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Fiche 20.

La comparution immédiate
Céline Laronde-Clérac
Dans Plein Droit 2019 (2e éd.), pages 137 à 144
Éditions Ellipses
ISBN 9782340035126
© Ellipses | Téléchargé le 02/06/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)

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Fiche 20
La comparution immédiate

▶▶ Les objectifs de la fiche


• Lister les différents modes de saisine du tribunal correctionnel
• Connaître les conditions d’application de la comparution immédiate
• Connaître le déroulement de la procédure de comparution immédiate

Références jurisprudentielles
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–– Cass. crim., 19 févr. 2002, n° 01-84.903 (recours à la comparution immédiate : prise
en compte de la peine et non prise en compte de l’éventuel état de récidive)
–– Cass. crim., 12 avr. 2016, n° 16-81.015 (recueil du consentement du prévenu à être
jugé en comparution immédiate en présence de son avocat)

I. La définition de la comparution immédiate


Le tribunal correctionnel est saisi soit par la comparution volontaire des parties,
soit par la citation, soit par la convocation par procès-verbal, soit par la comparution
immédiate, soit par le renvoi ordonné par la juridiction d’instruction (CPP, art. 388).
La comparution immédiate est un mode de saisine du tribunal correctionnel.
Elle est une procédure accélérée de comparution en ce qu’elle permet au
procureur de la République devant lequel le prévenu est déféré de le traduire
sur-le-champ devant le tribunal. Elle est régie par les articles 395 et s. du CPP.
La loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme
pour la justice est à l’origine d’une procédure de comparution différée qui permet
au procureur de la République, lorsqu’il existe contre la personne des charges suffi-
santes pour la faire comparaître devant le tribunal correctionnel, mais que l’affaire
n’est pas encore en état d’être jugée selon la procédure de comparution immédiate
parce que n’ont pas encore été obtenus les résultats de réquisitions, d’examens
techniques ou médicaux déjà sollicités, si le prévenu est assisté d’un avocat, de
saisir le JLD, dans l’attente de ces résultats, pour requérir un placement sous CJ,
une ARSE ou même un placement en détention provisoire. Le prévenu doit ensuite
comparaître devant le tribunal dans un délai de deux mois. À défaut, la mesure de
contrainte prend fin (CPP, art. 397-1-1).
II. Les conditions d’application de la comparution immédiate
La comparution immédiate peut être utilisée :
– en matière de délits flagrants pour lesquels le maximum de l’emprisonnement
prévu par la loi est au moins égal à six mois ;
– en matière de délits non flagrants pour lesquels le maximum de l’emprisonnement
prévu par la loi est au moins égal à deux ans ;
– s’il apparaît au procureur de la République que les charges réunies sont suffisantes
et que l’affaire est en état d’être jugée.
La comparution immédiate est exclue pour les mineurs, les délits de presse, les
délits politiques et les infractions dont la procédure de poursuite est prévue par une
loi spéciale (CPP, art. 397-6).

III. Le déroulement de la comparution immédiate


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À partir du moment où les conditions d’application sont réunies, le prévenu est
retenu jusqu’à sa comparution qui doit avoir lieu le jour même ; il est conduit sous
escorte au tribunal (CPP, art. 395). À partir de là, plusieurs situations, schématisées
ci-dessous, peuvent se présenter.

Réunion du tribunal impossible Réunion du tribunal possible


le jour même le jour même
Art. 396 CPP Art. 397 CPP

Le procureur de la République peut Le président constate l’identité du


traduire le prévenu devant le JLD aux prévenu, son avocat est avisé et le
fins de placement en détention prévenu est averti qu’il ne peut être jugé
provisoire jusqu’à sa comparution le jour même qu’avec son accord
devant le tribunal recueilli en présence de son avocat

Si le JLD estime que la détention


provisoire n’est pas nécessaire, il peut 1° Prévenu consent :
soumettre le prévenu, jusqu’à sa il est jugé séance tenante
comparution, à une ou plusieurs
obligations du CJ ou le placer 2° Prévenu ne consent pas : renvoi à une
sous ARSE prochaine audience (CPP, art. 397-1)

Lorsque l’affaire est renvoyée à une prochaine audience, celle-ci doit avoir lui dans
un délai compris entre deux et six semaines. Lorsque le prévenu encourt une peine
d’emprisonnement supérieure à sept ans, il peut demander que l’affaire soit renvoyée
à une audience qui devra avoir lieu dans un délai compris entre deux et quatre mois.
Si le tribunal estime que l’affaire n’est pas en état d’être jugée, il peut décider de
la renvoyer à une prochaine audience (CPP, art. 397-1). Si le tribunal estime que la

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complexité de l’affaire nécessite des investigations supplémentaires approfondies,

Fiche 20
il peut renvoyer le dossier au procureur de la République (CPP, art. 397-2).
À la demande des parties ou d’office, le tribunal peut également vouloir procéder
à un supplément d’information (CPP, art. 397-2).
Si le procureur de la République procède comme il est dit aux articles 394 à 396
du CPP, la victime doit être avisée par tout moyen de la date de l’audience (CPP,
art. 393-1).
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Les indispensables
• La comparution immédiate est un mode de saisine du tribunal
correctionnel.
• La comparution immédiate est une procédure accélérée de compa-
rution.
• Le prévenu déféré au procureur de la République est traduit sur-le-
champ devant le tribunal correctionnel.
• La comparution immédiate peut être utilisée en matière de délits
flagrants ou non flagrants pour lesquels le maximum de l’emprison-
nement prévu par la loi est au moins égal à un certain quantum.
• La comparution immédiate est utilisée par le procureur de la République
s’il lui apparaît que les charges réunies sont suffisantes et que l’affaire
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est en état d’être jugée. À défaut, il peut utiliser la nouvelle procédure
de comparution différée.
• La comparution immédiate est exclue pour certaines infractions.
• Si la réunion du tribunal est impossible le jour même, le prévenu peut
être placé en détention provisoire, sous CJ ou sous ARSE dans l’attente
de sa comparution.
• Si la réunion du tribunal est possible le jour même, le prévenu est jugé
immédiatement avec son accord recueilli en présence de son avocat.
• En l’absence d’accord du prévenu, l’affaire est renvoyée à une prochaine
audience qui a lieu dans un délai de deux à six semaines.
• Le tribunal peut estimer que l’affaire n’est pas en état d’être jugée et
la renvoyer à une prochaine audience ou demander des investigations
supplémentaires.

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Cas pratique

Comparution immédiate

▶▶ Dans chacune des situations suivantes, il s’agit de déterminer s’il est possible
d’utiliser la procédure de comparution immédiate :

1. À la suite d’une enquête préliminaire, Jeanne est poursuivie pour escroquerie en


état de récidive.
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2. Julien, seize ans, a volé un vélo.

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3. Étienne, poursuivi pour conduite sans permis et en état alcoolique, refuse de


comparaître sur-le-champ devant le tribunal.

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4. Le tribunal est réuni pour juger Marc en comparution immédiate. Marc est d’accord.
Son avocat n’est pas encore arrivé.

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Corrigé

Fiche 20
▶▶ 1. Comparution immédiate et peine encourue

Problème juridique : est-il possible de recourir à la comparution immédiate


lorsque la peine d’emprisonnement encourue est de dix ans ?

Un raisonnement en deux temps s’impose :


Temps 1
L’article 395 du CPP prévoit que pour les délits non flagrants, la comparution
immédiate peut être utilisée si le maximum de l’emprisonnement encouru est au
moins égal à deux ans. L’article 313-1 du CP punit de cinq ans d’emprisonnement
l’escroquerie. En l’espèce, Jeanne est poursuivie après enquête préliminaire ;
l’infraction n’était donc pas flagrante (V. fiche 9). Le maximum de l’emprison-
nement encouru par Jeanne étant supérieur à deux ans, elle peut être jugée en
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comparution immédiate.
Temps 2
En état de récidive, la peine est doublée en application des dispositions de
l’article 132-10 du CP. Étant en état de récidive, Jeanne encourt dix ans d’empris-
onnement. Selon l’article 397-1, al. 2 du CPP, lorsque la peine encourue est
supérieure à sept ans d’emprisonnement, le prévenu, informé de l’étendue
de ses droits, peut demander que l’affaire soit renvoyée à une audience qui
devra avoir lieu dans un délai qui ne peut être inférieur à deux mois, sans être
supérieur à quatre mois. Si la procédure accélérée peut être utilisée, Jeanne
peut demander à ne pas être jugée en comparution immédiate.

▶▶ 2. Comparution immédiate et minorité du délinquant

Problème juridique : un mineur peut-il être jugé en comparution immédiate ?

L’article 397-6 du CPP exclut l’application des dispositions de l’article 395 du CPP
aux mineurs sans faire de distinction quant à l’âge du mineur. Julien est mineur, il
ne peut donc pas être jugé en comparution immédiate.

▶▶ 3. Accord du prévenu

Problème juridique : l’utilisation de la comparution immédiate suppose-


t-elle l’accord du prévenu ?

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Selon l’article 397 du CPP, lorsque le tribunal est saisi en application de l’article 395
du CPP, le président constate l’identité du prévenu, son avocat ayant été avisé.
Il avertit le prévenu qu’il ne peut être jugé le jour même qu’avec son accord.
Selon l’article 397-1 du CPP, si le prévenu ne consent pas à être jugé séance tenante,
le tribunal, après avoir recueilli les observations des parties et de leur avocat,
renvoie à une prochaine audience qui doit avoir lieu dans un délai qui ne peut
être inférieur à deux semaines, ni supérieur à six semaines. L’accord du prévenu à
être jugé en comparution immédiate est donc nécessaire. Si Étienne refuse d’être
jugé sur-le-champ, le tribunal n’a pas d’autre choix que de renvoyer l’affaire à une
audience ultérieure.

▶▶ 4. Présence de l’avocat

Problème juridique : l’utilisation de la comparution immédiate suppose-t-elle


la présence de l’avocat aux côtés du prévenu lors de l’audience ?
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Selon l’article 397 du CPP, lorsque le tribunal est saisi en application de l’article 395 du
CPP, le président constate l’identité du prévenu, son avocat ayant été avisé. Il avertit
le prévenu qu’il ne peut être jugé le jour même qu’avec son accord. Toutefois, cet
accord ne peut être recueilli qu’en présence de son avocat ou, si celui-ci n’est pas
présent, d’un avocat désigné d’office à sa demande par le bâtonnier.
Tant que l’avocat de Marc n’est pas arrivé ou qu’un avocat n’a pas été désigné d’office
à sa demande par le bâtonnier, il ne peut être jugé en comparution immédiate
même s’il est d’accord car cet accord doit être recueilli en présence d’un avocat.

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