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Haritini Matsopoulou
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Vol
1. Précisions jurisprudentielles
sur la notion de « chose d’autrui »
(Crim., 12 mai 2015, nos 13-87.668 et 14-83.310, Dr. pénal 2015, comm. no 96, note
M. Véron)
857
Le vol ne peut être retenu qu’à l’encontre sa nièce, pour avoir frauduleusement
d’une personne qui n’est pas en mesure soustrait des objets mobiliers se trou-
de justifier d’un titre de propriété sur la vant dans la succession de leur oncle,
chose soustraite. Cependant, la Chambre dont tous trois étaient cohéritiers, et
criminelle n’exige pas que les juges du contre sa sœur seule, pour avoir volé
fond précisent, dans leur décision de des bons au porteur se trouvant dans
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Les deux arrêts du 12 mai 2015, ici com- Les prévenues, le ministère public et la
mentés, viennent enrichir la jurispru- partie civile ayant interjeté appel contre
dence déjà existante, qui s’est prononcée cette décision, la juridiction du second
sur la notion de « chose d’autrui ». Plus degré avait renvoyé les prévenues des
précisément, le premier arrêt concerne fins de la poursuite du chef de vol en
un vol commis par des cohéritiers, tan- réunion et la sœur du plaignant du chef
dis que le second apporte des précisions de vol. Pour ce faire, elle avait retenu
sur le vol des « choses abandonnées ». que « les intéressées étant coproprié-
taires des biens divertis, le délit de
Dans la première affaire, un homme soustraction frauduleuse du bien d’au-
avait porté plainte contre sa sœur et trui ne [pouvait] être constitué ».
(1) Crim., 23 déc. 1963, Bull. crim. no 376 ; cf. aussi Crim., 25 oct. 2000, Bull. crim. no 318 ; Dr. pénal 2001, comm.
no 18, note M. Véron ; JCP 2001, II, 10566, note P. Mistretta ; D. 2001. 1052, note Th. Garé.
Néanmoins, cette décision a encouru la préjudice d’un individu non identifié. Les
censure de la Chambre criminelle. En juges du premier degré l’avaient relaxée
particulier, après avoir rappelé que « le mais la cour d’appel avait infirmé cette
détenteur de biens meubles indivis qui décision et déclaré la prévention éta-
se les approprie ou en dispose à l’insu blie. Pour ce faire, les juges répressifs
des autres coindivisaires commet un vol avaient énoncé que, « si les investiga-
au préjudice de ces derniers », les hauts tions n’[avaient] pas permis de démentir
magistrats ont estimé que la cour d’appel la version du prévenu quant aux circons-
avait violé l’article 311-1 du code pénal et tances dans lesquelles il aurait décou-
le principe précédemment énoncé. vert la somme d’argent, ni de déter-
miner l’origine des fonds, le bien ne
La solution adoptée n’est pas surpre- pouvait néanmoins être regardé comme
nante, puisque, selon une jurisprudence ayant été volontairement abandonné,
constante, le vol peut parfaitement se dès lors que, eu égard à sa grande
concevoir entre copropriétaires 2, coin- valeur et aux circonstances dans les-
divisaires ou cohéritiers 3. Celui qui quelles son détenteur s’en était dessaisi,
s’approprie l’intégralité d’une chose il [était] manifeste que ce dernier avait
commune ou indivise commet un vol l’intention de venir le rechercher après
pour la partie de cette chose qui ne lui avoir échappé à son poursuivant ».
appartient pas. Ainsi, a-t-il été jugé que
la personne, qui avait acquis des biens Vu les indications fournies, la Chambre
indivis, alors que certains des coindivi- criminelle a estimé que la juridiction du
saires s’étaient opposés à leur cession, second degré, qui avait « souverainement
était coupable de vol commis au préju- apprécié qu’il n’y avait pas eu abandon
dice de ces derniers 4. volontaire de la chose et que le prévenu
858 ne pouvait l’ignorer », avait « caracté-
La Chambre criminelle ne fait donc, ici, risé en tous ses éléments, tant matériel
que confirmer cette jurisprudence, en qu’intentionnel, le délit de vol dont elle
rappelant aux juges du second degré a[vait] déclaré l’intéressé coupable ».
une règle qu’elle avait consacrée depuis
longtemps. Il est clair que le présent arrêt soulève le
problème de la distinction entre choses
Quant à la seconde affaire, elle concer- abandonnées et choses perdues. Le vol
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René Garraud écrivait, à propos des ment admis que le détournement peut
choses incorporelles, telles que des « porter sur un bien incorporel » 18,
informations, créances ou pensées, telle une information 19, et ce, indépen-
qu’elles « ne sont, pas plus que les damment de tout support matériel. De
immeubles, susceptibles de déplace- même, on trouve des traces de cette
ment et d’enlèvement et dès lors ne jurisprudence dans le domaine du recel.
peuvent être soustraites » 15. Mais, Ainsi, a été condamné pour ce délit le
depuis que ces lignes ont été écrites, les prévenu qui avait « accueilli, en connais-
nombreuses évolutions technologiques, sance de cause, des renseignements,
et notamment l’apparition et le déve- frauduleusement communiqués, sur un
loppement foudroyant d’internet, ont secret de fabrication et qui les a[vait]
profondément bouleversé de multiples mis en œuvre » 20. Le recel a été éga-
secteurs de la vie quotidienne. lement retenu en cas d’obtention d’in-
formations issues de fichiers couverts
Pour leur part, les juges répressifs ne par le secret professionnel, et commu-
sont pas restés insensibles à ces évo- niquées de manière illicite 21.
lutions. On rappellera qu’une jurispru-
dence audacieuse a retenu, sous l’em- Mais ces solutions jurisprudentielles
pire de l’ancien code pénal, le « vol ont-elles été étendues, par l’arrêt du
860 d’électricité » 16, une telle solution ayant 20 mai 2015 ici commenté, au délit de
été entérinée par les rédacteurs du nou- vol ? La Chambre criminelle a-t-elle
veau code dans l’article 311-2 17. consacré, en l’espèce, le vol d’informa-
tions indépendamment de tout support
Actuellement, on assiste à un mouve- matériel ?
ment jurisprudentiel de plus en plus
favorable à la dématérialisation de cer- La présente affaire concernait un inter-
taines infractions. On en voudra pour naute qui s’était introduit, à l’occasion
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(15) R. Garraud, Traité théorique et pratique de droit pénal, 3e éd., Sirey, 1935, no 2375.
(16) Crim., 3 août 1912, D. 1913. 1, 439, S. 1913, 1, 337, note J.-A. Roux ; Crim., 3 juin 1937, S. 1939, 1, 37 ; RSC 1938.
77, obs. H. Donnedieu de Vabres ; v. aussi : Crim. ; 8 janv. 1958, Bull. crim. no 33 ; JCP 1958, II, 10546, note
Delpech ; D. 1958, somm. 100 ; RSC 1958. 858, obs. P. Bouzat ; Crim., 10 avr. 1964, Bull. crim. no 108 ; Crim.,
11 oct. 1978, Bull. crim. no 270 ; D. 1979. 76, note D. Vuitton ; RSC 1979. 337, obs. P. Bouzat ; Crim., 12 déc.
1984, Bull. crim. no 403 ; RSC 1985. 579, obs. P. Bouzat.
(17) Selon ce texte, « la soustraction frauduleuse d’énergie au préjudice d’autrui est assimilée au vol ».
(18) V. par ex. Crim., 14 nov. 2000, Bull. crim. no 338 ; D. 2001. 1423, note B. de Lamy ; Dr. pénal 2001, comm. no 28,
note M. Véron ; RSC 2001. 385, obs. R. Ottenhof ; Crim., 22 sept. 2004, Bull. crim. no 218 ; D. 2005. 411, note
B. de Lamy ; AJ pénal 2005. 22, obs. J. Leblois-Happe ; RSC 2005. 852, obs. R. Ottenhof ; RPDP 2005. 239, obs.
V. Malabat ; RTD com. 2005. 179, obs. B. Bouloc ; JCP 2005, II, no 10034, note A. Mendoza-Caminade ; Crim., 21
sept. 2011, no 11-80.305, RPDP 2012. 931, note F. Chopin ; Crim., 16 nov. 2011, Bull. crim. no 233 ; D. 2012. 137,
note G. Beaussonie ; RSC 2012. 169, obs. J. Francillon ; Dr. pénal 2012, comm. no 1, note M. Véron ; JCP 2012,
no 322, note S. Detraz ; RPDP 2012. 914, obs. S. Fournier ; RTD com. 2012. 203, obs. B. Bouloc ; Crim., 22 févr.
2012, no 11-82.963 ; Crim., 22 oct. 2014, JCP 2015, no 52, note G. Beaussonie et G. Bagrain, RPDP 2014. 883,
obs. G. Beaussonie (à propos d’un salarié ayant extrait clandestinement des données confidentielles d’une base
informatique interne à la société qui l’employait).
(19) G. Beaussonie, La protection pénale de la propriété sur l’information, Dr. pénal 2008, étude, no 19.
(20) Crim., 7 nov. 1974, Bull. crim. no 323.
(21) Crim., 20 juin 2006, no 05-86.491.
(22) Grenoble, 4 mai 2000, JCP 2001, IV, 1473 (en l’espèce, il a été jugé que le vol d’informations ne se conçoit pas
en l’absence de soustraction d’un support).
(23) V. sur la question J. Devèze, Le vol de biens informatiques, JCP 1985, I, 3210 ; du même auteur : À propos de
l’évolution des délits contre les biens, in Libre droit, Mélanges en l’honneur de P. Le Tourneau, Dalloz 2007,
p. 369 ; J. Francillon, L’adaptation du droit pénal à certaines formes de délinquance informatique et audiovi-
suelle, Mélanges Vitu, éd. Cujas, 1989, p. 215 ; F. Debove, Information mal acquise ne profite jamais, Dr. pénal
1999, chron. no 24 ; G. Beaussonie, La protection pénale de la propriété sur l’information, Dr. pénal 2008, étude
no 19 ; R. Ollard, La protection pénale du patrimoine, Dalloz, coll. Nouvelle bibliothèque de thèses, 2010, no 290.
(24) Crim., 12 janv. 1989, Bull. crim. no 14 ; Gaz. Pal. 1989. 2. somm. p. 283. V. aussi : M.-P. Lucas de Leyssac, L’arrêt
Bourquin, une double révolution : un vol d’information seule, une soustraction permettant d’appréhender des
reproductions qui ne constitueraient pas des contrefaçons, RSC 1990. 507.
(25) Crim., 1er mars 1989, Bull. crim. no 100 ; Gaz. Pal. 1989. 2. somm. p. 474, obs. J.-P. Doucet ; RSC 1990. 346, obs.
P. Bouzat. V. aussi : Crim., 19 janv. 1994, Dr. pénal 1994, comm. no 109, note M. Véron.
(26) Crim., 4 mars 2008, D. 2008. 2213, note S. Detraz ; Dr. pénal 2008. Chron. 10, no 22, obs. A. Lepage ; RSC 2009.
131, obs. J. Francillon ; RPDP 2008. 880, obs. V. Malabat.
(27) En en ce sens, M.-L. Rassat, Droit pénal spécial – Infractions du Code pénal, 7e éd. 2014, no 106.
(28) V. sur la question, S. Détraz, R. Ollard et J.-Ch. Saint-Pau, Contre l’incrimination du vol d’information, in La
réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale, Opinio doctorum, sous la direction de V. Malabat,
B. de Lamy et M. Giacopelli, Dalloz, coll. Thèmes et commentaires, 2009, p. 97 s., et spéc. p. 108.
(29) V. Peltier, Le secret des correspondances, PUAM, 1999, nos 522 s.
(30) Détraz, R. Ollard et J.-Ch. Saint-Pau, art. préc., in La réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale,
Opinio doctorum, p. 108.
(31) Ph. Conte, Droit pénal spécial, 4e éd., Litec, 2013, no 527, p. 306.
décision, tombent sous le coup de l’inter- définie par ce texte, qui n’était pas appli-
diction de l’article 323-3 du code pénal, cable au moment de la commission des
qui sanctionne expressément le fait faits, devra désormais être retenue dans
« d’extraire, de détenir, de reproduire, des situations analogues, si bien que
de transmettre » des données conte- les juges répressifs n’auront nul besoin,
nues dans un système de traitement dans l’avenir, de malmener les disposi-
automatisé. L’incrimination spécifique tions de l’article 311-1 du code pénal.
Escroquerie
(32) Crim., 16 mai 1979, RSC 1980. 447, obs. P. Bouzat ; Crim., 24 sept. 1996, Dr. pénal 1997, comm. no 2, note
M. Véron ; Crim., 26 mars 1998, Bull. crim. no 117 ; RTD com. 1998. 955, obs. B. Bouloc ; Crim., 3 juin 2004, Dr.
pénal 2004, comm. no 155, note M. Véron ; Crim., 2 avr. 2014, Dr. pénal 2014, comm. no 102, note M. Véron (à
propos de la production d’un faux certificat médical tendant à tromper un juge des tutelles).
(33) Crim., 4 avr. 1944, Bull. crim. no 99 ; Crim., 4 mars 1991, Bull. crim. no 106 ; Crim., 19 oct. 1993 ; Dr. pénal 1994,
comm. no 94, note M. Véron ; Crim., 3 janv. 1994, Gaz. Pal. 1994. 1. chron. crim. p. 161, J.-P. Doucet.
(34) Crim., 12 mai 1970, Bull. crim. no 160 ; Crim., 26 mars 1998, Bull. crim. no 117 ; RTD com. 1998. 955, obs. B. Bouloc.
(35) Crim., 2 oct. 1978, D. 1979. IR 116.
(36) Crim., 4 déc. 1969, Bull. crim. no 328.
(37) Crim., 12 déc. 1988, Bull. crim. no 42.
(38) Crim., 21 avr. 1970, Bull. crim. no 136.
(39) Crim., 11 déc. 1973, Bull. crim. no 457 ; Crim., 26 juin 1974, Bull. crim. no 240.
(40) Crim., 6 janv. 1953, Gaz. Pal. 1953. 1. somm. p. 20 ; v. aussi : Crim., 17 juill. 1970, Bull. crim. no 239 ; Aix-en-
Provence, 20 juin 2008, Gaz. Pal. 2009. 2. somm. 3249, note J. Lasserre-Capdeville.
(41) Crim., 30 nov. 1981, Bull. crim. no 315 ; RSC 1982. 622, obs. P. Bouzat ; v. aussi : Crim., 26 avr. 1994, Dr. pénal
1994, comm. no 181, note M. Véron ; Crim., 30 avr. 2003, Dr. pénal 2003, comm. no 119, note M. Véron (à propos
de la prise de fausse qualité d’aveugle).
(42) Crim., 14 mai 1990, Bull. crim. no 187.
Recel
de conséquence ; ce qui signifie qu’il pour recel, alors que les auteurs des
ne peut se concevoir que s’il est établi infractions d’origine, à savoir des délits
l’existence d’une « infraction d’origine » de violation du secret de l’instruction
objectivement punissable. En particu- ou du secret professionnel, n’avaient
lier, cette dernière peut être tout crime pas pu être identifiés. Les solutions
ou tout délit, sous réserve qu’il puisse adoptées avaient, à juste titre, fait l’ob-
permettre la détention d’une chose ou jet de vives critiques car les infractions
le bénéfice d’un produit 43. préalables ne pouvaient et ne peuvent
être commises que par des personnes
Par conséquent, il appartient aux juges disposant d’une qualité déterminée 46.
répressifs de caractériser, dans leur Néanmoins, cette position jurispruden-
décision de condamnation, l’infraction tielle a été remise en cause par d’autres
préalable ayant procuré l’objet recelé. arrêts postérieurs. En effet, la Haute
Ainsi, ont encouru la cassation certains juridiction n’a pas hésité à censurer des
arrêts qui s’étaient simplement conten- décisions de cours d’appel ayant retenu
tés de mentionner « l’origine fraudu- le recel de violation du secret profes-
leuse des choses recelées », sans indi- sionnel sans caractériser le délit princi-
quer la nature précise de l’infraction pal, faute d’avoir constaté la révélation
originaire 44. d’une information à caractère secret par
une personne qui en aurait été déposi-
Mais, dès lors que cette dernière est taire par état ou par profession 47.
constatée, le recel est punissable,
même si l’auteur de l’infraction préa- Sans aucun doute, ce mouvement juris-
lable n’a pas été identifié 45. Néanmoins, prudentiel mérite notre pleine appro-
la non-identification de l’auteur de l’in- bation car le délit de recel suppose,
866 fraction d’origine suscite des réserves d’abord et avant tout, l’existence d’une
lorsque celle-ci ne peut être accomplie infraction préalable. Il va de soi que
que par des personnes ayant une qualité celle-ci doit être dûment caractérisée.
déterminée. C’est qu’en effet, cette qua-
lité fait partie des éléments constitutifs Il est regrettable que le présent arrêt du
de ladite infraction. Si, donc, l’auteur n’a 12 mai 2015 rompe brutalement avec ce
pas pu être identifié, l’infraction préa- mouvement jurisprudentiel et, notam-
lable n’est pas dûment établie et, par ment, avec une jurisprudence antérieure
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(43) V. sur la nature de l’infraction d’origine : A. Lepage et H. Matsopoulou, Droit pénal spécial, éd. PUF, coll. Thémis,
2015, no 876.
(44) Crim., 5 déc. 1946, Bull. crim. no 223 ; Crim., 23 mai 1962, Bull. crim. no 418 ; cf. aussi : Crim., 14 déc. 2000, Bull.
crim. no 381 ; RTD com. 2001. 527, obs. B. Bouloc, D. 2001. IR 831.
(45) Crim., 10 oct. 1972, Bull. crim. no 277 ; v. aussi : Crim., 30 oct. 2006, Bull. crim. no 258 ; D. 2007. 1240, note
A. Guedj ; JCP 2007, II, 10054, note F. Fourment ; RSC 2007. 106, obs. J. Francillon (en l’espèce, il été décidé
qu’« aucune disposition n’impose de rechercher l’auteur de l’infraction de violation du secret de l’instruction
avant de tenter d’identifier les auteurs d’un éventuel recel »).
(46) V. Crim., 3 avr. 1995, Bull. crim. no 142 ; JCP 1995, II, 22429, note E. Derieux ; D. 1995, somm. p. 320, obs. J. Pra-
del ; Dr. pénal 1995, comm. no 175, note M. Véron ; RSC 1995. 599, obs. J. Francillon, et p. 821, obs. R. Otten-
hof ; Crim., 19 juin 2001, Bull. crim. no 149 ; D. 2001. 2538, note B. Beignier et B. de Lamy ; JCP 2002, II, 10064,
concl. D. Commaret et note A. Lepage ; RTDH 2002. 497, note E. Dreyer ; RSC 2002. 119, obs. J. Francillon et
p. 592, obs. J.-P. Delmas Saint-Hilaire.
(47) Crim., 24 mai 2005, Bull. crim. no 155 ; RPDP 2006. 143, obs. J.-Ch. Saint-Pau ; après renvoi : Crim., 4 déc. 2007,
Bull. crim. no 302 ; Dr. pénal 2008, comm. no 37, note M. Véron ; RPDP 2008. 111, obs. J.-Ch. Saint-Pau ; Crim.,
6 mars 2012, Bull. crim. no 61 ; JCP 2012. 547, note S. Detraz ; Dr. pénal 2012, comm. no 68, note M. Véron, ;
RPDP 2012. 645, obs. S. Fournier ; CCE 2012, comm. no 68, obs. A. Lepage.
On rappellera encore ici que, pour retenir telle hypothèse, être considérés comme
le recel, la cour d’appel, approuvée par la complices ? On peut être d’autant plus
Haute juridiction, avait déclaré, en l’es- conforté dans une telle opinion que les
pèce, que « la qualification exacte du délit juges du second degré avaient indiqué
est sans effet sur la nature illicite de l’ori- que l’intéressé avait « usé de compli-
gine de la chose détenue qui est le fonde- cités et de stratagèmes pour obtenir
ment nécessaire et suffisant de l’élément lesdits biens ».
légal du recel ». Il est certain que, ce
faisant, elle se montre peu respectueuse Quoi qu’il en soit, il faut bien reconnaître
de la règle de l’interprétation stricte de que le raisonnement suivi par les juges
la loi pénale, qui exige la qualification répressifs manque de rigueur, ce qui
exacte du crime ou du délit d’où provient nous conduit à regretter davantage que
la chose recelée (C. pén., art. 321-1). Or, leur décision n’ait pas encouru la cen-
aucune précision n’est donnée quant à la sure de la Cour de cassation.
nature exacte de l’infraction préalable.
Dans sa décision de condamnation, la Il ne faut surtout pas confondre la
juridiction du second degré avait fait à la nécessité de caractériser l’infraction
fois état des « objets soustraits » et des d’origine avec celle d’établir l’élément
« biens de consommation détournés à intentionnel du recel. Il s’agit de deux
l’insu de son employeur ». Le doute est conditions différentes nécessaires à la
alors permis. L’infraction préalable était- constitution de cette dernière infrac-
elle un vol ou un abus de confiance ? tion, et qui doivent toutes les deux être
Quant à la Chambre criminelle, elle n’a dûment établies.
retenu, pour sa part, des différents élé-
ments résultant de l’arrêt attaqué et des Or, en l’espèce, on peut constater que
pièces de procédure, que le recel des la cour d’appel ne s’était exprimée que 867
choses « soustraites frauduleusement à sur l’existence de l’élément intentionnel
son employeur », ce qui laisse supposer du recel. Sur ce point, on doit rappeler
que le délit d’origine était un vol. que le recel suppose que l’auteur ait eu
connaissance de la provenance illicite
C’est curieux… autant de suppositions des biens et qu’il ait eu la volonté de les
et de doutes dans une matière soumise conserver ou d’en tirer un profit, par tout
au principe de légalité des délits et moyen. Il appartient, par conséquent,
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(48) Crim., 5 oct. 1977, Bull. crim. no 290 ; Crim., 7 nov. 1990, Dr. pénal 1991, comm. no 77, note M. Véron ; v. aussi
Crim., 20 oct. 2010, JCP 2010. 1273, note S. Detraz (en l’espèce, il a été jugé que le prévenu avait « sciemment
recélé les fichiers clients de son ancien employeur, en les détenant et en les utilisant, après son licenciement,
sachant que ces éléments provenaient d’un vol au préjudice » de la société).
(49) V. Crim., 31 mars 1949, Bull. crim. no 131 ; Crim., 9 nov. 1965, Bull. crim. no 227 ; Crim., 13 mai 1991, Bull. crim.
no 200 ; RSC 1992. 312, obs. J.-P. Delmas Saint-Hilaire ; Crim., 16 déc. 1997, Bull. crim. no 428 ; Dr. pénal 1998, comm.
no 51, note M. Véron ; Crim., 6 oct. 2004, Dr. pénal 2005, comm. no 38, note M. Véron (il importe peu que « le
prévenu n’ait pas connu le détail des circonstances de la commission des délits d’où provenaient les fonds recelés »).
(50) Le receleur s’expose aux peines attachées à l’infraction d’origine dont il a eu connaissance (C. pén., art. 321-4).
Lorsque le fait délictueux principal est accompagné de circonstances aggravantes, le receleur se voit appliquer les
peines attachées aux seules circonstances dont il a eu connaissance ; v. Crim., 19 mars 1986, Bull. crim. no 112 ;
Crim., 5 juill. et 26 juill. 1993, Dr. pénal 1993, comm. no 258, note M. Véron.
(51) Crim., 16 nov. 1983, Gaz. Pal. 1984. 1. somm. 105 ; RSC 1984. 517, obs. P. Bouzat.
(52) V. Paris, 29 janv. 2003, 9e ch., sect. A, arrêt no 01/01383 (relaxe prononcée car les éléments de la procédure ne
permettaient pas d’établir l’intention coupable du prévenu).
(53) Grenoble, 6 avr. 2005, JCP 2005, IV, 3378 (les juges répressifs ont admis, en l’espèce, la bonne foi d’un acheteur
de véhicules d’occasion, qui les faisait expertiser par un garage qui aurait pu se rendre compte du vol).
(54) Crim., 9 juin 2015, Dr. pénal 2015, comm. no 122, note Ph. Conte.
(55) Crim., 9 janv. 1973, JCP 1974, II, 17674, note B. Bouloc ; Crim., 14 nov. 1974, Bull. crim. no 333 ; JCP 1975, II,
18062, note P. Chambon ; Crim., 8 févr. 1993, Bull. crim. no 63 ; Gaz. Pal. 24 juin 1993, p. 9, obs. J.-P. Doucet.
(56) Crim., 28 févr. 1967, Bull. crim. no 78 ; Crim., 26 mars 1990, Bull. crim. no 130. On peut faire observer que,
depuis la loi du 8 juill. 1983, l’assureur de la victime peut intervenir, au procès pénal, lorsque les poursuites sont
exercées pour les infractions d’homicide ou de blessures involontaires ayant entraîné pour autrui un dommage
quelconque ; v. pour une étude détaillée : B. Bouloc, Procédure pénale, 24e éd., Dalloz, 2014, no 292.