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Bien que des efforts aient été déployés avec succès à cet égard au cours des dernières années,
la situation globale de l’entrepreneuriat au Québec demeure plutôt fragile. Les données
recueillies par l’intermédiaire de plusieurs études ont effectivement permis d’établir certains
constats en ce sens.
• Le nombre d’entreprises en création est plutôt instable. En effet, 8,1 % des adultes
québécois étaient en voie de démarrer leur entreprise en 1999, comparativement à 3,3 %
en 2000, à 6,5 % en 2001 et à 4,0 % en 2002. Le dernier sondage du GEM plaçait le
Québec loin derrière l’ouest du pays (7,9 %) et l’Ontario (6,3 %). En 2003, c’est 4,8 %
des adultes québécois qui tentaient l’aventure entrepreneuriale. Ce résultat place le
Québec derrière les provinces de l’Ouest (6,8 %) et légèrement devant l’Ontario (3,6 %).
On peut présumer que des facteurs conjoncturels ont eu un effet négatif dans l’Ouest et
plus particulièrement en Ontario, ce qui explique les variations importantes constatées en
2003. Pour 2004, le taux d'entreprises en création fut de 4,9% au Québec.
• Près de 50 % des entreprises québécoises ferment leurs portes avant ou durant leur
troisième année d’existence. De plus, seulement 35 % de celles-ci survivent après cinq
ans d’exploitation et seulement 20 % d’entre elles célèbrent leur dixième anniversaire.
• Entre 1992 et 2004, il s’est créé, au net, en moyenne 850 entreprises par an au Québec,
ce qui représente seulement 9,3 % du total canadien, donc une proportion bien en deçà
du poids du Québec par rapport à celui de l’ensemble du Canada.
• La balance nette de création d’entreprises au Québec de 1998 à 2002 est quasi nulle
(0,3 %), comparativement à celle observée dans le reste du Canada (3,0 %), en raison
du nombre élevé de fermetures.
Les faits permettant de prouver l’existence d’une relation étroite entre le niveau d’activité
entrepreneuriale et le niveau subséquent de croissance économique d’un territoire ne font que
s’accumuler. Par conséquent, l’absence d’un tissu entrepreneurial fort constitue un obstacle au
développement socioéconomique d’un territoire. Cette carence nuit à la capacité de contrer les
effets pervers de la forte concurrence liée à la mondialisation et à la libéralisation des marchés, à
la fermeture d’une usine et au déménagement d’un employeur. Dans un contexte où la faible
mise en valeur du potentiel entrepreneurial d’une communauté a des répercussions négatives sur
la création d’emplois, il est possible d’affirmer que les inégalités quant au tissu entrepreneurial
entre les régions du Québec, par exemple, se répercutent directement sur leur niveau de
développement économique.
Cette lecture est largement partagée par bon nombre d’experts spécialisés dans le domaine de
l’entrepreneuriat.
• Les PME dynamisent le milieu par la création d’emplois, l’exploitation des ressources,
l’utilisation des talents et de la créativité des personnes, l’émulation au sein de la
population – surtout chez les jeunes – et aussi par la diversification et la complémentarité
des entreprises, petites et grandes. Elles assurent ainsi une certaine stabilité et une
meilleure pérennité des économies locales et régionales.
• Le niveau d’activité entrepreneuriale d’une région et d’un pays influe sur leur
développement économique respectif.
• Le développement endogène garantit une meilleure stabilité et une plus grande pérennité
des économies locales et régionales; ainsi, l’entrepreneuriat facilite l’accroissement de la
richesse des individus et de la collectivité sur un territoire donné.
Au cours des vingt dernières années, les différents gouvernements qui se sont succédés ont
proposé de nombreuses Stratégies de développement économique. Pour la très grande majorité
d’entre elles, la priorité a été accordée au développement des entreprises et à la construction
d’un environnement économique fort. Loin de remettre en question ces priorités, il faut cependant
constater que le soutien à l’émergence d’une culture entrepreneuriale n’a pas été adéquatement
soutenu à l’exception, récemment, du projet Défi de l’entrepreneuriat jeunesse qui est en voie
de faire une démonstration remarquable de l’impact d’une action ciblée et efficace en ce
domaine.
Pour l’essentiel, dans le premier cas on s’adresse aux personnes, aux entrepreneurs potentiels et
en devenir, ce qui exige une action à moyen terme entraînant des changements culturels. Dans
le second cas, on cible les entreprises et on s’attarde à des aspects particuliers touchant leur
développement soit la fiscalité, le développement des marchés, la mondialisation, la
compétitivité, la recherche et le développement, la main-d’œuvre spécialisée, l’exportation, etc.
.
En résumé, le développement de l’entrepreneuriat et de la culture entrepreneuriale transcendent
l’action menée auprès des PME pour rejoindre l’ensemble de la société québécoise.
La démarche entrepreneuriale comporte de multiples étapes. Il est donc nécessaire de cerner les
aspects essentiels sur lesquels nous voulons agir et auxquels on consacrera les ressources
disponibles.
Les chercheurs ont décrit largement la fragilité du processus entrepreneurial entre l’étape qui
favorise l’éveil à l’entrepreneuriat et celle où l’entrepreneur démarre son entreprise. Nous
proposons donc d’agir sur cette période du parcours entrepreneurial d’un individu en priorisant
les deux cibles suivantes :
1) Éveiller le potentiel entrepreneurial du plus grand nombre de Québécois et leur intérêt pour la
création d’une entreprise.
Les responsables du Défi de l’entrepreneuriat jeunesse ont fait de cette cible leur priorité pour
les jeunes de 15 à 29 ans. Depuis les deux dernières années, un plan d’action a été mis en
œuvre, et les résultats préliminaires qui en découlent laissent croire à un succès remarquable,
qui nous incite à continuer dans cette voie mais qui nous incite également à planifier les
étapes subséquentes à ce choix de carrière.
Il apparaît évident que, si les actions que nous menons pour éveiller le potentiel
entrepreneurial des Québécois s’avèrent un succès, les pressions pour soutenir
adéquatement un futur entrepreneur dans les étapes de son initiation aux affaires, de la
conception et du démarrage de son entreprise deviendront essentielles. D’ailleurs, les
statistiques sur la survie des entreprises sont éloquentes quant à la nécessité d’agir à ce
niveau.
De plus, au cours des prochaines années, plusieurs milliers de chefs d’entreprises prendront
leur retraite. Il devient impérieux de les sensibiliser au processus de relève, de leur faire
découvrir une relève potentielle (si elle n’est pas présente dans leur famille ou dans leur
entreprise) et de les soutenir dans toutes les étapes de ce processus complexe et délicat.
Voici quelques exemples d’actions largement reconnues comme ayant une incidence positive sur
la réussite du projet de créer une entreprise :
• Mieux informer les entrepreneurs sur les caractéristiques du processus de création d’une
entreprise (individuelle ou collective).
• Favoriser le transfert d’expérience.
• Augmenter et stimuler les offres de formation.
• Établir des encadrements consacrés au mûrissement des idées d’affaires.
• Proposer des activités d’intéressement sur la création d’entreprises et de sensibilisation à
ce sujet.
• Bien préparer les futurs entrepreneurs à la phase de pré-démarrage et être attentif à
leurs besoins de formation durant cette période.
• Offrir un environnement favorable à la réalisation d’une idée d’entreprise.
• pour faire converger l’ensemble des acteurs concernés par l’entrepreneuriat vers des
orientations, des objectifs et des actions partagés;
Nous n’avons actuellement malheureusement pas au Québec de projet cohérent et global qui à
la fois touche tous les Québécois, indifféremment de leur âge, de leur sexe et de leurs origines et
vise à stimuler ainsi qu’à soutenir le développement entrepreneurial dans ses phases de
sensibilisation, d’initiation, de création et de pré-démarrage.
Il est temps d’agir en fondant notre réflexion et nos actions sur les enjeux, la vision, les valeurs et
les orientations stratégiques que le gouvernement s’est donnés récemment dans le document
Briller parmi les meilleurs.
2) Le gouvernement fait le choix que l’avenir du Québec passe par une économie forte,
prospère et moderne permettant à chaque individu de bénéficier d’un niveau de vie
élevé.
Le Québec fait face à des enjeux sur lesquels il devra agir rapidement :
1) une situation budgétaire qui l’oblige à faire mieux et à innover dans l’offre des services
publics;
Le Québec se trouve dans une situation budgétaire qui l’oblige à rétablir sa marge de manœuvre
financière. Il doit créer davantage de richesse en misant sur la croissance économique.
Il est clairement démontré que le niveau de développement entrepreneurial d’un pays a un effet
direct sur l’enrichissement de sa population. Donc, toute action visant à accroître le potentiel
entrepreneurial des Québécois aura à moyen terme une incidence positive sur notre richesse
collective et, par conséquent, sur notre capacité à soutenir nos choix de société en santé et en
éducation.
La vision du Québec que le gouvernement souhaite pour tous les Québécois s’ancre sur des
orientations stratégiques claires :
Il est également temps d’agir en s’inspirant des réflexions et des meilleures pratiques auxquelles
se sont livrés des gouvernements ayant eu à faire face aux mêmes problématiques que le
Québec en matière de développement entrepreneurial, dont principalement ceux de la Finlande,
du Canada anglais et du Royaume-Uni.
Aussi, nous croyons qu’il faut gager sur le potentiel entrepreneurial des Québécoises et des
Québécois. Déjà des signes qui ne trompent pas en indiquent la pertinence. Voici quelques-uns
de ces signes :
Ceci démontre très bien que plusieurs organismes existent et ont une mission reliée à
l’entrepreneuriat. Nous considérons que plusieurs initiatives sont nécessaires pour accompagner
le développement de l’entrepreneuriat. C’est pourquoi, nous considérons qu’il est fondamental
pour les cosignataires de continuer dans cette voie.
© Paul-A. Fortin, Ph.D.
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Pour y parvenir, nous suggérons l’implication des divers partenaires à une réflexion sérieuse.
« Entreprendre pour changer le monde » proposé par l’Université catholique de Lille en octobre
2005 pourra ainsi trouver un écho au Québec.