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HC1376

•P37

REVOLUTION P
DEMOCRATIQUE D
AFRICAINE G

ECOLE DES CADRES DU P.D.G.

COURS SUR
LA POLITIQUE
FINANCIÈRE

N ° 31
Gift TEN
1
1

1
TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE

INTRODUCTION : La Réforme Financière en Répu


blique de Guinée par le Président Ahmed
Sékou Touré . 3

DEUXIEME PARTIE

COURS DE POLITIQUE FINANCIERE par El Hadj


Saïfoulaye Diallo , Membre du B. P. N. ... 27

La Réorganisation financière de l'Etat guinéen . 30


- Préparation , Vote, Exécution et Contrôle du Budget 33
La Planification en Guinée et les leçons à tirer de
notre expérience 48
Le Plan Triennal 51
- Le Plan Septennal 53
La Monnaie guinéenne 66

Structure et opérations bancaires 72

La Banque Centrale de la République de Guinée


(B. C. R. G. ) .. 73
Le Crédit National pour le Commerce, l'Industrie
et l'Habitat 76

La Banque Guinéenne du Commerce Extérieur 78


La Banque Nationale de Développement Agricole
(B. N. D. A. ) 79
La Bourse du Diamant 80
La Coopération Monétaire Internationale 82

La Banque Africaine de Développement 84


Organisation du contrôle 96
1
ECOLE DES CADRES DU P.D.G

Cours sur la Politique


Financière
NTHA
TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE

INTRODUCTION : La Réforme Financière en Répu


blique de Guinée par le Président Ahmed
Sékou Touré 3

DEUXIEME PARTIE

COURS DE POLITIQUE FINANCIERE par El Hadj


Saïfoulaye Diallo, Membre du B. P. N. 27
La Réorganisation financière de l'Etat guinéen 30
- Préparation , Vote, Exécution et Contrôle du Budget 33
– La Planification en Guinée et les leçons à tirer de
notre expérience 48
Le Plan Triennal 51
Le Plan Septennal 53
La Monnaie guinéenne 66
-

Structure et opérations bancaires 72

La Banque Centrale de la République de Guinée


(B. C. R. G. ) . 73
Le Crédit National pour le Commerce, l'Industrie
et l'Habitat 76
La Banque Guinéenne du Commerce Extérieur 78
La Banque Nationale de Développement Agricole
(B. N. D. A.) 79
La Bourse du Diamant 80
La Coopération Monétaire Internationale 82

La Banque Africaine de Développement 84

- Organisation du Contrôle 96
ECOLE DES CADRES DU P.D.G

Cours sur la Politique


Financière
INTRODUCTION

LA REFORME FINANCIERE

La Révolution est exigence de progrès et le progrès


est fondé sur la transformation quantitative et qualitative
de tout ce qui a trait à la satisfaction des divers besoins
de la société.
La prise de conscience du Peuple de Guinée s'est
concrètement manifestée dans sa vigoureuse campagne
d'organisation pour assurer le développement de l'écono
mie nationale par l'invitation faite à tous les éléments
valides du pays à contribuer activement au succès rapide
et complet de l'action de production .
Four que la production augmente en quantité, bien que
la qualité des instruments joue dans ce domaine une in
fluence décisive, il faut que le volume de la consommation
n'excède pas celui de la production, autrement dit le
coefficient de l'accroissement de la production doit être
supérieur à celui de la consommation des populations.
L'on aborde ici le rôle régulateur que joue la
bonne gestion du patrimoine national .
Les responsables de cette gestion assument donc un
rôle important, délicat et complexe, car leur gestion af
fecte de par sa nature, la situation politique, économique ,
sociale et culturelle du pays.
Les Gouverneurs des régions doivent devenir des ies
ponsables politiques confirmés, profondément pénétrés de
toutes les nécessités auxquelles doivent faire face la
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Nation ; et pour qu'ils soient vraiment des cadres valables
dans la pleine acception du mot, ils doivent constamment
payer d'exemple, exercer avec une scrupuleuse honnêteté,
un dévouement sans limite et une prévoyance et une vigi
lance toujours en éveil, leur mission dans le souci exclusif
d'engager chaque jour davantage les Régions et la Nation
dans la voie de la rénovation et de l'équilibre.
Après avoir procédé à une large critique des compor
tements de certains de nos cadres Gouverneurs, critique
sur laquelle nous ne reviendrons pas, nous devons les
inviter à parfaire leurs comportements en mettant fin à la
gabegie qui a été mainies fois dénoncée dans la gestion
défectueuse de certaines de nos Régions. Administrer une
région s'est accepter d'assumer dans la foi, l'abnégation et
le désintéressement le plus total le développement écono
mique, social et culturel de la parcelle du territoire natio .
nal que le peuple, le Parti et le Gouvernement vous ont
confiée..
Sur le plan politique et moral, les Gouverneurs
doivent entretenir désormais et sans démagogie les meil
leurs rapports quotidiens avec les populations. Ils doivent
en cas de mutation , passer le service avec le maximum de
célérité et de clarté à leurs collègues prenant la charge de
l'administration régionale, et ceux -ci, à leur tour, ne
doivent pas oublier que l'administration est Une, c'est -à
dire qu'une neuste commencée doit être poursuivie ; ils
doivent parfaire ou par achever toutes les réalisations
commencées par les Gouverneurs sortants, car toute modi
fication de programme est une rupture dans la continuité
des efforts, et il en résulte de graves conséquences Anan
cières dont la portée nolitique et morale disqualifie
l'administration en général .
S'agissant de ce programme de développement, les
membres de l'Assemblée Régionale et du Bureau Fédéral
doivent désormais se considérer comme collectivement res

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ponsables de son élaboration ; ils ne doivent plus laisser peser
sur les seules épaules du Gouverneur, cette tâche don't
l'importarice ne doit échapper à personne ; les réalisations
spectaculaires de portée limitée dans le temps ne doivent
plus avoir la préférence dars l'établissement du pro
gramme de développement régional.
De même l'aliénation des biens publics ne doit plus
s'effectuer en dehors des conditions définies par la régle
mentation en vigueur, et les Gouverneurs ne doivent plue
disposer des biens meubles, immeubles, véhicules etc...
appartenant à la Région comme s'il s'agissait de propriétés
personnelles.
Dans le mên e esprit de probité exigé dans la gestion
du patrimoine régional, les Gouverneurs, les Directeurs
des entreprises et sociétés d'Etat doivent cesser de destiner
à des fins irrégulières la production desdites sociétés et
entreprises.
Au niveau de certaines régions, il a été constaté l'ab
sense de toute politique de construction. Lorsqu'il existe
un plan d'urbanisme, celui-ci n'est jamais respecté dans
son exécution . Hormis la résidence qui bénéficie d'un
effort d'entretien, les dispensaires, les écoles et les autres
bâtiments publics sont dans un état d'abandon total. Dans
d'autres Régions, tout simplement, l'on a interdit aux
populations de saisir par lettre ou par audience les res
ponsables natioraux de passage ; et cela dans le but de
camoufler la réalité politique, économique et sociale locale
aux responsables nationaux du Parti et de l'Etat. Enfin ,
à l'occasion de certaines mutations, des Gouverneurs se
sont permis de faire transporter leurs bagages par deur
ou trois camions de la Région, camions qui sont parfois
dirigés directement sur leur ville ou village natal .
Dans le doniaine des mau festations populaires, des
dépenses fantaisistes sont effectuées sous le couvert des
frais de réception

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boes tournées d'inspection effectuées récemment ont
montré que dans beaucoup de Régions, les Budgets d'a :
rondissement ont été vidés de leur sens progressiste et
populaire, pour devenir de simples appendices du Budget
Local, les autorités des arrondissements (Comités Direc
teurs et Commandants) étant tenues à l'écart dans l'exé
cution des dépenses. Ainsi, les bons de commande et les
factures établies pour le compte des arrondissements sont
signes seulement par le Chef du Service Financier et par
le Gouverneur. Par cette procédure, on est arrivé à faire
supporter par des Budgets d'arrondissement de nom
breuses dépenses relevant ordinairement du Budget local,
telles que : la contribution à la caisse de retraite des
artistes, l'achat de carburant et de lubrifiant pour les
véhicules de la Région, ou mêne des frais de réception.
Enfin l'inspection a fait apparaître, dans certains cas,
que les dépenses engagées étaient hors de proportion avec
les réalisations concrètes et que par ailleurs, certains
budgets d'arrondissement supportent des dépenses de
personnel, appartenant à des cadres réguliers de la Fon .
tion Publique, contrairement aux instructions formelles qui
ont été données à ce sujet.
Si le rôle du Gouverneur à nos yeux est extrêmement
important, c'est parce qu'un Gouverneur agit directement
sur le rythme du développement de sa Région, sur la men
talité des populations et peut, par sa bonne gestion et par
ses qualités créatrices, contribuer de façon dynamique à
l'accélération de l'évolution dans la zone de son ressort.
Après avoir rendu un hommage mérité à ceux de nos
camarades Gouverneurs dont le comportement habituel
dans les domaines politique, social et technique a été trouvé
satisfaisant, c'est - à -dire confornie à la morale révolution
naire , nous nous faisons le devoir d'inviter tous les col
lègues à suivre leur exemple afin que la Révolution cesse
de souffrir des actes répréhensibles que nous avons dénon
cés chez certains de ces responsables.
8
Le problème que nous allons traiter maintenant n'est
pas nouveau. Déjà, à notre Conférence de Juillet 1960, à
Conakry, réunissant l'ensemble de ceux qui étaient encore
des Commandants de Région, nous disions qu'il était « plus
que temps de comprendre la nécessité d'une organisation
pariaite de l'Administration du pays et d'apporter à cette
organisation adninistrative toute notre sollicitude, tous
nos efforts, sinon dans le domaine important qu'est celui
de l'Etat, nous risquerions de voir compromettre de plus
en plus la ligne politique définie par le Parti ».
Or, le premier souci d'une parfaite administration
régionale est bier, l'établissement du Budget.
Il est certain qu'un budget mal confectionné ne peut
qu'entraîner la faillite de l'administration régionale.
Nous avons répété, maintes et maintes fois, que l'éta
blissement d'un budget repose sur deux lois impératives :
Première loi : la sous -estimation fiscale ;
Deuxième loi : la sur-estimation des dépenses.
dinsi, si l'on vous dit que vous pouvez compter sur
40.000 contribuables au mininium fiscal, n'établissez vos
recettes que sur 30.000.
Si vos Services Techniques ont évalué à 4 millions le
coût d'un immeuble à construire, estimez - le à 6 millions
et vous serez en fait souvent plus près de la réalité.
Que se passe -t- il exactement, s'agissant de l'exécution
des recettes ?
A 3 mois de la clôture de l'exercice budgétaire, l'on
ne recueille que 50 % pour certaines régions, 85 % pour
les plus favorisées. N'en incriminez pas la masse des con
tribuables. La preuve est faite que depuis l'indépendance
nationale, le civisme de nos citoyens se traduit dans les
régions par le recouvrement quasi-total des impôts à leur
charge, dès le 191 jour d'émission.
Ce qui est faux dans l'établissement des postes de
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recettes, c'est bien leur estimation et notamment l'ensem .
ble des postes de recettes accidentelles : de patentes,
licences, etc... où volontairement on laisse inscrire des
montants que l'on sait parfaitement ne pas être recou
vrables.

Quant aux dépenses, le problème n'est pas nouveau


non plus. Déjà à la conférence de Mamou , le Ministre
d'Etat avait affirmé :

* Les achats se font d'une façon désordonnée ; chacıın


achète ce qu'il veut sans dresser un proces verbal de récep
tion , ni établir un certificat de prise en charge, si bien qu'à
l'heure actuelle, il est impossible de faire un inventaire
correct du matériel administratif. Dans la plupart des cas
les commandes sont faites sans que l'on ait au prealable
engagé la dépense correspondante, si bien qu'il existe
actuellement, dans bon nombre de régions, une masse
importante de factures que les organismes publics ne
peuvent régler faute de crédits Il est à noter également
que des commerçants refusent un peu partout d'honorer
ces bons, et lorsqu'ils les honorent, c'est par peur d'être
sanctionnés par les autorités régionales ».
En fait, il semble qu'il règne dans tous les services
et à tous les échelons de ces Régions une confusion extrê.
mement regrettable :
10 dans les termes financiers employés ;
20 dans l'ordre de déroulement et les conditions
de régularité des opérations financières.
La confusion de termes existe entre ce qu'il est
convenu d'appeler les ùisponibilités et ce qu'on entend
généralement par liquidités.
DISPONIBILITES :

11 doit être entendu une fois pour toutes que l'on

10
nomme disponibilité la différence entre les crédits
approuvés et les dépenses engagées.

LIQUIDITES :
Il s'agit là, de différence entre les recettes effectuées
et l'es paiements réellernent effectués. C'est donc ce qui
est en caisse ; mais une deuxième notion doit s'imposer
impérativement au Gouverneur, c'est celle de liquidités
exigibles. Il s'agit cette fois de différence entre les recettes
effectuées et les paiements engagés, de manière qu'un
mandat visé p !visse toujours être honoré en paiement.
Le payeur d'une région peut donc exprimer sa
situation d'encaisse en liquidités simples – (recettes moins
paiements), mais l'ordonnateur des dépenses, lui, doit
l'exprimer en fonction de deux élérnents :
Disponibilités : (crédits autorisés moirs dépenses
engagées)
ct liquidités ecigihles : (recettes effectuées moins
dépenses engagées), sinon il émet des mandats qui ne sont
>

en réalité que des chèques sans provision.


Chaque région devra donc présenter, à tout moment,
une situation de ses liquidités réelles correspondant d'une
part à ce qu'elle a comme encaisse au titre du budget local ,
d'autre part à ce qu'elle détiert pour le compte du budget
général, du budget du plan, des pensions etc...
Le principe de l'unité de caisse veut que cette encaisse
soit une, mais la spécificité des fonds laisse toute sa valeur
à l'exisrence en caisse des liquidités exigibles au titre du
budget local, du budget général, du plan et des persions.
A l'avenir done, le Chef de Service Financier de
région, d'une part, le Payeur Régional, d'autre part,
devront établir et présenter, chacun en ce qui le concerne,
par quinzaine, leur situation d'engagements et de liqui
dités. L'encaisse de la pagerie devra notamment faire
11
ressortir clairemont la décomposition matérielle des fonds
et leur origine comme nous venons de l'indiquer.
Pour remédier à la mauvaise habitude qu'ont la
plupart des Gouverneurs de ne pas tenir compte des textes
financiers promilgués, tout engagement de dépense ne
sera relable désormais qu'à la condition que la signature
du Payeur Régional constatant la présence des liquidités
exigibles soit aprosée sur la fiche d'engagement. Nous
avions également pensé à faire relever hiérarchiquement
les Chefs de Services Financiers directement du Com
missariat Général aux Comptes, mais ce serait là un
bouleversement trop profond pour être réellement efficace.
Aussi, dans un premier stade, ce sont les contrôleurs
financiers placés auprès des Ministres Délégiés qui vont
désormais ;
10 - Relever directement du Commissariat Général
aux Comptes ;
20 - Exercer vis- à - vis des budgets des Régions où ils
résident le rôle joué à Conakry pour le budget général, le
budget du plan et le budget local par le Commissariat
Général aux Comptes. Désormais donc les budgets de :
- N'Zérékoré
Kankar.
- Labé et
Kindia sont soumis à la formalité du visa préalable
du Contrôle Financier.
Si cette mesure s'avère efficace quel que soit le coût
du fonctionnement en hommes et matériel que cela
représentera, l'institution du contrôle Financier sera
quee CES
étendue à toutes les régions ; étant entendu qu
Contrôleurs financiers représenteront le Commissariat
Général aux Comptes dont ils relèveront, et qu'ils
représenteront le Secrétariat d'Etat au Contrôle Financier

12
en ce qui concerne la gestion des entreprises nationales et
régionales ; ils recevront, dans ce cas, tous les pouvoirs et
délégations nécessaires.
Malheureusenient, ce n'est pas seulement à cette
confusion de termes et de mécanisme d'engagement des
dépenses, ni même à cette volonté de sur - estimation des
recettes que se borne la mauvaise gestion régionale. Nous
connaissons des dizaines d'autres exemples.
10 – toute source possible de recettes devra être
surveillée étroitement par le Gouverneur. Nous pensons
d'abord aux timbres fiscaux, aux tickets d'impôts et de
marché. Considérons -les comme des billets de banque non
émis qui restent soigneusement à l'abri des convoitises
mais qui engagent les finances publiques dès qu'ils sont
livrés au public
Peut-on me citer une région administrative qui ait
tenu une comptabilité matière rigoureuse de cette catégorie
de valeur ?

Que penseriez -vous du Gouverneur de la Banque


Centrale qui laisserait, par mauvais contrôle, circuler dans
le public des billets de Banque imprimés par ses soins,
mais non couverts par l'émission ? Dès cet instant il est
clair que ces billets de banque ont pouvoir libératoire et
mettent en danger notre économie monétaire.
C'est exactement le même principe pour les tickets
d'impôts et de droits de marché dont l'on doit désorn.ais
tenir une comptabilité matière rigoureuse qui sera contrôlée
par une comptabilité budgétaire classique, et qui devra
dériver purement et simplement d'elle.
20 La comptabilité matière ne se bornera pas Aà
ce secteur. Les principes de la comptabilité administative
veulent, malheureusement, que ce soit une comptabilité de
recettes et de dépenses : c'est - à -dire que tout objet, meuble
ou immeuble, acquis grâce aux deniers de l'Etat ou de ses

13
collectivités secondaires ne ressorte en comptabilité
administrative que sur une ligne de dépense absorbée par
le budget de l'année.
C'est pour pallier cet énorme inconvénient que des
principes rigoureux avaient été édictés depuis plusieurs
années et rappelés notainment à Mamou pour la tenue
obligatoire d'une comptabilité matière. Tout objet dont la
valeur dépasse 10.000 francs et dont la durée d'utilisation
doit excéder un an doit !igurer désormais obligatoirement
à cette comptabilité des ingrédients, carburants, lubrifiants,
combustibles etc..
Le recensement des biens actuels des régions ayant
obéi à ces prescriptions serait, nous en sommes sûrs, vite
fait. En dehors de ces conditions, qui ou qu'est -ce qui
empêcherait un Gouverneur, un Commandant d'Arrondis
sement , un Chef de Service Régional muté, de s'en aller
avec telle ou telle pièce de mobilier qui l'intéresse ?
Il doit donc être mis fin définitivement à de telles
pratiques, voire même à de te!es éventualités.
Désormais donc, ne pourra être considéré comme bon
administrateur que le Gouverneur qui obéira aux
prescriptions suivantes :
19 Etablissement du projet de budget :
Ce projet devra obéir aux deux prescriptions
impératives suivantes :
A) Etre mis sur pied à temps pour que l'Assemblée
régionale en délibère dans les délais légaux et que l'appro
bation des divers organismes de contrôle et de tutelle qui
doivent en connaître intervienne largement avant le début
de l'exercice.
20 Recoutrement :
les recouvrements devraient être assurés d'une
manière prompte, et la règle de la justification des restes
14
à recouvrer devra être respectée. Tout Gouverneur qui
n'aura pas apporté la diligence nécessaire aux recouvre
ments des impôts nominatifs en sera rendu personnelle
ment responsable.
30 Arriérés :
L'opurement des arriérés devra être poursuivi sans
* camouflage » inuttle. Une liste complète doit régulière
ment être établie avec fixation d'un délai précis. Cette
liste sera émargée au fur et à mesure des paiements, et
servira ainsi de base aux diverses passations de ser
vice. Chaque gouverneur doit savoir que toute dette
qui ne figurera pas sur cette liste et qui serait réclamée
ultérieurement par un fournisseur quelconque sera mise
à sa charge, l'Etat n'en répondant plus.
40 Poursuites de certaines créances :
Nous voulons surtout insister sur le recouvrement des
créances de Guinexport sur ses acheteurs.
Un délai a été accordé et prorogé - Il ne sera pas
-

renouvelé. Toute créance non régularisée est à reconvertir


en dettes du budget régional vis- à -vis de Guinexport.
30 Comptabilité matière :
Le payeur régional de chaque Région est nommé
comptable matière de tous les biens rentrant dans cette
qualification et acquis grâce aux divers budgets qu'il est
appelé à gérer.
Une vérification approfondie des inventaires qui
servira de base à cette comptabilité matière devra être
terminée avant le 30 septembre 1968.
La responsabilité personnelle de chaque Gouverneur
est engagée sur cet inventaire
60 – Dépenses :
15
Les sanctions les plus sévères seront désormais prises
contre tout Gouverneur qui engagerait des dépenses en
dehors ou plus exactement, en violation de la nouvelle
règlementation que nous venons d'édicter.
Etant donné qu'il pourra y avoir dans les deux
premiers mois de chaque exercice des difficultés en
liquidités exigibles, les recouvrements n'étant pas encore
opérés pour le mois d'octobre et de novembre de chaque
année, chaque ordonnateur est autorisé à considérer que
le 12e de ces recettes peut servir de garantie des dépenses.
Mais, dès le mois de décembre, la régularisation de ce 1 /12e
provisoire doit intervenir sous la responsabilité conjointe
du Gouverneur et du payeur régional.
70 Situation Financière :
Les deux états dont nous venons de rappeler la
nécessité et qui doivent être établis, l'un par le Chef de
Service Financier et l'autre par le payeur régional, seront
sur la table de chaque Gouverneur deux fois par mois :
le 5 pour la période du 15 au 30 écoulé et le 20 pour
celle du 1er au 15
30 Gestion des valeurs :
Chaque Gouverneur est désormais entièrement
responsable de la garde et de la gestion de ce qu'on peut
considérer comme des valeurs de la Région : tickets
d'impôts et tickets de marché.
Il désignera un responsable gestionnaire des tickets
d'impôts. Quant aux tickets de marché, le payeur régional
en est gestionnaire de droit. mais devra désormais appli
quer avec la dernière rigueur toute la réglementation
afférente aux entrées et sorties de ces tickets, procès
verbal de recolement, notamment à l'inventaire de clôture
de l'exercice le 30 septembre de chaque année.
yo Encaisse matérielle :

16
Une fois par mois, chaque Gouverneur est tenu
d'assister en personne à la vérification matérielle de
l'encaisse du payeur régional et contre -signera la situation
d'encaisse claire et conforme aux explications que nous
venons de donner :
.

Cette encaisse devra être expurgée de tout élémer :t


fictif tel que déficits ou débits traînés d'exercice en exercice,
rejets non régularisés par négligence, bons volants
avances irrégulières etc...
C'est ainsi que nous ne voulons plus admettre le
système qui consiste à remettre des fonds à un porteur
quelconque pour aller procéder à des achats à Conakry
Est à proscrire également toute gestion de fonds
déposés auprès d'un responsable quel qu'il soit, pour pre
céder par exemple à des achats de matériaux de
construction .

L'encaisse d'une Région doit être réelle


109 Gestion des Entreprises Régionales.
Le Gouverneur contrôle la moralité et la régularité
des dépenses des entreprises régionales mais, en aucun
cas, il ne doit les utiliser pour compléter son budget.
Il doit être mis in , une fois pour toutes, à l'ouverture,
au nom du Gouverneur de nombreux comptes bancaires
où sont déposées les recettes provenant des entreprises
régionales, recettes qui sont dès lors à l'entière discrétion
de ce responsable.
Il doit être également mis fin à la création sporadique
et abusive d'entreprises régionales et à la désignation de
leur responsable par simple décision du Gouverneur.
Un statut des entreprises régionales industrielles ,
17
R. D. A. 31
commerciales et agricoles a été élaboré pour le 30 Sep
tembre 1968 par les soins du Ministre du Développement
Economique.
Les entreprises régionales existant à cette date seront
inventoriées par les Ministres Délégués. Leurs bilans au
30 Septembre 1968, après vérification et approbation par
le Secrétaire d'Etat au Contrôle Financier ,ont servi de
base de départ à leur comptabilité.
Le statut-type ainsi élaboré prévoit que dans cha
que entreprise régionale le Directeur et le Chef Compta
ble seront désignés sur proposition du Gouverneur, et par
Arrêté du Secrétaire d'Etat à l'Intérieur et à la Sécurité.
Nous espérons ainsi qu'on ne trouvera plus de Bri
queterie acquise sur des crédits délégués par le Ministre
du Plan pour la construction d'un immeuble prévu au Plan
Septennal.
11. – Caisse noire :
Toute somme acquise par des procédés illégaux qui
serait détenue par le Gouverneur soit directement soit par
personne interposée fût- elle le Payeur Régional fera l'ob
jet de confiscation.
En outre, l'opératicn illégale sera annulée et la pour .
suite de son montant sera engagée sur le traitement per
sonnel du Gouverr.eur sans préjudice des poursuites judi
ciaires auxquelles s'exposera celui-ci. Là encore nous es
pérons mettre fin à la pratique qui consiste à faire enga
ger des dépenses fictives appuyées de pièces justificatives
non moins fictives, ce qui est tout bonnement du faux et
usage de faux en écritures publiques.
Ces émissions de mandats fictifs aboutissent à ua

paiement dont le véritable bénéficiaire est le Gouverneur


qui se sert des fonds ainsi récupérés (et parfois même gé
rés avec inconscience par le Payeur régional) pour assurer
18
des dépenses non autorisées et en dehors des prévisions
budgétaires. Dans ce cas, il y a détournement de crédits
s'ajoutant au crime déjà commis, car il s'agit en matière
pénale, de délit qualifié de « crime» .
Décider ainsi de nouvelles mesures est bien . En sui
vre l'aoplication sera mieux. Quel contrôle aurons-nous
désormais de l'activité économique et financière de nos
régions ? Ce contrile proviendra de deux origines :
les inspections des Ministres Délégués devront se
faire plus nombreuses ; elles devront également porter da:
vantage sur l'aspect financier et économique des situations
que nous venons d'évoquer, voire de systématiser. Ceci
n'empêchera pas que ressorte l'aspect politique des ins
pections des Ministres Délégués, car nous l'avons dit de
puis plusieurs années et nous le répétons ici :
Le budget est un acte politique, il ne faut pas l'ou
blier. Quel que soit son caractère techrique, il est un acte
politique qui concrétise à la fois les objectifs politiques,
matériels que l'on veut atteindre au cours d'une période
donnée, et les principes et lois de développement que l'on
respecte et que l'on applique. Le budget donne, en tant
qu'acte politique, une valeur économique, une valeur so
ciale et une valeur pratique à la qualification du fonction
nement des services de la société pour laquelle il a été
élaboré ,
Le 2ème contrôle viendra de l'exécution désormais
correcte des tâches par les services financiers.
Le 25 Avril 1964, nous avions pourtant mis en garde
les cadres régionaux des services financiers en leur affir
mant qu'ils étaient le moteur de l'Etat guinéen .
Ils auraient dû retenir une des formules que nous
considérons comme la clé de la réussite en ce domaine :
Un comptable est un juge. Il est clair qu'à de très rares
19
exceptions près, ils ont failli à leur tâche de contrôle
moral.
Certes, nous ne pouvons pas leur jeter la pierre trop
vigoureusement, car nous connaissons les moyens de cor
ruption active et passive dont disposent des Gouverneurs
peu ecrupuleux, pour plier à leur volonté les récalcitrants :
de la simple menace aux mesures de rétorsion , de la sup
pression du logement à des difficultés de déplacement ou
difficultés d'obtention des produits, vivres et autres élé
ments nécessaires à l'ex'stence même. On monte progres
sivement, quand le caractère de l'interlocuteur s'assouplit
et devient plus conciliant, à l'octroi de matériel de luxe
tel que frigidaire, à des libéralités en bons d'essence, des
attributions spéciales, sur bon signé du Gouverneur, lors
de certains arrivages de marchandises au magasin général.
Nous avons même connu l'octroi d'indemnités par décision
alors qu'aucun gouverneur n'en a reçu le droit ; et nous
avons même vu des bons d'avance de caisse consentis à
certains dans le but conscient de les rendre dociles aux
volontés de leur Chef hiérarchique.
Nous espérons qu'en plaçant désormais les contrô
leurs financiers sous la responsabilité directe du Cornmis.
sariat Général aux Comptes et en leur assurant directo
ment la base matérielle de leur vie quitidienne, nous les
verrons se livrer entièrement à leur tâche sans plus de
crainte .

Il sera ainsi plus facile de vérifier désormais le fonc


tionnement des régions sur les plans financier et économi
que, par la mise sur pied de toutes ces mesures. Elles abou
tissent, entre autres avantages à la suppression lors des
mutations, de la rédaction des procès- verbaux de passation
de service absolument fictifs et dénués de tout intérêt,
voire même contradictoires à 15 jours d'intervalle comme
c'est souvent le cas du Gouverneur sortant au Secrétaire
Général et de ce dernier au noureau Gouverneur.
Désormais , toute passation de service de gouverneur
20
comportera obligatoirement les neuf rubriques suivantes :
Situation Financière :
a ) – encaisse
.

b) - émission et recouvrements
c) - dépenses : crédits et engagements
a ) - factures arriérées
e) situation des tickets de marché et des tickets
d'impôts.
2. Comptabilité Matières et inventaires physiques
3. Situation Financière des diverses entreprises
Régionales
4. Services Economiques notamment :
a ) – Magasin général
b ) - 0.C.A.
c) - Guinexport
5. Services Administratifs de la Région
6. Services Sociaux

7 : Situation de chaque Arrondissement


8. Recensement de la Région Administrative
9. Considerations politiques détaillées sur état d'esprit
de la population etc...
Voici les nouveaux cadres dans les limites desquels
doivent s'exercer les activités des Gouverneurs. Nous es
pérons qu'ils seront respectés.
Al n'y a pas longtemps, nous avons déclaré aux payeurs
qu'un budget ne peut être considéré par le peuple de Gui
née ni comme un ensemble de chiffres additionnés, ni comme
une somme d'obligations fiscales imposées aux populations
du pays .

21
« Un budget, c'est la traduction concrète d'une politique.
Le budget en cela reflète la nature du régime, les préoccupa
tions de ce régime et les lignes de développement qu'il a
choisies. C'est dire donc qu'un budget doit être conforme
aux options et aux décisions du peuple car s'il était en contra
diction avec cette option et ces décisions, il constituerait une
trahison à l'égard de la confiance placée en nous par les
populations et, il compromettrait ainsi dangereusement,
l'accomplissement des tâches dévolues ou Gouvernement
dans le cadre de la Révolution Guinéenne »,
Dans les instructions données pour la présentation des
divers budgets des collectivités, le Parti et le Gouvernement
tenant compte de cette définition se sont toujours efforcés de
faire en sorte que les objectifs, la préparation, le vote et l'exé
cution de ces budgets soient en tout moment et en tous points
conformes à l'intérêt général, car s'il en était autrement cela
constituerait une trahison à l'égard de la confiance placée
en nous par les populations.
On ne peut concevoir, en effet, une administration démo
cratique et révolutionnaire à la portée des administrés, et une
option pour un développement économique et social non ca
pitalistes avec l'existence d'une politique budgétaire impopu
laire, malsaine et déséquilibrée.
C'est dans cet esprit que le PDG et le gouvernement de
la République ont entrepris, dès le lendemain de l'Indépen
dance, de doter le pays de structures financières adéquates
répondant aux exigences de la pleine souveraineté et de la
révolution .

C'est ainsi que le parti a doté progressivement les collec


tivités locales de budgets autonomes auxquels toutes les
ressources perçues autrefois dans les régions au profit du
budget général ont été transférées pour couvrir une partie
de leurs charges, une grande partie de celles -ci restant
encore de nos jours à la charge du Budget Général.
22
En corrélation avec l'institution de ces budgets, l'admi
nistration financière a été réorganisée par une décentralisa
tion poussée et des textes législatifs et réglementaires
impeccables destinés à permettre une préparation démocra
tique des budgets et une saine gestion des finances locales,
ont été promulgués et commentés pour être à la portée de la
compréhension de tous les cadres des services financiers et
comptables de la République.
A l'heure actuelle, il est permis d'affirmer que notre pays
dispose d'une structure financière, solidement assise, aussi
bien sur le plan administratif que sur le plan législatif et que
cette structure reflète en tous points les options du parti et
la ligne du développement non capitaliste qu'il s'est choisie.
Cependant, malgré cette structure financière non appropriée,
la situation financière de la majorité des régions est
mauvaise pour ne pas dire catastrophique.
Il convient de souligner d'ailleurs que cette situation
n'est pas nouvelle, et qu'elle a été déjà exposée et dénoncée
lors de la Conférence des Gouverneurs de Régions tenue en
1963 à Mamou et également à l'occasion des sessions du
Conseil National de la Révolution de Juillet 1966 à N'Zéré
koré et de Janvier 1967 à Labé.
Il faut souligner également qu'à toutes ces occasions le
Gouvernement, tout en dénonçant et en flétrissant la mau
vaise gestion des budgets locaux, a toujours tenu compte de
la réalité, pour aider malgré tout au maximum les responsa
bles au niveau des Régions à sortir de l'impasse afin de
résorber les déficits, et régulariser les dépenses arriérées,
tout en assurant le fonctionnement normal des services pu
blics. A cet effet, le Gouvernement avait autorisé le Ministère
d'Etat et la Banque Centrale de la République de Guinée à
étudier et prendre toutes les mesures nécessaires pour le
redressement budgétaire et l'assainissement financier des
Régions afin de leur permettre de redémarrer sur les bases
nouvelles et saines. C'est en application de ces instructions

23
que le budget général eut à assurer le paiement pour plus
de 2 milliards de francs non seulement pour débarrasser les
Régions de toutes factures et dépenses arriérées, mais aussi
pour les aider dans leur fonctionnement normal.
Le Parti et le Gouvernement étaient donc légitimement
en droit de penser que les responsables des Régions appré
cieraient ces efforts à leur juste valeur et fourniraient, de leur
côté, le maximum d'efforts pour redresser rapidement et
assainir définitivement les finances régionales.
Nous devons avouer aujourd'hui que, malgré tous les efforts,
les résultats obtenus sont encore loin d'être satisfaisants, et
que la majorité des responsables chargés de la préparation
et de l'exécution des budgets locaux ne se sont pas souciés
de l'application correcte des décisions du Parti et du Gouver
nement en matière de gestion financière et de comptabilité.
Il faut répéter d'ailleurs que depuis 1963, cette conférence
est la 4e qui a inscrit à son ordre du jour le problème de la
situation financière des budgets locaux, sans compter les réu
nions techniques, organisées au niveau du Ministère d'Etat
et des Services Centraux du Département sur instructions du
Gouvernement. Et chaque fois les mêmes problèmes sont à
l'ordre du jour : mauvaise préparation des budgets, mauvaise
gestion des finances, non application des textes dans la
comptabilité. C'est pourquoi nous nous abstiendrons de nous
répéter sur le même sujet. Nous nous contenterons seule
ment de citer quelques unes des graves anomalies qui contre
toute attente subsistent encore de nos jours dans la prépa
ration et l'exécution de la plupart des budgets régionaux.
Ces anomalies apparaissent à la lecture des procès verº
baux de passation de service établis à l'occasion des muta
tions de Gouverneurs et surtout à partir des vérifications
opérées après leur installation, dans leur nouveau poste.
Nous soulignons ici que certains Gouverneurs ont eu gran
dement tort en cherchant à dissimuler la réalité de la situa
tion souvent catastrophique qu'iis trouvent dans leur nouveau
poste, sous prétexte de ne pas nuire à un collègue. C'est là
24
une position sentimentale des plus réactionnaires que tous
les responsables et tous les militants du Parti doivent bannir
dans leur comportement. Dénoncer un auteur d'irrégularité
ou de malversations qui qu'il soit est un devoir sacré
C C

pour tout révolutionnaire conséquent, digne du PDG.


Pour en revenir aux anomalies constatées voici leur
résumé :
70 Les agents chargés de la préparation des budgets
locaux ne respectent pas ies instructions du Gouvernement
en matière de prévision des recettes. Ils gonflent artificielle
ment les budgets, ce qui fait qu'à l'heure où nous sommes
de nombreuses Régions éprouvent de grosses difficultés pour
le payement du personnel relevant du Budget Local.
20 Les budgets locaux continuent d'accuser des arrié
rés hors de proportion avec leurs possibilités réelles.
30 Pour contourner les textes, de nouvelles procédu
res sont instituées avec la complicité des Chefs des Servi
ces financiers et surtout avec celle des Payeurs régionaux :
A. C
Utilisation de factures fictives et détournement de
crédit de leur destination pour sortir l'argent de la Caisse,
ouverture de véritables caisses noires gérées par les payeurs
eux-mêmes et dont le fonctionnement n'est connu que de
rares initiés, et où sont versées d'importantes sommes d'ar
gent dont l'utilisation n'est jamais contrôlée.
B. Transformation des agents de l'ordre administratif
en comptables, contrairement au principe de la séparation
des ordonnateurs et des comptables, etc ...
Faut-il rappeler que de tels actes constituent juridique
ment un faux et usage de faux en écritures publiques ?
Il convient de souligner ici que toutes ces graves erreurs
ont été révélées, non pas à partir des situations périodiques
des budgets locaux, mais à la suite des mutations des Gou
verneurs. Ce qui revient à dire que dans l'état actuel des
choses, pour connaitre la situation financière réelle d'une
région administrative, il faut déplacer le Gouverneur.
25
40 L'existence de valeurs de caisse anormales notam
C

ment pour les achats de véhicules où l'on confie les fonds à


un porteur chargé, d'aller délivrer le véhicule à Conakry.
50 – Il existe des impayés d'un montant élevé et au total
en discordance entre ceux évoqués aux premiers procès ver
baux entre les Gouverneurs sortant et les Secrétaires
généraux des Régions, et entre les mêmes Secrétaires géné
raux et les Gouverneurs entrants.
60 -
Il existe de nombreux comptes ouverts en Banque
permettant à certains Gouverneurs de gérer personnellement
des entreprises régionales et même de faire la commercialisa
tion , et dans la plupart des cas, ces comptes en Banque
n'ont même pas été mentionnés lors des premiers procès-ver
baux de passation de service.
70 Les annuités d'amortissement et les autres dépen
ses obligatoires vis-à-vis du budget général , bien que régu
lièrement prévues et inscrites au budget local , ne sont versées
au Trésorier Payeur Général que sur rappels répétés du
Ministre d'Etat et parfois sur intervention du Chef de l'Etat
lui-même.
80 – Après deux années d'exercice seulement, il s'est
révélé que dans la préparation et l'exécution des budgets
d'Arrondissement, les directives données par le Gouverne
ment n'ont pas été généralement suivies.
Après ces constations c'est ici l'occasion pour le Bureau
Politique National de dénoncer avec fermeté l'attitude rétro
grade des Chefs de Services Financiers et plus particulière
ment celle des Payeurs régionaux qui ont cautionné, favorisé
et même suggéré dans certains cas les irrégularités et les
malversations commises au niveau des Régions administrati
ves. Leur attitude de complicité active est d'autant plus con
damnable qu'ils sont nommés par décret et que les textes de
lois, de décrets et des circulaires précis, clairs et nets ont
déterminé leur rôle, ainsi que celui des Gouverneurs en
matière d'exécution des Budgets. Ces mêmes textes législatifs
26
et réglementaires ont délimité sans équivoque le pouvoir
de chacun d'eux dans le domaine financier. Mieux
encore, nous adressant à tous les Payeurs et Chefs des Ser
vices Financiers régionaux réunis à Conakry, nous leur avons
défini déjà leur rôle, en leur disant ce que la Révolution
attend d'eux, ce qu'ils doivent faire, ce qu'ils doivent éviter
de faire et ce qu'ils doivent empêcher å tout prix dans leurs
tâches d'exécution des budgets publics pour mériter la con
fiance que le parti et Gouverenment placent en eux. Allant
plus loin, nous avons félicité par avance , tous ceux dont le
comportement concret se trouverait en conformité constante
avec les impératifs de la Révolution Guinéenne en matière
de gestion des finances publiques. A en juger par les résul
tats concrets obtenus, il semble que tout cela n'ait servi à rien,
et qu'il faille désormais envisager d'autres solutions pour
obtenir le respect des directives du Parti et l'application
correcte des décisions du Gouvernement.
C'est intentionnellement que nous nous sommes main
tenus dans les généralités au cours de cette brève analyse,
nous abstenant volontairement de faire ici une mention spé
ciale bien méritée pour un certain nombre de Gouverneurs,
de Payeurs et de Chefs de Services Financiers - une minorité
malheureusement - qui ont effectivement compris et accepté
les directives du Parti et les décisions du Gouvernement et se
sont attelés courageusement à la tâche de redressement et
d'assainissement financier de leur Région. En effet il ne
s'agit nullement d'être financier de formation comme le pré
tendent certains - pour bien gérer un budget dans le respect
de la législation financière. Il s'agit tout simplement d'être
honnête et se convaincre de la nécessité de la fermeté révo
lutionnaire dans toute fonction assumée dans le cadre d'une
responsabilité militante au sein des institutions
mises en place par le Parti Démomoratique de Guinée.
Ahmed Sékou Touré
(Extrait du Tome XVI – Le Pouvoir Populaire)
27
FINANCES
La politique financière d'un pays, et ses modalités
d'application , ont une influence décisive sur les program
mes à long terme de développement économique et social.
C'est pourquoi le choix de cette politique est une question
de très haute importance qui doit être étudiée aux échelons
les plus larges et les plus élevés. Et c'est en application de
cette conception que les responsables du PDG exposent, et
exposeront toujours, devant les hautes Instances du Parti, la
politique budgétaire du Gouvernement, en vue de larges
débats, desquels sortiront des directives précises pour le
Gouvernement, à l'intention de ses Départements etServi
ces spécialisés.
En effet, une bonne politique financière importe essen
tiellement au développement d'un pays, à la stabilité de sa
monnaie et sa solvabilité à l'intérieur comme à l'extérieur ;
et la bonne gestion financière est l'un des éléments fonda
mentaux de la direction et de l'orientation du développe
ment économique et social de la Nation . Le côté recettes
que faut- il imposer, et à quel taux - peut avoir des réper
cussions aussi importantes sur l'économie nationale, que le
côté dépenses du Budget de l'Etat.
Virtuellement, toutes les décisions du Gouvernement
ont des incidences financières, et celles - ci exercent à leur
tour leurs effets sur tous les secteurs publics ou privés de
l'économie .

Ainsi donc, il est tout à fait normal qu'à toutes les


assises du Parti consacrées aux questions de production et
de développement, le problème de gestion et de comptabi
lité financière figure en bonne place à l'ordre du jour.
29
De bonne heure d'ailleurs, le Parti Démocratique de
Guinée, s'est attaché à inscrire dans la réalité, un de ses
principes fondamentaux, à savoir : faire participer tout le
peuple guinéen à la gestion du patrimoine national, par une
large démocratisation des institutions du pays.
Le Domaine Financier de l'Etat constitue la structure
appropriée pour évaluer et satisfaire les besoins publics.
Cette définition recouvre toutes les activités des services
administratifs chargés, directement ou indirectement de
cette tâche.

Pour la mener à bonne fin , il est nécessaire de règler,


par des procédures minutieuses, les procédés d'évaluation
des besoins publics, les ressources à affecter à ces besoins,
et il importe de prévoir les modes de comptabilisation.
Toutes ces actions ne sont pas sans conséquence sur le
revenu national, sur la masse monétaire et, en dernier
ressort, sur le niveau de vie des populations.
L'ampleur de ces attributions découle évidemment, en
tout premier lieu, du rôle que l'Etat s'assigne lui-même.
Ainsi, l'Etat moderne et démocratique, tend essentiel
lement à la réalisation du mieux être du peuple, qui se
traduit par la réalisation de la sécurité générale et par la
réalisation de la Justice sociale pour tous.
Les objectifs sociaux et les objectifs économiques se
rencontrent dans la politique générale de l'Etat, qui est tra
duite dans les faits, par sa politique financière. Et c'est par
la structure mise en place, que l'Etat met en ouvre son
pouvoir qui lui permet :
soit d'imposer aux citoyens des charges sur les
revenus personnels,
soit de créer des entreprises capables de lui procurer
les ressources nécessaires à la satisfaction de ses besoins.
Disons donc que l'Etat, qui est souverain, détermine
tout d'abord les besoins à satisfaire, et nous avons vu que

30
ces besoins sont fonction du rôle que lui-même s'est attri
bué. Après avoir déterminé les besoins, il fixe souveraine
ment, les voies et moyens pour les satisfaire.
L'admission de l'existence de la charge financière,
entraîne un certain nombre de décisions, pour la prise des
quelles l'Etat lui-même s'oblige à agir dans un certain
cadre, à savoir :
1) Il fixe le montant des charges par une procédure
légale, la procédure budgétaire ;
2) il fixe le montant de l'impôt par la loi votée par la
représentation nationale ;
3) Il recourt à l'emprunt, en cas d'insuffisance de
l'impôt ;
4) Il peut recourir éventuellement aux avances de
l'Institut d'Emission .
La notion de « besoins publics est donc fondamentale.
C'est de celle - ci que découle toute l'activité de tous les ins
tants assurés par le Domaine Financier de l'Etat.
La notion de besoins publics est donc le résultat d'un
choix politique, et les services et entreprises sont organisés
et agencés, à unique fin, de mettre cette politique en appli
cation :

- sous forme de services administratifs proprement


dits ;

sous forme d'offices et établissements publics à


caractère administratif ;
sous forme d'établissements publics à caractère
industriel et commercial ;
sous forme de sociétés d'économie mixte.
C'est en vertu de ce rôle étendu que le Domaine Finan
cier a été structuré en Janvier 1968, en quatre secteurs
regroupant les services selon leur technique :
31
1) Le secteur des Finances chargé de l'évaluation des
recettes et des dépenses et de leur exécution ;
2) Le secteur des Banques et Assurances, chargé de
la monnaie ,
3) Le secteur du Contrôle Financier, chargé du con
trôle de la gestion économique des entreprises à caractère
industriel et commercial, et des sociétés d'économie mixte ;
4) Les secteurs de la Cour des Comptes, chargé de
l'apurement et du contrôle des comptes des comptables
publics.
Les exposés qui vont suivre s'appliqueront à vous
faire connaître l'organisation de ces services, et à vous met
tre au courant du rôle spécifique de chacun .
Nous verrons ainsi sucessivement :
1) La réorganisation financière intervenue depuis
notre accession à l'indépendance ;
2) La préparation, le vote, l'exécution et le contrôle
du Budget ;
3) La planification et les leçons à tirer de notre expé
rience ;
4) La fonction bancaire ;
5) Le Contrôle Financier.

A LA REORGANISATION FINANCIERE DE L'ETAT


Immédiatement après notre accession à l'Indépendance
Nationale et à la pleine souveraineté, d'importantes mesu
res de décentralisation administratives furent prises sur le
plan financier et comptable.
Au lendemain de la proclamation de l'Indépendance,
le 2 Octobre 1958, le Gouvernement avait admis le main
tien sur le plan administratif des textes législatifs et règle
mentaires alors en vigueur et non contraires à la souverai
neté reconquise, en attendant la mise des structures et des
règles nouvelles, propres à notre régime révolutionnaire.
32
La décentralisation , mettant l'administration à la por
tée des administrés, est la base fondamentale de la réorga
nisation de l'appareil de l'Etat. Elle constitue l'essence et
le but des changements intervenus dans tous les domaines.
Sur le plan financier, l'ancienne Direction des Finances
du régime défunt, fonctionnant avec les administrateurs
des colonies, a laissé la place en 1959, à la Direction du
Budget, chargée de la préparation et de l'exécution du bud
get général, et des budgets annexes. Elle assure également
le contrôle de l'exécution des budgets locaux .
Cette politique de décentralisation financière a eu pour
autre effet, la création d'un budget dans chaque région
administrative, avec comme corollaire, le transfert à ces
Régions d'une part appréciable des ressources du budget
général.
C'est ainsi que depuis 1961 , tous les impôts directs
reviennent aux budgets des régions.
La suppression des anciennes agences spéciales, et
l'institution à leur place des services financiers, jouant le
rôle de la Direction du budget auprès des collectivités loca
les en matière de dépenses publiques, constituent particu
lièrement des innovations opportunes et importantes.
Dans chaque délégation ministérielle, la Direction du
Contrôle Financier, créé en Août 1965, a pour attribution
le contrôle et la coordination des activités des services
financiers de son ressort.

Ainsi, les textes intervenus dans le domaine financier,


ont adapté nos règles de gestion et nos structures au ryth
me évolutif du pays.
S'agissant de la décentralisation des services du Tré
sor, ils ont évolué dans le même sens, avec le souci constant
de l'efficacité. La Trésorerie Générale de la République de
Guinée, mise en place en 1959, a connu de sérieuses diffi
cultés, avec les caisses vides, un personnel d'encadrement
33
R. D. A. - 31
inexistant et une absence totale de documents comptables,
Mais la prise de conscience des enfants du pays, à quelque
niveau qu'ils se trouvent, a permis le démarrage et le bon
fonctionnement du service .
Après le lancement de la monnaie, le 1er Mars 1960,
la Trésorerie Générale est transformée en Direction de la
Comptabilité Publique, et chaque région est dotée d'une
Trésorerie locale, chargée de l'exécution des budgets à son
niveau .
En 1961 , avec la création des budgets régionaux et la
suppression des agences spéciales, la Direction de la comp
tabilité se transforme en Direction du Trésor comportant,
dans sa structure, une Direction Centrale à Conakry, et des
trésoreries régionales dans toutes les régions administra
tives.
En 1964, une nouvelle réforme intervient, toujours par
souci d'efficacité.
Elle voit l'éclatement de la Direction du Trésor, pour
l'institution d'une nouvelle structure. Celle - ci comporte
désormais :
Une trésorerie générale
Une paierie centrale
Des paieries régionales.
La Trésorerie Générale a repris à son compte le travail
de centralisation , d'apurement et de contrôle des activités
des services comptables.
La Paierie Centrale, assure à son tour, au niveau du
chef-lieu , l'exécution du budget général et de celle des bud
gets et comptes qui en dépendent.
Auprès de chaque délégation ministérielle, une Trésorerie
Principale assure la centralisation, l'apurement et le con
trôle des activités des Paieries régionales concernées, sous
l'autorité et la responsabilité du Trésorier Payeur Général.
34
Enfin , depuis 1967, une Direction Générale des Finan
ces centralise et coordonne les activités des services dépen
dant du Ministère du Domaine financier.
Ces mesures ont permis de rapprocher l'administration
des administrés, et les populations, en participant effecti
vement à l'élaboration des Budgets, ont pris une conscience
plus claire des problèmes qui se posent aussi bien à leur
niveau , qu'au niveau national. Elles suivent de plus près
et orientent l'utilisation des ressources prélevées sur leur
patrimoine au titre de taxes et impôts, et se rendent mieux
compte, à présent, de l'effort du Gouvernement et du Parti
dans les divers domaines financier, économique et culturel,
pour l'amélioration de leur sort.
La décentralisation financière a conféré aux autorités
régionales une réelle autonomie qui devrait leur permettre
de remplir plus efficacement les multiples tâches inhérentes
à l'exécution des divers Budgets.
Enfin, la création des Trésoreries principales et des
Contrôles Financiers au niveau des délégations ministé
rielles, a rapproché les régions administratives des services
de vérification et d'apurement des documents et pièces
comptables qui relevaient auparavant de la compétence de
la seule Trésorerie Générale siègeant à Conakry .
B LA PREPARATION , LE VOTE , L'EXECUTION ET
LE CONTROLE DU BUDGET

Le Secrétaire Général du PDG a donné la définition


la plus juste d'un budget, en disant : * un budget ne peut
être considéré par le peuple de Guinée, ni comme un en
semble de chiffres additionnés, ni comme une somme d'obli
gations fiscales imposées aux populations du pays.
Un budget, c'est la traduction concrète d'une politique.
Le budget en celà, reflète la nature du régime, les préoc
cupations de ce régime et les lignes de développement qu'il
35
a choisies. C'est dire donc qu'un budget doit être conformo
aux options et aux décisions du Parti, car s'il était en con
tradiction avec cette option et ces décisions, il constituerait
une trahison à l'égard de la confiance placée en Nous par
les populations, et il compromettrait ainsi dangereusement
l'accomplissement des tâches dévolues au Gouvernement
dans le cadre de la Révolution Guinéenne » .
Sur le plan purement financier et comptable, nous
dirons que le Budget est le document chiffré dans lequel
une collectivité donnée : Etat, Région, Arrondissement, etc.
détermine les charges qu'elle aura à assurer , ainsi que les
ressources nécessaires pour y faire face, pendant une pé
riode donnée. C'est donc un acte de prévision des recettes,
dont le Trésor public pourra disposer, pour faire face à
toutes les obligations financières de l'Etat pendant cette
période donnée.
Cette définition implique nécessairement, une minu
tieuse préparation du Budget, car c'est toute la vie de l'Etat
qui en dépendra pendant la période considérée.
Il faut également que cet acte de prévision soit sanc
tionné par une autorité suffisamment qualifiée, pour enga
ger l'avenir de l'Etat.
Ainsi apparaît le problème de la préparation et du vote
du Budget: ; d'un côté il est indispensable que le document
soit minutieusement préparé, et de l'autre l'autorité char
gée de l'approuver doit avoir suffisamment de pouvoir.
De manière générale, la préparation et l'approbation
des budgets sont confiés à des autorités distinctes : le Bud
get est préparé par le Gouvernement, il est approuvé par
le Parlement.
Cette séparation, dans l'élaboration et l'approbation
du budget, s'explique par des raisons pratiques, et non par
des raisons de séparation des pouvoirs, dans la conception
bourgeoise du mot. En effet, en République de Guinée il

36
n'existe qu'un seul pouvoir, celui du peuple, une seule
autorité, celle du peuple.
Le Gouvernement est en effet l'organisme qui connaît
le mieux ce dont l'Etat aura besoin pour son fonctionne
ment, et les ressources qu'il faudra dégager pour y faire
face.

Nous allons alors examiner successivement, comment


sont préparés et approuvés les budgets en République de
Guinée . Cet examen nous fera toucher du doigt le rôle
important joué par le peuple dans ce travail.
PREPARATION DES BUDGETS

Il faut souligner tout d'abord que plusieurs budgets


existent en République de Guinée :
Ce sont :

Le Budget Général
Les Budgets Locaux
Les Budgets des Arrondissements
Le Budget du Plan
Les Budgets Annexes
Les budgets des Sociétés et Entreprises d'Etat que
nous étudierons dans le chapitre réservé au Contrôle Finan
cier.
Chacun de ces budgets dispose de ressources propres,
et a des charges propres également.
1Le Budget du Plan est chargé d'assurer le déve
loppement économique de la Nation. Ses ressources pro
viennent essentiellement de l'effort de l'accumulation
nationale – bénéfices des Sociétés et Entreprises d'Etat en
particulier.
Nous l'étudierons en détail plus loin dans un chapitre
spécial.

37
2 - Le Budget général, soumis aux délibérations de
l'Assemblée Nationale, est chargé d'assurer le fonctionne
ment régulier des services de l'Administration centrale .
L'ordonnateur de ce Budget est le Ministre du Secteur
Financier .
3 - Les 29 Régions Administratives sont dotées cha
-

cune d'un budget local, soumis aux délibérations de l'As


semblée Régionale du ressort, avec le Gouverneur comme
ordonnateur.
4 - Chaque Arrondissement dispose d'un budget, ins
trument indispensable à son essor économique et social. Ce
budget est délibéré par le Conseil d'Arrondissement, avec
le Commandant comme liquidateur et le Gouverneur com
me ordonnateur.
Comme Budgets annexes au Budget général, il n'existe
que celui du Port et celui du Stade du 28 Sptembre. Ils
sont préparés par un Conseil d'Administration et approuvés
par décret.
La préparation de chacun de ces budgets obéit à des
règles particulières, mais dont la procédure est pratique
ment identique .
On distinguera ainsi les budgets qui se préparent sur
le plan national, et ceux qui se préparent sur le plan local.
a) Budgets préparés sur le plan national : Ce sont le
Budget Général et le Budget du Plan .
19) Budget général : Nous avons déjà indiqué que la
préparation des budgets est l'affaire du Gouvernement. Il
faut préciser maintenant qu'au sein du Gouvernement,
un ministère est particulièrement chargé du travail préli
minaire, il s'agit du Ministère du Domaine Financier .
Cette désignation n'est pas le fait du hasard. En effet,
si chaque membre du Gouvernement peut connaître les
besoins de ses propres services, le Ministère des Finances,
appelé aussi Minitère des recettes, est seul à disposer des
recettes importantes.

38
Et c'est ainsi que c'est ce Département seul qui établit
l'équilibre, entre les propositions de dépenses émanant de
l'ensemble des autres départements, et les prévisions de
recettes.
Le Budget Général et le Budget du Plan sont préparés
initialement par le Ministre des Finances, avant d'être
soumis à l'approbation du Gouvernement et au vote du
parlement.
En ce qui concerne le Budget Général, qui s'exécute
annuellement, les Ministres sont invités, par une circulaire
présidentielle, à soumettre, à une époque déterminé, leurs
propositions de dépenses au Ministère des Finances. Les
diverses propositions sont centralisées à la Direction du
Budget qui les dépouille en vue d'en arrêter le montant
global.
Par ailleurs, les Services fiscaux du Département des
Finances, dressent les prévisions de recettes sur la base
des recouvrements effectués les années précédentes, et en
tenant compte aussi des nouvelles possibilités de ressources.
Lorsque tous ces documents ont été dépouillés par la
Direction du Budget, il est procédé à l'établissement du
projet de Budget, obligatoirement équilibré en recettes et
en dépenses.
C'est ce projet de Budget, ainsi arrêté, qui fera l'objet
d'un examen en Conseil de Cabinet, avant d'être transmis
à l'Assemblée Nationale pour approbation.
Comme on le voit, le rôle des services spécialisés du
Ministère des Finances est très important dans la prépara
tion du Budget Général. Cette lourde tâche est assurée par
la Direction du Budget, la Trésorerie Générale, le Service
des Douanes et le Service des Contributions Diverses qui
seront également chargés de son exécution .
Pour une bonne compréhension arrêtons-nous un peu
sur :

39
La Direction du Service des Douanes et
La Direction des Contributions Diverses.
La Direction des Douanes, organisée dans sa structure
et dans ses attributions actuelles en Avril 1963, est chargée
de l'assiette, de la liquidation et du contrôle des impôts,
taxes et droits perçus sur les marchandises et produits à
l'entrée et à la sortie du Territoire National, ainsi que du
contrôle du commerce extérieur, des changes, des marques
de fabrique, et de la navigation maritime et aérienne.
Sa structure, fortement modifiée depuis l'accession
de notre pays àà sa pleine responsabilité, comprend des capi
taineries de douanes, divisées elles-mêmes en postes, bu
reaux, brigades et lieutenances, correspondant aux Délé
gations Ministérielles et au découpage administratif de la
République.
Le Service des Contributions Diverses réorganisé dès
le mois de Juin 1960, puis en Janvier 1962, comprend une
Direction Centrale et des services régionaux.
Il a pour attribution , l'étude, l'assiette, la liquidation
et le contrôle des impôts indirects, directs et taxes assimi
lées. Il traite également du contentieux de ces impôts et
taxes.
La politique de décentralisation préconisée par le
Parti Démocratique de Guinée depuis 1962, pour mettre
les agents des services fiscaux à la disposition du peuple,
et faciliter ainsi aux contribuables l'accomplissement de
leurs obligations fiscales, permit l'installation , en plus de
la Direction Centrale siègeant à Conakry, d'une Inspection
des Contributions Diverses au Chef-lieu de chaque Délé
gation Ministérielle, et d'un contrôle des Contributions
Diverses dans chacune de nos Fédérations et, dans un souci
d'efficacité, une Inspection Spéciale est installée dans la
Région Administrative de Fria, en raison des problèmes
fiscaux spéciaux que pose le fonctionnement de la Compa
gnie FRIA .

40
29 Budget du Plan : 1 convient de souligner tout
d'abord que la période de son exécution dépasse le cadre
annuel. Actuellement cette période s'étend sur sept ans
(1964-1971).
Sur le plan strictement financier et règlementaire, le
Budget du Plan est préparé suivant la même procédure que
le budget général. Le Service spécialisé du Département,
dans ce domaine, est la Direction du Plan .
Toutefois, il convient aussi de souligner que la politi
que de dévelopement économique étant une affaire natio
nale, les grandes lignes du Plan sont toujours débattues et
arrêtées au cours des assises populaires du Parti : Congrès,
CNR, Comité Central...
La Direction Générale du Plan n'a ainsi qu'un rôle
technique. Elle a pour mission de donner un contenu chiffré
aux diverses actions qui auront été arrêtées par les instan
ces politiques. C'est dans ce cadre que le Budget du Plan
Septennal a été arrêté en Conseil National de la Révolution
tenu à Gueckédou en 1964, et que le Plan Triennal a été
arrêté en Conférence Nationale tenue en 1960 à Kankan .
Le Budget étant approuvé pour une période supérieure
à 12 mois, il est exécuté par tranches annuelles. La procé
dure suivie, pour la préparation des tranches annuelles, est
identique à celle qui s'applique au Budget Général. Mais
les prévisions globales de recettes et de dépenses étant
approuvées pour la durée du plan, une nouvelle présenta
tion devant l'Assemblée Nationale n'est plus nécessaire.
L'exécution par tranches annuelles permet d'ajuster les
prévisions initiales, au fur et à mesure de l'avancement des
travaux des actions entreprises.
b ) Budgets préparés sur le plan local : il s'agit ici des
Budgets Locaux et des Budgets des Arrondissements.
Les Budgets Locaux sont préparés par les autorités
régionales. Le Gouverneur de Région, qui est l'ordonnateur
41
de ces budgets, les prépare en collaboration étroite avec ses
conseillers financiers locaux qui sont : le Chef du Service
Financier, le Payeur régional et le Contrôleur des Contri
butions Diverses, tous nommés par décret du Chef de l'Etat.
Les recettes et les dépenses des budgets locaux étant
généralement peu élevées, elles varient entre 500 millions
pour la Région de Conakry et 50 millions pour la région de
Kérouané par rapport à celles du budget du Gouvernement
Central et les Services régionaux peu nombreux ; leur pré
paration présente moins de difficultés. Cela explique que
trois services seulement interviennent dans le travail pré
liminaire.

Le projet de budget local, équilibré en recettes et en


dépenses est alors soumis à l'approbation de l'Assemblée
régionale. A ce projet sont joints les budgets des arrondis
sements de la Région , préparés et adoptés par les autorités
compétentes (Commandants d'Arrondissement et Comité
Directeur de Section érigé en Conseil d'Arrondissement).
En définitive la préparation de tous les budgets incom
bant au Gouvernement Central et aux Autorités régiona
les, est un problème technique. Elle se rapporte à des ques
tions qui engagent l'avenir de la collectivité intéressée.
Son travail doit en conséquence être effectué par les auto
rités qui en sont chargées avec le maximum de soin et de
clarté afin de permettre à ceux qui sont investis du pou
voir d'approbation de se prononcer en toute connaissance
de cause .
C'est une condition d'autant plus impérieuse que les
actvités de l'Etat ne cessent de s'accroitre ainsi qu'en témoi
gne l'évolution des dépenses du Budget général depuis
l'accession de la Guinée à sa pleine souveraineté. En effet
le premier Budget de l'Etat a été arrêté en 1959, en recet
tes et en dépenses à 7 Milliards de francs, alors que pour
l'exercice 1968/1969, il est de 23 Milliards.
42
Voici d'ailleurs l'évolution de ce budget depuis 1958 .
Années Montant
1958 6.300.000.000 Fr.
1959 7.400.000.000
1960 8.000.000.000
1961 8.400.000.000
1962 9.700.000.000
1963 . 11.200.000.000
1963-1964 10.200.000.000
1964-1965 13.300.000.000
1965-1966 17.900.000.000
1966-1967 20.700.000.000 C

1967-1968 22.200.000.000 -

1968-1969 23.476.223.000 C

L'APPROBATION OU LE VOTE DES BUDGETS

Dans tous les régimes démocratiques, le vote du


Budget a toujours été une prérogative essentielle du Peu
ple, par l'intermédiaire de ses représentants élus.
En Guinée, plus que partout ailleurs, cette prérogative
trouve une parfaite application .
Sur le plan national, le Budget général et le Budget du
Plan sont approuvés par l'Assemblée Nationale, composée
de députés démocratiquement choisis par le Peuple, parmi
les militants les plus engagés du Parti.
Le projet de Budget est soumis à l'Assemblée Natio
nale, sous forme de projet de loi. Comme tout projet de
loi, il est d'abord discuté en commission . La commission de
l'Assemblée Nationale spécialisée dans l'examen du Budget,
est la commission des Finances. Le Gouvernement est
représenté par le Ministre des Finances dans les discussions
43
de cette commission ; son rôle consiste à éclairer les mem
bres de la commission sur toutes les questions se rapportant
aux prévisions de recettes ou de dépenses inscrites au pro
jet.
Les membres de la commission , ou tout autre député,
peuvent amender le projet de budget, comme le leur auto
rise la constitution ; toutefois, si ces amendements ont pour
effet d'augmenter les dépenses, ils ne sont recevables que
si les ressources correspondantes sont en même temps déga
gées par les auteurs des amendements.
Le projet de loi adopté par la Commission des Finances
est présenté ensuite en séance plénière, de l'Assemblée, pour
adoption définitive. A ce niveau également, les membres
de l'Assemblée Nationale peuvent le modifier, sous réserve
de dégager en même temps les ressources correspondantes,
dans le cas où ces modifications tendraient à perturber
l'équilibre établi.
Le projet ainsi adopté par l'Assemblée Nationale
devient alors la loi des finances, ou la loi programme, selon
qu'il s'agisse du budget général, ou du budget du Plan.
La loi votée par le Parlement est ensuite rendue
exécutoire comme toutes les autres lois, par le décret de
promulgation du Chef de l'Etat.
Sur le plan régional, les budgets locaux sont approuvés
suivant la même procédure, par les Assemblées régionales ;
les délibérations approuvant les budgets sont rendues exé
cutoires également par décret du Chef de l'Etat.
Les budgets des arrondissements sont approuvés par
les conseillers d'arrondissement et rendus exécutoires par
le même décret approuvant le budget régional.
Ici il y a une nouveauté qu'il convient de signaler. En
effet, alors que les Assemblées Nationale ou Régionales ne
se confondent pas organiquement avec les organismes diri
geants du Parti, dans les arrondissements, ce sont les
44
comités directeurs qui ont été érigés en Conseils d'arron
dissement. Cette innovation s'explique par le fait que dans
l'organisation politique guinéenne, plus on remonte vers la
cellule de base, plus les organes administratifs et les orga
nes politiques deviennent imbriqués ; et par ailleurs, le
comité directeur de section paraît plus indiqué, que toute
autre autorité, pour déterminer le programme de dévelop
pement rural au niveau d'un arrondissement.
Le budget d'arrondissement, approuvé par le Conseil
d'arrondissement, est annexé au budget local. Les budgets
d'arrondissement ainsi annexés au budget local, consti
tuent le budget régional.
En définitive, la préparation et l'approbation des bud
gets, sont des opérations complémentaires, qui intéressent
au plus haut point le Peuple. En effet, la détermination
correcte des charges de la collectivité, et la répartition
équitable des ressources ne peuvent s'effectuer que par
le jeu normal de la démocratie, c'est -à - dire, par le Peuple
lui-même,
- soit directement soit par représentation
qualifiée.
Nous répétons qu'en Guinée, plus que partout ailleurs,
cette règle fondamentale de la démocratie trouve une par
faite application , car tout ce qui touche de près ou de loin
le Peuple, est déterminé par le Peuple lui-même, à l'occa
sion des conférences et congrès, et autres assises du Parti
Démocratique de Guinée .
Pour l'exécution de ces divers budgets, le Ministère des
Finances, par ses services d'exécution , centralise toutes les
recettes, paie les dépenses du budget de l'Etat, des budgets
annexes, du budget du Plan et les comptes dépendant du
budget général.
L'exécution des budgets locaux relève des attributions
des gouverneurs de régions.
Le Ministre des Finances, a sous ses ordres, toutes les
administrations productives de recettes. Il est, au surplus,

45
le chef des comptables du Trésor. S'agissant des dépenses,
son intervention se produit avant décaissement, par le
contrôle de l'emploi des crédits. Il est chargé de toutes les
opérations de Trésorerie.
L'exécution des budgets fait apparaître ainsi, deux
fonctions incompatibles :
a) celle des agents de l'ordre administratif, appelés
ordonnateurs :

b ) celledes comptables chargés de percevoir les


fonds, d'en assurer la garde, et de payer les dépenses sur
ordre des ordonnateurs ;

Après la préparation et le vote, l'exécution des budgets


appelle naturellement un contrôle.
En effet, la nécessité du contrôle de l'exécution du
budget découle de la notion même de budget : le budget
étant un acte d'autorisation , il faut, de toute nécessité,
assurer la conformité de son exécution, à cette autorisation .
L'administration des finances assure elle -même le
contrôle de ses services, de manière que le Ministre des
Finances, qui assume la responsabilité des budgets, puisse
être assuré de la régularité de cette exécution . Il s'agit d'un
contrôle interne, purement financier, de type administratif.
Comme le pouvoir de décision appartient à l'Assem
blée Nationale pour le budget général, aux assemblées
régionales pour les budgets locaux et aux conseils d'arron
dissement pour les budgets d'arrondissement, il faut natu
rellement que l'autorité d'exécution vienne rendre ses
comptes à l'autorité de décision : c'est le contrôle législatif.
Le contrôle juridictionnel est confié à la Cour des
Comptes. C'est le contrôle à posteriori. La Cour des
Comptes, tribunal composé de conseillers, juge la régularité
des comptes des comptables.
46
Le contrôle administratif, quant à lui s'exerce à la
fois sur les ordonnateurs et sur les comptables. Il est assuré
par l'administration des finances.
Il s'opère :
1º de façon périodique par le rapprochement des ré
sultats de la comptabilité des ordonnateurs, avec ceux des
écritures des comptables ;
2° de façon permanente, par le contrôle hiérarchique
des chefs de services centraux et, dans les Délégations Mi
nistérielles, par celui des contrôleurs financiers et des
trésoriers principaux .
30 par le corps des Inspecteurs des Finances et par
celui des Inspecteurs des Affaires administratives.
D'autre part, le Commissariat Général aux Comptes
exerce un droit de contrôle sur l'exécution des budgets :
Le contrôle administratif porte :
a) sur la régularité et la moralité des opérations ;
b) sur la disponibilité des crédits ;
sur l'exactitude de l'évaluation .

Enfin , il faut noter que le Commissariat aux Comptes,


ainsi que les contrôleurs financiers dans les Délégations
Ministérielles, visent les projets de marché de l'Etat et des
collectivités, et contrôlent leur éxécution. Ils visent égale
ment tout projet, ou proposition , ayant une incidence finan
cière, et conformément à leurs attributions respectives.
Pour alimenter l'ensemble de ces budgets, un système
législatif et réglementaire approprié a été élaboré et mis
sur pied par le Gouvernement pour recenser et assurer le
recouvrement des ressources fiscales
Le système fiscal actuel de notre pays est le résultat
des transformations profondes, opérées par le Peuple de
Guinée, sous la direction du Parti, qui a su impulser dans
tous les secteurs de la nation , le processus de transforma
tion qualitative au profit exclusif du peuple laborieux.
L'action du Gouvernement dans le Domaine Financier
en général, a été particulièrement dynamique et salutaire,
dans l'élaboration d'un système fiscal adapté aux réalités
concrètes de la nation renaissante depuis le 28 Septembre
1958, après 60 années d'éclipse coloniale.
C'est ainsi que dès décembre 1960, d'importantes
réformes furent accomplies, qui ont progressivement adapté
la législation fiscale et les organes chargés de son applica
tion aux fonctions nouvelles qu'ils doivent désormais
remplir.
Toute la législation fiscale élaborée depuis 1960 a fait
l'objet de la Loi du 20 Mai 1960, portant * Code des Con
tributions Diverses ».
Ce document renferme tous les textes concernant les
impôts, droits et taxes, assis et liquidés par le Service des
Contributions Diverses, et dont le produit est destiné à
alimenter le budget général, les budgets locaux et les
budgets d'arrondissement.
Ce régime fiscal général qui frappe par sa simplicité,
comparativement aux systèmes fiscaux hérités du colonia
lisme, est adapté aux conditions de vie économique nouvelle
du Peuple de Guinée.
Cette politique fiscale entièrement liée à la politique
économique progressiste élaborée et suivie par le Parti
Démocratique de Guinée ne considère pas l'impôt comme
un simple moyen de procurer de l'argent à l'Etat. Cette
notion de l'impôt neutre a été rejetée et remplacée par
celle de l'impôt actif sur le plan économique.
D'aucuns pensent en effet, que l'argent prélevé sur
les contribuables, se dissout mystérieusement dans le néant,
alors qu'il est en réalité, redistribué intégralement par
l'Etat dans l'intérêt général du peuple tout entier.
Pour le Parti Démocratique de Guinée, l'impôt est un
48
moyen d'intervention de l'Etat révolutionnaire dans la vie
économique et sociale du pays, comme une technique per
mettant de développer tel ou tel secteur de l'activité
nationale .
Dans cette optique, se situent les mesures prises par
le Gouvernement, dans le cadre de son plan de développe
ment de la nation , et se traduisent par la loi Nº 050 du
5 avril 1962 , instituant un « Code des Investissements »
en République de Guinée.
Les dispositions de ce code renferment des aménage
ments fiscaux destinés à faciliter les investissements pro
ductifs dans notre pays, par des allégements du poids de
l'impôt qui pèserait sur les entreprises qui investissent en
Guinée, selon le programme de développement économique
élaboré et adopté par notre parti , pour une élévation rapide
du niveau de vie de nos populations.
A en juger par le nombre des sociétés étrangères ayant
passé des conventions d'agrément avec le Gouvernement
guinéen , on mesure facilement la portée bénéfique de notre
politique fiscale .
Toujours sur le plan de la technique fiscale, l'on peut
citer les mesures prises en 1961 , et enrichies par la loi- cadre
du 8 Novembre 1964 , favorisant l'amélioration de l'ha
bitat, en déchargeant l'impôt foncier, pendant 10 ans,
toutes constructions nouvelles , reconstructions, ou addi
tions de constructions réalisées dans le pays .
Il existe un autre mode d'intervention fiscale, par
augmentation du poids de l'impôt, sur des secteurs de
l'économie que notre principe de développement non capi
taliste veut faire disparaître , ou du moins transformer.
Il s'agit du secteur des intermédiaires privés et de
tous les négociants marginaux , que la loi-cadre du 8 No
vembre 1964 a sérieusement amputé grâce à une augmenta
tion du tarif des patentes des commerçants, les patentcs
des producteurs étant restées incharsgées.
49
Nous avons ainsi démontré l'interconnexion qui existe
entre la fiscalité guinéenne et le développement économique
de notre pays .
Cette interconnexion se retrouve également entre le
développement économique et le budget , du fait même de
l'existence dans notre pays, d'un budget du plan.
Aussi bien dans le budget général que dans les budgets
de nos collectivités publiques, des inscriptions sont indivi
dualisées en faveur de tel ou tel programme de développe
ment économique de la Nation , de la Région, ou de
l'Arrondissement .
Chacun de ces budgets participe donc effectivement à
la réalisation du programme de développement économique
de notre pays .

Les budgets d'arrondissement, de création récente, ne


sont autres que des programmes d'équipement, surtout
agricole, de nos arrondissements que le Parti Démocratique
de Guinée entend développer.
Dans le seul budget général 1967-1968, correspondant
à l'année agricole du Parti Démocratique de Guinée, le
Gouvernement a dégagé plus d'un milliard de crédit pour
l'équipement des C.E.R. , ce qui permettra d'assurer, àà
coup sûr, à la fois le succès de notre programme de déve
loppement agricole, et celui des Centres d'Enseignement
Révolutionnaire .

PLANIFICATION EN GUINEE ET LES LEÇONS


A TIRER DE NOTRE EXPERIENCE

Guidée par son réel désir de sortir aussi rapidement


que possible du sous-développement économique, la
République de Guinée s'est attelée à la planification
économique immédiatement après son accession à
l'indépendance nationale et à la souveraineté.

50
Avant d'aborder l'étude de cette planification , surtout
sous l'angle financier, il convient tout d'abord de rappeler
très sommairement la situation que nous avons vécue à
l'accession de notre pays à la pleine souveraineté.
Une économie désarticulée ;
Une agriculture arriérée ;
Une industrie et une infrastructure quasi inexis
tantes :

Le capital national inexistant ; les Banques, les


Assurances, les Compagnies Minières, les Sociétés
Import- Export, les Entreprises de Transport et
celles du Bâtiment, constituées par et pour les
étranvers :

Des structures politiques, économiques, adminis


tratives et sociales conformes à la stratégie
coloniale.

Connaissant cette situation économique héritée de la


domination coloniale, le Peuple de Guinée, sous la conduite
du Parti , fit la seconde option historique : l'option en
faveur de la voie de développement non capitaliste, et de
la planification économique.
L'option pour la voie de developpement non capitaliste,
c'est, dit le Secrétaire Général du P.D.G. , « l'option de ne
jamais plus tolérer aucun système d'exploitation de
l'homme par l'homme, aucun système d'oppression de
l'homme par l'homme, aucune suprématie d'un homme, ou
d'un groupe d'hommes sur les masses laborieuses, lesquelles
doivent être dotées du droit et du devoir de définir les
moyens et les méthodes de travail, aussi bien que du droit
et du pouvoir de répartir les fruits de ce travail ».
En inaugurant par cette option révolutionnaire une
ère nouvelle dans la vie du pays, le P.D.G. procédera, en
profondeur, à la mise en place de la superstructure indis
51
pensable pour une politique de planification économique.
Ce qui nécessita la prise des mesures révolutionnaires sur
le plan politique, sur le plan économique, sur le plan social
et culturel et sur le plan institutionnel .
Et parmi les institutions créées, il faut citer le Minis
tère du Plan, dont les attributions étaient les suivantes :
coordonner et orienter , en vue d'un développement
harmonieux du pays, les activités des départements minis
tériels, des collectivités publiques et privées , dans le cadre
de la politique générale définie par le Gouvernement ;
orienter les investissements des capitaux privés, en
fonction des impératifs de la planification ;
préparer des plans économiques de longue durée.
des plans annuels ;
consolider les bases méthodiques et statistiques de
la République de Guinée ;
gérer et répartir les ressources humaines, maté
rielles et financières nécessaires à la réalisation du pro
gramme du Plan .

D'autres mesures, qui devaient compléter les bases


institutionnelles de la planification guinéenne , furent prises :
La création de la monnaie guinéenne dès 1960 ;
l'établissement du Commerce Extérieur et la mise
en place d'un réseau de Commerce Intérieur d'Etat ;
la promulgation d'un statut-type des Entreprises
d'Etat :
la réglementation des Sociétés ;
la promulgation du Code des Investissements ;
la Loi-Cadre du 8 Novembre 1964 :
la Commission Economique Nationale du Gouver
nement et du B.P.N. ;
-

le Ministère du Développement Economique :


le Ministère du Contrôle Financier .

52
Conformément aux décisions du Ve Congrès du P.D.G. ,
tenu en septembre 1959 , notre Peuple tout entier fut mobi
lisé pour la préparation de notre premier plan de dévelop
pement économique et social, le Plan Triennal. Il fallait
établir un inventare quantitatif et qualitatif des ressources
matérielles et humaines disponibles, déterminer les actions
à adopter, leur coût, leur rendement et les combiner de
manière à obtenir le maximum dans le rendement de
l'ensemble .

Chaque collectivité, à chaque niveau (village , région) ,


devait présenter un ensemble de projets , en déterminant la
priorité et le mode de financement. Les propositions pou
vaient porter sur tous les aspects économiques : production ,
rendement , consommation , possibilités d'exportation ,
approvisionnement etc ... et sur les aspects sociaux de la vie
de la collectivité. Les propositions émanant des villages
étaient centralisées au niveau régional ; chaque région devait
ensuite ajouter les projets qu'elle estimait souhaitables et
qu'elle pouvait réaliser à son niveau par ses propres
moyens . Les projets régionaux étaient sélectionnés et har
monisés par la Direction du Plan , en fonction des objectifs
nationaux .
Ainsi, le projet du Plan Triennal a été examiné et
arrêté par la Conférence économique du P.D.G., tenue du
2 au 5 avril 1960 à Kankan.

1. PLAN TRIENNAL

Le Plan Triennal couvrait la période de juillet 1960 à


juillet 1963. Il a été prévu pour la réalisation de ses actions
un montant de 38.912.000.000 de francs guinéens répartis
de la manière suivante :
Pour la production 18.390 Millions de FG soit 47,26 %
Pour l'infrastructure et les transports 14.161 Millions
de FG soit 36,39 %
53
Pour les services sociaux 6.211 Millions de FG soit
15,96 %
Pour les fonds de réserve 150 Millions de FG soit
0,38 % .
Quoique modeste, ce programme ne comportait pas
moins de 62 actions dans le domaine de la production
agricole et industrielle ; 56 actions dans l'infrastructure,
et 55 actions dans le secteur social.
Malgré un manque d'expérience et de cadres techni
ques, les opérations du Plan Triennal ont été réalisées à
80% , les études définitives ayant été effectuées après le
démarrage du Plan et ce, pour la plupart des actions.
Au cours de l'exécution de ce Plan, la priorité initiale
ment établie a subi des modifications. L'infrastructure et
les transports ont absorbé les 59 % des fonds investis, la
production seulement 290 , et les services sociaux 12 %
Les sommes totales investies se sont élevées à 43 milliards
de FG, au lieu 39 milliards initialement prévus.
La physionomie financière des dépenses totales par
secteur est la suivante :
Infrastructure administrative 22,4 %
Infrastructure portuaire 6,3 %
Infrastructure routière 9,7 %
Terrains de sports et stades 1,8 %0
Transports 16,7 %
Télécommunications 0,4 %
Production agricole 11,4 %
Production industrielle 17,7 %
Secteur social et habitat 1,5 %
Enseignement 8,5 %
Santé publique 3,5 %
Fonds de réserve 0,1 %
Total 100,0 %
54
En analysant les réalisations du Plan Triennal, bien
que celui-ci soit en réalité le premier pas dans l'application
pratique de la planification du développement dans notre
pays, les résultats obtenus sont bien appréciables, compte
tenu des conditions spécifiques dans lesquelles il a été conçu
et réalisé .
Le Plan Triennal a été en définitive un plan national
réel, et un plan populaire.
Il faut rappeler, qu'au cours de l'exécution du Plan
Triennal, et pour assurer une meilleure exécution de notre
programme de développement, d'importantes réformes
institutionnelles sont intervenues.

Les Ministères du Plan et des Finances ont été


regroupés en un seul département, pour une meilleure
coordination du financement et pour un contrôle plus effi
cace des investissements ;
- Le Ministère du Développement Economique a créé
en son sein les services spécialisés pour mieux assurer les
réalisations du plan de développement ;
Le rôle de la Commission économique nationale a
été élargi au-delà de son rôle initial de conception , de
contrôle et de consultation du Parti et du Gouvernement.

II. PLAN SEPTENNAL

Le Conseil National de la Révolution, tenu à Guec


kédou du 16 au 20 avril 1964, en se bassant sur la stratégie
générale définie au 6ème Congrès du Parti, ainsi que sur
les leçons tirées de la réalisation du Plan Triennal, a fixé
les objectifs concrets à atteindre dans la période du Plan
Septennal.
Dans leur nature populaire, les méthodes pratiquées
dans la préparation du Plan Septennal, ont été analogues
à celles utilisées pendant le Plan Triennal, la responsabilité
55
des régions étant accentuée par la décentralisation finan
cière intervenue depuis lors .
Chaque village, chaque arrondissement et chaque
région a fait, à la suite des directives générales données par
le Bureau Politique National, l'inventaire de ses possibilités
et arrêté un plan d'action pour la période du plan, et un
congrès régional a fixé les tâches à réaliser. A l'échelon
national, les divers plans régionaux ont été coordonnés,
et le programme national a reçu son approbation, au cours
du Conseil National de la Révolution tenu à Gueckédou
en 1964 .
Les objectifs fixés dans le Plan Septennal sont donc
bien popularisés, et le peuple tout entier s'est mobilisé
pour en assurer l'exécution . Les diverses actions du plan
font l'objet d'études approfondies au point de vue
technique, économique et financier.
Ainsi , l'étude de toutes les actions s'est appuyée
notamment sur les principes et éléments ci-après :
éléments statistiques ;
évaluation dans le temps ;
coûts de fonctionnement et de production ;
contraintes de production (eau, électricité ...) ;
cadres et main-d'æuvre,, dont les spécialistes
étrangers ;
matières premières et secondaires ;
coefficient de rentabilité :
localisation ;
moyens de financement et échéanciers ... ;
extension à envisager ... ;
Les dispositions concrètes à respecter, avant la mise
en cuvre et au cours de la réalisation des actions du plan
sont fixées dans des circulaires présidentielles impératives
et dans des directives du Ministère d'Etat .

56
Notre stratégie du Plan Septennal se résume ainsi :
concentration des moyens de l'Etat dans les sec
teurs clés de l'économie nationale. Il s'agit, en priorité, de
l'industrialisation liée étroitement au développement agri
cole, l'infrastructure et la production énergétique découlant
de la localisation des unités de production créées ou à
créer ;
accorder la priorité aux branches productives,
industrie et agriculture ;
impulsion de l'industrie nationale, permettant de
substituer les marchandises de production locale au mar
chandises importées notamment, tissus, tôles, ustensiles de
ménage, chaussures, confections, huile d'arachide, papier,
ciment etc ... ;
accorder la priorité aux importations de biens
d'équipement, carburant, matières premières et pièces
détachées nécessaires à l'agriculture et à l'industrie ;
valorisation intégrale des matières premières
locales, jusqu'aux produits finis.
En appliquant cette stratégie au développement non
capitaliste, et aux exigences de planification rationnelle,
le facteur dominant reste toujours l'Etat. Ainsi, c'est l'Etat
qui a, et qui aura à définir l'importance relative des trois
différents secteurs économiques qui sont : le secteur d'Etat,
le secteur d'économie mixte et le secteur privé.
Le secteur d'Etat couvre les activités économiques
de base : infrastructure routière, ferroviaire, portuaire,
fluviale et aérienne, énergie et unités de production .
Le secteur d'économie mixte associe les investisse
ments publics aux capitaux privés, étrangers et nationaux.
Le secteur privé englobe les coopératives et les
groupements régionaux. C'est notamment le cas dans le
domaine de l'agriculture et la commercialisation .

57
L'Etat veille à ce que les activités de ces différents
secteurs se développent harmonieusement, dans l'intérêt
général du peuple.
Sur le plan financier, l'intervention de l'Etat, en vue
de satisfaire les besoins populaires ne se limite pas au sec
teur d'Etat, mais elle influence directement, tous les
secteurs de l'économie. L'Etat guinéen , tout en tolérant
l'existence d'un secteur privé dans certaines branches éco
nomiques, fait recours à des mesures fiscales et financières
visant à créer des conditions telles, que les intérêts des
privés soient en harmonie avec les objectifs sociaux et éco
nomiques dans le Plan.
Le volume global des investissements de l'Etat, prévus
au cours du Plan Septennal, s'élève à 116 Milliards de FG
se répartissant comme suit :
Production 46 %
Infrastructure liée à la production 47 %
.
Secteur social . 7 %
Les objectifs principaux étaient répartis entre les dif
férentes grandes branches de l'économie nationale à savoir :
Les Mines
- L'industrie de transformation
-

L'industrie chimique
Les industries mécaniques et métallurgiques
C
Les industries de matériaux de construction
L'agriculture
L'élevage
La pêche maritime
Les eaux et forêts
L'énergie
- Les transports
- Les ponts et chaussées
Les télécommunications

58
L'artisanat
l'habitat
L'éducation nationale et le secteur social,
Dans la première tranche du Plan Septennal, allant du
1er mai 1964 au 30 avril 1965, les activités des départe
ments intéressés ont été orientées tantôt vers l'achèvement
des actions du Plan Triennal, tantôt vers la préparation
technique des nouvelles actions retenues dans le Plan
Septennal.
Au cours de la deuxième et de la troisième tranches
du Plan, les réalisations se sont intensifiées.
Les résultats à ce jour sont plus qu'encourageants et
je n'ai pas besoin de citer les actions achevées, étant donné
que chacun les connaît tous.
Ainsi, jusqu'au 31 décembre 1967, on a dépensé
46,1 Milliards de francs guinéens, La physionomie de ces
dépenses, par secteur, est la suivante :

Prévisions Réalisations Pourcen


Secteur 1964-1970 au 31-12-1967 tage des
(1.000 FG ) ( F.G.) réalisations

Indust, et Mines 19.866.958 11.744.534.746 25,4


Econom . Rurale 12.453.540 2.391.986.215 5,2
Energie .
Eau 15.988.201 2.827.834.862 6,1
30.138.388 5.339.011.068
Transports 11,6
Ponts et Chaus. 25.089.213 8.349.840.433 18,1
Télécom . 5.220.5581 2.439.009.611 5,13
Artisanat 341.400 197.800.000
0,4
Sect. Scial, Hab . 6.761.770 3.865.686.225
8,4
Divers 278.428 8.983.164.943
19,5
46.137.868.103
116.111.456 100,0

59
Dans ces chiffres sont comprises les dépenses effectuées
pour l'achèvement des actions du Plan Triennal,, non
reprises dans le Plan Septennal, dépenses se montant à
6.574.007.911 FG.
Ainsi donc, le volume des investissements réalisés
depuis le lancement du Plan Triennal à nos jours, s'élève
à 86,4 Milliards de FG se répartissant comme suit :
Par période :
Plan Triennal (1960-1963) 38.485.351.750 FG
Période transitoire (7-1963
4-1964) 1.839.782.845

Plan Septennal jusqu'au 31-12


1967 46.137.868.103
Total 86.463.002.698
Par secteur :
Production 27.226.729.699 FG, soit 30,9 %
Infrastructure 50.036.272.200 FG, soit 58,0 %
Secteur Social 9.200.000.898 FG, soit 11,1 %
Total 86.463.002.698 FG , soit 100,0 %
Ces chiffres sont suffisamment éloquents et parlent par
eux -mêmes.

Il reste entendu que de tels résulats n'ont pas été


atteints sans lacunes et sans insuffisances. Ce sont
maintenant ces lacunes ces insuffisances qui vont
et
constituer le chapitre suivant qui portera sur les leçons à
tirer de notre action de Planification .
C'est dès 1962 que la Direction du Parti, mesurant nos
erreurs et craignant leur extension, en tirait les premières
leçons.
A cet effet, le Secrétaire Général du P.D.G. disait :
« C'est en fonction de la rigueur permanente de notre
vigilance, en fonction de notre conscience et de notre réa
60
lisme, que nous pourrons valablement corriger nos insuffi
sances, revenir sur un échec, contrôler étroitement l'allure
et la qualité de notre développement économique.
Mais, dans le domaine agricole, qui touche le plus grand
nombre, nous sommes en retard par rapport à la puissance
mobilisatrice de nos mots d'ordre, et aussi par rapport à
la signification qui s'est attachée au lancement du premier
Plan Triennal en République de Guinée.
C'est donc dès maintenant que nous devons corriger
l'allure imprimée à notre développement, si nous voulons
être fidèles à nous -mêmes, et atteindre les buts que nous
nous étions assignés ».
Parmi les facteurs principaux, le Secrétaire Général
du P.D.G. insistait :
10 sur la faiblesse de certains secteurs ou services, qui
n'avaient pas aussitôt tiré les leçons des assises de la Confé
rence économique de Kankan, compromettant ainsi le
démarrage immédiat des opérations du Plan .
20 sur la sous - estimation de leur propre action par
certains départements, et la surestimation corrélative de
l'action des experts livrés à eux -mêmes, comme seuls réali
sateurs du Plan .
30 sur la confusion entre le budget du Plan et les
autres budgets servant au fonctionnement régulier de ce
qui existe déjà.
4 ° sur le manque de décentralisation des actions du
Plan ; il donnait les exemples de l'artisanat et de la
coopération.
5° sur la nécessité d'établir le coût de toute opération
avant de l'entreprendre.
C'est alors que le Gouvernement ordonnait à tous les
départements de considérer désormais 3 éléments essen
tiels dans chaque comptabilité des actions.
61
a) tout ce qui concourt à la réalisation directe et qui
en fait partie intégrante.
b ) l'ensemble des salaires, les frais généraux, ainsi
que les dépenses diverses de matériel.
c) ce qui est partiellement intégré au travail et qui
doit être, en fin de chantier, réévalué pour définir le coût
définitif de l'opération .
En guise de conclusion à ces premières constations, le
Secrétaire Général du PDG faisait des recommandations
impératives dont les têtes de chapitre sont les suivantes :
1º Assurer un contrôle permanent des tâches dans le
cadre des attributions de chaque Département.
20 Assurer une gestion correcte des crédits du Plan
qui, en aucun cas ne doivent être deviés de leur destination .
30 Décentraliser les tâches au niveau de chaque Dé
partement, pour que chaque action dépende au moins d'un
cadre, qui en assume personnellement la responsabilité de
l'exécution .

40 Organiser rationnellement le travail.


5° Entreprendre la modernisation de notre agriculture
et l'amélioration des conditions de travail du paysannat.
6° Exiger la rentabilité de nos opérations à caractère
économique.
70 Faire des opérations du Plan des unités économi
ques intégrées et distinctes.
Voici donc la mise en garde dont faisait l'objet, à mi
course, notre premier Plan Triennal. La course s'est ache
vée apportant les résultats que l'on sait déjà. L'avertisse
ment a - t-il porté et la trajectoire a - t -elle été rectifiée ? Pas
entièrement.
62
1

1° Critiques des méthodes de conception


Du fait de l'urgence, et du grand nombre de
problèmes à résoudre en même temps, le Parti et le
Gouvernement se sont trouvés en 1960 devant l'alternative
suivante :

Ou bien emprunter une voie normale, c'est - à - dire


entreprendre toute une série d'investigations et, sur la base
des renseignements réunis, bâtir le Plan . L'approbation de
ce Plan équivaudrait à admettre un ensemble de projets à
réaliser.. Cette méthode suppose évidemment que les condi
tions d'existence d'une économie planifiée soient remplies.
Or, à cette époque, si l'indépendance politique était chose
acquise, l'indépendance économique restait à conquérir, et
le Plan en était l'instrument indispensable.
Choisir cette voie était retarder la mise en application
d'un certain nombre de mesures d'urgence et de sauvegar
de. C'était aussi vouloir se servir d'un outil, sans en

connaître le maniement, et supposer comme déjà défrichée


une voie que cet outil seul pouvait nous frayer.

Ou bien inscrire en priorité des objectifs à atteindre,


dans la réorganisation des structures de la Nation . La Con
férence de Kankan a alors dressé, choisissant cette seconde
branche de l'alternative, une liste d'opérations dans leurs
grandes lignes.
De cet état de fait, découlaient évidemment et inévi
tablement des imperfections, que nous n'étions pas àà même
de déceler en détail même si nous en devinions l'existence
par le seul raisonnement.

2° Critiques de l'Organe
Le Ministère du Plan a été mis en place par un texte
organique irréprochable, mais son fonctionnement s'est
heurté, il faut l'avouer, à de nombreuses difficultés.

63
30 Des moyens de conception
Pour pouvoir planifier un développement économique,
il faut connaître l'état de toutes les données qui sont en jeu
dans le mécanisme de l'économie nationale :
La production
La consommation
Le revenu national
L'accumulation nationale
Les données démographiques etc...
Un service de la statistique bien outillé peut seul four
nir toutes ces données.
Tout étant besoin , et besoin urgent dans un pays non déve
loppé, il faut toutefois admettre un ordre de priorité dans
ces urgences, et ceci ne peut être fait que d'un commun
accord entre tous les départements intéressés à la bonne
réalisation des actions du Plan .
Ce perfectionnement portera sur le contrôle et la coor
dination .

Le Ministère d'Etat contrôlera étroitement l'exécution


financière.
Il n'y aura plus possibilité de glissement d'actions, plus
d'engagement de dépenses extérieures, sans délégation
expresse notifiée par le Plan .
Sa comptabilité sera réorganisée. La fusion des deux
Ministères : Finances et Plan , a permis de supprimer une
dualité anormale. Un seul service de comptabilité subsiste
à présent au niveau du Plan et qui assure :
Le contrôle des ressources extérieures
Le contrôle et le recouvrement des ressources inté
rieures

La délégation et l'engagement des dépenses pour


chaque Action .
64
Enfin , le Ministère des Finances et du Plan demeurera
le coordinateur nécessaire de toutes les actions, mais aban
donnera la technicité des actions particulières aux Dépar
tements intéressés, se réservant un rôle de contrôle finan
cier, d'autant plus strict qu'une autonomie d'exécution dans
le détail leur sera accordée de la manière la plus large.
Les normes, dont l'établissement est poursuivi avec
tenacité par le Parti et le Gouvernement depuis longtemps,
sont à peu près établies aujourd'hui. Dans les coopératives
du Bâtiment, elles sont appliquées assez largement, mais
elles doivent être étendues à tout le secteur embrassé par
le Plan Septennal :
les salaires
la main -d'ouvre
les entreprises d'Etat
et la formation professionnelle, doivent être
planifiés. Une mystique du travail doit être créée et entre
tenue,

2° Le Plan Septennal doit être réalisable à 100%


Nous avons vu que le Plan Triennal a été élaboré
selon une méthode empirique que les événements comman
daient d'utiliser. Cette méthode doit être désormais aban
donnée .
Les conditions économiques ont en effet changé, grâce
à notre premier Plan . Nous abordons maintenant la phase
de l'indépendance économique.
a ) Nous devons établir et respecter pour toute la durée
d'exécution du Plan , une hiérarchie des secteurs à dévelop
per.
b ) Nous devons savoir nous restreindre, en nous disant
qu'il nous est impossible de réaliser en même temps tout
ce que nous voudrions faire. «Qui trop embrasse mal
étreint » ! Sans être trop modestes, fixons -nous des objec
65
tifs précis, et déployons tous nos efforts pour les atteindre,
avant ou en tous cas, dans les délais prévus.
c) Une étude approfondie des actions doit être établie
avant le début de toute opération . Le coût réel, compte
tenu des trois facteurs déterminés plus haut, doit être con
nu avant que le moindre travail ne soit entamé.
d ) Chaque action doit être couverte par des ressources
précises et suffisantes, et sa poursuite dans l'avenir ne doit
pas être laissée au hasard
3) Politique d'austérité
Nous devons pratiquer dès maintenant, une politique
d'austérité financière absolue, en nous basant sur le raison
nement suivant :
Le développement de la Nation doit être inscrit
dans le Plan . Toutes nos ressources extraordinaires, tout ce
que nous pourrons obtenir immédiatement, et que peut être
nos enfants seront seuls à pouvoir rembourser, doit y être
inscrit. Le budget général de la Nation ne doit servir qu'à
couvrir nos besoins immédiats. L'accumulation nationale
doit être planifiée afin d'être rentable pour nous, et pour
les générations futures.
Nous n'avons pas le droit désormais de gaspiller des
ressources budgétaires, dont nous sommes comptables de
vant le peuple de Guinée qui ne nous a jamais marchandé
sa confiance.

Comme on a pu le constater, notre premier plan , le


plan de transition , nous a laissé des acquis dont nous avons
lieu d'être fiers. Par lui, nous avons détruit les bases de
l'économie coloniale .

Les imperfections de notre Plan Triennal, connues de


nous dès 1962, vont nous aider à faire du Plan Septennal
un instrument plus perfectionné et plus facile à utiliser
66
Notre engagement politique nous commande, après
l'avoir mis sur pied, de l'utiliser à plein rendement, et de
surveiller avec une vigilance accrue, toute déviation qui
pourrait se produire. Il ne s'agit pas, cette fois, d'être em
porté par le courant, et de ne redresser les erreurs qu'après
l'accomplissement du Plan . La durée du Plan rendrait
catastrophique une telle pratique.
Chaque erreur éventuelle, chaque déviation devra
être signalée immédiatement, et immédiatement redressée.
Forts des principes révolutionnaires du P.D.G., des as
pirations légitimes du peuple, de l'expérience acquise et de
nos perspectives d'avenir, nous avons fait en sorte que le
Plan Septennal, conçu dans ces nouvelles perspectives et
surveillé étroitement dans son application, accélèrera le
processus de l'indépendance économique de notre Répu
que pour le plus grand bien de notre peuple laborieux et de
toute l'Afrique.
Nous avons enregistré de réelles victoires dans des
secteurs nombreux et variés ; mais des difficultés, des
insuffisances, des lacunes subsistent encore.
Mais notre peuple, guidé par notre grand parti, a su
et saura chaque fois que de besoin se fait sentir, analyser pu
bliquement ses insuffisances, découvrir et résoudre les dif
ficultés et les obstacles rencontrés au cours de cette longue
et difficile « Marche du développement économique et
social.

Les trois rapports présentés au nom du BPN et adop


tés par le 8e Congrès du P.D.G. en font foi et le démontrent
éloquemment. Les réformes qui en découlent, notamment
la réorganisation gouvernementale, la campagne agricole,
la campagne d'alphabétisation et autres, augurent déjà une
nouvelle étape pleine de promesse pour le plus grand bien
de notre Peuple, de l'Afrique et de l'Humanité tout entière.
67
LA MONNAIE GUINEENNE
Dans ce chapitre, nous verrons successivement :
La monnaie guinéenne ;
Les structures et opérations bancaires ;
La Banque Centrale de la République de Guinée ;
- Le Crédit National pour le Commerce, l'Industrie et
l'Habitat

La Banque Guinéenne du Commerce Extérieur


La Banque Nationale de Développement Agricole
La Société Nationale d'Assurances
La Bourse de Diamant
-
La Coopération monétaire internationale.
La monnaie guinéenne a été créée le 1er Mars 1960.
Cette création a été un acte de courage et en même temps
un acte de raison . Acte de courage parce que la République
de Guinée a été ainsi le premier Etat libéré du Colonia
lisme, à créer une monnaie indépendante, sans la
garantie et sans la bénédiction du colonisateur. Acte de
raison parce que le 1er Mars 1960, l'économie guinéen
ne avait la stature nécessaire pour soutenir valablement
une monnaie. Acte de raison aussi, parce que cette créa
tion nous évitait l'étouffement, que le colonisateur évince
nous préparait méticuleusement, par les moyens moné
taires et de crédit assurant la vie économique du pays.
Cette création a été donc l'affirmation de notre volonté
d'indépendance et elle a contribué à la consolidation de
cette indépendance.
Pour connaître une monnaie, il faut la suivre dans
sa définition et sa couverture .
La monnaie guinéenne se définit par rapport à l'or.
1 FG = 0,0036 g d'or fin. C'est cette définition qui consa
cre son indépendance.
68
Il y a des monnaies qui sont définies par rapport à
d'autres monnaies, par exemple : le franc CFA et le franc
CFP. Ce sont des monnaies satellites, qui suivent le sort
de la monnaie principale, en l'occurence le franc français,
pour le bien et pour le pire. En tout état de cause, les
Etats concernés sont soumis à toutes sortes de restric
tions dans leurs entreprises commerciales et dans leurs
projets d'investissement, donc dans l'exercice même des
attributs de leur souveraineté.
Notre position de monnaie indépendante présente
des avantages, en ce sens que nous sommes libres de tou
tes nos relations internationales en matière monétaire,
que nous disposons de la totalité des devises que nous
rapportent nos échanges, et que nous pouvons entrepren
dre librement des investissements en signant tels accords
et conventions, que nous jugeons de nous -mêmes néces
saires.

Le dynamisme de cette indépendance monétaire, est


le même que celui qui s'attache à toute indépendance
véritable, et pour lequel le Peuple de Guinée a opté en
votant NON le 28 Septembre 1958 , c'est- à -dire, pour la
voie de l'effort qui fait que nous devons assurer, nous
mêmes, l'équilibre de notre balance des paiements, sans
le concours de personne. Cet effort est fait pour nous
plaire, car cette obligation d'équilibrer notre balance des
paiements nous arme encore plus pour la gestion de nos
propres affaires, et nous permet d'être davantage cons
cients de nos possibilités et de nos responsabilités.
Pour assurer cet équilibre, nous avons deux moyens:
le premier, augmenter la production nationale, le second
diminuer la consommation des biens importés. Augmenter
la production implique la mise en oeuvre d'investissements
nouveaux , dans le domaine de la grande industrie, comme
dans celui de la petite industrie, dans l'agriculture
comme dans les mines. C'est l'affaire de Plan de
développement, dont nous avons déjà parlé.
69
Diminuer la consommation des biens importés cor
respondrait et à un développement de la production
nationale des biens de consommation , et à l'élaboration
soignée et à l'application stricte d'un programme judi
cieux d'importation . C'est le rôle dévolu à la Commission
Economique Nationale, instituée auprès du Gouvernement.
Puisque la consommation ne peut être diminuée
indéfiniment, car il y a un minimum de compression que
l'on ne saurait dépasser sans remettre en cause le standing
de vie acquis, augmenter la production nationale reste
donc la seule voie du progrès.
Notre liberté de manoeuvre en matière monétaire
nous a permis d'entrer pleinement dans cette voie, en
entreprenant des investissements nombreux, rentables,
pleins d'avenir. C'est en ce sens que la création de la mon
naie guinéenne a été un élément dynamique de l'évolu
tion de la Nation .
La Monnaie Guinéenne, ainsi définie, repose sur une
couverture . Qu'entend-on par couverture de la Monnaie ?
Il y a d'abord la couverture classique qui consiste en
un dépôt d'or en lingots, dans les chambres fortes de la
Banque Centrale, un dépôt matériel. Il y a bien longtemps
ce dépot était destiné à assurer la convertibilité interne
de la monnaie , c'est -à -dire que tout citoyen pouvait ren
dre ses billets de banque, et se faire rembourser en or,
par l'institut d'Emission. A l'heure actuelle aucune mon
naie au monde ne possède la convertibilité intérieure.
Toutes les monnaies ont cours légal et cours forcé, et
aucun citoyen , d'aucun pays, n'est admis à rejeter sa
monnaie sur son territoire national.
Il y a d'autre part le moyen moderne de couverture,
qui consiste à rassembler une certaine masse de devises
et à les mettre en réserve dans des banques étrangères.
Ce moyen de couverture est actuellement utilisé par la
plupart des pays capitalistes.
70
Un troisième moyen de couverture est représenté
par les facilités dont un pays peut bénéficier auprès du
fonds Monétaire International.

Le rôle bien compris de toute couverture, est d'ins


pirer confiance à l'étranger,, qui traite des affaires
commerciales ou autres avec le pays intéressé, car c'est sur
la couverture que repose l'équilibre de la balance des
paiements.
En langage clair, le pays intéressé déclare ainsi qu'il
dispose de liquidités internationales, lui permettant de
faire face à ses engagements extérieurs. La disponibilité
d'une couverture permet de donner à une monnaie la
convertibilité extérieure totale ou partielle.
A l'heure actuelle, plusieurs pays ont pu , grâce à
leurs efforts personnels de développement économique,
donner ou rendre à leur monnaie la libre convertibilité
extérieure, par exemple : la France, l'Allemagne Fédérale,
les Pays- Bas, la Belgique, etc. Ces pays, étant des pays
riches, produisant presque tous les biens dont ils ont be
soin , ont pu le faire dès que leur économie est sortie du
sous-développement et du marasme de la guerre. Leurs
besoins d'importation , marchandises et services, sont
devenus minimes. Les mouvements des capitaux sont en
leur faveur. Dans des conditions aussi favorables, la con
vertibilité monétaire extérieure présente des avantages
énormes pour les monopoles capitalistes et pour les tra
fiquants internationaux. Elle donne aussi une grande
souplesse aux relations commerciales entre Etats, et per
met le développement du commerce international. Ni les
importations du pays, ni ses exportations, ni ses charges
financières n'ont besoin d'être connus à l'avance.
Tel n'est pas le cas, on le voit tout de suite, des pays
sous-développés en général, et singulièrement des
pays Africains.

71
Pour un pays comme la République de Guinée qui,
pour le moment exporte peu, importe presque la totalité
de ce qu'il lui faut pour vivre, y compris certaines denrées
alimentaires de première nécessité, telles que le sucre,
l'huile, la farine etc. qui, d'autre part, emploie de nom
breux experts étrangers dans la Fonction Publique, dans
le Commerce et l'Industrie, qui de plus, est grand impor
tateur de capitaux pour les investissements, la convertibilité
extérieure constituerait un danger mortel pour son
indépendance nationale.
Sous un tel régime, tous les postes énumérés ci-dessus
et bien d'autres encore, ne seraient pas contrôlés. Ainsi le
pays serait vidé systématiquement de sa substance et
d'une façon qui échapperait totalement aux autorités. Il
n'y aurait aucune possibilité de contrôle de l'Economie
Nationale .

En conséquence, la convertibilité extérieure parais


sant prématurée, notre monnaie reste, pour l'heure, une
monnaie intérieure.
Tous les engagements vis- à - vis de l'étranger sont
contrôlés à priori. Les autorités monétaires connaissent, à
tout moment, le montant de nos obligations vis -à - vis de
l'étranger. Dans ces conditions, la couverture de la mon
naie repose sur la production nationale, laquelle a la
charge de produire les devises nécessaires aux achats à
l'extérieur, et aux divers transferts.
La fonction assignée à la couverture monétaire étant
seulement, en dernière analyse, celle d'équilibrer la
balance des paiements, ici c'est la production nationale
entière qui assume cette fonction.
Dans cette situation, la condition nécessaire et suffi
sante pour que la monnaie reste une monnaie solide, est la
confiance des citoyens, cette confiance devant les inciter
à éviter volontairement toutes les voies de dégradation

72
de la Monnaie Nationale, à savoir : la spéculation, les
transferts frauduleux , l'évasion des capitaux, la consom
mation abusive de biens importés, et à mettre le travail
à l'honneur, pour une production nationale toujours plus
accrue .

Voilà le code de bonne conduite de chaque citoyen


guinéen . La confiance exigée a été obtenue, c'est pourquoi
la Monnaie Guinéenne a pu vivre, mais cette confiance
n'a pas pu être tout le temps entière dans d'autres pays
où les nationaux et les étrangers ont conservé des attaches
à l'extérieur.
C'est pour renforcer ce code moral que les caracté
ristiques de la monnaie guinéenne ont été fixées par la
Loi. Par la loi, cette monnaie ne peut être, ni exportée ni
importée. Elle ne peut être exportée, afin que l'exporta
tion des signes monétaires n'accroisse pas, d'une façon in
contrôlée, les charges extérieures de la Nation , car dès le
moment où une banque étrangère les accepterait, nous
serions obligés d'effectuer un remboursement en or ou en
idevise .
Elle ne peut être importée. Cette deuxième caractéris
tique rend la première effective, de plus, elle évite l'intro
duction de faux billets.

Mais certains Guinéens, nationaux et étrangers, ont


commis toutes sortes de fraudes et se sont livrés à toutes
sortes de trafics qui ont failli à un moment donné
affaiblir la Monnaie Nationale.
D'un autre point de vue, des sommes immenses de
devises étrangères ont été englouties dans les achats de
marchandises de toutes sortes, nécessaires ou pas
nécessaires, de luxe comme ordinaires, à des quan
| tités ne correspondant pas aux besoins réels. Tout
un monde de trafiquants faisaient fuir les marchandises im
portées à la recherche, soit d'un placement extérieur jugé
73
plus sûr, soit d'un super bénéfice, soit encore pour satis
faire à un besoin de transfert. Ces mêmes trafiquants, dans
le même but, exportaient les biens de la production locale,
les soustrayant ainsi à la consommation nationale.
Après avoir brossé le tableau ci-dessus, chaque Guinéen
a le devoir de travailler à neutraliser les trafiquants, qui
nous ont fait tant de mal.
Avant de passer au chapitre suivant, je résume ce qui
vient d'être dit, sur notre Monnaie Nationale.
Elle se définit par rapport à l'Or ;
-
Elle ne peut être importée, ni exportée ;
C
Elle est couverte par notre production nationale.
Telles sont les caractéristiques qui méritent d'être
retenues.
Nous allons étudier maintenant les organismes char
gés de la gestion de cette monnaie .
STRUCTURE ET OPERATIONS BANCAIRES
Les Banques exerçant en République de Guinée, à
l'heure actuelle, sont toutes des Banques Nationales à capi
taux d'Etat. Ce sont : la Banque Centrale de la Républi
que de Guinée, qui est en même temps l'Institut d'Emis
sion, et trois Banques spécialisées : le Crédit National pour
le Commerce, l'Industrie et l'Habitat, la Banque Guiné
enne du Commerce Extérieur (BGCE ), la Banque Nationale
du Développement Agricole (BNDA ).
A ce secteur bancaire proprement dit, sont rattachés
deux autres organismes à vocation similaire, à savoir la
Société Nationale d'Assurances (SNA), et la Bourse de
Diamant.
Nous allons passer en revue les attributions et le
fonctionnement de chacun de ces organismes, ce qui nous
permettra, en même temps, de décrire les opérations qu'ils
74
réalisent quotidiennement, par conséquent de toucher à
toutes les opérations de banque. Du même coup , nous
étudierons également pour chaque établissement, ses voies
et moyens, c'est -à -dire, la manière dont sont réunies
ses ressources, les emplois qu'il en fait et la manière dont
il les effectue, car je dois dire tout de suite que les banques
ne disposent pas de moyens illimités. Elles font tourner les
ressources qu'elles collectent. L'Institut d'Emission , lui
même est limité par les règles rigides de l'émission moné
taire, lesquelles doivent être absolument respectées, afin
que la monnaie garde sa valeur d'échange, et ne soit pas
dégradée par l'inflation.
LA BANQUE CENTRALE DE LA REPUBLIQUE
DE GUINEE
Comme Institut d'Emission , la Banque Centrale de
la République de Guinée a, comme rôle majeur, le privi
lège de l'émission de la Monnaie Guinéenne. Elle exerce
pour le compte de l'Etat, ce privilège exclusif d'émettre
sur le territoire national, des billets de banque au por
teur et des pièces et monnaies métalliques.
Les billets et monnaies émis par la BCRG ont seuls
cours légal, à l'exclusion de tous autres billets de monnaies.
Comme corollaire de cette fonction principale, la
BCRG a pour mission générale d'exercer le contrôle de la
circulation judiciaire et la distribution du crédit. Elle con
tribue à la politique économique de l'Etat. Elle est consultée
par le Gouvernement, pour toutes les matières susceptibles
d'affecter l'exercice de ses prérogatives et ses fonctions,
telles qu'elles sont définies par ses statuts. Elle peut pro
poser au Gouvernement des mesures de nature à exercer
une action favorable sur la balance des comptes, le mouve
ment des prix, la situation des finances publiques et, d'une
manière générale, le développement de l'Economie Natio
nale et la stabilité monétaire. Elle collabore à l'établissement

7.5
des plans d'Etat, et élabore les plans monétaires et finan
ciers, ainsi que les plans de crédit et de trésorerie.
Comme corollaire aussi de sa fonction principale, la
BCRG a le monopole des opérations sur l'or, sur les pierres
précieuses et sur les devises étrangères.
Pour la surveillance des mouvements de devises, la
BCRG comporte en son sein, la Direction de l'Office des
changes, chargée de superviser toutes les opérations exté
rieures de la République de Guinée.
La BCRG est chargée de veiller à l'application des
dispositions légales et réglementaires relatives à l'exercice
de la profession bancaire et à l'organisation du marché
financier et du marché monétaire. Elle est partie aux négo
ciations des accords de paiement et accords financiers à
l'étranger. Elle est chargée également de l'exécution de ces
accords, et de la tenue de la comptabilité y relative. Elle est
la Banque des Banques. A ce titre, elle ouvre aux Banques
spécialisées, des comptes de réescompte et c'est par ce
moyen qu'elle met à leur disposition les fonds nécessaires
à leurs opérations.
Bien que traditionnellement, une Banque Centrale ne
doit pas recevoir des dépôts, pour une meilleure réparti
tion des tâches, la BCRG reçoit les dépôts de certaines col
lectivités publiques.
Les règles qui président à l'émission de la Monnaie
découlent du principe suivant :
Le Crédit d'une Banque Centrale est, en principe ex
clusivement du crédit à court terme. Il faut donc poser
comme principe que la BCRG ne peut faire que du crédit
à court terme. Elle doit mettre à la disposition de l'écono
mie, des moyens de paiement, et non des moyens de crédit.
En réescomptant un effet commercial, ou en accor
dant une avance à court terme destinée à des fins commer
ciales, la Banque d'Emission met en circulation un pouvoir
76
d'achat, qui lui fera retour au moment où l'effet sera payé,
ou l'avance remboursée. La Banque d'Emission aura mis
ainsi en circulation, à titre temporaire, un pouvoir d'achat
qui a comme contrepartie, un marché ou une opération
commerciale. Elle aura permis, ou facilité cette opération
et une fois celle -ci dénouée, la Banque d'Emission rentre
en possession de la monnaie qu'elle avait émise.
Cependant, dans un pays jeune comme le nôtre, dont
l'économie est en plein développement, et qui n'a pas un
marché de capitaux , la Banque d'Emission doit aider l'Etat
et l'Economie, à disposer de fonds dans une certaine me
sure. C'est pourquoi la BCRG accepte au réescompte
certains effets, à moyen ou long terme, jusqu'à un certain
pourcentage de ses engagements à vue.
Cette tolérance sera suivie jusqu'au moment où le
marché des capitaux sera en mesure de prendre la relève.
D'ailleurs, nous nous attachons à ce que les crédits ainsi
ouverts soient couverts par nos réserves.
D'autre part, la BCRG peut faire, en début d'exercice,
des avances au budget général jusqu'à concurrence de
10% des recettes ordinaires de ce budget.
En dehors des règles ci-dessus rappelées, toute émis
sion de monnaie sera une émission inflationniste.
Tenant compte des directives du Gouvernement pour
l'octroi du crédit, la BCRG insiste sur la nécessité d'exa
miner les demandes de crédit, sous l'angle des critères de
l'utilité économique et de la rentabilité.
Dans une économie en plein développement, mais
manquant de capitaux, il faut que les banques réservent
leurs possibilités de crédit à des opérations productives. Le
crédit à la consommation doit être l'exception.
Financer la construction d'un atelier, l'achat de ma
chine, des travaux d'amélioration , c'est faire une politique
économique. Favoriser l'achat d'une voiture automobile
77
à une personne qui n'en a pas besoin pour son travail, pla
cer des fonds à la disposition d'une personne pour l'impor
tation des produits non indispensables et ne se justufiant
pas, constitue une erreur .

LE CREDIT NATIONAL POUR LE COMMERCE


L'INDUSTRIE ET L'HABITAT

Le Crédit National est la Banque Intérieure de la


République de Guinée. Elle est une Banque de dépôts, au
sens classique du terme, elle a pour mission générale de
susciter l'épargne, de collecter cette épargne et de l'em
ployer pour les besoins de l'activité économique. Elle
reçoit des dépôts à court terme, des dépôts à moyen terme,
des dépots à long terme et les emploie dans les différentes
opérations de crédit pour le Commerce, pour l'Industrie et
pour l'Habitat, etc...
Si elle reçoit des dépôts à court terme, elle ne peut
faire que des crédits à court terme. C'est une règle ban
caire très stricte. Elle ne peut faire des crédits à long ter
me que dans le cas où elle constitue préalablement les res
sources nécessaires, soit par des emprunts, soit par les dé
pôts à terme, soit par accumulation de ses bénéfices.
D'autre part, elle peut faire des crédits à moyen et long
termes, pour les sommes dont la Banque Centrale de la
République de Guinée lui assure le réescompte.
Le Crédit National a un rôle très étendu et très pro
fond, susceptible d'avoir une incidence marquée dans le
développement de la Nation . C'est pourquoi elle a ouvert
des succursales dans tous les Chefs - lieux des Régions Ad
ministraves. C'est elle qui a pris la place des cinq banques
françaises qui exerçaient en République de Guinée anté
rieurement au 22 Août 1960, date à laquelle, il faut le rap
peler, elles ont été fermées par la suite de la non observa
tion des dispositions sur les réserves bancaires.

78
C'est pour remplir correctement la mission qui lui est
dévolue que le Crédit National fait tous les efforts pour
recueillir le maximum de dépôts et susciter l'épargne natio
nale . L'épargne non déposée à la Banque, l'épargne
thésauriée devient un bien stérilisé, improduetif,
volontairement retiré du circuit national.
Le Crédit National veille par conséquent, d'une ma
nière stricte, à ce que l'emploi de l'argent soit réduit au
minimum . C'est pourquoi il exige l'emploi du chèque ou
du virement, pour les Entreprises d'Etat, les Administra
tions, les Sociétés et les commerçants. Les règlement
s'exécutent ainsi par simple jeu d'écriture. Seules les dé
penses courantes devraient être payées en espèces.
Le Crédit National se ramifiera encore, si besoin est,
afin de mettre la banque à la portée de tous à l'effet de
recueillir le maximum de l'Epargne Nationale, de susciter
cette épargne, d'éviter la thésaurisation . A cet effet, je
rapellerai que le Secrétaire Général du PDG , se plaît à
dire, à juste raison , que les trois pôles sur lesquels repose
toute monnaie sont :
1° La confiance ;
20 La production ;
3º L'épargne.
Cette trilogie s'applique, on ne peut mieux, à la mon
naie guinéenne. En conséquence, on doit souligner d'une
façon particulière, la nécessité de susciter l'épargne
parmi les citoyens qui, de ce fait, doivent éviter les
dépenses superflues, les dépenses de luxe, pour mettre de
côté, temporairement, une certaine partie de leur pouvoir
d'achat. Ce pouvoir d'achat réservé, non seulement sera
mis à contribution pour l'équipement du pays par les voies
indiquées ci-dessus, mais encore il contribuera à l'assainis
sement financier mettant ainsi fin à toute inflation .

79
LA BANQUE GUINEENNE DU COMMERCE
EXTERIEUR

Par délégation de la Banque Centrale de la Républi


que de Guinée, la Banque Guinéenne du Commerce
Extérieur, exécute les opérations financières de la Répu
blique à l'étranger. A ce titre, elle réalise toutes les opéra
tions commerciales d'encaissement et de paiement en
devises. Elle exécute tous les transferts. Elle tient la comp
tabilité des accords de paiement, des accords de clearing et
des accords à long terme passés par le Gouvernement avec
l'étranger.
La BGCE, pour remplir cette délégation de la Banque
Centrale, entretient des relations suivies avec des corres
pondants dans les pays du monde entier. Elle contracte
parfois des crédits à court terme, auprès de ses correspon
dants, ainsi que ses statuts l'y autorisent, pour faciliter le
déroulement de ses opérations. Mais la BGCE règle la
quasi totalité de ses opérations au comptant, ce qui rend
sa trésorerie très difficile par moments.
C'est l'occasion ici de dire un mot du commerce inter
national. Les opérations d'importation et d'exportation,
qui se dénouent par la Banque Guinéenne du Commerce
Extérieur, s'exécutent conformément aux règles et usages
édictés sous le couvert de la Chambre de Commerce Inter
nationale et qui fait la Loi des parties en matière d'échan
ges internationaux .
C'est l'occasion aussi de parler de notre balance des
paiements. D'abord sa définition : c'est le relevé de l'en
semble des recettes et des dépenses en devises étrangères
de la Nation .
Notre balance reste fortement déficitaire, en raison
principalement des importations des biens d'investisse
ment et d'équipement. C'est d'ailleurs le cas général des
pays sous -développés.
80
LA BANQUE NATIONALE DU DEVELOPPEMENT
AGRICOLE

La BNDA, comme son nom l'indique, est une banque


préposée à l'investissement à long terme en matière agri
cole. Pour ce faire, elle reçoit les fonds provenant de l'ac
cumulation nationale, par l'intermédiaire du budget natio
nal et du budget du Plan , ainsi que des prêts de l'étranger.
Ces sommes sont distribuées, selon les règles et usages
bancaires, en matière de crédit.
Cette Banque a une tâche très difficile, tâche consis
tant à poursuivre le développement de ce qui doit être
développé, c'est - à - dire l'Agriculture, qui occupe 85 %
des citoyens guinéens, mais qui se développe très lente
ment, malgré les moyens qu'on peut y mettre, car le déve
loppement de l'agriculture ne peut être bousculé.
La Banque Nationale du Développement Agricole
exerce ses activités aussi comme banque de dépôts des
agriculteurs, des offices agricoles et des coopératives agri
coles.

Par le réescompte de la Banque Centrale, elle assure


également le financement de la Commercialisation des
produits du cru à l'intérieur de la République. Rappelons
que cette commercialisation est faite exclusivement par
des organismes d'Etat.
Dans cette perspective, la BNDA agira par l'entre
mise des succursales du Crédit National, lesquelles auront
la tâche très délicate de débloquer les fonds aux Offices
de Commercialisation (OCA ) qui auront souscrit des con
trats de livraison des produits, et la tâche non moins déli
cate, de suivre le mouvement de ces produits, afin que des
détournements ou des malversations n'aient pas lieu à son
désavantage.
81
LA SOCIETE NATIONALE D'ASSURANCES

Cette société a le monopole des assurances en Répu


blique de Guinée. Elle a une très lourde charge à l'heure
actuelle. Elle assure tous les mouvements de marchandi
ses , à l'exportation comme à l'importation . Elle assure la
flotte d'AIR -GUINEE et en partie la Compagnie Fria, etc.
Pour tous les risques, dont certains peuvent dépasser ses
capacités financières, elle est obligée de souscrire des réas
surances, en devises auprès des grandes compagnies étran
gères. Ce système de réassurance permet de répartir les
risques. En cas de sinistres, la réassurance supporte un
pourcentage très élevé.
Vu l'importance des affaires, cette réassurance est
devenue obligatoire pour nous. Nous travaillons à lui céder
une part encore plus forte des risques, notamment tous
ceux qui comportent des engagements en devises.
Pour ses interventions à l'intérieur de la Guinée, la
SNA a des agences à LABE, KANKAN ,, N'ZEREKORE,
KINDIA , KISSIDOUGOU. Ainsi, elle couvre tout le terri
toire national.

LA BOURSE DU DIAMANT

La Bourse du Diamant, détient le monopole de la


commercialisation du diamant en République de Guinée.
Pour participer aux opérations de la Bourse du Dia
mant, il est nécessaire que les acheteurs déposent une cau
tion en devises auprès de la BCRG . Le Directeur de la
Bourse fixe les dates des ventes, et compose les lots mis en
vente. Il suit les offres que les mineurs particuliers font
à la Bourse. Tout lot de diamant, ou toute pierre isolée,
est vendu aux enchères avec la participation de tous les
acheteurs qui se sont déclarés. L'adjudication a lieu au
plus offrant et dernier enchérisseurs. La valeur retenue est
payée en devises étrangères et au comptant.

82
L'expédition du diamant, à l'adresse voulue par
l'acheteur se fait par l'entremise exclusive de la Banque
Centrale de la République de Guinée.
Voilà décrite, la structure bancaire de la République
de Guinée et de ses organismes affiliés.
J'ai dit, en commençant ce chapitre, que tous ces
établissements sont à capitaux d'Etat. Mais rien ne s'op
pose à ce que des Banques privées viennent s'installer en
République de Guinée, sous des conditions à débattre dans
le cadre de la législation guinéenne actuellement en
vigueur. Je décevrais certainement les lecteurs si je ter
minais ce chapitre relatif à la structure et aux opérations
bancaires, sans citer quelques chiffres de base de nos acti
vités dans ce domaine.
Les voici au 30 Septembre 1967
Les billets et monnaies en circulation en République
de Guinée s'élèvent à 16 Milliards de francs guinéens.
Les crédits et avances en cours sont de 50 Milliards
de FG dont :
Crédits à moyen et long termes ... 11 Milliards
Crédits à court terme 39 Milliards
La Société Nationale d'Assurances a enregistré les
chiffres suivants pendant l'année 1967.
Production 311 Millions
2 Auto 277 Millions
Incendie 12 Millions
- Maritime 15 Millions
Divers 7 Millions
Sinistres 78 Millions
Les organismes bancaires de la République de Gui
née, et assimilés, emploient à l'heure actuelle environ
1053 Agents.

83
L'organisation existante date du 1er Juillet 1961 ,
date de création des Banques spécialisées. Auparavant,
il y avait une seule Banque, la BRG , vraiment universelle,
puisqu'elle réalisait seule toutes les opérations de banques,
y compris l'émission des billets.
L'organisation actuelle donne satisfaction aux exi
gences de notre situation . Elle fonctionne bien , et fonction
nera encore mieux quand les agents et les cadres auront
acquis une meilleure formation et plus d'expérience. Mais,
le problème du personnel et des cadres n'est pas parti
culier au secteur bancaire, c'est pourquoi nous envoyons
des stagiaires un peu partout, suivre des cours de forma
tion accélérée, pour compléter la formation sur le tas,
assurée au niveau de la BCRG où fonctionne une école
technique spéciale.
Le problème monétaire proprement dit est, lui, un
problème beaucoup plus vaste . Toute amélioration moné
taire est conditionnée tout d'abord par la réforme de nos
structures commerciales et économiques. C'est en cela pré
cisément que la Loi Cadre du 8 Novembre 1964 a été un
élément décisif dans la protection de notre monnaie.
Sur le plan externe, nous sommes entrés dans la pha
se active de la coopération monétaire internationale .
LA COOPERATION MONETAIRE INTERNATIONALE

Le 28 Septembre 1963, date anniversaire de notre


indépendance, la République de Guinée adhérait aux or
ganismes financiers de Bretton Woods, à savoir le Fonds
Monétaire International (FMI), et la Banque Internatio
nale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD).
Nous avons également ratifié les statuts de la Banque
Africaine de Développement (BAD) et participé à sa cons
titution le 7 Novembre 1964 à LAGOS.

84
Après notre adhésion au Fonds Monétaire Interna
tional, la première formalité accomplie a été de faire re
connaître, par les autorités du Fonds, la parité de notre
monnaie . A cet effet, une mission a rendu visite à la Gui
née, pour juger de notre potentiel et de notre situation
économique. La parité de notre monnaie est égale à celle
du francs CFA, ayant cours dans les Etats voisins. Aucune
difficulté n'a pu surgir, pour la reconnaissance de cette
parité, soit 1 dollar égale 246,853 francs guinéens.
Une deuxième formalité a consisté à faire connaître
officiellement, les restrictions de change que nous enten
dons maintenir à partir de notre adhésion .
Ces deux formalités ayant été accomplies, nous som
mes autorisés à utiliser les ressources du Fonds Monétaire
International, conformément à ses statuts, pour équilibrer
notre balance des paiements, si nous en éprouvions le be
soin. Ces utilisations seront limitées évidemment par notre
quota. Nous n'avons pas encore usé de ce droit.
Parallèlement à son aide matérielle, le Fonds Moné
taire International intervient par les conseils et les ensei
gnements qu'il prodigue, ainsi que par l'assistance techni
que, pour aider, sur leur demande, les pays à redresser
leur situation monétaire et à stabiliser leur monnaie.
Le Fonds Monétaire vise à développer le commerce
international, pour une coopération douce, à l'échelon
international.
Adhérer au Fonds, c'est en soi, une déclaration de
principe, c'est l'adhésion à un code international dans le
domaine monétaire .
Cette adhésion comporte aussi une profonde réper
cussion morale ; elle est bénéfique aux affaires et aux in
vestissements, nos partenaires nous voyant engagés sur la
voie qu'ils connaissent et qu'ils suivent.
Quant à la BIRD, elle intervient directement, dans
l'économie de ses membres, par des prêts importants et à

85
long terme, destinés aux investissements les plus variés :
barrages, routes, ponts, chemins de fer, aménagements
agricoles, écoles, etc. Les dossiers de prêts, préparés sui
vant les règles de l'art, sont étudiés conformément aux
règles et usages bancaires. La BIRD peut participer, effec
tivement, aux grands projets d'industrialisation de la Ré
publique de Guinée.

LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT


Nous avons été partie aux pourparlers et négociations
qui ont conduit, au bout de deux années d'effort, à la créa
tion de la BAD à Khartoum (Soudan), le 4 Août 1963. Cette
>

Banque Internationale a pour but le financement des grands


travaux africains d'intérêt national ou multinational.
Telles sont les voies que nous nous sommes ouvertes
dans le domaine de la coopération monétaire internatio
nale.
D'autres seront envisagées, car nous sommes très ré
ceptifs à tout ce qui peut favoriser l'Unité Africaine et la
collaboration internationale . Nous sommes ouverts à
toutes les formes de collaboration en matière monétaire,
dans l'égalité et le respect entre les Etats.
Sur la base de l'indépendance et du respect mutuel,
nous pensons que la coopération monétaire est un bon
moyen pour rapprocher les hommes et les peuples, pour
abaisser les frontières artificielles, et faire en sorte que
toutes les richesses naturelles du sol et du sous -sol, soient
exploitées en commun , et réparties entre tous avec le
maximum d'équité.
Notre Monnaie ne sera pas régie efficacement, છેà coup
de lois et de règlements ...
Notre Monnaie enregistre les données d'une équation ,
ces données étant celles de l'économie nationale, prise dans
son entier. La Monnaie est une affaire du Peuple
lui-même.

86
Pour qu'elle soit forte, chacun, où qu'il se trouve, lui
doit ses soins particuliers et ses pensées les meilleures, en
restant fidèle militant de la Révolution Démocratique
Africaine.

CONTROLE FINANCIER

Nous allons maintenant étudier les buts, les moyens


et les méthodes du Département du Contrôle Financier,
institué le 1er Mars 1967, par le Gouvernement de la Ré
publique, en vue de l'assainissement de l'économie natio
nale, par une gestion exemplaire des Sociétés et Entrepri
ses d'Etat.
Nous verrons successivement :
-
Le fondement du contrôle
Les méthodes du contrôle
Les moyens de contrôle
.

Le contrôle budgétaire
C
Les missions des Inspecteurs et
- L'organisation pratique du Contrôle et ses diffé
rents ordres.

SENS DU CONTROLE
Dans un état de démocratie nationale comme le nôtre,
engagé en conséquence dans la voie du développement non
capitaliste, la gestion économique consiste à créer et à
maintenir l'harmonie entre les forces productives et les
rapports de production, au cours du déroulement du pro
cessus de reproduction . Dans ce contexte, la gestion ren
ferme la planification , l'organisation et le contrôle. L'or
ganisation porte sur la disposition des forces productives;
la planification et le contrôle, quant à eux , s'intéressent
aux rapports de production.
Ainsi, comme on le voit, le contrôle est objectivement
nécessaire dans toute entreprise humaine.

87
L'expérience des 14 mois de contrôle de la gestion des
sociétés et entreprises d'Etat, et des sociétés d'économie
mixte, a révélé des irrégularités, des erreurs, des malver
sations et des détournements. Loin de moi l'idée d'excu
ser ces anomalies, mais on peut affirmer qu'elles étaient
inévitables, dès lors que les organismes de contrôle étaient
inexistants ou défaillants, quels que soient les efforts or
ganisationnels consentis par ailleurs.
C'est pourquoi on doit se féliciter de l'institution d'un
contrôle général et systématique dont il était grand temps.
Pour la consolidation des structures socialistes de
notre Economie, décidée par le 8e Congrès du PDG , l'ac
tion du Contrôle Financier doit être renforcée et soutenue,
en tant qu'instrument efficace de gestion de cette Econo
mie, et pour traduire toujours mieux dans les faits, les ré
solutions du Parti, et les instructions du Gouvernement.
Les malversations avaient suffisamment duré. Le
Gouvernement a tenu à y mettre fin définitivement, et le
redressement nécessaire a été entrepris le 1er Mars 1967,
par la création du Ministère du Contrôle Financier.
Avant d'aller plus loin, je voudrais insister sur ce qui
est d'ailleurs connu de tout le monde, que le contrôle est une
nécessité dans toute entreprise humaine, et il est un besoin
universel, que ce soit du point de vue politique, adminis
tratif, financier, public ou privé!
Dans toute organisation sociale, il y a en effet un
mandant et un mandataire. Le mandant doit obligatoire
ment contrôler le mandataire. Par là, il s'assure que ses
directives sont suivies, il vérifie le bien fondé de ses con
ceptions et peu aussi, si besoin est, les modifier et les
adapter aux exigences. En contre -partie, pour le
mandataire, c'est la seule façon de prouver d'une manière
irréfutable, qu'il est digne de la confiance placée en lui.

88
C'est seulement après un contrôle qu'il peut être, à juste
titre, fier de lui-même, ayant justifié la confiance qu'un
tiers, public ou privé, a placé en lui.
C'est de cette conception, simple et logique en soi,
que découle l'adage populaire qui dit que «la confiance
n’exclut pas le contrôle » . Le Secrétaire Général du PDG
est allé plus loin et a dit mieux encore : La confiance
appelle le contrôle » .
Dès lors, il est facile de concevoir que toute cellule
sociale, qu'elle soit politique, administrative ou financière,
doit comporter les dispositions adéquates pour qu'un con
trôle s'exerce sur elle. Le contrôle peut être intérieur à
l'organisation : c'est le contrôle interne. Il peut lui être
extérieur et décidé par le mandant : c'est le contrôle
externe. Ces deux formes de contrôle ne sont pas antago
nistes, car l'une n'exclut pas l'autre. Si tout allait bien
dans cette cellule, le contrôle externe n'aurait comme rôle
que de s'assurer de la bonne marche du contrôle interne.
Ils se complètent d'une manière indispensable .
Le contrôle ne saurait donc être longtemps méconnu,
par qui que ce soit, en Répblique de Guinée. Mais il est
aussi nécessaire que la conception que l'on se fait généra
lement des inspections et des inspecteurs soit révisée, pour
leur reconnaître leur caractère constructif.
L'inspection n'est pas une descente de Police dans
les affaires de l'entreprise. Elle est tout, sauf cela .
A la création du Contrôle Financier, le Secrétaire
Général du PDG , au cours de la Conférence tenue aux
cadres de ce nouveau Département, le 8 Avril 1967, a
défini très clairement l'esprit nouveau qui doit être celui
des inspections. Il disait :
« L'inspection a pour but, avant tout, de parfaire le
fonctionnement de nos entreprises publiques, de contri
buer au perfectionnement professionnel des agents, de
rechercher les tendances générales que seul le contrôle
89
global permet de discerner, et de tirer de ces tendances,
toute leçon pouvant servir le Gouvernement à promouvoir
des réformes de structures, de nouvelles méthodes de tra
vail, en vue d'un meilleur fonctionnement des rouages de
l'Etat.

...Pour réussir dans sa mission , l'inspecteur, en se pré


sentant dans une entreprise, ne doit jamais oublier de se
nettre en état de rapports impersonnels avec les agents
le cette entreprise, directeurs et employés, les rapports
impersonnels étant vraiment les seuls rapports militants.
Il doit inciter le directeur à l'effort et lui indiquer
le sens de cet effort.
L'amélioration des conditions de fonctionnement
de nos unités de production passe nécessairement par la
formation des hommes chargés de ce fonctionnement.
L'inspection a pour but primordial, la formation des tra
vailleurs. Le directeur, les comptables, tous les autres tra
vailleurs doivent bénéficier de chaque inspection . S'agit
il du respect des heures de travail ? S'agit-il de l'utilisation
rationnelle des machines? S'agit-il des rapports humains
entre les travailleurs ? L'inspection, qui n'a pas de limites,
devra s'occuper de tous ces aspects. Toute indication pro
venant de l'appréciation des réalités et du climat de l'en
treprise, doit constituer pour l'inspecteur un devoir à
accomplir au profit du progrès de la Nation»,
Il découle de cette conception , que d'une manière
générale, inspecter, c'est constater, redresser, éduquer
et quelques fois seulement punir.
Mais par suite d'une déformation générale des esprits,
on avait tendance à ne plus voir que le côté répressif. Ce
pendant, depuis le 1er Mars 1967, beaucoup a été déjà
fait dans le sens voulu pour la correction de cette erreur
quasi collective, et il a été démontré que le Contrôle Finan
90
cier est, à la fois, un agent vérificateur pour la sauvegarde
du patrimoine national, et un expert pour la gestion de ce
patrimoine, en vue de sa meilleure fructification.

LES MOYENS DE CONTROLE

Après avoir démontré la nécessité du contrôle, et re


placé ses activités sous l'angle duquel il convient de les
voir, je vais aborder maintenant les moyens actuels dont
dispose le Contrôle Financier pour son action dans l'ac
complissement de sa mission. Il s'agit dans cet exposé,
plus spécialement des entreprises et sociétés d'Etat, mais,
en général les mêmes moyens seront efficaces pour toute
organisation , qu'elle soit financière, commerciale, admi
nistrative ou politique.

I. – Le respect des normes comptables


Toute entreprise doit tenir une coniptabilité dans la
quelle sont enregistrées, sans tâches ni ratures, toutes les
opérations de sa gestion (achats, ventes, encaissements,
etc.) C'est la Loi qui s'exprime ainsi.
Les louanges d'une comptabilité bien tenue, ne sont
plus à faire. C'est le tableau de bord du véhicule, c'est la
preuve d'une gestion honnête et impartiale, c'est la bous
sole qui montre la bonne direction aux hommes chargés
de prendre des décisions. Sans la comptabilité, qui saura
où il va ? Comment savoir si l'on gagne ou si l'on perd ?
Comment savoir si on vous vole ? De plus, les pouvoirs pu
blics ont fixé des règles immuables égales pour tous et
obligatoires, d'enregistrement des opérations , par un
document officiel appelé Plan Comptable National.
Cette harmonisation de la tenue de la comptabilité
est le premier moyen de contrôle que l'Etat a forgé et mis
à sa propre disposition et à celle des hommes d'affaires
entre eux .

91
La comptabilité est le soubassement sur lequel repo
se tout contrôle . Sans comptabilité, il n'y a pas de contrôle
possible , ni interne, ni externe. L'on comprend donc
toute l'utilité des actes officiels dans ce domaine, lesquels
ont créé des obligations assorties de sanctions extrême
ment sévères.

L'utilité d'un Plan Comptable National n'est plus à


démontrer. Tous les pays du monde ont maintenant cha
cun le sien .

Dès le 1er Janvier 1962 , l'Etat Guinéen a institué son


Plan Comptable Naticnal (PCN) par le Décret n° 477/PRG
du 29 Décembre 1961 .
Les dispositions de notre PCN sont applicables dans
toutes les Entreprises d'Etat, coopératives , sociétés mixtes,
sociétés privées, à caractère agricole, industriel ou com
mercial, exerçant leurs activités sur le territoire de la Ré
publique.
Le FCN disons-nous est un instrument de premier
ordre de la gestion économique, qui présente, et pour les
pouvoirs publics, et pour les hommes d'affaires, des avan
tages incontestables qui sont :
La tenue parfaite de la comptabilité, sous une for
me aisément exploitable ,
-
Le contrôle de la gestion,
élimination des fraudes fiscales,
L'élimination des vols et détournements,
La centralisation des résultats et
Les statistiques nationales.
Le Gouvernement tient à ce que le PCN soit respec
té dans toute sa rigueur . Il a donné à cet effet au Contrô
le Financier toutes les instructions et toute l'autorité né
cessaires. Depuis le 1er Mars 1967 , des résultats heureux
ont été enregistrés, mais il faut bien le dire, il reste encore
beaucoup à faire.
92
II. Le contrôle sur pièces
Périodiquement, à dates régulières, les entreprises
sont tenues de présenter un certain nombre de documents
sous forme d'états, de tableaux, de rapports. On appelle ces
documents, des pièces périodiques. Elles sont générale
ment établies à partir des données de la comptabilité de
l'entreprise.
L'autorité supérieure, par l'examen et l'analyse de
ces pièces périodiques, connaît l'activité et la situation des
entreprises.
Nous avons pris la précaution de n’exiger, au stade
actuel, que les pièces nécessaires : la balance et le bilan.
On doit se garder de demander des pièces sans utilité, pour
ne pas surcharger de besogne les agents d'exécution.
La Balance mensuelle : De la comptabilité générale
de l'entreprise, découle la Balance que l'on confectionne
à la fin de chaque mois.
La Balance doit - être remise, à l'autorité supérieure,
avant le 15 du mois suivant la période à laquelle elle se
rapporte.
Cette Balance est le document de contrôle n° 1 d'une
entreprise, lequel nous assure :
que la comptabilité est tenue au jour le jour,
- qu'elle est correctement tenue,
-- que le Chef comptable est à la hauteur de sa tâche,
que toutes les sections de l'entreprise sont régu
lières dans leur travail quotidien , y compris les
Secrétaires et
que la caisse est juste.
Car, si toutes ces conditions sont remplies, le dernier
jour du mois, il ne reste qu'un trait à tirer, une dernière
addition à faire, pour dactylographier la balance le lende
main.

93
Si la balance n'est pas produite, c'est que, forcément
l'une de ces conditions n'est pas remplie. Alors on peut
déduire, sans risque de se tromper, que « quelque chose ne
tourne pas rond dans l'entreprise». Il importe alors d'y
aller voir.
Par la balance, on contrôle donc, de près comme de
loin, toute la marche de l'entreprise, et tout le monde est
informé en temps utile, des bons résultats acquis ou des
déviations. En même temps, sur le plan national, elle per
met de dresser des statistiques générales et de déduire les
tendances de l'Economie Nationale.
Le Bilan : La seconde pièce périodique de base est le
bilan de l'entreprise. Celui-ci présente une importance
particulière, en ce sens qu'il a en plus, une valeur juridique .
Le Bilan est un document qui établit , annuellement,
la situation exacte de l'entreprise en faisant le recense
ment :
-

de tous les biens et espèces dont elle peut disposer


de toutes les dettes et obligations qu'elle a vis- à
vis des tiers et des pouvoirs publics,
et en déterminant le profit réalisé ou bénéfice.
Le Bilan est donc une situation annuelle de l'actif et
du passif. Il est d'autre part un document obligatoire au
regard de la Loi.
L'on entend souvent parler du dépôt de bilan, quand
l'entreprise est en difficulté financière. Ce dépôt signifie,
dresser l'actif et le passif de l'entreprise, pour faire con
naître sa situation réelle le jour dit.
Ce document, ayant une valeur légale, constitue tou
jours la base de l'opinion qu'on se fait d'une entreprise. Les
banques, les firmes étrangères, les personnes privées avec
lesquelles on est en relation , vous jugent à partir des
données de votre bilan .
L'on comprend donc toute l'importance attachée à ce
document, non seulement pour sa production dans les délais
94
impartis, mais avec toute la rigueur d'une exactitude ma
thématique. Le bilan doit être exact, sincère, et appuyé de
toutes exploitations permettant sa lecture et sa compré
hension . La remise du bilan au Gouvernement de la
République, dans le cas d'une entreprise d'Etat, est le
meilleur compte-rendu permettant de juger des activités de
la direction, de sa capacité et de sa valeur professionnelle.
De ce fait, un contrôle très sérieux, de la part des rouages
administratifs, doit suivre le dépôt du bilan . Effectivement,
c'est avec la plus grande munitie, qu'au Contrôle Financier,
les bilans des entreprises sont analysés et étudiés dans leurs
moindres détails. Les chiffres parlent, disent la situation de
l'entreprise, pour permettre de la juger, et d'en déduire son
évolution probable.
Le bilan est donc à la fois une pièce maîtresse du con
trôle, et une pièce maîtresse de l'économie nationale .
Les entreprises privées sont tenues de remettre leurs
bilans aux contributions diverses, pour contrôle et fixa
tion de leurs obligations fiscales.
L'obligation du bilan est une obligation universelle.
III. LE CONTROLE FINANCIER

Le Contrôle Financier s'est attaché à mettre en vi


gueur une autre formule d'organisation du travail et
d'amélioration de la méthode scientifique de gestion, par
l'institution du budget d'entreprise .
La méthode du contrôle budgétaire est généralement
d'une application interne à l'entreprise. Mais, s'agissant
d'entreprises publiques, elle est devenue, en ce qui nous
concerne, un mode de contrôle externe, en ce sens que l'exé
cution des Budgets d'entreprise est suivie, au jour le jour
par le département du Contrôle Financier.
Notre évolution relève simplement du souci d'harmo
niser la gestion financière des entreprises, dans le cadre de
95
la politique générale du Gouvernement, en matière de
salaires et d'équipement, etc.. C'est une exigence de la
anification générale.
C'est ainsi qu'il faut la comprendre.
Nous avons vu qu'un budget, selon la définition clas
sique en matière de finances publiques, c'est l'acte par
lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépen
ses annuelles de l'Etat .

Le budget d'une entreprise répond à la même défini


tion mais, plus encore, le budget de l'entreprise est le pro
gramme entier de l'action de l'entreprise pendant une
période donnée et, à ce titre, il se rapproche davantage de
la définition d'un plan, que celle d'un budget classique.
C'est donc, à juste titre que, suivant en cela les instrutions
du Gouvernement, le Contrôle Financier insiste tout par
ticulièrement auprès des entreprises pour que la confec
tion et la réalisation de leurs budgets soient leur souci pri
mordial.

Par ce moyen, toutes les activités de l'entreprise sont


programmées à l'avance. Le directeur détient un instru
ment de travail et de gestion sans pareil, qu'il confronte
tous les jours avec les réalités quotidiennes . Son activité
de direction se résume dès lors, dans l'analyse des écarts.
Chaque mois, il confrontera donc les prévisions avec les
réalisations effectives, et il se posera la question : pour
quoi n'a - t -on pas atteint tel résultat ? En faveur de quel
élément avons-nous dépassé tel autre résultat ?
La réponse à ces questions lui fournit le sens de l'ac
tion qu'il doit mener, pour améliorer telle branche, telle
section ; pour redresser telle erreur d'exécution ou de
conception .
Sans un budget, la gestion de l'entreprise devient une
gestion de hasard, soumise sans défense à tous les aléas.
Āvec le budget, on sait où l'on va. Voilà pourquoi la con
96
fection du budget et la surveillance de son exécution quo
tidienne, constituent l'instrument le plus efficace du con
trôle de la marche de l'entreprise, et pour le directeur de
l'entreprise et pour ses supérieurs hiérarchiques.
Depuis l'année 1967 , aucun directeur ne peut plus
demeurer en fonction, s'il ne se soumet pas à la règle de
la gestion budgétaire.
Le budget étant l'un des moyens les plus importants
du contrôle, désormais toute entreprise grande ou petite,
régionale ou nationale, devra avoir le sien.
En résumé, et pour parler autrement, personne ne sera
plus autorisé à gérer sans plan, donc sans un budget.
L'Etat Guinéen ayant opté définitivement pour le
développement non capitaliste, dans le cadre d'une écono
mie planifiée, il faut tirer toutes les conséquences de cette
option et savoir, qu'à un point de vue économique, la ges
tion planifiée est la règle fondamentale.
IV . LA MISSION D'INSPECTION
Le quatrième moyen de contrôle est la visite des lieux
pour des investigations sur place. C'est la forme de contrôle
la plus connue. Il s'impose souvent.
Une mission d'inspection peut être de simple routine,
selon la tradition et la périodicité que l'autorité s'est libre
ment fixée. On peut se fixer, par exemple, que toute en
treprise doit être contrôlée une fois par semestre, ou une
fois par an. Les visites de l'espèce doivent être complètes,
et englober toute la gestion économique de l'unité : les
finances, les stocks, l'organisation administrative, les mé
thodes de travail, les résultats, les améliorations etc.
Elles ne doivent épargner aucun aspect. Tout doit être
systématiquement fouillé, et on doit en tirer des conclu
sions sous forme d'instructions nouvelles, recommanda
tions, suggestions et sanctions .
97
Mais les visites de routine, tout le monde s'y attend .
et on s'y prépare... de la bonne manière comme de la mau
vaise... et c'est pour démasquer les apprêts illégaux, que
des inspections inopinées doivent avoir lieu, lesquelles ne
doivent pas être considérées comme des marques de dé
fiance. Bien au contraire, elles sont utiles à l'autorité su
périeure, pour affermir sa conviction que dans telle ou
telle unité, la conscience professionnelle est de règle, et
qu'on y a l'habitude de bien faire. Les inspections inopi
nées ont un caractère de sondage, elles ne toucheront
souvent que quelques points particuliers et ne seront appro
fondies que dans le cas où les sondages révèlent des choses
graves .
D'autre part, une mission d'inspection peut se présen
ter dans une entreprise à la demande du responsable de
celle -ci. Si la collaboration est franche et loyale, ce sont
des cas qui arrivent souvent pour concourir à résoudre tel 1
ou tel problème posé au Directeur.

ORGANISATION DU CONTROLE 1

C'est sur la base des principes rappelés ci-dessus que le


Contrôle a été organisé par le Gouvernement de la Répu
blique, en créant le Contrôle Financier.
L'institution était nécessaire.
En effet, comme tout le monde le sait, la Républiquc
de Guinée a opté pour la voie du développement non capi
taliste, et adopté la planification scientifique intégrale
comme méthode principale de gestion de l'Economie Na
tionale. Pour la mise en application de cette politique,
depuis notre accession à l'Indépendance le 28 Septembre
1958 , plusieurs branches de l'économie sont passées pro
gressivement sous le contrôle de l'Êtat, soit par nationali
sations, soit par créations nouvelles, soit par reprises de
secteurs abandonnés . Ce faisant, à ce jour, l'Etat compte
à son actif :

98
Entreprises industrielles et minières 23

- Entreprises agricoles 8
- Entreprises commerciales 20

03
Entreprises financières 6

- Entreprises de prestations de services, de Tra


vaux Publics et Transports 14
TOTAL 71

Ces 71 entreprises ont réalisé l'année budgétaire 1965


1966 , un chiffre d'affaires de FG 40.385.110.766 . Elles ont
réalisé le bénéfice net de :
Année 1963-64 2 649 305 373
Année 1964-65 3 707 329 543
Année 1965-66 3 315 124 986
Personne ne peut douter aujourd'hui, que la voie de
développement non capitaliste choisie par le Parti Dé
mocratique de Guinée, est la voie juste et la meilleure pour
un pays comme le nôtre. Mais il reste entendu, que les créa
tions d'entreprises en elles -mêmes, ne sont que la première
condition de la réussite économique. La réussite finale est
une question de bonne gestion de ces entreprises.
Jusqu'à maintenant, on avait négligé ce côté gestion
et souvent, la capacité ou l'honnêteté a manqué aux per
sonnels de ces entreprises, quelquefois les deux ensemble.
Malgré les bons résultats globaux obtenus, on peut encore
enregistrer mieux, avoir une meilleure production des
biens, arriver à une distribution plus équitable de ces biens ,
développer l'accumulation nationale, et améliorer plus ra
pidement le niveau de vie de notre peuple, ce qui constitue
notre critère fondamental.
On comprend, dès lors, toute l'importance à attacher
à une bonne gestion de nos entreprises d'Etat. Le contrôle
étant un élément inséparable de la bonne gestion, la néces
sité appelait l'organisation d'un contrôle fort et juste.
99
C'est ce qui a guidé le Gouvernement vers la création
du Contrôle Financier, et qui l'a incité à renforcer et à ac
croître constamment les moyens d'action de ce départe
ment. Ces résultats enregistrés étant encourageants, il ne
sera pas difficile de persévérer dans la voie choisie.
Les différents ordres de contrôle : Dans toute institu
tion humaine, nous l'avons déjà dit, il faut établir des
liens de confiance entre Mandants et Mandataires. Le con
trôle seul peut permettre de sauvegarder ce lien de con
fiance et, partant de ce lien, d'engendrer le progrès et la
croissance continue, par le perfectionnement quotidien
des moyens et des méthodes.
Sous cette optique large de la gestion, le contrôle ne
doit pas être compris comme une institution propre aux
Finances ou aux seules affaires d'argent.
Le contrôle doit s'appliquer à toute cellule sociale, de
quelque nature qu'elle soit, pour voir si elle marche bien ,
pour voir si elle remplit sa tâche, si elle applique sa loi
interne et les lois externes. Même quand le but est essen
tiellement philantropique, le contrôle est nécessaire, pour
savoir si l'objet de l'organisation est rempli, et si ses agents
se comportent bien.
D'autre part, dans le domaine des finances, il y a plu
sieurs ordres de contrôle .
Nous avons déjà vu qu'il y a le contrôle parlementaire,
que font les Députés à l'Assemblée Nationale et aux assem
blées régionales, et les conseillers d'arrondissements, qui
consiste à voter le budget, à suivre son exécution par
l'examen des pièces périodiques de recettes et de dépen
ses, et par le vote d'une Loi de règlement au vue du compte
définitif de l'ordonnateur .
Nous avons vu également qu'il y a le contrôle de la Cour
des Comptes, qui consiste à vérifier, à posteriori, les comp
tes des comptables publics, dans l'exécution de leurs obliga
tions en matière de réalisation des recettes et de réalisation
des dépenses.
100
Le Département du Contrôle Financier est spécialisé,
quant à lui , dans le contrôle de la gestion économique et
financière du secteur commercial et industriel de l'Etat.
Depuis la création de ce Département, il a eu comme
programme de travail, le contrôle systématique de toutes
les entreprises nationales cantonnées à Conakry.
Les résultats obtenus à l'heure actuelle ont été très
satisfaisants dans l'ensemble. Une discipline financière
et comptable dans la gestion a été instaurée par le respect
des prescriptions du Plan Comptable National. Les vols et
les détournements ont été réduits dans une proportion très
large et de nombreux coupables ont été dûment sanction
nés. Une impulsion a été donnée pour la gestion scienti
fique de ces entreprises, lesquelles s'acheminent actuelle
ment vers la rentabilité.

Le programme de travail se poursuit pour l'année en


cours par l'inspection, dans les mêmes conditions, de toutes
les entreprises fonctionnant à l'intérieur de la République,
qu'elles soient nationales ou régionales.
Ce nouveau programme, pour obtenir le meilleur
succès, demande à ce que les intéressés aux affaires, adm :
nistrateurs et gérants, soient dûment informés de la néces
sité, des moyens et des méthodes de contrôle qui va s'exer
cer sur eux . Celui-ci n'en sera que plus efficace.
A l'heure actuelle, sur le plan national, les structures
sont en place. Il reste que les collectivités publiques, les
organismes administratifs, les entreprises et sociétés d'Etat,
chacun à son niveau, s'inspire de ce qui est fait, et s'ap
puie sur les principes qui viennent d'être rappelés pour
organiser son contrôle interne, et remplir avec dévouement
les exigences du contrôle externe.
Vous aurez à coeur de les assimiler et à les enseigner
avec tout votre engagement et votre détermination à être
utile à la Révolution .

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Imprimerie Nationale “ Patrice Lumumba»
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