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LES REFORMES EN DROIT JUDICIAIRE PRIVE DE 2001 à NOS JOURS

C’est dans le détail et le vécu de l'institution judiciaire qu'il faut aller chercher les améliorations
à apporter à notre système judiciaire, dans l'intérêt des justiciables, quand bien même cela
bousculerait les habitudes du corps judiciaire ; le Sénégal semble bien comprendre cet enjeu.
En effet, au lendemain des indépendances, il s’est lancé dans « un véritable chantier juridique
»1. A cette période, de grandes réformes ont été entreprises en Afrique et au Sénégal en
particulier allant dans le sens de la consolidation du système juridique en place avec la
codification de certaines matières notamment la procédure civile. Ainsi, l’histoire du droit
judiciaire privé peut être retracée en quelques dates dont la plus mémorable coïncide avec la
codification de la procédure civile qui a pour source le décret 64- 572 du 30 juillet 1964 entré
en vigueur le 1er novembre 1964. Au moment de son entrée en vigueur, ce décret avait apporté
beaucoup de satisfactions aux patriciens en mettant fin au problème de recherche de textes
applicables2. En effet, la procédure civile était régie par des textes hérités des temps coloniaux
tels que l’arrêté du gouverneur du Sénégal du 22 juin 18233 complété de certaines modifications
législatives et des articles isolés du code de procédure civile de 1806 en France . L’ambition
était bien de relever le défi d'une véritable codification ; ce qui a beaucoup contribué à faire
passer un souffle nouveau sur le droit procédural sénégalais grâce aux auteurs du code de
procédure civile qui ont su, habilement et avec élégance, poser un certain nombre de règles
procédurales. Celles-ci vont être complétées d’un point de vue institutionnel. A l’indépendance,
le président de la cour suprême du Sénégal a précisé que « l’organisation judiciaire était
simplifiée avec réalisme et pragmatisme : au sommet, la cour suprême, comprenant des sections
exerçait toutes les hautes fonctions juridictionnelles dans toutes les matières judiciaire,
administrative, financière et constitutionnelle avec l’adoption de l’ordonnance de 1960 portant
loi organique sur la cour suprême. Mais, en 1984, une première réforme intervient concernant
les juridictions de base qui réorganise l’organisation judiciaire du Sénégal en intégralité4.Le
rappel des qualités de ces textes ne nous paraît pas inutile à un moment où l’on a envisagé de
toucher aux grands équilibres en vue de son adaptation permanente aux grandes évolutions de
notre société en matière de justice civile.
D’ où l’impérativité de la mise en place d’une justice accessible et efficiente qui se réclame «
police des droits subjectifs ». Ceci est un objectif que le droit judicaire privé peine à atteindre
sous nos cieux car les reformes survenues au 20eme siècle allant dans ce sens ont été jugées
insuffisantes et ont suscité une vague de contestations des acteurs de la justice et pire
l’indignation des justiciables. Ces maux dont il est question sont liés à l’accès à la justice ; au

1
K.MBAYE, « L’expérience sénégalaise de la réforme du droit », in revue internationale de droit comparé,
page.35
2
DIOUF N, BA.A & SAMBE .I, « Regards sur le décret 2001-1151 du 31 décembre 2001 », in R.S.D.A n°1,
janvier-juin 2003, p.235
3
S.THIAM, « l’histoire de la procédure civile au Sénégal de 1823-1964 », in nouvelles anales africaines, revue de
la FSJP, n°2/08, p.186 ; ou il évoquait que l’arrêté était un instrument de droit commun en matière procédurale de
procédure civile

4
Voir E.MICHELET, « Les incidences de la reforme judicaire du 1er novembre 1884 sur l’organisation judiciaire
et le fonctionnement des juridictions répressives sénégalaises », in annales africaines, 1983, p.261
manque d’infrastructures et à l’insuffisance des ressources humaines dans le milieu judiciaire ;
à des procès jugés très longs ; à des procédures jugées trop complexes ; à la remise en cause de
l’indépendance de la justice et à l’absence de garanties pour l’exécution des décisions5 .
Subséquemment, ces difficultés compromettent la matière et commandent la nécessité
d’évaluer l’efficacité de certaines règles institutionnelles et procédurales et parfois même de
remettre en cause ces reformes antérieures jugées insuffisantes. Il est aujourd’hui banal
d’observer que le droit est vivant, car il reflète et réagit les réalités humaines, sociales et
économiques et évolue avec elles. Cette dynamique du droit est faite d’incessantes
reproductions et de constantes innovations suscitées par la pratique, traitées la jurisprudence ou
encadrées par la loi6.Cela passe indéniablement par la volonté politique de moderniser la Justice
afin de la rendre apte à remplir sa fonction essentielle de régulation sociale et économique,
laquelle s’est exprimée par le biais d’importantes réformes qui ont été initiées et approfondies
ces dernières années. A cet effet, le Code de procédure civile a connu certaines retouches qui
n’ont pas bouleversées sa philosophie générale jusqu’à la modification consécutive au décret
du 31 décembre 2001 qui constitue une étape décisive dans l’évolution du droit procédural
sénégalais. Celle-ci se concrétise de façon perpétuelle grâce aux réformes en droit judiciaire
privé de 2001 à nos jours.

D’ ores et déjà, il convient de préciser que les reformes traduisent l’idée d’un changement de
caractère profond, radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à
améliorer son fonctionnement. Les changements ont pour domaine de prédilection le droit
judicaire privé sénégalais. Cette expression englobe les institutions judiciaires , la procédure
civile et les voies d’ exécution ; justifiée par l’ idée qu’ il peut se décliner dans les autres
contentieux et par le lien qu’ elle souligne , de l’ appartenance de la matière tant au droit privé
qu’ au droit public7 , elle souffre de la concurrence de l’ expression traditionnelle procédure
civile8. Celle-ci découle du jus actionum9 et au sens étroit elle renvoie à un ensemble de
formalités que le titulaire d’un droit doit accomplir pour le faire valoir en justice. L’expression
traditionnelle a posé problème à partir du moment où les programmes officiels de
l’enseignement ont ajouté à l’étude de la procédure civile celle de l’organisation judiciaire et
des règles de compétence. Cela étant, il convient de souligner que par la force des habitudes
l’expression procédure civile reste largement employée10.

Pour ce qui est de l’ année phare à savoir 2001, chronologiquement elle marque le point de
départ de notre étude avec l’ adoption du décret n° 2001-1151 du 31 décembre 2001 modifiant
celui de 1964 portant code de procédure civile du 30 juillet 1964 qui constitue une étape
décisive dans l’évolution du droit privé judiciaire sénégalais ;en effet ce texte a apporté des

5
M.SAMB, « L'accès des justiciables à la justice au Sénégal, Vers une justice de proximité ? », in revue d’Afrique
contemporaine 2014/2 (n° 250), page. 83
6
Voir la communication du professeur Yaya BODIAN, sur « La réduction des délais de mise en état des
procédures en matière commerciale » organisé par le CFJ, du 26 au 28 décembre 2012, p.2
7
G.CORNU et J.FOYER, Procédure civile, PUF, 3 éd, 1996, p.10
8
S. GUINCHARD, F.FERRAND, C.CHAINAIS, Hyper cours procédure civile, DALLOZ, 2011, p.12
9
R.MONIER, Le manuel élémentaire de droit romain, tome 1, Ed. Domat MONTCHRESTIEN, 1947, p.126
10
L.CADIET et E.JEULAND, Droit judiciaire privé, lexis lexis LITEC, 7 ed, 2011, p.8
améliorations techniques au droit judiciaire privé sénégalais afin de lui permettre de remplir
son objet et de donner aux justiciables des règles claires et efficaces pour la mise en œuvre de
la reconnaissance ou de la constitution de leurs droits. Il n’existait aucune disposition d’ordre
général relative à l’action en justice si ce n’est l’art. 29 al. 1 du CPC et pourtant la notion est
fréquemment usitée par le législateur. Toutefois, avec le décret précité, le législateur a posé les
conditions requises pour pouvoir saisir le juge. Certains y voient, la consécration de la théorie
de l’action en justice11 qui se trouve être moniste12. Contrairement au droit français ou l'action
en justice a connu une définition expresse et dualiste13. Il s'agit d’une question controversée
notamment pour ceux qui estiment que l’action en justice et le droit substantiel sont identiques;
c'est la théorie unitaire et ceux qui pensent le contraire, c'est la théorie dualiste. A l'examen, on
aura remarqué que c'est la théorie dualiste qui est la plus conforme à la réalité. En effet, il peut
y avoir action en justice sans droit personnel, c'est le cas lorsque le ministère public agit en
justice pour défendre un droit prévu par la loi. Il peut également y avoir un droit sans action,
l'exemple de l'obligation naturelle : une personne à qui on a promis de donner gracieusement
une somme d'argent ne peut saisir le juge pour réclamer son dû. En tout cas, L'accès à la justice
permet à toute personne qui y a un intérêt légitime et qui présente la qualité éventuellement
requise, d'accéder à une juridiction pour que celle-ci statue sur sa prétention. L'accès à la justice
est donc la condition antérieure au droit d'action et à la demande en justice14. Enfin, le décret
2001 précité s’est montré plus hardi dans la quête de célérité du traitement des litiges que les
reformes précédentes. S’inscrivant dans le même sillage, le décret n° 2013-1071 du 6 août 2013
portant modification du décret n° 64-572 du 30 juillet 1964 allait accentuer cette volonté du
législateur d’accélérer le traitement des procédures juridictionnelles. Ce texte va consacrer
l’extension des pouvoirs du juge de la mise en état, la consolidation de la tendance à
l’accélération de l’instance par une réduction des délais de traitement des affaires notamment
par le biais d’une économie de procédure et la lutte affichée contre les procédures dilatoires ou
abusives. Toutefois, les auteurs du décret du 6 août 2013 n’ont pas abandonné l’objectif de
garantir un équilibre entre la rationalisation de la gestion du temps de la procédure et le respect
des principes directeurs du procès15. Le procès doit être conduit dans le respect des libertés et
droits fondamentaux des parties et des tiers. Dès lors, chaque règle technique, même
d’apparence insignifiante comme le sont, par exemple les règles de forme, doit être rattachée à
un principe fondamental de protection de nos libertés.
Un an après l’adoption du décret 2013, Le droit judiciaire privé est, plus que jamais, sous les
feux de l’actualité. L’année 2014 constitue une étape charnière de l’architecture judiciaire

11
N.DIOUF, A.BA I.SAMBE, regards de Ndiaw Diouf , d’ Amady BA , Ibrahima SAMBE sur le décret n° 2001-
1151 du 31 décembre 2001 modifiant le code de procédure civile , in Revue sénégalaise de droit des
affaires(RSDA), n°1,janvier – juin 2001, p.235
12
Article 1-2 du décret 2001-1151
13
Voir sur l’étendue de la controverse H.VIZIOZ, Etudes de procédure, éditions BIERE, 1956, p.27, voir
également B. ROLLAND, Procédure civile, 2éd, Studyrama, 2007, p.48
14
M.A.F.ROCHE, « Le droit d'accès à la justice et au droit », in CABRILLAC, Rémy, FRISON-ROCHE, Marie-
Anne et REVET, Thierry (dir.), Libertés et droits fondamentaux, 18ième éd, Dalloz, 2012, Paris, p. 500
15
P.A.TOURE, le décret n°2013-1071 du 6 aout 2013 modifiant le décret n°64-572 du 30 juillet portant code de
procédure civile : entre l’accélération de la cadence judiciaire et la préservation des droits des parties au procès »,
in bulletin d’information de la cour suprême 5-6, pp.134 et 135
sénégalaise qui était figée dans ses structures de base depuis trente (30) ans. La réforme de
l’organisation des juridictions a été portée par la loi n° 2014-26 du 03 novembre 2014 fixant
l’organisation judiciaire et par le décret n° 2015-1039 du 20 juillet 2015 portant aménagement
de l’organisation judiciaire et plus récemment par la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril
2016 portant révision de la Constitution. La nouvelle réforme judiciaire inaugure le deuxième
cycle des grandes réformes du service public de la Justice après celle introduite par la loi n° 84-
19 du 2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire et apporte de grandes innovations dans
l’architecture judicaire. Le renouveau de la Justice s’est manifesté par : la mise en place d’une
nouvelle carte judiciaire avec comme corollaire la création des tribunaux de grande instance et
des tribunaux d’instance à la place respectivement des tribunaux régionaux et des tribunaux
départementaux ; la faculté de création de chambres spécialisées en matière civile, commerciale
et pénale dans les tribunaux de grande instance et d’instance ; l’institution de nouveaux
principes d’organisation judiciaire ; l’aménagement des principes classiques d’organisation
judiciaire (principes des droits de la défense et de la collégialité)et la prise en compte de la
Justice de proximité dans la chaîne judiciaire16 unitaire et ceux qui pensent le contraire, c'est la
théorie dualiste. Ainsi, le droit à un tribunal apparaît comme un véritable droit substantiel qui
implique, de la part de l’Etat, un comportement positif, une obligation d’agir et non une simple
abstention17. Cette dimension substantielle précède la dimension procédurale du droit au procès
équitable qui veut que le tribunal présente toutes les garanties d’indépendance et
d’impartialité18 et que sa décision soit rendue en toute équité et dans un délai raisonnable. C’est
en effet aux justiciables qu’il faut toujours penser et qu’il faut mettre non pas au cœur, mais au
centre du système judiciaire, car le cœur, comme dans une centrale nucléaire, c’est celui que
constituent les juges qui font « tourner la machine judiciaire »19. Par conséquent, la nécessité
s’est présentée également pour le législateur d’établir un pacte de confiance entre le juge et le
citoyen-justiciable20. Seront adoptées, ainsi, la loi n°2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour
suprême, loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats, la loi
organique n° 2017-11 du 17 janvier 2017 adopté au Sénégal fixe l’organisation et le
fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature. Ce conseil a été initialement institué en
1960 et était principalement composé de membres de droit. Son élargissement n’intervient
qu’en 1992 avec l’intégration de magistrats élus par leurs pairs. A la lecture de ces textes, des
améliorations ont été notées : le renforcement des mesures statutaires en augmentant le nombre
de magistrats élus au sein du conseil ; en limitant la durée et le nombre des mandats des
membres élus ; la fixation, d’au moins deux réunions par an du conseil supérieur de la
magistrature ; l’ aménagement d’ un droit de recours contre les sanctions prononcées en matière

16
P.A.TOURE, La réforme de l’organisation judicaire commentée et annotée, L’Harmattan Sénégal et CREDILA,
2016, p.27 et s
17
Voir les travaux lors du colloque organisé par le ministère de la justice sur le thème suivant : « la modernisation
de la justice au Sénégal, une perception manifeste », éditions librairie juridique africaine, avril 2017 quand les
participants évoquaient les dispositions que devraient prendre l’état pour garantir l’accès aux juridictions.
18
Discours de Souleymane TELIKO, « Le droit à un procès équitable », lors de l’audience solennelle de rentrée
des cours et tribunaux, janvier 2013
19
MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, Tome 1, éd. Garnier Frères, 1961, Livre XI, Ch. VI, p. 171 pour se rendre
compte du rôle dévolu au juge qui est la bouche de la loi
20
sergeguinchard.blogspot.com ; précisément « RÉFORMER LA PROCÉDURE CIVILE, VITE … MAIS BIEN »,
consulté le 14 juillet 2018 à 9H 10MN
disciplinaire ; l’encadrement des affectations pour nécessité de service ; la formation
professionnelle et la formation continue des magistrats ; ainsi que la limitation dans le temps
de la mesure d’interdiction d’exercer d’un magistrat ; la création de nouveaux emplois
judiciaires ; la réduction de la durée de l’avancement dans l’ordre hiérarchique des magistrats
qui peuvent désormais accéder au grade Hors Hiérarchie dès la 18ème année d’ancienneté et
les fonctions d’inspecteur général et d’inspecteur adjoint son aussi pris en charge par cette loi.
Par conséquent, de nouveaux emplois judiciaires ont donc été institués, au nombre desquels
figurent celui d’inspecteur général adjoint de l’administration de la justice, celui du premier
avocat général et du premier substitut général près la Cour d’appel, ainsi que celui de conseiller
référendaire à la cour suprême. Egalement, nous ne manquerons pas d’évoquer la loi 2017-24
portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce et des chambres
commerciales d’appel. Toutefois, le législateur ne s’est pas limité à promouvoir la qualité de la
justice ; il a pris également en compte la justice privée avec la consécration par le décret 2014-
1653, de la médiation et de la conciliation par un texte spécifique est quelque peu tardif21, mais
elle vient en complément de la réglementation déjà existante sur l’arbitrage. Prétexte est pris
d’aborder les sources internationales, il s’agit de la Charte africaine des droits de l'homme et
des peuples et au niveau communautaire, le Règlement des procédures de la CCJA, le règlement
d'arbitrage de la CCJA, le traité de l’OHADA, l’acte uniforme portant procédure simplifiée d
recouvrement et de voies d'exécution et l'acte uniforme sur l'arbitrage. le 15 mars 2018, sont
entrés en vigueur trois textes majeurs qui renforcent et modernisent le dispositif de l’OHADA
en matière de règlement alternatif des différends : un nouvel Acte uniforme relatif au droit de
l’arbitrage qui se substitue à l’Acte uniforme du 11 mars 1999 et renforce la transparence, la
célérité et l’efficacité des procédures arbitrales dans l’espace OHADA ; un Règlement
d’arbitrage révisé de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA), qui vise à renforcer
l’indépendance et la compétitivité du Centre d’arbitrage de la CCJA à travers une meilleure
harmonisation du Règlement avec l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage et aux
meilleures pratiques internationales ;un dixième Acte uniforme, relatif à la médiation, afin de
combler le vide législatif existant en la matière dans la plupart des États membres de l’OHADA
et promouvoir ce processus amiable de règlement des différends. Ces nouveaux textes sont de
nature à renforcer la confiance des investisseurs et améliorer significativement le climat des
affaires dans l’espace OHADA.
Aborder la question des reformes en droit judiciaire privé nous semble opportun dans le
contexte actuel ou la modernisation de la justice s’inscrit prioritairement dans le programme de
l’état du Sénégal. Il convient d’observer à ce sujet, que le gouvernement, en 2002, dans sa
volonté de relever les défis de gouvernance a élaboré le Programme National de Bonne
Gouvernance (PNBG), une première en Afrique de l’Ouest. En ancrage à la Délégation à la
Réforme de l’Etat et à l’Assistance Technique (DREAT), le programme vient en soutien à
l’opérationnalisation de la stratégie de gouvernance. Il fédère les mesures phares de réformes
institutionnelles, de mise en place de nouveaux mécanismes et procédures administratives ainsi
que des initiatives de développement des ressources humaines. Le PNBG est ainsi articulé
autour de six composantes dont la gouvernance judiciaire. Cette dernière constitue un levier

21
J.L.CORREA : « la médiation et la conciliation en droit sénégalais : libres propos sur un texte règlementaire »,
in Bulletin de droit économique de l’université de LAVAL. p.1
permettant de répondre aux attentes des intervenants au processus judiciaire et à celles des
justiciables (citoyens, Etat, opérateurs économiques, investisseurs, etc. Trois principales
missions sont poursuivies par le programme sectoriel justice : mettre en œuvre la réforme du
secteur, promouvoir la qualité du service public de la justice et rapprocher la justice du
justiciable22. Présentement, le Sénégal a adopté un nouveau Programme de Réformes pour
l’Amélioration de l’Environnement des Affaires et de la Compétitivité (PREAC). Il vient
compléter le dispositif mis en place par le Programme sectoriel Justice (PSJ) et le PGE23, dont
les résultats expliquent, en partie, les succès récents obtenus par le Sénégal dans le classement
mondial du Doing Business ; étant donné que la modernisation s’inscrit prioritairement dans le
programme Sénégal émergent. Donc, les reformes tiennent d’ abord à rendre le monde des
affaires plus attractif par le biais d’une justice fiable et rapide étant qu’ elles s’allient à des
programmes de développement entrepris par les pouvoirs publiques. Egalement l’enjeu social
est non négligeable. En effet, cette étude fait état de la volonté du législateur de consolider le
droit d’ester en justice qui permet aux citoyens de s’adresser à la justice civile afin de parvenir
à la réalisation concrète des droits dont ils se prétendent titulaires vu que les reformes ont pour
cibles l’homme, ses activités et ses biens, ce thème nous renseigne sur le mode d’organisation
et de fonctionnement des juridictions en matière civile sociale et commerciale. Enfin, d’un
point de vue social, ces reformes tendent essentiellement à rapprocher les justiciables de la
justice et d’installer un climat de confiance en faveur de la justice qui est un instrument
fondamental de protection des droits.

22
Voir le Rapport national de Suivi de la Gouvernance 2013, p.44
23
Voir le Projet de Gouvernance Economique avec la collaboration du ministère de la justice et de la banque
mondiale, p.3, « Sénégal fait de la modernisation de la justice un des objectifs fondamentaux de sa stratégie de
Développement. Cette modernisation a été concrétisée à travers un programme décennal, le programme sectoriel
Justice (PSJ), fruit d’un long processus de réflexion et de consultation. L’objectif d’instaurer une meilleure
gouvernance judiciaire est inscrit comme une composante fondamentale dans les différents documents de référence
qui traduisent les orientations stratégiques nationales. Le Plan Sénégal Emergent qui vient d’être adopté confirme
ces dispositions en insistant sur l’amélioration de l’environnement des
Affaires. Ce programme vise à mettre en place des dispositifs institutionnels et des dispositions réglementaires
efficaces, transparentes et indispensables à la stabilité économique, à la prise de décision et à la sauvegarde de la
stabilité politique. Il promeut le renforcement de la protection sociale, privilégie une approche plus qualitative de
la croissance et réaffirme le rôle déterminant du secteur judiciaire dans la politique nationale.

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