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Intro :

« Le contrat, c'est la promesse juridique d'un équilibre dans nos échanges, une danse délicate
entre droits et devoirs, comme l'a si poétiquement formulé le philosophe John Locke »
L'équilibre contractuel est décrit comme un concept complexe mais essentiel, agissant comme un
chef d'orchestre invisible assurant une juste répartition des droits et des obligations. Il va au-delà de
la simple conformité légale, agissant comme un gardien garantissant l'équité des accords.

L'origine du concept remonte à l'évolution des systèmes juridiques, depuis les accords verbaux des
sociétés anciennes jusqu'à la formalisation écrite des contrats dans le commerce. Le droit romain et
les considérations d'équité du Moyen Âge ont contribué à sa formation, tandis que les idéaux des
Lumières ont influencé la pensée juridique moderne, mettant l'accent sur la liberté individuelle, le
libre-échange et l'équité.

L'exploration de cette thématique permet de comprendre comment l'équilibre contractuel influence


nos relations quotidiennes, professionnelles et personnelles, agissant comme la base de la confiance.
L'examen de son évolution offre un éclairage sur les réalités contemporaines, soulignant les défis
actuels et la nécessité d'une réflexion approfondie sur la préservation de la justice contractuelle dans
un monde en perpétuel changement. En résumé, l'intérêt de cette démarche réside dans son impact
concret sur nos interactions sociales et dans la réflexion sur les moyens de garantir une équité
constante dans nos engagements mutuels.

Dans le cadre de notre étude, une question cruciale émerge : Comment assurer un équilibre
contractuel juste et équitable tout en identifiant et protégeant la partie la plus faible dans les
relations contractuelles ?

Pour apporter des éléments de réponse à cette question, notre exposé se découpe en deux
parties clairement définies. La première se concentre sur les bases du contrat (Partie I), en abordant
ses éléments essentiels, tandis que la seconde s'attardera sur la question de la détermination de la
partie la plus faible (Partie II), en introduisant ce concept et en examinant ses critères pertinents.

Partie 1 : Le Contrat et l'Équilibre Contractuel

Dans cette première partie, nous entamons notre exploration du monde des accords en examinant
les bases du contrat dans le Chapitre 1, suivi du Chapitre 2 qui se penche sur le concept essentiel de
l'équilibre contractuel.

Chapitre 1 : Le Contrat :
Section 1 : Introduction au Contrat :

Au Maroc, le contrat est réglementé par le DOC de 1913 et la Loi n° 15-95 formant le code de
commerce, soulignant l'importance accordée à la liberté individuelle et à la volonté humaine dans
ces codes.

Un contrat, défini comme un acte juridique bilatéral ou multilatéral, implique la manifestation de la


volonté de deux parties de s'obliger mutuellement. Il peut être écrit ou verbal, formé par un simple
échange de consentements. Cependant, le contrat doit respecter quatre conditions énoncées par
l'article 2 du DOC : Le consentement, exprimé par la déclaration de volonté, est crucial et peut être
altéré par des vices du consentement. La capacité, une condition fondamentale, est définie par
l'article 3 du DOC. L'objet du contrat, représentant ce à quoi le débiteur est tenu envers le créancier,
doit être déterminé. La cause, enfin, réside dans la raison immédiate de l'engagement, liée aux
motifs subjectifs du contractant.

Section 2 : Fondement du contrat :

La théorie classique repose sur le principe de l’autonomie de la volonté, en vertu duquel les
personnes sont libres de créer leur propre loi : le contrat.

Dans ce contexte, la liberté d'un individu est limitée uniquement par sa propre volonté, et le contrat
prévaut sur la loi, cette dernière devant être subordonnée à la volonté des parties.

Au Maroc, le droit des contrats est guidé par trois principes fondamentaux : le consensualisme, la
liberté contractuelle, et la force obligatoire du contrat.

Consensualisme : Ce principe stipule qu'un contrat est formé dès que les parties expriment leur
consentement, indépendamment d'autres formalités. Cela favorise la flexibilité et la simplicité dans
la conclusion des contrats, stimulant le dynamisme des relations contractuelles.

Liberté Contractuelle : C'est un principe fondamental conférant aux individus la capacité et le droit
de participer activement à la création et à la modification des contrats. Cette liberté englobe divers
aspects tels que le choix du cocontractant, la détermination des conditions contractuelles, et la
définition des effets du contrat. La volonté individuelle joue un rôle essentiel, offrant la flexibilité
nécessaire pour adapter les accords aux besoins spécifiques des parties.

Force Obligatoire : Aussi connue sous le nom d'exécution forcée, elle assure que les parties
respectent les termes convenus une fois le contrat formé. La contrainte légale intervient pour
garantir une exécution adéquate des obligations contractuelles, renforçant ainsi la crédibilité et la
stabilité du système juridique.

En synthèse, l'analyse des principes clés du droit des contrats au Maroc souligne l'importance de
l'autonomie de la volonté pour la formation d'accords, mais insiste également sur la nécessité de
comprendre le principe d'équilibre contractuel pour réguler les multiples dimensions des contrats et
assurer leur équité. Cela vise à garantir des relations contractuelles justes et équitables.

Chapitre 2 : l'équilibre Contractuel :

L'indéfinition de la notion d'équilibre contractuel est perçue par certains auteurs comme nécessaire
pour préserver la liberté des parties et l'autonomie de leur volonté, fondements essentiels du
contrat. En principe, l'équilibre des prestations n'est pas une condition de validité du contrat, évitant
ainsi une restriction à la liberté contractuelle.

Dans cette perspective, il semble pertinent d'explorer l'impact de l'équilibre contractuel sur les
principes de l'autonomie de la volonté et de la liberté contractuelle (section 1), avant de se
concentrer le concept de la justice contractuelle (section 2).

Section 1 : L’impact de l'équilibre contractuel :

Le principe d'autonomie des volontés, bien qu'encadré par la loi (Art.230 du DOC), est critiqué pour
son incapacité à garantir un équilibre contractuel adéquat. La doctrine libérale, fondée sur le
consentement mutuel et l'autonomie de la volonté, est remise en question dans un contexte
contemporain marqué par l'émergence de l'unilatéralisme juridique, générant des asymétries
substantielles.

L'unilatéralisme juridique, illustré par des clauses imposées de manière prépondérante, des contrats
de masse standardisés et des relations où une partie détient une position dominante, remet en cause
les fondements de la liberté contractuelle. Cette dynamique crée des déséquilibres notables dans les
négociations et les résultats contractuels, mettant en lumière des défis inhérents à la préservation de
l'équité dans les relations contractuelles contemporaines.

Dans ce contexte, le pouvoir contractuel, défini comme la capacité d'une partie à influencer
significativement les termes et les conditions d'un contrat, devient crucial. Ce pouvoir découle de
divers facteurs tels que la position économique, la notoriété et la taille des parties contractantes. Il
est souvent exploité au détriment de la partie moins puissante, remettant en question l'idée
traditionnelle de consentement mutuel et d'équilibre entre les parties.

Cette ligne de réflexion nous amène à nous interroger sur les mesures concrètes destinées à
promouvoir une équité renforcée au sein des relations contractuelles.

Section 2 : La justice contractuelle :

La justice contractuelle découle d'une tension entre deux perspectives sur l'interprétation des
contrats. D'un côté, la vision privilégiant le strict respect des termes en accord avec la volonté des
parties met l'accent sur la liberté individuelle, considérant que la justice contractuelle découle
naturellement des consentements mutuels. Cependant, cette approche soulève des préoccupations
quant à la protection des parties vulnérables et aux inégalités résultant de disparités de pouvoir
entre contractants.

La deuxième perspective sur la justice contractuelle affirme qu'elle ne peut être strictement
déterminée par la seule volonté des parties. Dans certaines situations, une intervention externe,
généralement exercée par le pouvoir judiciaire, peut être nécessaire pour corriger des déséquilibres
ou des injustices flagrantes dans le contrat. Cette vision met en avant des concepts tels que l'équité,
permettant au juge d'intervenir au-delà des termes explicites du contrat pour assurer une répartition
juste des droits et obligations. L'équité, dans ce contexte, est un principe fondamental guidant le juge
dans la correction des asymétries de pouvoir entre les parties contractantes.

L'approche interventionniste reconnaît que la justice contractuelle ne peut être totalement assurée
par la seule volonté des parties. Dans des situations spécifiques, telles que des inégalités de pouvoir,
une exploitation manifeste, ou d'autres facteurs conduisant à l'injustice, une prise de décision
influencée par des considérations externes comme l'équité, la moralité, ou d'autres normes
juridiques est nécessaire. Ainsi, la justice contractuelle navigue entre le strict respect des termes
convenus par les parties d'un côté, et la nécessité d'intervenir en cas de déséquilibres ou d'injustices
de l'autre, établissant ainsi un équilibre entre la volonté individuelle et la quête d'une justice plus
équitable dans des situations particulières visant la protection de la partie faible.

Partie 2 : Protection de la partie faible :

Dans une dynamique contractuelle, la mise en lumière d'une partie vulnérable souligne la nécessité
d'une intervention étatique pour rétablir l'équilibre rompu. Pour ce faire, il est crucial d'identifier la
partie vulnérable (Chapitre 2) et d'explorer les moyens de sa protection dans le contexte juridique
marocain (Chapitre 2).
Chapitre 1 : Identification de la Partie Faible :

La notion de "partie faible" dans une relation contractuelle déséquilibrée souligne la nécessité
morale d'une protection étatique pour assurer l'égalité entre les parties. Malgré la présumée
capacité des parties à défendre leurs intérêts dans la conception libérale du contrat, la protection de
la partie faible est omniprésente dans le droit des contrats. Cette protection vise à éviter
l'exploitation du faible par le fort, reconnaissant une distinction entre "la partie faible et la partie
forte". En résumé, la "partie faible" est celle qui peut manquer de vigueur physique ou morale, et
cette faiblesse se manifeste dans une relation contractuelle par des déséquilibres et des craintes
résultant de l'infériorité de l'une par rapport à l'autre.

La qualification d'une partie en tant que partie faible dans un contexte contractuel découle de
critères définis par des indicateurs de fragilité subjective ou objective.

La faiblesse dans une relation contractuelle peut être subjective, liée à la capacité morale, ou
objective, liée aux aspects économiques ou techniques. La faiblesse subjective concerne la capacité
juridique du contractant, telle que l'altération de ses facultés personnelles. La faiblesse objective se
divise en faiblesse économique, où une partie est considérée comme économiquement forte, créant
un déséquilibre dans les rapports de force, et faiblesse technique, impliquant un manque de
connaissance juridique de la partie faible. Cette vulnérabilité peut résulter de contraintes diverses
telles que la complexité des contrats, l'absence de négociation dans les contrats d'adhésion, ou
l'imposition unilatérale du contenu par la partie forte. La méconnaissance juridique est soulignée
comme un point faible dans le cadre de la protection juridique, soulignant l'importance de la
connaissance préalable et de la liberté consciente de la volonté dans la formation d'un contrat.

La vulnérabilité contractuelle, due au manque de connaissances et à des contraintes, nécessite


l'intervention de l'État pour protéger la partie faible.

Chapitre 2 : la protection juridique de la partie faible dans la relation contractuelle :

La protection de la partie vulnérable est établie à travers des mécanismes à la fois légaux (section 1)
et institutionnels (section 2).

Section 1 : Mécanismes légaux :

Plusieurs théories du droit commun jouent un rôle crucial dans la recherche d'un équilibre éthique
dans les relations contractuelles.

La théorie des vices du consentement souligne l'importance d'un consentement libre, éclairé et
mutuel pour la validité d'un contrat, avec la possibilité d'annulation en cas de vices tels que la
contrainte, l'erreur ou la violence.

La théorie de la bonne foi, ancrée dans les articles 230 et 231 du DOC au Maroc, agit comme un
contrepoids moral à la force obligatoire du contrat, établissant des normes éthiques de
comportement pour dissuader les pratiques préjudiciables.

La théorie des clauses de non-responsabilité, bien que courante, est réglementée par le droit
marocain, notamment l'article 232 du D.O.C, interdisant l'exonération de responsabilité pour faute
lourde ou dol et imposant des restrictions dans certains contrats spécifiques.

Enfin, la théorie des garanties, comprenant la garantie d'éviction, la garantie des vices cachés et la
clause de renégociation pour imprévision, met en avant des mécanismes de protection allant au-delà
de la simple validité du contrat.
Maintenant, pour le droit spécial, incarné par des lois telles que celles sur la protection du
consommateur et le code des assurances, exerce une influence significative dans la sauvegarde des
parties engagées dans un contrat. Ces lois visent à établir un équilibre dans les relations entre
fournisseurs et consommateurs. La réglementation sur la protection du consommateur, promulguée
en février 2001, impose une obligation d'information préalable au fournisseur et interdit les clauses
abusives, préservant ainsi le consommateur d'un déséquilibre significatif. De même, la régulation du
code des assurances, avec l'implication cruciale de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la
Prévoyance Sociale (ACAPS), assure le respect des normes réglementaires, renforçant la protection
des parties impliquées dans la relation assurantielle.

Section 2 : la protection institutionnelle de la partie faible dans le rapport contractuel :

La protection institutionnelle de la partie vulnérable dans les contrats repose sur l'action judiciaire,
employant l'interprétation du contrat et la surveillance des clauses abusives et pénales.
L'interprétation du contrat par le juge est restreinte aux clauses obscures et en cas de doute, avec
une orientation vers la protection de la partie la plus vulnérable.

Aussi, Le contrôle des clauses abusives demeure complexe, avec des nuances telles qu'illustrées dans
certains cas. La présence d'une clause pénale, régie par l'article 264 du D.O.C, est sujette à révision
par le juge pour garantir l'équité et l'équilibre contractuels, marquant ainsi une évolution dans la
compréhension des contrats.

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La protection judiciaire du consommateur au Maroc s'accompagne de divers mécanismes pour faire


face aux litiges contractuels. Bien que le recours à la justice soit souvent limité en raison de la lenteur
et des coûts associés, le pouvoir du juge, tel que défini par le D.O.C, joue un rôle essentiel. Dans
l'interprétation du contrat, le juge peut intervenir en cas de clauses obscures ou d'incertitudes, mais
son pouvoir est encadré. La jurisprudence marocaine a établi la non-révision du contrat pour
imprévision (art 230 DOC), soulignant la force obligatoire des conventions. Cependant, le juge peut
interpréter des clauses ambiguës selon l'article 462 du D.O.C. De plus, la théorie de la lésion qualifiée
est reconnue pour corriger les déséquilibres résultant de l'abus de l'infériorité d'une partie. Le
pouvoir du juge s'étend également à la révision des clauses d'astreinte en vertu de l'article 878 du
D.O.C.

La loi 31/08 élargit le pouvoir du juge en faveur du consommateur. Elle autorise l'interprétation la
plus favorable au consommateur en cas de doute sur une clause. De manière significative, la loi
identifie 17 clauses prédéterminées comme abusives, donnant au juge le pouvoir de les déclarer
nulles et non avenues. Cette disposition simplifie le processus judiciaire en éliminant la nécessité de
rechercher la volonté des parties ou les circonstances de l'acte. En outre, le juge peut déclarer
abusives d'autres clauses, même si elles sont considérées comme accessoires.

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Contrats Équitables : L'accent mis sur l'équité a conduit à une évolution dans la
compréhension des contrats. On a commencé à reconnaître l'importance d'un équilibre juste
entre les parties contractantes. Les tribunaux ont commencé à intervenir pour rectifier les
déséquilibres manifestes et à appliquer des principes d'équité pour assurer des résultats
justes.

Comment en peut définir l’équilibre contractuelle

L'équilibre contractuel peut être défini comme une situation où les termes et les conditions
d'un contrat sont équitables et justes pour toutes les parties impliquées. Cela implique que
les droits, les obligations et les avantages découlant du contrat sont répartis de manière
équilibrée, évitant ainsi toute forme de déséquilibre significatif qui pourrait léser l'une des
parties. Un contrat est considéré comme équilibré lorsque les conditions ont été négociées
de manière libre, volontaire et éclairée, sans coercition ou pression indue. L'équilibre
contractuel peut également être maintenu tout au long de l'exécution du contrat grâce à des
mécanismes tels que la bonne foi, l'équité, et les protections légales contre les pratiques
déloyales ou les clauses abusives. En somme, l'équilibre contractuel garantit que chaque
partie bénéficie d'une position juste et équitable dans le cadre de l'accord contractuel.

le pouvoir contractuelle ?
Le pouvoir contractuel, dans le contexte contemporain des relations contractuelles, se réfère
à la capacité d'une partie à influencer de manière significative les termes, les conditions et les
résultats d'un contrat. Il peut découler de divers facteurs, tels que la position économique, la
notoriété, la taille d'une entreprise ou d'autres éléments de pouvoir inhérents à une partie
contractante. En d'autres termes, le pouvoir contractuel donne à une partie un avantage dans
la négociation et la formation des contrats, souvent au détriment de la partie moins
puissante. Cela peut créer des déséquilibres dans les relations contractuelles, remettant en
question l'idée traditionnelle de consentement mutuel et d'équilibre entre les parties.

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Section I : Les conditions de la responsabilité contractuelle


Pour qu’il y ait responsabilité contractuelle, il faut un fait imputable au
débiteur qui n’a pas exécuté ou mal exécuté son obligation. Ce fait a donc causé un
dommage au créancier, et enfin un lien de causalité entre le fait du débiteur et le
dommage causé au créancier par l’inexécution du contrat.
Paragraphe 1 : L’inexécution de l’obligation contractuelle imputable au débiteur
Il s’agit de savoir dans quel cas un contractant doit répondre de
l’insatisfaction de son cocontractant tout dépend de l’étendu de l’obligation que le
débiteur s’était engagé à exécuter, est-ce est une obligation de moyen ou une
obligation de résultat ?
=> S’il s’agit d’une obligation de moyen, le créancier est tenu de prouver
que le débiteur n’a pas déployé les efforts d’un contractant honnête et
consciencieux, autrement dit, il doit prouver la faute de celui dont il prétend engager
la responsabilité.
=> Lorsqu’il s’agit d’une obligation de résultat, il suffit que ce résultat ne
soit pas obtenu, pour que le débiteur ait manqué de son engagement et en soit
responsable. Il ne pourrait s’exonérer qu’en faisant la preuve que l’échec est dû à une
cause étrangère, qu’il ne lui est pas imputable.
Le D.O.C prévoit la question dans les articles 263 et 268 qui précisent
respectivement que les dommages et intérêts sont dus en cas d’inexécution des
obligations, et qu’il n’y ait aucune mauvaise foi par le débiteur, et d’un autre coté
ces dommages et intérêts ne sont pas dus si l’inexécution ne lui est pas imputé telle
que la force majeure ou la demeure du créancier.
L’art 270 du D.O.C : « Le créancier est en demeure, lorsqu'il refuse, sans
juste cause, de recevoir la prestation que le débiteur ou un tiers, agissant en son
nom, offre d'accomplir de la manière déterminée par le titre constitutif ou par la
nature de l’obligation ».
L’inexécution est alors due au créancier qui n’a pas fait ce qu’il devait
faire et non au débiteur, c’est donc le créancier qui fait obstacle à l’exécution du
contrat, et cela suffit à dégager le débiteur de toutes responsabilités. Si
ultérieurement le créancier agit en responsabilité contre le débiteur pour inexécution
du contrat, celui-ci pourra se libérer en prouvant que c’est le créancier qui s’est
opposé à l’exécution du contrat ou qui par son refus (créancier) à rendu l’exécution
impossible.
La demeure de créancier joue ainsi, comme une cause d’exonération du
débiteur. Cependant les arts : 263 et 268 du D.O.C paraissent peu explicites au niveau
de l’exigence de la faute, mais on en déduit qu’en cas d’obligation de moyen, la
faute constitue une condition essentielle de la responsabilité du débiteur, et en cas
de résultat, la responsabilité du débiteur découle alors, du seul fait matériel, sans
qu’il ait lieu de rechercher si l’inexécution est ou non fautive.
Le débiteur est présumé responsable de l’inexécution et cette
présomption ne tombe que par la preuve d’un cas de force majeure. Cependant, il
reste à déterminer dans quel cas l’obligation est de moyen ou de résultat. Le
problème ne se pose pas lorsque c’est le contrat qui détermine la nature de
l’obligation. La nature de l’obligation peut poser problème lorsque dans un contrat
existe plusieurs obligations de différentes natures. La distinction entre les obligations
de moyen et de résultat bien qu’elle soit devenue déterminante en matière de la
responsabilité contractuelle, ne rend pas suffisamment compte de la diversité des
obligations que les contrats peuvent engendrer, de nombreuses obligations
contractuelles échappe en effet, à cette classification. C’est le cas des obligations de
moyens, le débiteur sur lequel pèse une obligation plus atténuée (très légère) ne sera
responsable que si le créancier parvient à prouver qu’il s’est rendu coupable d’une
faute grave. La faute ordinaire ou légère ne suffit donc pas à fonder la responsabilité
du débiteur. C’est aussi le cas d’obligation plusrigoureuse que les obligations de
résultat, parfois appelée obligation de résultat absolu, le débiteur qui assume une
obligation très lourde, ne pourra pas se libérer en prouvant que l’inexécution est due
à un cas de force majeure. Le débiteur garanti ici un résultat déterminé et répond de
toute inexécution quelqu’en soit la cause (art 269), l’art 266 nous dit que le débiteur
en demeure répond du cas fortuit et de la force majeure, principalement en matière
d’obligation de résultat absolu ou de garantie. De même en matière d’obligation de
moyen, la faute contractuelle est susceptible de degré et la gravité requise et en
fonction du contenu et de l’intensité de l’obligation inexécutée. En effet, nous
retenons (1er degré) la faute ordinaire ou légère: Qui engage le débiteur en cas
d’imprudence ou de négligence. Ou bien (2ème degré) la faute lourde grave ou
grossière qui consiste en une légèreté impardonnable ou une insouciance
inadmissible (oublier un ciseau dans le ventre d’une personne lors d’une opération).
(3ème degré) La faute dolosive ou intentionnelle ou dol: Lorsque le comportement
du débiteur relève de la mauvaise foi. L’article 264 stipule que le juge doit évaluer
différemment la mesure des dommages-intérêts selon qu’il s’agit de la faute du
débiteur ou de son dol. Le but du législateur en l’occurrence (est de sanctionner la
faute dolosive en autorisant le juge à octroyer au créancier des dommages- intérêts
punitifs) qui s’ajoutent aux dommages-intérêts compensatoires ou moratoires.
En définitif, il convient de ne pas perdre de vue que nous sommes en
matière contractuelle, en vertu de la liberté contractuelle, les parties disposent d’une
latitude considérable pour déterminer le contenu et l’intensité de leurs obligations, il
appartient donc au juge saisie d’une action en responsabilité de prendre en
considération les données propres à chaque cas pour déterminer l’étendue et la
rigueur de l’obligation inexécutée et partant des règles applicables.

Section II : L’inexécution du contrat non imputable au débiteur

En principe, la responsabilité du débiteur envers le créancier suppose que l’inexécution ou


l’exécution défectueuse de l’obligation issue du contrat soit imputable au premier. Cependant, il
existe des situations où l’inexécution n’est pas imputable au débiteur, telles que les causes
étrangères exonératoires de responsabilité et la théorie des risques propres aux contrats
synallagmatiques.

Paragraphe 1 : Les causes étrangères exonératoires de responsabilité

A- La force majeure :

La force majeure, définie par l'art 269 du D.O.C, englobe des événements imprévisibles et
irrésistibles, extérieurs à l'activité du débiteur. La distinction entre la force majeure et le cas fortuit
réside dans le caractère naturel de la première et la défaillance humaine du second. Les conditions
pour qu'un événement soit considéré comme force majeure comprennent son extériorité, son
imprévisibilité et son irrésistibilité.

L'extériorité : L'événement doit se produire en dehors de la sphère d'influence du débiteur.


L'imprévisibilité : L'événement doit être normalement imprévisible pour un homme raisonnable.

L'irrésistibilité : Le débiteur ne doit pas être en mesure d'éviter l'inexécution de son obligation
résultant de l'événement.

B- Le fait d’un tiers et le fait d’un créancier :

Le débiteur peut se libérer de son obligation en prouvant que l'inexécution provient du fait d'un tiers
ou du fait du créancier. Le fait d'un tiers doit être extérieur à la responsabilité du débiteur, tandis que
le fait du créancier peut résulter du refus injustifié de la prestation offerte par le débiteur ou de toute
action entravant l'exécution.

En résumé, cette section explore les circonstances dans lesquelles le débiteur peut être exempté de
responsabilité en raison d'événements extérieurs, tels que la force majeure, le fait d'un tiers ou le fait
du créancier. Ces causes étrangères exonératoires soulignent l'importance de déterminer la
responsabilité en tenant compte des circonstances spécifiques entourant l'inexécution du contrat.

++

La théorie des risques

La théorie des risques se penche sur la question de savoir quelle partie d'un contrat synallagmatique
doit assumer les conséquences de la force majeure lorsque l'une des parties est empêchée
d'exécuter sa prestation. Le Décret d'Organisation et de Coordination (D.O.C) aborde cette question
en fonction de la nature du contrat, qu'il soit translatif ou non de propriété.

Contrats translatifs de propriété : Dans ces contrats, où la propriété d'une chose est transférée par la
seule conclusion du contrat, les risques sont généralement pour le propriétaire. Par exemple, dans
une vente, si la chose est détruite par la force majeure après la conclusion du contrat mais avant la
délivrance, l'acheteur est généralement tenu de payer le prix, car il est devenu propriétaire dès la
conclusion du contrat.

Choses de genres : Si la force majeure survient avant l'individualisation de la chose, la perte est
supportée par le vendeur.

Réserve de propriété : Lorsqu'une clause de réserve de propriété est stipulée, le vendeur reste
propriétaire jusqu'au paiement complet du prix, assumant ainsi les risques liés à la chose pendant
cette période, sauf indication contraire dans le contrat.

Contrats non translatifs de propriété : L'article 338 du D.O.C énonce que si l'inexécution provient
d'une cause indépendante de la volonté des deux parties, le débiteur est libéré, mais n'a plus le droit
de demander la prestation de l'autre partie. Les risques sont alors pour le débiteur, et le créancier est
également libéré de son obligation.

Force majeure et extinction des obligations : Si la force majeure éteint l'obligation du débiteur, elle
éteint également celle du créancier. Les risques sont donc supportés par le débiteur de la prestation
devenue impossible.

Restitution en cas de paiement préalable : Si le créancier s'est acquitté de son obligation avant la
force majeure, il a le droit d'agir en restitution, aligné sur le principe selon lequel les obligations
réciproques disparaissent en cas d'impossibilité fortuite d'exécution.

Cette approche vise à garantir une répartition équitable des risques entre les parties, en fonction des
caractéristiques spécifiques du contrat en question.
+++

Section III : Les clauses relatives à la responsabilité contractuelle

Les parties jouissent généralement d'une grande liberté pour aménager leur accord contractuel,
définissant ainsi les obligations et responsabilités de chaque partie. Cette liberté inclut la possibilité
d'aggraver ou de limiter la responsabilité du débiteur, ainsi que d'ajuster les modalités d'exécution
des obligations. Toutefois, certaines limitations à cette liberté sont imposées par la loi et par des
considérations d'ordre public.

Paragraphe 1 : Les clauses de non-responsabilité

Les clauses de non-responsabilité déchargent le débiteur de toute obligation de dommages-intérêts


en cas d'inexécution, d'exécution tardive, ou défectueuse de ses obligations. Bien que généralement
valides, ces clauses font face à des restrictions importantes. L'article 232 du D.O.C interdit de stipuler
à l'avance une exonération en cas de faute lourde ou de dol, car cela reviendrait à autoriser le
débiteur à se soustraire à ses engagements. De plus, les clauses d'exonération ne peuvent s'appliquer
en cas d'atteinte à l'intégrité physique, et ne doivent pas priver le contrat de son objet.

Paragraphe 2 : Les clauses limitatives de responsabilité

Les clauses limitatives de responsabilité restreignent les obligations du débiteur, souvent en le


déchargeant d'une obligation de résultat pour n'assumer qu'une obligation de moyen. Ces clauses
sont généralement acceptées, mais des limites existent. Certains engagements, considérés comme
essentiels à la nature même du contrat, ne peuvent être restreints. De plus, certaines obligations
impératives sont réglementées voire interdites par la loi.

Paragraphe 3 : La clause pénale

La clause pénale fixe de manière forfaitaire les dommages-intérêts dus par le débiteur en cas
d'inexécution de l'obligation. Elle peut être considérée comme une incitation à l'exécution ponctuelle
ou comme une limitation de responsabilité. La clause pénale est distincte de la clause limitative de
responsabilité. Sa validité est généralement admise, bien que le juge puisse la réduire en cas de
manifeste excès ou de dérisoire. L'article 264 du D.O.C introduit une réforme permettant au juge
d'ajuster le montant des dommages-intérêts convenus à l'avance en raison de l'inexécution totale ou
partielle de l'obligation.

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Section IV : La résolution

Lorsqu'un débiteur ne remplit pas son obligation contractuelle, le créancier dispose de moyens de
défense avant de recourir à la résolution. L'exception d'inexécution permet à chaque contractant de
refuser d'accomplir son obligation tant que l'autre ne remplit pas la sienne. Le droit de rétention
autorise le créancier à retenir la chose du débiteur jusqu'à son exécution. Si ces remèdes échouent,
la résolution devient la solution ultime.

Paragraphe 1 : La résolution judiciaire

La résolution judiciaire, régie par l'article 259 du D.O.C, nécessite une décision du juge à l'initiative du
créancier. Le débiteur ne peut pas demander la résolution lui-même. Les conditions de la résolution
concernent le contrat et l'inexécution. Concernant le contrat, bien que la résolution soit plus
fréquente dans les contrats synallagmatiques, elle peut s'appliquer à des contrats unilatéraux. Pour
l'inexécution, il doit s'agir d'une faute imputable au débiteur. Si l'inexécution est totale, la résolution
est possible, mais en cas d'inexécution partielle, le créancier peut choisir entre exiger l'exécution du
reste ou demander la résolution pour la partie non exécutée de manière suffisamment grave.

Les effets de la résolution incluent le rétablissement rétroactif du contrat, obligeant les parties à
restituer ce qui a déjà été exécuté. De plus, le juge peut condamner le débiteur à des dommages-
intérêts pour compenser le préjudice causé par la résolution.

Paragraphe 2 : La résolution conventionnelle

La résolution conventionnelle résulte d'une clause du contrat prévoyant la résolution en cas


d'inexécution. Prévue par l'article 260 du D.O.C, elle vise à éviter la dépendance du juge. Cependant,
ces clauses peuvent être dangereuses, surtout dans les contrats d'adhésion. Contrairement à la
résolution judiciaire, la résolution conventionnelle opère de plein droit dès que l'inexécution est
constatée, sans nécessiter l'intervention du juge. Cette automatisation peut soulever des
préoccupations, mais l'article 260 stipule que la résolution opère automatiquement, et le juge n'a
qu'un rôle limité pour constater son application en cas de contestation. Il est à noter que le débiteur
défaillant ne peut pas invoquer la résolution de plein droit s'il n'a pas rempli sa propre obligation.

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