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Plan de cours

Automne 2023

Anthropologie philosophique

Codes ministériel / institutionnel : 340-B31-BR / PHI-B01-23


Code de la compétence : 00H8
Pondération : 3-1-3

René Magritte, Le double secret, 1927.

Professeur : Gabriel Malenfant


Département de philosophie
Courriel : gabriel.malenfant@brebeuf.qc.ca (veuillez utiliser Mio ou Teams)
Bureau : G3.20 Tél. : (514) 342-9342, poste 5875
Coordonnateur départemental : Étienne Diotte

Disponibilités pour rencontres individuelles (veuillez prendre rendez-vous) :

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi

Toutes les semaines : À l’occasion : Toutes les semaines :


13h30 à 15h00 13h30 à 15h00 13h30 à 15h00

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Première partie - Présentation sommaire du cours et politiques générales

A. Présentation générale et contribution au


programme de formation
B. Principes
C. Objectifs pédagogiques et condition de
réussite
D. Énoncé de la compétence ministérielle
E. Critères d’évaluation
F. Politique départementale concernant les
travaux remis en retard
G. Politique départementale sur la langue et
pondération de l’évaluation de la qualité du
français écrit
H. Centres d’aide et de perfectionnement en
français et en philosophie
I. Présence et participation aux cours,
retards et droit de reprise
J. Politique institutionnelle d’intégrité
intellectuelle
K. Communication électronique

***

A. Présentation générale et contribution au programme de formation

Le cours d’Anthropologie philosophique est le premier de deux cours de philosophie. Il permet à


l’étudiant.e de développer les compétences dont il devra faire preuve lors des examens de
philosophie de l’IB. En regard des objectifs du programme, il permet aux étudiant.e.s de
développer leur compréhension interculturelle, leur ouverture d’esprit et les attitudes qui leur
seront nécessaires pour apprendre à respecter et à évaluer tout un éventail de points de vue. Il
contribue de manière importante au développement des compétences de pensée, de recherche
ainsi qu’aux compétences sociales visées par le programme.

Par ailleurs, le cours d’Anthropologie philosophique offert au Collège Jean-de-Brébeuf dans le


cadre de la formation reconnue par l’IB au Québec vise à préparer l’étudiant.e à l’évaluation
externe sur le thème central (soit l’être humain : épreuve 1, partie A), en plus de jeter les bases
conceptuelles nécessaires à la saisie des enjeux qui seront traités lors du second cours de
philosophie. Ce dernier sert notamment à préparer la partie B de l’épreuve 1 (thème optionnel),
ainsi que l’épreuve 2 (œuvre prescrite).

Enfin, ce cours est porteur de l’évaluation interne en philosophie, laquelle comptera pour 25% de
la note attribuée dans cette discipline par l’IB à la fin de votre parcours.

B. Principes

L’enseignement de la philosophie au collégial se donne pour point d’appui la raison dans l’étude
des questions fondamentales. En conséquence, la formation en philosophie permet d’initier
l’élève aux apports de la méthode et de la réflexion philosophique pour la construction de sa
pensée et la direction de son action. À cette fin, elle permet de lui transmettre des connaissances
sur les œuvres et la pensée de certains philosophes, et elle l’aide à acquérir et à développer les
habiletés nécessaires à la conduite rigoureuse de la raison. L’esprit de libre examen que propose
la philosophie conduit l’élève au questionnement et à l’exercice du jugement critique; cela
l’habitue à faire un retour réflexif sur ses savoirs et son agir afin d’en considérer le bien-fondé. En
conséquence, la formation en philosophie rend l’élève apte à remettre en question les évidences
et à nuancer sa réflexion. La philosophie tend à répondre à des questions de portée universelle.
Aussi, la formation en philosophie permet à l’élève d’acquérir et de développer l’aptitude à la
pensée abstraite.

C. Objectifs pédagogiques et condition de réussite

Les séances de cours et travaux réalisés en classe et à la maison auront pour but de permettre
aux étudiant.e.s de développer les compétences suivantes :

• Identifier et analyser les questions philosophiques concernant le thème de l’être humain


présentes dans des documents philosophiques et non philosophiques servant de
stimulus.

• Démontrer une connaissance et une compréhension de concepts, de questions et


d’arguments philosophiques concernant le thème de l’être humain.

• Faire preuve d’une capacité à expliquer, construire, développer, analyser et évaluer ces
derniers en s’appuyant sur des exemples pertinents.

• Rédiger des réponses claires et bien structurées en utilisant un vocabulaire


philosophique approprié et précis.

• Discuter de différents points de vue et aboutir à des conclusions raisonnées.

• Pour la tâche d’évaluation interne (soit, l’analyse philosophique), démontrer des


compétences de recherche, d’organisation et de présentation des références.

L’analyse philosophique de 2000 mots constitue l’évaluation interne du cours de philosophie de


l’IB. Elle est à remettre durant la dernière semaine de cours de la session et a pour objectif
d’évaluer tous les objectifs pédagogiques susmentionnés. Pour réussir ce cours, le total de toutes
les évaluations du cours doit être de 60% ou plus.

D. Énoncé de la compétence ministérielle (00H8)

Discuter de manière critique d'une question relative à la nature des individus et des sociétés dans
l'une ou plusieurs matières du groupe 3 du programme du baccalauréat international.

E. Critères d’évaluation

En plus des exigences particulières au programme de l’IB, tout cours de philosophie, quelles que
soient ses normes particulières, évalue la qualité de la forme et du contenu des travaux des
étudiants selon les critères généraux suivants :

 Justesse
La justesse est la qualité d’une idée qui rend compte fidèlement, avec exactitude, des faits,
situations ou pensées qu’elle rapporte.

On manque souvent de justesse en confondant les opinions et les énoncés de fait, en définissant
trop largement ou trop étroitement les termes ou les concepts qu’on utilise. Par exemple, souvent
on manque de justesse lorsqu’on ne se réfère pas fidèlement soit à la pensée d’un auteur, soit
fidèlement au sens donné aux notions employées par l’auteur dont on parle.

 Approfondissement
L’approfondissement résulte d’un questionnement destiné à examiner à fond une question, un
sujet, un thème ou un problème. L’approfondissement est une démarche intellectuelle cherchant
le chemin vers la compréhension des fondements. C’est donc dire qu’il caractérise une pensée
qui questionne autant les évidences qu’elle trouve sur son chemin que celles qu’elle détient déjà.
Il est le signe de la réflexion.

On ne réfléchit pas quand on se contente de clichés, quand on veut aller trop vite, quand on
cherche une « recette sûre » pour trouver les « bonnes » réponses ou quand on ne se pose
jamais de question sur nos découvertes ou sur ce qu’on en dit.

 Suffisance
La suffisance est la qualité d’un texte qui comporte tous les questionnements, toutes les analyses
et tous les éléments nécessaires pour justifier rationnellement la conclusion visée.

Affirmer quelque chose gratuitement, sans approfondissement, sans questionnement et en


l’appuyant de peu d'arguments, est insuffisant.

 Cohérence
La cohérence est la qualité d’un développement de la pensée où les idées s’enchaînent dans un
ensemble unifié et bien structuré présentant une continuité et une progression du raisonnement
dont l’enchaînement logique est correct, valide.

Un texte n’est pas cohérent s’il est « décousu », s’il saute d’une chose à l’autre, s’il n’a pas d’idée
directrice ou encore si les idées qu’il contient se contredisent. Les textes sans introduction, sans
conclusion ou sans fil conducteur auquel on revient périodiquement donnent au lecteur une
impression d’incohérence.

 Rigueur
La rigueur s’exprime dans le soin scrupuleux que l’on apporte à faire avec minutie et précision ce
que l’on doit faire dans l’ordre de la démonstration. Ainsi la rigueur est la qualité d’un
raisonnement dont les arguments mènent le plus directement et le plus précisément possible à la
conclusion de façon à démontrer toute la conclusion et rien que la conclusion visée.

On manque de rigueur lorsqu’on demeure vague, lorsqu’on s’éloigne de notre sujet sans toutefois
aller jusqu’à l’impertinence. On manque de rigueur lorsqu’on néglige d’être sévère envers son
propre travail. On manque de rigueur lorsqu’on modifie, sans en préciser les raisons, les
définitions qu’on a établies au départ. On manque de rigueur lorsqu’on « meuble » un texte par
des mots qui donnent plus de "style" que de précision et de profondeur ou par des idées qui ne
servent pas directement la conclusion.
 Pertinence
La pertinence est la qualité d’une idée particulièrement appropriée au sujet traité et qui s’y
rattache de façon directe, importante, intéressante ou utile.

On n’est pas pertinent et on passe à côté du sujet traité lorsqu’on prend pour l’essentiel ce qui
n’est que secondaire, accessoire ou accidentel. Si on trouve central un élément que la majorité
semble trouver secondaire, il faut développer son sujet de manière à faire voir que cet élément
fait mieux comprendre le sujet traité.

 Ampleur
L’ampleur est la qualité d’un texte qui comporte suffisamment d’idées développées pour rendre
complètement compréhensible le sujet traité ou le point de vue adopté.

On manque d'ampleur lorsqu’on oublie des éléments importants ou lorsqu’on laisse implicites des
aspects importants d’une idée, en s’imaginant que sa simple formulation dit tout. La longueur
d’un texte n’est pas nécessairement un signe d’ampleur.

 Clarté
La clarté est la qualité d’une idée ou d’un texte immédiatement compréhensible par sa netteté et
sa précision, grâce à un vocabulaire approprié. La clarté est aussi tributaire de la qualité de la
langue.

On manque de clarté si l’on se contente de grandes affirmations générales et abstraites sans


préciser le sens de ses mots-clés. On manque aussi de clarté si on aligne plusieurs exemples
particuliers et concrets sans dire explicitement ce qu’ils ont en commun, ou quelle idée générale
ils permettent de comprendre. Une phrase mal construite, des mots mal choisis sont les sources
les plus courantes d'obscurité d’un texte. Il va de soi qu'un texte incohérent ne peut pas être clair.

F. Politique départementale concernant les travaux remis en retard

Les retardataires encourront une pénalité de 5% par jour de retard pour chacun des trois
premiers jours, puis de 10% par jour à partir du quatrième jour. Le professeur se réserve aussi le
droit de refuser la remise d’un travail dont la présentation matérielle n’est pas adéquate.

G. Politique départementale sur la langue et pondération de l’évaluation de


la qualité du français écrit

La note attribuée à toute évaluation sommative, qu’elle soit faite en classe ou à la maison, doit
tenir compte de la qualité de la langue jusqu’à concurrence de 10%, et faire l’objet d’une
correction négative. (À noter que cette correction de la langue se fera indépendamment de la
correction des critères associés à la discipline philosophie). Les dimensions prises en compte
dans l'évaluation de la qualité de la langue sont les suivantes : l'orthographe (ex : termes mal
orthographiés), la grammaire (ex : fautes d’accord et de conjugaison), le vocabulaire (ex :
anglicismes, impropriétés) et le respect des règles de la syntaxe (ex : phrases maladroitement
construites).
Pour toutes évaluations faites en classe, sauf celles pour lesquelles les étudiant.es ont droit à un
ordinateur, les outils de correction ne sont pas permis (dictionnaires, grammaires) et, de plus, la
correction ne s’applique pas aux cinq premières fautes relevées.

Les professeurs, ayant identifié les fautes du texte, corrigent à partir du barème suivant (auquel
les professeurs sont libres d’apporter des précisions quantitatives) :

Φ Évaluation de la qualité de la langue


Pourcentage
enlevé

A La qualité de la langue est excellente


Dans l’entièreté du texte, les mots sont orthographiés, accordés et conjugués sans erreurs,
les phrases sont parfaitement structurées et ponctuées, et le vocabulaire est précis, incisif.
0

B La qualité de la langue est très bonne


Hormis quelques exceptions, les mots sont orthographiés, accordés et conjugués sans
erreurs, les phrases sont bien structurées et ponctuées, le vocabulaire est précis, incisif.
-1% à
-2%

C La qualité de la langue est adéquate


La plupart du temps, les mots sont orthographiés, accordés et conjugués convenablement,
les phrases sont structurées et ponctuées correctement, le vocabulaire est précis et approprié.
-3% à
-4%

D La qualité de la langue est déficiente


Trop souvent, les mots sont mal orthographiés, accordés ou conjugués, les phrases sont
incorrectement structurées et ponctuées, le vocabulaire est impropre ou imprécis.
-5% à
-6%

E La qualité de la langue est très faible


Il est très difficile de comprendre le texte en raison de la langue : les mots sont mal
orthographiés, accordés ou conjugués, les phrases sont mal structurées et ponctuées, le
-7% à
-10%
vocabulaire n’est pas approprié. Ces erreurs nuisent grandement à l’intelligibilité du texte.

H. Centre d’aide et de perfectionnement en philosophie (CAPH)


En plus de pouvoir consulter leur propre professeur de philosophie pendant ses heures de
disponibilités, les étudiants éprouvant des difficultés sont invités à se rendre au Centre d’aide et
de perfectionnement en français et/ou au Centre d’aide et de perfectionnement en philosophie
(CAPH). Ce dernier est sous la responsabilité d’Anastassia Depauld et se trouve au D2.85. Le
CAPH a pour but d’offrir un soutien supplémentaire aux élèves éprouvant des difficultés (de
lecture, de compréhension ou de rédaction) dans leur cours de philosophie. Il suffit de remplir un
formulaire qui vous sera proposé en classe ou encore de contacter le directement centre par
courriel : aidephilosophie@brebeuf.qc.ca.

Sur le site du centre d’aide (http://www.monbrebeuf.com/CAPH) vous trouverez aussi une boîte à
outils avec du matériel pour vous aider (capsules vidéos, balado philosophique, exercices, sites
web intéressants, etc.) accessible en tout temps.

I. Présence et participation aux cours, retards et droit de reprise

 Politique concernant la présence et la participation active aux cours


Il est nécessaire d’assister à tous les cours, de s’y préparer chaque semaine et de participer à
toutes les activités d’apprentissage – formatives et sommatives – pour intégrer les connaissances
transmises et développer les éléments de compétence visés par tous les cours de philosophie.
Plusieurs lectures obligatoires seront inévitables pour votre réussite. En outre, faire des lectures
complémentaires, poser des questions et chercher à savoir plus seront tous des comportements
encouragés dans le cadre des cours de philosophie. D’ailleurs, une note d’engagement sur 5%
sera attribuée à la fin de la session.

Comme la participation active aux discussions est primordiale à l’atteinte de plusieurs des
objectifs pédagogiques du cours, le respect des personnes et des points de vue exprimés sera,
lui aussi, essentiel. Toute proposition énoncée devra cependant pouvoir être justifiée par celui qui
l’exprime.

 Politique concernant le droit de reprise

L’étudiant.e. ne peut reprendre une évaluation à laquelle il a été absent, sauf dans des
circonstances exceptionnelles. L’examen de reprise vaut à l’étudiant la totalité des points mérités.

J. Politique institutionnelle d’intégrité intellectuelle

Évidemment, toutes les formes de fraude intellectuelle ou de plagiat sont formellement interdites
dans les cours de philosophie. Comme le mentionne la Politique institutionnelle d’intégrité
intellectuelle adoptée par la Conseil d’administration du collège le 8 juin 2023, les pratiques qui
seront jugées plagiaires ou frauduleuse pourront mener à des sanctions sérieuses pour les
personnes impliquées (cf. PIII, p. 6) :

« 4.1 Toute fraude,1 collaboration à une fraude ou tentative de fraude entraîne un avertissement
accompagné d’une pénalité pouvant aller jusqu’à l’attribution de la note zéro pour une évaluation
et de la soustraction de la moitié de la valeur de cette évaluation à la note globale de la session.

4.2 Tout plagiat,2 collaboration à un plagiat ou tentative de plagiat entraîne un avertissement


accompagné d’une pénalité pouvant aller jusqu’à l’attribution de la note zéro pour une évaluation
et de la soustraction de la moitié de la valeur de cette évaluation à la note globale de la session.

4.3 L’utilisation d’outils d’intelligence artificielle n’est pas permise à moins d’une autorisation du
professeur.

1
Il y a fraude lorsqu’une action ou un comportement vise à procurer un avantage déloyal à un étudiant, par exemple la
falsification de document, le fait de présenter de fausses sources, l’utilisation d’un travail d’autrui présenté comme sien, la
production de faux billet médical, la divulgation du contenu d’un examen, etc.
2
Il y a plagiat lorsque :
a) dans un objet d’évaluation (travail, contrôle, examen, rapport, exposé ou autre), une source (paraphrase,
traduction) est consultée ou utilisée, en tout ou en partie, provenant d’une œuvre protégée ou non par des
droits d’auteur, ou produite par un professeur, un collègue, un étudiant ancien ou actuel du Collège ou autre,
sans indication de cette source dans le texte ou en note de bas de page et sans l’ajout de la référence
complète en bibliographie ou médiagraphie.
Ou lorsque :
b) dans un objet d’évaluation (travail, contrôle, examen, rapport, exposé ou autre), on retrouve la citation d’un
texte, l’utilisation d’un schéma ou d’une autre source, en tout ou en partie, provenant d’une œuvre protégée ou
non par des droits d’auteur, ou produite par un professeur, un collègue, un étudiant ancien ou actuel du Collège
ou autre, sans indication précise des limites de cet extrait (guillemets s’il s’agit de texte) et sans référence dans
le texte ou en note en bas de page, et sans l’ajout de la référence en bibliographie ou médiagraphie.
4.4 Toute fraude, collaboration à une fraude ou tentative de fraude, de même que tout plagiat,
collaboration à un plagiat ou tentative de plagiat, doit être rapportée à la Direction des études. »

K. Communication électronique et IA

En dehors des usages particuliers qui pourraient être spécifiés par le professeur, toute forme de
communication électronique est prohibée en classe, que ce soit via un téléphone, une tablette ou
un ordinateur. La même consigne s’applique pour ce qui est des outils d’intelligence artificielle, en
classe ou pour l’exécution des travaux.
Deuxième partie - Présentation du contenu du cours, du calendrier, des
méthodes d’apprentissage et des évaluations

1. Mise en contexte historique 4. Méthodes d’apprentissage


2. Thèmes, balises de contenu et échéancier 5. Documents à acheter
3. Récapitulation des évaluations 6. Bibliographie

***

1. Mise en contexte historique

Avec l’avènement de l’écriture débuta l’Histoire dont la première période est l’Antiquité (~3000 à
476). Le monde antique en était un où le mystère entretenu par les discours mythiques et
religieux au sujet de l’origine de l’Homme et du sens de la vie garantissait certaines réponses aux
grands questionnements existentiels. Celles-ci pouvaient parfois être empreintes d’une grande
sagesse alors qu’à d’autres moments, elles semblaient plutôt invraisemblables. Pourtant,
quoiqu’on pense de ces réponses, il est indéniable qu’avec les penseurs présocratiques, puis
avec Socrate, Platon, Aristote, Épicure et bien d’autres encore, la philosophie qui émergea en
Grèce parvint à poser les bases d’un discours rationnel, d’un logos, dont le but est encore
aujourd’hui de répondre à ces mêmes questionnements fondamentaux – pourquoi suis-je ici? que
suis-je? Comment dois-je agir? –, mais cette fois, sans nécessairement user de références aux
mythes et au divin. C’est ce logos s’intéressant à la question du sens qu’on nomma la
philosophie et c’est donc aussi par ce type de discours que l’être humain tenta de se définir et
d’appréhender le monde qui l’entoure.

Malgré l’apparition du discours philosophique, les conceptions mythiques et religieuses du monde


demeurèrent pourtant longtemps dominantes; elles le sont même encore à plusieurs égards.
Ainsi, par exemple, bien que le panthéon des dieux grecs et romains soit tombé en désuétude au
profit des grandes religions monothéistes principalement au cours du Moyen-âge (476 à 1492), la
question de la nature de l’être humain trouva, à l’époque médiévale, soit une réponse calquée
sur celle de penseurs de l’Antiquité ou alors une autre issue de la théologie. Le but premier de la
plupart des philosophes médiévaux fut d’ailleurs de concilier ces deux points de vue. En effet, au
cours de ces deux périodes historiques qui s’étalèrent sur près de 4500 ans, il fallait, pour
répondre à la question « qu’est-ce que l’Homme? », faire référence à une ou plusieurs
divinité(s). Autrement dit, il fallait nécessairement expliquer l’être humain par les liens qu’il était
censé entretenir avec un autre monde plus vrai, plus pur, plus durable que celui de la matière, de
la chair sensible, de la vie d’ici-bas. C’est seulement aux époques moderne (1492-1789) et
contemporaine (depuis 1789) que l’on commença à remettre en question de manière
fondamentale et systématique l’importance de la religion et des vérités révélées à la fois sur les
plans scientifique et philosophique.

Dans ce cours, nous nous référerons à cette évolution antique, moderne et contemporaine
de l’histoire des idées pour aborder l’être humain par le biais de grands questionnements
thématiques centraux qui nous permettront de comprendre différentes réponses que l’on a pu
leur donner. Tout cela dans le but de comprendre différentes réponses qu’il est possible de
donner à la question qui nous préoccupera au premier chef : que et qui sommes-nous?

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2.Thèmes, balises de contenu et échéancier

Anthropologie philosophique : qu’est-ce que le propre de l’être humain?

Introduction

Semaines 1 et 2 : A. Présentations

B. (i) Qu’est-ce que la philosophie? (ii) Qu’est-ce que l’anthropologie


philosophique?
Objectif : Développer la question anthropologique d’un point de vue
philosophique et la situer au sein des autres parties de la discipline. Subdiviser
cette question en thématiques à aborder.

C. Le problème de la connaissance : une difficulté majeure sous-jacente


aux questions d’anthropologie philosophique
Textes : Fragments présocratiques; Platon, Apologie de Socrate et La
République; Lucrèce, De la nature
Objectifs : Comprendre comment la question épistémologique est directement
liée à la question anthropologique et marque fondamentalement l’histoire des
idées.

Thème I – Le soi et l’autre

Semaines 3 à 5 : A. Puis-je me connaître moi-même?


Textes : Platon, Premier Alcibiade et Aristote, Métaphysique, Livre A
Objectifs : Comprendre comment la question métaphysique est directement liée à
la question anthropologique et marque fondamentalement l’histoire des idées.

B. Première évaluation
Produire une réflexion philosophique de son cru sur la question de la
connaissance de soi et de l’altérité (10%) à partir d’un stimulus non-
philosophique.

C. Puis-je connaître les autres?


Textes : Emmanuel Levinas, Éthique et infini et Thomas Nagel, « Autre esprits ».
Objectifs : Synthétiser les difficultés épistémologiques et métaphysique de
l’altérité humaine et non-humaine.

Thème II – Le corps, l’esprit et la nature humaine

Semaines 6 à 11 : A. Le corps et l’esprit sont-ils deux choses distinctes ?


Textes : René Descartes, Méditations métaphysiques, Méditations I et II;
Elisabeth de Bohème, Correspondances; et Julien Offray de La Mettrie,
L’Homme-machine.
Objectifs : Savoir distinguer la position dualiste de celle matérialiste en ce qui
concerne le problème corps-esprit.

B. Deuxième évaluation
Produire une courte analyse argumentative comparée sur le problème corps-
esprit à partir d’un nouvel extrait de texte. (15%)

12
C. Qu’est-ce que la conscience? Comment expliquer son émergence
naturelle? Quel est l’impact de cette question sur la science?
Textes : Gilbert Ryle, La notion d’esprit, Daniel C. Dennett, La conscience
expliquée et David Chalmers, L’esprit conscient; Thomas Nagel, Esprit et cosmos
Objectifs : Saisir en quoi le problème corps-esprit demeure épineux encore
aujourd’hui et pouvoir développer un argumentaire concernant ce dernier.

27 septembre : Journée de la formation générale

D. Troisième évaluation
Produire une courte analyse critique comparée sur le problème corps-esprit à
partir d’un nouvel extrait de texte. (20%)

Thème III – La liberté et l’identité

Semaines 12 et 13 : Le libre-arbitre existe-t-il vraiment?


Textes : Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe; Sigmund Freud,
Métapsychologie et Karl Marx, L’idéologie allemande
Objectifs : Comprendre les positions et argumentaires indéterministe,
prédéterministe, déterministe compatibiliste et incompatibiliste.

Semaine 14 : A. Dans quelle mesure la culture façonne-t-elle l’identité?


Textes : Jean-Jacques Rousseau, Second discours, Frantz Fanon, Peau noire,
masques blancs et Hartmut Rosa, Aliénation et accélération
Objectifs : Comprendre les positions et argumentaires indéterministe,
prédéterministe, déterministe compatibiliste et incompatibiliste.

B. Quatrième évaluation
Produire une courte analyse critique comparée sur la liberté et l’identité à partir
d’un nouvel extrait de texte. (15%)

Semaine 15 : Évaluation finale : remise de l’analyse philosophique (5 décembre, 35%)

13
3. Récapitulation des évaluations

Nature de Pondér
Semaines Contenu Contexte de réalisation
l’évaluation ation

Atelier de La connaissance de soi et


problématisation l’altérité
4 et de réflexion à 10% Examen en classe.
partir d’un Selon les Anciens, en
comparaison avec des
stimulus non-
penseurs plus récents
philosophique

Analyse Le corps, l’esprit et la


argumentative nature humaine
8 comparée 15% Examen en classe.
Aux époques moderne et
contemporaine

Le corps, l’esprit et la
nature (tout court)
11 Analyse critique 20% Examen en classe.
comparée Sur l’ouvrage Esprit et
cosmos (2018) de Thomas
Nagel

14 Analyse critique Liberté et identité 15% Examen en classe.


comparée
Selon quelques conceptions
contemporaines

Analyse À la maison.
philosophique
15 finale Au choix 35% À remettre le 5 décembre
en versions papier et
(2000 mots) électronique.

-- Engagement Qualité des interventions, 5% En classe, ailleurs au


philosophique assiduité, préparation aux collège et à la maison.
cours, participation hors
classe, etc.

14
4. Méthodes d’apprentissage et organisation pédagogique

1. Parmi vos tâches hebdomadaires, il y aura toujours des extraits de textes en lectures
obligatoires. Les extraits choisis seront accessibles soit dans votre recueil de textes, soit sur
Léa : lorsque possible, je vous fournirai une version imprimée de ces textes, mais vous aurez
aussi parfois à imprimer des documents vous-mêmes en vous assurant de les avoir en main
en arrivant en classe. Un cartable sera nécessaire pour y classer vos textes.

2. Vos notes de cours se construiront à l’aide de contenus proposés dans des exposés
magistraux, mais aussi à travers les ateliers ou exercices que vous aurez à faire en classe. Il
vous sera par exemple demandé de répondre à des questions formatives sur lesquelles nous
reviendrons en groupe. Nous travaillerons aussi par moments à l’aide de stimuli non
philosophiques dans le but de vous préparer à l’analyse finale.

3. En plus de vos lectures d’extraits choisis, il faudra graduellement avancer dans la lecture
d’une œuvre obligatoire pour ce cours, soit L’esprit et le cosmos : pourquoi la conception
néodarwinienne de la nature est très probablement fausse (2018) du philosophe anglais
Thomas Nagel.

4. J’ajouterai aussi sur Léa des fascicules d’information complémentaires, des lectures
facultatives, des épisodes de balado pouvant être utiles, en plus certains des documents
présentés en class. Tout ce matériel visera à vous permettre d’aller plus loin si vous êtes
curieux, mais aussi à préparer votre étude en vue des évaluations.

5. Des rencontres individuelles ou en petits groupes pourront bien sûr être organisées (soit à
votre demande ou à celle du professeur). Mes périodes de disponibilité se trouvent sur la
page couverture du plan de cours.

5. Documents à acheter

Ouvrages

 Obligatoire : Thomas Nagel. L’esprit et le cosmos : pourquoi la conception


néodarwinienne de la nature est très probablement fausse (Paris : Vrin, 2018).
 Recommandé (mais facultatif) : Hansen-Love, Laurence (dir.). La philosophie de A à Z
(Paris : Hatier, 2020).
 Recommandé (mais facultatif) : Le Nezet, Nancy (et al.). Philosophy: Being Human
(Oxford: OUP, 2014).

Autre matériel

 Un cartable à anneaux : plusieurs extraits de textes et autres documents vous seront


distribués, presque à chaque semaine. Il faudra les colliger dans un cartable.
 Un cahier de notes : bien qu’il soit pertinent d’annoter et de surligner les extraits de
textes et les ouvrages susmentionnés, il faut éviter de prendre vos notes de cours sur
ces documents, car certains d’entre eux pourront être utilisés lors d’évaluations sans que
les notes de cours soit autorisées.

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6. Bibliographie (non-exhaustive)

A. Principaux textes à l’étude

Aristote. Métaphysique (tomes 1 et 2), trad. Jules Tricot (Paris : Vrin, 2000 et 2002).
Beauvoir, Simone de. Le deuxième sexe, deux tomes (Paris : Folio, 1949 [1976]).
bell hooks. Ain’t I A Woman: Black Women and Feminism (Toronto: Between the Lines, 1981).
Brouillette, Xavier. Aux origines de la philosophie occidentale, Anjou, CEC, 2015.
Chalmers, David. L’esprit conscient : à la recherche d’une théorie fondamentale (Paris : Ithaque,
1996).
Descartes, René. Méditations métaphysiques (Paris : 10/18, 1951).
‒‒‒‒‒‒. Les passions de l’âme (Paris : Maxi-Livres, 1998).
Fanon, Frantz. Œuvres (Paris : La découverte, 2011).
Freud, Sigmund. Métapsychologie (Paris : Folio, 1968).
La Mettrie, Julien Offray. L’homme-machine (Paris : Folio, 1999).
Levinas, Emmanuel et Philippe Nemo. Éthique et infini (Paris : Livre de poche, 1982).
Lucrèce. De la nature, José Kany-Turpin, trad. Paris, GF-Flammarion, 1993.
Marx, Karl. Œuvres (Paris : Gallimard, 1990).
Nagel, Thomas. L’esprit et le cosmos : pourquoi la conception néodarwinienne de la nature est
très probablement fausse (Paris : Vrin, 2018).
Platon. Gorgias, Monique Canto-Sperber, trad. Paris, GF, 1993.
———. Apologie de Socrate / Criton, Luc Brisson, trad. Paris, GF, 2005.
———. La République, Georges Leroux, trad. Paris, GF, 2002.
———. Premiers dialogues, Émile Chambry, trad. Paris, GF, 1967.
Rousseau, Jean-Jacques. Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les
hommes (Paris : Flammarion, 1992).
Rosa, Hartmut. Aliénation et accélération (Paris : Le découverte, 2020).
Ryle, Gilbert. La notion d’esprit (Paris : Payot, [1949] 2005).

B. Quelques documents complémentaires

(saint) Augustin d’Hippone. Confessions (Paris : Flammarion, 1993).


‒‒‒‒‒‒. De la prédestination des saints (Bar-Le-Duc, 1871).
Beauvoir, Simone de. Pour une morale de l’ambiguïté (Paris : Gallimard, 1947).
Bentura, Stéphane. Q.I. : Histoire d’une imposture (Film documentaire), France, Public Sénat,
2010, 52 minutes.
Berthiaume, Pierre. Matières incandescentes : problématiques matérialistes des Lumières
françaises (Montréal : PUM, 2015).
Chaplin, Charlie. Modern Times (Film), États-Unis, 1936.
Charbonnat, Pascal. Histoire des philosophies matérialistes (Paris : Kimé, 2013).
Despré, Pierre. Entre déterminisme et liberté (Anjou : CEC, 2012).
Devillairs, Laurence, « Les facultés de l'âme et l'homme comme Imago Dei chez Descartes ».
Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2002/1 (Tome 86), p. 51-68.
Dennett, Daniel C. La conscience expliquée (Paris : Odile Jacob, 1993).
Dicker, George. Descartes. An Analytical and Historical Introduction (Oxford: Oxford University
Press, 2013).
d’Holbach, Baron Paul Thiry. Système de la nature (Londres, 1770).
Gabriel, Markus. Pourquoi je ne suis pas mon cerveau (Paris : Livre de poche, 2017).

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Haigh, Elizabeth, « Vital Forces and Vital Laws in Eighteenth-Century French Physiology ». Man
and Nature / L'homme et la nature, 4, (1985): 1–15.
Kane, Robert. A Contemporary Introduction to Free Will (Oxford: Oxford University Press, 2005).
Marcuse, Herbert. L’homme unidimensionnel (Paris : Éditions de minuit, 1964).
Montaigne, Michel de. Essais, trois volumes (Paris : Folio, 2009).
Nagel, Thomas. Mind & Cosmos: Why the Materialist Neo-Darwinian Conception of Nature is
Almost Certainly False (Oxford: OUP, 2012).
———. Qu’est-ce que tout cela veut dire? Ruwen Ogien, trad. (Paris : L’éclat / poche, 1993).
Sartre, Jean-Paul. L’existentialisme est un humanisme (Paris : Folio, 2002).
Sextus Empiricus. Esquisses pyrrhoniennes (Paris : Essais, 1997).
Thomas d’Aquin. Textes sur la morale (Paris : Vrin, 1998).

Des textes et documents obligatoires, complémentaires et facultatifs pourront être ajoutés ou


modifiés en cours de route et certains seront mis en ligne sur Léa. N’hésitez pas, vous aussi, à
m’en suggérer, au gré de vos lectures et recherches!

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