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Analyse de documents scientifiques Agro-Véto 2018 Corrigé

BCPST2 Physique-chimie La glace, corps glissant

Corrigé du sujet 2018

I. Questions sur des notions du programme en lien avec le thème


I.1) Écoulement de Couette plan (cisaillement simple plan)

~ = z v~ux
a) L’énoncé indique que l’on peut donner directement le résultat : V
h
On peut également proposer les justifications suivantes :
• le profil de vitesse est affine (écoulement en régime permanent) ;
• les conditions de non glissement aux parois imposent : V ~ (z = 0) = ~0 ; et V
~ (z = h) = ~v .

D’où le résultat.

b) Faire un schéma de la force surfacique F~s 1 . Comme l’énoncé est ambigu, bien préciser le choix que
vous faites : soit une force dirigée vers la droite, exercée par le patin sur la couche supérieure de fluide
(c’est le choix du corrigé ci-dessous), soit une force exercée par le fluide sur le patin, dirigée vers la gauche,


auquel cas il faut changer les signes devant les expressions de F~s , T 0 et P. Dans cette question, on peut
aussi donner le résultat directement.

~
dV v
F~s = η = η ~ux
dz h

c) La section de la surface carrée est S = a2 . La force de frottement T~ 0 est donc :


−0 v
T = −ηa2 ~ux (1)
h

δWT~ 0 v2
Puissance de la force 2 : P = = T~ 0 · ~v . D’où : P = ηa2
δt h
Remarque : P > 0 : le travail WT~ 0 est moteur car la plaque métallique supérieure met en mouvement le
liquide visqueux.

I.2) Glissement et frottement sur la glace

a) Le palet est soumis aux 3 forces suivantes 3 :


1. Comme dans la suite du sujet, il faut prendre l’initiative d’introduire une nouvelle variable.
2. Tant que vous n’aurez pas étudié la viscosité dynamique en mécanique des fluides, commencer à répondre à partir de
cette question.
3. Même si l’énoncé ne l’avait pas exigé, le schéma des forces aurait été obligatoire. À l’oral, pensez-y également.

1
Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Questions sur le programme

• son poids P~ = m~g ;


~ de la surface de glace ;
• la réaction normale N

− →

• la réaction tangentielle T = − T 0 de la sur-
face de glace, opposée au mouvement. Pour


T , il faut employer la notation imposée par
l’énoncé.
b) Dans le référentiel galiléen de la glace, on applique la 2me loi de Newton au palet :

d~v ~ + T~
m = m~g + N
dt

dv
Projection sur Ox et Oz → m = −αv et N = mg .
dt
dv v m
De la 1re équation, on tire : = − en posant τ = . τ est le temps caractéristique du mouvement.
dt τ α

Par intégration et avec la condition initiale v(t = 0) = v0 , on obtient : v = v0 e−t/τ

Faire le tracé : décroissance exponentielle en faisant apparaître la constante τ en prolongeant la tangente


à l’origine jusqu’à l’asymptote.
kT~ k
c) Tant que le palet est en mouvement on a, d’après le document (1) : f = . Or N = mg : comme
kN~k
à la question précédente, la réaction normale compense le poids. Donc

kT~ k = mgf

A.N. T = 0,02 × 0,17 × 9,8 = 3,3 × 10−2 N


dv dv
d) La 2me loi de Newton, projetée sur Ox s’écrit toujours : m = −T = −mgf . Donc = −gf = Cste.
dt dt
Tant que le palet est en mouvement, la vitesse est une fonction affine du temps :
v0
0 6 t 6 tm : v(t) = v0 − f gt ; pour t > tm = , v(t) = 0 : le palet est immobilisé.
fg
Faire le tracé : segment de droite décroissant entre (0,v0 ) et (tm ,0).

e) On applique le théorème de l’énergie cinétique au palet entre les instants t = 0 et t = tm . La seule force
dont le travail n’est pas nul est la force de frottement T~ . Donc ∆Ec = Ec (tm ) − Ec (0) = WT~ . Ec (tm ) = 0 ;


Ec (0) = 1 mv 2 ; le travail élémentaire de T~ est δW ~ = T~ · d~` = −T d` car la force de frottement T est
2 0 T
opposéeZ au déplacement, son travail
Z EF est résistant.
EF
W−→ =
T
−mf gd` = −mf g d` = −mgf d où d est la distance d’arrêt cherchée. On a finalement :
EI EI

−∆Ec v2
d= =+ 0
mgf 2gf

R. Dejean de la Bâtie –2– La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Questions sur le programme

A.N.
400
d= = 1 020 m = 1,0 km
2 × 0,02 × 9,8

C’est beaucoup. Résultat peu réaliste car on a négligé les frottements de l’air ?

I.3) Fusion de la glace sous l’effet de la pression

a) Document (7) : la surface apparente de contact S entre la lame du patin et la glace est la surface
rectangulaire : S = L × ` = 150 mm × 3 mm = 450 mm2 = 4,5 × 10−4 m2 . Le patin exerce une force M~g
Mg 60 × 9,8
sur la glace. La pression correspondante est : p = = = 1,3 × 106 Pa = 1,3 MPa
S 4,5 × 10−4
Remarque : la pression atmosphérique (' 1 bar) n’a pas à être prise en compte dans ce problème car
les solides ne transmettent pas les pressions d’une part et d’autre part parce qu’elle est négligeable par
rapport à la pression que l’on vient de calculer (13 bar).

Température permettant une fusion en surface : pour qu’il y ait fusion de la glace, il faut atteindre
l’équilibre solide-liquide. Pour cela, il est nécessaire, d’après le document (3), figure 1.b, que le couple
température-pression se place sur la courbe de fusion à la pression p = 1,3 MPa que l’on vient de calculer.
Comme les graduations des pressions sont espacées de 50 MPa chacune, le point que l’on cherche se trouve
presque sur l’axe des abscisses. La température recherchée θ est donc très voisine de 0 ◦ C, par valeurs
négatives, puisque pour patm = 0,1 MPa = 1 bar (à la pression atmosphérique), la température de fusion
de l’eau est égale à θ0 = 0 ◦ C. Comme la pente de la courbe est négative et p > patm , on a bien θ < 0 ◦ C
(figure 2 ci-dessous).
dp
Remarque. On peut estimer la valeur de θ graphiquement, à partir de la pente τ = de la courbe
dT
d’équilibre Solide-Liquide de la figure 1.b). À partir d’une relation basée sur les potentiels chimiques et
appelée formule de Clapeyron, qui n’est plus au programme en physique, mais que vous pouvez rencontrer
en géosciences, on peut également calculer cette pente. Au voisinage de la pression atmosphérique, celle-ci
vaut : τ ' −13 MPa · ◦ C−1 . On pourrait ainsi estimer la température θ0 (en ◦ C) d’équilibre sous une
dp p −patm

pression p : τ = ' , ce qui donne : θ ' p/τ = −0,1 ◦ C.
dT θ − θ0
b) La 1re partie de la question est presque triviale. Il faut montrer que vous avez compris le début du
document (4) introduisant les aspérités.

1re partie de la question : les surfaces rugueuses sont localement bosselées. Le contact « réel » 4 se fait
au niveau des aspérités, sur une surface S1 plus faible que la surface apparente 5 de contact S du corps
glissant (voir figure 1). N.B. La surface S est celle prise en compte dans la question précédente.
2me partie de la question. On cherche d’abord la pression p1 d’équilibre entre la glace et l’eau liquide à la
température θ1 = −10 ◦ C (T1 = 263 K). Pour cela, comme précédemment (question 1.3.a)), on utilise la
courbe de fusion de la glace. On lit une pression

p1 ' 115 MPa


4. On reprend le même vocabulaire que l’énoncé, avec des guillemets car c’est un qualificatif peu conseillé en physique.
5. Vocabulaire du document (7).

R. Dejean de la Bâtie –3– La glace, corps glissant


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Figure 1 – Comparaison des surfaces de contact apparentes S et « réelles » S1 : S1 < S.

sur la figure 1.b) du document 3 reproduite ci-dessous (figure 2) 6 .

Figure 2 – Courbe de fusion de la glace, complétée pour les questions 1.3.a) et b)

.
Appelons S1 la surface de contact « réel » au niveau des aspérités. C’est sur cette surface que s’appuie le
poids de la patineuse, comme on le voit sur la figure 2.a) du document (4). Les composantes verticales
des forces exercées sur la patin doivent se compenser :


− Mg
k N k = M g = p1 S1 → S1 =
p1

La proportion que l’on cherche est :


S1 S1 Mg
x= = =
S S Sp1

6. À nouveau un exemple de schéma devant obligatoirement figurer sur votre copie.

R. Dejean de la Bâtie –4– La glace, corps glissant


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avec S = L × `.

A.N :
S1 60 × 9,8
x= = = 0,011
S 1,15 × 108 × 4,5 × 10−4

soit 1,1% de la surface des patins en contact « réel ».

c) On utilise la figure 1.a) du document (3). La température la plus basse pour laquelle l’eau liquide
peut être stable est celle du point A. On lit, avec une précision médiocre :

TA ' 250 K, soit θ1 = −23 ◦ C

d) Dans le témoignage de Alain Haché (document (2)), il est indiqué que l’on peut patiner à des
températures inférieures à −25 ◦ C. D’après la question précédente, la limite maximale étant θ1 = −23 ◦ C,
l’eau est nécessairement solide à −25 ◦ C. La fusion locale en surface par compression n’est donc pas possible
dans les conditions décrites.

II. Analyse de documents


II.1) Température de surface de la glace dans le cas d’une fusion par compression

a) On cherche la température d’équilibre solide-liquide pour une pression P = 100 MPa. On la lit sur la
figure 1.(b) du document (3) : TF ' 264 K , soit θ = −9 ◦ C (voir également figure 2 du corrigé).

b) L’énergie thermique est : Q = mL ou, si l’on prend en compte le refroidissement préalable de la glace
de T0 à TF , on a : Q = m(L + c∆T ) avec ∆T = TF − T0 . Les 2 réponses devraient être acceptées, ainsi
qu’une justification basée sur l’énergie interne ou l’enthalpie. Le changement de pression entraine quelques
complications justifier très rigoureusement, mais ce n’est pas au programme de rentrer dans ces détails.

c) Initialement, la glace est à la température T0 = 270 K. Si la fusion a lieu sous l’effet de la pression,
d’après la question 2.1.a), le liquide, et localement la glace, résultant de la fusion partielle sont à la
température TF = 264 K. La température a donc diminué : ∆T = TF − T0 = −6 K < 0.

Remarque. Autre réponse envisageable : la fusion locale est possible : en fondant, la glace absorbe de
l’énergie qui lui est fournie par la glace environnante dont la température s’abaisse.

2me partie de la question 7 : confirmation ou non par les expériences présentées dans les documents.
Reprendre la citation de F.P. Bowden (document 1) ne répond pas à la question sur ∆T . Est-ce que la
partie de la citation d’Osborne Reynolds sur James Thomson constitue la réponse attendue ? Il n’y est
pas beaucoup question d’expériences. Les expériences des documents (5) et (7) sont relatives aux solides
en mouvement ; elles ne peuvent pas, en toute rigueur, être utilisées ici 8 .
7. Question peu claire : quelle(s) réponse(s) l’auteur du sujet attend-il ?
8. L’énoncé étant peu clair, une réponse à partir de ces documents serait certainement acceptée.

R. Dejean de la Bâtie –5– La glace, corps glissant


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II.2) Chaleur produite par les frottements

a) Il s’agit du travail d’une force de frottement subie par une aspérité 9 . Pour cela, on considèrera que

− →

ce travail est positif. Alors, en notant la force de frottement T comme au I.1), on a W1 = +k T ka, avec

− v
k T k = ηa2 (équation (1)). Par conséquent,
h

v
W1 = ηa3
h

et pour n aspérités,

v
W = nW1 = nηa3
h

b) La force de frottement tangentiel est dissipative : l’énergie mécanique associée est dissipée en énergie
thermique (chaleur). Avec la convention choisie pour le signe de W1 dans la question précédente, on a
Q1 = W1 et Q = W . D’où

nηa3 v
Q= (2)
h
Q > 0 : c’est une énergie thermique reçue par le milieu.

II.3) Fusion de la glace sous l’effet des frottements

a) Soit m la masse de glace transformée en liquide. On m = ρe ha2 car le volume de glace transformée est
ha2 . D’autre part, par définition de L, Q1 = mL. Par conséquent,

Q1 = ρe ha2 L (3)

ηa3 v
b) Les deux expressions de Q1 : Q1 = ρe ha2 L et Q1 = correspondent bien à la même énergie car
h
ηa3 v
le patin s’est bien déplacé de a pendant la transformation étudiée. Par conséquent, ρe ha2 L = ce qui
h
conduit à :
r
ηva
h= (4)
ρe L

Conclusion : la loi de puissance de h en fonction de v est : h ∼ v 1/2 .



− v
c) Comme précédemment, k T k = ηa2 (équation (1)).
h
On remplace ensuite h par son expression obtenue à la question précédente (équation (4)). Cela donne :


− p
k T k = na3/2 ρe ηLv (5)

9. C’est-à-dire « reçue » au sens de la thermodynamique

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kT~ k ~ k par mg : le patin se déplace horizonta-


d) Il faut repartir de la définition de f : f = , remplacer kN
kN~k
lement, les deux forces verticales se compensent et enfin, il faut éliminer a, l’un des paramètres du modèle
de contact glace-patin, pour le remplacer par une grandeur mesurable : la dureté H.

kT~ k na3/2 ρe ηLv
On a donc tout d’abord f = = .
mg mg
kN~k mg
Puis on utilise ensuite la définition de H (document (4)) : H = 2
=
 mg 3/4 na na2
et on en tire : a3/2 = . En remplaçant dans l’expression de f , on obtient bien la relation demandée :
nH

f = n1/4 H −3/4 (mg)−1/4 ρe ηLv


p
(6)

II.4) Modèle de frottement sur la glace

a) L’expression donnée par l’énoncé de la loi plus générale est la suivante :


r r !
TF − T0 λρc 2 λρc
f = n1/4 H −3/4 (kN
~ k)−1/4 + TF − T0 + ρe ηLv (7)
2 2v 8v

On retrouve bien la relation précédente de l’équation (6) si l’on peut négliger les termes barrés ci-dessous :
r

TF − T  r
λρc
 λρc
2 

1/4 −3/4 −1/4
~ k) 0  
f =n H (kN 2
 + T
F−
T0
 + ρe ηLv
2v 8v

λρc
Ceci revient à avoir : ρe ηLv  (TF − T0 )2 ou, en isolant v :
8v
s
TF − T0 λρc
v
2 2ρe ηL

b) La situation inverse correspond à :


s
TF − T0 λρc
v (8)
2 2ρe ηL

L’équation (7) prend alors la forme simplifiée :


r
λρc
f = n1/4 H −3/4 (kN
~ k)−1/4 (TF − T0 ) (9)
2v
Le phénomène qui a été précédemment négligé est la diffusion thermique au sein de la couche de glace :
l’énergie thermique produite dans les aspérités de l’interface corps glissant-glace est transportée par dif-
fusion thermique au sein de la glace située sous chaque aspérité. Ce qui confirme ce phénomène est qu’il
prend d’autant plus d’importance que la glace est initialement froide, c’est-à-dire que T0 basse, ou que le
terme |TF − T0 | est grand. C’est en accord avec l’inégalité forte (8).

Remarque : dans le cas général, le modèle considère que le glissement admet deux facteurs limitants :

R. Dejean de la Bâtie –7– La glace, corps glissant


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1. Un facteur mécanique, le frottement visqueux dans le liquide (cisaillement du film d’eau liquide,
écoulement de Couette associé à un transport de quantité de mouvement). Qualitativement, plus le
film de liquide est épais, moins le gradient de vitesse et le frottement sont importants.
2. Un facteur thermodynamique : le transfert thermique à travers la glace. Plus le milieu extérieur est
froid, plus la chaleur produite par le frottement est rapidement évacuée vers l’extérieur, la couche
de liquide tend à se recongeler, s’amincir, voire disparaitre. Le frottement tend donc à augmenter
lorsque la glace est très froide.

Dans chacun des deux cas limites qui ont été examinés, un seul des transports est limitant tandis l’autre
ne l’est pas. Par exemple, lorsque la vitesse v est élevée et/ou la glace proche de 0 ◦ C, c’est le frottement
visqueux à travers le film de liquide qui limite le glissement ; le transfert thermique est alors rapide. Lorsque
v est faible et/ou la glace est très froide, c’est l’inverse.

c) Étudions successivement les 3 sous-figures 4.a) à 4.c).

a. Coefficient de frottement en fonction de la vitesse : en coordonnées logarithmiques, on observe que :


log f = − 21 log v + log C, ce qui en ôtant les logarithmes, donne la loi de puissance : f = C · v −1/2 ,
où C est une constante. Ce comportement est en accord avec la loi limite pour v faible.
b. Coefficient de frottement en fonction de la vitesse : en coordonnées logarithmiques, on observe dans
cette figure 4(b) que : log f = + 21 log v + log C 0 , ce qui en ôtant les logarithmes, donne la loi de
puissance : f = C 0 · v 1/2 . Ce comportement est en accord avec la loi limite pour v élevée.

Remarque : il est possible que le formica et le polyéthylène ne soient pas beaucoup plus durs que
la glace 10 d’une part et d’autre part, ils sont plus mauvais conducteurs de la chaleur que l’acier :
le document (8) précise que le modèle pour le coefficient de frottement ne s’applique que pour la
situation : corps glissant dans lequel la diffusion thermique peut être négligée, c’est-à-dire que ce ne
doit pas être un phénomène limitant, donc que λ soit élevé.
c. On n’observe pas de large domaine de vitesses avec une loi de puissance f = C α nette, hormis pour
10−2 < v < 10−1 m.s−1 où l’exposant α vaut environ −0,7 et pour 10 < v < 10 m.s−1 où α ' 1/2.
Conclusion : seul ce dernier résultat est en accord avec le modèle : cas limite v élevée.
Remarque : le modèle de coefficient de frottement n’est pas aussi bien adapté car les deux surfaces
sont constituées de glace. On n’est plus dans le cadre de l’hypothèse où l’un des deux matériaux est
plus dur que l’autre.
D’autre part, il apparait que tous les points sont sur une même courbe, même T change : il n’y a
donc pas d’influence de T sur f , ce qui n’est en accord qu’avec le modèle vitesse élevée (équation
(6)).

d) Influence de la température de la glace. Le document (5) ne précise pas que les température indiquées
en légende sont les températures T0 de la glace. Il faut donc le dire. D’autre part, on peut supposer que
TF est presque identique pour toutes les expériences. Par conséquent, les variations de ∆T = TF − T0 > 0
du modèle sont opposées à celles de T0 .
10. une hypothèse du modèle est que la glace soit moins dure que la surface solide

R. Dejean de la Bâtie –8– La glace, corps glissant


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Les données ne sont pas comparables lorsque l’on passe d’un matériau à un autre. On se limite à l’acier
(A) pour lequel les résultats expérimentaux sont les plus nombreux.

Observations tirées de la figure 4.a) : on constate que pour les températures T0 = −20 et -18 ◦ C, quelque
soit la vitesse v, le coefficient de frottement f est 4 à 5 plus élevé que pour les séries de mesures à −11,5 ◦ C.
Ceci montre que f augmente lorsque la glace est plus froide, c’est-à-dire lorsque ∆T augmente.

Observations tirées de la figure 4.b) : on ne dispose que de 2 séries de valeurs comparables : acier (A) à
T0 = −4,6 et −7 ◦ C. Même si les vitesses ne sont pas les mêmes pour ces deux températures, on observe
tout de même une augmentation considérable de f (facteur 10 ou plus) lorsque T0 passe de −4,6 à −7 ◦ C.

Interprétation : d’après l’équation (9) du modèle simplifié, f est proportionnel à ∆T = TF − T0 à faible


vitesse, tandis qu’à vitesse élevée (équation(6)), f ne dépend pas de la température T0 .

Les expériences valident donc le modèle à faible vitesse. Elles montrent notamment que le flux thermique
à travers la couche de glace de la chaleur libérée par la fusion exerce une influence sur le coefficient de
frottement f , quelque soit le régime de vitesses. Cet effet apparaît comme n’étant pas négligeable.

Les expériences ne nous permettent pas de préciser clairement que lorsque T0 se rapproche de 0 ◦ C(ou de
TF ), le flux thermique devenant plus faible. Seul le cisaillement visqueux de Couette devrait intervenir. Il
est vraisemblable que l’on observe seulement le régime où la glace étant très froide, la glisse est toujours
en partie limitée par le flux thermique : c’est-à-dire que pour maintenir un film de liquide entre la glace et
la patin, celui-ci doit renouveler en permanence l’énergie apportée. Après s’être formé, le film de liquide a
tendance à s’amincir par reformation de glace environnée par un milieu très froid.

Influence de la vitesse de glissement : une difficulté survient lorsque l’on cherche à rapprocher les résultats
des figures 4.a) et 4.b). Sur la figure 4.a), la gamme de vitesses explorées (2 × 10−2 < v < 101 m.s−1
correspond aux points situés dans la partie droite de la figure 4.b). On s’attendrait donc à avoir le même
exposant de loi de puissance dans les 2 cas. Or, ce n’est pas le cas !

Explication possible : les températures ne sont pas du tout les mêmes entre les deux figures.

Concernant la figure 4.a), la loi de puissance possède un exposant -1/2 : on se situe dans le cas limite
« faible vitesse - ∆T élevé ». Il est important de ne pas dissocier les aspects vitesse et température. En
revanche dans la figure 4.b), c’est plutôt le régime « vitesse élevée - faible ∆T ». Remarquons que sur cette
figure, les données pour l’acier montrent peut-être le début du changement de régime lorsque v diminue.

R. Dejean de la Bâtie –9– La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Analyse de documents

Le modèle est de L.Makkonen & M. Ti-


kamnmäki (2014), tandis que les figures 4(a) et
4(b) sont tirées d’une review antérieure : A.M
Kietzig, S.V. Hatzikiriakos P. Englezos (2010).
Si le modèle était bien vérifié, on aurait une
évolution de f en fonction de v telle que celle
représentée sur la figure ci-contre, avec un mi-
nimum. À très faibles vitesses, la partie f
constant correspond au domaine où le frotte-
ment solide : « glace sèche », disparition du film
de liquide, prédomine.

!1/4  
n
q q 2 λρc
TF −T0 λρc
e) On part de l’équation (7) : f = H −3/4 2 2v + TF − T0 8v + ρe ηLv et de
~k
kN
!1/4
~k
kN mg n 1 1 1/4
la définition de H : H = 2
= . Dans l’expression de f , on remplace par √ , ce
na na2 ~k
kN aH
qui donne :

r r !
1 1 TF − T0 λρc 2 λρc
f= √ + TF − T0 + ρe ηLv (10)
H a 2 2v 8v

Conclusion : le coefficient de frottement ne dépend pas de la contrainte normale, le poids de la patineuse


par exemple. Ce résultat porte le nom de loi d’Amonton.

Remarque Sur la figure (5) du document (6), on observe que pour un matériau donné : l’alliage Al ou
~ k varie. Ce résultat est donc en très bon
l’acier inox, les valeurs de f sont presque constantes lorsque kN
accord avec le modèle : résultat de la question précédente (équation (10) et conclusion). Cette remarque
est une partie de la question h) ci-dessous.

f ) Lorsque la masse M du corps glissant augmente, la norme de la réaction normale dont on a déjà vu


kN k Mg
qu’elle était égale à celle du poids augmente. On reprend la définition de la dureté H : H = = 0
S10 S1
où S10 est la surface réelle de contact recherchée. On en déduit :

Mg
S10 =
H

Or H étant une fonction de T seulement, elle est constante. On en déduit que la surface de contact S10 est
proportionnelle à M .

Estimation de S10 . La dureté H est obtenue à partir de la figure (3) (document (4)) de l’énoncé, reproduite
et complétée ci-dessous (figure 3) : à la température de -10 ◦ C, on lit sur cette figure : H ' 65 MPa.

R. Dejean de la Bâtie – 10 – La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Analyse de documents

Figure 3 – Dureté H de la glace, Q 2.4.f)

Cela conduit à :
Mg 60 × 9,8
S10 = = = 9,1 × 10−6 m2
H 65 × 106

Le pourcentage de la surface en contact « réel » avec la surface est :

S10 9,1 × 10−6


x0 = = = 2,0 × 10−2
S 4,5 × 10−4

Conclusion : 2,0% de la surface totale du patin est en contact « réel » avec la glace.

g) Dans la question 1.3.b), le calcul de x fait intervenir la pression p. Dans cette question-ci, la dureté
H intervient à la place de p, toutes choses étant égales par ailleurs. La pression a été obtenue à l’équilibre
thermodynamique S-L (figure 2, la dureté a partir de données résumées par la courbe de la figure 3. On
observe sur ces figures qu’à une température donnée, H et p sont différentes. Ceci explique donc qu’entre
les deux modèles, les taux de surface « réelle » ne soient pas les mêmes. Remarquons qu’ils ont le même
ordre de grandeur. L’origine de la différence entre dureté et pression tient probablement à ce que p est
seulement d’origine thermodynamique (courbe d’équilibre L-S). H est aussi liée à la pression d’équilibre,
mais la dynamique du contact, les effets de surface influencent également H.

h) Question mal formulée. Le doc 6 ne donne pas d’information sur l’un ou l’autre des hypothèses, mais
il permet de vérifier la loi d’Amonton.

Analyse du document (6) : figure (5), on observe que pour un matériau donné : l’alliage Al ou l’acier
~ k varie.
inox, les valeurs de f sont quasiment constantes lorsque kN

Confrontation du modèle avec ces résultats. On rappelle l’équation (10) :


r r !
1 1 TF − T0 λρc 2 λρc
f= √ + TF − T0 + ρe ηLv
H a 2 2v 8v

R. Dejean de la Bâtie – 11 – La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Critique et prospective



Dans cette équation, f ne dépend pas de la réaction normale k N k ou du poids M g. Ceci est en bon accord
avec le modèle

2me partie de la question : quelle hypothèse est-en accord avec l’expérience ? Seul la taille caractéristique
a apparait dans l’équation (10). Le nombre d’aspérités n n’y figure pas. Puisque f reste constant lorsque


k N k varie, a doit être inchangé. En revanche, n peut varier.

Conclusion. Le modèle est en accord avec une variation du nombre d’aspérités, celles-ci restant de taille


constante lorsque k N k varie. 11

III. Approche critique et prospective sur le thème


III.1)

Pour valider cette question, efforcez-vous de donner un argument en faveur, un argument en défaveur pour
chaque théorie d’explication proposée dans l’analyse documentaire. Remarquer que cette question étant
bien cadrée, il n’est pas si difficile que cela d’y répondre. Le correcteur doit être enclin à attribuer des
points à tout argument scientifiquement acceptable, même si ce n’est pas celui prévu par les auteurs du
sujet. Il faut une rédaction succincte, claire, un vocabulaire précis.

Bien montrer que vous avez compris que si l’augmentation de pression due au poids de la patineuse fait
bien diminuer la température de fusion, dans le sens où un film de liquide peut se former, cet effet n’est
que qualitatif. Quantitativement, cet effet est complètement négligeable. L’interprétation correcte du
glissement du patin sur la glace ne peut donc provenir que des frottements. Cette interprétation s’appuie
sur un modèle présenté dans les questions 2.2) à 2.4) et dans les documents (4) et (8).

1. Fusion par compression

• Arguments en faveur :
— l’augmentation de la pression due au poids du patineur sur la glace conduit bien à une diminution
de la température de fusion de la glace, ce qui est qualitativement en accord avec la formation
du film d’eau liquide.
— Cette interprétation est en accord avec le phénomène d’enfoncement très lent de solides lourds ;
blocs de roche, etc. dans les glaciers : la glace fond localement au dessous du bloc en raison de
la surpression due au poids, l’eau liquide remonte et regèle au-dessus du bloc où la pression est
plus faible, la température de fusion plus élevée. Si la température de la glace est voisine de
0 ◦ C, cette interprétation est possible.
• Arguments en défaveur :
Quantitativement, cet effet de diminution de la température de fusion est beaucoup trop faible et
ne peut pas rendre compte de ce que la glace conserve son caractère glissant à des températures
basses telles que -25 ◦ C (doc (2), Alain Haché).
11. Contrairement à ce que l’énoncé laisse entendre, ce résultat est seulement issu du modèle ; il n’est pas validé par les
expériences décrites.

R. Dejean de la Bâtie – 12 – La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Critique et prospective

Remarque. Il est possible que l’explication courante pour l’enfoncement lent des solides dans la glace
ne soit pas satisfaisante. Bien qu’étant des « solides », les glaciers s’écoulent aussi : ils ont également
un comportement de fluide très visqueux (viscosité dynamique très élevée η ∼ 1022 Pa · s).

2. Fusion par l’effet des frottements

• Arguments qualitatifs en faveur : les deux principaux phénomènes associés à ce mécanisme de fusion
sont vérifiés : importance de la contrainte de cisaillement visqueux (l’écoulement de Couette), du
flux thermique diffusif à travers la glace de la chaleur libérée par les frottements.
• Arguments quantitatifs en faveur : une partie des résultats expérimentaux valide ce modèle 12 .
Une partie des lois de puissance pour la relation f - vitesse.
Une assez bonne dépendance de f lorsque la température T0 varie.
• La figure (6.b) du sujet, relative aux mesures de température à la surface de la glace peut donner
des arguments en faveur du modèle 13 .
• Arguments en défaveur :

— Le modèle d’aspérités possédant toutes la


même taille, planes, carrées est très sim-
plifié.
— Sous l’effet du déplacement, le film de li-
quide se déforme (figure ci-contre).

— Le modèle de rugosité du corps glissant est peut-être trop simplifié : figure (2) du document.
L’alternance entre parties rugueuses et parties planes, entièrement lisses au niveau des aspérités
est une simplification excessive. Les aspérités présentent vraisemblablement des irrégularités de
surface (surfaces rugueuses).
— À vitesse élevée, on a vu que la température T0 de la glace influence le coefficient de frottement
f expérimental, ce que le modèle ne prédit pas ; le seul facteur limitant est alors le cisaillement
de Couette à travers un film de liquide très mince.

— Il faudrait pouvoir calculer le nombre de Reynolds dans le film d’eau liquide et vérifier que
l’on a Re . 2 000 : conditions pour avoir un écoulement laminaire, pour que celui-ci soit dominé
par les frottements visqueux.
— Dans ce même modèle, l’écoulement de Couette des couches de liquide au niveau des aspérités
est également simplifié. En particulier, le modèle ne prend pas compte qu’une partie du film de
liquide peut s’écouler et s’échapper par les bords des aspérités.
— Le modèle se place en régime permanent pour l’écoulement de Couette et le transfert ther-
mique. Il faudrait vérifier s’il s’agit d’une hypothèse vraisemblable.
— Voir question 2.4.c) : les résultats des figures 4.a) et b) présentent une contradiction assez
flagrante avec le modèle.
12. Détailler en reprenant quelques résultats de la partie II.3)
13. Le sujet n’invitait pas à la prendre en compte

R. Dejean de la Bâtie – 13 – La glace, corps glissant


Analyse documentaire Agro-Véto 2018 Critique et prospective

III.2)
C’est assez facile de valider la 1re partie de cette question. Dire par exemple :

L’étude qui a été faite dans ce travail montre que la fusion la glace ne peut avoir lieu sous l’effet de la
pression et que l’interprétation de cette fusion par l’effet des frottements est certainement la bonne. Cette
étude valide en partie le modèle proposé de fusion sous l’effet des frottements du document (8).

Pour la 2me partie de la question, on peut discuter succinctement les points suivants :

Géométrie non plane des aspérités, distribution non uniforme de leurs tailles, de leur forme

Le frottement « sec » sans film de liquide entre le corps solide et la glace intervient probablement également,
notamment à très basses températures, lorsque le film de liquide ne peut se former. Il a été négligé.

Le modèle n’est pas adapté au frottement glace sur glace : les deux matériaux ont la même dureté et la
même conductivité thermique. Le modèle suppose que la dureté de l’un est très grande et que la diffusion
thermique ne doit être être prise en compte que dans un des 2 solides.

On n’a pas discuté l’existence de différentes variétés allotropiques de la glace.

Le modèle pourrait être amélioré, notamment à l’aide d’une étude numérique, en introduisant une distri-
bution non uniforme, mais aléatoire des aspérités, etc.

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R. Dejean de la Bâtie – 14 – La glace, corps glissant

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