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VIEILLESSE
Nicole Jeanguiot
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VIEILLESSE
Nicole JEANGUIOT
Infirmière, Directeur des soins, Directrice IFSI/IFAS
Travaux réalisés sur la formation par alternance, les pratiques pédagogiques, membre de la société de
gérontologie d’Auvergne.
Présentation
Le lien entre vieillesse et vieillissement est étroit ; pour les différencier, on pourrait évoquer que le vieillissement
est un processus tandis que la vieillesse est un état.
Une ambiguïté toutefois, on commence de vieillir très tôt sans qu’on puisse parler vraiment de vieillesse ; par
exemple, l’œil commence à vieillir à partir de 5 ans et certaines de nos cellules vieillissent dès notre naissance.
Pourquoi vieillissons-nous ? Parce que nous n’avons pas le choix (Lafon, 2008) [1] : c’est cela ou mourir. Vieillir
est par principe irréversible.
Origine du concept
Histoire du concept de vieillesse
Vieillesse vient du latin populaire veclus, vetulus, qui s’origine dans la langue grecque et qui signifie année [2].
Un sens ancien du mot vieux est « qui existe depuis longtemps » [3].
Les anciens honoraient dans la vieillesse une prudence et un conseil. Il y a en effet des caractères habituellement
prêtés aux vieilles personnes (expérience, sagesse, esprit de résignation, mais aussi manque de dynamisme,
esprit rétrograde, etc.), mais pouvant être aussi le fait d’une personne jeune. Vieillesse de cœur [4].
Dans les siècles passés, l’apparence physique était plus importante, le « vieux » portait sur lui les marques
du temps. La capacité à ne plus pouvoir travailler signait le lien entre vieillissement physiologique et vieillesse
sociale.
La seconde partie du XXème siècle a connu une évolution de l’espérance de vie aux grands âges et en bonne
santé.
Sur le plan sociologique, vieillir conduit souvent au pessimisme, parfois à la négation de la vieillesse à travers
notre langage et nos attitudes qui valorisent le « jeunisme » comme le fait notre société.
Il est aussi possible d’accepter la vieillesse comme une étape naturelle de la vie. Les potentialités sur les plans
biomédical, cognitif, socio-économique et culturel des personnes âgées garantissent leurs choix de vie et les
conduisent à une vieillesse autonome.
Définition
Dictionnaires classiques
La vieillesse [6] est l’âge ultime de l’être humain. C’est la dernière période de la vie humaine, le temps de la vie
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aussi acquérir certaines qualités avec le temps. La vieillesse est une question de société qui ne sera résolue que
par le retour des valeurs de solidarité, de convivialité et de tendresse. Un enjeu de la vieillesse est la sagesse
acquise au fil de l’âge. C’est dans la vieillesse qu’on peut véritablement apprendre à devenir sage.
Discussion
Le concept est-il relativement stabilisé ou est-il controversé ?
Le lien entre l’âge et le vieillissement a évolué au fil du XXème siècle. Dans les années cinquante, vieillir sur le
plan social (âge de la retraite) et vieillir sur le plan physiologique restent cohérents car les retraités, encore
appelés vieillards, possèdent alors une espérance de vie faible. L’espérance de vie à la naissance continue de
croître, elle est de 84,8 ans (INSEE, 2001) [9] pour les femmes et 78,1 ans pour les hommes en France.
Le processus de vieillissement oblige à des adaptations multiples et permanentes (Berger et Mailloux Poirier,
1991) [10] aux pertes de rôle et aux crises. Les personnes doivent aller au-delà de leurs limites afin de vivre
les changements inévitables. Les personnes qui traversent cette période sont alors capables d’accepter leur
vieillesse, de développer des stratégies de compensation tout en restant actives et intégrées dans la société.
Le raisonnement sur la vieillesse et la dépendance conduit à faire certaines distinctions telles que l’existence
d’un « 3e âge » et d’un « 4e âge », ce dernier étant « l’âge de la dépendance », voire « l’âge de la fin de vie ».
La vieillesse (Ennuyer, 1991) [11] apparaît comme un problème pour la collectivité, problème démographique
et problème économique. L’avancée en âge est décrite sous le tableau de la dépendance, en particulier en lien
avec la maladie d’Alzheimer.
Comme la mort frappe surtout les personnes de plus de 70 ans où les maladies sont les plus nombreuses, la
vieillesse est désormais associée à la maladie et à la mort. Cela conduit les vieilles personnes à être décrites
comme malades et/ou handicapées, autrement dit « dépendantes », même si plus de la moitié des personnes
âgées de plus de 85 ans ne connaissent pas de situations de dépendance grave.
Quitter le vocabulaire de la pathologie pour s’ouvrir à celui des capacités restantes de la personne demande
que les soignants acceptent qu’il soit hors de leur portée de guérir la vieillesse. La seule façon de vivre
longtemps c’est de vieillir...
Attributs du concept
Attributs communs
L’âge est un critère récent.
Le premier palier concerne la fin de l’activité professionnelle, l’atteinte de l’âge de la retraite qui était jusque-
là 65 ans, mais cela ne signifie pas pour autant que les personnes retraitées sont inactives ; au contraire, elles
développent de multiples activités de loisirs, culturelles, associatives…
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cognitifs et de la vie affective de la personne. Sur le plan pathologique : la vieillesse est souvent associée à des poly-
pathologies du sujet âgé : maladies cardio-vasculaires, affections articulaires, maladies neuro-dégénératives.
Sur le plan social [12], la vieillesse correspond à une évolution de l’image, à une perte du rôle social mais aussi
des capacités d’adaptation de l’individu.
Concepts voisins
Retraite et vieillesse : si l’arrêt de l’activité professionnelle a coïncidé longtemps avec l’entrée dans la vieillesse,
cela n’est plus d’actualité aujourd’hui. Des personnes cessent leur activité professionnelle autour de 55 ou 60
ans, ouvrant une période de retraite très longue.
On parle aujourd’hui d’assurance vieillesse et depuis quelques temps de cinquième risque permettant le
financement de la dépendance.
Concept contraire
Jeunisme : ce terme décrit la volonté de laisser la place aux jeunes ; il prend parfois une connotation de
discrimination par rapport aux « vieux ». On parle aussi de jeunisme pour décrire la frénésie développée de
nos jours pour les soins du corps, les soins de chirurgie esthétique, ce qui correspond à une certaine forme
de culte de la jeunesse. Dans une société qui valorise le jeunisme, les premières rides de la trentaine sont mal
vécues et le monde du travail peut exclure dès 45 ans. « On est socialement vieux de plus en plus jeune et
biologiquement vieux de plus en plus tard » (Veysset Puyjalon, 1991) [7].
Références bibliographiques
1. LAFON C. Vieillir, mieux comprendre pour mieux agir, Réflexions et concepts autour des personnes âgées et du
vieillissement Recherche en soins infirmiers, N° 94, septembre 2008.
2. http://www.dicocitations.com/definition_littre/30306/Vieil_ou_vieux_vieille.php.
3. http://www.cnrtl.fr/etymologie/vieux.
4. http://www.cnrtl.fr/definition/vieillesse.
5. GOMMERS A. VAN DEN BOSCH DE AGUILAR Ph, Pour une vieillesse autonome, Editions Madarga, 1992.
6. Dictionnaire « le Robert pour tous ».
7. VEYSSET PUYJALON B. Etre vieux, de la négation à l’échange, Paris, Editions Autrement, (série mutations) N° 124,
1991, 201 p.
8. RIEGEL M. Le vieillissement, Presses Universitaires de France, Paris, 1984.
9. Sources INSEE institut national de la statistique et des études économiques, 2011.
10. BERGER L., MAILLOUX POIRIER D. Soins gériatriques, problèmes complexes et interventions autonomes, Paris
Maloine, 1991, 365 p.
11. ENNUYER B. Etre vieux, de la négation à l’échange, Paris, Editions Autrement, (série mutations) N° 124, 1991, 201 p.
12. http://papidoc.chic-cm.fr.
Sites Internet
http://agora.qc.ca/dossiers/Vieillesse
http:// www.agevillage.com
http:// www.irdes.fr
http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie
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