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Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et développement


économique

Article in Revue Internationale des Sciences de L Organisation · August 2018


DOI: 10.3917/riso.005.0057

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4 authors, including:

Tchouassi Gérard Serge Temfack


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CONNAISSANCES ENTREPRENEURIALES DES JEUNES ET DES
FEMMES ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Gérard Tchouassi, Ngangué Ngwen, Honoré Tekam Oumbe, Serge Temfack

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Management Prospective Ed. | « Revue internationale des sciences de
l'organisation »

2018/1 N° 5 | pages 57 à 79
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https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-de-l-
organisation-2018-1-page-57.htm
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Pour citer cet article :


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Gérard Tchouassi et al., « Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des
femmes et développement économique », Revue internationale des sciences de
l'organisation 2018/1 (N° 5), p. 57-79.
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Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des

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femmes et développement économique

Gérard TCHOUASSI
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FSEG, Université de Yaoundé II, Cameroun – tchouassigerard@yahoo.fr

Ngangué NGWEN

FSEG, Université de Yaoundé II, Cameroun – ngwenn@yahoo.fr

Honoré TÉKAM OUMBÉ

FSEG, Université de Dschang, Cameroun – h_tekam@yahoo.fr

Serge TEMFACK

FSEG, Université de Yaoundé II, Cameroun – serge.temfack@gmail.com

Résumé
L’objectif de cet article est d’analyser la relation entre les connais-
sances entrepreneuriales et le développement économique pour une
autonomisation des jeunes et des femmes par la création d’entre-
prises et d’emplois durables au Cameroun et au Congo, en Afrique
Centrale et dans les Grands Lacs. Nous avons montré, à partir
d’une enquête par questionnaires de terrain de Brazzaville et de
Yaoundé (AUF-FSEG, 2016) que l’identification et le renforcement
des connaissances entrepreneuriales manquantes des femmes et des
jeunes non seulement favorisent leur autonomie mais constituent
un des couloirs par lequel passe la densification du tissu entrepre-
neurial et le développement économique.

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RISO N°5 - Juin 2018

Abstract
The objective of this article is to analyze the relationship between
entrepreneurial knowledge and economic development for youth
and women empowerment through the creation of sustainable busi-
nesses and jobs in Cameroon and Congo in Central Africa and in the
Great lakes. We have shown, from a field questionnaire survey of
Brazzaville and Yaoundé (AUF-FSEG, 2016) that the identification

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and reinforcement of the missing entrepreneurial knowledge of
women and young people not only promote their autonomy but
constitute one of the corridors through which the densification of
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the entrepreneurial fabric and the economic development passes.

Introduction
Avec l’émergence de l’économie entrepreneuriale en contexte afri-
cain, l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes est devenu depuis
le début du troisième millénaire un moteur de création d’emplois,
de croissance, de compétitivité, d’accès aux marchés globaux et de
développement économique. Pourquoi l’implication économique de
l’entrepreneuriat a-t-elle évolué si radicalement en l’espace de moins
d’un demi-siècle en Afrique ? C’est parce que le rôle changeant de
l’entrepreneuriat reflète au moins trois visions de l’économie qui
correspondent chacune à trois phases historiques.
La première période peut, de manière schématique, se concevoir
comme étant celle de l’économie du capital (Solow, 1956 ; 1957)
matériel, financier, immatériel ou humain. Elle débute approxi-
mativement avec la période de l’après-guerre. Ensuite, apparaît
l’économie de la connaissance (Romer, 1986), qui coïncide grosso
modo à la période tardive de l’après-guerre (les années 1980). Enfin,
l’économie de l’entrepreneuriat trouve ses origines dans le milieu des
années 1970, mais ne connaît véritablement son essor et même son
émergence que plus tard, dans les années 1990 et 2000 (Audretsch,
2006 ; Paturel, 2007).
La notion d’économie de la connaissance ne peut être confondue avec
celle d’économie de l’information. L’économie de la connaissance,
en tant que champ disciplinaire, s’intéresse à toutes les connais-
sances produites et utilisées dans les activités économiques, mais
elle est trop souvent réduite à la connaissance technologique. Or,
les savoirs produits et mobilisés dans les activités économiques
ne relèvent pas nécessairement de la technologie. Les innovations

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Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

organisationnelles et les innovations dans les services ne sont pas


nécessairement liées à la technologie.
Un double phénomène est à l’origine de la diffusion de l’économie
de la connaissance : une tendance séculaire relative à l’accroisse-
ment de la part du capital intangible (éducation, formation, etc.)
et, d’autre part, l’irruption et la diffusion spectaculaire des tech-
nologies de l’information et de la communication (Foray, 2000).

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Le développement des technologies et de l’information constitue
également un support important, à une production plus collective
et plus interactive du savoir.
Les connaissances sont devenues de nos jours aussi en Afrique plus
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importantes en tant que facteur clé de la production entrepreneu-


riale. On n’a qu’à se référer au nombre de start-up qui naissent tous
les jours à partir des projets des jeunes et des femmes en Afrique.
Les surabondances des savoirs théoriques et pratiques sont aussi
apparues plus imposantes en tant que source de croissance et de
développement économique. L’entrepreneuriat acquiert ainsi une
nouvelle posture dans une économie basée sur les savoirs parce qu’il
sert de mécanisme central par lequel la connaissance créée dans
une organisation est commercialisée par une nouvelle entreprise.
Ce faisant, l’entrepreneuriat et spécifiquement celui des jeunes et
des femmes en Afrique contribue à la densification du tissu entre-
preneurial, à la création et à la diversification des richesses, des
emplois nouveaux, à la croissance et au développement économique.
L’objectif de cet article est d’analyser la relation entre les connais-
sances entrepreneuriales et le développement économique. Au-
trement dit, nous voulons étudier l’autonomisation des femmes et
des jeunes par la création d’entreprises et d’emplois durables au
Cameroun et au Congo, en Afrique Centrale et dans les Grands
Lacs. Cette thématique n’est pas anodine dans le cadre d’un opus
visant à rendre hommage au Professeur Robert Paturel et à son
apport à la recherche en sciences de gestion en contexte africain.
Notre contribution s’inscrit pleinement dans la philosophie que
défendait Robert Paturel dans son ouvrage de 2007, intitulé Dyna-
miques entrepreneuriales et développement économique. Il s’agit ici de

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RISO N°5 - Juin 2018

montrer, à partir d’une enquête1 AUF-FSEG (2016) par question-


naires de terrain (Brazzaville et Yaoundé) que l’identification et
le renforcement des connaissances entrepreneuriales manquantes
des jeunes et des femmes non seulement favorisent leur autonomie
mais constitue un des couloirs par lequel passe la densification du
tissu entrepreneurial et le développement économique.
La suite de cet article porte d’abord sur l’analyse des liens entre les

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connaissances entrepreneuriales et le développement économique,
ensuite sur les acteurs et les structures d’accompagnement de la
densification du tissu entrepreneurial et du développement éco-
nomique et enfin sur la méthodologie et la discussion des résultats
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de la recherche.

1. Connaissances entrepreneuriales et développement


économique : quels liens ?
Pour Marshall (1920), « l’organisation aide la connaissance », et l’éco-
nomie de la connaissance reste encore le moyen de production le
plus puissant. Cette conception marshallienne séminale met en
exergue un rapport entre connaissance et organisation de la pro-
duction (le développement économique) qui ne peut être envisagé
sans l’action de l’entrepreneur. Les liens qui s’avèrent connus tant
théoriquement qu’empiriquement concernent la formation du ca-
pital humain et l’accompagnement du processus entrepreneurial
des jeunes et des femmes.
1.1. La formation du capital humain des jeunes et des femmes
Une éducation de base décente et une bonne acquisition des connais-
sances, des savoir-faire, des compétences constituent des facteurs
cruciaux de croissance et de développement économique. Toutefois,
en matière d’accès au savoir, c’est-à-dire à l’éducation primaire,
secondaire et tertiaire, à la formation, à l’acquisition des capacités
nouvelles et innovantes, la plupart des pays africains qui se trou-
vaient à la traîne par rapport aux autres régions en développement
sont aujourd’hui en train de rattraper les écarts. Ce qui a été et
reste une des causes majeures des faibles taux de croissance écono-
mique et des niveaux élevés de pauvreté qu’enregistre le continent.

1 Cette recherche intitulée « Connaissances entrepreneuriales et dévelop-


pement économique : une autonomisation des femmes et des jeunes au Burundi,
au Cameroun et au Congo, en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs » a été sou-
tenue par le Bureau Afrique Centrale et des Grands Lacs de l’Agence Universitaire
de la Francophonie. Cet article présente les résultats partiels de cette recherche.

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Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

Sans les compétences, les capacités et les expériences requises, les


femmes africaines, en particulier les jeunes, rencontrent de plus
en plus de difficultés, à l’heure de la mondialisation, à trouver un
emploi décent, à prendre des risques, à entreprendre et à devenir,
à terme, des chefs d’entreprises autonomes pour pouvoir mener la
vie à laquelle ils/elles aspirent.
La littérature relative à cette thématique et les sens donnés au concept

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de la connaissance sont toutefois considérablement variés. Cela n’est
guère surprenant compte tenu du caractère multidimensionnel de la
connaissance elle-même. Une autre façon de concevoir cette notion
est de la classer en tenant compte de son origine. Trois grandes
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catégories de connaissances ont été déterminées : la connaissance


scientifique, c’est-à-dire, les principes scientifiques qui peuvent
servir de base pour le développement des représentations techno-
logiques ; les connaissances technologiques, implicites et explicites,
sous la forme d’inventions (Arrow, 1962a) ; et la connaissance en-
trepreneuriale, qui intègre la connaissance des affaires pertinentes
(Schumpeter, 1911, 1947) sur les produits, l’organisation, les services,
les marchés et les clients.
L’économie de la connaissance a été inventée pour démontrer l’im-
portance croissante des idées, des compréhensions et des intui-
tions pour le développement économique. Le fondement initial du
concept de l’économie du savoir est le fait de Drucker (1966) qui
insiste sur la différence entre l’ouvrier, l’artisan et le concepteur.
L’artisan, selon lui, travaille avec ses mains et produit des biens ou
des services de qualité. En revanche, un travailleur du savoir éla-
bore et conçoit avec sa tête et non pas exécute ou façonne avec ses
mains, pour produire des idées, des intuitions, des connaissances
et des informations. Pour l’entrepreneuriat, qui renvoie aussi au
développement de la créativité, de la capacité d’initiative, d’inno-
vations et de prise de risque, les connaissances entrepreneuriales
intègrent plusieurs dimensions du savoir : un savoir-faire manuel,
un savoir-faire pratique et un savoir-faire théorique.
Ces connaissances entrepreneuriales mises ensemble peuvent-elles
contribuer à la transformation positive de la production de biens
et de services dans une économie sur une période donnée ? En
effet, les théories de la croissance distinguent plusieurs types de
déterminants à la croissance économique : les richesses naturelles,
l’environnement extérieur, la population, l’innovation, l’investis-
sement, la connaissance et la cohérence du développement.

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RISO N°5 - Juin 2018

L’analyse de l’impact des connaissances entrepreneuriales sur le


développement économique est demeurée méconnue pendant long-
temps. Cependant, les recherches sur les sujets similaires mobilisant
les concepts comme l’apprentissage et l’innovation des jeunes et des
femmes, ne procurent pas suffisamment de résultats quantitatifs.
L’appréciation de l’impact de l’innovation sur les performances
économiques des entreprises a aussi connu récemment des avancées

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importantes, non seulement vers une meilleure appréciation de
la relation recherche et développement (R&D)/productivité, mais
aussi vers une prise en compte de la diversité des formes d’inno-
vation et donc de leurs effets. Ces progrès se retrouvent aussi à
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des niveaux plus agrégés. Les coopérations en R&D, par exemple


université-industrie, admettent l’acquisition des connaissances ex-
ternes et l’articulation entre compétences internes et externes aux
entreprises. Ces coopérations sont des moyens essentiels permettant
d’innover aujourd’hui.
Les recherches les plus souvent citées, à cet effet, s’inscrivent dans
des perspectives macro-économiques orientées principalement vers
l’étude de l’impact de la création et de la formation du capital hu-
main sur la croissance économique des nations (Becker, 1962 ; Lucas,
1988 ; Romer, 1986). Les recherches traitant de la micro-économie de
l’innovation, des connaissances ont tendance à occulter la complexité
du processus d’apprentissage (Arrow, 1962b ; Freeman, 1994). Dans
ces recherches, l’apprentissage est perçu comme un résultat issu de
la scolarisation et rarement comme processus diffus, dynamique et
multiforme. De plus, dans ces recherches, l’apprentissage est ana-
lysé uniquement comme levier d’amélioration de la productivité et
de minimisation des charges salariales (Malerba, 1992 ; Freeman,
1994) pour le développement économique.
L’économie entrepreneuriale des jeunes et des femmes se déve-
loppe dans le monde entier, aussi bien au sein des économies en
développement, émergeantes que des économies développées.
Selon l’Organisation des Nations unies pour le développement
industriel (ONUDI, 2003), les jeunes et les femmes représentent les
trois cinquièmes des pauvres dans le monde. La pauvreté qui les
frappe est plus grande que celle dont souffrent les hommes, étant
donné les écarts très nets qui existent entre les sexes sur les plans
de l’éducation, des possibilités d’emploi, du pouvoir de décision et
l’apprentissage pour l’innovation. Les travaux disponibles mettent en
lumière plusieurs stratégies d’apprentissage dont les plus analysées
sont celles qui ont trait à l’apprentissage par la recherche (learning

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Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

by searching), à l’apprentissage par la pratique (learning by doing), à


l’apprentissage par l’utilisation des technologies de pointe (learning
by using), à l’apprentissage par l’interaction (learning by interacting),
à l’apprentissage par les externalités industrielles (learning from in-
dustry spillovers) et à l’apprentissage par les externalités régionales
(learning region) (Cohen, 1995).
1.2. L’accompagnement du processus entrepreneurial des

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jeunes et des femmes
La libéralisation des marchés a amené les pouvoirs publics et les
acteurs privés à intervenir en faveur de la création d’entreprise et
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dans l’accompagnement processuel des différentes catégories de


porteurs de projets (Paturel et Masmoudi, 2007). Dans le modèle
comprenant les trois variables : environnement (E1), aspirations du
créateur (E2), compétences et ressources (E3), encore appelé « 3 E »
(Paturel 1997 ; Levy-Tadjine et Paturel, 2006), l’accompagnement
devient alors un processus permettant d’identifier les composantes
stratégiques et psychologiques dans la première phase, avant de
procéder au diagnostic du projet par la suite.
Les jeunes et les femmes forment de nos jours la majorité de nou-
veaux entrepreneurs innovants dans des sphères économiques
« marginales » comme les micros, petites et moyennes entreprises
(MPME), les activités génératrices de revenus, l’économie informelle
et la création d’entreprises de petites tailles formelles (Tchouas-
si, 2007). Mais ceux-ci représentent aussi un fort pourcentage de
l’activité économique totale dans de nombreux pays pauvres en
Afrique Centrale et des Grands Lacs. Les micros, petites et moyennes
entreprises en pourcentage sont au Cameroun 99 % et au Congo
99,95 %. Subdiviser les entreprises en micros (ou très petites), petites,
moyennes et grandes entreprises suggère que ces organisations
possèdent des dimensions mesurables, tout au moins par leur taille.
La revue de la littérature montre qu’il n’existe aucune définition
plus ou moins établie de la taille des MPME.
Elle est souvent mesurée, dans les travaux théoriques et empiriques,
par deux critères fondamentaux : le nombre d’employés et le chiffre
d’affaires en général hors taxe (Mouko, 2015). La définition officielle
des MPME en fonction du nombre d’employés est différente entre
le Cameroun et le Congo. Les informations statistiques contenues
dans IFC (2010) montrent qu’au Cameroun, selon la définition de
2004, les micros entreprises ont un effectif du personnel compris
en 0 et 9 salariés, les petites entreprises entre 10 et 49, les moyennes

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RISO N°5 - Juin 2018

entreprises entre 50 et 149, et les grandes entreprises un effectif


supérieur à 500 salariés. Au Congo, selon la définition établie en
1986 les micros entreprises ont un effectif du personnel compris
en 0 et 4 salariés, les petites entreprises entre 5 et 19, les moyennes
entreprises entre 20 et 99, et les grandes entreprises un effectif su-
périeur à 100 travailleurs.
Le rôle des femmes en tant que productrices, consommatrices

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de biens et de services, créatrices d’activités entrepreneuriales et
d’emplois, est souvent invisible. En conséquence, elles passent à
côté de l’aide et de l’accompagnement des organisations de métiers
traditionnels et ne peuvent accéder aux différents appuis de finan-
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cement, de normalisation, de mise à niveau et en réseaux pour la


production, la commercialisation (vente) et l’exportation de leurs
produits. Les jeunes et les femmes ont donc besoin d’approches
accompagnées ciblées leurs permettant d’intégrer le dispositif ou
l’écosystème entrepreneurial public ou privé formel.
Un grand nombre de jeunes et de femmes vivent essentiellement de
l’agriculture de subsistance ou exercent des activités économiques
relevant des micros, petites et moyennes entreprises, formelles et
informelles. Dans la plupart des pays en développement, surtout
en Afrique, les femmes et les jeunes représentent de 70 à 80 % de
la main-d’œuvre agricole et assurent plus de 80 % de la production
alimentaire. Il n’est donc pas étonnant de trouver un grand nombre
de femmes et de jeunes dans l’agroalimentaire, le tissage, les services
aux personnes, la préparation de boissons, la vente à la sauvette du
secteur informel. Sur l’ensemble du secteur des petites et micros
entreprises de par le monde, les jeunes et les femmes représentent
entre un quart et un tiers de l’ensemble des commerçants. Dans le
secteur manufacturier, par exemple, ils représentent un tiers de
l’ensemble de la main-d’œuvre. En plus de leurs activités écono-
miques génératrices de revenus, les jeunes et les femmes assument
une multiplicité de rôles dans la société : soutien de la famille, main-
d’œuvre familiale non rémunérée, prestataire de services dans la
communauté, mère/gardienne de la famille.
Les jeunes et les femmes entrepreneurs constituent une part gran-
dissante des promoteurs, des créateurs d’entreprises, des dirigeants
de petites et moyennes entreprises qui prolifèrent de nouveaux
créneaux ou secteurs innovants pour l’entrepreneuriat. Mais ils font
souvent face à des barrières spécifiques (ethnie, famille, finance,
accompagnement) au cours de la création et du développement
de leur entreprise. La recherche des éléments constitutifs et des

64
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

caractéristiques motrices de la source de rénovation et de progrès


pouvant favoriser la croissance pour tous en Afrique Centrale et
des Grands Lacs demeure un des objectifs à atteindre. Soutenir et
appuyer la croissance économique par l’entrepreneuriat des jeunes
et des femmes représente une stratégie efficace permettant de créer
des emplois nouveaux et innovants, d’activer le progrès et le dé-
veloppement économique à travers un dispositif et un écosystème
entrepreneurial institutionnel public ou privé.

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Aussi, cela permet de donner plus de pouvoir économique, social
aux jeunes et aux femmes en encourageant leur cohésion sociale
et leur autonomisation. L’autonomisation est considérée comme
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un processus par lequel des individus acquièrent la maîtrise des


connaissances, des capacités et des moyens qui leur permettent de
mieux utiliser leurs ressources intellectuelles, professionnelles et
techniques pouvant faire croître et pouvant renforcer leurs activités
entrepreneuriales. L’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, en
particulier dans la région d’Afrique Centrale et des Grands Lacs,
mérite une attention particulière pour accéder aux capacités et aux
ressources sous-utilisées parfois manquantes pouvant favoriser la
croissance économique pour tous. Par ailleurs, il est reconnu dans
les pays de l’OCDE que l’entrepreneuriat constitue un élément
conducteur de la croissance et de la diversification économiques
dans les économies membres et non membres de l’organisation.

2. Connaissances entrepreneuriales et développement


économique : les acteurs et les structures
d’accompagnement
La complexité du processus d’émergence d’une entreprise, notam-
ment innovante, appelle le nécessaire adossement à un écosystème
dont la nature réticulaire a été démontrée (Albert, Fayolle et Ma-
rion, 1994). Les systèmes d’accompagnement des promoteurs ou
des porteurs de projets entrepreneuriaux apparaissent comme des
intermédiaires sophistiqués qui confortent et renforcent l’énergie
créatrice des entrepreneurs.
2.1. L’acteur central de l’économie entrepreneuriale :
l’entrepreneur
Dans une vision évolutionniste, l’entrepreneuriat apparaît comme un
instrument de sélection économique qui sous-tend le développement
économique. Les entrepreneurs (promoteurs, étudiants, élèves et
apprenants) sont la force centrale de ce processus de destruction-

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RISO N°5 - Juin 2018

créatrice : ils identifient les opportunités et développent les


nouveaux concepts et technologies pour lancer de nouvelles activités
productrices et commerciales.
L’entrepreneur est habituellement considéré, dans l’analyse éco-
nomique, comme le modèle central du processus d’innovation qui
caractérise les économies modernes. S’inscrivant le plus souvent
en rupture avec la théorie économique standard, cette perspective

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a été principalement élaborée par la tradition évolutionniste pour
expliquer, à travers le rôle des connaissances entrepreneuriales, le
lien entre innovation et développement économique.
Toutefois, cette approche de la fonction de l’entrepreneur, qui s’ins-
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pire directement des analyses de Schumpeter (1934, 1942), vient le


plus souvent en masquer une autre, celle de Marshall (1920) qui, en
s’appuyant sur une conception différente de la connaissance, permet
au contraire d’établir que le principe de connexion entre innovation
et développement économique passe par le rôle de l’entrepreneur
dans l’organisation de la MPME. Pour Marshall, l’organisation aide
la connaissance, et la connaissance est le moyen de production le
plus puissant. La piste de recherche ouverte par Marshall a été en
partie explorée par Knight (1921), avec son concept d’entrepreneur
organique. Knight associe la fonction de l’entrepreneur à la gestion
de l’incertitude. Il écarte néanmoins l’interprétation consistant à as-
similer cette fonction à celle d’un spéculateur. Mais pour expliquer
la nature de l’entreprise, Coase (1937) introduit une bifurcation ana-
lytique conduisant à vider de tout contenu la fonction économique
de l’entrepreneur assimilée à un simple coordinateur.
Les étudiants, élèves et apprenants auprès de structures spécialisées
de formation sont des entrepreneurs ou promoteurs en devenir.
Aussi, l’établissement du profil de ces derniers permet de détecter
les points qui doivent être renforcés chez eux au vu du portrait des
entrepreneurs établis dans le cadre du volet de l’enquête AUF-FSEG
(2016) relative aux entreprises. La capacité des entrepreneurs fémi-
nins et jeunes à résister au climat des affaires, à la pression élevée,
au stress, à l’incertitude et à l’ambiguïté constitue sans aucun doute
une dimension clé dans la survie et le développement des projets
de création d’entreprise innovante. De même, il ne peut être fait
abstraction de l’influence de leur cognition sur leur comportement
et leur performance
La relation empirique existante entre ces différents acteurs entre-
preneuriaux pour le développement économique est conçue comme
suit. En effet, les entreprises qui ont à leur tête des managers ou des

66
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

promoteurs d’entreprises peuvent bénéficier de l’appui ou l’accom-


pagnement des autres acteurs de l’entrepreneuriat et transmettent un
savoir-faire particulier à leurs apprenants ou stagiaires. Les mana-
gers ou promoteurs d’entreprises qui sont à la tête de ces structures
et peuvent bénéficier de l’appui des acteurs de l’entrepreneuriat
et transmettent un savoir-faire à des particuliers, comme mentors
notamment. Les acteurs de l’entrepreneuriat peuvent appuyer non

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seulement les entreprises et leur manager ou promoteur, mais aussi
les étudiants, élèves et apprenants qui le désirent. Les étudiants,
élèves et apprenants sont les futurs managers ou promoteurs d’en-
treprises et sont susceptibles d’être formés aussi bien par les acteurs
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de l’entrepreneuriat, qu’au sein des entreprises.


2.2. L’accompagnement des porteurs de projet
La délicatesse des entreprises naissantes est aujourd’hui unanime-
ment reconnue. C’est ainsi qu’il apparaît que la phase de création et
de démarrage se caractérise encore par de trop nombreux échecs.
Par ailleurs, la création d’une entreprise innovante est loin d’être
une tâche facile, les capacités de l’entrepreneur et de l’entreprise à
réussir le processus d’innovation sont souvent mises à l’épreuve.
L’entrepreneuriat et l’innovation sont associés depuis que l’écono-
miste autrichien Schumpeter (1942) a éveillé la force du processus
de « destruction-créatrice ». Par ce processus, les nouvelles entre-
prises innovantes mettent en difficulté, voire font disparaître, des
entreprises existantes installées dans leurs secteurs d’activité et qui
n’ont pas su (ou pas pu) adapter leurs produits, leurs organisations,
leurs services ou leurs méthodes/procédés.
Les entreprises, de par leur statut de producteur, de distributeur
de biens et de services et de répartition de la richesse créée se
trouvent au cœur de l’entrepreneuriat. À cet effet, il est intelligent
de s’y appesantir, non seulement pour établir le profil du dispositif
entrepreneurial, du manager, mais aussi du personnel utilisé.
L’accompagnement est un levier de développement des MPME
puisqu’il met en relation d’aide et d’appui deux acteurs clés : l’ac-
compagnant (portant) et l’accompagné (porteur). Le premier ap-
porte au second les informations utiles dans le déploiement du
processus entrepreneurial, mais aussi, il transfère au second des
connaissances et des compétences indispensables permettant de
favoriser la gestion efficace des micros, petites et moyennes en-
treprises particulièrement en phase de création et de démarrage.

67
RISO N°5 - Juin 2018

2.3. Les acteurs de l’accompagnement


L’importance d’accompagner les porteurs de projets innovants
par le développement des écosystèmes spécialisés, adossés aux
organismes de recherche et aux établissements d’enseignements
secondaires ou supérieurs, constitue un des moyens privilégiés de
mettre en action l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Pour
soutenir et appuyer la démarche de ces porteurs de projets innovants

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dès la phase de l’idée jusqu’à la réalisation des acteurs publics et
privés d’accompagnement comme les incubateurs, les pépinières
d’entreprises et les villages artisanaux doivent être mis en place.
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Les acteurs de l’entrepreneuriat représentent aussi bien le dispositif


entrepreneurial qui est non seulement public ou privé mais formel
et informel que sont les incubateurs d’entreprises, les pépinières
d’entreprises et les villages artisanaux, les micros entreprises, etc.
2.3.1. Les incubateurs d’entreprises
L’incubateur d’entreprises est un dispositif qui fournit des compé-
tences entrepreneuriales aux créateurs d’entreprises. C’est donc une
structure d’accompagnement à la création d’entreprises, qui part de
l’idée à la maturation et au développement du projet de création
d’entreprise. Si nous nous référons au cas de la France, c’est la loi
sur l’innovation et la recherche du 12 juillet 1999 qui institue les
incubateurs d’entreprises comme modèle d’accompagnement des
organisations et de leurs promoteurs. Cette loi va ainsi révolutionner
les modes de fonctionnement de l’enseignement supérieur et de la
recherche en faisant la promotion de la valorisation économique
des résultats de recherche. L’un des moyens de cette promotion est
la création d’entreprises technologiques innovantes susceptibles de
valoriser le potentiel de recherche des laboratoires publics.
Les prestations qu’assurent les incubateurs d’entreprises concernent :
la détection et l’évaluation des projets de création d’entreprises au
sein d’établissements d’enseignement primaire, secondaire et supé-
rieur ou au sein d’organismes et centres de recherche ; l’hébergement
et le soutien logistique des porteurs de projets d’entreprises et des
entreprises nouvellement créées ; l’accompagnement de créateurs
dans l’élaboration de leurs projets d’entreprise, notamment dans
les domaines organisationnels, juridiques, industriels, commer-
ciaux, managériaux et pour la gestion des ressources financières
et humaines, l’information et la mise en relation des industriels,
techniciens, gestionnaires, financiers et scientifiques pour l’applica-

68
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

tion de l’idée du projet, la création et le financement d’entreprises,


et la formation des futurs créateurs d’entreprises.
Les incubateurs d’entreprises offrent des espaces de travail (bureaux,
salles de réunion) avec des équipements communs (ordinateurs,
imprimantes, photocopieuses, téléphone, Internet, etc.), du conseil
(en création d’entreprise, en finance, etc.), de la formation (en mana-
gement, marketing, etc.), de l’information (sur les innovations, les

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produits, les services, etc.) et l’accès à des réseaux externes pour les
groupes d’entrepreneurs (réseautage pour l’échange d’expérience).
Ils promeuvent ainsi la mise en pratique de l’entrepreneuriat, le
coaching et l’accompagnement des idées innovantes, la création de
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nouvelles entreprises, le développement de celles déjà existantes


et le développement économique du territoire local, national et
sous-régional.
2.3.2. Les pépinières d’entreprises
La pépinière d’entreprises est un dispositif qui offre des compétences
managériales. C’est donc une structure d’accompagnement qui part
de la création à l’autonomie de l’entreprise, sur une période qui
peut se situer de six à dix-huit mois et parfois jusqu’à trois ans pour
certains types d’entreprises. À l’origine de sa création, la pépinière
d’entreprises était principalement une structure d’hébergement pour
les entreprises nouvellement créées. Mais depuis 1999, répondant
à la norme AFNOR X50.770 qui la qualifie, elle répond à présent à
une conception plus large. En effet, la pépinière d’entreprise est une
structure d’accueil, d’hébergement, d’accompagnement et d’appui
aux porteurs de projets, aux créateurs d’entreprises et aux chefs d’en-
treprise d’une durée de vie évaluée à moins de cinq ans d’existence.
La pépinière d’entreprises offre une collaboration aux nouveaux
créateurs d’entreprises jusqu’au développement de leur organisa-
tion ; favorise leur insertion dans le tissu économique environnant ;
joue le rôle d’interface pour la mobilisation opportune de son réseau
extérieur et environnemental. La pépinière d’entreprise est un outil
de développement économique territorial local. À ce titre, elle a
une vocation de dynamiser le territoire et bien souvent favoriser
un positionnement selon les secteurs d’activités entrepreneuriales :
pépinière d’entreprises artisanales, pépinière d’entreprises dédiée à
un secteur d’activités, pépinières d’entreprise agricoles, pépinières
d’entreprises manufacturières, etc.
Les ressources d’une pépinière d’entreprises sont de quatre ordres :
les ressources humaines (une équipe de professionnelles, de conseil-

69
RISO N°5 - Juin 2018

lers d’entreprise), les ressources matérielles (un espace d’héberge-


ment, des bureaux, du mobilier, des ordinateurs, du logiciel, une
adresse usage commun, une connexion Internet), les ressources
immatérielles (un réseau de partenaires) et des ressources finan-
cières (des subventions).
2.3.3. Les villages artisanaux
Les villages artisanaux sont des dispositifs récents implantés par

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les collectivités territoriales décentralisées (CTD). Ce sont des es-
paces de création, de production et de vente de produits issus de
l’artisanat des jeunes et des femmes. Ces espaces viennent ainsi
combler le vide en créant une structure moderne qui représente et
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commercialise de façon permanente les produits artisanaux. Les


villages artisanaux sont de véritable creuset de l’innovation, des
talents et constituent une plate-forme idéale pour les artisans locaux
et nationaux d’accéder au marché. Ils sont des lieux qui confirment
la vitalité et la créativité des jeunes et des femmes.
De par les services que les incubateurs d’entreprises, les pépinières
d’entreprises et les villages artisanaux offrent aussi bien aux parti-
culiers qu’aux organisations structurées, ces acteurs de l’entrepre-
neuriat contribuent de façon positive au processus entrepreneurial.
2.4. Les dispositifs d’accompagnement au Cameroun et au
Congo
Incubateurs, pépinières d’entreprises, villages artisanaux et autres
systèmes spécialisés dépendent conjointement de l’action des pou-
voirs publics et du secteur privé. Ces derniers, à un niveau local,
national ou international, soutiennent la création et le développement
d’entreprises innovantes pouvant permettre l’émergence d’activi-
tés économiques à haute valeur ajoutée susceptibles de générer et
d’entretenir la croissance.
Les dispositifs d’accompagnement des micros, petites et moyennes
entrepreneurs en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs com-
portent les institutions comme : le ministère en charge des Petites
et Moyennes entreprises (MINPMEESA au Cameroun) avec la di-
rection des PME, les chambres de commerce et d’agriculture, le
Fonds National de l’Emploi (FNE), le Bureau de Mise à Niveau des
Entreprises, la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat, l’Agence
de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises, la Banque des
PME, le Programme d’Appui la Jeunesse Rurale et Urbaine (PA-
JER-U), le Programme d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel
(PIAASI) dédié aux entrepreneurs jeunes du secteur informel, le

70
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

Programme Growth Oriented Women Entrepreneurs (GOWE) des-


tiné à soutenir l’entrepreneuriat féminin porté par la Banque Afri-
caine de Développement (BAD), le Programme ACCESS porté par
le GICAM et GFAC, le Programme Gérer Mieux votre Entreprise
(GERME), le Programme entrepreneuriat des jeunes et entrepreneu-
riat féminin (PEF) porté par le BIT, les Bailleurs de fonds comme
la BAD, l’ONUDI et l’AFD, le programme Pro PME, la Fondation
Agro PME, Entreprise Cameroun, Chambre de commerce, les coo-

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pérative d’épargne et de crédit/microfinance, l’association pour la
Promotion des Initiatives Communautaires Africaines (APICA),
le Centre de Formalités et de Création d’Entreprises (CFCE), le
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Centre de Création d’Entreprise de Yaoundé (CCEY), les Banques


d’investissement, les cabinets de conseils, les associations de femmes
d’affaires (GFAC), les tontines, les familles, les proches et réseaux
personnels, les associations d’entrepreneurs.
En plus de certains de ces dispositifs déjà cités plus haut, au Congo
on retrouve, spécifiquement, les organismes comme le Forum des
Jeunes Entrepreneurs du Congo (FJEC), la Caisse de Participation à
la Promotion des Entreprises à leur Développement (CAPPED), le
Groupe d’Appui à la Micro-Entreprise (GAME), l’Agence de Déve-
loppement des Petites et Moyennes Entreprises (ADPME), le chèque
service, le Centre de Formalités Administratives des Entreprises,
les Mutuelles Congolaises d’Épargne et de Crédit (MUCODEC).

3. Méthodologie et discussion des résultats de la


recherche
Nous avons mené une étude quantitative par l’administration d’un
questionnaire comportant quatre volets : entreprises, promoteurs
d’entreprises, apprenants et acteurs de l’entrepreneuriat. La métho-
dologie, la présentation et la discussion des résultats sont contenues
dans les lignes suivantes.
3.1. Méthodologie
L’enquête par questionnaires écrits s’est déroulée dans deux villes
africaines : Yaoundé au Cameroun et Brazzaville au Congo. L’opé-
ration concernait un échantillon de personnes physiques et morales
résidants sur ces territoires nationaux à l’exclusion de ceux du corps
diplomatique. L’unité statistique était les ménages, les sociétés non
financières (SNF), les sociétés financières (SF), les administrations
publiques (APU) et les institutions sans but lucratif au service des
ménages (ISBLSM). Les unités d’observation sont en même temps

71
RISO N°5 - Juin 2018

les entreprises (caractéristiques, besoins, etc.), les administrations


et les institutions (accompagnement entrepreneurial, nature de l’ap-
pui, etc.), et les individus (caractéristiques démographiques, profil
entrepreneurial, etc.). Le questionnaire a été pré-testé auprès d’une
dizaine d’entreprises, de promoteurs d’entreprise, d’apprenants
et d’acteurs d’entrepreneuriat ou de professionnels de l’accompa-
gnement à Yaoundé au Cameroun. Notre échantillon comportait
193 entreprises dont 105 au Cameroun et 88 au Congo ; 466 mana-

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gers ou promoteurs d’entreprise, étudiants, élèves ou apprenants
dont 376 au Cameroun et 90 au Congo et 133 acteurs de l’entre-
preneuriat dont 93 au Cameroun et 40 au Congo. L’administration
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et la collecte des données se sont déroulées en septembre 2016 à


Yaoundé et en décembre 2016 à Brazzaville. Le dépouillement des
questionnaires remplis par ville a permis d’élaborer un document
synthétique comportant plus de 700 tableaux statistiques simples et
croisés (AUF-FSEG, 2016). La discussion d’une partie des résultats
est présentée dans les lignes qui suivent.
3.2. Présentation des résultats
Les résultats de l’enquête montrent que le profil des micros, petites
et moyennes entreprises de cette région ont les caractéristiques
suivantes :
• ont très peu de partenariat ;
• ont une faible employabilité ;
• ont des espaces de travail précaires ;
• jouissent des sources de financement limitées ;
• ont des capacités de financement assez faibles ;
• ont des politiques sociales assez adaptées ;
• n’ont pas recours aux innovations, certifications, licences et bre-
vets ; n’ont pas recours aux sources d’information diversifiées
• et ont eu principalement recourt au recyclage du personnel (ren-
forcement des connaissances) pour compenser la faible capacité
d’innovation.
Les résultats de l’enquête indiquent aussi que le profil des managers
ou des promoteurs d’entreprise et/ou des étudiants, des élèves ou
des apprenants dans cette région, ont les particularités suivantes :
• sont majoritairement des célibataires de moins de 30 ans de
sexe masculin ;
• sont majoritairement en bonne santé ;

72
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

• sont tous scolarisés, n’ont pas majoritairement suivi une forma-


tion technique, technologique ou professionnelle et ont majo-
ritairement une expérience de spécialiste ou de professionnel ;
• ont effectué un stage d’entreprise ; jouissent d’une certaine ca-
pacité d’autonomisation par l’autogestion financière, laquelle
est toutefois insuffisante pour leur permettre de financer seul
une activité entrepreneuriale ;

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• estiment que le système de recrutement par cabinet ou par appel
à candidatures est le meilleur mode d’embauche de salariés ;
• estiment que l’expérience professionnelle et le sexe doivent être
les principaux critères de recrutement ;
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• jouissent d’un niveau élevé de culture et de valeurs entrepre-


neuriales ;
• ne pensent pas que l’appartenance familiale influences les per-
formances des entreprises ;
• ne pensent pas que l’appartenance à une association influence
les performances des entreprises ;
• pensent que l’environnement familial de l’entrepreneur influence
les performances des entreprises ;
• pensent que la communication et le dialogue social au sein de
l’entreprise influencent positivement les performances des en-
treprises ;
• pensent que la culture d’entreprise influence positivement les
performances des entreprises ;
• ont une perception mitigée de l’environnement des affaires et
jouissent d’un capital social, relationnel et un réseautage assez
important.
Les résultats de l’enquête montrent que l’entrepreneuriat dans cette
région abonde des acteurs connus et méconnus du grand public qui :
• accompagnent les entreprises locales et nationales de manière
assez diversifiée ;
• sont des jeunes organisations privées à but lucratif indépen-
dantes ;
• ont un capital social essentiellement national et un personnel li-
mité en effectif et en formation ; ont un partenariat peu développé
avec d’autres organisations locales, nationales et sous-régionales ;
• offrent des enseignements/formations ;
• ont des infrastructures (routes, eau, électricité) et ressources
humaines limités ;

73
RISO N°5 - Juin 2018

• ont des sources de financement diversifiées et assez importantes ;


• ont des offres assez diversifiées (du public et du privé) en ma-
tière d’aide à l’entrepreneuriat ;
• ont des politiques/programmes assez disparates en matière
d’aide au développement ;
• ont des conditions d’accès à leurs services variés ;
• ont des politiques de tarification de leurs services variés ;

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• ont une clientèle qui évolue de manière croissante et peu pa-
nachée ;
• ont une clientèle qui voit évoluer de manière croissante leur
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offre un service renouvelé ;


• offrent peu de services substituables aux entreprises clientes
et les défis auxquels ils font face relativement aux individus à
appuyés sont nombreux.
3.3. Discussion des résultats
Les caractéristiques particulières des entrepreneurs à la tête des MPME
au Cameroun et au Congo conditionnent le succès ou l’échec de leur
organisation. En effet, la mobilisation des ressources utiles à la créa-
tion, au démarrage et au développement des MPME en dépend. Le
niveau d’éducation et de formation de l’entrepreneur, son expérience
professionnelle, son réseau et son milieu social d’origine en sont des
traits et des marques les plus courants dans la littérature économique.
On s’attend à ce que les entreprises qui ont des dirigeants éduqués et
des employés bien formés aient une meilleure amélioration de leurs
activités entrepreneuriales. Ces vertueuses capacités découlent de leur
niveau d’éducation et de connaissances entrepreneuriales avérées.
L’expérience professionnelle antérieure et le parcours du dirigeant/
promoteur/entrepreneur contribuent également à l’augmentation du
volume des affaires à entreprendre. Les effets des compétences et
l’élargissement des réseaux sociaux, le networking2 (Assens et Abittan,
2010) des dirigeants, sont importants dans le processus de densifi-
cation du tissu entrepreneurial au Cameroun et au Congo.

2 Le networking ou le réseautage est considéré comme un facteur déter-


minant dans la logique des pôles de compétitivité que ce soit au niveau de leur
structuration que de leur développement. Le Cameroun s’est ainsi lancé dans
l’établissement d’un écosystème d’innovation qui rassemble une multitude de
parties prenantes dans le cadre de partenariats public-privé, afin de favoriser
le développement économique régional et la compétitivité de son tissu entre-
preneurial.

74
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

Ces résultats sont plus ou moins vérifiées en Afrique Centrale et


dans les Grands Lacs d’autant plus que plusieurs travaux empi-
riques montrent que le niveau d’éducation et des connaissances
est fondamental dans le dynamisme des entreprises des femmes et
des jeunes pour leur autonomisation. Il existe des caractéristiques
étudiées en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs comme les
différences hommes/femmes, autochtones/étrangers, majorité/mi-
norité, handicapés/aptes, les groupes ethniques les uns par rapport

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aux autres qui ont une forte influence sur le développement de la
MPME. L’analyse par le genre montre que les entreprises dirigées
par les hommes sont plus grandes et plus capitalisées que les en-
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treprises féminines. De plus, ces dernières créent leurs entreprises


dans des secteurs plus proches des activités domestiques. Les entre-
prises détenues par les entrepreneurs originaires des pays d’Afrique
Centrale et des Grands Lacs diminuent au fur et à mesure que leur
taille augmente, alors que cette propension est inversée pour les
étrangers qui ont tendance à créer des entreprises plus grandes.
Les résultats des enquêtes montrent l’existence de groupes aux
caractéristiques entrepreneuriales ethniques particulières qui té-
moignent de ce dynamisme entrepreneurial. Ce sont les Bamilékés
au Cameroun et les Bakongo au Congo.
L’enseignement des connaissances entrepreneuriales et la for-
mation à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes exercent un
double effet sur l’autonomisation et sur la croissance économique.
D’abord, d’avoir un impact considérable sur les performances des
entrepreneurs en les aidant à augmenter les chances de survie de
leur entreprise et, dans une moindre mesure, à en augmenter la
rentabilité. Lorsque l’enseignement comporte un apprentissage à
l’entrepreneuriat, les probabilités de création de nouvelles entre-
prises et d’exercice d’un travail indépendant s’accroissent, tandis
que les récompenses économiques et la satisfaction personnelle
des individus ayant créé leur entreprise augmentent. Ensuite, bien
que difficile à mesurer, le deuxième effet est lié à l’impact à long
terme que la formation à l’entrepreneuriat peut avoir sur l’esprit
d’entreprise et sur les mentalités vis-à-vis de cette activité. Comparés
aux anciens élèves d’écoles pratiques de commerce, les diplômés
en entrepreneuriat : ont trois fois plus de probabilités de créer des
entreprises ; ont trois fois plus de probabilités d’exercer un travail
indépendant ; affichent un revenu annuel supérieur de 27 % ; et
possèdent un patrimoine supérieur de 62 % sont plus satisfaits de
leur emploi selon Charney et Libecap (2000).

75
RISO N°5 - Juin 2018

Les organismes en charge de l’accompagnement des entrepreneurs


sont multiples et échangent peu entre eux. L’accompagnement
suppose la mise en réseaux des structures de coaching, voire la
mutualisation des ressources. Dans cette perception, les dispositifs
d’accompagnement pourraient fabriquer des mallettes pédagogiques
pour mieux guider et orienter les entrepreneurs en améliorant leurs
connaissances entrepreneuriales pour faciliter leur apprentissage.
Ceci permettrait de répondre plus efficacement aux besoins spéci-

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fiques et aux attentes des porteurs de projets et des entrepreneurs.
Les entrepreneurs pourraient se constituer également en réseaux
d’entrepreneurs, cadre d’échanges des expériences et pratiques pro-
fessionnelles, de mutualisation des ressources et cadre d’élaboration
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des propositions visant la valorisation de leurs métiers.

Conclusion
Il était question dans cet article d’analyser la relation entre les
connaissances entrepreneuriales et le développement économique
pour une autonomisation des femmes et des jeunes par la création
d’entreprises et d’emplois durables au Cameroun et au Congo, en
Afrique Centrale et dans les Grands Lacs. L’entrepreneuriat des
jeunes et des femmes a émergé comme une force motrice de crois-
sance et de développement économique parce qu’il constitue un
important canal pour les débordements de connaissances entre-
preneuriales, la commercialisation et l’accès aux marchés globaux.
Les implications pratiques de cette recherche nous conduisent à
formuler un ensemble de recommandations et de propositions qui
s’articulent autour de programmes de formation et d’encadrement,
du soutien à la R&D et de l’amélioration de l’environnement finan-
cier. Il s’agit de :
• favoriser l’accès des nouvelles entreprises aux sources de finan-
cement, en tissant des liens avec les différentes structures de fi-
nancement locales, nationales, sous-régionales et internationales ;
• faciliter la coopération entre les entreprises, les écoles, les uni-
versités et les centres de recherche pour stimuler la diffusion de
l’innovation et le transfert des technologies à travers une « loi
sur l’innovation entrepreneuriale réelle et financière » ;
• mettre en place des actions de sensibilisation à la création d’en-
treprises pour intensifier le nombre de nouveaux promoteurs,
jeunes et femmes ;
• développer des programmes d’encadrement, de formation et
d’accompagnement à la création d’entreprise innovante et fa-

76
Connaissances entrepreneuriales des jeunes et des femmes et
développement économique

voriser l’accès des nouveaux créateurs, jeunes et femmes, à ces


programmes ;
• redéfinir et renforcer la formation en entrepreneuriat et en ma-
nagement des entreprises dans les écoles, les universités et les
centres de recherches en incluant, dans l’offre globale, des sé-
minaires pratiques et fonctionnels de courte durée.
• créer à tous les niveaux d’éducation (primaire, secondaire et

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tertiaire) professionnelle, technique et technologique des incu-
bateurs d’entreprises, des pépinières d’entreprises, à l’image du
mouvement des PEPITE en marche en France ou du Réseau des
Étudiants et des Initiateurs de Nouvelles Entreprises, REINE
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des Talents, en cours d’implémentation dans les universités ca-


merounaises ;
• définir et mettre en œuvre un programme de formation à des-
tination des personnels des réseaux d’appui et d’accompagne-
ment (incubateurs, pépinières d’entreprises, etc.). La formation
des formateurs et des professionnels de l’accompagnement aux
nouvelles activités entrepreneuriales innovatrices (réelles et fi-
nancières) nous apparaissant comme un enjeu majeur dans le
contexte de l’Afrique Centrale et des Grands Lacs ;
• créer une commission spéciale sur l’entrepreneuriat et l’ensei-
gnement (primaire, secondaire et tertiaire) qui vise à promou-
voir des projets pilotes innovants des jeunes et des femmes et à
recenser des cas à succès faciles à capter par d’autres institutions
éducatives. Les ministères de la P romotion des femmes et de la
famille, de la Jeunesse, de l’Éducation, de la Recherche scienti-
fique et de l’Innovation, des PME et de l’Économie, en synergie,
fournissent une aide, un appui, un coaching financier pour la
mise au point des méthodes pratiques et des mallettes péda-
gogiques ainsi que pour d’autres activités (comme des ateliers,
des séminaires, la formation des enseignants, etc.). L’idée est
que l’administration centrale ne doit rien imposer mais faciliter
les adaptations ;
• créer un fonds philanthropique d’entreprise territorial, local,
national ou sous-régional permettant de garantir et d’encadrer
le financement de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes
(Tchouassi et Tekam Oumbé, 2017). Les gouvernements des pays
d’Afrique Centrale et des Grands Lacs se sont déjà engagés dans
leurs documents de stratégies pour l’emploi et la croissance à
prendre des mesures adéquates pour favoriser l’accès des jeunes
et des femmes aux crédits, aux facteurs de productions et de

77
RISO N°5 - Juin 2018

promouvoir l’entrepreneuriat féminin et des jeunes pour leur


autonomisation.

Bibliographie
Albert P., Fayolle A. et Marion S. (1994), « L’évolution des systèmes
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