Vous êtes sur la page 1sur 27

Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

ANALYSES EN CHIMIE ORGANIQUE

Lors d’une synthèse en chimie organique, le chimiste met en œuvre des techniques expérimentales lors
d’analyses qualitatives et quantitatives afin de caractériser une espèce chimique, d’en contrôler la pureté ou de la
doser. Les méthodes d’analyses qualitatives permettent d’identifier un ou plusieurs composés présents dans
l’échantillon, à travers la détection d’éléments chimiques ou de groupes fonctionnels, sans tenir compte de leur
proportion. A l’inverse, les méthodes d’analyse quantitatives permettent de déterminer leur concentration. On
utilise également la dénomination de méthodes destructives ou non destructives. Ce dernier point a toute son
importance en chimie organique, du fait des petites quantités de produit qui sont parfois obtenues lors d’une
synthèse.
Plan du cours :
Partie 1 : chromatographies
1. Chromatographie sur couche mince (CCM)
2. Chromatographies en phase gazeuse (CPG) (ou CPV : chromatographie en phase vapeur)
3. Colonne de chromatographie
Partie 2 : Détermination d’une température de fusion (banc Köfler)
Partie 3 : Réfractométrie
Partie 4 : Polarimétrie
Partie 5 : Spectroscopies
1. Interaction matière-rayonnement
2. Spectroscopie UV-visible
3. Spectroscopie infra-rouge (IR)
4. Résonance Magnétique Nucléaire (RMN)
Chaque technique expérimentale (en gras dans le plan ci-dessus) sera décrite suivant de la même façon : Fiche de
montage et Principe.

Partie 1 : chromatographies
Les méthodes chromatographiques ont pour but de séparer les constituants d'un mélange. Elles peuvent être
analytiques ou préparatives. Les méthodes analytiques permettent d’identifier les constituants d’un échantillon en
comparant le résultat de l’analyse avec ceux de composés purs connus (CCM, CPG). Les méthodes préparatives
permettent de récupérer les constituants séparés (CCM ou CPG préparatives, colonne de chromatographie).
Le principe général repose sur l'utilisation de deux phases :
- une phase stationnaire (ou fixe) : liquide ou solide,
- une phase mobile : gazeuse (gaz vecteur ou porteur) ou liquide (éluant).
La phase mobile entraîne les composés tandis que la phase stationnaire les retient. Le déplacement des composés
dépend de leur affinité pour ces deux phases.
Les méthodes chromatographiques sont classées en quatre catégories selon les principes physiques mis en jeu
lors de l'interaction des composés avec les deux phases :
 Chromatographie d'adsorption : phénomène de surface basé sur l'adsorption et la désorption successives
des composés à la surface de la phase stationnaire solide (CCM, colonne de chromatographie). Elle repose
sur les interactions de Van der Waals et des liaisons hydrogènes.
 Chromatographie de partage : la phase stationnaire liquide est adsorbée à la surface d'un support solide
inerte. Les composés peuvent être solubilisés à la fois dans la phase mobile et dans la phase stationnaire,

1
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

d’où l’existence d’un équilibre de partage. Ils sont plus ou moins retenus selon leur solubilité entre ces deux
phases.
 Chromatographie échangeuse d'ion : la phase stationnaire est un solide ionisé ou ionisable dont les ions sont
échangeables avec ceux de la phase mobile (solution tampon dont on fixe le pH). Les composés à séparer
sont des composés ioniques qui mettent en jeu des interactions électrostatiques plus ou moins fortes avec
les deux phases.
 Chromatographie d'exclusion stérique : la phase stationnaire est un solide composé de billes possédant des
canaux dont le diamètre est d'une taille similaire à celle des plus petites molécules à séparer. Les grosses
molécules vont ainsi passer hors des billes et sortiront en premier tandis que les plus petites molécules vont
passer dans les canaux et être retenues.

I. Chromatographie sur couche mince (CCM)


A. Fiche de montage

Technique d'analyse qualitative qui a pour objectif de séparer les constituants d’un mélange
Objectif afin d’identifier un composé, de vérifier sa pureté ou de suivre l’avancement d’une réaction
(analyse de prélèvements successifs du milieu réactionnel).
Mesure de la hauteur de migration de tâches (rapports frontaux Rf), qui dépend des affinités
Principe relatives des produits entre une phase stationnaire (plaque de CCM recouverte de silice ou
d’alumine) et une phase mobile (mélange de solvants appelé éluant).

Schéma du dispositif

 Couper les coins inférieurs des plaques CCM afin de limiter les effets de bords.
 Faire des dépôts les plus petits possibles (capillaires), à 1 cm du bas de la plaque.
 Ne pas appuyer trop fort avec le capillaire pour ne pas déformer la surface de la place
au niveau du dépôt.
 Vérifier sous la lampe UV (si les composés absorbent) que les dépôts sont suffisants
mais pas trop concentrés.
Précautions  Ne déposer que des solutions.
expérimentales  Attendre que les dépôts soient bien secs avant de mettre la plaque dans la cuve.
 Ne pas déplacer la cuve CCM avant ou pendant l'élution.
 Saturer la cuve en vapeurs d'éluant avant d’introduire la plaque (évite l'évaporation
du solvant lors de la montée par capillarité) ; indispensable à la reproductibilité de la
CCM. Fermer la cuve pendant l’élution.
 Garder le niveau d'éluant dans la cuve doit en-dessous de la ligne de dépôt.
 Ne pas déplacer la cuve pendant l’élution.
 La présence d'une seule tache en CCM n'est pas une preuve de pureté : plusieurs
produits peuvent avoir le même Rf ou ne pas être révélés.
Erreurs et limites
 Les produits analysés doivent pouvoir être révélés (lampe UV ou révélateur chimique).
 Certains composés peuvent se dégrader en contact avec l'adsorbant.

2
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

B. Principe
Lors d’une CCM, le mélange à analyser est déposé sur une phase stationnaire : support inerte (verre, aluminium,
plastique, etc.) sur lequel est fixée une couche mince (≈ 250 µm) d'adsorbant. La partie inférieure de la plaque est
mise en contact avec un solvant appelé phase mobile (solvant ou mélange de solvants) qui monte par capillarité : on
parle d’élution et la phase mobile est appelée éluant. Les composés sont caractérisés par leur rapport frontal Rf :
𝑑
𝑅 =
𝐷
avec d la distance parcourue par le composé et D celle parcourue par le front du solvant. La taille des tâches n'étant
pas reliée à la concentration, cette méthode est qualitative.
1) Dépôt
Tous les dépôts sont effectués sur une même ligne horizontale (tracée au crayon à papier sans rayer la surface)
pour permettre une bonne mesure des différents rapports frontaux (Rf). La taille des tâches obtenues après élution
est au moins aussi grande que celle des dépôts. Les dépôts doivent être fins pour offrir une bonne séparation des
tâches. Il faut attendre que le solvant du dépôt s'évapore avant de placer la plaque dans la cuve sans quoi la polarité
du solvant d'élution serait localement modifiée.
2) Elution
La migration sur la plaque CCM se fait par capillarité. La vitesse de migration dépend de la compétition entre
trois facteurs, gouvernés par des interactions faibles (Van der Walls ou liaisons hydrogène) :
- l’adsorption des composés sur la phase stationnaire,
- la solubilisation des composés dans l’éluant,
- l'adsorption de l'éluant sur la phase stationnaire (qui prend la place d’un composé, effet de remplacement).
Le premier facteur participe à la rétention d’un composé, alors que les deux derniers participent à son entraînement.
Afin d’optimiser la séparation des composés, il faut prendre en compte à la fois la polarité et la proticité du
composé, de l’éluant, mais aussi de la phase stationnaire.
La phase stationnaire est souvent constituée de silice SiO2. Chaque grain possède des groupements silanols
Si-OH, c’est un matériau polaire et protique. Si les échantillons à analyser sont dégradables en milieu acide, on utilise
plutôt l’alumine Al2O3. La cellulose est utilisée pour les composés fortement polaires (les sucres), qui vont moins
migrer à cause de leurs interactions plus importantes avec la phase stationnaire.
Le choix de l'éluant est déterminant, c'est la partie la plus délicate de cette technique. Les éluants sont très
souvent un mélange de deux solvants, l'un étant plus polaire que l'autre. Ci-dessous est représentée la série
éluotropique des solvants usuellement utilisés pour faire des CCM :

L'augmentation de la polarité de l’éluant permet dans la majorité des cas d'augmenter les rapports frontaux
(augmentation de l'effet de remplacement). Un éluant polaire est nécessaire pour séparer des produits polaires mais
offrirait des Rf trop grands pour des composés apolaires qui seraient alors mal séparés. Un éluant est choisi de
manière à offrir des Rf ≈ 0,3-0,5.
Il faut sortir la plaque avant que l’éluant n’atteigne le haut, et tracer au crayon la ligne de front de solvant pour
pouvoir calculer les Rf.

3
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

3) Révélation
Si les composés absorbent dans le visible, les tâches sont visibles à l’œil. Sinon, il faut procéder à une révélation :
- révélation visuelle : à l'aide d'une lampe UV s’ils absorbent ce rayonnement. Les plaques de silice sont
couvertes d’un indicateur fluorescent qui émet une radiation verte sous irradiation UV (254 nm). Dès lors qu’un
composé présent sur la plaque absorbe le rayonnement UV, il masque la surface fluorescente et on observe alors
une tâche sombre.
- révélation chimique : avec des révélateurs universels (diiode, permanganate de potassium, acide
phosphomolybdique…). Des tâches colorées vont apparaître suite à la réaction avec le composé.

II. Chromatographies en phase gazeuse (CPG) (aussi appelée CPV, chromatographie en phase vapeur)
A. Fiche de montage

Technique d'analyse qualitative et quantitative de mélanges complexes, qui a pour objectif de


séparer les constituants d’un mélange afin d’identifier un composé, de vérifier sa pureté ou de
Objectif
suivre l’avancement d’une réaction (analyse de prélèvements successifs du milieu
réactionnel).
Vaporisés lorsqu’ils ne sont pas initialement sous l’état gazeux, les constituants d'un mélange
Principe sont séparés par migration dans une colonne. Le signal détecté en sortie est fonction du temps
de rétention de chaque composé sur la colonne.

Schéma du dispositif

 Choisir une colonne en adéquation avec la nature des composés analysés.


 Respecter les limites de température d'utilisation des éléments constitutifs du
Précautions chromatographe (injecteur, four, colonne, détecteur).
expérimentales  Diluer suffisamment l'échantillon et le filtrer avant de l'injecter.
 Attendre que la colonne soit équilibrée avant d'injecter un échantillon.
 Ne pas tordre l'aiguille lors de l'injection.
 Les composés doivent être relativement volatils et thermiquement stables.
Erreurs et limites
 Domaine de linéarité du détecteur.

B. Principe
La CPG est une technique de chromatographie de partage entre une phase mobile (gaz vecteur inerte : diazote,
argon) et une phase stationnaire (liquide adsorbé sur la paroi interne de la colonne). Les colonnes les plus utilisées
sont les colonnes capillaires (diamètre 0,1-0,5 nm, longueur jusqu'à 100 m).
L'échantillon injecté à l’aide d’une seringue est vaporisé dans la chambre d'injection puis les différents composés
sont entraînés dans la colonne par le gaz vecteur. Ils progressent à des vitesses différentes qui dépendent
essentiellement des températures d’ébullition et de l'affinité des composés avec la phase stationnaire. Une phase

4
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

stationnaire polaire (resp. apolaire) retiendra d'autant plus les composés polaires (resp. apolaires). Les principaux
paramètres qui influencent la séparation sont la colonne (nature, diamètre, longueur), la température de la colonne
(réglée via le four dans lequel elle se trouve) et le débit du gaz vecteur. Les composés sortent de la colonne par ordre
de Téb croissante sauf lorsque les interactions avec la phase stationnaire sont plus importantes.
En sortie de la colonne, un détecteur permet de repérer le passage des composés : l'aire du pic est
proportionnelle à la quantité de matière du composé détecté. C’est une technique quantitative.

III. Colonne de chromatographie


A. Fiche de montage

Technique utilisée en chimie préparative : purification d'un mélange (solide ou liquide),


Objectif
jusqu'à plusieurs grammes de produit.
Les composés du mélange introduit en haut de la colonne sortent successivement, selon leurs
Principe affinités relatives entre la phase mobile (éluant qui se déplace par gravité) et la phase
stationnaire (gel d’adsorbant placé dans la colonne).

Schéma du dispositif

 Préparer le gel d'adsorbant (mélange adsorbant/éluant) dans un erlenmeyer avant de


le verser dans la colonne.
 Ne pas déformer la surface du sable « inférieure » lors de l'introduction du gel
d'adsorbant.
Précautions  Bien tasser le gel (pas de bulle d'air, pas de fissure) pour qu'il soit homogène.
expérimentales  Veiller à avoir une surface du dépôt parfaitement horizontale.
 Diluer le produit à purifier dans un minimum de solvant (déposer une solution sans
suspension).
 Ne pas assécher la colonne.
 Gradient de polarité de l'éluant : augmentation de la polarité et non l'inverse.
 Purification de quelques dizaines de mg à quelques dizaines de grammes de produit.
Erreurs et limites  Si la quantité est trop faible, purifier par chromatographie sur plaque préparative.
 Si elle est trop importante, utiliser une autre méthode (recristallisation, distillation).

B. Principe
La chromatographie sur colonne est une méthode de purification couramment utilisée en chimie organique. Elle
permet, grâce à des phénomènes d’adsorption, de séparer les constituants d’un mélange. Elle permet de purifier des
quantités importantes de produit (plusieurs grammes).
Tout comme la CCM, cette technique repose sur l’affinité d’un composé entre une phase mobile (éluant qui se
déplace par gravité) et une phase stationnaire (adsorbant placé dans la colonne). Le choix de la phase stationnaire

5
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

dépend du type de composé à purifier (nature chimique et stabilité sur cet adsorbant), on utilise la silice (acide) ou
l'alumine (acide, basique ou neutre).
Avant de réaliser une chromatographie sur colonne, il faut déterminer les conditions optimales de séparation.
Pour cela, différents éluants sont testés en CCM : l'éluant choisi doit assurer une bonne séparation des produits sans
que les rapports frontaux des composés à récupérer ne soient supérieurs à 0,4. Pour satisfaire à ces deux conditions,
on choisit généralement un mélange de solvants (polaire/apolaire). Il est possible de réaliser un gradient de polarité
afin d’éluer tous les composés successivement.
Selon la quantité de produit à purifier et la difficulté de la séparation, les dimensions de la colonne (hauteur,
diamètre) et la quantité d'adsorbant varient. Lorsque la quantité de produit à purifier est importante, on choisit une
colonne assez large. Lorsque la séparation est difficile, on choisit une colonne assez fine et longue (on peut utiliser de
la silice super fine, de plus faible granulométrie).

Partie 2 : Détermination d’une température de fusion


(banc Köfler)
I. Fiche de montage
Technique d'analyse qualitative qui permet de vérifier la pureté d’un composé à partir de la
Objectif
mesure de sa température de fusion (Tf).
Le solide est soumis à un gradient de température lorsqu’il est poussé de droite à gauche sur
Principe
la plaque du banc Köfler. Le passage de l'état solide à l'état liquide est repéré visuellement.

Schéma du dispositif

 Le port de gants et la présence de tout solvant inflammable sont à proscrire à


proximité du banc Köfler.
 Allumer le banc Köfler 45 minutes avant utilisation pour permettre l'établissement du
gradient thermique.
 Étalonner le banc avec un étalon dont la Tf est proche de celle du composé analysé.
 Réduire en poudre fine le solide (les poches d'air présentes dans les gros cristaux
Précautions
entraînent une erreur de mesure).
expérimentales
 Déposer un minimum de solide sur le banc, une dizaine de degré sous sa Tf, pour une
meilleure précision.
 Déplacer doucement le solide pour atteindre l'équilibre thermique.
 Nettoyer le banc après chaque mesure avec un morceau de coton sec (en poussant le
solide perpendiculairement au banc ou en allant vers la zone froide).
 En fin d’utilisation du banc, le nettoyer avec un morceau de coton imprégné d’éthanol.
 Incertitudes liées à la mesure : étalonnage, lecture, gradient de température
(incertitude de 1°C).
Erreurs et limites  Le solide peut se décomposer thermiquement (changement de couleur) : mesure de la
température de décomposition.
 Le solide peut se sublimer.

6
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

II. Principe
Un solide dont on cherche à déterminer la température de fusion est déposé sur une plaque en acier inoxydable
soumise à un gradient de température (croissante de la droite vers la gauche, de 45 à 260°C). Il est poussé grâce à
une spatule spécifique, et un curseur rabattable repère la position à laquelle le solide fond. Un index relié à un
chariot mobile permet de lire la valeur de la température sur une échelle graduée. Cet index est lui-même mobile
pour permettre d’étalonner le banc.
A. Rappels sur la cohésion des solides
Les liaisons chimiques intermoléculaires sont à l’origine de la cohésion des solides (potentiel résultant d’une
interaction répulsive et d’une interaction attractive). Il existe cinq types de liaisons intermoléculaires ; on distingue
les liaisons fortes et liaisons faibles selon leurs caractéristiques énergétiques :

Energie (kJ.mol-1)
Métallique 100 - 800
Liaisons fortes Ionique 100 - 600
Covalent 200 - 800
Van der Waals 5 - 10
Liaisons faibles
Liaison hydrogène 10 - 30

Remarque : ces valeurs sont données à titre indicatif, les bornes des intervalles peuvent varier selon les sources.
Il existe trois types de liaisons de Van der Waals : de Keesom (entre deux dipôles permanent), de Debye (entre
deux dipôles induits), de London (entre un dipôle permanent et un dipôle induit). Les liaisons hydrogène s’établissent
entre un atome d’hydrogène lié à un hétéroatome fortement électronégatif (N, O, F) et un hétéroatome (N, O, F)
possédant un doublet non liant.
B. Critère de pureté
La mesure de la température de fusion permet de juger de la pureté d’un composé. Si la température de fusion
est différente de celle tabulée (>1°C) :
- Tf < Tf tabulée : présence d’impuretés, il faut purifier le solide (recristallisation).
- Tf > Tf tabulée : présence résiduelle de solvant peu volatil (eau) dans le solide, il faut sécher le solide (étuve).

III. Autre méthode de détermination d’une température de fusion


Un appareil à tube capillaire permet de mesurer une température de fusion, quand celle-ci est comprise entre
260 et 400°C. Un tube capillaire est plongé dans un bain d’huile. Un système de chauffage permet d’augmenter
progressivement la température de l’huile. On relève la température à laquelle le composé fond.

7
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Partie 3 : Réfractométrie
I. Fiche de montage
Méthode d’analyse simple et rapide d’un liquide, qui permet d’identifier un composé, de
vérifier sa pureté (analyse qualitative) ou de déterminer la composition d’un mélange (analyse
Objectif
quantitative grâce à une courbe d’étalonnage). La valeur de l’indice de réfraction (n) est
déterminée grâce à un réfractomètre d’Abbe.
L'échantillon liquide à analyser est placé entre deux prismes, sur lequel un faisceau incident
Principe rasant est envoyé. La détection de la limite entre la réfraction et la réflexion totale permet de
déduire n.

Schéma du dispositif Réfractomètre d’Abbe (à gauche : vue ouverte, à droite : vue fermée) :

 Déposer une goutte de liquide à analyser entre les deux primes sans les toucher avec
la pipette (pour ne pas les rayer).
 Bien refermer le réfractomètre.
 Vérifier que la lampe est en marche.
Précautions
 Régler la netteté de l'image à l'aide de l'oculaire pour bien distinguer la limite
expérimentales
clair/sombre.
 Amener la limite clair/sombre au croisement du réticule.
 Après utilisation, nettoyer les prismes à l'aide d’un coton imbibé d'éthanol.
 Noter la température de la pièce.
 Seuls les liquides ayant un indice de réfraction compris entre 1,3 et 1,7 peuvent être
analysés à l'aide d'un réfractomètre d'Abbe.
Erreurs et limites  L'indice de réfraction dépendant de la température, un réfractomètre thermostaté
permet d'avoir une meilleure précision.
 Etalonner le réfractomètre régulièrement avec de l’eau pure (vis d’étalonnage).

II. Principe
A. Indice de réfraction et loi de Snell-Descartes
Lorsqu'un rayon lumineux arrive à l'interface entre deux milieux transparents d'indices de réfraction respectifs n1
et n2, une partie est réfléchie et l'autre réfractée. Les indices de réfraction dépendent de la vitesse de propagation de

8
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

la lumière dans ces milieux :


𝑐
𝑛 = >1
𝑣
avec c la vitesse de la lumière dans le vide (c ≈ 3.108 m.s-1) et vi la vitesse de la lumière dans le milieu i d’indice ni.
Remarque : à 20°C, n(air)≈1, n(eau)=1,333 et n(verre)≈1,5.

La deuxième loi de Snell-Descartes décrit la modification de direction du rayon lumineux :


𝑛 sin(𝑖 ) = 𝑛 sin(𝑖 )

Schéma de la réflexion et de la réfraction d’un rayon incident sur un dioptre

B. Mesure de l’indice de réfraction


Le principe de réfraction du réfractomètre d’Abbe est basé sur la réfraction limite d’un rayon passant du liquide
le moins réfringent d’indice nL au prisme fixe plus réfringent d’indice nP (nL<nP). Dans ces conditions, i2 atteint une
valeur limite pour i1=π/2. L’expérimentateur voit donc deux zones, une sombre et une claire, le réglage de la
délimitation au centre de la croix permet de lire l’indice de réfraction dans le champ inférieur.

Valeur limite de i1= π/2, qui entraîne l’observation d’une zone claire et d’une sombre

Champs observés par l’expérimentateur lorsqu’il regarde dans le réfractomètre d’Abbe

9
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Partie 4 : Polarimétrie
I. Fiche de montage
Technique d’analyse qualitative ou quantitative (dosages par étalonnage, détermination de la
Objectif proportion de deux énantiomères), qui permet de caractériser des molécules chirales ou des
mélanges optiquement actifs, à l’aide d’un polarimètre.
Mesure de l’angle α (appelé pouvoir rotatoire) de déviation du plan de polarisation d’une
lumière polarisée rectilignement. Pour un observateur vers lequel se déplace le rayon
Principe lumineux :
- déviation dans le sens horaire (α>0) : composé appelé dextrogyre et noté (+),
- déviation dans le sens anti-horaire (α<0) : composé appelé lévogyre et noté (-).

Schéma du dispositif Polarimètre de Laurent :


- source lumineuse (lampe à vapeur de sodium) : lumière monochromatique non polarisée,
- monochromateur si la source de lumière est polychromatique : sélection d’une seule
longueur d’onde (la raie D du sodium, 589 nm),
- polariseur fixe,
- cellule polarimétrique (longueur l) contenant la solution (de concentration c),
- analyseur mobile (actionné par une molette et relié à une échelle munie d’un vernier) :
lecture du pouvoir rotatoire.
Le champ de vue dans l’oculaire est séparé en deux demi-plages d’intensités lumineuses
différentes. En fonction de la position de l’analyseur, cette luminosité varie. La détermination
du pouvoir rotatoire est effectuée en réglant la molette de sorte à observer l’équi-pénombre.
 Pas de bulles d’air dans la cuve au moment d’y placer l’échantillon, au risque de
Précautions
fausser la mesure.
expérimentales
 Laisser chauffer la lampe à vapeur de sodium.
 L'incertitude de mesure provient le plus généralement de la valeur de la concentration
Erreurs et limites de la solution préparée. On peut l'estimer à ± 5 % dans le cas de solutions diluées.
 Rincer la cuve avec de l’éthanol.

II. Principe
A. Mise en œuvre pratique
On observe dans l’oculaire deux demi-plages circulaires correspondant à la lumière ayant traversé pour l’une : le
polariseur, l’échantillon puis l’analyseur ; et pour l’autre : le polariseur, la lame demi-onde (couvrant la moitié du
faisceau et inversant la direction de polarisation), l’échantillon puis l’analyseur.

10
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Mise en œuvre pratique :


- faire un blanc avec le solvant : ajuster la molette de sorte à observer l’équi-pénombre, vérifier que la valeur lue
est nulle (sinon il faudra corriger la valeur du pouvoir rotatoire mesurée en lui soustrayant cette valeur),
- rincer la cuve avec l’échantillon puis la remplir,
- ajuster la position de l’analyseur afin d’observer l’équi-pénombre à nouveau,
- relever la valeur du pouvoir rotatoire.
B. Loi de Biot
Pour des solutions diluées ne contenant qu’une seule espèce chirale, la Loi de Biot précise que le pouvoir
rotatoire α est une fonction linéaire de la concentration :
𝛼 = [𝛼] 𝑙 𝑐
avec : α : pouvoir rotatoire (en °)
[𝛼] : pouvoir rotatoire spécifique (en °.L.g-1.dm-1)
l : longueur de la cuve (en dm)
c : concentration massique de la solution (en g.L-1)
Le pouvoir rotatoire spécifique caractérise la capacité d'une molécule à faire tourner le plan de polarisation de la
lumière. Il dépend de la température (influence souvent faible 1 à 2 % par °C), de la longueur d'onde de la lumière et
du solvant. Quand plusieurs espèces chirales sont présentes dans le milieu, leurs pouvoirs rotatoires s'additionnent
(comme pour la loi de Beer-Lambert et l'absorbance).
Attention : Il n’y a aucune relation entre le signe du pouvoir rotatoire et la configuration R ou S d’une molécule
chirale.
C. Mélange racémique et excès énantiomérique
Mélange racémique : mélange équimolaire de deux énantiomères. Le pouvoir rotatoire d’un mélange racémique
est nul par compensation.
La mesure du pouvoir rotatoire d’un mélange non racémique de deux énantiomères permet de déterminer leurs
concentrations E(+) et E(-). L’excès énantiomérique est déterminé en mesurant la pureté optique (car c’est l’excès
d’un énantiomère qui est responsable de l’activité optique). On parle de pureté énantiomérique :
[𝐸(+)] − [𝐸(−)]
𝑝. 𝑒. =
[𝐸(+)] + [𝐸(−)]
Expérimentalement, on mesure le pouvoir rotatoire du mélange ainsi que celui de l’énantiomère (+) ou (-) pur à une
concentration égale à la concentration totale du mélange des deux énantiomères : c = c(+) + c(-). On a :
p.e. = αmélange/α+ pur.

11
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Partie 5 : Spectroscopies
L'avènement de la spectroscopie UV-visible, de la spectroscopie IR, et surtout de la résonance magnétique
nucléaire (RMN) a permis d'accéder rapidement et très précisément à la structure des molécules. Ces méthodes
spectroscopiques sont des méthodes physiques, non destructives, puissantes et fiables, qui ne nécessitent d'utiliser
qu'une très faible quantité de produits à analyser.
Il existe un autre type de spectroscopie non présenté dans ce cours : la spectroscopie de masse (accès à la masse
molaire du composé).

I. Interaction matière-rayonnement
La spectroscopie étudie les échanges d'énergie mis en jeu lors de l'interaction matière-rayonnement pour fournir
des informations sur la structure de la matière.
L'énergie d'une molécule étant quantifiée, elle ne peut prendre que des valeurs discrètes. Ainsi, la molécule, en
passant d'un état énergétique à un autre, peut émettre ou absorber un photon d'énergie ΔE selon la relation de
Planck-Einstein :
ℎ𝑐
ΔΕ = ℎ𝜈 = = ℎ𝑐𝜎
𝜆
avec : ν : fréquence (Hz)
λ : longueur d'onde (m)
σ : nombre d'onde (m-1)
h = 6,63.10-34 J.s, constante de Planck
c = 3.108 m.s-1, vitesse de la lumière dans le vide.
Selon la longueur d'onde du rayonnement électromagnétique, des transitions entre les niveaux électroniques,
vibrationnelles ou rotationnelles ont lieu. En présence d'un champ magnétique, il existe aussi des transitions entre
états de spin nucléaire.

Niveaux électroniques, vibrationnels et rotationnels

Électronique Entre états de spin


Nature de la transition Vibrationnelle
(électrons de valence) nucléaire
Spectroscopie UV-visible Infrarouge RMN
Domaine spectral
200 ≤ λ (nm) ≤ 800 400 ≤ σ (cm-1) ≤ 4000 50 ≤ ν (MHz) ≤ 1000
d'étude
Environnement structural
Conjugaisons et insaturations
Informations déduites Groupes fonctionnels de certains noyaux
(liaisons multiples)
(squelette de la molécule)

Dans chaque cas, l'expérience réalisée sur un échantillon de matière permet de tracer un spectre, c'est-à-dire le
graphique de l'intensité du signal mesuré en fonction de l'énergie du rayonnement absorbé (exprimée en longueur
d'onde, nombre d'onde, fréquence ou déplacement chimique).

12
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

II. Spectroscopie UV-visible


A. Fiche de montage

Technique d’analyse qualitative et quantitative, qui permet de déterminer les insaturations


Objectif (liaisons multiples) et les délocalisations électroniques afin d’en déduire la structure
électronique de certains composés (insaturés et conjugués).
Les radiations UV et visibles absorbées par les molécules provoquent l'excitation des électrons
de valence. On mesure l'absorbance : comparaison de l’intensité d'un faisceau
monochromatique avant et après son passage à travers l'échantillon. Une partie de l'intensité
du faisceau est absorbée par l'échantillon, supposé homogène et non diffusant.
𝐼
𝐴 = log ( )
Principe 𝐼
avec A l'absorbance de l'échantillon ; I0 et I respectivement les intensités des faisceaux
lumineux indicent et transmis.

Schéma du dispositif

- source : lampe deutérium, tungstène-halogène ou xénon (plus rare).


- monochromateur : réseau d’environ 1200 traits/mm.
- cellule photoélectrique (ou photodétecteur) : diodes au silicium.

 Enregistrer une ligne de base (blanc) avec la même cuve et le même solvant que
l'échantillon à analyser.
 Nettoyer les faces de la cuve avec un chiffon non abrasif.
 Évacuer les bulles dans la cuve.
Précautions  Mettre les faces polies de la cuve dans le trajet du faisceau (ne pas laisser de traces de
expérimentales doigts).
 Mettre l'appareil sous tension pour laisser la lampe chauffer et se stabiliser au moins
30 minutes avant la mesure.
 Choix de la longueur d'onde de travail : maximum d’absorption de l’espèce suivie
(meilleure précision).

 Concentration pas trop élevée, sinon dépassement de l’absorbance limite (souvent 2


ou 3).
 Choix de la cuve : elle doit résister au solvant et transparente dans le domaine de
Erreurs et limites longueurs d’onde étudiées (en quartz pour λ < 330 nm, en verre ou PMMA pour le
visible).
 Lumière monochromatique.
 La solution doit être homogène et ne pas contenir de solide.

13
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

B. Principe
1) Allure des spectres
Le spectre d’absorption correspond au tracé de l’absorbance A, grandeur sans dimension, en fonction de la
longueur d’onde.
Exemple : le spectre d'absorption d'une solution aqueuse de bleu brillant (colorant alimentaire E133) de
concentration 1,0.10-5 mol.L-1 présente une bande d'absorption (λmax = 631 nm) correspondant à un rayonnement
orange. La solution apparaît de couleur bleue, couleur complémentaire de l'orange, d'après l'étoile des couleurs.

Spectre d’absorbance du bleu brillant (à gauche) et étoile des couleurs (à droite)


Remarque : la largeur des bandes observées est due à l'ensemble des transitions vibrationnelles et rotationnelles
associées à une transition électronique donnée.
Plus une entité chimique est conjuguée, plus la longueur d'onde de son maximum d'absorption est élevée. C’est
l’effet bathochrome (décalage vers les hautes longueurs d’onde). Exemple :

Remarque : un déplacement inverse est appelé effet hypsochrome.


2) Loi de Beer-Lambert
La loi de Beer-Lambert relie l'absorbance A à la concentration ci des espèces chimiques présentes en solution.
Elle n'est valable que pour des solutions diluées :
𝐴 = 𝜀. 𝑙. 𝑐
avec : A : absorbance (sans unité)
ε : coefficient d'absorption molaire de l’espèce chimique (L.mol-1.cm-1), dépend de λ, du solvant et de T
l : longueur de la cuve (cm)
c : concentration (mol.L-1)
La loi de Beer-Lambert est additive. Si plusieurs composés absorbent dans le milieu, alors elle s’écrit : 𝐴 = 𝑙 ∑ 𝜀 𝑐
3) Types de mesures
Deux types de mesures sont utilisés en spectroscopie UV-visible :
- à longueur d’onde fixe : pour le suivi des concentrations, utile en cinétique chimique ou dans les dosages par
étalonnage (chimie générale),
- à concentrations fixes : variation de l’absorbance en fonction de la longueur d’onde, utile pour tracer le spectre
d’un mélange ou d’un corps pur (chimie organique).

14
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

4) Types de spectrophotomètres
On distingue :
- les spectrophotomètres mono-faisceau : où pour comparer grâce à un photodétecteur I0 et It, on utilise
successivement une cuve avec le solvant pur (tous deux choisis pour leur non-absorption dans la gamme de
longueurs d'onde utilisées) puis une cuve avec la solution ;
- les spectrophotomètres bi-faisceaux : où le faisceau éclaire simultanément deux cuves en parallèle, l'une
contenant le solvant pur, l'autre la solution. Le photodétecteur effectue la comparaison en permanence.

III. Spectroscopie infra-rouge (IR)


A. Fiche de montage

Technique d’analyse qualitative, qui permet de déterminer la composition d’un mélange et


Objectif
d’identifier un composé (mise en évidence des groupes fonctionnels des molécules).
Un flux de photons est envoyé sur l’échantillon, qui en absorbe une partie. Les fréquences
spécifiques absorbées correspondent à des vibrations moléculaires. On mesure l'intensité du
rayonnement infrarouge (IR) avant et après passage dans l'échantillon, en fonction du nombre
d’onde σ (en cm-1).
Principe
𝐼
𝑇=
𝐼
avec T la transmittance (A = log(1/T)), I0 et I respectivement les intensités des faisceaux
lumineux indicent et transmis.
- Spectrophotomètre IR à transformée de Fourier (IRTF) :

Schéma du dispositif

- Spectrophotomètre à réflexion totale atténuée (ATR) : le faisceau lumineux ne traverse pas


l'échantillon est réfléchi à sa surface :

 Faire une ligne de base (blanc) avant la mesure (pour éliminer les bandes d'absorption
des molécules d'eau et de CO2 présentes dans l'air).
Précautions  IRTF : échantillon solide finement dispersé dans une matrice de KBr (2 % en poids).
expérimentales Technique destructive.
 ATR : échantillon liquide ou solide brut. Technique non destructive. Nettoyer
soigneusement le cristal de l'appareil avant et après utilisation.
 Le spectre obtenu avec un spectromètre ATR ne vérifie pas la loi de Beer-Lambert.
Erreurs et limites  Seule une variation du moment dipolaire entraîne une absorption (les liaisons peu ou
pas polarisées seront peu ou pas visibles).

15
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

B. Principe
1) Allure des spectres
Le spectre IR correspond au tracé de la transmittance T, grandeur sans dimension, en fonction du nombre d'onde
σ = 1/λ = ν/c (en cm-1).

Spectre IR de l’acétate d’isoamyle (acétate de 3-méthylbutyle)


Remarque : on peut aussi tracer les spectres en absorbance. Les bandes pointent alors vers le haut.
2) Modèle de l’oscillateur harmonique
La vibration dans d'une molécule A-B est décrite par le modèle de l’oscillateur harmonique. Les atomes sont
modélisés par les masses mA et mB et la liaison par un ressort de constante de raideur k, d'autant plus grande que la
liaison A-B est forte. Le nombre d'onde de vibration est donné par la loi de Hooke :

𝜎 = où 𝜇= est la masse réduite.


Lorsque la longueur d’onde du rayonnement correspond à σ0, il y a absorption. Une bande de vibration apparaît
sur le spectre IR.
Pour une molécule diatomique, la seule vibration possible est l’élongation de la liaison. Pour une molécule
polyatomique, les longueurs et angles entre les liaisons peuvent varier lors de la vibration. Une molécule possède
plusieurs modes de vibrations :

Chaque mode de vibration n’entraîne pas l’apparition d’une bande sur le spectre. Il faut que la vibration entraîne la
variation du moment dipolaire. Exemple :

16
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

3) Nombres d’onde caractéristiques


 Région 4000 - 1400 cm-1 : Cette région correspond globalement aux vibrations d'élongation des liaisons. Son
analyse est souvent aisée car elle contient relativement peu de signaux et l'attribution des bandes
d'élongation permet d'identifier les groupes fonctionnels d'une molécule.

 Région 1400 - 400 cm-1 : Cette région est difficile à exploiter car elle contient beaucoup de bandes, en
particulier des bandes de déformation. Elle peut néanmoins être analysée à l'aide de logiciels qui
comparent ses bandes à celles des produits d'une base de données. Cela peut permettre d'identifier la
molécule. On parle d’« empreinte digitale » de la molécule.

4) Paramètres d’influence

Le nombre d'onde σ du rayonnement absorbé est proportionnel à .

 Multiplicité des liaisons : σ augmente avec la multiplicité des liaisons car la force de la liaison augmente.

 Formation de liaisons hydrogène : σ diminue avec la formation de liaisons hydrogène car la force de la
liaison diminue.

 Conjugaison : σ diminue avec la conjugaison car la force de la liaison diminue.

17
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

5) Tables IR

18
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

19
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

IV. Résonance magnétique nucléaire (RMN)


A. Fiche de montage

Technique d’analyse qualitative, qui permet de déterminer l’environnement structural de


Objectif certains noyaux (squelette de la molécule). La RMN 1H permet de déterminer l’environnement
des noyaux H.
Etude de la relaxation caractéristique de certains noyaux après l'absorption résonante d'un
champ magnétique. L'échantillon étudié est soumis à un champ magnétique constant, puis à
Principe
une impulsion électromagnétique. Le retour à l'état d'équilibre du spin nucléaire est mesuré
par une bobine.

Schéma du dispositif

 Préparer l'échantillon en utilisant un solvant deutéré (ex : CDCl2, DMSO-d6, CD3CN, …).
Précautions  Penser à régler l'uniformité du champ permanent avec les bobines de shim avant la
expérimentales mesure (manuel ou automatique).
 Choisir la sonde adaptée aux noyaux étudiés.
 L'acquisition de plusieurs spectres consécutifs permet d'avoir un meilleur rapport
Erreurs et limites
signal/bruit.

B. Principe
1) Principe de mesure
Le proton 1H possède un spin nucléaire égal à 1/2. En présence d'un champ magnétique B0, les deux états de spin
(+1/2, noté α, et -1/2, noté β) n'ont pas la même énergie (ΔE proportionnelle à B0). Lorsqu'un photon d'énergie
ΔE = hν0 = kB0 est absorbé, il y a transition entre le niveau α et le niveau β. On parle de résonance magnétique
nucléaire. ν0 est la fréquence de résonance, proportionnelle à la valeur du champ magnétique B0.
Dans la pratique, B0 est compris entre 1 et 20 T, ce qui correspond à des valeurs de fréquence de résonance de
50 à 1000 MHz, domaine des ondes radio.
2) Echelle de mesure : déplacement chimique
Tous les protons d’une molécule ne résonnent pas à la même fréquence ν0 : l'environnement électronique
modifie le champ magnétique local ressenti par un proton donné. Le champ réellement ressenti par un proton s'écrit
Bi = B0 (1 – σi) où σi est la constante de blindage (constante d'écran). Il résonne à la fréquence νi = ν0 (1 – σi).
Pour tracer l'intensité du signal enregistré en fonction d'une grandeur indépendante de B0 (qui varie d'un
spectromètre à un autre), on définit le déplacement chimique du proton i, δi, sans dimension et exprimé en parties
par million (ppm) :

20
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

3) Paramètres d’influence
 Groupes électroattracteurs et électronégativité :
Plus la densité électronique autour d'un proton est faible, plus σi est petit. Le proton ressent alors un champ
magnétique Bi plus élevé. On dit qu'il est plus déblindé.
Ainsi, un proton à proximité d'un atome électronégatif (N, O, Cl, …) ou d'un groupe électroattracteur (-C=O, -CN, …)
possède une constante de blindage σi faible et donc un déplacement chimique δi élevé.

 Protons acides :
Les protons acides (d'alcool ou d'amine par exemple) s'échangent rapidement entre molécules. Ils n'ont pas de
déplacement chimique caractéristique et leur signal est parfois élargi.
Les protons acides peuvent être facilement identifiés car leur signal disparaît lorsque de l'eau deutérée D2O est
ajoutée à l'échantillon, à cause de la réaction d'échange avec le deutérium de D2O (qui ne résonne pas aux mêmes
fréquences que H) :

Remarque : la force des liaisons hydrogène intermoléculaires, la température, le solvant et la dilution influent
fortement sur la position et la largeur du signal des protons acides.
 Insaturations :
La présence de certaines insaturations peut conduire à des déplacements chimiques élevés.

C. Allure d’un spectre RMN 1H


Lorsque des protons possèdent le même environnement chimique, ils résonnent à la même fréquence et sont
dits chimiquement équivalents.
Équivalence chimique : Deux protons sont chimiquement équivalents (ou isochrones), s'ils sont échangeables par
une opération de symétrie ou une rotation autour d'un axe laissant la molécule inchangée. Ils ont alors le même
déplacement chimique.

21
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Exemples :

Pour chaque signal RMN 1H, l'aire sous le signal est proportionnelle au nombre de protons chimiquement
équivalents. La courbe d'intégration superposée au spectre permet de déterminer quantitativement leurs
proportions.
Exemple : le spectre RMN 1H du 1-chloro-2,2-diméthylpropane présente deux signaux qui correspondent chacun à un
des protons chimiquement équivalents.
- les 9 protons Ha sont chimiquement équivalents du fait
de la rotation autour de la liaison C-C ;
- les 2 protons Hb sont chimiquement équivalents du fait
du plan de symétrie de la molécule.

D. Couplage spin-spin
Parfois, le signal d'un groupe de protons chimiquement équivalents n'apparaît pas sous la forme d'un unique pic
à δi mais sous la forme d'un ensemble de pics centrés sur δi, appelé multiplet. Cette démultiplication du signal est
due à une interaction magnétique entre les spins nucléaires appelée couplage spin-spin.

1) Système AX
Le spin nucléaire de HX peut prendre deux états de spin, α ou β. Le proton HA ressent alors le champ B0 appliqué
par l'appareil modifié par les effets locaux de blindage ou de déblindage des électrons et par le champ dû au spin
nucléaire de HX noté b.

Le proton HA résonne donc pour deux fréquences différentes selon l'orientation du spin de HX. Son signal est
alors constitué de deux pics (doublet) placés symétriquement autour de la valeur du déplacement chimique en
l'absence de couplage.

22
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Constante de couplage : La constante de couplage J entre deux protons correspond à l'écart, exprimé en hertz, entre
les deux pics. Elle est indépendante de la valeur du champ B0.
Pour déterminer la valeur d'une constante de couplage, on multiplie la différence de déplacement chimique
Δδ (ppm) entre les deux pics par la fréquence de résonance ν0 (MHz) de l’appareil.
𝐽(𝐻𝑧) = ∆𝛿. 𝜈
Exemple : Si Δδ = 0,05 ppm pour un appareil de fréquence 300 MHz, on a J = 300 x 0,05 = 15 Hz.

2) Système AmXp
Le raisonnement précédent se généralise à tout système du type AmXp où m protons équivalents HA sont couplés
à p protons équivalents HX.

Règle du (p+1)-uplet : le signal d'un groupe de protons équivalents HA couplé avec p protons équivalents HX apparaît
sous la forme d'un (p+1)-uplet dont les intensités relatives des pics sont données par le triangle de Pascal.
L'écart entre les pics correspond à la constante de couplage JAX.

Exemple : pour le propanenitrile CH3-CH2-CN, les deux protons équivalents du groupe CH2 sont couplés aux trois
protons équivalents du groupe CH3. Il s'agit d'un système A2X3.

23
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

3) Système AmMpXq
Le signal d'un groupe de protons équivalents HA couplé avec p protons équivalents HM et q protons équivalents
HX apparaît sous la forme :
- d'un (p+1)-uplet de (q+1)-uplets ou d'un (q+1)-uplet de (p+1)-uplets si JAM ≠ JAX ;
- d'un (p+q+1)-uplet si JAM = JAX.

Exemple : pour le bromure de vinyle, les trois protons Ha, Hb et Hc ne sont pas équivalents. Chaque proton est couplé
aux deux autres. Il s'agit d'un système AMX.

4) Intensité du couplage
On précise le nombre n de liaisons séparant les protons couplés par la notation nJ. Le couplage le plus courant est
le couplage vicinal ou couplage 3J entre protons portés par des carbones voisins. Dans ce cas, J vaut une dizaine de
Hertz.
Les constantes de couplage au-delà de trois liaisons sont très faibles si bien que les couplages correspondants
sont rarement observés sauf pour quelques structures particulières :

5) Couplage à travers certains hétéroatomes


Dans les conditions habituelles, on n'observe pas le couplage avec les protons liés à O ou N :

24
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

E. Tables RMN1H

25
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

26
Anaïs GARNIER Cours : Analyses AIPC - 2022/23

Bibliographie
 Livres :
- Techniques expérimentales en chimie, Prépas scientifiques, A.-S. Bernard, S. Clède, M. Emond, H. Monin-Soyer, J.
Quérard, J’intègre, Dunod, 2014
- Chimie 2e année PC-PC*, A. Durupthy, F. Brénon-Audat, O. Cauchy, O. Durupthy, HPrépa, Hachette, 2005
- Traité de chimie organique 6e édition, N.E. Schore, K.P.C. Vollhardt, De Boeck, 2015 (théorie simplifiée)
- Identification spectrométrique de composés organiques 3e édition, R.M. Silverstein, F.X. Webster, D.J. Kiemle, De
Boeck, 2016 (ouvrage complet mais complexe)
 Pour simuler des spectres 1H RMN :
http://www.nmrdb.org/predictor

27

Vous aimerez peut-être aussi