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Le choc cardiogénique peut se définir comme une insuffisance circulatoire dont le primum movens est
la défaillance cardiaque, qu’elle soit gauche, droite ou globale. Néanmoins, il apparaît de plus en plus
clairement que cette défaillance est rapidement responsable d’une activation de la cascade inflammatoire
de réponse systémique, responsable d’une complexification et d’une pérennisation de la défaillance. Le
tableau de présentation clinique est de gravité variable et s’il comprend, par définition, l’existence de
signes de défaillance d’organe, l’existence d’un œdème pulmonaire (OAP) est inconstante et dépendra
du degré d’altération de la fonction ventriculaire droite. Les objectifs principaux s’articulent autour de
trois points : prise en charge précoce, traitement étiologique et optimisation hémodynamique. Ce dernier
point fait en général appel en premier lieu à une épreuve de remplissage vasculaire, suivie d’un recours
aux inotropes puis aux vasoconstricteurs en cas d’inefficacité. Cette stratégie devra au mieux être guidée
par un monitorage adéquat dans lequel la ScvO2 a sans doute une place importante. Enfin, le recours
aux inotropes devra toujours faire envisager une stratégie de sevrage précoce des catécholamines, qui si
elle s’avère impossible, doit faire évoquer le recours aux méthodes d’assistance circulatoire.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 9 > n◦ 3 > juillet 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(12)44706-5
36-840-C-10 État de choc cardiogénique
• hypotension artérielle persistante (pression artérielle systolique ventriculaire gauche prédominante, 8,3 % une insuffisance
[PAS] < 90 mmHg ou baisse de plus de 30 mmHg par rapport mitrale aiguë, 4,6 % une rupture septale, 3,4 % une défaillance
aux valeurs de base pendant plus de 30 minutes) malgré un ventriculaire droite isolée, 1,7 % une tamponnade ou une rup-
remplissage adéquat et une fréquence cardiaque > 60 b min−1 ; ture cardiaque. Parmi les patients souffrant d’un infarctus du
• signe d’hypoperfusion, en particulier oligurie (débit urinaire myocarde, les facteurs prédictifs du développement d’un état de
< 0,5 ml kg−1 h−1 ) ; choc cardiogénique sont principalement l’âge, le terrain (dia-
• contexte de bas débit cardiaque persistant après remplissage bète, atteinte vasculaire cérébrale ou périphérique, antécédents
vasculaire adéquat (index cardiaque [IC] < 2,2 l min−1 m−2 ), d’infarctus), la localisation antérieure de la nécrose et l’atteinte de
associé ou non à un tableau de congestion pulmonaire. plusieurs vaisseaux coronaires [3, 8–10] . Notons que, dans l’infarctus
Le tableau complet associant bas débit et élévation de la du myocarde, l’incidence de survenue du choc cardiogénique
pression capillaire pulmonaire s’observe dans les chocs cardiogé- reste stable (5 % à 10 %) depuis les années 1975 [11, 12] . Parmi les
niques par défaillance gauche, avec conservation de la fonction autres causes de choc cardiogénique, retenons principalement
cardiaque droite. Cette situation représente environ 60 % des pré- les myocardites, les intoxications aux cardiotropes, les cardio-
sentations cliniques, les 40 % restant étant des tableaux de bas myopathies en phase terminale, les valvulopathies sévères, les
débit, sans œdème pulmonaire, expliqués par la coexistence d’une décompensations de cardiopathies rythmiques, les contusions
défaillance droite et gauche [1] . myocardiques, les défaillances myocardiques liées au sepsis ou
La démarche diagnostique n’est donc pas formellement codifiée encore les défaillances myocardiques secondaires à la circulation
mais fera appel dans la grande majorité des cas à la réalisation des extracorporelle.
examens complémentaires suivants (niveau de preuve C [4] ) : Selon les données publiées dans le registre européen EFICA [1] , la
• dosage des peptides natriurétiques (BNP, NT-proBNP) : ces peptides mortalité des insuffisances cardiaques aiguës décompensées néces-
sont relargués dans la circulation sanguine par les cardiomyo- sitant une hospitalisation s’élevait à 27,4 % à 4 semaines et à
cytes en réponse à une augmentation de la contrainte pariétale 46,5 % à 1 an. Dans cette cohorte, les patients présentant un
cardiaque. Leur utilisation est recommandée dans la démarche tableau de choc cardiogénique avaient une mortalité plus élevée
diagnostique d’une détresse respiratoire aiguë, en vue d’en affir- que les autres à 4 semaines (57,8 % versus 15,2 %, p < 0,0001), et à
mer l’origine cardiaque [4] . Dans le contexte des états de choc, 1 an (68,2 % versus 37,9 %, p < 0,0001). En analyse multivariée, le
le dosage à la phase initiale peut orienter vers une cause cardio- choc cardiogénique constituait en analyse multivariée un facteur
génique. Il est néanmoins nécessaire d’interpréter les résultats de risque de mortalité. Parmi les patients pris en charge pour état
avec prudence en cas de doute diagnostique avec un choc de choc cardiogénique, les facteurs de risque de mortalité étaient
d’origine septique, le sepsis étant par lui-même responsable les suivants : âge supérieur à 65 ans, l’existence d’une arythmie
d’une élévation des concentrations plasmatiques de peptides cardiaque ou de comorbidités significatives.
natriurétiques [5] ;
• dosage de la troponine : si l’élévation des concentrations plas-
matiques de troponine ne permet pas de conclure à l’origine Physiopathologie du choc
cardiogénique d’un état de choc, ce dosage s’avère néanmoins
nécessaire dans le cadre du bilan étiologique du choc cardio- cardiogénique
génique. Il en va de même de la réalisation systématique d’un
électrocardiogramme 18 dérivations, qui devra notamment per- Approche physiopathologique classique
mettre d’éliminer un trouble du rythme aigu et un syndrome
coronarien aigu, deux étiologies dont le traitement spécifique
Autoaggravation des lésions ischémiques
devra être entrepris en urgence dans le contexte d’un état de Jusqu’à ces dernières années, il était communément admis que
choc ; le choc cardiogénique se développe dès lors que plus de 40 % du
• radiographie pulmonaire : la radiographie pulmonaire aura ventricule gauche (VG) est rendu non fonctionnel. Cette notion
comme objectif essentiel de rechercher un œdème pulmonaire, repose sur les résultats d’un travail anatomo-pathologique publié
dont l’existence dans le contexte d’un état de choc cardiogé- par Alonso et coll. [6] dans les années 70. Les auteurs compa-
nique, permet d’évoquer un tableau de défaillance ventriculaire rèrent les lésions myocardiques observées chez 22 patients décédés
gauche prédominante, à fonction ventriculaire droite, au moins d’un choc cardiogénique dans les suites d’un infarctus à celles de
partiellement conservée ; 10 patients également décédés dans les suites d’un infarctus mais
• échocardiographie : l’échocardiographie transthoracique, éven- n’ayant pas développé d’état de choc. En cas de choc cardiogé-
tuellement complétée par un examen par voie transœsopha- nique, la proportion de VG infarci atteignait 51 % contre 23 %
gienne devra permettre : seulement chez les patients n’ayant pas développé de choc car-
◦ de confirmer l’existence d’une défaillance mono ou biventri- diogénique.
culaire dans le contexte de l’état de choc, Néanmoins, l’étendue des lésions ischémiques myocardiques
◦ d’analyser les fonctions systoliques et diastoliques, n’est pas nécessairement en rapport avec la taille initiale de
◦ de compléter le bilan étiologique en analysant entre autre la l’infarctus. En effet, les désordres hémodynamiques faisant suite
fonction valvulaire, la fonction segmentaire et en analysant à l’infarctus du myocarde peuvent être à l’origine d’une cascade
le péricarde, d’événements hémodynamiques et métaboliques aboutissant à
◦ de réaliser un bilan hémodynamique fonctionnel qui pourra l’extension de la zone ischémique. Ainsi, quand une masse cri-
servir de référence avant la mise en place du traitement (esti- tique de VG est nécrosée par la lésion initiale, la dysfonction
mation du débit cardiaque, recherche de signes congestifs systolique est responsable d’une baisse du débit cardiaque et
gauches et droits). de la pression artérielle tandis que la dysfonction diastolique
Le bilan devra également être complété par une évaluation s’accompagne d’une augmentation des pressions d’amont et
biologique portant sur les défaillances d’organe, avec, entre d’une congestion pulmonaire. L’hypotension artérielle combi-
autres, une recherche d’insuffisance rénale aiguë, de désordres née à l’augmentation de la pression télédiastolique ventriculaire
hydroélectrolytiques ou de défaillance hépatique. La réalisation entraîne une diminution de la pression de perfusion coronaire. La
d’une gazométrie artérielle permettra d’apprécier l’importance congestion pulmonaire, en diminuant la PaO2 , participe avec la
de l’acidose et le dosage des lactates, d’estimer la sévérité de baisse du DC à la réduction du transport artériel en O2 (TaO2 ). Ces
l’hypoperfusion tissulaire et/ou de l’atteinte hépatique. éléments contribuent à l’extension de la zone initiale d’ischémie.
Le choc cardiogénique s’observe dans la majorité des cas dans De plus, ce cercle vicieux d’autoaggravation empire du fait de la
les suites d’un infarctus du myocarde lorsque la zone lésée est mise en jeu des mécanismes adaptatifs : la baisse de la pression
étendue (classiquement au delà de 40 % de la masse myocardique artérielle s’accompagne de l’activation du système adrénergique
ventriculaire gauche totale [6] ), ou lors de complications méca- et d’une rétention hydrosodée qui aggrave l’inadéquation entre
niques telles que la rupture septale ou l’insuffisance mitrale aiguë. la demande énergétique myocardique et les apports. La limita-
Parmi les 1 160 chocs cardiogéniques recueillis dans le registre tion de la réserve myocardique participe à l’extension de la zone
SHOCK [7] , 74,5 % des patients présentaient une défaillance ischémique et au développement du choc cardiogénique [13] . En
2 EMC - Anesthésie-Réanimation
État de choc cardiogénique 36-840-C-10
Pression VG (mmHg)
Si, du fait d’une baisse de la pression de perfusion coronaire, systolique
ces territoires sont également ischémiques, ils sont incapables de
Relaxation
développer une hyperkinésie compensatrice et le VES baisse en
Contraction
conséquence.
EMC - Anesthésie-Réanimation 3
36-840-C-10 État de choc cardiogénique
D’un point de vue cellulaire, la dysfonction systolique est liée épanchements péricardiques compressifs et les hypertrophies
à un défaut de raccourcissement du complexe myofilamenteux ventriculaires droites observées en cas d’hypertension artérielle
constitué par les molécules d’actine et de myosine. Les principales pulmonaire chronique.
situations cliniques responsables d’une dysfonction systolique Le VD dispose de peu de réserve systolique et il est très sen-
ventriculaire gauche sont l’insuffisance coronaire, les décom- sible à l’ischémie. Dans la majorité des situations aiguës de
pensations de cardiopathies sous-jacentes, les cardiomyopathies réanimation, la dysfonction systolique ventriculaire droite est
aiguës (toxique, infectieuse, etc.). liée à la combinaison d’une élévation, même légère, de la pres-
Dysfonction diastolique. Des données récentes de la littéra- sion artérielle pulmonaire et d’une ischémie ventriculaire droite.
ture réanimatoire et cardiologique montrent qu’une proportion L’IVD, si elle n’est pas diagnostiquée, s’installe rapidement dans
allant jusqu’à 50 % des patients pris en charge en réanimation ou l’autoaggravation. La perfusion coronaire droite est systolodiasto-
aux urgences pour défaillance cardiaque gauche présentent une lique et dépend directement des pressions artérielles systémiques,
fonction systolique conservée [4] . Chez ces patients, la sympto- de la pression auriculaire droite et de la pression artérielle pulmo-
matologie d’insuffisance cardiaque aiguë est donc à relier à une naire systolique (PAPS). Ainsi une élévation importante de la PAPS
dysfonction diastolique. s’accompagne d’une contrainte à l’éjection ventriculaire droite et
D’un point de vue clinique, la présentation de ces patients est d’une baisse de la perfusion systolique coronaire droite. Ces deux
très proche de celle des patients présentant une dysfonction sys- éléments participent à l’altération des propriétés inotropes. Dans
tolique et le diagnostic différentiel n’est réalisé que grâce à la un premier temps, le VD ischémique se dilate retardant la baisse du
mise en évidence en échocardiographie d’une fraction d’éjection débit circulatoire. De plus, la dilatation du VD peut s’accompagner
ventriculaire gauche (FEVG) supérieure ou égale à 50 %. Dans ces d’une insuffisance tricuspide (IT), aggravant la « surpression » auri-
situations, l’échocardiographie peut montrer, entre autres, des culaire droite et baissant encore plus le retour veineux. Cette
anomalies du flux transmitral ou du flux de retour veineux pul- élévation majeure de la pression dans l’oreillette droite est res-
monaire. Néanmoins, étant donné l’absence de sensibilité et de ponsable d’une baisse encore plus importante de la perfusion
spécificité des signes échographiques, la normalité de la fonction diastolique coronaire droite et donc d’une aggravation du tableau.
ventriculaire gauche suffit, en situation aiguë, à retenir le diag- Ainsi, si les différents types d’état de choc cardiogénique
nostic. aboutissent tous à l’installation de défaillances multiorganiques
D’un point de vue physiopathologique, la dysfonction est d’origine congestive et ischémique, l’analyse de la physiopatho-
liée à une anomalie de la relaxation active et/ou à une alté- logie initiale de la détresse circulatoire est essentielle. Il convient
ration de la compliance ventriculaire gauche. Représentée sur donc de mener les explorations hémodynamiques nécessaires afin
une courbe pression/volume ventriculaire (Fig. 2), la dysfonction de déterminer si la défaillance prédomine sur le VD ou le VG, sur
diastolique se caractérise par un ralentissement de la pente de la fonction systolique ou la fonction diastolique. La distinction
relaxation isovolumétrique du VG, associée ou non à un dépla- rapide entre ces différentes entités physiopathologiques se justifie
cement vers le haut et la gauche de la courbe de compliance par de véritables différences dans la prise en charge thérapeutique.
ventriculaire. Défaut de relaxation et perte de compliance ven-
triculaire aboutissent tous deux à une augmentation de la PTDVG
et donc à une congestion d’amont. Comme nous l’avons déjà Nouvelles approches physiopathologiques
souligné, le VES dépend de la précharge ventriculaire gauche.
Dès 1967, à l’occasion d’une revue générale sur le choc cardio-
Donc, à l’extrême, une dysfonction diastolique majeure peut
génique, Kuhn [27] émet les premières réserves quant à l’approche
se compliquer, à l’instar d’une hypovolémie, d’une chute du
physiopathologique classique. Par la suite, ces réserves ont été
VES.
confirmées par plusieurs travaux cliniques et expérimentaux. Au
D’un point de vue cellulaire, la relaxation peut être définie
début des années 1970, est mise en évidence l’existence de fac-
comme l’ensemble des mécanismes aboutissant à la dissociation
teurs dépresseurs myocardiques circulants au cours d’états de
du calcium et du complexe actine/myosine. Toute modification
choc cardiogénique expérimentaux chez le chien [28] . Lim et al.
de l’affinité du myofilament pour le calcium ou du processus
publient en 2003 [29] une étude portant sur 62 patients admis
d’évacuation du calcium peut aboutir à une altération de la phase
en réanimation pour état de choc cardiogénique. Dans ce tra-
de relaxation active. De son côté, la compliance myocardique peut
vail, 65 % (soit 40 patients) des patients étaient décédés. Parmi
également être affectée par toute modification du cytosquelette du
les patients décédés, 45 % (soit 18 patients) avaient norma-
cardiomyocyte ou de la matrice extracellulaire.
lisé leur IC avant le décès (IC > 2,2 l min m2 ). Ces patients
Les trois principaux facteurs de risque des dysfonctions diasto-
constituaient la preuve que le décès au cours d’un état de choc
liques sont l’âge, l’ischémie coronaire chronique et l’hypertrophie
cardiogénique n’était pas forcément lié à la boucle d’autoaggra-
ventriculaire gauche. Sur ce type de terrain, tout facteur sur-
vation précédemment décrite et à l’épuisement des réserves
ajouté (tachycardie, perte de la systole auriculaire, poussée
myocardiques.
d’hypertension artérielle ou ischémie myocardique) peut aboutir à
une insuffisance cardiaque aiguë à fonction systolique conservée.
Paradigme supporté par l’étude SHOCK
Dysfonction ventriculaire droite Plusieurs résultats de l’étude SHOCK [30] ne permettent pas
L’insuffisance ventriculaire droite (IVD) est une entité relative- de soutenir l’approche physiopathologique classique [31] . Parmi
ment fréquente chez les malades de réanimation mais souvent ces constatations, on note : altération de la fraction d’éjection
sous-estimée. Au sein du registre SHOCK (patients présentant un ventriculaire gauche moins sévère que prévue (FEVG ± 30 %),
état de choc cardiogénique dans les suites d’un infarctus du myo- résistances vasculaires systémiques (RVS) peu élevées (RVS
carde), 5 % des patients (49 sur 993) présentaient un infarctus ± 1 350-1 400 dyn s−1 cm−5 ) [32] , présence d’un syndrome inflam-
ventriculaire droit [25] . Il faut noter que dans ce registre, la mor- matoire de réponse systémique (SIRS) sans contexte infectieux,
talité de ces patients était similaire à celle des patients présentant caractère pauci symptomatique des patients survivant à l’épisode
un infarctus ventriculaire gauche malgré un âge et un terrain aigu (58 % des survivants NYHA I) [33] . Ces constatations ébranlent
plus favorables [25, 26] . L’IVD aiguë se manifeste essentiellement par les concepts physiopathologiques classiques et poussent à pro-
une symptomatologie congestive sur les organes d’amont : insuffi- poser de nouveaux schémas dans lesquels les médiateurs de
sance rénale, défaillance hépatique. Même si l’IVD s’accompagne l’inflammation, le monoxyde d’azote (NO) ou le stress oxydatif
initialement d’une conservation du débit pulmonaire, l’évolution pourraient jouer un rôle majeur.
se fait vers la baisse du débit cardiaque. À ce stade, l’association D’autres études ont rapporté l’existence d’un état inflamma-
congestion et bas débit est souvent responsable de lésions orga- toire aigu au cours du choc cardiogénique ou dans les suites d’un
niques irréversibles. infarctus du myocarde [34, 35] . Une analyse ancillaire de l’étude
L’IVD peut également concerner de manière prédominante COMplement Inhibition in Myocardial infarction treated with
la fonction systolique ou diastolique ventriculaire droite. Les Angioplasty (COMMA) a par exemple retrouvé une élévation
dysfonctions diastoliques ventriculaires droites isolées sont rela- notable de la protéine C-reactive, de l’interleukine 6 et du TNF-␣
tivement rares et sont représentées essentiellement par les dans les suites d’un syndrome coronarien aigu avec élévation du
4 EMC - Anesthésie-Réanimation
État de choc cardiogénique 36-840-C-10
segment ST [34] . De même, l’élévation des taux plasmatiques de classiquement contre-indiqués. Néanmoins, il est à noter que
molécules d’adhésion à l’endothélium, telle que la E-selectine, a la plupart des agents inotropes positifs possèdent des propriétés
été rapportée chez les patients en choc cardiogénique. vasodilatatrices.
La nécessité d’intubation, ventilation mécanique et sédation
devra être évaluée, dans la mesure où elle permet de diminuer le
Nouvelle approche physiopathologique
travail respiratoire, la consommation en O2 et donc d’optimiser
Le NO et les médiateurs de l’inflammation semblent jouer un l’équilibre de la balance entre la demande en oxygène tissulaire et
rôle majeur dans l’installation, la pérennisation et l’aggravation sa délivrance [48, 49] .
des défaillances d’organes au cours de l’état de choc car-
diogénique. Ces médiateurs, cardiotoxiques dans certaines Épreuve de remplissage vasculaire
circonstances pathologiques, pourraient être les fameux fac-
teurs dépresseurs myocardiques identifiés par Glenn et coll. Malgré la nature cardiogénique de l’état de choc, une épreuve
dès 1971 [28] . Ainsi, un relargage massif de cytokines a été de remplissage de faible volume (250 ml en 10 minutes) reste
mis en évidence en situation clinique d’ischémie-reperfusion indiquée afin d’éliminer un bas débit par baisse de la précharge.
coronaire, après angioplastie transluminale [36] . Certains de ces L’absence de réponse en termes de pression artérielle, ou mieux en
médiateurs de l’inflammation, tels que l’interleukine 1 (Il-1) ou termes de volume d’éjection systolique ne doit pas conduire à la
le tumor necrosis factor (TNF) peuvent altérer la fonction myo- réalisation d’une seconde épreuve de remplissage mais doit faire
cardique [37, 38] . Le NO a, quant à lui, une dualité d’effet vis à envisager la nécessité d’un support inotrope. L’indication d’un
vis du myocarde. Synthétisé en faible quantité sous l’action de support vasopresseur dans ce contexte doit être envisagée avec de
la NO-synthase endothéliale (eNOS), le NO est une molécule grandes précautions et fera l’objet d’une discussion spécifique par
la suite.
cardioprotectrice [39, 40] . À l’inverse, lorsque le NO est produit
en excès suite à la mise en jeu de la NO-synthase inductible
(iNOS), son interaction avec l’ion superoxyde est responsable Inotropes
de la formation en excès de dérivés toxiques tels que les per- Chez les patients préalablement traités par bêtabloquants, ces
oxynitrites. Expérimentalement, l’ischémie-reperfusion coronaire médicaments doivent au préalable être stoppés. Néanmoins, il
aboutit à une expression intense de iNOS et à une production est essentiel de reconsidérer le plus tôt possible après leur stabi-
en excès de NO [41] . Le NO en forte concentration et les per- lisation la réintroduction des bêtabloquants (grade I, niveau de
oxynitrites sont responsables d’effets dépresseurs myocardiques preuve A).
propres, d’une diminution de la réponse aux catécholamines, L’introduction d’un support inotrope pharmacologique doit
d’une vasodilatation systémique, d’une inhibition de la chaîne être considérée en cas de persistance de l’hypotension arté-
respiratoire mitochondriale, d’une anomalie du métabolisme glu- rielle et des signes d’hypoperfusion d’organe malgré une
cidique, d’effets pro-inflammatoires [31] . L’importance du NO et tentative d’optimisation de la précharge (grade IIa, niveau de
de ces dérivés dans la physiopathologie du choc cardiogénique preuve B).
est confirmée par deux résultats expérimentaux fondamentaux : Les médicaments inotropes à considérer dans la prise en charge
amélioration significative du pronostic chez les souris knock-out du choc cardiogénique sont la dobutamine, la dopamine, les inhi-
(absence d’expression du gène) sur le gène de la iNOS [42] ou, en biteurs des phosphodiestérases (enoximone et milrinone), ainsi
cas d’administration d’agents bloquants, la NOS [43, 44] . Plus récem- que le lévosimendan. L’adrénaline n’est pas recommandée en
ment, Cotter et coll. ont mis en évidence chez l’homme une dehors de la réanimation de l’arrêt cardiocirculatoire [4] .
amélioration du pronostic grâce au blocage non spécifique de la
Dobutamine
NOS [45, 46] .
La dobutamine est une catécholamine agissant par le biais de la
stimulation des récepteurs bêta1-adrénergiques. Elle exerce ainsi
une action inotrope et chronotrope positive au niveau du myo-
Principes de prise en charge carde, ainsi qu’un effet vasodilatateur au niveau du muscle lisse
vasculaire.
thérapeutique Elle est administrée sans dose de charge, à la dose initiale de
2-3 g kg−1 min−1 , dose qui sera progressivement adaptée en fonc-
La prise en charge thérapeutique du choc cardiogénique repose
tion de la réponse clinique, par paliers de 2 g kg−1 min−1 . La dose
sur la mise en œuvre de mesures de suppléance symptomatiques et
maximale est de l’ordre de 20 g kg−1 min−1 (grade IIa, niveau de
de mesures thérapeutiques étiologiques. L’arsenal thérapeutique
preuve B).
actuel comporte à la fois des traitements pharmacologiques et non
pharmacologiques. Dopamine
La prise en charge recommandée depuis la dernière actualisa- La dopamine stimule également les récepteurs bêta-
tion de la conférence de consensus européenne [4] se fonde sur adrénergiques de manière dose dépendante. À de faibles doses
la prise en compte d’importantes avancées des connaissances au (2-3 g kg−1 min−1 ), la dopamine stimule les récepteurs dopa-
cours des 20 dernières années, ce qui explique la modification des minergiques, avec peu d’effet sur la contraction myocardique.
attitudes thérapeutiques. Ainsi, à tire d’exemple, la fibrinolyse et En revanche, en cas d’augmentation des doses, la stimulation
le pontage aortocoronaire en urgence ont vu leur fréquence lar- dans un premier temps des récepteurs bêta-adrénergiques est
gement diminuée au cours des 15 dernières années (de 19,9 % responsable d’effets inotropes positifs, chronotropes positifs et
à 5,6 % pour la fibrinolyse et de 11,5 % à 8,8 % pour la chi- proarythmogènes. Si les doses sont encore augmentées, la stimu-
rurgie entre 1995 et 2004 [47] ). Dans le même temps, l’incidence lation des récepteurs alpha-adrénergiques sera responsable, en
de la coronarographie en urgence est passée de 51,5 % à plus, d’un effet vasoconstricteur périphérique, potentiellement
74,4 % [47] . délétère par augmentation de la postcharge ventriculaire gauche
Les mesures thérapeutiques proposées ci-dessous découlent (grade IIb, niveau de preuve C). Il est à noter qu’il n’existe pas
majoritairement de la conférence de consensus européenne mise de preuve d’un quelconque bénéfice rénal de l’administration de
à jour en 2008 [4] . faibles doses de dopamine [50] .
Milrinone et énoximone
Traitement pharmacologique Ces deux drogues appartiennent à la classe des inhibiteurs
des phosphodiestérases de type III. L’inhibition de la dégrada-
Le traitement pharmacologique du choc cardiogénique repose tion de l’AMP cyclique est responsable de leurs effets à la fois
essentiellement sur les intropes positifs, même si leur béné- inotrope positif et vasodilatateur périphérique. L’intérêt princi-
fice sur la mortalité reste controversé. Les diurétiques devront pal de ces drogues réside dans le fait que leur site d’action étant
être utilisés de manière prudente et seulement après correction situé en aval du récepteur bêta-adrénergique, elles conservent leur
du tableau d’hypoperfusion d’organes. Les vasodilatateurs sont activité chez les patients imprégnés en bêtabloqueurs. Pour la
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Lévosimendan
Le lévosimendan est le représentant d’une classe récente d’agent
inotropes positifs, dont l’action se fait par le biais d’une augmenta- Envisager un Introduction des inotropes
tion de la sensibilité au calcium des myofilaments myocardiques, nouveau Monitorage ScvO2,
ceci sans modification directe des gradients de concentration cal- remplissage débit cardiaque
ciques. Il agit ainsi en se fixant directement sur la troponine C,
augmentant son affinité pour le calcium et ainsi la contraction des
complexes actine/myosine. Le lévosimendan présente en outre
une action vasodilatatrice artérielle et veineuse par le biais d’une ScvO2 < 65 % ScvO2 > 65 %
activation des canaux potassiques. Il présente également une
action inhibitrice modérée sur les phosphodiestérases [52] . De la
même manière que les inhibiteurs des phosphodiestérases III, le
lévosimendan agit en aval des récepteurs bêta-adrénergiques et Réévaluation répétée Nouveau remplissage
conserve donc son efficacité en cas d’imprégnation en agents
bêtabloquants. Le lévosimendan semble en outre augmenter le
débit sanguin coronaire, sans augmenter la consommation myo-
cardique en oxygène, ce qui explique sa bonne tolérance en cas Sevrage précoce Pas de réponse
de syndrome coronarien [53, 54] .
Le lévosimendan peut être administré en débutant par une
dose de charge de 3-12 mg/kg sur 10 minutes, relayée par une
dose d’entretien de 0,05-0,2 g kg−1 min−1 . La dose de charge Vasopresseurs
n’est pas recommandée chez les patients présentant une hypoten-
sion artérielle marquée. Dans l’étude SURVIVE [55] intégrant des
décompensations cardiaques de sévérité variée, le traitement par
lévosimendan semblait associé à une amélioration de la survie Pas de réponse
en comparaison à la dobutamine, en particulier chez les patients
sous bêtabloquants et chez les patients présentant un tableau
d’insuffisance cardiaque chronique préalable.
En l’absence d’augmentation significative de la pression Assistance circulatoire
artérielle après recours aux inotropes, (PAS < 100 mmHg), un
vasoconstricteur pourra être envisagé, après un nouveau Figure 3. Arbre décisionnel. Algorithme de prise en charge d’un état
test de remplissage de faible volume (250 ml en 10 min) [50] de choc cardiogénique. PAS : pression artérielle systolique.
(Fig. 3).
Si les inotropes s’avèrent nécessaires, il est essentiel de considé-
rer leur mise en œuvre le plus tôt possible et d’envisager aussi vite
que possible leur sevrage, dès que le tableau hémodynamique est
Monitorage hémodynamique
résolu. En effet, les inotropes et en particulier les catécholamines Aucune recommandation ne formalise le monitorage nécessaire
sont susceptibles d’entretenir les lésions myocardiques (ischémie pour la prise en charge du choc cardiogénique. Le choix du moni-
myocardique, effet proarythmogène, etc.), voire d’augmenter la torage dépendra donc de l’évaluation de la balance bénéfice/risque
mortalité à court et long termes [51, 56, 57] . propre à chaque technique et évalué individuellement dans cha-
Lorsque le sevrage des catécholamines introduites à la phase cun des cas.
aiguë n’est pas envisageable rapidement, il paraît nécessaire La mise en place d’un cathéter artériel est très utile dans la
d’envisager précocement leur relais par une technique d’assistance majeure partie des cas, afin de monitorer en continu la pression
ventriculaire mécanique. artérielle et d’adapter les drogues inotropes et éventuellement
vasoactives, mais également afin de permettre des prélèvements
sanguins répétés.
Vasoconstricteurs Le débit cardiaque et éventuellement les pressions intracar-
Les vasopresseurs ne sont pas recommandés en première ligne diaques et vasculaires pulmonaires peuvent être mesurés en
dans la prise en charge du choc cardiogénique. Néanmoins, en continu par la mise en place d’un cathéter artériel pulmo-
cas de persistance de l’hypotension et des signes d’hypoperfusion naire. Néanmoins, cette technique expose à un certain nombre
d’organe après optimisation de la volémie et mise en route des de risques et n’a pas fait preuve de son intérêt en termes
agents inotropes positifs, il est licite, compte tenu de la phy- d’amélioration du pronostic [58] . Son usage devra donc être
siopathologie préalablement décrite, de proposer l’introduction réservé aux situations hémodynamiques les plus complexes,
d’agents vasoconstricteurs. L’agent de choix dans ce contexte est dans un environnement de réanimation spécialisé. Le monito-
la noradrénaline (grade IIa, niveau de preuve B). La dose initiale est rage du débit cardiaque peut être réalisé par un large panel
en général de 0,2 à 1,0 g kg−1 min−1 . Du fait de leur effet poten- de techniques présentant un degré d’invasivité varié. Parmi ces
tiellement néfaste sur la postcharge et donc le travail ventriculaire, techniques, l’échographie cardiaque par voie transthoracique,
les agents vasoconstricteurs devront être utilisés en association éventuellement complétée par un examen par voie transœso-
avec les agents inotropes et leur sevrage devra être envisagé en phagienne, a une place fondamentale, tant pour le diagnostic
premier lieu. que pour le suivi de l’efficacité du traitement. Des examens
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répétés seront donc nécessaires afin d’apprécier l’évolution de la Extracorporeal membrane oxygenation (ECMO)
cinétique ventriculaire et du débit cardiaque sous traitement et L’ECMO consiste en une circulation extracorporelle (CEC)
d’indiquer éventuellement le recours à des stratégies d’assistance miniaturisée et dérivée des techniques de CEC chirurgicale, per-
mécanique. mettant l’oxygénation et l’épuration du dioxyde de carbone sur
Mais sans doute plus intéressant qu’une valeur isolée de débit membrane. L’ECMO peut être réalisée par canulation venovei-
cardiaque, l’adaptation des apports en oxygène aux tissus peut neuse et constitue alors une assistance à l’hématose, ou alors par
être appréciée de manière répétée, voire continue par le moni- canulation artérioveineuse et permet alors une assistance respi-
torage de la saturation veineuse en O2 [59] . L’appréciation globale ratoire et circulatoire non pulsatile. On parle souvent dans ce
de l’adaptation de la délivrance artérielle en oxygène aux besoins dernier cas d’extracorporeal life support (ECLS). Cette technique
tissulaires périphérique repose idéalement sur l’analyse de la satu- peut éventuellement être combinée à un BCPIA, surtout en cas
ration en oxygène du sang veineux mêlé, c’est-à-dire prélevé dans de choc cardiogénique réfractaire d’origine ischémique. Il s’avère
l’artère pulmonaire au moyen d’un cathéter artériel pulmonaire. parfois nécessaire de canuler l’oreillette gauche afin d’éviter la sur-
En effet, seule l’analyse de ce site permet de prendre en compte charge ventriculaire gauche induite par la réinjection artérielle à
l’ensemble des territories, y compris le sang veineux coronaire. contre-courant dans l’aorte et la constitution récurrente d’œdème
La mise en place d’un cathéter artériel pulmonaire reste relati- pulmonaire.
vement rare, y compris dans cette indication et il est possible L’ECLS reste une technique lourde, exposant à un certain
d’utiliser un autre site d’analyse du sang veineux. En effet, même si nombre de complications telles que les accidents hémorragiques,
elle ne prend pas en compte le sang veineux coronaire, l’analyse emboliques, le syndrome inflammatoire systémique pouvant aller
continue ou discontinue de la saturation du sang veineux cave jusqu’à la défaillance multiorganes. De ce fait, elle reste une tech-
supérieur (ScvO2 ), à la convergence entre la veine cave supérieure nique réservée à de courtes périodes d’assistance en l’attente d’une
et l’oreillette droite, permet de guider efficacement la réanima- récupération spontanée (myocardite virale ou intoxication aux
tion des états de choc dans de nombreuses situations [60] . L’objectif cardiotropes par exemple) ou de la mise en place d’un dispositif
de l’optimisation hémodynamique dans le contexte du choc d’assistance ventriculaire de longue durée [68] . Dans ce contexte,
cardiogénique sera d’obtenir une ScvO2 strictement supérieure cette technique pourra être envisagée en cas de choc réfractaire au
à 65 %. traitement pharmacologique et au BCPIA.
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[13] Goldberg RJ, Samad NA, Yarzebski J, Gurwitz J, Bigelow C, Gore JM.
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Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Pirracchio R. État de choc cardiogénique. EMC - Anesthésie-Réanimation 2012;9(3):1-9 [Article 36-840-
C-10].
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