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Traitements thermiques métaux et alliages FITE 2020/2021

Comportement et
Propriétés des
Matériaux

DURCISSEMENT STRUCTURAL

n CM

Promo : FITE 2 GM

Enseignant : K.DERRIEN Année universitaire : 2020-2021

1 K.DERRIEN – UEF Matériaux avancés MATA


Traitements thermiques métaux et alliages FITE 2020/2021

Le durcissement structural des alliages d’aluminium

Références :

Vous pourrez vous référer aux articles des techniques de l’ingénieur « Durcissement par
précipitation des alliages d’aluminium M240 » et « Traitements thermiques des alliages
d’aluminium M1290 » ainsi qu'au livre Des Matériaux de Bailon et Dorlot

Introduction

Les métaux purs tels que l’aluminium, le titane ou le cuivre, du fait de liaisons
interatomiques peu dirigées ont une limite d’élasticité basse et une dureté faible.
Cependant, ils possèdent une grande capacité de déformation plastique.
Pour durcir un métal et augmenter sa limite élastique, il faut créer des obstacles qui
s’opposent au déplacement des dislocations et qui rendent plus difficile la déformation
plastique ultérieure. Ces obstacles peuvent être les atomes étrangers, les dislocations, les
joints de grains et les précipités.
L’addition d’atomes étrangers, interstitiels ou substitionels, en solution solide est les
mécanisme de durcissement par solution solide. L’introduction de dislocations est le
mécanisme de durcissement par écrouissage.
La précipitation d’une seconde phase est le mécanisme de durcissement par précipitation,
on l’appelle dans certaines conditions le mécanisme de durcissement structural.

Le durcissement structural

I. Introduction

Le phénomène de durcissement structural des alliages légers a conduit au développement


du premier alliage industriel en 1916 : le duralumin (alliage d’aluminium et de cuivre). Les
alliages d’aluminium ont acquis depuis une importance pratique considérable.
Ce phénomène de durcissement structural n’est pas spécifique des alliages d’aluminium, il
existe dans les métaux usuels à base de cuivre, de magnésium, ou les super-alliages à base
de nickel et de cobalt.

Le durcissement structural, lorsqu’il existe, se produit lors de la décomposition par


précipitation d’une solution solide sursaturée au cours d’un revenu isotherme. Le
durcissement structural est obtenu à la suite d’une série de traitements thermiques dont le
but final est d’obtenir une répartition optimale des précipités dans la matrice. Les propriétés
mécaniques des alliages ainsi traités dépendent de la répartition des précipités, de leur taille
et de leur distance moyenne.

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II. Principe du durcissement structural

On considère le diagramme d’équilibre relatif au système binaire aluminium-élément M.


Il existe pour ce système un composé intermétallique d’équilibre stable de stœchiométrie
AlxMy.

Pour qu’un alliage binaire Al-M soit apte au durcissement structural, il faut que l’élément
d’alliage M présente une solubilité croissante avec la température dans la matrice
d’aluminium.
A la température T2 (température ambiante), l’alliage Al-M de composition x1 est biphasé (
+ AlxMy).
Si nous le portons à la température T1, le composé intermétallique se dissout dans la
solution solide d’aluminium a. La durée du maintien à T1 est suffisante pour atteindre par
diffusion l’équilibre thermodynamique et obtenir une mise en solution totale des atomes de
soluté M dans la matrice d’aluminium. A la température T1, l’alliage est entièrement
monophasé, il est à l’équilibre, sa structure est stable.
Nous allons maintenant étudier le refroidissement de cet alliage jusqu’à la température T2
lors d’un refroidissement lent et lors d’un refroidissement rapide.

1) refroidissement lent de l’alliage de composition x1 à partir de la température T1

Au cours du refroidissement, à la température Ts, la solution d’aluminium a contient


l’élément M au-delà de sa limite de solubilité. Elle se décompose en particules de composé
intermétallique AlxMy et s’appauvrit progressivement au cours du refroidissement en atomes
de soluté M : c’est la précipitation d’équilibre.

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L’alliage est refroidi lentement, il a le temps d’atteindre par diffusion l’équilibre


thermodynamique. A la température ambiante, cet alliage contient la phase a et le composé
AlxMy. Le système est à l’équilibre, sa structure est stable et n’évolue pas dans le temps.

2) Refroidissement rapide de l’alliage de composition x1 à partir de la température T1

Le refroidissement est rapide, la décomposition par précipitation de la solution solide


d’aluminium a n’a pas le temps de se faire. Les atomes n’ont pas le temps de diffuser au
cours du refroidissement.
A la température ambiante (T2), l’alliage Al-M est toujours entièrement monophasé a. La
solution solide d’aluminium a contient x1% d’atomes de soluté M, sa concentration est
supérieure à la limite de solubilité de l’élément M dans la matrice d’aluminium (x2). La
solution solide a est sursaturée en élément M. Le degré de sursaturation est donné par :
Dx = x1 - x2

A température ambiante, l’alliage est dans un état hors équilibre, cet état est instable dans
le temps. Le système progressivement avec le temps retourne vers un état plus proche de
l’équilibre thermodynamique qui est celui où la phase a et le composé intermétallique sont
tous deux présents dans l’alliage.

L’instabilité dans le temps de la structure de l’alliage d’aluminium trempé est appelée


vieillissement. A température ambiante, le vieillissement est naturel. Cependant on peut
accélérer et contrôler le vieillissement de l’alliage trempé artificiellement par un maintien
isotherme à température élevée (comprise entre la température ambiante et la température
de saturation). Ce traitement thermique a pour but de contrôler la décomposition par
précipitation de la solution solide d’aluminium a sursaturée en atomes de soluté M qui est à
l’origine du durcissement de l’alliage. Ce mécanisme de durcissement par précipitation
contrôlée est appelé mécanisme de durcissement structural.

III. Traitement thermique de durcissement structural :

Les étapes du durcissement structural sont, la mise en solution (la température de mise en
solution est choisie de manière à obtenir une solution solide monophasée, les précipités
d'équilibre sont dissouts), la trempe et le vieillissement (maturation à température ambiante
suivie d'un revenu à une température convenablement choisie).

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Fait important à retenir, dans le cas du durcissement structural la trempe ne durcit pas l'alliage
et ne modifie pas sa structure cristalline. Par conséquent, les propriétés mécaniques à l'état
brut de trempe sont toujours médiocres. Par contre, à l'état brut de trempe, l'alliage présente
une bonne ductilité ce qui autorise la mise en forme par écrouissage d'une pièce brute de
trempe avant de lui appliquer un traitement de vieillissement.

L’opération de trempe consiste ensuite à refroidir l’alliage suffisamment rapidement après


mise en solution pour empêcher la formation des précipités d’équilibre. La trempe permet en
outre de piéger les très nombreuses lacunes stables à haute température. La solution obtenue
est donc une solution sursaturée en soluté M et en lacunes. Les atomes de soluté sont disposés
de manière aléatoire aux nœuds du réseau CFC de l’aluminium.

Si maintenant on effectue un revenu on va favoriser le retour vers un état d’équilibre, ce


retour va s’effectuer par des étapes intermédiaires de précipitation qui vont tendre à durcir le
matériau :

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Ø Dans un premier temps la concentration en soluté n’est plus homogène dans le


matériau, les atomes de soluté se rassemblent dans certaines régions en formant des
zones de très petite taille appelées zones de Guinier-Preston. Les zones de Guinier
Preston durcissent le matériau par contrainte de cohérence. Le champ de distorsion
élastique autour des précipités interagit avec les champs de déformation associés aux
dislocations et limite leur mouvement.

Ø Ces zones donnent ensuite naissance à des précipités Q’’ qui ont une interface bien
identifiée avec la matrice mais qui sont cohérents : leur réseau se présente en
continuité avec celui de l’aluminium. Les dislocations les traversent en les cisaillant.

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Ø Au fur et à mesure que croissent les précipités, cette cohérence tend à disparaître, les
précipités ne sont plus cohérents que sur certains plans, on dit qu’ils sont semi-
cohérents, on les appelle Q’ . La phase finale est la formation des précipités
d’équilibre Q incohérents. Le durcissement se fait alors par contournement des
précipités par les dislocations. La valeur de la cission à appliquer pour que les
dislocations puissent se déplacer est inversement proportionnelle à la distance qui
sépare les précipités. C'est la raison pour laquelle, la dureté diminue si le temps de
revenu devient trop important : on assiste alors à un grossissement des précipités.

La séquence de précipitation peut donc être résumée de la manière suivante :

α 0 → α1 + GP → α 2 + θ '' → α 3 + θ ' → α 4 + Alx M y

Le maximum de dureté est atteint pour un mélange, précipités semi-cohérents et précipités


cohérents, c'est-à-dire à la transition entre cisaillement et contournement.

Entre les deux étapes de durcissement (par contraintes de cohérence et par cisaillement), la
stabilité ou même la diminution des caractéristiques de l'alliage d'aluminium au cours du
revenu isotherme est due au phénomène de réversion (dissolution) des zones de Guinier-
Preston.

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Evolution du durcissement au cours du revenu

Il faut noter que la séquence de précipitation précédemment décrite n'est valable que si
l'alliage est vieilli à une température inférieure au solvus des zones de Guinier Preston.
Dans le cas contraire la séquence n'est pas complète.
Dans le cas extrême où la température de revenu est beaucoup trop élevée, le précipité
d'équilibre se formera directement, diminuant considérablement l'efficacité du traitement.

Certains alliages d'aluminium ne se prêtent pas au durcissement par précipitation et seront


donc durcis par écrouissage.
Les alliages écrouis ont une limite d'élasticité et une ductilité moins élevée que celle des
alliages trempés et vieillis.
(Figure et tableau suivants)

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Comparaison entre alliages d'aluminium durcis par écrouissage ou précipitation

Désignation normalisée des alliages d'aluminium

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Les propriétés de certains alliages autres que les alliages d'aluminium peuvent également
être modifiées par durcissement structural. Dans tous les cas le principe des traitements
restera le même : mise en solution solide à haute température, trempe et vieillissement.
Des exemples sont donnés dans le tableau suivant.

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Exercice 1 :

Grâce à leurs propriétés mécaniques intéressantes et modulables par un traitement de


durcissement structural, les alliages de cuivre-beryllium (Cu-Be) sont souvent utilisés en
mécanique de précision et en horlogerie (ressorts) ainsi que pour des applications électriques
(lames et ressorts de contact électrique). On considère un alliage Cu + 2% Be. A l’équilibre et
à température ambiante (20°C) la phase a contient 0.05%m de béryllium et la phase g est le
composé intermétallique CuBe, contenant 11.8%m de béryllium.

a) A l’équilibre et à la température ambiante, quelles sont les phases en présence dans cet
alliage, leur composition (en %m Be) et leur proportion (%) ?
b) A quelle température (°C) doit-on porter l’alliage considéré pour faire le traitement de
mise en solution solide du beryllium avant la trempe ?
c) Après la trempe à 20°C de cet alliage, quels sont les constituants présents dans
l’alliage, leur composition (en %m.Be) et leur proportion (%) ?
Est-il judicieux de mettre en forme l’alliage après cette trempe ?
d) Parmi les quatre températures offertes pour effectuer le vieillissement après sa trempe,
laquelle choisissez vous pour obtenir les propriétés mécaniques suivantes, sachant que
le temps maximal de vieillissement ne doit pas dépasser une heure ? Quelle sera la
durée de vieillissement (temps minimal et temps maximal) à la température choisie ?
Re0,2≥ 900 MPa Rm≥1050 MPa A≥15%
e) Expliquer qualitativement les différences dans les allures des courbes de vieillissement
en fonction de la température

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Annexe relative à l’exercice 1 :

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