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Le désir

« Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La
satisfaction y met fin; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés; de plus, le désir est long,
et ses exigences tendent à l'infini; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce
contentement suprême lui-même n'est qu’apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir; le
premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun
souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l’aumône qu’on jette à un
mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain - Tant que notre conscience
est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l’impulsion du désir, aux espérances et aux
craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur
durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un :
l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans
cesse la conscience; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion
attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à
Tantale éternellement altéré ».
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, Livre III, §38, P.U.F., 2009, pages
252-253.

« […] Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne
vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui la cause. Ainsi cet état
se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut
mieux peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit
moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet,
l’homme, avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche
de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en
quelque sorte, et, pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout
ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure
point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède ; l’illusion cesse où commence la
jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité ; et tel est le néant des choses
humaines, qu’hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. »
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, Sixième partie, lettre VIII, Flammarion, 1967, pages 527-528.

« C'est l'imagination qui étend pour nous la mesure des possibles soit en bien, soit en mal, et qui par
conséquent excite et nourrit les désirs par l'espoir de les satisfaire. Mais l'objet qui paraissait d'abord sous la main
fuit plus vite qu'on ne peut le poursuivre ; quand on croit l'atteindre, il se transforme et se montre au loin devant
nous. Ne voyant plus le pays déjà parcouru nous le comptons pour rien ; celui qui reste à parcourir s'agrandit,
s'étend sans cesse ; ainsi l'on s'épuise sans arriver au terme et plus nous gagnons sur la jouissance, plus le
bonheur s'éloigne de nous.
Au contraire, plus l'homme est resté près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à ses
désirs est petite, et moins par conséquent il est éloigné d'être heureux. Il n'est jamais moins misérable que quand
il paraît dépourvu de tout : car la misère ne consiste pas dans la privation des choses, mais dans le besoin qui s'en
fait sentir.
Le monde réel a ses bornes ; le monde imaginaire est infini ; ne pouvant élargir l'un, rétrécissons l'autre ;
car c'est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraiment malheureux. »
Rousseau, Emile ou de l'éducation, livre second, Flammarion 1966, page 94.

« Maintenant, il faut parvenir à penser que, parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres sont vains.
Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres sont simplement naturels. Parmi les désirs
nécessaires, les uns le sont pour le bonheur, d’autres pour le calme du corps, d’autres enfin simplement pour le
fait de vivre. En effet, une vision claire de ces différents désirs permet à chaque fois de choisir ou de refuser
quelque chose, en fonction de ce qu’il contribue ou non à la santé du corps et à la sérénité de l’âme, puisque ce
sont ces deux éléments qui constituent la vie heureuse dans sa perfection. Car nous n’agissons qu’en vue d’un
seul but : écarter de nous la douleur et l’angoisse. Lorsque nous y sommes parvenus, les orages de l’âme se
dispersent, puisque l’être vivant ne s’achemine plus vers quelque chose qui lui manque, et ne peut rien
rechercher de plus pour le bien de l’âme et du corps. En effet, nous ne sommes en quête du plaisir que lorsque
nous souffrons de son absence. Mais quand nous n’en souffrons pas, nous ne ressentons pas le manque de plaisir.
Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. Car il est
le premier des biens naturels. Il est au principe de nos choix et refus, il est le terme auquel nous atteignons
chaque fois que nous décidons quelque chose, avec, comme critère du bien, notre sensibilité. Précisément parce

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qu’il est le bien premier, épousant notre nature, pour cela précisément nous ne recherchons pas tout plaisir. Il est
des cas où nous méprisons bien des plaisirs : lorsqu’ils doivent avoir pour suite des désagréments qui les
surpassent ; et nous estimons bien des douleurs meilleures que les plaisirs : lorsque, après les avoir supportées
longtemps, le plaisir qui les suit est plus grand pour nous. Tout plaisir est en tant que tel un bien et cependant il
ne faut pas rechercher tout plaisir ; de même la douleur est toujours un mal, pourtant elle n’est pas toujours à
rejeter. Il faut en juger à chaque fois, en examinant et comparant avantages et désavantages, car parfois nous
traitons le bien comme un mal, parfois au contraire nous traitons le mal comme un bien.
[…] Partant, quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne s’agit pas des plaisirs déréglés ni
des jouissances luxurieuses ainsi que le prétendent ceux qui ne nous connaissent pas, nous comprennent mal ou
s’opposent à nous. Par plaisir, c’est bien l’absence de douleur dans le corps et de trouble dans l’âme qu’il faut
entendre. Car la vie de plaisir ne se trouve pas dans d’incessants banquets et fêtes, ni dans la fréquentation de
jeunes garçons et de femmes, ni dans la saveur des poissons et des autres plats qui ornent les tables magnifiques,
elle est dans un raisonnement vigilant qui s’interroge sur les raisons d’un choix ou d’un refus, délaissant
l’opinion qui avant tout fait le désordre de l’âme. »
Épicure, Lettre à Ménécée, Hatier, 1999, pages 10-13.

Dziadku mon cher,

Dopiero co zaczyna się 3ci tydzień szkoły, już mam zaplanowane co najmniej 3 evaluations :
(.
Mianowicie jedna jest z philosophie, która będzie we wtorek! Mamy do napisania w 1h30
introduction do naszej dissertation, przyśle ci methode i exemple które dostaliśmy, może ci to
coś podpowie.

Nasz temat będzie o "desir" generalnie, dostaliśmy tez 4 krótkie teksty które też ci podeśle,
żeby mieć jakiś pomysł na ta redaction.

Wiec, chciałam się ciebie spytać czy nie chciałbyś sharować twojej wiedzy o "desir", na

pewno masz jakiś pomysł, as always


Byłabym ci bardzo wdzięczna!!

Co u ciebie Dziadku? Czy missujesz i zapłakujesz się za babcia w gąskach?


Co tez sadzisz o śmierci Queen Elizabeth ||?

Całuję cię mocno i ściskam, i missuje tez :)

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