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Master 2

Innovation et Management des Territoires

2021/2022

Startups & entrepreneuriat innovant au Québec :


Focus sur l'écosystème de l'accompagnement & du financement

par

BARRIOS Clara
Enseignant : DENIS Vincent
SOMMAIRE

INTRODUCTION .................................................................................................................................. 2

PARTIE 1
CONTEXTE ET TENDANCES DE L'ÉCOSYSTÈME ENTREPRENEURIAL INNOVANT AU QUÉBEC .................... 3

PARTIE 2
STRUCTURES D'ACCOMPAGNEMENT À L’ENTREPRENEURIAT INNOVANT .............................................. 6

PARTIE 3
PROGRAMMES GOUVERNEMENTAUX D’AIDE AUX ACTIVITÉS D’INNOVATION ...................................... 8

PARTIE 4
PRINCIPALES FORMES DE FINANCEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT INNOVANT
BUSINESS ANGELS ET FONDS "PRE SEED" & "SEED" ........................................................................... 10

CONCLUSION .................................................................................................................................... 13

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................ 13

1
INTRODUCTION

Une startup désigne « une entreprise nouvelle innovante à fort potentiel de croissance et de
spéculation pour sa valeur future » (BPI France, 2022). Afin qu’une entreprise en démarrage puisse
être qualifiée de startup, trois conditions doivent être réunies à savoir : la perspective d’une forte
croissance, l’usage d’une technologie nouvelle ainsi que le besoin important en financement. Une
seconde définition est donnée par Startup Genome, un organisme fondé en Californie par un
Montréalais d’origine. Il s’agit du leader mondial du conseil et de la recherche en matière de
politique d’innovation. Selon cet organisme, une startup est une entreprise de moins de 10 ans dont
la croissance repose sur la technologie (Startup Genome, 2022). Au Québec, le ministère de
l’Économie et de l’Innovation qualifie les startups comme étant des « jeunes entreprises innovantes
à fort potentiel de croissance. Ce potentiel de croissance des startups repose en tout ou en partie sur
les technologies numériques et sur leur appropriation au sein de tous les secteurs d’activité »
(Ministère de l’Économie et de l’Innovation, 2021). Ces définitions permettent de différencier une
startup d’une entreprise dite « traditionnelle », dont le modèle économique est connu et duplicable.

Ces jeunes entreprises à fort potentiel de croissance nécessitent des ressources spécifiques à chaque
étape de leur développement. Ces startups évoluent dans un écosystème startup qui est défini
comme « un pool partagé de ressources, généralement situé dans un rayon de 100 kilomètres autour
d’un point central dans une région donnée, avec quelques exceptions basées sur la réalité locale.
Les ressources comprennent généralement des décideurs politiques, des accélérateurs, des
incubateurs, des espaces de coworking, des établissements d’enseignement et des groupes de
financement » (Startup Genome, 2022). Il est indispensable de bien comprendre chacune des étapes
clés du cycle de vie d’une startup afin d’identifier les types d’accompagnement et possibilités de
financement qui en découlent.

Selon Startup Montréal, organisme à but non lucratif qui a pour mission d’accélérer la création, la
croissance et le rayonnement des startups de Montréal, nous pouvons distinguer quatre phases clés
dans la croissance d’une startup :
- La phase de prédémarrage pendant laquelle il est question de concrétiser l’idée et valider
la pertinence du projet. Cette idée se transforme en action. La startup voit le jour et travaille
sur un produit minimum viable.

2
- La phase de démarrage permet de tester une première version de son offre sur un marché
ainsi qu’ajuster la segmentation de sa clientèle.
- La phase de croissance pendant laquelle la startup est en constante évolution avec un
chiffre d’affaires significatif. Il est alors nécessaire de mobiliser du capital pour assurer ce
changement d’échelle. La start-up passe alors au stade de scale-up (entreprise en hyper-
croissance).
- Établie à partir de laquelle l’entreprise a démontré sa viabilité et son produit est reconnu.
L’offre est alors étendue sur plusieurs marchés notamment à l’international afin de
démontrer la viabilité sur le long terme.

En s’intéressant aux start-ups ainsi qu’à l’entrepreneuriat innovant au Québec, nous souhaitons
comprendre comment le Québec se démarque à travers son écosystème favorable aux jeunes
entreprises à fort potentiel de croissance. Nous nous interrogerons et analyserons donc le rôle
important que joue l’écosystème Québécois dans l’accompagnement et le financement de ces start-
ups.

PARTIE 1
Contexte et tendances de l'écosystème entrepreneurial innovant au Québec

Afin d’être en mesure de se concentrer sur l’écosystème de l’accompagnement et du financement


au Québec, il est intéressant de connaitre les spécificités de cette province Canadienne. Le Québec
est divisé en dix-sept régions administratives. Selon le ministère de l’Économie et de l’Innovation,
ces régions sont habituellement regroupées en trois grandes catégories qui comportent des
caractéristiques socio-économiques similaires :
- Les régions ressources avec notamment le Bas-Saint-Laurent, l’Abitibi-Témiscamingue, la
Côte-Nord, le Nord-du-Québec et la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine qui comptent 6,7% de
la population Québecoise en 2020 et représentent 7,6% du Produit Intérieur Brut du Québec
en 2019.
- Les régions manufacturières avec notamment Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Mauricie,
l’Estrie, Chaudière-Appalaches, Lanaudière, les Laurentides, la Montérégie et le Centre-
du-Québec qui comptent 50,5 % de la population Québécoise en 2020 et représentent
39,8% du Produit Intérieur Brut du Québec en 2019.

3
- Les régions urbaines avec notamment la Capitale-Nationale, Montréal, l’Outaouais et
Laval. À elles seules, ces quatre régions regroupent 42,8% de la population en 2020 et
représentent 52,6% du Produit Intérieur Brut du Québec.

La publication annuelle du Portrait économique des régions du Québec nous permet d’avoir un
aperçu de la dynamique et des forces de chaque région. L’entrepreneuriat est un des grands thèmes
traités dans ce rapport. Nous avons pu obtenir des informations sur « le dynamisme des
entrepreneurs dans ces régions du Québec ainsi que sur l’évolution de l’entrepreneuriat régional au
cours de la dernière décennie ». Cette dernière publication1 met en lumière le nombre
d’entrepreneurs présents dans chacune des régions en 2016 à savoir 9 255 en régions ressources,
85 425 en régions manufacturières et 62 910 en régions urbaines. On dénombre 35 705
entrepreneurs présents dans la région de Montréal ainsi que 30 990 dans la région de Montérégie.
Il est important de noter que la Montérégie est située immédiatement au sud de la région de
Montréal. Il est donc indéniable qu’il existe de nombreuses disparités en matière d’entrepreneuriat
entre les régions du Québec.

Dans ce dossier, nous souhaitons réaliser un focus sur l’entrepreneuriat innovant avec notamment
le cas des jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance (startup).
Un rapport intitulé « Survol de l’écosystème startup du Québec » a été publié le 31 août 2020,
pendant la crise sanitaire. Ce rapport est issu d’un projet de recherche dans le cadre du PAGE. Ce
Plan d’Action Gouvernemental en Entrepreneuriat (PAGE) a pour vocation de soutenir
l’entrepreneuriat sous toutes ses formes afin de renforcer la compétitivité du Québec, favoriser la
croissance économique et accroître les possibilités d’emploi (Gouvernement du Québec, 2020).

À la première lecture de ce rapport, nous constatons que l’entrepreneuriat innovant est un


phénomène qui a fait son apparition au Québec lors des 30 dernières années et qui s’est intensifié
depuis environ dix ans. Il est également important de noter qu’à l’heure actuelle, les régions ne
sont pas toutes égales face à la notion de « startup ». Il est donc impossible de comparer Montréal
ou encore Québec à une région comme le Nord-du-Québec qui ne comptait que 395 entrepreneurs
en 2016. Parmi ces entrepreneurs présents au Québec, il est très probable que la majorité d’entre
eux n’aient pas accès à des ressources spécifiques et que la notion de « startup » soit encore

1
Ministère de l’Économie et de l’Innovation. Portrait économique des régions du Québec Édition 2021.
p.109:https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/documents_soutien/regions/portraits_regionaux
/PERQ_2021.pdf

4
méconnue ou tout simplement définie d’une autre manière. Nous réalisons également qu’il n’existe
que très peu de données nous permettant de déterminer le nombre de startups au Québec.

Plusieurs villes et régions ont développé leur réseau startup mais il n’existe pas encore
d’écosystème startup unifié sur l’ensemble du Québec. Il s’agit d’un élément important à noter pour
la suite de ce dossier car les acteurs de l’accompagnement et du financement auront un impact au
niveau local et régional, mais pas au niveau provincial. Les différentes régions de la province du
Québec étant inégales face à l’entrepreneuriat innovant, chaque acteur doit être en mesure de cerner
le niveau de maturité du territoire concerné.

Parmi les secteurs d’activités porteurs au Québec, nous pouvons citer l’aérospatiale,
l’agroalimentaire, les mines et la métallurgie, les sciences de la vie ainsi que le transport terrestre.
Un dernier secteur très dynamique à l’échelle provincial est le secteur des Technologies de
l’Information et des Communications (TIC). Il regroupe des domaines tels que le développement
et l’édition de logiciels, l’Intelligence Artificielle, la microélectronique, le multimédia, l’optique-
photonique, l’industrie des services-conseils ainsi que les télécommunications (Entreprises
Québec, 2020). En 2021 selon une étude réalisée par la firme britannique Tortoise, le Canada se
positionne au quatrième rang des nations les plus performantes au monde dans le domaine de
l’Intelligence Artificielle, derrière les États-Unis, la Chine et le Royaume-Unis (Tortoise Media,
2022). Ce « Global AI Index » permet de comparer les nations selon divers critères tels que
l’implémentation, l’innovation et l’investissement. Le Québec occupe la 7ème place sur le podium,
une position davantage remarquable car cette province est en tête devant l’Israël (8ème position) ou
encore la France (10ème position).

5
PARTIE 2
Structures d'accompagnement à l’entrepreneuriat innovant

Plusieurs auteurs se sont intéressés aux facteurs clés de succès d’une startup. En s’insérant dans un
écosystème dynamique, ces jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance ont accès à
une multitude de ressources permettant de mener à bien leur projet. Ces startups œuvrent donc au
sein d’un écosystème entrepreneurial qui regroupe « un ensemble d’acteurs hétérogènes et
complémentaires qui facilitent la mise en œuvre de projets innovants par leur proximité
géographique » (F. Blondel et A. Gratacap, 2016).

Parmi ces acteurs clés, les incubateurs et accélérateurs offrent un service d’accompagnement adapté
aux différentes phases de développement de la startup. Depuis moins d’une dizaine d’années, la
province du Québec a connu une transformation de son écosystème startup avec l’avènement de ce
type de structures d’accompagnement. Dans un rapport réalisé en 2018 par le cabinet d’audit et de
conseil KPMG2, le nombre d’incubateurs au Québec en 2016 s’élève à 60. On dénombrait à cette
même période 27 accélérateurs sur l’ensemble de la province. Du côté de la ville Québec, on
pouvait alors observer 5 incubateurs contre 4 accélérateurs. La plupart des structures
d’accompagnement sur la sphère provinciale semblent être concentrées autour de la ville de
Montréal avec notamment 24 incubateurs et 19 accélérateurs comptabilisés en 2016.

Les incubateurs sont des acteurs de l’innovation clés et jouent un rôle primordial dans la maturation
de projets innovants. Il peut s’agir de structures physiques ou virtuelles proposant un panel de
services allant « des programmes d’accompagnement, formations, mentorat, conseil, raffinement
de produit et mise en réseau » (Startup Montréal, 2019). Ces acteurs interviennent la majorité du
temps dans les 2 premières phases du développement d’une startup à savoir prédémarrage et
démarrage. L’entrepreneur est donc invité à développer son projet innovant ainsi que son modèle
d’affaires. La durée des programmes d’accompagnement des entrepreneurs en incubation varie
généralement entre un et cinq ans.

Concernant les accélérateurs, il s’agit de programmes d’accélération de croissance davantage axé


sur le mentorat. La durée d’un programme de ce type est plus courte, il s’agit de quelques mois.

2
KPMG (2018). Le capital d’investissement au Québec – Évolution récente et nouveaux défis. Page 69
https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/publications/etudes_statistiques/capital_investisseme
nt/rapport_final_capital_investissement2017.pdf

6
Ces acteurs interviennent à un stade plus avancé de la startup, à savoir la phase d’expansion.
L’entrepreneur doit être en mesure de posséder une certaine expérience sur le marché, leur produit
est prêt à être commercialisé. Il est important de noter que ces programmes sont la plupart du temps
rattachés à un fonds en capital de risque afin de préparer ces entrepreneurs à une première ronde de
financement. Nous étudierons le cas du financement un peu plus tard dans ce dossier (Startup
Montréal, 2019).

Le Québec regroupe de nombreuses universités reconnues à l’international telles que l’Université


McGill, l’Université de Laval, l’Université Concordia, l’École Polytechnique de Montréal. Afin de
soutenir les projets innovants issus du milieu universitaire, des incubateurs et accélérateurs sont
donc également proposés au sein de ces institutions. En étant rattachées à des grandes écoles, ces
structures s’adressent aux étudiants ainsi qu’anciens étudiants.

Parmi les grands types de structure d’accompagnement à l’entrepreneuriat, il est également


intéressant d’observer l’offre des organismes de soutien. Ils proposent du mentorat, de l’orientation
ou encore l’accès à des bourses de croissance ou de déplacement (Startup Montréal 2019).

Selon le rapport Incursion dans l’écosystème startup des régions du Québec coordonné par MAIN
(Mouvement des Accélérateurs d’Innovation du Québec), les structures d’accompagnement au
Québec ne semblent pas avoir suffisamment d’expérience pour saisir les spécificités des jeunes
entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Les acteurs de l’accompagnement dans les
régions manufacturières et ressources ont davantage un aspect généraliste, ce qui peut entrainer une
fragmentation des besoins. Cependant les structures généralistes et spécialisées offrent un panel de
services et ressources assez similaires. Certaines structures d’accompagnement essaient donc de se
spécialiser et développer une expertise propre en fonction du secteur d’activité. Afin de favoriser
l’essor des secteurs d’activités porteurs au Québec, certains incubateurs et accélérateurs sont par
exemple spécialisés en intelligence artificielle (NEXT-AI, Programme d’accélération en
intelligence artificielle de HEC Montréal) ainsi qu’en quantique (CENTECH, Programme
d’incubation et d’accélération en quantique).

7
PARTIE 3
Programmes gouvernementaux d’aide aux activités d’innovation

Le Gouvernement du Québec est conscient des enjeux en matière d’innovation et souhaite


positionner la province comme une référence en la matière. Ainsi le ministère de l’Économie et de
l’Innovation joue un rôle primordial avec comme principales missions le soutien à
l’entrepreneuriat, la recherche et l’innovation. Il occupe un rôle de conseil envers le gouvernement
du Québec afin de favoriser le développement économique de toutes les régions du Québec. La
marqué déposée Startup Québec a donc vu le jour et désigne une série d’actions gouvernementales
dans le but de compléter l’offre d’accompagnement des incubateurs, accélérateurs d’entreprises et
centre d’entrepreneuriat universitaire. Le gouvernement souhaite offrir un soutien aux jeunes
entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Depuis 2016, Startup Québec a lancé 15 appels
à projets et également reçu plus de 300 demandes d’appui financier. Parmi les principales données
accessibles en ligne, plus de 500 entreprises innovantes ont pu être soutenu grâce à ces actions
gouvernementales.

Quelques programmes administrés par le Ministère attirent notre attention dont notamment le
Programme d’Aide à l’Entrepreneuriat (PAEN) qui intervient à différentes étapes de la vie de
l’entreprise. Ce programme comporte plusieurs volets dont notamment le troisième qui s’adresse
aux startups. Il vise à favoriser la création, l’essor et l’intégration d’un pivot dans le modèle
d’affaires des startups, mais également contribue au développement de nouvelles technologies et
leur mise en marché. Enfin, ce programme soutient la création d’emplois hautement qualifiés.
Parmi les critères d’admission, les startups doivent avoir moins de trois ans d’existence ainsi que
de ne pas avoir effectué de ventes (hors ventes de validation d’un produit ou procédé). Ainsi, les
startups peuvent bénéficier d’un programme d’incubation ou d’accélération au sein d’organismes
mentionnés précédemment. La subvention versée à la startup peut financer jusqu’à 75% des
dépenses engagées pour l’offre de services. En fonction du projet, le montant maximum peut varier
de 40 000 $ à 60 000 $ par startup pour une durée maximale de douze mois. Parmi les résultats
recherchés, le ministère de l’Économie et de l’Innovation tend à rendre les startups plus attrayantes
pour les investisseurs potentiels ainsi qu’améliorer la compétitivité des startups soutenues.

Le gouvernement du Québec a également souhaité allier savoir, industrie et entrepreneuriat en


créant des zones d’innovation. Ces zones d’innovation (ZI) s’inscrivent dans une vision à long
terme, et ne sont que les prémisses d’un chantier d’ampleur pour faire rayonner l’économie

8
québécoise. Ces zones d’innovation concentrent des acteurs de la recherche, de l’industrie,
universitaires et de l’entrepreneuriat destinés à impulser une dynamique et favoriser la culture de
l’innovation. Un montant de 690 millions de dollars alimentera ces projets de création de zones
d’innovation sur les cinq prochaines années. Les deux premières ZI3 ont vu le jour, avec notamment
la zone d’innovation Sherbooke quantique située au cœur de Sherbrooke ainsi que la zone
d’innovation Technum Québec située à Bromont. Parmi les grands enjeux liés à la création de ces
zones, il est important de noter la volonté de passage de l’idée d’un projet à la commercialisation
sur le marché. Ainsi ce projet vise la création et la croissance d’entreprises innovantes avec
notamment la conquête de nouveaux marchés en favorisant la mise au point de technologies et de
produits innovants. Les startups bénéficieront de conditions favorables en évoluant au sein d’un
écosystème qui concentre des partenaires privés, instituts de recherche mais également un réseau
de collaborateurs reconnu mondialement. Il s’agit d’une première au Québec. Bien plus que des
parcs industriels ou technologiques, les startups vont par ailleurs bénéficier d’accès privilégier dans
des incubateurs d’entreprises spécialisés dans leur domaine.

Finalement un dernier programme a attiré notre attention. Startup Montréal collabore actuellement
avec Apexe Global (basé dans la Silicon Valley) afin de développer Hypercroissance Québec, un
programme entièrement dédié aux startups québécoises innovantes en forte croissance, autrement
dit aux scaleups. La première cohorte de 25 scaleups est en cours de recrutement. Le gouvernement
du Québec, partenaire principal sur ce projet, a accordé 6,5 millions de dollars à Startup Montréal
pour mener à bien ce dispositif visant à tripler d’ici 2025 le nombre d’entreprises technologiques
avec une valorisation de plus de 1 milliard de dollars4. Les scaleups sélectionnées bénéficieront
d’une gamme de services sur mesure comprenant un coaching et mentorat international, des
missions de vente dans des marchés internationaux ciblés ainsi que la participation dans des
groupes de co-développement peer-to-peer (apprentissage par les pairs). Des partenaires
historiques comme le Mouvement DesJardins, la Banque de développement du Canada ou encore
Investissement Québec ont confirmé apporter leur soutien au projet avec des moyens financiers
ainsi que du mentorat.

3
Ministère de l’Économie et de l’Innovation (2022) Zones d’innovation Québec
https://www.economie.gouv.qc.ca/bibliotheques/zones-dinnovation/creation-de-zones-dinnovation./
4
Gouvernement du Québec (2022) Programme d’appui aux entreprises innovantes en hypercroissance
Québec accorde 6,5 millions de dollars à Startup Montréal
https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/programme-dappui-aux-entreprises-innovantes-en-
hypercroissance-quebec-accorde-65-millions-de-dollars-a-startup-montreal-37922

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PARTIE 4
Principales formes de financement de l’entrepreneuriat innovant
Business Angels et fonds "pre seed" & "seed"

Les projets innovants nécessitent des financements spécifiques à chaque étape du développement.
Le financement est souvent décrit comme étant le premier obstacle perçu par les startups au Québec.
À Montréal, seulement certaines d’entre elles y ont accès et les rapports révèlent le manque de
sources de financement pour les startups à un stade précoce (qui correspond à la phase de
prédémarrage). Il est important de noter que l’accès à du financement par la dette bancaire ainsi
que l’équité est relativement difficile pour les jeunes entreprises à fort potentiel de croissance. Leurs
activités nouvelles sont très risquées, ne génèrent pas de chiffre d’affaires et les entrepreneurs ne
disposent d’aucune garantie. Les banques sont averses au risque et le problème d’asymétrie
d’information explique la réticence de ces institutions face à ces projets innovants.
L’investissement personnel permet de démontrer l’engagement et la confiance de l’entrepreneur en
son projet, cette prise de risque permet ainsi d’accéder à de nouveaux instruments financiers.
L’entrepreneur doit prouver qu’il croit en son projet. Les entrepreneurs peuvent également se
tourner vers leurs proches, ou encore avoir recours à du socio financement à travers des plateformes
de levée de fonds participatives (crowdfunding). Les incubateurs et accélérateurs offrent également
de précieuses ressources, dont notamment du financement.

Lorsque l’entrepreneur a concrétisé son idée, la recherche de financement s’intensifie. La phase de


développement qualifiée de pré-démarrage requiert de nouveaux types de financement afin d’être
en mesure de poursuivre et commercialiser cette idée. Il est alors possible de se tourner vers des
business angels. Encore appelés « anges investisseurs » au Québec, ce sont des personnes
physiques qui investissent dans des entreprises innovantes dès leur démarrage. Ces premières
étapes de développement sont risquées. Anges Québec est le plus important réseau d’anges
investisseurs au Canada. Il s’agit d’un réseau regroupant plus de 250 membres de 14 régions
administratives du Québec qui investissent du capital ainsi que du temps dans les entreprises
innovantes québécoises souhaitant se développer à l’échelle mondiale. Depuis 2008, 129 millions
de dollars ont été investis dans plus de 165 entreprises innovantes. Parmi les membres du réseau,
on retrouve des différents profils tels que « des entrepreneur.e.s technologiques en série, des
investisseur.e.s expérimenté.e.s et des expert.e.s de leur secteur d’activité ». (Anges Québec, s.d.).
Ces anges investisseurs concentrent leurs activités sur les entreprises en phase de prédémarrage et
démarrage. Ces individus investissent en actions privilégiées ou en dette convertible. Ils offrent

10
également du coaching et mentorat. Les business angels mettent leurs compétences à profit des
entrepreneurs et partagent leurs contacts afin de faire évoluer le projet. Les entrepreneurs acceptent
l’entrée de nouveaux investisseurs dans le capital de la société, et ainsi une dilution de l’actionnariat
(Startup Montréal, s.d.)

Le parcours de sélection des projets est très rigoureux. Environ 400 projets d’investissements sont
étudiés chaque année. Une cinquantaine d’entre eux vont alors être présenter aux membres formant
ce réseau. Les critères de sélection vont du « potentiel de croissance de la compagnie » à la «
capacité à la jumeler avec l’expertise d’un nombre suffisant d’anges investisseurs » (Espace cdpq,
2021). Si le projet comporte un intérêt pour 10 membres minimum, une vérification diligente sera
alors effectuée par un d’entre eux. Une vérification diligente, encore appelée due diligence, est une
étape cruciale dans le processus d’investissement afin d’évaluer la rentabilité du projet. Les
investisseurs passent au crible le plan d’affaires, la présentation et les projections financières mais
également le profil complet et antécédents de l’équipe projet. Si le projet est retenu, les anges
confirment alors leur décision et un syndicat d’investissement est formé. Concernant les sommes
investies, la mise de fonds minimum d’une ronde d’investissement se situe autour de 25 000$ par
ange, ce qui représente un total de 250 000$ par projet. Cet investissement peut être davantage
élevé lorsque le fonds d’investissement « Anges Québec Capital » est co-investisseur. On parle
alors d’une ronde d’investissement autour de 450 000$.

Ce fonds d’investissement pionner dans le capital de risque appelé « Anges Québec Capital » (AQC
Capital) a été fondé en 2012 afin d’accompagner les membres d’Anges Québec dans leurs
investissements. Ce fonds d’investissement en capital de risque a été commandité par
Investissement Québec, la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), le Fonds de
Solidarité FTQ ainsi que les membres d’Anges Québec. À ce jour, plus de 44 millions de dollars
ont été investis dans 48 entreprises innovantes. Depuis 2021, un nouveau fonds d’investissement a
également vu le jour : Anges Québec Capital II commandité par Investissement Québec, Teralys
Capital en collaboration avec d’autres partenaires tels que la Caisse de dépôt et de placement du
Québec. Cette fois-ci, 64 millions de dollars ont été injectés.

Investissement Québec est une société d’État québécoise créée en 1998 dans le but de soutenir
l’investissement au Québec des entreprises québécoises et internationales. AQC Capital participe
au développement économique du Québec en accompagnant les entreprises durant toutes les étapes
de leur cycle de vie, de l’amorçage (pré-démarrage) et du démarrage. Les entreprises dans les

11
secteurs des « technologies propres, médicales, financières et industrielle, de l’intelligence
artificielle et du logiciel » sont visées en priorité (AQC Capital, 2021). Le gouvernement du Québec
met un point d’honneur Investissement Québec est un point d’honneur à ce que les entreprises
québécoises puissent avoir accès à une offre de capitaux de risque conséquente. Investissement
Québec joue donc un rôle central auprès des jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de
croissance. Cet acteur investit en fonds propres ou en tant que mandataire du gouvernement lors
des investissements dans différents fonds déjà en place.

De nombreux fonds de capital de risque ont vu le jour au Québec afin de soutenir la création et
croissance de jeunes entreprises à fort potentiel de croissance. Ces investissements sont proposés
sous forme de prise de participation dans l’entreprise. Nous pouvons alors citer Boréal Capital de
risque qui est le premier fonds de capital de risque dédié aux entreprises dites « deeptech », donc à
haute technologie au Québec. Ce fonds d’investissement est alors créé en partenariat avec un
incubateur technologique montréalais appelé Centech. Ce fonds d’investissement doté de 26
millions de dollars s’oriente vers les entreprises issues des secteurs des sciences appliquées comme
l’IA ou l’industrie 4.0 (Investissement Québec, 2021). Durant la phase de croissance, des fonds
d’investissement spécialisés en capital de croissance (ou encore appelé capital de développement)
peuvent alors intervenir pour soutenir l’entreprise dans cette expansion géographique et humaine.

L’industrie québécoise du capital de risque est en évolution constante. Les fonds d’investissement
présents au Québec sont relativement jeunes comparés aux autres provinces. Selon Réseau Capital,
l’association du capital d’investissement qui regroupe les intervenants de la chaîne
d’investissement œuvrant au Québec dont notamment ceux cités dans cette partie, 670 transactions
se sont déroulées en 2021. Ces transactions représentent 2,8 milliards de dollars investis en capital
de risque ainsi que 9,3 milliards de dollars en capital de développement.

12
CONCLUSION

À travers ce dossier, nous avons pu obtenir un premier aperçu du monde des startups ainsi que de
l’entrepreneuriat innovant au Québec. En souhaitant étudier l’écosystème entrepreneurial d’un
territoire, il est important de comprendre comment les acteurs interagissent entre eux. En son sein,
les entreprises innovantes à fort potentiel de croissance occupent une place très particulière.

Cet écosystème entrepreneurial est constitué d’un ensemble d’acteurs interdépendants tels que le
gouvernement, des universités, des entreprises, des fondations, des incubateurs et accélérateurs, des
institutions, des investisseurs et bien d’autres. Ainsi, cet écosystème offre des conditions propices
afin que les entrepreneurs puissent développer des projets innovants répondant à des besoins sur
un territoire. Ces entrepreneurs bénéficient de ressources tels que de l’accompagnement, un large
réseau ainsi que du financement. En retour, les jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de
croissance renforcent l’activité économique du Québec.

La province du Québec ne lésine pas sur les moyens afin de faire rayonner les entreprises
québécoises au niveau provincial, national et international. Ces dernières années ont permis la
création de nouveaux fonds d’investissement orientés autour de secteurs stratégiques repérés dans
les différentes régions du Québec. Cet écosystème entrepreneurial québécois est en structuration
afin de devenir le plus robuste possible. Cette multitude d’acteurs fait face à un défi majeur, la
nécessité de coordonner leurs activités de soutien afin de mieux organiser les ressources
disponibles.

Les structures d’accompagnement et de financement doivent travailler conjointement afin de


définir l’expertise dont chacune dispose. Chaque phase de développement des jeunes entreprises
innovantes nécessite des ressources spécifiques. Ainsi, ces structures doivent être en mesure de
développer une complémentarité nécessaire afin que les entrepreneurs québécois jugent pertinent
de poursuivre leurs activités au sein de cette province Canadienne.

De nombreux évènements sont organisés chaque année afin de rassembler les acteurs de
l’écosystème entrepreneurial innovant au Québec dans une logique de dynamisation de l’innovation
et de propulsion du Québec sur la scène internationale. Il serait intéressant de poursuivre ce dossier
en établissant des comparaisons avec d’autres écosystèmes entrepreneuriaux réputés de tailles
similaires et établir des potentielles pistes d’évolution pertinentes pour la province du Québec.

13
BIBLIOGRAPHIE

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Blondel, F., & Gratacap, A. (2016). Entrepreneur, dynamique d’innovation et écosystème


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