Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La détention provisoire
Céline Laronde-Clérac
Dans Plein Droit 2019 (2e éd.), pages 227 à 234
Éditions Ellipses
ISBN 9782340035126
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
Références jurisprudentielles
–– Cass. crim., 17 juin 2015, n° 15-82.206 (durée raisonnable)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
–– Cass. crim., 7 févr. 2017, n° 16-86.877 (motivation de l’insuffisance du CJ et de l’ARSE)
–– Cass. crim., 24 janv. 2018, n° 17-86.265 (débat contradictoire)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
Les sept objectifs : 1° conserver les preuves ou les indices matériels qui sont néces-
saires à la manifestation de la vérité ; 2° empêcher une pression sur les témoins ou les
victimes ainsi que sur leur famille ; 3° empêcher une concertation frauduleuse entre
la personne mise en examen et ses coauteurs ou complices ; 4° protéger la personne
mise en examen ; 5° garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition
de la justice ; 6° mettre fin à l’infraction ou prévenir son renouvellement ; 7° mettre
fin au trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public provoqué par la gravité de
l’infraction, les circonstances de sa commission ou l’importance du préjudice qu’elle
a causé. Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l’affaire.
Toutefois, le présent alinéa n’est pas applicable en matière correctionnelle.
228
Fiche 34
Matières Textes Durée Prolongation Durée totale
Correctionnelle Art. 145-1 Quatre Quatre mois renou- – Un an
CPP mois velables – Deux ans pour
certaines infractions
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
décidée par la chambre de l’instruction (CPP, art. 145-1, al. 3, 145-2, al. 3).
En toute matière, la mise en liberté assortie ou non du CJ peut être ordonnée
d’office par le juge d’instruction après avis du procureur de la République ou être
requise à tout moment par ce dernier (CPP, art. 147). Elle peut être demandée à tout
moment par la personne placée en détention provisoire (CPP, art. 148).
En matière correctionnelle, l’ordonnance de règlement met fin à la détention
provisoire (CPP, art. 179, al. 2). En matière criminelle, la personne reste détenue
jusqu’à son jugement (CPP, art. 181, al. 7).
229
Les indispensables
• La détention provisoire est une mesure privative de liberté qui permet
d’incarcérer la personne mise en examen pendant l’instruction.
• Elle intervient à titre exceptionnel si les obligations du CJ ou de l’ARSE
sont insuffisantes.
• La décision de placement en détention provisoire est susceptible de
recours (appel, référé-liberté).
• Le placement en détention provisoire est soumis à des conditions de
fond et de forme.
• Condition tenant à l’infraction commise qui doit être d’une certaine
gravité.
• La détention provisoire doit être l’unique moyen de parvenir à un ou
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
plusieurs des sept objectifs énumérés par l’article 144 du CPP.
• Le placement en détention provisoire est décidé par le JLD saisi par
le juge d’instruction.
• Le JLD statue par une ordonnance motivée après un débat contra-
dictoire.
• La détention provisoire ne peut excéder une durée raisonnable ; le
CPP prévoit des durées précises.
• En matière correctionnelle, l’ordonnance de règlement met fin à la
détention provisoire alors qu’en matière criminelle, la personne reste
détenue jusqu’à son jugement.
230
Cas pratique
CJ et détention provisoire
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
obligations, le juge d’instruction saisit le JLD aux fins de placement en détention provi-
soire. Dans le respect des conditions légales, Henri est placé en détention provisoire.
Quelques semaines plus tard, Henri déclare au greffe de l’établissement pénitentiaire
où il est détenu qu’il a désigné pour l’assister Maître Franck, avocat, en remplacement
de Maître Vincent. Cette déclaration a été transmise au juge d’instruction en charge
du dossier. Pourtant, quelques mois plus tard, c’est Maître Vincent qui est convoqué
en vue du débat préalable à une éventuelle prolongation de la détention provisoire
d’Henri. À l’issue du débat contradictoire au cours duquel Henri n’est assisté d’aucun
avocat, le JLD ordonne la prolongation de la mesure.
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………
231
Corrigé
▶▶ 1. Le contrôle judiciaire
Pour qu’un CJ puisse être ordonné, plusieurs conditions doivent être remplies :
–– la personne mise en examen doit encourir au moins une peine d’emprison-
nement correctionnel (CPP, art. 138, al. 1er) ;
–– la mesure doit être justifiée par les nécessités de l’instruction ou être ordonnée
à titre de mesure de sûreté (CPP, art. 137, al. 2).
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
D’un point de vue formel, le CJ est ordonné par le juge d’instruction qui statue
après avoir recueilli les réquisitions du procureur de la République (CPP, art. 137-2).
En l’espèce, Henri est mis en examen du chef d’escroqueries commises au préjudice de
personnes âgées. Selon l’article 313-2 4° du CP, l’escroquerie est aggravée lorsqu’elle
est réalisée au préjudice d’une personne particulièrement vulnérable en raison de
son âge. L’auteur encourt sept ans d’emprisonnement et de 750 000 euros d’amende.
Henri encourt une peine correctionnelle. La première condition est donc remplie.
Selon la jurisprudence, l’ordonnance du juge d’instruction doit préciser les circons
tances justifiant le CJ au regard des objectifs légaux (Cass. crim., 13 févr. 2002,
n° 01-87.975). Cependant, le juge d’instruction apprécie souverainement si la
mesure est nécessaire (Cass. crim., 19 mars 2002, n° 01-88.829).
En l’espèce, l’ordonnance indique que la mesure est nécessaire pour garantir la
représentation en justice du mis en examen et pour éviter qu’il ne puisse rencontrer
les victimes. Cette motivation permet de justifier la mesure et les obligations imposées
au mis en examen sont en adéquation avec ces objectifs : 1° ne pas sortir de certaines
limites territoriales ; 4° informer le juge d’instruction de tout déplacement au-delà de
ces limites ; 5° se présenter périodiquement aux services de police ; 9° s’abstenir de
rencontrer certaines personnes. Par ailleurs, l’énoncé indique que le juge d’instruction
a statué après avoir recueilli les réquisitions du procureur de la République.
Les conditions du CJ sont donc réunies et la procédure a été respectée.
232
▶▶ 2. La détention provisoire
Fiche 34
Problèmes juridiques : le fait de se soustraire volontairement aux obligations
du CJ peut-il justifier un placement en détention provisoire ? La procédure
de désignation d’un nouvel avocat a-t-elle été respectée ? L’ordonnance de
prolongation de la détention provisoire est-elle frappée de nullité faute pour
l’avocat du mis en examen d’avoir été convoqué au débat contradictoire et
d’avoir pu y assister son client ?
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
prise dans le respect des conditions légales.
233
après un débat contradictoire où le mis en examen n’était pas assisté d’un avocat.
Son avocat valablement désigné en remplacement d’un autre n’avait pas été
convoqué au débat (Cass. crim., 20 août 2014, n° 14-83.699).
En l’espèce, le juge d’instruction a été averti qu’Henri avait désigné un nouvel
avocat en remplacement de Maître Vincent. Pourtant, c’est Maître Vincent qui a
été convoqué au débat contradictoire préalable à l’ordonnance de prolongation
de la détention provisoire. Maître Vincent ne représentant plus Henri ne s’est
évidemment pas présenté et son nouvel avocat Maître Franck n’a pu se présenter
faute d’avoir été convoqué. En conséquence, Henri n’a été assisté d’aucun avocat
durant le débat contradictoire. En application de la jurisprudence précitée, le mis en
examen peut obtenir devant la chambre de l’instruction la nullité de l’ordonnance
de prolongation de sa détention provisoire.
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
234