Vous êtes sur la page 1sur 5

La DGT dresse le bilan de l'inspection du travail

pour 2021 et ses priorités pour 2023


10/11/2022

La lutte contre le travail illégal, la prévention des chutes et la crise


sanitaire ont mobilisé les services de l'inspection du travail en 2021,
selon le bilan de la Direction générale du travail (DGT). L'inspection a
infligé 11 millions d'euros d'amendes administratives pour des
manquements sur la durée du travail, la carte BTP, le travail détaché.
Compétente pour veiller aux conditions de travail de 20 millions de salariés travaillant
dans 1,8 million d'entreprises, l'inspection du travail compte, pour toute la France, 4
070 agents, dont 1 772 agents de contrôle et 416 agents de renseignements, répartis
au sein des pôles travail des Dreets (direction régionale de l'économie, de l'emploi, du
travail et des solidarités) et des Ddets (direction départementale de l'économie, de
l'emploi, du travail et des solidarités), soit les anciennes Direccte et Dieccte (1). En
2021, ces agents, qui doivent inscrire leurs actions dans le cadre d'objectifs prioritaires
(2), ont effectué 255 000 interventions dans les entreprises.

"C'est un retour au volume d'activité d'avant la crise sanitaire", se félicite Pierre


Ramain, le Directeur général du travail. "L’inspection du travail s’est adaptée, elle a
continué à porter les priorités nationales en dépit de la Covid et de la réorganisation
administrative", renchérit Annick Laurent, la directrice ajointe.

Ces 255 00 interventions ont majoritairement porté, comme on le voit sur le tableau ci-
dessous, sur la lutte contre le travail illégal, la prévention des chutes de hauteur, et la
crise sanitaire liée à la Covid-19 :

Plus de la moitié des interventions (69%) ont concerné en 2021 des entreprises de
moins de 50 salariés, appartenant aux secteurs de la construction (27%), de l'industrie
(13%) et du commerce (12%). Sur les 55 106 enquêtes réalisées (59% des interventions
ayant lieu sur site),13 200 concernent des accidents du travail et 28 000 des
interventions liées à la demande de licenciement de salariés protégés.

Pour le premier semestre 2022, les chiffres montrent une décroissance des
interventions liées à la crise sanitaire et une montée en puissance de la nouvelle
politique "précarité". Il s'agit de contrôler le respect des droits fondamentaux des
travailleurs en CDD et à temps partiel, afin de combattre le recours abusif aux contrats
précaires, notamment les contrats de moins de 30 jours. Une politique menée
parallèlement, souligne Pierre Ramain, au nouveau bonus malus des cotisations
patronales d'assurance chômage.

157 000 lettres d'observation, 5 700 mises en demeure


Quelles suites ont été données aux interventions en entreprise ? Comme on le voit ci-
dessous, l'inspection a délivré en 2021 davantage de lettres d'observation, de procès-
verbaux, de décisions, mais aussi de mises en demeure et de d'arrêts de chantier.
Certains manquements ont été réprimés sous la forme d'amendes administratives, avec
2 160 décisions en 2021 contre 1 811 en 2020, ce qui représente 11 millions d'euros
d'amendes, soit 1 047€ par décision en moyenne. Les sanctions ont visé la durée du
travail, les prestations internationales et la carte BTP.

A titre d'exemple, la DGT cite le cas d'une pénalité financière de 16 858€ infligée à une
société de 403 salariés pour défaut d'accord ou de décision unilatérale sur des mesures
correctrices suite à une note inférieure à 75 points pour l'index de l'égalité femmes-
hommes.

Au sujet de l'index F/H, l'administration indique avoir procédé à 681 mises en demeure
en 2021, suivies dans 79% des cas d'une régularisation. Néanmoins, au premier
semestre 2022, il reste toujours 11% d'entreprises qui ne respectent pas la règle
d'augmentation salariale des femmes de retour de congé maternité. Et l'administration
ne communique pas le montant total des pénalités imposées aux entreprises en raison
de l'inégalité F/H.
Les demandes de renseignements
Par ailleurs, l'inspection a traité en 2021 plus de 575 000 demandes de renseignements
en droit du travail, dont 72% par téléphone (3), le code du travail numérique, lancé en
janvier 2020, totalisant 14 millions de consultation. La consultation physique des agents
est en nette baisse par rapport à 2019, comme on le voit sur le tableau ci-dessous.
L'inspection serait-elle difficilement disponible aux demandes de rendez-vous ? Avec la
crise sanitaire, les salariés se sont habitués à utiliser téléphone et courriel pour saisir
l'inspection, analyse-t-on à la DGT.

Les priorités de 2023


Pierre Ramain insiste sur la volonté de la DGT d'assurer une forte présence physique
des agents de contrôle sur les lieux de travail, "avec un objectif de deux jours de
contrôle par semaine et par agent".

Pour 2023, les nouvelles priorités de l'inspection du travail seront :


● la prévention des risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles
(risques liés à l'amiante, risques chimiques, équipements de travail, engins de levage,
travaux en hauteur, troubles musculo-squelettiques, etc.),
● la lutte contre les fraudes (dissimulation d'heures de travail, prêt illicite de main
d'oeuvre, faux statuts, fraude au détachement);
● la réduction des inégalités femmes-hommes (notamment respect des augmentations
de retour de congé maternité, conditions de travail des femmes dans les secteurs très
féminisés, harcèlement moral et sexuel, etc.);
● la protection des salariés vulnérables (contrats précaires, jeunes travailleurs, etc.);
● le dialogue social (mise en place et bon fonctionnement des institutions
représentatives du personnel, respect des obligations liées au dialogue social).
Signalons aussi, à l'appproche des Jeux olympiques de Paris de 2024, qu'une unité de
contrôle spécifique a été créée en Ile-de-France pour suivre les grands chantiers et ces
JO. Elle compte actuellement 8 inspecteurs et un responsable d'unité.

Ajoutons pour finir que la DGT n'entend pas commenter la décision de la justice
administrative annulant la sanction visant l'inspecteur du travail Anthony Smith. "Il va
pouvoir retourner travailler dans la Marne en janvier", se borne-t-on à dire quai Javel...

(1) La DGT a du mal à recruter pour remplacer les départs, admet Pierre Ramain, qui
évoque le manque d'attractivité des concours de la fonction publique mais aussi
l'absence de concours en 2020 du fait de la crise sanitaire. L'administration incite les
fonctionnaires à devenir inspecteurs via une voie spécifique qui comprend une
formation moins longue : une cinquantaine de postes devraient ainsi être pourvus en
2022.

(2) Les objectifs prioritaires définies dans le plan national d'action (PNA) de 2020 à 2022
concernent le contrôle des règles encadrant le détachement des travailleurs, la lutte
contre le travail illégal, l'égalité professionnelle femmes-hommes, la santé au travail
avec, entre autres, le risque amiante, les chutes, les établissements type Seveso, des
priorités auxquelles se sont ajoutées la prévention du risque de Covid-19 et la lutte
contre la fraude à l'activité partielle.

(3) Le numéro d'appel unique est le 0 806 000 126

674 accidents du travail mortels par an


Selon la DGT, la France enregistre, sur les 3 dernières années, une moyenne de
674 décès liés au travail par an, provoqués par des accidents de la route, des
équipements de travail, des engins dangereux, des chutes de hauteur. Au
premier semestre 2022, ces chutes ont provoqué 213 accidents du travail, dont
23 mortels et 130 ayant entraîné des blessures graves.

Rectificatif le 22 novembre 2022 à 11h30 : Dans la première note, qui rapporte la


difficulté qu'a la DGT à recruter, le chiffre qui était évoqué pour le nombre d'agents fin
août 2022 était potentiellement inexact. Nous avons donc supprimé ce passage.

Bernard Domergue

Source URL: https://www.actuel-hse.fr/content/la-dgt-dresse-le-bilan-de-linspection-du-travai-


-pour-2021-et-ses-priorites-pour-2023-2

Vous aimerez peut-être aussi