettent en place («centre
de mutation»)
Tout employé doit savoir qu’il existe un lieu, au sein du département RH, auquel il peut
s’adresser pour faire le point et s’interroger sur la poursuite de sa carrière et son
développement personnel. Dans certaines entreprises, cette pratique est
institutionnalisée via un « entretien de développement » / « entretien d’orientation » ;
la cellule en charge devenant ainsi une fonction de conseil en carrière. Bien sûr, attention
au caractère confidentiel ! Les candidats à la mutation doivent bénéficier d’une discrétion
absolue jusqu’à ce que la mutation soit acquise, pour ne pas qu’un potentiel chef
médiocre vive cela comme une déloyauté, une trahison … et la relation se trouverait alors
dégradée. Mais cela dit, on peut parfois comprendre la colère d’un chef de service qui a
54
investi dans la formation d’un employé, qui a consacré du temps, du coaching, et puis, il le
voit partir d’un seul coup …
Le système ouvert
L’organisation est conçue comme un marché de l’emploi interne et l’on gère les
mutations comme des recrutements internes : publication des vacances internes, ou
internes et externes, en plaçant sur le même pied employés et demandeurs d’emploi, on
diffuse l’info via les panneaux d’affichage, l’intranet, des courriers bien spécifiques, … —>
tout est fait pour offrir une transparence maximale.
Le système fermé
La mobilité interne est souvent entravée par des résistances et des obstacles, surtout
des dispositions contractuelles réglementaires ou statutaires. Il faut alors lever ces
obstacles d’ordre juridique. Mais il faut également adopter un noyau de principes
susceptibles de favoriser la mobilité interne :
- analyse de la réglementation/statut/règlements
- abolir la mutation punitive : c’est une véritable perversion organisationnelle. Elle
consiste à exporter le problème vers un autre service au lieu de le résoudre. Il est
préférable d’appliquer la procédure disciplinaire classique pour sanctionner un employé.
En proscrivant les mutations punitives, on prépare le terrain pour une revalorisation de
55
la mobilité interne
- inclure une clause de mobilité dans le contrat de travail : mais alors, il faut informer
clairement la personne au moment de son engagement sur les possibilités et les
contraintes de mobilité interne qui lui seront offertes ou imposées
- reconnaitre les efforts de mobilité interne : sans pour autant désavantager les
employés qui n’ont pas l’occasion de pratiquer la mobilité, il importe de reconnaitre
explicitement l’ouverture à la mobilité (temporaire comme définitive) dans l’appréciation
des performances, offrir une compensation pour les efforts que requiert la nouvelle
affection (prime, critère explicite pour justifier une augmentation de salaire, …)
- si c’est possible, prévoir une forme de réversibilité : afin de rassurer les chefs de
service et parfois les employés eux-mêmes, certaines entreprises prévoient une période
d’essai semblable à celle qui s’applique aux candidats extérieurs. Et si l’essai n’est pas
jugé concluant, la personne réintègre son ancienne fonction. Mais ce qui suppose que
pendant tout ce temps, elle n’a pas été remplacée dans son ancien service, donc des
difficultés peuvent apparaitre. Mais ces échecs d’essai sont plutôt assez rares,
beaucoup plus rares que les erreurs de recrutement externe …
56
Le développement des personnes passe bien sûr par la formation et le coaching, mais il
ne faut pas sous estimer le rôle de la mobilité interne dans la formation des
compétences. Chaque nouvelle expérience professionnelle élargit non simplement les
compétences technologiques, mais aussi les compétences sociales et la connaissance
des facettes de l’organisation.
La mobilité interne est aussi un banc d’essai, une occasion d’évaluer le potentiel des
employés et donc, elle permet la détection des hauts potentiels et leur préparation.
Hauts potentiels (« high flyers ») = ceux qui démontrent des qualités qui les destinent
à assumer des responsabilités de cadre supérieur.
En pratique, la gestion des carrières, et surtout celles des hauts potentiels, s’opère grâce
à une série de dispositifs : comité de carrière, centre d’évaluation et de développement,
parcours de mobilité, record aux organigrammes de remplacement, des plans de
remplacement ou des plans de succession. Certaines entreprises réussissent donc à
anticiper le départ des responsables en désignant par avance le ou les remplaçants
possibles, ces derniers bénéficiant de formations spécifiques pour préparer à leurs
responsabilités futures. Mais attention à cette pratiquer de « hauts potentiels », qui
peut entrainer jalousies et tensions. Beaucoup d’entreprises se contentent donc
sagement d’un repérage informel des potentiels sans du tout institutionnaliser le
processus. D’autres au contraire pratiquent l’analyse du potentiel : les chefs de service
sont alors invités à évaluer formellement le potentiel de leurs collaborateurs et leur
capacité d’évolution. Bien souvent, cette pratique reste secrète, pour ne pas démotiver
ceux qui sont jugés trop faibles ou gonfler l’égo de ceux jugés « haut potentiel ».
57
de plus en plus importants. Pour les grands groupes, la mobilité interne est le meilleur
moyen de faire circuler les compétences entre filiales et de favoriser la diffusion des
modèles et des techniques.
La mobilité géographique
Quels sont les problèmes de gestion qui peuvent être rencontrés avec l’expatriation ?
58
Une promotion = toute mobilité interne verticale. Que la personne reste dans son
poste, qu’elle accède à un poste plus élevé dans la hiérarchie au sein de son département
ou dans un autre département. Une promotion implique normalement :
- un accroissement de pouvoir de décision
- un accroissement de responsabilité
- un accroissement de rémunération
- un accroissement de visibilité et de prestige
Mentionnons également l’existence des mandats dans certaines administrations
publiques belges : il s’agit de postes de direction qui ne sont pas pourvus à titre
définitif. Le fonctionnaire qui devient mandataire (directeur général, secrétaire
communale, …) n’est nommé que pour une période déterminé (ex: 5 ans), après quoi il
peut soit être reconduit après une évaluation positive ou au contraire rétrogradé à son
ancien poste si elle est négative.
59
Une décision de promotion est toujours une décision importante. Elle pose de
nombreuses questions stratégiques : veut-on ou non donner une priorité aux RH
internes ou externes ? Quels critères sont à privilégier (compétence, diplome,
expérience ?), Quels mécanismes, quelle planification met-on en oeuvre pour gérer les
promotions ? Qui prend la décision de promotion ? Comment garantir que les décisions de
promotion favorisent la motivation et le sentiment de justice ?
C’est donc un choix difficile … Dans la majorité des cas, les entreprises et les
administrations dépassent cette tension en ouvrant les postes simultanément à
l’intérieur et à l’extérieur, en plaçant donc le personnel en concurrence avec les
demandeurs d’emploi.
Mais il est très difficile d’évaluer les compétences d’un candidat, et encore plus
difficile son potentiel. A ces critères viennent parfois s’ajouter d’autres critères, légitimes
ou non :
- le profil culturel du candidat : à tord ou à raison, des décideurs peuvent estimer que
pour certaines fonctions, il convient de présenter un certain « profil culturel »
- des considérations politiques : toute organisation d’une taille importante comporte une
dimension proprement politique d’équilibre et de gestion des rapports de force entre les
groupes dominants. Un candidat peut être préféré parce qu’il est soutenu par un groupe
important
- le réseau social du candidat : un candidat peut bénéficier d’un réseau social important
dont l’entreprise pourra utiliser
- des considérations plus banales viennent polluer les décisions : liens familiaux,
affiliations sociales diverses, proximité ethnique …
60
4. Quelle planification ?
61
Les décisions de promotion sont des décisions fondamentales. Donc, plus on s’élève,
plus les dirigeants veulent contrôler de très près le choix des personnes. Aux
échelons de direction proprement dit, il est fréquent que le directeur général soit obligé
d’en référer à son Conseil d’Administration. Dans la fonction publique, les carrières
des hauts fonctionnaires sont contrôlées directement par le gouvernement - et donc
en Belgique, dans une certaine mesure par les partis politiques. Il ne faut donc pas
s’imaginer que les décisions de promotion sont directement du ressort du
département RH !
Le plus souvent, celui-ci structure le processus, éclaire les décideurs, met en place les
épreuves et les tests, … mais il ne prend pas, seul, la décision finale sans en référer à
la hiérarchie opérationnelle.
Dans certaines entreprises, il se peut qu’il existe des comités de carrière qui rassemblent
un groupe de managers en charge des décisions de promotion et de mobilité (mais pas
pour les hauts cadres bien sûr)
En cas « d’erreur de casting », il est difficile de dégrader l’employé qui a été promu.
C’est pourquoi on doit parfois se résoudre à licencier un manager qui, comme employé
était excellent, mais qui s’avère être un chef catastrophique …
62
Introduction
63
Une part des recrutements qui échouent résultent d’une analyse insuffisante du poste à
pourvoir et d’un manque d’information donnée au candidat —> la description des
fonctions doit fournir une information complète et objective, elle doit s’en tenir aux
faits et ne comporter aucune responsabilité ou tâche hypothétique.
L’analyse de poste de travail doit répondre à plusieurs critères. Elle doit être cohérente et
standardisée : tous les postes doivent être soumis à la même méthodologie. Elle doit être
socialement acceptable, c’est à dire respectueuse de l’autonomie des travailleurs. Elle
doit être participative : elle doit impliquer le travailleur dans l’analyse. Plusieurs
méthodes sont envisageables :
64
—> La définition de fonction est donc aussi une sorte de reconnaissance officielle de sa
contribution à l’intérêt général, des difficultés qui sont les siennes, des talents qu’il doit
mettre en oeuvre.
- si le processus est respecté, alors elle permet l’échange, une réflexion commune sur
l’organisation du travail, la finalité, les objectifs et les perspectives. Elle permet de
hiérarchiser les priorités, de redéfinir les objectifs, de séparer l’essentiel de l’accessoire,
…
- c’est un outil évolutif : à chaque changement de titulaire, chaque modification des
tâches, des objectifs, des moyens techniques, il convient de l’actualiser. Les
responsables hiérarchiques sont invitées chaque année à réfléchir avec l’employé à une
éventuelle réactualisation. Bien sûr, les chefs sont eux aussi soumis à cet exercice par
leur propres chefs, tout le long de la chaine hiérarchique —> tout le personnel se trouve
invité à cette réflexion sur le travail et son évolution
- c’est un préalable nécessaire à l’évaluation des performances individuelles : comment
évaluer une personne si l’on n’a pas commencé par clarifier ensemble le contrat ? La
description de fonction étant liée à un poste, non à un individu, elle peut donc servir de
référence lors de l’entretien d’évaluation, elle fournit naturellement les éléments sur
lesquels l’employé sera évalué.
- permet donc la clarification des termes du contrat
- constitue une reconnaissance officielle de la contribution du poste à l’intérêt général
65
Les résistances
Il ne faut pas croire que l’analyse des fonctions soit toujours bien accueillie. En réalité, elle
peut susciter des craintes, rencontrer des résistances ou poser des problèmes qui ne sont
pas nécessairement le fait des employés, mais parfois de la hiérarchie.
Quelques résistances possibles :
- le processus peut être vécu comme une atteinte à l’autonomie et une immixtion du
département GRH dans la vie des services. La transparence de ce processus
entraine fatalement un coût social.
- la résistances des employés qui sentent leurs intérêts menacés : l’analyse peut
révéler que certains employés ne réalisent finalement pas vraiment le travail convenu.
Cet logique peut conduire à réduire les chances de promotion de certains employés en
l’absence d’une évolution de leur fonction ou de leur mutation vers des fonctions d’un
niveau supérieur.
- L’analyse peut également conduire à montrer que certains services se trouvent en
situation de sureffectif, qui peut donc conduire à des mutations, ou au non-
remplacement des employés quittant le service. C’est ici les chefs de service tout autant
que les employés qui peuvent se sentir visés.
- Dans ces conditions, on comprend la tendance des acteurs stratèges de gonfler les
définitions, d’en rajouter, d’exagérer les responsabilités, les initiatives, la charge de
travail, … —> ils transmettent à la direction de RH une représentation biaisée de la
réalité des fonctions assumées. Et le recours à un analyste extérieur peut alors venir
s’ajouter au dialogue entre le chef et son collaborateur, pour préserver l’intégrité
générale du système.
- Une crainte souvent évoquée : voir des employés se limiter strictement à leur
définition de fonction, raison pour laquelle les défiions insistent d’abord sur les
finalités du poste, non sur le contenu. Une autre crainte : introduire de la rigidité dans
le travail dans la mesure où les définitions ne sont pas mises à jour assez rapidement.
Un tel système doit donc prévoir des révisions périodiques.
- Le degré de standardisation des fonctions : toute fonction est spécifique, nul ne fait
exactement le même travail que son collègue. A cela vient s’ajouter la sensibilité de
chacun qui porte à insister davantage sur tel ou tel aspect de son travail. On tend, dans
ce cas, à glisser vers une personnalisation que l’analyse prétendait justement
dépasser ! Force est donc de s’efforcer de tendre vers une certaine standardisation,
ce qui peut engendrer quelques tensions. Par exemple, on peut tenter de construire
des familles de fonctions à partir des niveaux hiérarchiques, des domaines d’expertise,
…
- Remise en question ; doute sur les capacités des individus à exercer des tâches.
66
A priori plus simples mais moins précises, les démarches globales se contente de ranger
les emplois dans une échelle ordinale. :
- le rangement global : on se contente de comparer les postes les uns aux autres selon
leur « valeur » ou leur « importance » pour la société sans s’intéresser à leur contenu
propre, aux éléments qui les consistent. Ensuite, on les regroupe en classes de manière
à construire une structure des salaires. Trop imprécise et subjective, cette méthode
n’est plus appliquée.
- la comparaison par paires : comparaison de chaque poste avec un autre, puis avec le
suivant, … et on applique un principe de transitivité. La méthode est certes simple, mais
elle a des limites. Il est impossible de procéder sérieusement de la sorte au delà de
quelques dizaines de postes … Cette méthode a pour avantage d’être simple et rapide
mais elle est vague et subjective.
- le rangement par filières : on place chaque poste dans une grille prédéterminée. Elle
suppose par conséquent de commencer par identifier, sur base de définitions de
fonction, un nombre limité de postes-repères représentatifs de la structure et des
domaines professionnels de l’entreprise, après quoi il suffit de comparer chaque poste à
cette grille pour le situer dans la hiérarchie. Mais double difficulté : d’abord réaliser un
ensemble prédéterminé de postes-repères qui soit à la fois pertinent, représentatif et
limité, et ensuite comparer des postes parfois très dissemblables à ces postes repères.
67
Chaque critère comporte une échelle à 7 degré, à chaque degré correspond un certain
poids, et sont ensuite repris dans des classes. Les niveaux de salaire sont calculés à partir
de ces classes.
Cette méthode tire une partie de sa notoriété grâce à son idée d’atteindre un tel
degré de précision et d’objectivité d’une part, de diffusion d’autre part, qu’elle
puisse servir non simplement à compare les postes les uns aux autres au sein
d’une seule et même entreprise, mais aussi entre entreprises !
68
Un emploi peut requérir une compétence approfondie sur peu de sujets différents
ou/et une compétence plus superficielle sur un large éventail de sujets : profondeur
d’une part, étendue d’autre part. De plus, cet emploi peut être plus ou moins exigeant en
termes de relations humaines. La méthode HAY comporte huit niveaux de mesures pour
la profondeur, six pour l’étendue et trois pour les relations humaines.
Elle rend compte du degré d’initiative et de réflexion originale que nécessite le poste
pour analyser, évaluer, créer, raisonner, résoudre les problèmes, aboutir à des
conclusions et exprimer ces conclusions. Elle se subdivise en 2 critères, qui se
mesurent en différents niveaux :
Aux différents niveaux des différents critères correspondent des points. Ensuite, on
applique ces critères à chacun des postes analysés et sur chacune des dimensions, on lui
attribue des points. Pour chaque poste, le total des points donne l’évaluation globale en
sorte que l’entreprise dispose désormais d’une valeur exprimée en points pour chacun des
postes qui la constituent. L’entreprise est donc à même d’établir une ou plusieurs
pyramides salariales constituées d’un étagement de niveaux de salaires qui
correspondent à l’évaluation des postes.
69
L’entreprise doit finalement faire un choix entre les méthodes, et donc un arbitrage,
entre plusieurs dimensions :
- l’objectivité : la méthode doit pouvoir résister aux préjugés, aux jeux d’influence et aux
manipulations
- la précision : la capacité de différencier les postes de façon précise
- la complexité : le nbre de critères et leur applicabilité (une douzaine de critères est un
maximum)
- la généralisation : la méthode doit rendre possible de comparer des postes relevant de
domaines professionnels différents
- la flexibilité : la méthode doit être souple pour permette de recalculer aisément la
valeur d’un poste qui a connu une évolution
- le coût de sa conception : pas être excessivement lourde
- le coût de sa gestion : pas trop coûteuse
- la clarté : doit être compréhensible, facilement explicable au personnel.
1. D’informer le personnel
2. De constituer un comité de pilotage qui supervise l’ensemble de l’opération
3. De définir les critères, les échelles, les pondérations
4. De définir les modalités du processus d’analyse (qui ? par quels services
commence-t-on ?, …)
5. De procéder à l’analyse des postes de travail : par exemple, par le titulaire lui
même avec l’aide d’un spécialiste (on parle alors d’autodescription assistée).
6. D’évaluer et de classifier les emplois. Sur base des descriptions, une instance
collective, souvent appelée commission d’évaluation procède à l’évaluation des
emplois, ou du moins à la validation des propositions du consultant.
7. De raccorder les valeurs des postes aux rémunérations
8. La construction d’un large consensus autour de la méthode : les salariés doivent
être convaincus de l’honnêteté des intentions de la direction à leur égard et que la
méthode ne cache aucun piège.
70
Elle permet de classer les emplois les uns par rapport aux autres, en contribuant donc
à façonner des rapports plus logiques, plus équitables entre les rémunérations des
différentes unités de l’entreprise. Elle facilite la justification des conditions salariales
qui sont offertes et tend donc à réduire la fréquence des réclamations. L’analyse des
postes est une excellente occasion de repérer des dysfonctionnements dans
l’organisation du travail (excès ou manque de qualification, inadéquation de certaines
personnes à leur fonction, réfléchir au recrutement à venir, aux carrières, …)
a) Une entreprise reste dépendante des taux pratiquées sur le marché du travail : le
salaire n’a pas pour seule fonction d’assurer un sentiment de justice interne, il sert à
attirer et conserver les meilleurs éléments. Si, donc, les salaires offerts par la
concurrence à telle ou telle catégorie de diplômés d’experts dépassent les taux
prescrits par la grille salariale, l’entreprise sera bien forcée de suivre.
b) Le processus d‘analyse laisse une place à l’arbitraire, aux rapports de force et
aux préjugés. La méthode d’évaluation repose sur une forme d’arbitraire social, elle
contribue à légitimer un ordre social. L’évaluation des emplois reste un processus
fondamentalement politique et culturel.
c) La méthode est coûteuse. d’une part, elle exige du temps, un personnel spécialisé;
et une fois en place, il faut assurer sa maintenance quasi en permanence, réévaluer
les postes qui connaissent des évolutions en termes de technologie, de responsabilité,
… D’autres part, elle tend presque inévitablement à élever la masse salariale. En
effet, l’analyse conduit à relever que si certains gagnent trop par rapport à la valeur de
leur poste, d’autres en revanche gagnent trop peu. Il est impossible de réduire les
salaires des premiers; en revanche, augmenter les salaires des autres est possible.
d) La méthode, en vieillissement, risque de placer l’organisation dans une situation
difficile. Le système peut être menacé d’obsolescence, de plus en plus décalé des
pratiques en usage. Il devient une source de rigidité qui étouffe d’autres valeurs
comme le mérite et la compétence.
e) L’évaluation des emplois ne résout pas tous les problèmes de rémunération : elle
ignore en particulier les compétences effectives de la personne et surtout sa
performance effective dans la fonction.
f) Cette tension entre évaluation de la fonction, d’une part, et évaluation de la
compétence et de la performance, d’autre part, s’accentue dans les domaines
d’activités caractérisés par une grande mobilité et une forte polyvalence, par des
emplois à contours variables, par l’importance d’activités a priori peu structurées. La
nécessité s’impose de replacer ou d’ajouter à l’évaluation classique des emplois
une politique de gestion des compétences.
71
Introduction
Bien sur, la logique sous-jacente est celle de l’individualisation de la GRH et donc, elle
peut laisser place à un vaste mécanisme d’affaiblissement des solidarités collectives, un
accroissement du pouvoir patronal ou encore une sorte de consécration de l’idéologie de
notre modernité.
La logique de la compétence
73
La gestion de la compétence
Le référentiel une fois mis au point, il importe à présent d’identifier les compétences
disponibles, ce qui pose le problème de la mesure des compétences. L’objectif est de
réaliser un bilan/portefeuille pour chaque employé.
74
L’instrument fondamental est donc bien ici l’évaluation des performances ou la réalisation
d’un bilan général d’activités qui s’attache à recueillir l’ensemble des faits significatifs sur
une période longue en s’aidant de la liste des compétences génériques afin de situer
le salarié dans la hiérarchie des compétences (—> bilan ou profil de compétence)
Une telle analyse des compétences in vivo est complexe et délicate, elle exige de
distinguer les compétences largement prouvées, les compétences à peu près maitrisées,
les compétences en voie d’acquisition, voire le potentiel d’acquisition. Chaque membre
du personnel peut par exemple disposer de son portefeuille personnel de compétences
et le tenir à jour en fonction des responsabilités qu’il assume, de l’évolution de sa fonction,
de ses changements, …
Bien sûr, l’appréciation des compétences ne peut être intégralement laissée à
l’initiative des seuls chefs directs et collaborateurs. Pour devenir instruments d’une
politique, il importe de rassembler toutes ces informations au niveau du département RH
(par exemple, une cellule de « développement des carrières » de manière à construire
le portefeuille de compétence de l’organisation, son capital intellectuel.
Sur la base des deux phases précédentes, on peut repérer les décalages entre les
compétences actuellement disponibles, celles qui sont en voie de disparaitre et les
compétences nécessaires au développement de l’organisation. Il importe alors de
mettre sur pied une stratégie de développement des compétences, laquelle peut se
fonder sur une grande variété de dispositifs :
75
L’organisation apprenante
Pourquoi la formation ?
78
c) les résistances de la hiérarchie : elle n’assume pas toujours ses engagements vis à
vis de la formation. Certains chefs ne perçoivent pas l’intérêt de la formation qu’ils
considèrent comme une perte de temps voire comme une occasion de distraction ou
d’amusement. Ils appréhendent les difficultés que provoquent les départs de
certains de leurs salariés en formation. Enfin, certains redoutent aussi que la
formation des collaborateurs, par les nouveaux savoirs qu’elles génèrent, ne mette en
cause leurs propres compétences et finalement, l’exercice de leur autorité au sein
des équipes.
Dans la logique managériale, la formation est étroitement reliée aux autres fonctions
et activités de la gestion des RH : description de fonction, évaluation des performances
du personnel, mobilité du personne, déroulement des carrières.
3. Formation et mobilité
79
En aval, importance d’assister sur l’après formation, sur la mise en oeuvre des
acquis. Il revient encore une fois aux détenteurs d’un pouvoir organisationnel de créer les
conditions favorables au réinvestissement des acquis de la formation dans le
travail.
La prise en compte de la formation en tant que processus est essentielle. Elle montre
que la formation ne peut être considérée comme une activité autonome. Elle renvoie
à une vision globale, systémique de la formation et met l’accent sur ses interactions
avec les objectifs des services, leur structure organisationnelle, les technologies mises en
oeuvre, la gestion des ressources professionnelles, les processus relationnels. Elle situe
la formation dans un ensemble complexe qui enchaine des fonctions situées en amont et
en aval, et permet de repérer les variables stratégiques sur lesquelles l’autorité peut ou
doit agir.
Pour résumer :
(Evaluation)
80
Il importe que le besoin, lorsqu’il est identifié, soit reconnu non seulement par le
bénéficiaire potentiel mais aussi par ses collègues et par la hiérarchie. Il est en effet
peu souhaitable que le salarié concerné se rende en formation forcé, peu convaincu de la
nécessité de cette formation … La reconnaissance sociale des besoins favorisera
aussi le comportement positif des membres de l’équipe et de l’encadrement face à
d’éventuelles répercussions sur l’organisation du travail.
1. La fixation a priori
81
Cela consiste à interroger les responsables sur les besoins de formation dans leurs
services, ce qui permet de lier la logique de l’organisation globale de l’activité à celle des
attentes individuelles, d’analyser les conséquences des problèmes et des fonctionnements
observés et d’évaluer les solutions possibles. Elle permet aussi de sensibiliser
l’encadrement aux besoins et au bien-fondé de l’action de formation.
L’évaluation du personnel par les supérieurs hiérarchiques directs permet aux employés
de faire leur bilan professionnel, d’analyser d’éventuels dysfonctionnements observés et
de détecter les besoins de formation par rapport aux objectifs fixés pour la période à venir.
7. Le bilan de compétences
8. Le centre de développement
9. Le 360°
82
83
4. Le contenu de bénéficiaires :
La politique de formation repose ici sur des choix cruciaux mais souvent complexes :
Nombreux sont les avantages qui regroupe les salariés d’une même entreprise (intra
entreprise) : économies, adaptation plus ciblée des contenus, renforcement de
communication interne, création d’un langage commun et d’un esprit maison. Mais
toutefois, cela peut conduire au repliement de l’employé sur leur environnement propre et
nuit au développement de l’innovation et de la créativité.
L’option inter entreprise favorise les motivations qui se construisent par comparaison :
confrontation de cultures différentes, des pratiques différentes, échanges d’expériences,
…
Toutefois, l’hétérogénéité des profils des bénéficiaires peut entrainer des difficultés :
adaptation du contenu à la situation professionnelle doit être faite par le participant loi-
même et le groupe des apprenants ne peut devenir le moteur du changement.
La formation intra service crée inévitablement une rupture dans l’activité. Son intérêt
dépend de son objectif et de son contenu. Dans certains cas, il est à déconseiller. Mais
elle peut s’avérer très utile : canalisée par un animateur compétent, la formation associe
alors des stratégies relationnelles positives à une réflexion constructive sur le contenu des
tâches et sur l’organisation du travail dans l’unité.
La principal avantage de la formule inter service : favorise le décloisonnement et permet
aux salariés qui travaillent dans des départements différents de se rencontrer, de se
découvrir, de comprendre leur environnement de travail, …
85
En pratique, les organisations n’ont que rarement une taille suffisante pour disposer de
formateurs internes, salariés à temps plein, elle doit donc faire appel à des formateurs
externes. Mais à partir d’une certaine taille, il devient possible de marier les avantages
des deux formules en envoyant certains employés reconnus pour leurs talents
pédagogiques se former à l’extérieur et d’assurer ensuite la formation en interne en ne
recourant plus à des formateurs externes que pour des sessions plus spécifiques.
Il semble difficile en tout cas de concevoir l’ensemble des actions par les seuls
moyens internes : d’où viendraient alors les nouvelles idées .. ?
86
7. Le coût de la formation
Malgré tous ces avantages, beaucoup d’organisations n’ont toujours pas de budget de
formation …
Lorsqu’une organisation veut estimer les coûts de formation, le plan de formation doit alors
distinguer les budgets à prévoir d’une part pour la formation externe (facturations
des actions effectuées par les organismes externes, transports, …) et d’autre part, pour
la formation interne (rémunération des formateurs, dépenses d’équipement et de
matériel, …)
Le budget de la formation peut comprendre :
- le coût des prestations des organismes extérieurs ou les frais de personnel
enseignant interne
- les frais administratifs (salaires des personne de l’entreprise impliquées dans
l’organisation des formations)
- les frais de fonctionnement (fournitures, hébergement, location, déroulement des
stages, …)
- les dépenses d’équipement en matériel pédagogique (manuel, ordinateur, …)
- le coût de personnel des remplaçants, éventuellement, qui assure l’intérim durant
l’absence des apprenants.
Sur base du plan de formation, il est alors possible de rédiger des cahiers de charge
qui serviront à recruter le ou les formateurs. Une fois décidé de recourir à des prestataires
externes, il reste à faire le bon choix d’organisation pour assurer la formation.
Il faut savoir que ce marché de la formation est très riche, évolutif et inégal. On y
trouve le pire comme le meilleur. Il y a bien des chartes de qualité, des codes
déontologiques, des certifications de qualité, mais elles restent d’efficacité discutable et
elles sont peu connues. C’est pourquoi le bouche à oreille reste très utilisé et l’on
recommande aux commanditaires de tester les formations avant de s’engager dans une
action d’ampleur.
87
—> cela explique que la demande initialement formulée doit parfois être reformulée,
le contrat de formation adapté.
88
—> toutes ces activités convergent vers une même condition : l’existence d’un système
efficace de communication : communication interne avec l’ensemble des services,
communication externe acec les organismes prestataires des formations.
89
Ces difficultés méthodologiques ne doivent pas pour autant masquer les effets positifs de
l’évaluation, c’est à dire l’enjeu de la qualité. Une approche stratégique s’impose.
Traditionnellement, l’évaluation de la formation est axée sur les contenus pédagogiques
des programmes; elle est réalisée par les prestataires des enseignements. Mais
l’approche stratégique, quant à elle, oriente l’évaluation du processus de formation
vers les performances individuelles et collectives. Dans cette optique, l’évaluation
concerne les divers acteurs impliqués dans le processus, elle s’inscrit dans une logique
non seulement de moyens mais aussi de résultats.
- l’évaluation s’articule sur un réel suivi de la formation. Le suivi, c’est l’étape qui suit
la phase d’enseignement et qui se préoccupe de la valorisation du savoir et du savoir
faire acquis par chaque formé. Il faut donc évaluer non seulement les résultats de la
formation dans l’immédiat, mais aussi établir un suivi à moyen terme de l’expérience
- l’évaluation doit être conçue comme un outil de guidance et de contrôle de
l’ensemble du processus de formation dans l’organisation
- l’évaluation s’opère dans le cadre du management participatif de la formation
dont elle implique les différents acteurs : formateurs, participants, hiérarchie,
responsable fonction, … Il appartient au responsable de formation, porteur de la
cohérence d’ensemble du système, de coordonner l’expression des jugements, d’en
réaliser la synthèse et de rendre compte de la qualité d’ensemble du plan.
3. Orientations méthodologiques :
- les opinions des employés formés : l’apprenant étant placé au centre du dispositif de
formation, il est essentiel de recueillir systématiquement ses réactions quant au contenu
pédagogique du programme et ses modalités de réalisation, mais aussi quand à la
pertinence des acquis et leur impact potentiel sur la situation de travail. Instrument
classique : questionnaire d’évaluation administré aux participants à la fin de la
formation.
- l’évaluation de l’apprentissage : l’évaluation se rapporte ici de façon directe aux
acquis de la formation, lorsqu’il est possible de les apprécier dans l’immédiat
(formations techniques par exemple). Instrument : l’observation, les tests, les entretiens,
… L’évaluation peut être réalisée à la fin ou pendant la formation.
- l’évaluation des performances : l’appréciation périodique des performances des
employés intervient également. Elle permet sur les moyen et long terme d’observer
l’évolution des comportements et des aptitudes de l’apprenant et de rendre compte du
rôle de la formation dans les changements constatés.
- l’enquête par questionnaires : certains entreprises réalisent des enquêtes plus larges
auprès de leur personnel pour évaluer la perception, la satisfaction, les attentes
relatives à la gestion des compétences en général.
90
91
Introduction
Qu’est-ce que le mérite ? Mériter une récompense, c’est avoir déployé des efforts et
surmonté des difficultés tels que l’obtention de cette récompense soit considérée
comme juste.
C’est donc une notion morale, elle évoque l’effort personnel et les difficultés surmontées
qui rendent une personne digne d’estime et de récompense. Cette notion de mérite se
revoit à le notion de responsabilité, au sens d’une obligation de rendre compte de
son action, d’en assumer les conséquences prévisibles et d’encourir l’estime ou le
blâme.
La notion de mérite est complexe et contingente, fortement dépendante des croyances
et des préjugés, mais ce n’est pas réductible à une performance objective. Certains
étudiants moins doués ont plus de mérite à décrocher une satisfaction que d’autres une
grande distinction. Il y a parfois plus de mérite à endurer, jour après jour, un travail
routinier et répétitif qu’à réaliser un travail passionnant avec des responsabilités
importantes.
C’est donc une notion délicate et ambiguë, et des dérives sont possibles … on voit des
responsables appeler « mérite » la loyauté, la soumission, la conformité sociale, …
En réalité, entre le mérite (la somme des efforts qu’une personne déploie pour
atteindre une performance) et cette performance effective, il existe une série de
médiation :
92
Face à cette diversité qui entoure la notion de mérite et de performance, n’est-il pas
préférable d’abandonner toute référence à ce principe dans la GRH ? Cela serait exagéré
… Si le mérite individuel est très loin d’être la condition suffisante de la
performance, il en est néanmoins une condition nécessaire ! Aucune organisation ne
peut se désintéresser totalement du mérite de ses membres. Qui plus est, dans un
contexte de rareté relative des promotions et des augmentations de salaires, se pose
nécessairement la question du choix des bénéficiaires.
Il est fréquent chez certains intellectuels de remettre en cause le principe du mérite. Mais
en réalité, on ne se débarrasse pas facilement de cette valeur …
Néanmoins, un système fondé sur le seul mérite serait sans doute invivable, parce
qu’il renverrait à chacun en permanence l’image affligeante de sa vraie valeur et produirait
un sentiment d’infériorité. Il est parfois plus confortable d’interpréter les différences
en sa défaveur comme le produit du hasard ou du favoritisme !
Par ailleurs, il n’est pas question de prétendre que cette valeur du mérite doive être
l’unique principe sur lequel fonder la GRH : d’autres doivent s’y ajouter comme
l’ancienneté, la fonction, la compétence et la lutte contre certaines formes de
discriminations dans le cadre d’une politique d’égalité des chances.
2. Critique de la performance
Mais alors … qu’est-ce qu’une performance ? Par définition, c’est le résultat obtenu dans
un domaine précis par quelqu’un. Mais comment estimer cette contribution ? Est-elle
individuelle ? Collective ? Très difficile à définir, un tas de notions s’entremêlent … Donc,
pour autant qu’elle fasse l’objet d’une évaluation, la performance doit être elle-même
mise en débat, elle n’est rien qu’on puisse assigner sous la forme d’objectifs sans,
au minimum, un dialogue a priori et a posteriori.
Néanmoins, quels que soient les contextes de travail, il y a toujours un rapport entre un
ensemble de prestations délivrées par un employé (une section, un service, …) et
l’ensemble des ressources qui sont utilisées pour délivrer ces prestations. La
performance croit ou diminue en même temps que ce rapport mais il reste difficile de
l’analyser (quantité, qualité, le seuil de performance acceptable, …)
93
94
On pourrait croire que cette notion de performance ne s’associe qu’à des organisations
privées, des entreprises privées. Pourtant, un déficit de performance est toujours payé
par quelqu’un, et ce même dans le secteur public (par exemple, un patient avec un
médecin peu productif, la médiocrité de certains enseignements pour les élèves, …)
Les opposants à l’évaluation des agents dans la fonction publique lui reprochent parfois de
se centrer sur les individus eux-mêmes, et non sur la réalisation des objectifs du service
public.
C’est vrai qu’il est essentiel d’évaluer la réalisation des objectifs assignés par les
autorités, et pour ce faire, indispensable de développer des indicateurs de
performance. De même, il est judicieux de partir de la définition des critères de
performance collective avant d’aborder l’évaluation individuelle. Mais à quoi rime
d’opposer évaluation collective et évaluation individuelle ? Comment faire pour
sanctionner par exemple un chef de service sans procéder à son évaluation personnelle ?
Il est impossible de rompre ce lien entre performance individuelle et performance
collective …
95
On doit se poser cette question : à quoi peut servir l’évaluation des performances
dans les organisations ?
Il s’agit en réalité d’une motivation fondamentale dans toute organisation : cela sert à
mettre la performance individuelle sous contrôle hiérarchique régulier en vue
d’inciter les employés à faire plus et mieux, de les dissuader de faire moins et
moins bien; et pour ce faire, d’instituer une sorte de moment officiel au cours
desquels le supérieur est appelé à mettre en débat la question de la performance de
l’employé à l’occasion d’un entretien avec ce dernier. Parler de GRH, c’est
nécessairement faire référence à des contraintes de performance.
Mais pour quelles raisons le personnel ne donne pas spontanément le meilleur de
lui-même, et pour quelles raisons les responsables hiérarchiques ne contrôlent pas
spontanément la performance de leurs collaborations ?
Les réponses sont très complexes … Toutefois, on peut indiquer quelques raisons
possibles :
- manque de compréhension des exigences : les employés ne voient pas clairement
ce qu’on attend d’eux
- manque de compétence : pas les compétences nécessaires pour réaliser une
performance
- manque d’intérêt personnel : ne voient pas ce qu’ils auraient à gagner à faire plus
d’efforts
- sentiment d’impunité : employés convaincus qu’ils ne risquent rien et donc, s’en
tiennent au service minimum
- sentiment d’injustice : l’impression que la charge de travail est inéquitable par rapport
à d’autres qui travaillent moins. Donc, l’employé ne voit pas pourquoi il doit faire
davantage d’efforts.
- manque de sens : ne voient pas l’utilité de leur travail, que quoi qu’il fasse, tout le
monde s’en fiche.
96
- clarifier le rôle et les objectifs des supérieurs comme des subordonnes (donc,
développer une série de définition de la performance attendue)
- identifier les déficits de compétences
- récompenser le mérite (prendre en compte cette dimension dans les décisions de
rétribution et de promotion)
- abolir le sentiment d’impunité : sanctionner le manque d’effort, la mauvaise volonté.
- restaurer une équité de travail : fondée sur une conformité de critères et de pratiques.
Le même système doit s’appliquer à tous, entrainement les mêmes conséquences.
- restaurer le sens du travail : montrer l’utilité de maintenir ou d’accroitre la performance
- rappeler la responsabilité directs des chefs sur la performance du groupe, les
soutenir dans l’exercice de leur pouvoir et leur fournir un instrument applicable à
tous
Mais très souvent, ces motivations sont peu claires et on en vient à se demander parfois si
l’organisation ne fait pas de l’évaluation pour dire d’en faire, parce que tout le monde le fait
…
En pratique, les systèmes d’évaluation varient selon les traditions, cultures, rapports de
force, options stratégiques de chaque organisation. Mais on peut toutefois trouver une
série de principes de base :
a) comment s’articule l’évaluation avec la description de fonction et le bilan de
compétences ?
b) qui évalue ?
c) avec quelle périodicité ?
d) avec quel instrument ?
e) quels entretiens ?
f) quelles sont les conséquences de l’évaluation pour les employés ?
97
C’est pourquoi, dans certaines organisations, on préfère le principe d’un jury, composé
de deux ou trois supérieurs afin d’éviter des abus éventuels. Une pratique qui peut se
défendre par rapport à son objectivité, mais elle a des désavantages :
- elle est plus lourde à mettre en place (multiplie le volume d’heures consacré à
l’évaluation)
- elle peut être intimidante pour l’employé qui se retrouve devant le jury.
Dans le cas de cette méthode, le chef se doit de faire parti du jury, car c’est celui qui
connait le mieux l’employé.
Il faut bien sûr écarter l’idée de confier l’évaluation à des experts extérieurs : qui
accepterait de se voir évalué par quelqu’un qui ignore tout de sa personne et de son
travail ? Peut être via des tests … Mais ce n’est pas pertinent : les examens n’évaluent
aucunement la performance des employés et très partiellement leurs compétences (les
savoirs appliqués).
En pratique, il n’est donc ni possible ni souhaitable de contourner le chef direct.
Mais qu’en est-il alors des risques d’arbitraires et d’abus ?
98
Une série de dispositifs de contrôle et de régulation peuvent être mis en place pour
limiter ces risques :
- le formulaire d’évaluation porte la signature de l’évaluateur (le N+1), mais aussi celle
de l’évalué (le N). Si l’employé n’est pas d’accord avec son évaluation, il peut alors
refuser de signer, et déclenche une procédure de médiation du département RH
- l’évaluation inclut un entretien au cours duquel les deux parties peuvent faire valoir leur
point de vue.
- le formulaire inclut un volet réservé à l’employé afin qu’il puisse apporter les nuances
qu’il juge utile
- le formulaire est visé par la supérieur hiérarchique du chef direct
- l’employé mécontent de son évaluation a toujours le droit de demander une entrevue
avec le N+2
- le département RH contrôle la qualité des formulaires d’évaluation et peut refuser
les évaluations manifestement déficientes
- l’employé mécontent peut toujours introduire un recours auprès du département RH
et se faire accompagner d’un délégué syndical.
- Dans la fonction publique, il existe même des commissions de recours auprès
desquelles tout employé peut introduire une réclamation.
Ces divers dispositifs, s’ils sont correctement assumés, permettent d’éviter les injustices
et les aberrations, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un jury.
Dans la bouche des employés, on entend souvent cette protestation : « Nous, on est
évalué. Mais qui évalue nos chefs ? ». La première réponse à cela, c’est que les cadres
sont évalués à leur tour jusqu’au sommet de la pyramide hiérarchique. Mais
l’évaluation est plus superflue : les cadres dirigeants sont évalués selon des critères plus
globaux qui tiennent à la performance des centres de coût et de profit dont ils ont la
charge.
La deuxième réponse possible, c’est qu’il est possible de réaliser des enquêtes de
satisfaction anonymes qui permettent de mesurer le degré de satisfaction du
personnel qui travaille sous les ordres d’un manager et d’intégrer ces résultats dans
l’évaluation finale de ce manager, voire de pratiquer une véritable évaluation
réciproque (un entretien d’évaluation par exemple, pour échanger les rôles). Mais une
telle inversion est moins audacieuse qu’il n’y parait : elle apparait même comme un
exercice salubre tant il est vrai q’un responsable qui entend remettre en question ses
collaborateurs doit lui-même être prêt à se remettre en question.
99
Pour finir, il convient de rappeler l’approche dite 360°, qui consiste à multiplier les
perspectives sur une personne donnée en sollicitant l’évaluation - anonyme - des divers
acteurs qui entretiennent des relations fonctionnelles régulières avec cette personne.
—> travailler, aujourd’hui, ne revient plus à tenter de satisfaire son seul supérieur
hiérarchique, cela consiste plutôt à participer à un réseau complexe, et donc il
parait judicieux de recueillir le jugement de l’ensemble des acteurs
complémentaires dans ce réseau. (voir le point sur le 360° )
L’évaluation est l’occasion de réaliser un bilan d’activités, de faire le point sur l’évolution de
la fonction, sur les résultats atteints, sur les problèmes concernés, et de fixer de nouveaux
objectifs. —> il faut avoir recours à une périodicité annuelle.
Au delà d’un an, il devient difficile de tracer un bilan et de fixer des objectifs : l’employé
peut changer d’affectation, les priorités peuvent se modifier, le supérieur peut partir
ailleurs, …
Beaucoup d’entreprises préfèrent même un délai plus court, de 6 mois par exemple.
Il est important de trouver un équilibre entre la charge administrative et l’apport de
l’évaluation.
Quels instruments ?
Les systèmes en usage sont donc très variables, comme le sont les populations
concernées. Il reste qu’on peut caractériser les systèmes en fonction de quelques
dimensions clé : la centration sur les comportements ou les objectifs, les critères et
les échelles, le caractère qualitatif et quantitatif, l’existence d’une note globale ou
d’un jugement synthétique, la nature des objectifs, l’existence d’un espace réservé
à l’évalué.
100
Les premiers systèmes de notation avaient tendance à se centrer sur des composantes
de personnalité (ouverture, intelligence, créativité, …). Mais avec cette notation, on ne
voyait pas en quoi le fait d’apprendre que sa personnalité est jugée déficiente peut
pousser quiconque à agir. Intentionnellement ou non, la dévalorisation de l’évalué est
l’erreur fondamentale des anciens systèmes d’évaluation et encore actuellement de
nombreuses pratiques en usage !
Aucune motivation ne peut se construire sur la vexation et l’érosion de l’estime de
soi.
Il faut faire passer un message fondamental :
« Ce n’est pas vous en tant que personne qui êtes évalué. Cette personne, nous la
respectons inconditionnellement, nous nous contentons d’évaluer ce que vous faites, les
résultats que vous obtenez. Et nous le faisons parce que nous croyons dans votre
potentiel, votre capacité de vous améliorer, de vous développer, raison pour laquelle nous
nous intéressons à vos résultats passés dans la seule perspective d’un développement
futur. »
Aujourd’hui, on préfère donc se centrer sur les comportements ou/et les objectifs, ce
qui bien entendu, n’empêche pas certaines personnes de se sentir dévalorisées.
Certaines organisations privilégient les comportements au point d’omettre totalement les
objectifs. Mais alors, comment pointer des déficiences sans fixer, au minimum, des
objectifs d’amélioration ? A l’autre extrême, on trouve des systèmes exclusivement centrés
sur les objectifs et l’évaluation de leur réalisation, sans plus de référence aux
comportements de travail (sinon au travers des objectifs fixés)
Il est donc préférable de recourir au MBO combiné à une réflexion sur la définition
de fonction et à un bilan de compétences.
Soulignons néanmoins que la gestion par objectifs n’est pas toujours facile à pratiquer.
Lorsque l’évaluation porte sur les comportements, il est nécessaire de distinguer les
divers critères d’évaluation, c’est à dire les catégories de comportement de travail
qui vont faire l’object d’une évaluation. Ces critères :
- doivent couvrir un large faisceau de comportements de travail sans tomber dans
une liste trop longue
- ils doivent êtres définis et explicités
Qu’il s’agisse des comportements ou des objectifs, il importe ensuite de définir des
échelles d’évaluation. Et les possibilités sont nombreuses. Au regard de chaque critère
de comportement, on évaluera selon des échelles comme : « mauvais, bon, très bon » ;
« insuffisant, suffisant, bon, très bon, excellent », … On peut aussi exprimer les critères
par des actions : « fait de suggestions d’améliorations : jamais, rarement, parfois, souvent,
toujours ».
101
Sous l’influence du modèle scolaire aussi bien que pour des raisons pratiques, il y a une
grande tendance à éviter les phrases au profit de cases à cocher, de cotation. On
peut comprendre que ce procédé soit recommandée dans certaines situations (chiffres
d’affaire, nombres de dossiers traités). Mais l’évaluation quantifiée de comportements
(communication, travail en équipe) n’a pas de sens. Il doit donc, pour ce type de situation,
de privilégier l’expression de jugements qualitatifs. Nul ne songerait, dans la vie
ordinaire, à exprimer le jugement qu’il porte sur une personne en termes de notes
chiffrées.
La plupart des systèmes d’évaluation sont désormais fondés sur la définition d’objectifs.
Mais comment les concevoir ? On a coutume de recommander l’adoption d’objectifs
SMART. Les objectifs doivent respecter les principales dimensions du travail, ils
doivent être factuels (sans pour autant succomber au culte de la quantification). Ils
doivent être cohérents et non contradictoires, relever de la sphère de compétence et
de pouvoir du collaborateur, ne pas être trop nombreux, ne peuvent entrer en conflit
avec les autres objectifs assignés aux collègues. Enfin, ils doivent faire l’objet d’un suivi
régulier.
Ainsi, l’évalué peut exprimer sa satisfaction, apporter des nuances, expliquer son
désaccord ou formuler des souhaits en termes de formation ou de mobilité
Quel entretien ?
Il n’y a plus d’évaluation qui se déroule sans passer par un entretien entre le
responsable et son collaborateur, défendant ainsi l’idée d’un dialogue ouvert entre
ces deux individus.
Avec l’entretien, on va donc essayer de neutraliser l’espace d’un instant le rapport de
force entre le chef et son collaborateur et d’instituer un échange équilibré où les
deux parties dialoguent en toute bonne foi, sans chercher à se manipuler.
Bien entendu, cela est fragile et très loin de se vérifier en pratique ! L’entretien rencontre
rarement les espoirs qu’on a placé en lui.
102
Quelques conseils : bien préparer l’entretien, choisir un lieu neutre et confortable, éviter
d’être dérangé, commencer par créer un climat constructif, partir de la description de
fonction et des objectifs fixés, analyser les écarts, valoriser le collaborateur, combiner
feed-back positifs et négatifs, stimuler le dialogue, pratiquer l’écoute active et la
reformulation, opérer des synthèses successives, éviter les attitudes défensives, définir en
commun les nouveaux objectifs…
Pourtant, peu de responsables arrivent à briller dans cet exercice difficile. C’est un
exercice délicat, et source de déception. Pour autant, si précaire que soit souvent
l’entretien, il contribue néanmoins à mettre en débat la question de la performance,
il impose une réflexion sur l’organisation du travail, il oblige le responsable à
écouter son collaborateur et à objectiver ses critiques, il tend à responsabiliser les
deux parties, il conduit enfin certains responsables à s’interroger sur leur propre
style de leadership.
Une fois l’entretien réalisé et le formulaire complété et signé, il est envoyé au département
RH. La question se pose alors des conséquences pour l’employé selon que
l’évaluation est favorable ou défavorable.
Dans certaines organisations, le système semble tourner à vide : les évaluations ne
donnent lieu à aucune réaction de la hiérarchie et l’exercice tourne peu à peu au
rituel et se vide de toute signification. Pour qu’un système d’évaluation puisse
véritablement fonctionner, encore faut-il que la performance devienne un enjeu. La
performance individuelle doit s’inscrire dans la performance collective. Il faut alors
que l’évaluation porte conséquence pour l’employé. Quelques exemples de
conséquences :
103
- Les décisions de promotion doivent tenir compte des évaluations. Le lien est
encore moins mécanique pour les promotions que pour les augmentations. Ce n’est pas
parce qu’une personne est méritante qu’elle possède les compétences nécessaires
pour accéder à un poste de niveau supérieur !
- Des évaluations négatives répétées, sans le signe d’une réelle amélioration doivent
déboucher sur des sanctions. Comme tel, l’évaluation ne s’inscrit surtout pas dans une
procédure disciplinaire, mais il serait désastreux que des évaluations négatives restent
sans suite, cela reviendrait à adresser au personnel un message d’impunité … Donc,
l’évaluation n’est pas une procèdure disciplinaire, mais elle peut contribuer à la
déclencher
- L’évaluation peut conduire à des décisions de mobilité et/ou de formation. Dans
certaines entreprises, l’entretien d’évaluation peut être complétée par un entretien
d’orientation, qui permet à la personne de s’exprimer librement sur ses attentes
professionnelles, ses désires de mobilité et de développement, les problèmes qu’elle
rencontre, …
Les systèmes d’évaluation sont loin d’apporter tous les effets positifs que l’on
voulait obtenir grâce à celles-ci. Les dysfonctionnements, les résistances, les obstacles
rencontrés sont nombreux. Quelques principaux :
L’incohérence
Le système d’évaluation doit venir s’articuler sur le système des fonctions et sur les bilans
de compétences, il doit aussi être suffisamment standardisé pour assurer une
comparaison des résultats et suffisamment flexible pour épouser la diversité des fonctions
et des situations de travail, les critères doivent être suffisamment précis, les objectifs
assignés aux employés doivent s’inscrire harmonieusement, de façon clair et précis, …
Des conditions qui sont loin d’être toujours remplies en pratique.
Les objectifs sont tantôt trop vagues, tantôt remis en cause en cours de période, … Il faut
donc essayer de rester cohérent.
L’incompréhension
Repérer la performance, non la personne elle-même qui est évaluée, c’est difficile. La
confusion entre ces deux éléments s’opère spontanément. De même que des étudiants
prennent pour un échec personnel, voire pour une dévalorisation, les résultats médiocres
qu’ils obtiennent aux examens.
Pour l’évaluateur, il en résulte que cet exercice n’est pas sans risque sur la qualité de ses
relations avec ses collaborateurs. Il doit bien sûr se justifier, et en revenir aux faits, en
proscrivant les impressions et les sentiments. Il doit les convaincre que les critiques qu’il
est amené à leur adresser lors de l’entretien d’évaluation n’entament en rien l’estime et le
respect qu’il leur porte.
104
Le sentiment d’injustice
Les responsables ne jouant pas le jeu de la même façon, interprétant les critères et les
échelles à leur manière, se montrant tantôt laxistes, tantôt sévères, il en résulte un
sentiment général d’incohérence, donc d’injustice. D’un service à l’autre, d’un responsable
à l’autre, les règles semblent changer. Le sentiment se développe alors d’un arbitraire
caché sous l’apparence de l’équité.
Il est donc vital, mais très difficile, de veiller à l’uniformité des pratiques d’évaluation. Cela
suppose de commencer par réunir les évaluateurs pour dégager des consensus sur
l’interprétation des critères. Et ensuite d’intervenir chaque fois qu’un responsable s’écarte
des nombres prédéfinies. Peu de départements RH ont le pouvoir et la volonté de jouer ce
pile de gendarme.
La dérive mathématique
La lourdeur
On voit des entreprises et administrations publiques multiplier les procédures, les étapes,
les recours, … sous prétexte de clarifier les responsabilités et les prérogatives, de
préserver les droits des employés et d’éviter toute dérive. Au fil des négociations
syndicales, on voit aussi la logique de la règle formelle enserrer progressivement
l’évaluation pour finir par l’engloutir tout entier. Ce qui était initialement un outil de gestion
fondé sur l’instauration d’un dialogue entre le chef et son employé devient une litanie de
procédures et de règles à respecter, et la moindre évaluation négative se traduit par une
intervention syndicale, l’introduction d’un recours, …
Le manque d’implication concrète du département RH participe grandement à cette dérive,
sa tendance à se cantonner dans une fonction administrative d’envoi, de réception et de
classement des formulaires.
Cette inflation des notes est très fréquente. (ex : professeur et étudiant page 231 sylla)
Une tendance à surévaluer les collaborateurs apparait fortement. Les responsables
redoutent de susciter des ressentiments et des conflits, ils ne sont pas prêts à sacrifier leur
confort relationnel au nom de la performance. Ils sont victimes ‘un effet de cliquet : la
croyance, inhérente à la logique du statut, qu’il en va des évaluations comme des
augmentations de salaire ou des promotions : une fois qu’on a obtenu une certaine note,
on ne peut que progresser, mais non jamais régresser. Ainsi, on glisse progressivement
vers une inflation des notes et des jugements, jusqu’à priver le système d’évaluation de
toute valeur informationnelle, donc de toute utilité.
Pour contenir cette tendance de l’inflation, de nombreuses entreprises pratiquent une
distribution forcée ou un système de quotas (détails page 232)
Mais ces distributions forcées n’ont de sens que pour les grandes entités, cela signifie que
l’application de la distribution forcée comprenne nécessairement plusieurs services et
plusieurs évaluateurs.
106
Le soupçon peut parfois éclore d’une politique de réduction des effectifs dissimulée sous
l’évaluation des performances. De l’évaluation du mérite, on passe alors à l’exercice d’une
domination qui se cache sous l’apparence de la GRH, et qui consiste en fait à manipuler
l’évaluation afin de se débarrasser de certaines personnes.
Il existe fondamentalement trois motifs de rupture d’un contrat de travail : pour motif
économique, pour faute, pour inaptitude. Il est pervers et contre-productif de mélanger et
de confondre ces motifs. (quelques exemples page 234)
Conclusion
Les résultats tangibles de l’évaluation des performances ont de quoi laisser perplexe. La
plupart des systèmes sont très loin de livrer les résultats attendus et de nombreuses
difficultés sont à pointer. Et c’est un peu utopique de penser que ces problèmes ne
peuvent être réglés que par la seule formation à l’évaluation. Beaucoup de conditions
sont requises pour assurer la reconnaissance du mérite. N’est-il pas mieux alors de
s’abstenir de toute évaluation ?
Le problème, dans ce cas, c’est que cela équivaut à abandonner la valeur du mérite
comme forme de régulation cocuage : ceci est un message très lourd qu’une direction
qui se respecte ne saurait adresser à son personnel ! Qu’en est-il de la fixation des
objectifs collectifs et individuelles ? Comment distribuer alors les primes et les
augmentations ? , …
107
Le métier de chasseur de tête c’est quoi ? Tout d’abord, la différence entre le métier de
chasseur de tête et le recrutement s.l. (société de recrutement), c’est que le chasseur de
tête se focalise sur les hautes fonctions (les directeurs généraux (directeurs financiers,
directeurs des ressources humaines), sur le haut de la pyramide (le premium, ce qui est
rare). Exemple : le patron de Belgacom qui fait partie d’une des fonctions sur lesquelles le
chasseur de tête va travailler.
On fait appel au chasseur de tête car très souvent l’organisation a déjà essayé de faire
tout son possible pour résoudre ce manque de « capitaine de navire » et donc, elle
demande à un chasseur
de tête de lui trouver ce capitaine car c’est urgent et important.
Il y a souvent un aspect confidentiel dans le métier de chasseur de tête. La majorité des
missions sur lesquelles le chasseur de tête travaille n’est pas communiqué à l’extérieur. La
confidentialité peut aussi jouer en en interne (au sein de l’organisation cliente) car la
personne qui se fait remplacer ne le sait pas encore pour un tas de diverses raisons qui
ont leur importance. Le fait de ne pas communiquer cela, peut donc par exemple, ressortir
du fait que l’entreprise considère qu’elle n’a pas les ressources adéquates pour répondre
à ce manque et ne souhaite donc pas déstabiliser ses collaborateurs et les démotiver.
On fait appel aux chasseurs de têtes pour leurs réseaux, leurs bases de données. En
effet, ils apprennent à connaître les profils au fil des années : ce sont des personnes avec
lesquels ils échangent continuellement et qui sont enregistrés dans une base de données.
Ils apprennent qui ils sont, quelles sont leurs compétences, quelles sont leurs aspirations,
leurs mobilités etc.
Aujourd’hui, chasseur de tête ce n’est plus un métier local. Il est possible que le dirigeant
de l’organisation cliente, vienne d’Asie par exemple.
C’est au travers de toutes ces relations que les chasseurs de têtes ont tissés depuis
plusieurs années, qu’ils peuvent savoir quelle personne est adéquate pour tel type
d’organisation. Ce n’est pas un métier où l’on « reçoit un cv », c’est plutôt un métier où «
on va chercher » quelqu’un qui peut se trouver n’importe où dans le monde, selon les
besoins de l’organisation.
Les chasseurs de tête sont organisés par domaine d’expertise (que ce soit sectorielle ou
fonctionnelle ou les deux). Exemple : Si Coca Cola vient vers eux parce qu’ils ont besoin
d’un responsable chez Benelux, ils iront chercher dans un secteur qui est proche de leur
client.
Mais en fonction des cas, l’aspect fonctionnel peut très bien être favorisé.
Dans les services qu’ils proposent, les chasseurs de tête commencent par designer les
organisations, par développer la stratégie de l’organisation à Ils travaillent avec leurs
clients. Ensuite, toujours avec l’organisation, ils tentent d’éventuellement identifier les
talents en interne (à travers des coachings, des formations) et finalement, ils attirent, vont
108
chercher à l’extérieur le talent qu’ils n’ont pas pu trouver en interne. Donc, ils n’ont plus eu
le choix.
Les chasseurs de tête sont organisés par secteur, en terme d’expertise (consumer,
financial, industrial, life sciences, technology). En effet, le fait de connaître la fonction «
finance » est très différente de celle de connaître la fonction « ressources humaines ». On
parle alors de spécialisation. Il y a donc une approche matricielle à Il faut vraiment
connaître l’individu et c’est ça qui fait la force d’un chasseur de tête, d’un cabinet de
chasseur de tête.
Ce qui fait la particularité du chasseur de tête par rapport au directeur RH, c’est que le
directeur RH, à force de voir au quotidien les mêmes personnes d’une même organisation,
de travailler dans la même organisation depuis X temps, fait qu’il n’a pas ce recul
nécessaire pour dénicher « le talent ». Tandis que le chasseur de tête, lui, de par ses
réseaux, ses connaissances, sa mobilité, a la chance de voir comment fonctionnent
différentes entreprises et bénéficie donc d’une certaine perspective et d’une certaine
vision. Ce qui n’est pas le cas de la personne qui est dans la même organisation depuis
dix, quinze ans.
Le chasseur de tête peut aussi faire un top 10 par exemple, pour savoir quelle personne a
les compétences requises pour reprendre le service. Il a en outre, des outils objectifs (pas
que subjectifs) et grâce à cela, il peut savoir quelles sont les compétences clés pour tel
poste.
Il y a aussi le fait d’apporter des personnes extérieures à l’organisation pour prendre une
décision en interne, offre, donne une certaine légitimité à la décision. En effet,
l’organisation peut avoir besoin d’une certaine légitimité supplémentaire venant d’une
personne externe qui a vu les besoins qu’il y a dans les autres organisations, en externe. Il
y a aussi des éléments de politiques en interne notamment le cas où une personne espère
avoir le rôle mais qui pour diverses raisons ne l’a pas et donc, le fait de faire venir
quelqu’un d’externe, ça permet de rendre l’attribution du rôle moins discutable et par
conséquent, plus légitime.
Il y a en outre, des aspects éthiques chez les chasseurs de tête : le fait de savoir des
choses tellement importantes (vie privé notamment) rend le coté confidentiel de leur job
très important. Quand ils travaillent avec un client, il est évident qu’ils s’engagent à ne pas
aller chercher, débaucher des individus au sein de cette même organisation cliente. En
effet, c’est un métier de confiance (si on va débaucher quelqu’un dans l’organisation
cliente, le risque qu’elle ne vienne plus chez nous est de quasi 100%) Mais, ils passent
des accords c’est à dire que si pendant 15 ans ils ne viennent plus demander leur service,
alors, les chasseurs de tête pourront à nouveau chasser au sein de leur organisation à
pour avoir, préserver un certain terrain de chasse.
Niveau timing pour dénicher le bon candidat : Il faut compter 16 semaines, soit à peu près
4 mois, à partir du tout premier contact avec l’entreprise cliente (qui est dans le besoin)
jusqu’à la signature d’un candidat avec la société cliente en question. Mais, il peut arriver
que cela prenne plus d’un an et cela dépendra du type de fonction sur lesquelles ils
(chasseurs de tête et organisation cliente) travaillent.
commun accord). On va donc, définir de quel secteur d’activité devra venir l’individu.
Exemple : si la société, c’est airbus, ça peut être quelqu’un qui vient du secteur
automobile. On regarde aussi, dans quelles sociétés on peut chasser ou pas, parce que le
client peut avoir des relations personnelles, commerciales avec une société avec laquelle
il ne veut pas s’embrouiller, endommager leur relation.
Un client peut aussi avoir envie par exemple, de se développer en Asie, et alors on
pourrait commencer par chercher quelqu’un qui à travailler là- bas et qui pourra nous
guider car on ne connaît pas du tout le marché tel qu’il se trouve là- bas.
Ainsi, sur base de tout cela, on va regarder ce qu’on a dans notre base de donnée. On va
identifier les personnes qui répondent à nos besoins. On peut aussi faire appel à notre
réseau qui pourraient avoir une ou deux personnes qui correspondent à notre profil
recherché. C’est une façon efficace de faire notre job, nous orienter, nous indiquer des
candidats potentiels. Notre réseau c’est bien, mais notre réseau qu’on peut démultiplier,
c’est encore plus efficace.
Ensuite, on va approcher ces personnes, essayer d’entrer en contact avec elles via
différents canaux. Une fois que cette connexion est faite, on va faire un peu le point
(qu’est ce qui ne va pas, qu’est- ce qui va bien etc). Une fois, qu’on a à peu près ce qu’on
cherche, on va présenter le projet à la personne et rencontrer ensuite, ces personnes à
nouveaux pour avoir plus de détails, et leur donner un ensemble d’information qui pourrait
leur permettre de confirmer que c’est quelque chose qui pourrait les intéresser et faire
quitter l’entreprise pour laquelle ils travaillent.
!! On ne suit pas les individus à leur insu mais on va sur google, linkedin, facebook car
c’est public. Mais on s’assure que la personne avec laquelle on échange ne se trouve pas
en plein
procès à qu’il n’y a pas de procès en cours. Ce sont aujourd’hui, des choses que l’on peut
savoir uniquement en surfant sur internet.
On va aussi voir s’il n’y a pas des recommandations. Et on va aussi prendre des
références sur les individus pour voir ce qu’on pense de l’individu en question.
Ce qui est important dans ce métier, c’est de bien échanger avec le client, de bien établir
les critères. On échange de façon permanente. Et on fait des retours avec le client et ce,
jusqu’au moment, où le candidat sera sélectionné.
Comment les chasseurs de tête créent leur réseau ? Chacun des consultants a une vie
précédente, vient d’un secteur et donc, a des contacts, des relations avec des individus.
Ensuite, ils ont un panel d’individus avec qui il sont encore en contact et qu’ils
entretiennent au quotidien.
Tous les jours, ils reçoivent un nombre important de cv de personnes qui n’ont pas de job,
qui ont un job mais qui veulent autre chose ou pour des raisons personnelles… et tout
cela s’ajoute à leur réseau.
Ils travaillent à la fois sur du privé et du public et même, des sociétés qui sont à cheval sur
les deux. Ils travaillent aussi sur des fonctions d’administrateurs (qui font partie des
conseils d’administration).
L’interaction avec les entreprises peut avoir lieur soit, avec les ressources humaines (pour
tout ce qui sera dynamique, culture d’entreprise pour s’assurer que la personne s’intègre
bien) soit, avec le business c’est à dire, un patron de société.
110