La Composition Pénale

Fiche 18.
La composition pénale
Céline Laronde-Clérac
Dans Plein Droit 2019 (2e éd.), pages 121 à 127
Éditions Ellipses
ISBN 9782340035126
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
Article disponible en ligne à l’adresse

https://www.cairn.info/les-indispensables-de-la-procedure-penale--9782340035126-page-121.htm
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Fiche 18
La composition pénale
▶▶ Les objectifs de la fiche

• Connaître le domaine d’application de la composition pénale
• Connaître la procédure applicable
• Connaître les effets de la composition pénale
Référence jurisprudentielle
–– Cass. crim., 20 nov. 2007, n° 07-82.808 (obligation de saisir le président du tribunal aux
fins de validation)
I. Le cadre général de la mesure

La composition pénale est une mesure alternative aux poursuites dont l’exé-
cution conduit à l’extinction de l’action publique (CPP, art. 41-2, 41-3). Tant que
l’action publique n’a pas été mise en mouvement, le procureur de la République
peut, sous certaines conditions, proposer à l’auteur d’une infraction une composition
pénale qui consiste en une ou plusieurs mesures limitativement énumérées par la loi.
Si l’auteur de l’infraction donne son accord aux mesures proposées, le procureur de
la République saisit le président du tribunal aux fins de validation de la composition.
Si le magistrat valide la composition, les mesures décidées sont mises à exécution.
En cas contraire, la proposition est caduque. Si l’auteur de l’infraction n’accepte pas
la composition pénale, ou si, après accord, il n’exécute pas les mesures décidées, le
procureur de République met en mouvement l’action publique.
II. Les conditions d’application et le déroulement de la procédure

Les conditions d’application tiennent aux infractions et aux personnes :
1. Conditions tenant aux infractions :
– avoir commis un ou plusieurs délits punis à titre de peine principale d’une peine
d’amende ou d’une peine d’emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à
cinq ans et une ou plusieurs contraventions connexes ;
– avoir commis une contravention ;
– exclusion de certains délits : de presse, d’homicides involontaires, politiques.
2. Conditions tenant aux personnes :
– l’auteur de l’infraction est une personne physique majeure ou un mineur de
treize ans ;
– l’auteur de l’infraction reconnaît les faits.
La loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour
la justice étend la composition pénale à l’encontre d’une personne morale dont le
représentant légal ou délégataire de pouvoir reconnaît sa responsabilité pénale pour
les faits qui lui sont reprochés. Une amende de composition (d’un montant quintuple
de celle encourue par les personne physiques) et l’indemnisation de la victime sont
proposées à la personne morale (CPP, art. 41-3-1 A).
La procédure se déroule selon le schéma suivant :
Proposition directe du procureur de la Proposition directe du procureur de la

République ou par l’intermédiaire d’une République ou par l’intermédiaire d’une
personne habilitée personne habilitée
Acceptation de la proposition par Refus de la proposition par l’auteur de
l’auteur de l’infraction l’infraction ou absence de validation
par le juge lorsqu’elle est nécessaire
Validation par le président du tribunal
ou le magistrat désigné par lui Mise en mouvement de l’action
Exception à la validation par le juge en cas publique par le procureur de la République
de mesure d’amende ou de restitution
inférieure ou égale à 3000 € pour les délits
punis jusqu’à trois ans d’emprisonnement
Lorsque, pour un délit puni d’une peine d’emprisonnement d’une durée inférieure
ou égale à trois ans, la composition porte sur une amende de composition n’excédant
pas 3000 € ou sur le dessaisissement de la chose qui a servi à commettre l’infraction
ou en est le produit lorsque la valeur de la chose n’excède pas 3000 €, la loi n° 2019-222
du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a supprimé
la validation par le président du tribunal.
L’auteur de l’infraction est informé de son droit d’être assisté par un avocat. Cette
procédure donne lieu à l’établissement d’un PV qui contient la preuve de l’avis donné
à l’intéressé de son droit d’être assisté par un avocat, sa réponse concernant ce droit
et qui recueille son accord ou son désaccord à la mesure proposée.
Si la victime est identifiée, le procureur de la République l’informe de ses droits et
il doit également proposer à l’auteur de réparer les dommages causés et en informe
la victime. Le président du tribunal peut procéder à l’audition de la victime et celle-ci
peut demander au procureur de la République de citer l’auteur des faits devant le
tribunal correctionnel pour lui permettre de se constituer partie civile. Le tribunal ne
statue alors que sur les seuls intérêts civils.
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III. Les mesures proposées
Fiche 18
Vingt et une sortes de mesures peuvent être proposées par le procureur de la
République. Parmi celles-ci : le versement d’une amende de composition au Trésor
public, la remise du permis de conduire au greffe du TGI pour une durée maximale
de six mois, l’accomplissement au profit de la collectivité d’un travail non rémunéré,
le suivi d’un stage ou d’une formation dans un service ou un organisme sanitaire,
social ou professionnel d’un délai de trois mois maximum, l’accomplissement d’un
stage de citoyenneté, se soumettre à une mesure d’injonction thérapeutique, ne
pas quitter le territoire national, l’accomplissement d’un stage de sensibilisation
aux dangers de l’usage de produits stupéfiants.
La composition pénale est donc conçue comme une alternative punitive aux
poursuites puisqu’elle tend à sanctionner le délinquant. D’ailleurs, les compositions
pénales exécutées sont inscrites au bulletin n° 1 du casier judiciaire.
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Les indispensables
• La composition pénale est une mesure alternative aux poursuites de
nature punitive.
• La composition pénale exécutée éteint l’action publique.
• L’échec de la composition pénale conduit le procureur de la République
à exercer l’action publique.
• La composition pénale consiste à proposer à l’auteur de certaines
infractions qui reconnaît les faits l’exécution d’une ou plusieurs
mesures limitativement énumérées par la loi.
• La composition pénale suppose l’accord de l’auteur de l’infraction.
• Sauf exception, la composition pénale doit être validée par le président
du tribunal.
• L’auteur de l’infraction a le droit d’être assisté par un avocat durant
la procédure.
• La victime peut demander au procureur de la République de citer
l’auteur devant le tribunal correctionnel qui statue alors sur les seuls
intérêts civils.
• Vingt et une sortes de mesures peuvent être proposées par le procureur
de la République.
• La composition pénale est inscrite au bulletin n° 1 du casier judiciaire.
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Cas pratique
Composition pénale
Marc a été placé en garde à vue pour avoir volé des autoradios dans des véhicules
qui ont été retrouvés à son domicile au cours d’une perquisition. À l’issue de sa garde
à vue, il est immédiatement déféré devant le procureur de la République. Ce dernier
indique à Marc qu’il envisage une composition pénale. Quelques semaines plus tard,
Marc est convoqué devant le délégué du Procureur. Reconnaissant les faits, il signe le
PV de proposition de composition pénale (accomplissement d’un travail au profit de
la collectivité). Cependant, le procureur de la République va décider de ne pas saisir
le président du tribunal d’une requête en validation et va citer Marc devant le tribunal
correctionnel. À l’audience du tribunal correctionnel, Marc est condamné pour vol.
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Corrigé
▶▶ Le principe de l’opportunité des poursuites permet au procureur de la République

de choisir entre différentes voies lorsqu’une infraction a été commise. Il peut soit
classer sans suite, soit décider d’engager les poursuites, soit recourir à une mesure
alternative aux poursuites. Mais peut-il « changer de voie » ? Le cas pratique qui
nous est soumis permet de répondre à cette interrogation. Après avoir proposé une
composition pénale à l’auteur d’une infraction qui l’a acceptée, le procureur de la
République décide de ne pas saisir le président du tribunal aux fins de validation
de la composition pénale et de citer l’auteur devant le tribunal correctionnel qui
le condamne pour vol.
Problème juridique : en application de l’article 41-2 du CPP, lorsque la compo-

sition pénale proposée a été acceptée par le délinquant, le procureur de la
République peut-il finalement décider de ne pas faire valider la composition
pénale et de citer l’intéressé devant le tribunal correctionnel ?
Après avoir vérifié que la composition pénale pouvait être utilisée dans le cas de
Marc (1), nous verrons que la jurisprudence oblige le procureur de la République à
saisir le président du tribunal aux fins de validation de la composition pénale (2).
▶▶ 1. La possibilité de recourir à une composition pénale dans le cas de Marc

L’article 41-2 du CPP permet au procureur de la République, tant que l’action
publique n’est pas mise en mouvement, de recourir à une composition pénale
lorsque plusieurs conditions sont réunies. L’auteur de l’infraction doit être une
personne physique qui reconnaît avoir commis un délit puni d’une peine d’empris-
onnement d’une durée inférieure ou égale à cinq ans. En l’espèce, Marc est une
personne physique et l’énoncé indique expressément qu’il reconnaît avoir volé
des autoradios dans des véhicules. Selon les articles 311-1 et 311-3 du CP, le vol,
définit comme la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui, est puni de trois
ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Le vol est aggravé lorsqu’il est
précédé, accompagné ou suivi d’un acte de destruction, dégradation ou détério-
ration. La peine est alors portée par l’article 311-4 8° à cinq ans d’emprisonnement
et 75 000 euros d’amende. Si le vol des autoradios a conduit Marc à dégrader les
véhicules, cette peine est alors encourue. Cependant, même si la qualification de
vol aggravé est retenue, la sanction encourue permet de recourir à une composition
pénale. Les conditions d’application de cette alternative aux poursuites sont donc
réunies en l’espèce.
▶▶ 2. L’obligation faite au procureur de la République de saisir le président

du tribunal aux fins de validation de la composition pénale
La procédure prévoit que la proposition doit être acceptée par le délinquant et
validée par le président du tribunal saisi par le procureur de la République sauf pour
certaines mesures proposées parmi lesquelles ne figure pas l’accomplissement d’un
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travail au profit de la collectivité. En l’espèce, Marc a signé le PV de proposition
Fiche 18
de composition pénale mais le procureur de la République ne le transmet pas au
président du tribunal pour validation et cite Marc devant le tribunal correctionnel.
La chambre criminelle de la Cour de cassation dans un arrêt du 20 novembre
2007 (n° 07-82.808) a jugé que lorsque l’auteur des faits a donné son accord
aux mesures proposées par le procureur de la République, ce dernier est tenu
de saisir le président du tribunal aux fins de validation de la composition et
ne recouvre la possibilité de mettre en mouvement l’action publique que si ce
magistrat refuse de valider la composition ou si, une fois la validation intervenue,
l’intéressé n’exécute pas intégralement les mesures décidées.
En application de cette jurisprudence, le procureur de la République devait saisir
le président du tribunal d’une requête en validation de la composition pénale.
En conséquence, la citation devant le tribunal correctionnel et le jugement
condamnant Marc pour vol sont frappés de nullité.
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I. Le cadre général de la mesure

II. Les conditions d’application et le déroulement de la procédure

Proposition directe du procureur de la Proposition directe du procureur de la

▶▶ Le principe de l’opportunité des poursuites permet au procureur de la République

Problème juridique : en application de l’article 41-2 du CPP, lorsque la compo-

▶▶ 1. La possibilité de recourir à une composition pénale dans le cas de Marc

▶▶ 2. L’obligation faite au procureur de la République de saisir le président

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