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PAUL RICŒUR

Grondin

1. RÉSUMÉ :
Paul Ricœur, s'inscrivant dans la lignée de la philosophie réflexive française, a élaboré une
herméneutique complexe au cours de sa carrière étalée sur près de soixante ans. Contrairement à
Gadamer, Ricœur a abordé le conflit entre l'herméneutique et la critique des idéologies en
distinguant deux types d'herméneutique : celle de la confiance et celle du soupçon. Cette idée
fondamentale l'a amené à chercher une conciliation entre les pensées de Gadamer et de Habermas.
Le parcours herméneutique de Ricœur, bien distinct de celui de Gadamer, s'est développé à partir
d'œuvres des années 1950 et 1960, explorant des domaines variés tels que la philosophie de
l'existence, la théorie de la connaissance historique, l'interprétation biblique, la psychanalyse, la
théorie linguistique, la théorie de l'action, la phénoménologie du temps, de la mémoire, et de la
reconnaissance, ainsi que l'éthique. Ricœur a cherché à réconcilier ces approches diverses, adoptant
une approche « hégélienne » tout en résistant à la notion de synthèse totalisante.
Son parcours herméneutique a débuté avec une influence marquée par la philosophie de
l'existence et la radicalisation éthique. Ricœur a ensuite opéré un « tournant herméneutique » en
greffant l'herméneutique sur la phénoménologie, mettant en lumière son idée que l'ego ne peut se
comprendre que par l'interprétation des grands symboles. Ce « détour herméneutique » se distingue
de celui de Heidegger et Gadamer, privilégiant l'interprétation comme déchiffrement des symboles
plutôt que l'ontologisation de l'existence. Ricœur a résisté à la tendance de Heidegger à confondre
l'herméneutique avec l'accomplissement fondamental de l'existence, préservant ainsi son
orientation épistémologique et critique.
Paul Ricœur, bien qu'ayant résisté à l'herméneutique de Heidegger, défend l'idée d'un "tournant
herméneutique" dans la phénoménologie, se démarquant ainsi de l'interprétation idéaliste de
Husserl. Il soutient que l'herméneutique a ruiné certaines notions de la phénoménologie, dont l'idéal
de scientificité, la primauté de l'intuition, et le primat de l'immanence du sujet. Ricœur propose une
phénoménologie herméneutique qui considère les objectivations comme essentielles à la
connaissance de soi. Il qualifie ainsi sa phénoménologie de herméneutique. Contrairement à
Gadamer, qui prône une herméneutique phénoménologique, Ricœur parle d'un "tournant
herméneutique de la phénoménologie" et d'un "tournant phénoménologique de l'herméneutique"
chez Gadamer. Bien que Ricœur insiste sur l'infléchissement herméneutique, il souligne également
les présuppositions phénoménologiques de l'herméneutique, telles que la prééminence du sens sur la
conscience de soi et la nécessité de prendre en compte l'expérience de la "distanciation". En dépit de
certaines divergences avec Gadamer sur l'autonomie de l'ordre linguistique, Ricœur conclut que
l'expérience du monde passe par une herméneutique interprétant les objectivations de sens.
Paul Ricœur souligne le débat entre deux approches apparemment incompatibles : une
herméneutique de la confiance, axée sur la compréhension du sens tel qu'il se donne, et une
herméneutique du soupçon, méfiante envers le sens apparent, cherchant à dévoiler des erreurs,
mensonges ou déformations. Ricœur, bien que issu de la philosophie réflexive et de
l'existentialisme, montre une ouverture équilibrée envers les deux approches, reconnaissant la
nécessité du soupçon pour déconstruire les illusions de la conscience naïve. Il résiste à la tendance
de subordonner tout à une herméneutique ontologique de la compréhension, privilégiant une
approche qui tient compte des objectivations et des constructions de sens. Enfin, il souligne l'idée
que "expliquer plus, c'est comprendre mieux."
Dans son exploration de l'herméneutique, Paul Ricœur revisite la distinction entre l'explication
des sciences exactes et la compréhension des sciences humaines, s'inspirant de Dilthey. Pour lui, il
s'agit moins d'une distinction méthodologique que de deux opérations complémentaires dans l'arc
herméneutique de l'interprétation. La conscience doit se méfier de l'évidence immédiate du sens et
accepter qu'une explication puisse mettre à distance les illusions. Ricœur associe Habermas à une
herméneutique de la distanciation et Gadamer à une herméneutique de l'appartenance, soulignant la
nécessité d'intégrer les leçons de l'herméneutique du soupçon. Une nouvelle herméneutique émerge,
influencée par la notion de texte, étendant la compréhension au-delà du déchiffrement des
symboles. Ricœur intègre les approches structurales et sémiotiques, considérant le texte comme une
unité autoréférentielle, mais souligne que le monde d'un texte s'ouvre, pouvant être habité par la
conscience. Cette dialectique de l'explication et de la compréhension conduit à une conception plus
ample de l'herméneutique, définie comme la théorie des opérations de la compréhension en relation
avec l'interprétation des textes. La notion de texte s'étend à tous les éléments compréhensibles, y
compris l'action humaine et l'histoire, conduisant Ricœur à définir l'herméneutique comme la
théorie des opérations de compréhension en relation avec l'interprétation de tous les textes. Cette
conception élargie de l'herméneutique culmine dans la reconnaissance de l'identité humaine comme
une identité essentiellement narrative, répondant à la question fondamentale de l'identité humaine à
travers la théorie du récit historique.
Dans son ouvrage "Temps et récit" (1982-1985), Paul Ricœur propose une nouvelle conception
de l'herméneutique qui émerge de ses réflexions sur la conscience historique. Il affirme que le soi
qui émerge des herméneutiques du soupçon et de la distanciation est inévitablement un "cogito
brisé". Malgré l'abandon de l'idéal de transparence intégrale, le soi ne peut s'empêcher de se
comprendre à partir des objectivations de sens présentes dans les grands textes littéraires,
philosophiques, et religieux transmis par l'histoire de l'humanité.
Ricœur insiste sur l'importance de la temporalité dans cette nouvelle herméneutique, affirmant
que le soi ne peut donner sens à son expérience radicale du temps que par le biais de la
configuration narrative. Le "soi brisé" peut ainsi reconnaître ses modestes mais réelles "capacités"
de reconfigurer son propre monde.
Dans le dernier tome de "Temps et récit," Ricœur développe une "herméneutique de la
conscience historique," rejoignant ainsi la perspective de Gadamer sur l'herméneutique de la
conscience du travail de l'histoire. Ricœur souligne la condition langagière de l'homme, dépendant
du langage et des "choses déjà dites, entendues et reçues." Il se rapproche de Gadamer,
reconnaissant que la compréhension ne peut pas être simplement une prise de distance, mais doit
également intégrer l'appartenance à une tradition.
La notion d'identité narrative héritée de l'histoire, bien que dépendante de la tradition, n'est jamais
stable ni fermée. Elle dépend également de la réponse que l'individu peut y apporter. Ricœur
souligne la capacité de réponse et l'initiative, introduisant ainsi une dimension éthique à
l'herméneutique. La question fondamentale devient alors non seulement "Qui suis-je ?" mais aussi
et surtout "Que puis-je ?"
Paul Ricœur propose une phénoménologie herméneutique de l'homme capable, soulignant que
nous ne sommes pas simplement les héritiers passifs de l'histoire, mais que nous conservons un
espace d'initiative. Cette approche se situe dans la continuité de son projet philosophique, marqué
par une herméneutique du soi.
Ricœur insiste sur l'idée que le soi de la connaissance de soi n'est pas un moi égoïste et
narcissique dénoncé par les herméneutiques du soupçon, mais plutôt le résultat d'une vie examinée.
Cette vie examinée est largement influencée et épurée par les récits historiques et fictifs transmis
par la culture. Ainsi, l'ipséité, ou l'identité narrative du soi, est formée par les œuvres culturelles qui
ont été assimilées.
L'identité narrative peut varier entre les communautés et les individus, et le soi a la capacité de
reconfigurer dans une certaine mesure son identité narrative. Ricœur aborde la phénoménologie de
l'homme capable en se basant sur les usages du « je peux » en français, englobant les domaines de
la philosophie du langage, de la philosophie de l'action, de la théorie narrative et de la philosophie
morale.
Le projet philosophique de Ricœur, intitulé « herméneutique du soi », rappelle l'idée
heideggérienne d'une herméneutique de la facticité. Cette herméneutique ne se concentre plus sur
les symboles ou les textes, mais sur le soi-même. Elle prend la forme d'une ontologie
herméneutique privilégiant les notions d'acte, de puissance et de possibilité.
Cette ontologie herméneutique représente l'aboutissement du parcours de Ricœur, combinant les
leçons de l'école du soupçon avec une reconnaissance des ressources éthiques du « soi capable ».
Elle souligne que, en tant qu'êtres historiques, nous sommes les héritiers de promesses fondatrices
et d'espérances, et que l'herméneutique du soi sert de mémoire à ces fondements éthiques. Pour
Ricœur, une éthique sans herméneutique est aveugle, et cette approche offre un équilibre entre
l'analyse critique et la perspective éthique.

2. FICHES :

2.1. Parcours Arborescent de la Pensée Herméneutique de Paul


Ricœur
a) Introduction
• Injustice de juxtaposer Ricœur à Gadamer et Habermas.
• Fondation herméneutique sur la conciliation entre Gadamer et Habermas.

b) Conflit Herméneutique et Critique des Idéologies


• Distinction entre herméneutique de la confiance et du soupçon.
• Conflit entre herméneutique et critique des idéologies.
• Référence à l'œuvre majeure "Herméneutique et critique des idéologies" (1973).

c) Indépendance du Parcours Ricœur


• Trajectoire distincte de Gadamer, indépendante, fondements dans les années 1950-
60.
• Influence commune de la tradition herméneutique de Schleiermacher, Dilthey,
Bultmann, et Heidegger.

d) Divergence avec Gadamer


• Gadamer plus critique de Dilthey, proche de Heidegger.
• Ricœur, sans donner congé à l'herméneutique, complexité dans la relation avec
Dilthey.

e) Complexité du Parcours Ricœur


• Développement sur près de soixante ans (1947-2004).
• Exploration de disciplines variées : philosophie de l'existence, théorie de la
connaissance historique, interprétation biblique, psychanalyse, linguistique, théorie
de l'action, phénoménologie du temps, éthique.
f) Unité Complexifiée
• Tentative de réconciliation des approches diverses.
• Trait "hégélien" sans synthèse totalisante.
• La recherche d'une unité cohérente dans la pensée de Ricœur est compliquée en
raison de la surabondance des idées et des domaines qu'il explore.

g) Racines de la Pensée Ricœur


• Tradition française de philosophie réflexive (Ravaisson, Lachelier, Bergson).
• Philosophie réflexive basée sur l'autoréflexion de l'ego.

h) Enchantement pour la Philosophie de l'Existence


• Attirance pour l'existentialisme de Jaspers et la phénoménologie de Husserl.
• Focus sur l'autoréflexion de l'ego, "connais toi-même".

i) Tournant Herméneutique de Ricœur


• Greffe de l'herméneutique sur la phénoménologie.
• Interprétation des symboles comme moyen indirect de compréhension de soi.
• Première définition de l'herméneutique : déchiffrement des symboles à double sens.

j) Résistance à l'Ontologisation
• Résistance à l'ontologisation de l'herméneutique par Heidegger.
• Importance du maintien de l'orientation épistémologique et critique.

2.2. Phénoménologie Devenue Herméneutique chez Ricœur

a) Résistance à l'herméneutique de Heidegger


• Ricœur résiste à l'herméneutique de Heidegger.
• Préserve la phénoménologie mais avec un "tournant herméneutique".

b) Ruine de Certains Idéaux Husserliens


• Herméneutique déconstruit l'idéalisme husserlien.
• Ruine de l'idéal de scientificité, de la primauté de l'intuition, de l'immanence
cartésienne, du statut du sujet, et d'une conception théorique de l'autoréflexion.

i. Ruine de l'idéal de scientificité :


• Signification : La quête d'une approche scientifique ultime dans la compréhension
des phénomènes est compromise.
• Explication : L'herméneutique remet en question la possibilité d'une fondation
ultime ou d'une scientificité totale dans la compréhension des phénomènes.

ii. Primauté de l'intuition mise en cause :


• Signification : La place centrale accordée à l'intuition comme voie privilégiée
d'accès aux phénomènes est remise en question.
• Explication : L'herméneutique suggère que l'accès direct aux phénomènes par
l'intuition n'est pas possible, nécessitant plutôt une interprétation.

iii. Remise en question de l'immanence cartésienne :


• Signification : La conception selon laquelle le sujet est immanent à lui-même est
remise en cause.
• Explication : L'idée que la conscience est totalement présente à elle-même, telle que
formulée dans la philosophie cartésienne, est remise en question par
l'herméneutique.

iv. Remise en question du statut du sujet :


• Signification : Le sujet perd son statut privilégié ou son rôle fondamental.
• Explication : L'herméneutique érode la notion selon laquelle le sujet serait au centre
de l'expérience et de la compréhension, suggérant une vision plus complexe et
décentrée.

v. Remise en question d'une conception théorique de l'autoréflexion :


• Signification : L'idée d'une autoréflexion théorique du sujet est remise en question.
• Explication : Plutôt que de considérer l'autoréflexion comme un acte théorique,
l'herméneutique suggère que cela développe des implications éthiques et engage des
dimensions pratiques et interprétatives.
▪ En somme, ces concepts soulignent le changement de perspective induit par
l'herméneutique, remettant en question des éléments fondamentaux de la
phénoménologie traditionnelle.

c) Tournant Herméneutique chez Ricœur

i. Impossibilité d'un accès direct aux phénomènes et à l'ego :


• La compréhension des phénomènes et de soi-même ne peut pas se faire de manière
immédiate, sans passer par un processus interprétatif ou médiatisé,

➢ Accès direct aux phénomènes :

• Il est impossible d'appréhender les phénomènes sans intervention ou médiation.


• La simple observation ou intuition ne suffit pas à saisir pleinement la signification
des phénomènes.
➢ Accès direct à l'ego :

• De manière similaire, comprendre l'ego (soi-même) ne peut se faire instantanément.


• Il est nécessaire d'adopter une approche qui va au-delà d'une simple introspection ou
conscience immédiate.
• Cette idée peut être liée au "tournant herméneutique" de Ricœur, où il soutient que
l'herméneutique devient nécessaire pour interpréter, comprendre et donner un sens
aux phénomènes et à l'expérience de soi.
• Ainsi, la reconnaissance de cette impossibilité d'un accès direct motive le recours à
des méthodes interprétatives plus complexes et réfléchies.

ii. L'herméneutique détruit une interprétation idéaliste de la phénoménologie par


Husserl :

➢ Idéalisme Husserlien :

▪ Husserl, en tant que fondateur de la phénoménologie, avait une approche idéaliste,


mettant l'accent sur la recherche d'une connaissance absolue et objective des
phénomènes.

➢ Scientificité Absolue :

▪ L'idéalisme husserlien visait une scientificité absolue, une quête de certitude et


d'objectivité totale dans la compréhension des phénomènes.

➢ Primauté de l'Intuition :

▪ Husserl accordait une primauté à l'intuition comme moyen direct d'accès aux
phénomènes, considérant l'intuition comme une source fondamentale de
connaissance.

➢ Immanence et Sujet :

▪ La conception husserlienne impliquait une immanence du sujet à lui-même,


soulignant que la conscience est totalement présente à elle-même.

➢ Statut du Sujet :

▪ Selon Husserl, le sujet jouit d'un statut privilégié dans la connaissance, et


l'autoréflexion était souvent traitée de manière théorique.

iii. En quoi l'herméneutique intervient :

➢ Déconstruction de la Scientificité Absolue :

▪ L'herméneutique remet en question l'idée d'une scientificité absolue, suggérant que


la compréhension totale et objective des phénomènes peut être difficile à atteindre.
➢ Remise en Question de la Primauté de l'Intuition :

▪ L'herméneutique met en doute la primauté de l'intuition en affirmant que l'accès


direct aux phénomènes n'est pas toujours possible et que l'interprétation est
nécessaire.

➢ Critique de l'Immanence et du Sujet :

▪ L'herméneutique conteste l'idée de l'immanence totale du sujet à lui-même,


suggérant que la conscience peut être mise à distance et interprétée.

➢ Décentrement du Sujet :

▪ En remettant en question le statut privilégié du sujet, l'herméneutique propose une


vision décentrée, où la compréhension implique une interaction complexe entre le
sujet et le monde.

➢ Approche Pratique de l'Autoréflexion :

▪ Plutôt qu'une autoréflexion théorique, l'herméneutique souligne les dimensions


pratiques et éthiques de l'autoréflexion.
• En résumé, l'herméneutique de Ricœur remet en question les postulats idéalistes de Husserl,
offrant une perspective alternative qui met en avant l'interprétation, la contextualisation et la
complexité de la compréhension phénoménologique

d) Évolution de la connaissance de soi


• Développement d'une phénoménologie herméneutique.
• Cela se fait en remettant en question certains postulats de la phénoménologie
classique et en insérant des notions herméneutiques pour traiter les limitations
perçues.
• Cela marque un changement de perspective, suggérant que la compréhension des
phénomènes ne peut pas être totalement objective et que des éléments interprétatifs
sont nécessaires.
• Ricœur propose une nouvelle orientation dans la phénoménologie, intégrant des
éléments herméneutiques.
• Cela signifie que l'interprétation devient une composante essentielle du processus
phénoménologique, soulignant que la signification des phénomènes doit être
dévoilée par un travail herméneutique.
• Utilisation des objectivations comme détour nécessaire pour la connaissance de soi.
• L'herméneutique utilise ces objectivations comme médiation, reconnaissant que la
compréhension de soi et des phénomènes nécessite une distance interprétative.
• Ricœur reconnaît le caractère dérivé de l'ordre linguistique par rapport au sens et aux
choses.
• Cela suggère un éloignement de l'idée d'une autonomie du langage, soulignant que le
langage est lié à l'expérience du monde et nécessite une herméneutique pour être
compris.
• Ricœur insiste sur la préservation de certaines présuppositions phénoménologiques,
comme la primauté du sens.
• Malgré l'influence herméneutique, ces présuppositions maintiennent des éléments
phénoménologiques, soulignant que la quête du sens demeure fondamentale.
• La suite du parcours de Ricœur approfondit les implications éthiques de la
phénoménologie herméneutique.
• Cela indique une extension de la réflexion phénoménologique vers des dimensions
pratiques et éthiques, mettant en avant l'importance de l'autoréflexion dans le
contexte éthique.
• En résumé, le développement d'une phénoménologie herméneutique chez Ricœur résulte
d'une remise en question des postulats phénoménologiques traditionnels et de l'intégration
d'éléments herméneutiques pour enrichir la compréhension des phénomènes et de soi-
même.
• L'interprétation devient ainsi centrale dans la démarche phénoménologique, introduisant des
dimensions de complexité et de contextualisation.

e) Relations avec Gadamer

i. Distinction des Tournants


• Ricœur : Tournant herméneutique de la phénoménologie.
• Gadamer : Tournant phénoménologique de l'herméneutique.

ii. Phénoménologie Herméneutique


• Ricœur insiste sur les présuppositions encore phénoménologiques de
l'herméneutique.
• Reconnaissance du sens comme présupposition fondamentale.
• Prise en compte de l'expérience de la "distanciation".

f) Présuppositions Phénoménologiques Maintenues

i. Sens comme Fondement


• Toute question sur un étant est une question sur son sens.
• Le sens doit être clarifié par un effort herméneutique.

ii. Expérience de la Distanciation


• La conscience peut être mise à distance et interprétée.
• Reconnaissance du caractère dérivé de l'ordre linguistique.
g) Convergence avec Gadamer malgré des nuances

i. Porosité Essentielle du Langage


• Référence à la porosité du langage comme chez Gadamer.
• Langage ouvert à toute chose et capable de se transcender.

ii. Conclusion de Ricœur


• L'ordre linguistique renvoie à l'expérience du monde.
• Cette expérience nécessite une herméneutique de l'interprétation des objectivations
de sens.

• Cette fiche résume le passage de la phénoménologie à l'herméneutique chez Ricœur,


mettant en lumière les raisons de ce tournant, les ruines des idéaux husserliens, les relations
avec Gadamer, et les présuppositions phénoménologiques maintenues dans la perspective
herméneutique.

2.3. Le conflit des interprétations : l'herméneutique de la confiance


et du soupçon
a) Titre: Les Deux Faces de l'Herméneutique selon Paul Ricœur

➢ Introduction:

• Paul Ricœur, philosophe français du XXe siècle, aborde la question de l'herméneutique en


explorant deux approches apparemment incompatibles pour interpréter les objectivations de
sens.
• La tension entre une herméneutique de la confiance et une herméneutique du soupçon révèle
une complexité fondamentale dans la compréhension du sens.

i. Herméneutique de la Confiance:

➢ Concept fondamental:

• La confiance dans le sens immédiat tel qu'il se donne.


• Téléologie du sens - orientation vers une vérité profonde.
• Inspirée par l'exégèse biblique et la phénoménologie de la conscience.

➢ Objectifs de cette herméneutique:

• Exploration du sens plein selon Dilthey.


• Ouverture aux possibilités de sens et au vécu sous-jacent.
• Compréhension du sens plutôt que son explication.
ii. Herméneutique du Soupçon:

➢ Fondements de l'approche:

• Méfiance envers le sens immédiat en raison de son potentiel de tromperie.


• Reconnaissance de l'erreur utile, du mensonge, ou de la déformation.
• Archéologie souterraine à travers une herméneutique de la suspicion.

➢ Les défenseurs de cette herméneutique:

• « Maîtres du soupçon » tels que Feuerbach, Marx, Nietzsche, Freud, et le structuralisme.


• Réduction des phénomènes de la conscience à une économique secrète et refoulée.
• Inspirée par les modèles d'explication des sciences exactes.

iii. La Position de Ricœur:

➢ Conciliation entre les approches:

• Reconnaissance d'une interprétation réductrice et d'une herméneutique de la confiance.


• Préservation d'un sens aigu des objectivations et des constructions de sens.

➢ Approche critique envers d'autres positions:

• Résistance à la subordination totale à une herméneutique ontologique de la


compréhension.
• Méfiance envers la fusion entre le sens et le comprendre, préférant des objectivations
nécessitant un décodage.

➢ Conclusion:

• Paul Ricœur propose une approche équilibrée de l'herméneutique, reconnaissant la validité


des deux stratégies interprétatives.
• Son engagement envers les "objectivations" souligne son souci de comprendre le sens de
manière approfondie tout en maintenant une distance critique face à la tentation de la fusion
totale entre le sens et le comprendre.

2.4. Une Nouvelle Herméneutique de l'Explication et de la


Compréhension, Inspirée de la Notion de Texte
a) Renouvellement de la Distinction Diltheyenne:
i. Contexte Conceptuel:
• Ricœur revisite la distinction entre explication des sciences exactes et
compréhension des sciences humaines formulée par Dilthey.
• Loin d'une simple distinction méthodologique, Ricœur propose deux opérations
complémentaires au sein de l'« arc herméneutique de l'interprétation. »
ii. Méfiance Critique et Distance:
• La conscience critique doit se méfier de l'évidence immédiate du sens.
• Acceptation que le sens puisse être mis à distance par une explication dénonçant les
illusions de la conscience.

b) Herméneutique de la Distanciation et de l'Appartenance:

i. Associations Conceptuelles:
• Habermas à une herméneutique de la distanciation.
• Gadamer à une herméneutique de l'appartenance.
• Correspondance avec les herméneutiques du soupçon et de la confiance
respectivement.

ii. Dialectique de l'Expliquer et du Comprendre:


• Ricœur développe une dialectique entre expliquer (mise à distance) et comprendre
(déploiement du monde du texte).
• Réconciliation des opérations opposées de Dilthey dans l'« arc herméneutique de
l'interprétation. »

c) Élargissement de la Notion de Texte:

i. Vers une Nouvelle Conception:


• Ricœur élargit sa conception initiale de l'herméneutique centrée sur le déchiffrement
des symboles à double sens.
• Intégration de l'idée de « texte » comme tout ensemble de sens susceptible d'être
compris.

ii. Lecture comme Tâche Essentielle:


• La lecture devient cruciale dans l'herméneutique amplifiante du sens.
• Reconstruire la dynamique interne du texte et restituer sa capacité à projeter un
monde compréhensible.

d) Herméneutique et Identité Narrative:

i. Extension de la Notion de Texte:


• Tout ce qui est compréhensible peut être considéré comme un « texte » : écrits,
actions humaines, histoires individuelles et collectives.
• Compréhension de l'identité humaine comme une identité essentiellement narrative.

ii. La Théorie du Récit Historique:


• Développement ultérieur dans les années 1980.
• Réponse à la question fondamentale de l'identité humaine à travers la perspective du
récit historique.

e) Conclusion :
• La nouvelle herméneutique de Ricœur, guidée par la notion de texte, transcende la
distinction entre expliquer et comprendre.
• Elle offre une approche dialectique, enrichie par la lecture et l'extension de la notion de
texte à toutes les facettes de la réalité humaine, marquant ainsi une évolution significative
dans sa pensée herméneutique.

2.5. L'Herméneutique de la Conscience Historique chez Ricœur


a) Le Soi dans les Herméneutiques du Soupçon et de la Distanciation:
i. Le Cogito Brisé:
• Le soi émerge des herméneutiques du soupçon et de la distanciation comme un «
cogito brisé » selon Ricœur.
• Renoncement à l'idéal d'une transparence intégrale.
• Le cogito brisé émerge de la prise de conscience que la subjectivité n'est pas libre de
manière absolue, mais est conditionnée par des forces inconscientes et des structures
sociales.
• Dans la réflexion de Ricœur, le cogito brisé se situe dans le contexte de la
temporalité et de la nécessité de donner un sens à l'expérience radicale du temps.
• La configuration narrative devient un moyen par lequel le sujet, conscient de sa
brisure et de son insurmontable expérience du temps, peut donner un sens à son
existence.
• La distanciation herméneutique, liée à la compréhension critique et à la mise à
distance du sens immédiat, contribue à briser l'idéal d'une transparence intégrale du
moi.

ii. Compréhension à Partir des Objectivations de Sens:


• Le soi ne peut se comprendre qu'à partir des objectivations de sens, notamment des
grands textes transmis par l'histoire.
• Ces textes littéraires, philosophiques, et religieux façonnent l'expérience radicale de
la temporalité du soi.

b) Herméneutique Narrative et Temporalité Essentielle:

i. Temps et Récit (1982-1985):


• Nouvelle conception de l'herméneutique présentée par Ricœur.
• La notion de texte, déjà soulignée dans l'herméneutique de l'expliquer et du
comprendre, est mise au service d'une phénoménologie de la temporalité essentielle.
ii. Le Soi et la Configuration Narrative:
• Le soi donne sens à son expérience temporelle par le biais de la configuration
narrative.
• Un individu construit une compréhension cohérente et significative de sa propre vie à
travers le processus de narration et de création d'une histoire personnelle. L'individu
organise et donne forme à son expérience en la transformant en récit, en histoire.
• Cela implique de sélectionner, organiser et attribuer un sens aux événements et aux
expériences vécus, les intégrant dans une structure narrative
• Le "soi" devient un narrateur, construisant une narration personnelle qui relie les
différentes phases temporelles de sa vie.
• Ce processus de narration implique souvent la création de liens entre les
événements, la mise en lumière de motifs récurrents, et la construction d'une
continuité ou d'une cohérence.
• La création d'une configuration narrative donne un sens à l'expérience temporelle en
fournissant une structure interprétative.
• Cette signification contribue à la construction de l'identité personnelle en fournissant
une compréhension de qui l'individu est, d'où il vient et vers où il se dirige
• Le soi brisé, conscient de sa condition temporelle, utilise la narration pour donner un
sens à cette expérience et exprimer une certaine forme de continuité malgré les
ruptures.
• L'herméneutique narrative souligne le caractère tragique de la condition humaine
mais aussi la réponse initiatique de l'homme capable.
• La vie humaine est souvent marquée par des éléments inévitables de souffrance, de
limitation, de conflit, voire de destin tragique.
• Ricœur s'inspire de la tragédie grecque pour illustrer la dimension tragique de
l'existence, caractérisée par des tensions inévitables et des conflits insolubles.
• La "réponse initiatique" indique la capacité de l'individu à répondre de manière
active et créative aux défis et aux tragédies de la vie.
• "L'homme capable" fait référence à l'idée que, malgré les circonstances difficiles,
l'individu possède une capacité intrinsèque à agir, à donner un sens à son existence,
et à entreprendre des initiatives qui transcendent les limites de la condition humaine.
• La dialectique entre le tragique et la capacité humaine est au cœur de la réflexion de
Ricœur, soulignant que la vie est à la fois marquée par des limites et ouverte à des
possibilités d'expression et de création.

c) Herméneutique de la Conscience Historique:

i. Dialogue avec Gadamer:


• Ricœur reconnaît à Gadamer le mérite de l'« être-affecté-par-le-passé » et insiste sur
l'importance de la conscience historique.
La conscience historique
La conscience historique désigne la capacité d'un individu ou d'une communauté à avoir une
compréhension réfléchie et critique du passé. C'est une forme de conscience qui reconnaît
l'importance de l'histoire dans la formation de l'identité individuelle et collective. La conscience
historique implique généralement plusieurs éléments :
1. Contextualisation temporelle : La conscience historique suppose la capacité de situer des
événements, des idées et des actions dans leur contexte temporel spécifique. Cela inclut la
compréhension des époques, des périodes et des changements historiques.
2. Compréhension des Continuités et Ruptures : Elle englobe la perception des continuités
et des ruptures au fil du temps, reconnaissant à la fois les éléments qui persistent et ceux qui
changent dans le cours de l'histoire.
3. Prise de Conscience des Héritages : La conscience historique implique la reconnaissance
de l'héritage culturel, social et intellectuel transmis par le passé. Cela inclut la
compréhension de la façon dont les sociétés contemporaines sont façonnées par les
événements et les idées antérieurs.
4. Appréhension des Interactions : Elle prend en compte les interactions complexes entre
différents groupes sociaux, cultures et civilisations au fil du temps. Cela inclut la
compréhension des conflits, des échanges et des influences réciproques.
5. Réflexivité Critique : La conscience historique va au-delà de la simple connaissance des
faits historiques pour inclure une réflexion critique sur la manière dont l'histoire est
racontée, interprétée et utilisée. Elle encourage la remise en question des narrations
historiques et la prise de conscience des biais possibles.
6. Relation avec l'Identité : La conscience historique joue un rôle crucial dans la formation
de l'identité individuelle et collective. Elle contribue à la construction du sens de soi et à la
définition du lien entre le passé, le présent et l'avenir.
7. Responsabilité envers le Passé : Certains soutiennent que la conscience historique
implique également une responsabilité envers le passé, encourageant la préservation, la
commémoration et l'apprentissage des leçons de l'histoire.
E

ii. Dépendance du Langage et des Choses Déjà Dites:


• La condition langagière de l'homme le rend dépendant du langage et des « choses
déjà dites, entendues et reçues. »
• La conscience historique nécessite de reconnaître cette dépendance.

d) Dimension Éthique de l'Identité Narrative:

i. Héritiers de la Tradition mais Non Stables ni Fermés:


• L'identité narrative héritée de l'histoire n'est jamais stable ni fermée.
• Elle dépend de la réponse que nous pouvons y apporter.
ii. Initiative et Capacité de Réponse:
• Insistance sur la capacité de réponse et l'initiative de l'homme capable.
• Émergence de la dimension éthique de l'herméneutique.

iii. Question Éthique : "Que Puis-Je ?"


• La réflexion herméneutique de Ricœur converge vers une question éthique : « Que puis-je ?
»
• Passage de la question de l'identité à celle de la capacité d'action.

e) Conclusion :
• L'herméneutique de la conscience historique chez Ricœur explore la complexité du soi à
travers la temporalité, l'héritage des textes, et la réponse éthique. C'est un appel à la capacité
de l'homme capable dans le dialogue entre tradition et innovation.

2.6. Une phénoménologie herméneutique de l'homme capable


a) Introduction
• Paul Ricœur développe une herméneutique du soi, marquant un tournant vers une ontologie
fondamentale centrée sur l'homme capable.
• L'herméneutique du soi s'inscrit dans le prolongement de son parcours philosophique et
renvoie à une « ontologie de la possibilité ».

b) Herméneutique du Soi comme Ontologie Fondamentale


• Ricœur distingue le soi de la connaissance de soi du moi égoïste dénoncé par les
herméneutiques du soupçon.
• L'ipséité, le soi, est le fruit d'une vie examinée, épurée par les récits historiques et fictifs de
la culture.

c) Identité Narrative et Reconfiguration


• L'identité narrative varie selon les communautés et les individus.
• La phénoménologie de l'homme capable s'appuie sur les usages du « je peux » : parler, agir,
raconter, se tenir responsable.

d) Une Ontologie Herméneutique de l'Homme Capable


• Ricœur adopte une ontologie herméneutique qui privilégie les notions d'acte, de puissance,
et de possibilité.
• Cette approche atténue la critique ontologique vigoureuse de ses premières œuvres.

e) Portée Éthique de l'Herméneutique du Soi


• L'herméneutique du soi débouche sur une éthique.
• La tension éthique se caractérise par la visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des
institutions justes.

f) Conclusion
• L'herméneutique du soi souligne que l'être-affecté-par-le-passé n'est pas la seule
détermination de la conscience.
• Elle permet de redécouvrir les ressources éthiques du « soi capable » face au mal et à
l'injustice, en se référant à la mémoire des promesses fondatrices.

3. CITATIONS :
• Suivant ce que Ricœur a plus tard appelé sa « première définition de l'herméneutique »,
celle-ci était alors expressément conçue comme un déchiffrement des symboles, entendus
eux-mêmes comme des expressions à double sens » Dans cette perspective, l'interprétation
est « le travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent, à
déployer les niveaux de signification impliqués dans la signification littérale »
• «Ce que l'herméneutique a ruiné, ce n'est pas la phénoménologie, mais une de ses
interprétations, à savoir son interprétation idéaliste par Husserl lui-même »
• « Toute question portant sur un étant quelconque est une question sur le sens de cet étant ».
• « Le choix pour le sens est donc la présupposition la plus générale de toute herméneutique. »
Seulement, cela « n'implique aucunement qu'une subjectivité transcendantale ait la maîtrise
souveraine de ce sens vers quoi elle se dirige. Au contraire, la phénoménologie [peut] être
tirée dans la direction opposée, à savoir du côté de la prééminence du sens sur la conscience
de soi »
• «Expliquer plus, c'est comprendre mieux. »
• « Une nouvelle époque de l'herméneutique est ouverte par le succès de l'analyse structurale :
l'explication est désormais le chemin obligé de la compréhension »
• «L'interprétation d'un texte s'achève dans l'interprétation de soi d'un sujet qui désormais se
comprend mieux, se comprend autrement, ou même commence de se comprendre»
• « La tâche essentielle de l'herméneutique sera donc double : il s'agit de «reconstruire la
dynamique interne du texte [et de] restituer la capacité de l'œuvre à se projeter au-dehors
dans la représentation d'un monde que je pourrais habiter ».
• « La dialectique nouvelle affrontait deux opérations (l' expliquer et le comprendre] que W.
Dilthey avait fortement opposées au début du siècle. Or le traitement de cette situation
conflictuelle entraînait un remaniement de ma conception antérieure de l'herméneutique qui
etait restée jusque-là solidaire de la notion de symbole, comprise comme expression à
double sens, et avait trouvé son style conflictuel dans la concurrence entre interprétation
réductrice et interprétation amplifiante. La dialectique entre expliquer et comprendre ,
déployée au niveau du texte en tant qu'unité plus grande que la phrase, devenait la grande
affaire de l'interprétation et constituait desormais le thème et l'enjeu de l'herméneutique. »
• Ricœur adopte dès lors la définition suivante de l' herméneutique : elle est «la théorie des
opérations de la compréhension dans leur rapport avec l'interprétation des textes ».
• «Nous ne sommes les agents de l'histoire que pour autant que nous en sommes les patients »,
car « nous ne sommes jamais en position absolue d'innovateurs, mais toujours d'abord en
situation d'héritiers».
• « Le langage est la grande institution - l'institution des institutions - qui nous a chacun dès
toujours précédés. »
• « La prise de distance, la liberté à l'égard des contenus transmis ne peuvent être l'attitude
première »
• « Le soi de la connaissance de soi n'est pas le moi égoïste et narcissique dont les
herméneutiques du soupçon ont dénoncé l'hypocrisie autant que la naïveté [ ... ]. Le soi de la
connaissance de soi est le fruit d'une vie examinée, selon le mot de Socrate dans l'Apologie.
Or une vie examinée est, pour une large part, une vie épurée, clarifiée, par les effets
cathartiques des récits tant historiques que fictifs véhiculés par notre culture. L'ipséité est
ainsi celle d'un soi instruit par les œuvres de la culture qu'il s'est appliquées à lui-même »
• «Je peux parler, je peux agir, je peux raconter, je peux me tenir responsable de mes actions,
me les laisser imputer comme à leur véritable auteur. »

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