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Lors d’une synthèse en chimie organique, le chimiste met en œuvre des techniques expérimentales lors
d’analyses qualitatives et quantitatives afin de caractériser une espèce chimique, d’en contrôler la pureté ou de la
doser. Les méthodes d’analyses qualitatives permettent d’identifier un ou plusieurs composés présents dans
l’échantillon, à travers la détection d’éléments chimiques ou de groupes fonctionnels, sans tenir compte de leur
proportion. A l’inverse, les méthodes d’analyse quantitatives permettent de déterminer leur concentration. On
utilise également la dénomination de méthodes destructives ou non destructives. Ce dernier point a toute son
importance en chimie organique, du fait des petites quantités de produit qui sont parfois obtenues lors d’une
synthèse.
Plan du cours :
Partie 1 : chromatographies
1. Chromatographie sur couche mince (CCM)
2. Chromatographies en phase gazeuse (CPG) (ou CPV : chromatographie en phase vapeur)
3. Colonne de chromatographie
Partie 2 : Détermination d’une température de fusion (banc Köfler)
Partie 3 : Réfractométrie
Partie 4 : Polarimétrie
Partie 5 : Spectroscopies
1. Interaction matière-rayonnement
2. Spectroscopie UV-visible
3. Spectroscopie infra-rouge (IR)
4. Résonance Magnétique Nucléaire (RMN)
Chaque technique expérimentale (en gras dans le plan ci-dessus) sera décrite suivant de la même façon : Fiche de
montage et Principe.
Partie 1 : chromatographies
Les méthodes chromatographiques ont pour but de séparer les constituants d'un mélange. Elles peuvent être
analytiques ou préparatives. Les méthodes analytiques permettent d’identifier les constituants d’un échantillon en
comparant le résultat de l’analyse avec ceux de composés purs connus (CCM, CPG). Les méthodes préparatives
permettent de récupérer les constituants séparés (CCM ou CPG préparatives, colonne de chromatographie).
Le principe général repose sur l'utilisation de deux phases :
- une phase stationnaire (ou fixe) : liquide ou solide,
- une phase mobile : gazeuse (gaz vecteur ou porteur) ou liquide (éluant).
La phase mobile entraîne les composés tandis que la phase stationnaire les retient. Le déplacement des composés
dépend de leur affinité pour ces deux phases.
Les méthodes chromatographiques sont classées en quatre catégories selon les principes physiques mis en jeu
lors de l'interaction des composés avec les deux phases :
Chromatographie d'adsorption : phénomène de surface basé sur l'adsorption et la désorption successives
des composés à la surface de la phase stationnaire solide (CCM, colonne de chromatographie). Elle repose
sur les interactions de Van der Waals et des liaisons hydrogènes.
Chromatographie de partage : la phase stationnaire liquide est adsorbée à la surface d'un support solide
inerte. Les composés peuvent être solubilisés à la fois dans la phase mobile et dans la phase stationnaire,
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d’où l’existence d’un équilibre de partage. Ils sont plus ou moins retenus selon leur solubilité entre ces deux
phases.
Chromatographie échangeuse d'ion : la phase stationnaire est un solide ionisé ou ionisable dont les ions sont
échangeables avec ceux de la phase mobile (solution tampon dont on fixe le pH). Les composés à séparer
sont des composés ioniques qui mettent en jeu des interactions électrostatiques plus ou moins fortes avec
les deux phases.
Chromatographie d'exclusion stérique : la phase stationnaire est un solide composé de billes possédant des
canaux dont le diamètre est d'une taille similaire à celle des plus petites molécules à séparer. Les grosses
molécules vont ainsi passer hors des billes et sortiront en premier tandis que les plus petites molécules vont
passer dans les canaux et être retenues.
Technique d'analyse qualitative qui a pour objectif de séparer les constituants d’un mélange
Objectif afin d’identifier un composé, de vérifier sa pureté ou de suivre l’avancement d’une réaction
(analyse de prélèvements successifs du milieu réactionnel).
Mesure de la hauteur de migration de tâches (rapports frontaux Rf), qui dépend des affinités
Principe relatives des produits entre une phase stationnaire (plaque de CCM recouverte de silice ou
d’alumine) et une phase mobile (mélange de solvants appelé éluant).
Schéma du dispositif
Couper les coins inférieurs des plaques CCM afin de limiter les effets de bords.
Faire des dépôts les plus petits possibles (capillaires), à 1 cm du bas de la plaque.
Ne pas appuyer trop fort avec le capillaire pour ne pas déformer la surface de la place
au niveau du dépôt.
Vérifier sous la lampe UV (si les composés absorbent) que les dépôts sont suffisants
mais pas trop concentrés.
Précautions Ne déposer que des solutions.
expérimentales Attendre que les dépôts soient bien secs avant de mettre la plaque dans la cuve.
Ne pas déplacer la cuve CCM avant ou pendant l'élution.
Saturer la cuve en vapeurs d'éluant avant d’introduire la plaque (évite l'évaporation
du solvant lors de la montée par capillarité) ; indispensable à la reproductibilité de la
CCM. Fermer la cuve pendant l’élution.
Garder le niveau d'éluant dans la cuve doit en-dessous de la ligne de dépôt.
Ne pas déplacer la cuve pendant l’élution.
La présence d'une seule tache en CCM n'est pas une preuve de pureté : plusieurs
produits peuvent avoir le même Rf ou ne pas être révélés.
Erreurs et limites
Les produits analysés doivent pouvoir être révélés (lampe UV ou révélateur chimique).
Certains composés peuvent se dégrader en contact avec l'adsorbant.
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B. Principe
Lors d’une CCM, le mélange à analyser est déposé sur une phase stationnaire : support inerte (verre, aluminium,
plastique, etc.) sur lequel est fixée une couche mince (≈ 250 µm) d'adsorbant. La partie inférieure de la plaque est
mise en contact avec un solvant appelé phase mobile (solvant ou mélange de solvants) qui monte par capillarité : on
parle d’élution et la phase mobile est appelée éluant. Les composés sont caractérisés par leur rapport frontal Rf :
𝑑
𝑅 =
𝐷
avec d la distance parcourue par le composé et D celle parcourue par le front du solvant. La taille des tâches n'étant
pas reliée à la concentration, cette méthode est qualitative.
1) Dépôt
Tous les dépôts sont effectués sur une même ligne horizontale (tracée au crayon à papier sans rayer la surface)
pour permettre une bonne mesure des différents rapports frontaux (Rf). La taille des tâches obtenues après élution
est au moins aussi grande que celle des dépôts. Les dépôts doivent être fins pour offrir une bonne séparation des
tâches. Il faut attendre que le solvant du dépôt s'évapore avant de placer la plaque dans la cuve sans quoi la polarité
du solvant d'élution serait localement modifiée.
2) Elution
La migration sur la plaque CCM se fait par capillarité. La vitesse de migration dépend de la compétition entre
trois facteurs, gouvernés par des interactions faibles (Van der Walls ou liaisons hydrogène) :
- l’adsorption des composés sur la phase stationnaire,
- la solubilisation des composés dans l’éluant,
- l'adsorption de l'éluant sur la phase stationnaire (qui prend la place d’un composé, effet de remplacement).
Le premier facteur participe à la rétention d’un composé, alors que les deux derniers participent à son entraînement.
Afin d’optimiser la séparation des composés, il faut prendre en compte à la fois la polarité et la proticité du
composé, de l’éluant, mais aussi de la phase stationnaire.
La phase stationnaire est souvent constituée de silice SiO2. Chaque grain possède des groupements silanols
Si-OH, c’est un matériau polaire et protique. Si les échantillons à analyser sont dégradables en milieu acide, on utilise
plutôt l’alumine Al2O3. La cellulose est utilisée pour les composés fortement polaires (les sucres), qui vont moins
migrer à cause de leurs interactions plus importantes avec la phase stationnaire.
Le choix de l'éluant est déterminant, c'est la partie la plus délicate de cette technique. Les éluants sont très
souvent un mélange de deux solvants, l'un étant plus polaire que l'autre. Ci-dessous est représentée la série
éluotropique des solvants usuellement utilisés pour faire des CCM :
L'augmentation de la polarité de l’éluant permet dans la majorité des cas d'augmenter les rapports frontaux
(augmentation de l'effet de remplacement). Un éluant polaire est nécessaire pour séparer des produits polaires mais
offrirait des Rf trop grands pour des composés apolaires qui seraient alors mal séparés. Un éluant est choisi de
manière à offrir des Rf ≈ 0,3-0,5.
Il faut sortir la plaque avant que l’éluant n’atteigne le haut, et tracer au crayon la ligne de front de solvant pour
pouvoir calculer les Rf.
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3) Révélation
Si les composés absorbent dans le visible, les tâches sont visibles à l’œil. Sinon, il faut procéder à une révélation :
- révélation visuelle : à l'aide d'une lampe UV s’ils absorbent ce rayonnement. Les plaques de silice sont
couvertes d’un indicateur fluorescent qui émet une radiation verte sous irradiation UV (254 nm). Dès lors qu’un
composé présent sur la plaque absorbe le rayonnement UV, il masque la surface fluorescente et on observe alors
une tâche sombre.
- révélation chimique : avec des révélateurs universels (diiode, permanganate de potassium, acide
phosphomolybdique…). Des tâches colorées vont apparaître suite à la réaction avec le composé.
II. Chromatographies en phase gazeuse (CPG) (aussi appelée CPV, chromatographie en phase vapeur)
A. Fiche de montage
Schéma du dispositif
B. Principe
La CPG est une technique de chromatographie de partage entre une phase mobile (gaz vecteur inerte : diazote,
argon) et une phase stationnaire (liquide adsorbé sur la paroi interne de la colonne). Les colonnes les plus utilisées
sont les colonnes capillaires (diamètre 0,1-0,5 nm, longueur jusqu'à 100 m).
L'échantillon injecté à l’aide d’une seringue est vaporisé dans la chambre d'injection puis les différents composés
sont entraînés dans la colonne par le gaz vecteur. Ils progressent à des vitesses différentes qui dépendent
essentiellement des températures d’ébullition et de l'affinité des composés avec la phase stationnaire. Une phase
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stationnaire polaire (resp. apolaire) retiendra d'autant plus les composés polaires (resp. apolaires). Les principaux
paramètres qui influencent la séparation sont la colonne (nature, diamètre, longueur), la température de la colonne
(réglée via le four dans lequel elle se trouve) et le débit du gaz vecteur. Les composés sortent de la colonne par ordre
de Téb croissante sauf lorsque les interactions avec la phase stationnaire sont plus importantes.
En sortie de la colonne, un détecteur permet de repérer le passage des composés : l'aire du pic est
proportionnelle à la quantité de matière du composé détecté. C’est une technique quantitative.
Schéma du dispositif
B. Principe
La chromatographie sur colonne est une méthode de purification couramment utilisée en chimie organique. Elle
permet, grâce à des phénomènes d’adsorption, de séparer les constituants d’un mélange. Elle permet de purifier des
quantités importantes de produit (plusieurs grammes).
Tout comme la CCM, cette technique repose sur l’affinité d’un composé entre une phase mobile (éluant qui se
déplace par gravité) et une phase stationnaire (adsorbant placé dans la colonne). Le choix de la phase stationnaire
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dépend du type de composé à purifier (nature chimique et stabilité sur cet adsorbant), on utilise la silice (acide) ou
l'alumine (acide, basique ou neutre).
Avant de réaliser une chromatographie sur colonne, il faut déterminer les conditions optimales de séparation.
Pour cela, différents éluants sont testés en CCM : l'éluant choisi doit assurer une bonne séparation des produits sans
que les rapports frontaux des composés à récupérer ne soient supérieurs à 0,4. Pour satisfaire à ces deux conditions,
on choisit généralement un mélange de solvants (polaire/apolaire). Il est possible de réaliser un gradient de polarité
afin d’éluer tous les composés successivement.
Selon la quantité de produit à purifier et la difficulté de la séparation, les dimensions de la colonne (hauteur,
diamètre) et la quantité d'adsorbant varient. Lorsque la quantité de produit à purifier est importante, on choisit une
colonne assez large. Lorsque la séparation est difficile, on choisit une colonne assez fine et longue (on peut utiliser de
la silice super fine, de plus faible granulométrie).
Schéma du dispositif
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II. Principe
Un solide dont on cherche à déterminer la température de fusion est déposé sur une plaque en acier inoxydable
soumise à un gradient de température (croissante de la droite vers la gauche, de 45 à 260°C). Il est poussé grâce à
une spatule spécifique, et un curseur rabattable repère la position à laquelle le solide fond. Un index relié à un
chariot mobile permet de lire la valeur de la température sur une échelle graduée. Cet index est lui-même mobile
pour permettre d’étalonner le banc.
A. Rappels sur la cohésion des solides
Les liaisons chimiques intermoléculaires sont à l’origine de la cohésion des solides (potentiel résultant d’une
interaction répulsive et d’une interaction attractive). Il existe cinq types de liaisons intermoléculaires ; on distingue
les liaisons fortes et liaisons faibles selon leurs caractéristiques énergétiques :
Energie (kJ.mol-1)
Métallique 100 - 800
Liaisons fortes Ionique 100 - 600
Covalent 200 - 800
Van der Waals 5 - 10
Liaisons faibles
Liaison hydrogène 10 - 30
Remarque : ces valeurs sont données à titre indicatif, les bornes des intervalles peuvent varier selon les sources.
Il existe trois types de liaisons de Van der Waals : de Keesom (entre deux dipôles permanent), de Debye (entre
deux dipôles induits), de London (entre un dipôle permanent et un dipôle induit). Les liaisons hydrogène s’établissent
entre un atome d’hydrogène lié à un hétéroatome fortement électronégatif (N, O, F) et un hétéroatome (N, O, F)
possédant un doublet non liant.
B. Critère de pureté
La mesure de la température de fusion permet de juger de la pureté d’un composé. Si la température de fusion
est différente de celle tabulée (>1°C) :
- Tf < Tf tabulée : présence d’impuretés, il faut purifier le solide (recristallisation).
- Tf > Tf tabulée : présence résiduelle de solvant peu volatil (eau) dans le solide, il faut sécher le solide (étuve).
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Partie 3 : Réfractométrie
I. Fiche de montage
Méthode d’analyse simple et rapide d’un liquide, qui permet d’identifier un composé, de
vérifier sa pureté (analyse qualitative) ou de déterminer la composition d’un mélange (analyse
Objectif
quantitative grâce à une courbe d’étalonnage). La valeur de l’indice de réfraction (n) est
déterminée grâce à un réfractomètre d’Abbe.
L'échantillon liquide à analyser est placé entre deux prismes, sur lequel un faisceau incident
Principe rasant est envoyé. La détection de la limite entre la réfraction et la réflexion totale permet de
déduire n.
Schéma du dispositif Réfractomètre d’Abbe (à gauche : vue ouverte, à droite : vue fermée) :
Déposer une goutte de liquide à analyser entre les deux primes sans les toucher avec
la pipette (pour ne pas les rayer).
Bien refermer le réfractomètre.
Vérifier que la lampe est en marche.
Précautions
Régler la netteté de l'image à l'aide de l'oculaire pour bien distinguer la limite
expérimentales
clair/sombre.
Amener la limite clair/sombre au croisement du réticule.
Après utilisation, nettoyer les prismes à l'aide d’un coton imbibé d'éthanol.
Noter la température de la pièce.
Seuls les liquides ayant un indice de réfraction compris entre 1,3 et 1,7 peuvent être
analysés à l'aide d'un réfractomètre d'Abbe.
Erreurs et limites L'indice de réfraction dépendant de la température, un réfractomètre thermostaté
permet d'avoir une meilleure précision.
Etalonner le réfractomètre régulièrement avec de l’eau pure (vis d’étalonnage).
II. Principe
A. Indice de réfraction et loi de Snell-Descartes
Lorsqu'un rayon lumineux arrive à l'interface entre deux milieux transparents d'indices de réfraction respectifs n1
et n2, une partie est réfléchie et l'autre réfractée. Les indices de réfraction dépendent de la vitesse de propagation de
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Valeur limite de i1= π/2, qui entraîne l’observation d’une zone claire et d’une sombre
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Partie 4 : Polarimétrie
I. Fiche de montage
Technique d’analyse qualitative ou quantitative (dosages par étalonnage, détermination de la
Objectif proportion de deux énantiomères), qui permet de caractériser des molécules chirales ou des
mélanges optiquement actifs, à l’aide d’un polarimètre.
Mesure de l’angle α (appelé pouvoir rotatoire) de déviation du plan de polarisation d’une
lumière polarisée rectilignement. Pour un observateur vers lequel se déplace le rayon
Principe lumineux :
- déviation dans le sens horaire (α>0) : composé appelé dextrogyre et noté (+),
- déviation dans le sens anti-horaire (α<0) : composé appelé lévogyre et noté (-).
II. Principe
A. Mise en œuvre pratique
On observe dans l’oculaire deux demi-plages circulaires correspondant à la lumière ayant traversé pour l’une : le
polariseur, l’échantillon puis l’analyseur ; et pour l’autre : le polariseur, la lame demi-onde (couvrant la moitié du
faisceau et inversant la direction de polarisation), l’échantillon puis l’analyseur.
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Partie 5 : Spectroscopies
L'avènement de la spectroscopie UV-visible, de la spectroscopie IR, et surtout de la résonance magnétique
nucléaire (RMN) a permis d'accéder rapidement et très précisément à la structure des molécules. Ces méthodes
spectroscopiques sont des méthodes physiques, non destructives, puissantes et fiables, qui ne nécessitent d'utiliser
qu'une très faible quantité de produits à analyser.
Il existe un autre type de spectroscopie non présenté dans ce cours : la spectroscopie de masse (accès à la masse
molaire du composé).
I. Interaction matière-rayonnement
La spectroscopie étudie les échanges d'énergie mis en jeu lors de l'interaction matière-rayonnement pour fournir
des informations sur la structure de la matière.
L'énergie d'une molécule étant quantifiée, elle ne peut prendre que des valeurs discrètes. Ainsi, la molécule, en
passant d'un état énergétique à un autre, peut émettre ou absorber un photon d'énergie ΔE selon la relation de
Planck-Einstein :
ℎ𝑐
ΔΕ = ℎ𝜈 = = ℎ𝑐𝜎
𝜆
avec : ν : fréquence (Hz)
λ : longueur d'onde (m)
σ : nombre d'onde (m-1)
h = 6,63.10-34 J.s, constante de Planck
c = 3.108 m.s-1, vitesse de la lumière dans le vide.
Selon la longueur d'onde du rayonnement électromagnétique, des transitions entre les niveaux électroniques,
vibrationnelles ou rotationnelles ont lieu. En présence d'un champ magnétique, il existe aussi des transitions entre
états de spin nucléaire.
Dans chaque cas, l'expérience réalisée sur un échantillon de matière permet de tracer un spectre, c'est-à-dire le
graphique de l'intensité du signal mesuré en fonction de l'énergie du rayonnement absorbé (exprimée en longueur
d'onde, nombre d'onde, fréquence ou déplacement chimique).
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Schéma du dispositif
Enregistrer une ligne de base (blanc) avec la même cuve et le même solvant que
l'échantillon à analyser.
Nettoyer les faces de la cuve avec un chiffon non abrasif.
Évacuer les bulles dans la cuve.
Précautions Mettre les faces polies de la cuve dans le trajet du faisceau (ne pas laisser de traces de
expérimentales doigts).
Mettre l'appareil sous tension pour laisser la lampe chauffer et se stabiliser au moins
30 minutes avant la mesure.
Choix de la longueur d'onde de travail : maximum d’absorption de l’espèce suivie
(meilleure précision).
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B. Principe
1) Allure des spectres
Le spectre d’absorption correspond au tracé de l’absorbance A, grandeur sans dimension, en fonction de la
longueur d’onde.
Exemple : le spectre d'absorption d'une solution aqueuse de bleu brillant (colorant alimentaire E133) de
concentration 1,0.10-5 mol.L-1 présente une bande d'absorption (λmax = 631 nm) correspondant à un rayonnement
orange. La solution apparaît de couleur bleue, couleur complémentaire de l'orange, d'après l'étoile des couleurs.
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4) Types de spectrophotomètres
On distingue :
- les spectrophotomètres mono-faisceau : où pour comparer grâce à un photodétecteur I0 et It, on utilise
successivement une cuve avec le solvant pur (tous deux choisis pour leur non-absorption dans la gamme de
longueurs d'onde utilisées) puis une cuve avec la solution ;
- les spectrophotomètres bi-faisceaux : où le faisceau éclaire simultanément deux cuves en parallèle, l'une
contenant le solvant pur, l'autre la solution. Le photodétecteur effectue la comparaison en permanence.
Schéma du dispositif
Faire une ligne de base (blanc) avant la mesure (pour éliminer les bandes d'absorption
des molécules d'eau et de CO2 présentes dans l'air).
Précautions IRTF : échantillon solide finement dispersé dans une matrice de KBr (2 % en poids).
expérimentales Technique destructive.
ATR : échantillon liquide ou solide brut. Technique non destructive. Nettoyer
soigneusement le cristal de l'appareil avant et après utilisation.
Le spectre obtenu avec un spectromètre ATR ne vérifie pas la loi de Beer-Lambert.
Erreurs et limites Seule une variation du moment dipolaire entraîne une absorption (les liaisons peu ou
pas polarisées seront peu ou pas visibles).
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B. Principe
1) Allure des spectres
Le spectre IR correspond au tracé de la transmittance T, grandeur sans dimension, en fonction du nombre d'onde
σ = 1/λ = ν/c (en cm-1).
Chaque mode de vibration n’entraîne pas l’apparition d’une bande sur le spectre. Il faut que la vibration entraîne la
variation du moment dipolaire. Exemple :
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Région 1400 - 400 cm-1 : Cette région est difficile à exploiter car elle contient beaucoup de bandes, en
particulier des bandes de déformation. Elle peut néanmoins être analysée à l'aide de logiciels qui
comparent ses bandes à celles des produits d'une base de données. Cela peut permettre d'identifier la
molécule. On parle d’« empreinte digitale » de la molécule.
4) Paramètres d’influence
Multiplicité des liaisons : σ augmente avec la multiplicité des liaisons car la force de la liaison augmente.
Formation de liaisons hydrogène : σ diminue avec la formation de liaisons hydrogène car la force de la
liaison diminue.
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5) Tables IR
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Schéma du dispositif
Préparer l'échantillon en utilisant un solvant deutéré (ex : CDCl2, DMSO-d6, CD3CN, …).
Précautions Penser à régler l'uniformité du champ permanent avec les bobines de shim avant la
expérimentales mesure (manuel ou automatique).
Choisir la sonde adaptée aux noyaux étudiés.
L'acquisition de plusieurs spectres consécutifs permet d'avoir un meilleur rapport
Erreurs et limites
signal/bruit.
B. Principe
1) Principe de mesure
Le proton 1H possède un spin nucléaire égal à 1/2. En présence d'un champ magnétique B0, les deux états de spin
(+1/2, noté α, et -1/2, noté β) n'ont pas la même énergie (ΔE proportionnelle à B0). Lorsqu'un photon d'énergie
ΔE = hν0 = kB0 est absorbé, il y a transition entre le niveau α et le niveau β. On parle de résonance magnétique
nucléaire. ν0 est la fréquence de résonance, proportionnelle à la valeur du champ magnétique B0.
Dans la pratique, B0 est compris entre 1 et 20 T, ce qui correspond à des valeurs de fréquence de résonance de
50 à 1000 MHz, domaine des ondes radio.
2) Echelle de mesure : déplacement chimique
Tous les protons d’une molécule ne résonnent pas à la même fréquence ν0 : l'environnement électronique
modifie le champ magnétique local ressenti par un proton donné. Le champ réellement ressenti par un proton s'écrit
Bi = B0 (1 – σi) où σi est la constante de blindage (constante d'écran). Il résonne à la fréquence νi = ν0 (1 – σi).
Pour tracer l'intensité du signal enregistré en fonction d'une grandeur indépendante de B0 (qui varie d'un
spectromètre à un autre), on définit le déplacement chimique du proton i, δi, sans dimension et exprimé en parties
par million (ppm) :
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3) Paramètres d’influence
Groupes électroattracteurs et électronégativité :
Plus la densité électronique autour d'un proton est faible, plus σi est petit. Le proton ressent alors un champ
magnétique Bi plus élevé. On dit qu'il est plus déblindé.
Ainsi, un proton à proximité d'un atome électronégatif (N, O, Cl, …) ou d'un groupe électroattracteur (-C=O, -CN, …)
possède une constante de blindage σi faible et donc un déplacement chimique δi élevé.
Protons acides :
Les protons acides (d'alcool ou d'amine par exemple) s'échangent rapidement entre molécules. Ils n'ont pas de
déplacement chimique caractéristique et leur signal est parfois élargi.
Les protons acides peuvent être facilement identifiés car leur signal disparaît lorsque de l'eau deutérée D2O est
ajoutée à l'échantillon, à cause de la réaction d'échange avec le deutérium de D2O (qui ne résonne pas aux mêmes
fréquences que H) :
Remarque : la force des liaisons hydrogène intermoléculaires, la température, le solvant et la dilution influent
fortement sur la position et la largeur du signal des protons acides.
Insaturations :
La présence de certaines insaturations peut conduire à des déplacements chimiques élevés.
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Exemples :
Pour chaque signal RMN 1H, l'aire sous le signal est proportionnelle au nombre de protons chimiquement
équivalents. La courbe d'intégration superposée au spectre permet de déterminer quantitativement leurs
proportions.
Exemple : le spectre RMN 1H du 1-chloro-2,2-diméthylpropane présente deux signaux qui correspondent chacun à un
des protons chimiquement équivalents.
- les 9 protons Ha sont chimiquement équivalents du fait
de la rotation autour de la liaison C-C ;
- les 2 protons Hb sont chimiquement équivalents du fait
du plan de symétrie de la molécule.
D. Couplage spin-spin
Parfois, le signal d'un groupe de protons chimiquement équivalents n'apparaît pas sous la forme d'un unique pic
à δi mais sous la forme d'un ensemble de pics centrés sur δi, appelé multiplet. Cette démultiplication du signal est
due à une interaction magnétique entre les spins nucléaires appelée couplage spin-spin.
1) Système AX
Le spin nucléaire de HX peut prendre deux états de spin, α ou β. Le proton HA ressent alors le champ B0 appliqué
par l'appareil modifié par les effets locaux de blindage ou de déblindage des électrons et par le champ dû au spin
nucléaire de HX noté b.
Le proton HA résonne donc pour deux fréquences différentes selon l'orientation du spin de HX. Son signal est
alors constitué de deux pics (doublet) placés symétriquement autour de la valeur du déplacement chimique en
l'absence de couplage.
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Constante de couplage : La constante de couplage J entre deux protons correspond à l'écart, exprimé en hertz, entre
les deux pics. Elle est indépendante de la valeur du champ B0.
Pour déterminer la valeur d'une constante de couplage, on multiplie la différence de déplacement chimique
Δδ (ppm) entre les deux pics par la fréquence de résonance ν0 (MHz) de l’appareil.
𝐽(𝐻𝑧) = ∆𝛿. 𝜈
Exemple : Si Δδ = 0,05 ppm pour un appareil de fréquence 300 MHz, on a J = 300 x 0,05 = 15 Hz.
2) Système AmXp
Le raisonnement précédent se généralise à tout système du type AmXp où m protons équivalents HA sont couplés
à p protons équivalents HX.
Règle du (p+1)-uplet : le signal d'un groupe de protons équivalents HA couplé avec p protons équivalents HX apparaît
sous la forme d'un (p+1)-uplet dont les intensités relatives des pics sont données par le triangle de Pascal.
L'écart entre les pics correspond à la constante de couplage JAX.
Exemple : pour le propanenitrile CH3-CH2-CN, les deux protons équivalents du groupe CH2 sont couplés aux trois
protons équivalents du groupe CH3. Il s'agit d'un système A2X3.
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3) Système AmMpXq
Le signal d'un groupe de protons équivalents HA couplé avec p protons équivalents HM et q protons équivalents
HX apparaît sous la forme :
- d'un (p+1)-uplet de (q+1)-uplets ou d'un (q+1)-uplet de (p+1)-uplets si JAM ≠ JAX ;
- d'un (p+q+1)-uplet si JAM = JAX.
Exemple : pour le bromure de vinyle, les trois protons Ha, Hb et Hc ne sont pas équivalents. Chaque proton est couplé
aux deux autres. Il s'agit d'un système AMX.
4) Intensité du couplage
On précise le nombre n de liaisons séparant les protons couplés par la notation nJ. Le couplage le plus courant est
le couplage vicinal ou couplage 3J entre protons portés par des carbones voisins. Dans ce cas, J vaut une dizaine de
Hertz.
Les constantes de couplage au-delà de trois liaisons sont très faibles si bien que les couplages correspondants
sont rarement observés sauf pour quelques structures particulières :
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E. Tables RMN1H
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Bibliographie
Livres :
- Techniques expérimentales en chimie, Prépas scientifiques, A.-S. Bernard, S. Clède, M. Emond, H. Monin-Soyer, J.
Quérard, J’intègre, Dunod, 2014
- Chimie 2e année PC-PC*, A. Durupthy, F. Brénon-Audat, O. Cauchy, O. Durupthy, HPrépa, Hachette, 2005
- Traité de chimie organique 6e édition, N.E. Schore, K.P.C. Vollhardt, De Boeck, 2015 (théorie simplifiée)
- Identification spectrométrique de composés organiques 3e édition, R.M. Silverstein, F.X. Webster, D.J. Kiemle, De
Boeck, 2016 (ouvrage complet mais complexe)
Pour simuler des spectres 1H RMN :
http://www.nmrdb.org/predictor
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