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Région française

Les régions françaises sont des collectivités territoriales de la République française. Elles sont au nombre
de 27 : 22 régions de France métropolitaine (y compris la collectivité territoriale de Corse, qui n'a pas la
dénomination de « région » mais en exerce les compétences) et 5 départements et régions d’outre-mer (la
collectivité de Mayotte ne comprenait pas de conseil régional à la différence des quatre autres collectivités
d'outre-mer, mais seulement une assemblée délibérante unique tenant lieu de conseil général et conseil
régional)1,Note 1,2.

Le champ d’intervention des régions est extrêmement large de par la clause générale de compétence,
allant de la gestion des lycées à celle des transports, en passant par le développement économique et
la fiscalité.

Elles sont régies par la quatrième partie du code général des collectivités territoriales.

Rôle et administration

La région est une collectivité territoriale dotée d'un conseil régional élu avec, à sa tête, un président
disposant du pouvoir exécutif3, sous le contrôle a posteriori du préfet de région.

La France étant un État unitaire et décentralisé, les régions, tout en ayant le statut de collectivités
territoriales, n'ont pas d'autonomie législative, mais disposent d'un pouvoir réglementaire4. Les transferts de
compétences de la part de l'État doivent être accompagnés de la mise à disposition de moyens financiers
antérieurement affectés à ces dépenses par l'État.

En vertu du principe de libre administration des collectivités territoriales, les régions disposent de leur
propre autonomie financière et donc de leur propre budget, qu'elles ont pour mission de répartir dans
différents domaines. Leurs recettes sont constituées de dotations de l'État, d'une part, et
d'une fiscalité propre, d'autre part5.

Les régions, par leur clause générale de compétence6, ont un champ d'intervention large. Elles agissent
principalement dans l'éducation (gestion des lycées), l'enseignement supérieur et la recherche, la formation
professionnelle et l'apprentissage, le développement économique, l'aménagement du territoire et les
infrastructures. De plus, elles disposent d'un droit à l'expérimentation et de l'utilisation possible
du référendum local.

La région est également une circonscription administrative de l'État, dirigée par le préfet de région. La
préfecture est généralement située au chef-lieu de la région. Alors que la région, en tant que collectivité
territoriale, ne peut exercer de tutelle sur les départements ou les communes4, les préfets de département
sont placés sous l'autorité du préfet de région7.

Histoire
Les anciennes provinces du Royaume
Avant la Révolution française de 1789, le Royaume de France était divisé en provinces historiques issues
de l'histoire féodale et dont, pour certaines, la taille correspondait environ aux régions actuelles. En 1789,
ces provinces furent supprimées et le territoire français divisé en 83 départements. La particularité
française est que le fait régional est lié au fait national. Comme le souligne le professeur Autin, « depuis le
début du XIXe siècle, il existait en France un mouvement qui revendiquait la création d'entités
administratives et politiques permettant une décentralisation accrue des pouvoirs et la reconnaissance des
identités régionales »8.

En effet, après la Révolution française, la Nation s'est substituée au Roi et l'État français a conservé sa
structure centralisatrice ce qu'a démontré Alexis de Tocqueville dans L'Ancien Régime et la Révolution en
1851 : « à travers le gouffre de la Révolution, le préfet et l'intendant se tiennent par la main ».

De plus, le département (histoire des départements français) est devenu l'échelon rationnel de la mise en
œuvre des politiques publiques, institution mise en place par les lois des 15 janvier et 16 février 1790 dont
le découpage a été fait sous l'influence d'Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau prenant en compte des
particularismes locaux mais non l'identité régionale de peur de faire renaître les pays d'État et d'Élections
de l'Ancien Régime.

Les revendications régionalistes sont, en effet, réapparues vers la fin du XIXe siècle à travers Frédéric
Mistral et le Félibrige prônant une identité de langue et de culture occitane dans la littérature, courant
auquel se rattachèrent les courants contre-révolutionnaires, car comme l'explique le professeur Daniel
Seiler « dès que le transfert de souveraineté passe au Parlement et surtout à la Nation, la périphérie
ressent sa différence et s'accroche à l'ordre antérieur »9. Ces références constituèrent le terreau
idéologique de la défense des identités régionales dans le cadre d'un renouveau national et royaliste portée
par l'Action française de Charles Maurras10 au début du XXe siècle.

Premiers assemblages des géographes

Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, les géographes, Pierre Foncin ou Paul Vidal de La Blache se
penchent sur la question « d'assemblages géographiques » afin de regrouper certains départements sur
critères géographiques11.

Foncin établit ainsi une division en « treize ensembles » en reprenant les limites départementales (les
territoires d'Alsace-Lorraine, allemands alors, forment un ensemble classé à part) :

1. Plaines du Nord (Nord, Pas-de-Calais, Somme)

2. Plaines de Paris et de la Champagne (Oise, Aisne, Marne, Haute-Marne, Aube, Yonne, Seine-et-
Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir)
3. Plateau Lorrain (Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges)
4. Plaines et Collines de Normandie (Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Orne)
5. Bretagne, Vendée et Poitou (Loire-Inférieure, Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan, Ille-et-Vilaine,
Vendée, Vienne, Deux-Sèvres)
6. Plaines de la Loire (Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Cher,
Indre, Nièvre)
7. Le Massif Central (Allier, Creuse, Haute-Vienne, Dordogne, Lot, Tarn, Aveyron, Lozère, Haute-
Loire, Loire, Puy-de-Dôme, Corrèze, Cantal)
8. Plaines du Sud-Ouest (Charente-Inférieure, Charente, Gironde, Lot-et-Garonne, Gers, Landes)
9. Pyrénées (Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne, Ariège,
Aude)
10. Jura & Saône (Belfort, Haute-Saône, Doubs, Jura, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, Ain)
11. Alpes (Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Var, Corse)
12. Vallée du Rhône et Plaine du Languedoc (Rhône, Isère, Ardèche, Drôme, Vaucluse, Bouches-du-
Rhône, Gard, Hérault)
13. Algérie (Alger, Oran, Constantine)

Naissance des régions modernes

Carte des régions et blasons modernes de France métropolitaine.

Des revendications régionalistes émanent des légitimistes quand ceux-ci comprirent, dans les années
1890, que la République avait définitivement vaincu par les urnes et que seul le pouvoir local était encore à
leur portée.

Les premières mesures allant dans le sens de la création de régions n'ont lieu qu'à l'occasion du premier
conflit mondial. À la suite d'une circulaire du ministère du Commerce du 25 août 1917 (lui-même inspiré par
les théories régionalistes[réf. nécessaire]), un premier arrêté ministériel institua desgroupements économiques
régionaux dits « régions Clémentel » le 5 avril 1919. Ces « régions économiques » regroupaient
des chambres de commerce, à leur volonté, sur le territoire de la métropole. Les chambres de commerce
étant libres d'adhérer à la région de leur choix et d'en changer librement, les 17 régions prévues
initialement furent bientôt portées à 21, et administrées par un Comité régional composé de deux délégués
par chambres, auxquels étaient adjoints les préfets et sous-préfets qui avaient voix consultative. Elles
étaient à géométrie variable : par exemple, la IIIe(devenue VIe) région économique (Rennes) devait
regrouper en 1917 les chambres de commerce des Côtes-du-Nord, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine et
duMorbihan, mais en 1920 la chambre de commerce de Lorient (Morbihan) préféra rejoindre la Ve région
(Nantes).

Sur ce modèle, en septembre 1919, les fédérations de syndicats d'initiative formèrent 19 « régions
touristiques » dont les limites librement décidées selon une logique géographique, ethnographique,
historique et touristique, traversaient certains départements, comme le Loiret, le Var ou la Lozère.

Des propositions de loi accompagnèrent ce mouvement dès 1915, puis en 1920 (proposition de loi
Hennessy) et 1921 (proposition de loi Charles Rebel, projet de loi Millerand-Marraud-Doumer) pour une
décentralisation administrative avec constitution de régions et élection d'assemblées régionales. Ces
projets n'aboutissent pas.

À partir de la Première Guerre mondiale donc, le développement des transports et la facilité à se déplacer
loin conduisit certaines personnes à s'interroger sur l'opportunité de créer des divisions administratives plus
grandes que les départements.

Dans le champ des idées, de nouvelles revendications régionalistes s'identifièrent au pays réel prôné
par Charles Maurras, disciple de Frédéric Mistral, intellectuel de l'Action française et de laRévolution
nationale du gouvernement de Vichy. C'est, notamment sur ce fondement idéologique monarchique, dont
lui-même était issu, que le Maréchal Pétain entérina une recomposition territoriale régionale dessinée par
son secrétaire d'État aux Finances, Yves Bouthillier. Le décret publié le 30 juin 1941 attribuait à certains
préfets les pouvoirs des préfets régionaux et portait division du territoire pour l'exercice de ces pouvoirs en
application de la loi du 19 avril 1941, par un découpage regroupant des départements. Ce découpage
préfigurait le découpage des régions programmes en respectant des critères économiques et surtout le lien
au chef-lieu par les transports terrestres. Elles étaient à peu de choses près l'actuel découpage régional.

Cette organisation ne survécut pas à la chute du régime de Vichy et fut abrogée dès 1945.

Mais dans le possible chaos de la Libération qui s'annonçait, le général de Gaulle voulait garder la maîtrise
de l'administration locale. Or, il manquait de personnel préfectoral ; il savait qu'il allait avoir besoin de
nommer des préfets s'occupant de plusieurs départements à la fois. Aussi décida-t-il, par ordonnance du 10
janvier 1944, de l'organisation administrative accompagnant la future libération du territoire et instaura des
régions administratives. Elles étaient placées sous l'autorité d'un commissaire de la République. Celles-ci
sont dissoutes à son départ du pouvoir, en janvier 1946.

La loi du 21 mars 1948 met en place des Inspecteurs généraux de l'administration en mission extraordinaire
(IGAME) chargés de coordonner au sein de 13 circonscriptions (les igamies) l'action des régions de
défense et des préfets de départements.

Parallèlement, des voix s'élevaient s'inquiétant de l'hypertrophie parisienne (le livre à succès de Jean-
François Gravier, Paris et le désert français, date de 1947). À la tête de l'État, on se préoccupa donc
d'aménagement du territoire. Cette préoccupation fut aiguillonnée par l'exode rural accéléré de l'après-
guerre. Cela consista alors à établir une liste de villes destinées à faire contrepoids à la capitale, et à leur
allouer des regroupements de départements. On espérait ainsi retenir dans ces régions, puissamment
charpentées par des villes majeures et à équipement complet, le plus possible de migrants potentiels vers
la région parisienne.

Dans cette optique, le décret Pfimlin12 du 30 juin 1955 décida du lancement de « programmes d'action
régionale » en vue de « promouvoir l'expansion économique et sociale des différentes régions ». Il
renvoyait à un arrêté ministériel13, qui sera signé le 28 novembre 1956, pour définir les circonscriptions de
ces programmes d'action régionale, 24 à l'origine (dont 22 en métropole - laCorse faisait partie de la région
de Provence et Corse, mais on distinguait une région des Alpes d'une région du Rhône), circonscriptions
qui auraient été délimitées par Jean Vergeot, commissaire général adjoint au Plan. D'usage officiellement
administratif, ces régions furent aussi utilisées comme cadre aux grandes opérations d'aménagement du
territoire. Pour la première fois depuis la Révolution, des régions, ne correspondant pas aux anciennes
limites provinciales mais rationnellement construites, étaient utilisées en France. C'est cette préoccupation
qui fit d'Amiens une capitale régionale, dans l'espoir que celle-ci, pourvue d'une Aisne et plus encore
d'une Oise qu'elle n'a finalement jamais réussi à contrôler, contrebalance le fort attrait
de Parisimmédiatement au nord. C'est ainsi encore que la région Midi-Pyrénées, ne correspondant pas
davantage à une réalité historique que les Pays de la Loire, fut constituée ; la présence centrale et
puissamment attrayante de Toulouse la justifiait.

En 1960, un décret14 du 2 juin se rapporte (pour la métropole) aux limites des régions sur lesquelles ont été
instaurés les programmes d'action régionale pour en faire des circonscriptions d'action régionale (avec
quelques modifications : les régions Alpes et Rhône sont fusionnées, les Basses-Pyrénées passent du
Midi-Pyrénées à l'Aquitaine, et les Pyrénées-Orientales du Midi-Pyrénées au Languedoc)15. Désormais, ces
territoires ne sont pas seulement les terrains de programmes économiques, mais c'est l'ensemble des
administrations qui doivent calquer leurs subdivisions sur ces circonscriptions — elles pourront
éventuellement construire au cas par cas des unités administratives couvrant plusieurs régions ou au
contraire subdivisant une région en plusieurs parts, mais les limites de ces unités doivent coïncider avec
des limites de régions. Ces circonscriptions d'action régionale sont dotées d'un préfet de région par un
décret du14 mars 1964. Une nouvelle étape de la déconcentration régionale est alors franchie par ce décret
qui institue une commission de développement économique régionale (CODER), assemblée consultative,
composée pour moitié de socio-professionnels et pour l'autre moitié de personnalités désignées par les
conseils généraux et le Premier Ministre. Elle assiste le préfet de région chargé de coordonner les actions
de l'État dans la région.

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