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HISTOIRE des ARTS

Classe : 4° Période étudiée : XVIII-XIXème siècle Année : 1830

Fiche n°11 Titre de l’œuvre : « La liberté guidant le peuple » Huile sur toile 259 Nom de l’artiste :
x 325 cm. Musée du Louvres, Paris. Eugène Delacroix
LE ROMANTISME DE DELACROIX
Repère historique :
De 1815 à 1830, les frères de Louis XVI, Louis XVIII puis Charles X, se succèdent sur le trône et tentent de restaurer l'Ancien Régime.
Mais leur ambition réactionnaire se heurte aux aspirations libérales du peuple français qui se révolte en 1830 et impose l'instauration d'une
monarchie modérée.

Le peintre :
Le peintre français Eugène Delacroix s'impose dès 1824 comme le chef de file des romantiques. Peintre, illustrateur, ancien
élève de David, ses préoccupations sont modifiées par un voyage au Maroc, en 1834. À ce moment-là commence la période
orientaliste de son œuvre. Après avoir peint des scènes de batailles terribles, des événements historiques contemporains, il
propose des scènes de genre exotiques où la lumière et les couleurs jouent un grand rôle.

La scène :
En 1815, Napoléon Ier est définitivement vaincu à Waterloo. Les souverains victorieux veulent rétablir l'absolutisme et la
société d'ordres. Ils se heurtent à une résistance farouche de peuples avides de liberté. L'insurrection du peuple de Paris
contre Charles X débute le 27 juillet 1830 et dure trois jours (Les Trois Glorieuses). Delacroix est dans la rue. Il y réalise
les croquis de La Liberté guidant le peuple. Dans ce tableau d'une grande violence, une jeune femme à la poitrine dénudée
entraîne la foule. Les acteurs des Trois Glorieuses sont tous là: le peuple misérable, ses enfants qui se conduisent en
héros et ses femmes qui comme les hommes participent aux émeutes. Le gamin à droite préfigure le Gavroche des
Misérables que Victor Hugo écrira trente ans plus tard. Au premier plan gisent les cadavres d'un homme du peuple, d'un
garde du roi et d'un cuirassier de la garde. Le visage inquiet de l'homme au chapeau haut-de-forme pourrait être celui de
Delacroix Peint comme un instantané, ce tableau ne laisse pas de doute sur l'issue des combats.

L’énigme du tableau :
« Mais cette femme imposante et dépoitraillée, cette Junon* insurrectionnelle, que vient-elle faire dans une scène ainsi liée à
un événement précis et dont la représentation semble en tous points fidèle aux faits ?
C'est elle qui détient la clef de ce mystère, c'est elle qui « sauve » le tableau du cliché en le métamorphosant en allégorie. En
effet, avoir vu cette œuvre depuis l'enfance nous empêche à coup sûr de remarquer l'arbitraire de cette intrusion non
réaliste dans une scène qui baigne, à première vue, dans le réalisme, mais que sa présence emporte avec elle vers d'autres
rivages. Ce qui distingue cette femme des autres protagonistes - laquelle semble, pour Delacroix, être la Femme avec un
grand F -, c'est avant tout une présence lumineuse, un corps qui n'est pas tout à fait humain mais plutôt celui des
statues de l’Antiquité, sans pour autant
perdre en mouvement : ainsi, intemporelle,
parvient-elle à incarner la Révolution,
dans les faits comme dans l'idée, sans
en être l'un des banals acteurs, qu'elle
rejette au rang de simples figurants.
C'est elle qui fait passer le tableau du
réalisme à l'idéalisme et le soustrait à la
malédiction des peintures d'histoire en
dominant la structure pyramidale, qui en
accentue la dimension symbolique et la
force subversive*. »
Sources : « Cent énigmes de la peinture » pages 262 à
265 de Gérard-Julien Salvy.

Junon* : Dans la mythologie romaine, Junon est


la reine des dieux et la reine du ciel. Elle est à la
fois sœur et épouse de Jupiter.
Subversif* : Qui tend à menacer, à provoquer
ou à renverser l'ordre établi.

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