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1 INTRODUCTION

SYNDROME
D’HYPERTENSION L’ensemble des manifestations cliniques liée à une augmentation de la

INTRACRÂNIENNE pression intracrânienne.

L’intérêt de cette question est liée à sa fréquence et surtout à sa gravité.

Dr: Ali KHERMACHE


CHU SÉTIF

2 RAPPEL ANATOMIQUE

RAPPEL
Le contenant est représenté par la boîte crânienne, rigide, inextensible chez
l'adulte, et du canal rachidien.
Cette enceinte est tapissée de la dure-mère, inextensible au niveau crânien.

ANATOMIQUE
La dure-mère rachidienne peut modifier sa contenance car elle n'est pas en
permanence à son remplissage maximal, du moins en décubitus horizontal.
Chez l'enfant, la boite crânienne peut rester ouverte au niveau des fontanelles
jusqu'à l'âge de 18 mois, et donc se dilater de manière importante.

2 RAPPEL ANATOMIQUE

Le contenu de la boîte crânienne est constitué: le névraxe, le système vasculaire


et l'enceinte ventriculo-sous-arachnoïdienne (EVSA) qui contient le liquide
cérébrospinal (LCS).
Le névraxe occupe environ 70 ả 80 % de l'ensemble.
Le volume sanguin est de 32-58 mL pour un cerveau de 1 400 g. PHYSIOPATHOLOGIE
Le volume du LCS est de 140 mL, dont 23 mL pour les ventricules, 37 mL pour
les espaces sous-arachnoidiens (ESA) crâniens, et 80 mL dans les ESA
rachidiens.
Le LCS circule en permanence des ventricules vers ses principaux sites de
résorption crâniens et rachidiens, avec un débit global moyen de 0,35 mL/min.

3 PHYSIOPATHOLOGIE 3 PHYSIOPATHOLOGIE (1)


Quelle que soit l'étiologie, deux paramètres vont influer sur l'importance de
La PIC est mesuré dans le LCS, en décubitus horizontal, tête dans l'axe du rachis.
1'HIC : le volume et la vitesse d'installation du processus causal.
La valeur physiologique est comprise entre 5-15 mmHg chez l'adulte, et 2,4-4,2
Globalement, plus la variation volumique est lente, plus l’enceinte durale cranio-
mmHg chez le nourrisson. rachidienne s'adaptera en fonction des trois tampons volumiques, parenchyme,
La loi de Monro-Kellie (volume du névraxe + volume sanguin + volume du LCS sang et LCS.
= constante) permet de comprendre que la stabilité de la PIC nécessite que toute Le début sanguin cérébral est un facteur déterminant dans l'HIC.
variation de l'un des composants doit être compensée par l'un ou les deux autres. DSC = PPC/RVC.
Il existe des oscillations permanentes de la PIC liées à celles cardio-vasculo- La connaissance de l'état de fonctionnement de l'autorégulation (qui
respiratoires. maintient le DSC stable en modifiant les résistances vasculaires cérébrales
(RVC) du secteur artériel) et la pression partielle artérielle en CO2 (dont
D'autres brèves variations physiologiques de PIC se rencontrent fréquemment,
l'augmentation crée une vasodilatation) est d'un grand intérêt pour ajuster les
lors de la toux et des efforts à glotte fermée. traitements d'HIC.
3 PHYSIOPATHOLOGIE (2) 3 PHYSIOPATHOLOGIE (1)

PRINCIPAUX MECANISMES DE L'HYPERTENSION INTRACRANIENNE: CONSEQUENCES DE L'HYPERTENSION INTRACRANIENNE :


1. AUGMENTATION DU VOLUME SANGUIN CEREBRAL: elle serait 1. TROUBLES DE LA CIRCULATION CEREBRALE: par la compression
secondaire à une vasodilatation artérielle par perte d'autorégulation. des vaisseaux qui conduit à l'anoxie, locale ou diffuse.
2. AUGMENTATION EN VOLUME DU PARENCHYME CEREBRAL: Les 2. CONSEQUENCES METABOLIQUES: la chute de l'apport d'O2 peut
processus expansifs (hématome, contusion, ramollissement...), tous les types aggraver l'ischémie.
d'œdèmes, et les traumatismes crâniens.
3. PHENOMENE DE CUSHING: est une poussée d'hypertension artérielle
3. AUGMENTATION DU VOLUME DU LIQUIDE CEREBROSPINAL: Il périphérique provoquée par une décharge catécholaminergique d'origine
s'agit souvent d'un obstacle ventriculaire (hématome. processus expansif) à centrale, secondaire à une ischémie de la partie haute du tronc cérébral.
l'origine d'hydrocéphalie obstructive ou exceptionnellement une
4. ENGAGEMENTS: Ils sont provoqués par les gradients de pression dans
hypersécrétion de LCS est (papillome des plexus choroïdes). l'EDCR.

4 ASPECTS CLINIQUES

Ils diffèrent souvent par leur présentation en tableaux symptomatiques


dépendant du mode de constitution de l'HIC, sans que la gravité clinique soit
véritablement en rapport avec les valeurs absolues de la PIC.
Les signes d'HIC peuvent évoluer sur un mode aigu ou subaigu, menaçant
ASPECTS CLINIQUES rapidement la vie du patient par les conséquences mécaniques que la lésion
causale crée sur le tronc cérébral, alors que les valeurs de la pression ne sont
pas toujours très élevées.
Il est classique de séparer les signes d'HIC, dite compensée, et ceux qui
appartiennent aux complications évolutives que représentent les engagements
cérébraux.

A HIC COMPENSEE A HIC COMPENSEE


1. CEPHALEES : 2. VOMISSEMENTS:
Elles évoluent sur quelques semaines, souvent intermittentes mais tendant à Ils accompagnent fréquemment les céphalées ; ils sont classiquement décrits
s'aggraver avec l'évolution de l'affection. comme survenant en jet, sans nausées.
La localisation est plus volontiers fronto-orbitaire, occipitale ou en casque. Ils peuvent être au premier plan de la symptomatologie, notamment chez
Ces céphalées peuvent avoir un caractère positionnel, qu’est évocateur d'une l'enfant.
lésion intraventriculaire partiellement mobile, pouvant exercer un mécanisme 3. TROUBLES VISUELS:
de clapet sur les voies d'écoulement du LCS (syndrome de Bruns).
Une diplopie horizontale due à une paralysie uni- ou bilatérale du Vème nerf
Elles sont souvent rebelles aux antalgiques, y compris les morphiniques, crânien qui n'a aucune valeur localisatrice.
notamment dans les formes évoluées.
Plus rare est l'atteinte d'un IIIe nerf crânien, en dehors de toute lésion
Elles peuvent être soulagées par les vomissements. compressive due à un engagement.
Elles peuvent être absentes, ou minimes, dans certaines formes d'HIC. Une baisse d'acuité visuelle est exceptionnelle.

A HIC COMPENSEE A HIC COMPENSEE

L'apparition d'éclipses visuelles intermittentes peut traduire une menace 4. AUTRES SIGNES :
d'ischémie du nerf optique dans les formes évoluant depuis plusieurs semaines Des acouphènes, uni- ou bilatéraux, ainsi que des phases de vertiges ou
ou mois. d'instabilité apparaissant de façon paroxystique, surviennent en dehors de toute
Ces phénomènes intermittents précèdent une baisse rapide, et souvent définitive, atteinte spécifique des voies cochléo-vestibulaires.
de la vision.
Des troubles psychiques comportant irritabilité, modification du caractère,
L'examen ophtalmoscopique révèle, assez souvent, un œdème. difficultés d'adaptation scolaire chez l'enfant, dans les formes évoluées,
L'œdème papillaire est rarement observé chez le sujet âgé et chez le nourrisson quelquefois de façon fluctuante.
dont le crâne est expansible. Des modifications vasomotrices du visage.
La longue évolution d'un œdème papillaire conduit à l'installation progressive
Des modifications tensionnelles dans le sens d'une poussée hypertensive ou
d'une atrophie optique, caractéristique par la pâleur de la papille et qui
d'une bradycardie.
s'accompagne d'une baisse souvent irréversible de l'acuité visuelle.
B HIC DÉCOMPENSEE B HIC DÉCOMPENSEE
1. PHENOMENES CLINIQUES: 2. LESIONS ENCEPHALIQUES:
Ils sont intermittents, se manifestant d'abord par une asthénie intense, puis un Elles peuvent, sous l'effet de gradients de pression, créer des déplacements,
généralement dans le sens rostro-caudal, décrits sous le terme d'engagements
trouble de vigilance qui s'accompagne d'une résolution du tonus musculaire
cérébraux.
entrainant la chute, et de trémulations des quatre membres.
Ces engagements associent, à des degrés divers, des troubles de la vigilance, des
S'associent des troubles respiratoires et quelquefois une bradycardie, ces accès perturbations des réactions motrices et des troubles neurovégétatifs.
appelés crises anoxo- ischémiques, sont à distinguer d'une comitialité. • ENGAGEMENT CENTRAL: Il résulte du déplacement du diencéphale à
Ils peuvent se reproduire à plusieurs reprises au cours de la journée. travers l'incisure tentorielle (foramen ovale de Pacchioni).
• ENGAGEMENT TEMPORAL: Il résulte du déplacement de la cinquième
Des accidents de décompensation peuvent produire un coma rapidement
circonvolution termporale dans la partie latérale de l'incisure tentorielle.
progressif dont la gravité peut, en quelques heures, s'accompagner de signes,
• ENGAGEMENT DES AMYGDALES CEREBELLEUSES: dans le trou
d'irréversibilité (coma aréactif avec aréflexie du tronc cérébral).
occipital, il peut se manifester par des crises toniques postérieures.

A IRM CÉRÉBRALE

C’est l’examen de choix dans le bilan d'une HIC.


Elle apporte d'arguments supplémentaires pour préciser l'existence d'une HIC

EXAMENS notamment dans HIC idiopathique.


Cependant, lorsqu'elle est réalisée, les coupes coronales précisent avec

COMPLEMENTAIRES beaucoup plus de netteté les modifications anatomiques des structures axiales
sous l'effet des engagements.
Les lésions ischémiques et hémorragiques du tronc cérébral compliquant
l'engagement sont nettement mieux visualisées avec cet examen.

B TDM CRANIENNE C RADIOGRAPHIES DU CRANE

Elle révèle, bien sûr, les lésions expansives encéphaliques et l'œdème péri-
Elles ne sont plus demandées aujourd'hui devant une situation évoquant l'HIC:
lésionnel qui les accompagne le plus souvent.
mais la découverte, sur des clichés éventuellement réalisés pour d'autres raisons,
Elle montre aussi les différentes lésions encéphaliques (engagements). d'une distension des sutures chez le nourrisson, ou d'impressions digitiformes sur
Les lésions expansives de la fosse postérieure remplissent ou compriment le la voûte du crâne chez l'enfant plus âgé, apporte des argumenents pour une HIC
quatrième ventricule dont les orifices d'écoulement peuvent être obstrués, ancienne.
expliquant la constitution d'une dilatation ventriculaire sus-tentorielle avec,
comme premier signe, un élargissement des cornes temporales.
Les contusions traumatiques hémisphériques bilatérales se manifestent
initialement par une réduction importante de la taille des ventricules latéraux et
du troisième ventricule.

D ÉLECTROENCEPHALOGRAMME E MESURE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE

Il n'est utile que lorsqu' il se produit des phénomènes paroxystiques, comme les Elle n'est plus nécessaire au diagnostic d'HIC lorsqu' il existe des signes cliniques
crises anoxo-ischémique pour lesquelles le diagnostic différentiel peut se poser ou scanographiques évidents.
avec une comitialité ; dans ces cas, au moment de la perte de connaissance, il est En revanche, elle garde tout son intérêt dans les quelques cas difficiles de
suspicion d'HIC idiopathique.
classique d'observer un ralentissement de type thêta- delta bihémisphérique, dont
la survenue est corrélée avec la réduction de la perfusion cérébrale.
6 ÉTIOLOGIES

• Les tumeurs intracérébrales,

• Les traumatismes crâniens: TC graves et HSD chroniques

ÉTIOLOGIES
• Les causes vasculaires : TVC, HIC, IC étendu,

• Les troubles de la circulation-résorption du LCS: hydrocéphalie,

• Les infections cérébrales et méningées: abcès, les encéphalites herpétiques.

• HIC idiopathique.

A TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE

Il sera toujours privilégié : évacuation d'un hématome, d'un infarctus à la


phase œdémateuse, exérèse d'une tumeur, traitement d'une hydrocéphalie
aiguë.
L'indication est le plus souvent portée en urgence, en présence de troubles de

TRAITEMENT
la vigilance même discrets ou fluctuants, évocateurs alors d'ondes lentes de
pression.

B TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES B TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES


1. MEDICAUX: b) HYPOCAPNIE MODEREE (PCO2 ≈ 30 MMHG):
Le maintien, ou le rétablissement, des fonctions vitales représente la mesure
Elle diminue le volume sanguin intracérébral par vasoconstriction.
de base.
Le contrôle de facteurs généraux de lutte contre l'ischémie est recommandé : c) POSITIONNEMENT EN PROCLIVE A 30°:
PA systolique> 90 mmHg, PaO2 > 60 mmHg, hémoglobinémie normale.
Il améliore l'HIC mais son intérêt clinique est controversé.
Plusieurs thérapeutiques sont proposées pour traiter l'HIC et pour limiter la
souffrance cérébrale due aux lésions initiales et secondaires. d) CORTICOÏDES :
a) MANNITOL: Ils n'ont d'intérêt que pour les tumeurs avec œdème cérébral en attendant le
C'est le traitement de choix de première intention. traitement étiologique, ou dans un but palliatif.
Il est recommandé de l'utiliser de manière discontinue (mannitol à 25 % : 0,5
à 1,5 g/kg toutes les 4 à 6 heures) sur une durée de 3 ou 4 jours. e) DIURETIQUES :
Le glycérol peut aussi être utilisé par voie orale. L'acétazolamide n'est prescrit que dans le cas particulier de l'HIC bénigne.

B TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES B TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES


f) SEDATION, VOIRE CURARISATION : 2. CHIRURGICAUX :
Elle est nécessaire pour les patients agités, limitant les poussées d'HIC. a) DERIVATIONS DU LCS :
De même, les neuroleptiques peuvent être utilisés pour limiter les crises Si le ventricule est accessible à la ponction, un drainage ventriculaire externe
neurovégétatives. doit être mis en place dans des conditions d'asepsie chirurgicale.
g) BARBITURIQUES (PENTHOTAL 30 A 60 MG/KG) :
b) DE DEUXIEME INTENTION :
Ce sont des traitements de deuxième intention.
Plusieurs méthodes sont proposées pour, d'une part, augmenter le volume de
La baisse de PIC étant secondaire à la baisse de la demande métabolique, ils l'enceinte crânienne et/ou réduire le volume du parenchyme cérébral :
sont surtout indiqués lorsque l'activité électroencéphalographique est crâniectomie (bifrontale, bitemporale), duroplastie (plastie d'élargissement,
conservée.
scarification du feuillet dural externe), lobectomie (frontale, temporale).
La chute de PA qu'ils provoquent limite souvent leur utilisation.

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