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La Ville des expiations - Livre neuvième - Presses universitaires de Lyon https://books.openedition.

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Presses
universitaires
de Lyon
La Ville des expiations | Pierre-Simon Ballanche

Livre neuvième
p. 130-138

Texte intégral
1 Me voici, de nouveau, dans la ville régénératrice.
2 Cette fois, je suis immédiatement introduit au sein de la cité
ésotérique.
3 Pendant que je cheminais le long de l’avenue du temple,
avec le guide qui m’avait été donné, il crut devoir
m’entretenir des divers écrits dont se compose la
Palingénésie sociale.
4 « Mon fils, me disait-il, avoue que tu as été embarrassé pour
réaliser l’Orphée aperçu par toi dans les profondeurs de la
poésie primitive. Ne pouvant ni faire une histoire, ni créer
un mythe, il ne t’a point été donné d’assigner une époque à

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ton poème.
5 — Je n’ai point dû éprouver l’embarras que vous supposez.
Ma propre spontanéité suffisait complètement à mon
dessein. Je n’avais point à peindre une époque fixe et
positive ; je n étais point emprisonné dans un thème
prescrit, dans une sphère qui eût ses limites précises. Je
voulais condenser, dans une seule composition épique, les
quinze siècles de l’humanité qui ont précédé l’histoire ; je
voulais faire la genèse de la gentilité, suppléer, s’il m’est
permis de parler ainsi, à la lacune qui existe entre la Bible et
Homère. L’Orphée est donc la formule la plus générale,
l’expression la plus intimement historique des traditions de
l’Ancien Monde.
6 — Avoue, au moins, que les matériaux dont tu t’es servi
pour les Prolégomènes ont été entassés pêle-mêle par toi, et
que tu as trop laissé à tes lecteurs le soin de les coordonner.
7 — Je ne voulais qu’imprimer un mouvement à leur esprit, et
non lui imposer des opinions. Toutefois ce mouvement est
dans une direction fortement déterminée, et si je ne montre
pas le point où l’humanité doit arriver, du moins je signale
sa marche à travers les siècles. Au reste, je suis venu
chercher ici, et c’est ici que j’espère trouver une véritable
théorie de l’avenir, la pensée éclaircie du but de l’humanité.
8 — Tu ne nieras point que tes idées te sont venues
successivement.
9 — J’ai dit moi-même que je travaillais à ma propre
initiation, et que je désirais y associer mes lecteurs. On ne
pouvait exiger de moi que je revêtisse ma spontanéité
personnelle du manteau de la révélation, que je ne me fisse
pas un devoir de conscience de marquer ce que l’intuition
avait reçu de la méditation et de l’étude. Je ne suis ni
théocrate, ni sectaire.
10 — Tu as parlé des Sibylles, et tu n’as rien dit de celles qui
ont pressenti le christianisme ; et cependant une
iconographie complète a consacrés les traits de leur visage.
De grands peintres n’ont pas craint de les placer dans les
églises chrétiennes. Des hymnes anciens les citent en
témoignage de la tradition 159. De plus, n’a-t-il pas été dit

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que le mot Sibylle est un mot phénicien, et que ce mot


signifie retour de Dieu, révolution divine ?
11 — C’est Boulanger qui a parlé ainsi 160, et je ne sais sur quels
documents. Vico avait remarqué que toutes les nations de la
gentilité avaient eu chacune leur Sibylle, ce qui est vrai.
Quant à moi, j’ai voulu établir que les Sibylles étaient tantôt
des personnifications de cycles sociaux, ou de nationalités
importantes, tantôt des créatures puissamment
assimilatrices. Mais je crois que ce n’est qu’à l’approche de
la manifestation chrétienne qu’elles ont été une expression
des destinées générales de l’humanité. Les chrétiens
primitifs, qui appelaient les Sibylles en témoignage, savaient
bien que toute parole cyclique appartient à notre religion,
qui est la religion même de l’humanité. Ils savaient bien que
toute vaticination véritable est une preuve du brisement de
la révélation universelle dont le genre humain tout entier est
toujours resté dépositaire. C’est ainsi que j’ai cité
Constantin faisant lire au concile de Nicée une belle
traduction grecque du Pollion de Virgile 161. C’est ainsi que
j’ai parlé du Pymandre 162, livre égyptien dont il est
impossible de fixer la date.
12 — On te dira ici bien d’autres choses sur les Sibylles, et sur
la puissance assimilatrice dont elles sont douées.
13 — Ma pensée a entrevu ce que vos hiérophantes doivent en
dévoiler, mais ma pensée timide s’est enfuie sur des ailes de
feu. Et je sais que Marie d’Agréda avait vu sans être éblouie,
avait senti sans être épouvantée.
14 — Eh bien puisque tu as compris cet hystérisme sublime 163
qui donne le sentiment des choses cosmogoniques, tu es
plus avancé que je ne croyais. Je le vois, tu as besoin surtout
de donner de l’assurance à tes pensées intuitives. »
15 Sans doute mon guide avait bien d’autres observations à me
faire ; qui auraient exigé d’autres réponses ; mais nous
arrivâmes au temple, et il dut me quitter. 164
***
16 « Voyons si 165 la morale ne repose pas sur des principes
cosmologiques. Chaque homme représente l’humanité.
17 Le devoir, pour chaque homme, de se respecter lui-même

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est donc le devoir de respecter en lui la dignité humaine.


18 Le devoir de ne point attenter à sa propre vie est donc le
même que celui de ne point attenter à la vie des autres.
19 Kant a donc eu raison de dire : « Agis de telle sorte que la
règle de tes actions puisse être une loi générale 166. »
20 L’Evangile, et cela seul prouverait la divinité de ce livre,
l’Evangile place le critérium de la morale dans le sanctuaire
cosmologique de la Médiation. Chaque homme est le Christ,
c est-à-dire l’humanité à sa plus haute expression,
l’humanité idéalisée, en quelque sorte, par la vertu
assimilatrice du Médiateur.
21 Telle est l’infinie magnificence du dogme eucharistique.
22 Kant a dit encore : « L’Ethique ne s’étend pas au-delà des
devoirs de l’homme envers lui-même et envers les autres
hommes. »
23 Cela peut être vrai dans la sphère purement métaphysique,
et pour l’homme considéré seulement dans son existence
actuelle. Au reste, ce n’est que dans le sens métaphysique
qu’il l’a dit, comme ce n’est que dans ce sens qu’il a établi la
règle de nos actions.
24 Tel est l’homme se posant lui-même, et posant le monde.
25 Mais l’homme cosmique et religieux ne saurait se contenter
d’une Ethique si étroite. La raison humaine serait bien
obligée de déclarer son insuffisance si les traditions
générales du genre humain ne nous avaient pas enseigné la
cosmologie de notre être. Kant établit cette vérité avec une
logique irrésistible, et c’est là le grand bienfait qui eût
préservé Pascal de ses terribles visions.
26 L’homme cosmique et religieux dominant l’homme
métaphysique est appelé à chercher ses rapports avec Dieu,
avec les êtres intelligents, avec les êtres non intelligents,
avec la création telle qu’elle apparaît à nos sens et à notre
esprit.
27 Ainsi, l’Ethique, c’est-à-dire la morale non prescrite par une
loi positive, écrite ou traditionnelle, non circonscrite par le
droit fondé sur la raison ou sur la convention, la morale
absolue et indépendante de toute sanction pénale, reconnaît
un principe cosmologique à ses enseignements.

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28 L’homme pourrait être sans rapport avec sa vie


phénoménale ; il serait, mais avec d’autres conditions : pour
lui, la morale ne peut appartenir exclusivement à son
existence actuelle, car il ne saurait rester emprisonné dans
le monde extérieur de la création. Nous savons bien
d’ailleurs que ce n’est point le lieu de son essence, et qu’elle
n’y est descendue qu’accidentellement.
29 Lorsque l’homme, après avoir appris à se connaître, vient à
se juger, il est un être moral jugeant un être moral. Alors il
ne peut faire autrement que de se juger dans ses rapports
avec Dieu, avec les êtres intelligents et les êtres non
intelligents, avec l’ensemble des choses humaines ou
surhumaines.
30 Toutefois il n’a pas de juridiction sur son propre être,
puisqu’il n’est pas sa cause à lui-même. De là, la nécessité de
l’intervention de l’Etre inconditionnel, de l’Etre en qui est
toute puissance et toute morale, l’Etre à la fois subjectif et
objectif, celui qui a fait la conscience de l’homme, qui l’a
doué de la capacité du bien et du mal.
31 La raison de la juridiction de l’homme sur lui-même est
donc une émanation de la raison inconditionnelle de Dieu.
32 La loi du devoir est donc une loi divine, devenue loi
humaine par l’assentiment de l’homme.
33 L’homme est donc son juge à lui-même selon la juridiction
divine qui résulte du don de la capacité du bien et du mal.
34 Or la juridiction divine place la loi du devoir dans la sphère
de l’infini. De là résulte que la sanction pénale se trouve
aussi dans la sphère de l’infini.
35 La loi morale est donc essentiellement absolue et
inconditionnelle. Mais l’homme, dans son existence
présente, en rapport extérieurement avec le monde de la
création, ne peut que la sentir conditionnelle et progressive.
C’est par un effort de la raison humaine assimilée avec la
raison divine, qu’il sait que la loi morale est absolue.
36 Cet effort, il est tenu de le faire puisque la faculté lui en a été
donnée dès le commencement, comme son titre
imprescriptible à l’existence absolue. Il doit donc travailler
sans relâche à son perfectionnement, c’est-à-dire qu’il doit

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tendre à la perfection, qui, pour lui, n’est autre chose que la


reconstruction de l’être primitif, de l’être absolu.
37 La perfection est donc le but de la loi morale, le but de la
nature humaine, le but de l’homme.
38 Par elle il sortira de l’existence conditionnelle, passagère,
progressive où il est détenu.
39 Jésus-Christ a dit : « Soyez parfaits comme notre Père
céleste est parfait. »
40 Jésus-Christ a pu parler ainsi parce qu’il était venu pour
manifester la religion générale de l’humanité, et cette
religion générale de l’humanité est fondée en définitive sur
la nature intime et absolue de l’homme.
41 Mais le principe cosmologique sur lequel repose la loi
morale a besoin d’être connu dans toute son étendue ; car
c’est seulement ainsi que l’homme peut être expliqué, que la
destinée humaine peut nous être révélée dans la profondeur
de ses mystères.
42 Nous voici donc en présence du dogme redoutable de la
déchéance et de la réhabilitation.
43 Nous voici donc nous affranchissant des chaînes pesantes
de la solidarité pour prendre volontairement les doux liens
de la charité.
44 Nous voici donc enfin sachant que l’expiation est la sanction
pénale de l’infraction antique dont le Médiateur est venu
nous aider à nous relever.
45 Si nous avons bien compris la religion générale de
l’humanité, nous ne pouvons douter que la Médiation ne
s’applique à tout le genre humain. Jésus-Christ a pu dire
avec vérité qu’il a apporté le salut aux hommes. Il a pu dire
avec vérité à son Père : « Pas un de ceux que vous m’avez
confiés ne sera perdu. » En rentrant dans la gloire de son
Père, il a répondu du salut de tous les hommes… »
46 Ici l’hiérophante se trouble. Un cri lugubre retentit dans
l’enceinte sacrée.
47 « Eh quoi ! dit l’hiérophante, je suis obligé de chercher mes
paroles, et ma pensée elle-même devient confuse. Dieu me
soit en aide, et me préserve du blasphème, car je me sens
sur la pente d’un abîme. Oui, cette pensée de l’expiation

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épouvante toutes mes facultés, lorsque je veux l’épuiser. Et


ne faut-il pas que je l’épuise si je veux la connaître, puisque
c’est là que s’est réfugié le sens de l’homme ? Que la nature
humaine, telle qu’il nous est donné de la pressentir, soit
entraînée hors des notions du temps par la haute
contemplation de son essence absolue, ne sera-t-elle pas
forcée de rencontrer, pour toute sanction pénale, au lieu de
l’expiation, les châtiments éternels ? Car qu’y a-t-il hors du
temps si ce n’est l’éternité ?… »
48 Ici les gémissements se prolongent, et deviennent une
angoisse intime. L’hiérophante se trouble de nouveau, et
jetant autour de lui des regards inquiets, il s’écrie :
49 « Dieu ! je ne veux pas devancer tes oracles, car toi seul sais
le moment où tu dois les manifester ! Toi seul sais le jour et
l’heure où tout sceau doit être brisé pour la race humaine.
Nous savons seulement que l’idée définitive est précédée
par des idées préparatoires, que toute gestation est longue,
que tout enfantement est douloureux. Dieu d’amour, n’est-il
pas vrai que le dogme eucharistique est le dogme ineffable
de l’amour, le dogme perpétuel du salut, l’emblème divin, le
symbole cosmogonique et vivant de la Médiation ?
50 L’Eglise de Jésus-Christ, dépositaire du dogme
eucharistique, qui est le dogme continu et sans fin de la
Médiation, saura bien s’expliquer lorsque le temps sera
venu.
51 Le christianisme n’a-t-il pas encore à porter le bienfait de la
Promesse, chez les peuples qui ne l’ont pas encore reçu ? Et
n’est-il (…) »
52 Une clameur confuse se fait entendre. Ce sont des
néophytes qui veulent enfreindre la loi du silence. Ils se sont
introduits dans la ville exotérique pour en étudier les
doctrines, et ils prétendent que nulle doctrine ne leur a été
donnée. Au reste, ils reconnaissent un maître, et ils
affirment que leur maître a fondé une religion 167. Ils vont
jusqu’à dire que cette religion nouvelle envahira le monde.
53 L’hiérophante se lève, et leur adressant la parole, il leur dit :
« Votre maître a-t-il fait des miracles comme Pythagore, ou
comme Apollonius de Thyane 168 ? »

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54 Un des disciples du maître sort du milieu de ses


compagnons, et dit : « Notre maître n’est point un jongleur.
55 — C’est bien, répond l’hiérophante ; toutefois, il faudrait
attendre avant de prononcer que Pythagore fut un jongleur.
Apollonius ne fut pas non plus un jongleur. L’un et l’autre,
aux deux extrémités d’une série de temps, ont du moins
cherché dans la puissance instinctive de l’homme, le moyen
de suppléer à l’insuffisance de la science. Julien, à son tour,
voulut venir au secours du polythéisme s’écroulant de toutes
parts.
56 — Ce n’est ni Pythagore, ni Apollonius que j’ai entendu
désigner par le mot jongleur. Ce serait notre maître s’il eût
voulu faire croire qu’il avait le don des miracles.
57 — Je le sais bien. J’ai voulu seulement vous obliger à
manifester ce qui manque à votre maître. Il a ignoré
complètement la puissance de la foi, parce qu’il manquait de
foi. Allez, et pourtant Pythagore n’a pu que fonder une secte
philosophique, sans prétendre à fonder une religion.
Apollonius n’a pu rien fonder, parce qu’il n’avait pas la
science. Ils n’eurent ni l’un ni l’autre la faculté qui fait les
théocrates. Julien brisa une volonté de fer contre
l’ascendant du christianisme qui, sorti à peine des
catacombes et des sanglantes persécutions, couvrait le
monde.
58 — Notre maître aussi a fondé la religion de l’avenir.
59 — Votre maître n’a point été persécuté. Ses disciples ne
peuvent donner leur sang, car nul pouvoir ne les contraint.
60 — Notre maître n’a à lutter que contre une religion vieillie.
61 — Le polythéisme aussi était vieux lorsque les premiers
apôtres du christianisme vinrent proclamer le Dieu
inconnu.
62 — Le christianisme ne vieillit point.
63 — Votre maître a-t-il visité les sanctuaires et les écoles ?
64 — Il a étudié les sciences humaines.
65 — C’est bien, élevez des écoles de physique et de
mathématique. »
66 Le disciple voulut commencer une discussion.
67 « Je sais votre système, dit l’hiérophante. Vous ignorez

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qu’une religion doit être une psychologie transcendentale.


Vous ignorez qu’une religion est une chose cosmogonique.
Une religion est tenue de dire l’essence des choses. Vous
ignorez ce qu’est la propriété, une identification de la terre
avec l’homme. Vous ignorez ce qu’est la division des sexes
169
. Vous ignorez ce qu’est la destinée humaine (···) »
68 Charles X avait des conseillers intimes 170. Parmi ces
conseillers, s’en trouvait un qui appartenait à une
association secrète instituée pour faire rétrograder le siècle.
Cet homme instruit dans les traditions de l’Orient 171 eût
voulu reconstruire l’Orient. Il n’avait pas assez de larmes
pour déplorer la victoire de Salamine 172. Si Xerxès eût
vaincu, disait-il, le génie remuant de l’Europe aurait été
étouffé. Cet antagonisme du principe ionien et du principe
dorien se serait perdu dans une grande et majestueuse
unité. Le genre humain aurait accompli sa loi de
développement sans passer par toutes les voies sanglantes
par lesquelles il a passé. Cet homme, d’une puissante
conviction, était loin de dire à Charles X une pensée que ce
faible roi était hors d’état de comprendre. Il se contentait de
diriger le monarque en se servant des étroites idées dont il
était préoccupé. D’un autre côté, Charles X écoutait des
prêtres qui avaient mis en oubli la pensée émancipatrice du
christianisme 173. Enfin M. de Polignac, sorte de fanatique
suffisant, type tout-à-fait nouveau, croyait à la possibilité de
rétablir une aristocratie anglaise 174. L’homme inconnu, le
conseiller mystérieux de Charles X, reçut une terrible
révélation par les derniers jours de Juillet. Alors il crut à la
fin du monde. Plusieurs années de suite, son esprit fut
dévasté par toutes les prédictions apocalyptiques dont on
abreuvait les imaginations disposées à l’épouvante, car en
ces jours de crise poignante les idées tiennent du vertige. Il
voyait partout des cratères s’ouvrir sous ses pas. Enfin il
vint se jeter dans la Ville des Expiations. Là, il fut interrogé.
Il espérait le repos et le repos ne lui manqua pas. Un
hiérophante de la ville mystique l’initia aux véritables règles
du christianisme.
69 Dès lors, le repentir entra dans son âme.

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70 Ainsi Charles X, ce roi bien marqué du signe de la


décrépitude d’une race royale, avait obéi, sans en avoir le
sentiment, à une idée puissante qu’il ne connut jamais, qu’il
ne connaîtra jamais. Il est mort dans l’exil, sans avoir
soupçonné la profonde raison de son exil. Il ira dans la vie
future accomplir une initiation qu’il ne put trouver sur son
trône.
71 Lorsqu’il mourut, ses funérailles furent célébrées dans la
Ville des Expiations. Le personnage mystérieux y parut
revêtu d’habits de deuil, et il s’avoua coupable d’avoir
méconnu les lois de la Providence dans les destinées
progressives de l’humanité, d’avoir confondu l’Orient et
l’Occident, d’avoir ignoré la théorie épique et l’unité de
l’histoire.
72 (…) va connaître les secrets du temps et de l’éternité 175.
73 Un silence d’effroi s’établit dans l’assemblée, et nul n’ose
briser un tel silence.
74 Toutefois, après un moment d’attente, celui qui était
désigné pour succéder à l’hiérophante, monte sur l’estrade,
et, debout, prononce ces mots :
75 « La mort a interrompu le discours de celui qui nous parlait.
Ce n’est pas la suite de son discours qu’il eût été important
de connaître, c’est celui qu’il tiendrait s’il pouvait parler à
présent.
76 Les jours de son pèlerinage sur la terre sont accomplis.
Avant de restituer à la terre ce qui lui appartient d’une
dépouille mortelle, rendons témoignage à notre maître bien
aimé.
77 Il fut grand par sa vertu et par sa science.
78 Lorsqu’il prit le gouvernement de la Ville des Expiations, il
fut tenu de dire en présence de tous sa vie, mais sa vie avait
été irréprochable, et il ne put s’accuser. Alors il nous parla
seulement de l’immensité de ses doutes. C’est dans
l’exercice du souverain pouvoir qu’il a trouvé des
convictions. Et cependant, vous venez de l’entendre, ses
convictions n’étaient pas complètes sur toutes choses.
79 Et moi, à mon tour, je vais en présence du mort illustre, dire
ma vie qui hélas est loin d’être une vie irréprochable.

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80 Oui, je suis un meurtrier… »


81 A ces mots un murmure se fait entendre.
82 Lui, sans éprouver le moindre trouble, continue après un
moment de silence :
83 « Lorsque dans l’assemblée secrète, j’ai été désigné pour
succéder à celui-ci, je n’ai point caché ma vie. Le sang qui
était sur mes mains n’a point effrayé les sages.
84 Ainsi donc je suis un meurtrier.
85 Dans mon ardente et indomptable jeunesse, j’ai connu toute
la fougue des passions. J’en jure ici par ce qu’il y a de plus
saint sur la terre et dans le ciel, j’en jure par le noble
vieillard qui vient de mourir, j’ai lutté de toutes mes forces
contre le torrent des passions, et qu’il me soit permis de le
dire aujourd’hui, j’ai lutté quelquefois avec succès.
86 Une jeune fille se présente à moi, je m’enivre de son
pudique regard, je veux qu’elle soit la femme de mon choix
et de mon amour. Des obstacles s’opposent à cette union. Je
les brise avec violence. La jeune fille devient mon épouse
malgré ses parents et malgré les miens. Le chagrin la
dévore. Elle meurt en donnant le jour à l’enfant de toutes
nos tendresses et toutes nos amertumes. Elle s’envole avec
son enfant dans le ciel, et me laisse seul sur la terre. Je me
nourris de mon chagrin et de mes angoisses. Je reste séparé
de sa famille et de la mienne.
87 Un jeune homme avait été la cause de tant de maux. Il
aimait la jeune fille que j’aimais aussi. Il me suscita tous les
obstacles, il appela l’anathème de mes parents sur ma tête,
l’anathème des parents de la jeune fille sur la tête de celle
que j’aimais.
88 Je le fuyais parce que je savais tous les emportements dont
j’étais capable.
89 Un jour, dans un pays étranger, je le rencontre
inopinément. Il était à cheval ainsi que moi. Je cours sur lui.
Nous avions l’un et l’autre des pistolets à notre ceinture.
J’en prends un, et d’un geste irrésistible je lui ordonne d’en
prendre un. Nos deux pistolets partent en même temps,
mais ma haine m’avait donné un coup d’œil plus juste. Il
tomba mort, et d’un regard stupide je considérai longtemps

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le cheval de ma victime s’enfuyant les étriers vides. Je


descendis de cheval, et je vis que la balle avait fracassé la
tête du malheureux.
90 Jusqu’alors la jeune fille qui fut mon épouse m’avait
continuellement visité dans mes songes. Elle m’apparaissait
tenant son enfant dans ses bras. La première fois que le
sommeil vint s’appesantir sur ma paupière, après mon
crime, je la vis ; mais elle n’avait plus son visage serein. Elle
me dit adieu, et son enfant rougit de honte.
91 Je vins dans la Ville des Expiations, de longues années se
sont écoulées. Mes larmes ont été mes prières. Je ne me suis
cru expié que lorsque j’ai été visité de nouveau dans mes
songes par celle qui fut mon épouse adorée sur la terre, et
qui a consenti à redevenir mon épouse dans le ciel. » (…)

Notes
159. Allusion au « Teste David cum Sybilla » du Dies irae.
160. A la fin du chapitre qu’il consacre aux Sibylles, Boulanger hasarde
en effet une étymologie : « Nous pensons (…) que le mot Sybille (sic) est
le même que Syba-el ou Subelium, et qu’il signifie retour de Dieu,
période divine, révolution divine, c’est-à-dire, la grande année, ou,
comme on disait en Egypte, l’année Eliaque, ce qui signifie encore la
même chose qu’année de Dieu », L’Antiquité dévoilée par ses usages…,
Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1775, T. II, p. 124.
161. Ballanche fait ici allusion au Ve livre de la Vie de Constantin par
Eusèbe de Césarée, intitulé Discours de Constantin à l’assemblée des
Saints, et que la légende voudrait qu’il eût adressé aux Pères du Concile
de Nicée. Cette harangue contient, aux chapitres XIX à XXI, de larges
extraits de la IVe Eglogue, citée en grec qui était la langue du Concile.
162. Pymandre (Poimandres) est un personnage mis en scène dans le
traité auquel il a donné son nom, et qui est le premier de ceux réunis
dans le Corpus Hermeticum. D’inspiration très composite, ces textes
comprennent, selon la critique moderne, fort peu d’éléments
proprement égyptiens (voir Corpus Hermeticum, éd. Nock-Festugière,
Paris, 1945, T. I, Préface). C’est dans l’argument du second livre
d’Orphée que Ballanche fait allusion au « Pymandre, livre pseudo-
trimégiste », Œuvres, T. V, p. 128 (S. 432). Une lettre conservée au
Musée Gadagne de Lyon montre qu’en mars 1818 il avait prêté ce texte à
son ami Bredin, qui l’avait jugé « très intéressant pour un admirateur de
Böhme, » et s’était empressé d’en faire des extraits.
163. Célèbre pour ses extases et ses visions, cette religieuse (1602-1665)

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avait composé une Vie de la Sainte Vierge qui fut censurée par les
autorités ecclésiastique.
164. Ballanche écrit histérisme. L’allusion précédente à Marie d’Agréda
confère au terme toute sa valeur qui est, à l’origine, médicale. Littré ne
connaît qu’hystéricisme : « terme de médecine. Grande susceptibilité
aux attaques d’hystérie ». Jusqu’à ce que Pinel et Esquirol aient
entrepris son étude scientifique, cette mystérieuse maladie passait pour
valoir aux personnes qui en étaient frappées des relations privilégiées
avec les puissances surnaturelles.
165. Ici reprennent, après une lacune dans le ms., les enseignements de
l’hiérophante.
166. Même s’il ne présente pas toujours toute la clarté souhaitable, ce
passage témoigne de l’intérêt porté par Ballanche à la pensée kantienne,
qui ne cessait de retenir l’attention en France, depuis le livre de Charles
de Villers (1801) et surtout la présentation que Mme de Staël en avait
faite dans De l’Allemagne. Son commentaire paraît du reste autrement
perspicace et vigoureux que les jugements souvent superficiels des
contemporains (voir Monchoux, L’Allemagne devant les lettres
françaises de 1814 à 1835, Paris, A. Colin, 1953, pp. 293-294.)
Il semble bien que Ballanche, fidèle en cela à ses convictions, inverse la
relation établie par Kant entre la raison et la foi, la philosophie et la
religion, par exemple dans la célèbre dissertation de 1793 intitulée La
Religion dans les limites de la simple raison. Pas plus que le
rationalisme kantien ne refusait la révélation, Ballanche ne rejette sans
appel le rationalisme philosophique, et ces pages le situent très loin de
Lamennais, tel au moins qu’il apparaît dans l’Essai d’un système de
philosophie catholique. Mais Kant tendait à privilégier la raison
pratique, et à tenir — philosophiquement parlant — le Christ et son
enseignement pour l’expression historique de la moralité. Ballanche
adopte l’attitude opposée, et subordonne la raison pratique à la
révélation ; au lieu, pour reprendre son langage, que l’homme
métaphysique domine l’homme cosmologique, c’est « l’homme
cosmique et religieux » qui doit être considéré d’abord, parce que
« l’infinie magnificence du dogme eucharistique » lui permet, s’il sait
s’en rendre digne, de transcender sa nature et de réaliser en lui
« l’humanité idéalisée par la vertu assimilatrice du Médiateur. »
Kant en somme, selon Ballanche, ne voit pas que le respect de la
personne humaine sur lequel repose sa morale est fondé sur le contenu
du dogme, à savoir l’identité médiatisante de tout homme avec le Christ.
Il ne voit pas, d’autre part, que la vérité « cosmologique » domine et
englobe la vérité « métaphysique ». Celle-ci ne considère en effet
l’individu que comme un être abstrait, arraché à l’histoire, alors qu’il est
d’abord une créature soumise à des épreuves régénératrices et promise à
la rédemption.
167. Ces néophytes, à l’évidence, représentent les saint-simoniens,

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auxquels Ballanche reproche précisément de vouloir fonder une


religion, tout en méconnaissant ce qu’est une religion. La sévérité de
Ballanche à l’égard des saint-simoniens est d’autant plus significative
qu’il y avait eu d’abord, entre eux et lui, estime réciproque et vive
sympathie. Dès 1828, si l’on en croit Sainte-Beuve, (Portraits
contemporains, T. II, p. 43,) la lecture de Ballanche avait exercé une
influence importante sur l’orientation religieuse que prit alors l’école
saint-simonienne. En mars 1829, Enfantin fit remettre à Ballanche des
écrits résumant la doctrine de Saint-Simon, et lui demanda en retour
quelques exemplaires des Essais de palingénésie sociale, dont n’avait
été publiée alors qu’une édition à tirage restreint. L’échange de lettres
qui s’ensuivit (Bibliothèque de l’Arsenal, Fonds Enfantin, ms. 1743, fos
312-314) fut plus que courtois. Enfantin transmit à Ballanche
l’expression de la reconnaissance et de la « respectueuse affection » des
disciples de Saint-Simon ; il émit toutefois le vœu qu’après tant d’élégies
sur le passé, l’auteur d’Orphée se confiât plus hardiment à l’avenir et à
ses espérances. Ballanche répondit que la suite de son œuvre serait
précisément consacrée à l’avenir ; « mais il fallait bien, ajoutait-il,
arrêter ses regards sur le passé des destinées humaines avant de les
porter sur leur avenir : l’avenir est engendré par le passé » (lettre datée
du 24 mars 1829, ibid., f° 313). Il y avait là le germe d’une divergence
qui apparut en pleine lumière lorsque les saint-simoniens, un peu plus
tard, se présentèrent comme les porteurs d’une révélation nouvelle et
proclamèrent la « décadence » inévitable du christianisme : tout en
continuant de rendre hommage à Ballanche, « précurseur éloquent
d’une époque qu’il ignore », ils lui reprochèrent de méconnaître
qu’« une transformation complète de la religion est la condition
nécessaire d’une régénération sociale. » (Lerminier : Le Globe, 14
octobre 1830). De fait, aux yeux de Ballanche, fonder l’avenir de
l’humanité sur une rupture avec son passé était une prétention absurde.
168. Ce philosophe néopythagoricien, né à Thyane en Cappadoce et
mort à Ephèse, s’était acquis une immense réputation en raison de ses
connaissances et de l’austérité de ses mœurs, et passait pour
thaumaturge. Les miracles qu’il était censé avoir accomplis furent
parfois opposés à ceux du Christ.
169. Allusion aux aspects les plus scandaleux de la doctrine saint-
simonienne : transformation du régime de la propriété et abolition de
l’héritage, conceptions d’Enfantin sur les rapports entre les sexes et sur
le couple-prêtre. On sait que sur ce second point, un schisme se
produisit en novembre 1831 au sein même de la secte saint-simonienne.
On peut être certain que la rédaction de ce passage est postérieure à
cette date.
170. Allusion à la camarilla ultra qui entourait le roi, et dont Stendhal a
évoqué les passions réactionnaires et les ténébreuses initiatives dans
l’épisode de la Note secrète du Rouge (Livre II, chap. XXI). — On trouve

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dans les Réflexions diverses placées à la fin de l’édition de 1833 des


Œuvres, T. VI, pp. 347-348, (S. 567), des remarques du même ordre.
Ballanche oppose les promesses que paraissait impliquer l’attitude de
Louis XVIII lors de son retour en France en 1814, et l’esprit de réaction
qui gagna les légitimistes après l’assassinat du duc de Berry : « Des
prétentions qui tout-à-coup se sont réveillées, et ont voulu être des
droits, se sont déclarées inhabiles à être jamais satisfaites. Elles ont
voulu associer la dynastie à leurs implacables ressentiments. (…) Osons
le dire ; un parti que rien n’apaise voulait faire de la mort de M. le duc
de Berry le signal d’une restauration illégitime que ce parti appelait de
tous ses vœux. (…) N’avez-vous pas vu, en effet, n’avez-vous pas vu de
vos yeux toutes les ignobles fantasmagories qui ont été imaginées pour
faire naître la terreur dans l’âme de la famille royale (…) ? Des
réquisitoires qui resteront des monuments de ces jours d’épouvante, et
qui devinrent, à l’instant même, comme le droit public des cabinets,
jetèrent, dans les bassins de la balance dont la justice était armée, tout le
poids de l’Europe, enivrée alors du vertige de la peur. » Ballanche a dit
en plusieurs endroits, notamment dans le Post-scriptum de ses Œuvres
daté du 31 décembre 1830, T. VI, p. 356 sq (S. 569), la haute idée qu’il
s’était faite de la Restauration, la mission « palingénésique » dont elle
lui paraissait investie, et sa déception de l’avoir vue se méconnaître elle-
même « en essayant de faire rétrograder l’initiation, au lieu de la
diriger. » Il lui a toujours gardé, du reste, un souvenir reconnaissant et
fidèle (ibid., p. 358 : « C’est la Restauration qui m’a tout enseigné »). On
consultera sur ce point les Réflexions publiées dans le Dossier de la Ville
des Expiations.
171. On pense ici au baron d’Eckstein, que pourraient désigner à la fois
ses liens avec le pouvoir et sa passion pour la sagesse et les traditions
orientales. Mais Eckstein, protégé du baron de Damas, n’a plus reçu de
subsides dès lors que celui-ci eut quitté le ministère des Affaires
étrangères, et son isolement paraît total au moment où, à la fin de 1829,
il cesse de publier sa revue Le Catholique. En fait le personnage a été
imaginé par Ballanche, qui l’a conçu comme un double fantomatique de
Polignac. On trouve en effet dans une note préparatoire les lignes
suivantes : « Dante nommait les personnages de son temps ; il ne
m’appartient pas de faire comme lui. D’ailleurs une loi de la Ville des
Expiations est d’abolir le nom. Je concentrerai dans ce personnage
allégorique tout l’esprit réactionnaire qui a produit l’expulsion de
Charles X (…). Introduire dans la dernière partie de la Ville des
Expiations un personnage emblématique et mystérieux qui aurait joué
un rôle de grande influence, mais d’influence secrète sur les derniers
événements de l’Europe. A cette occasion, l’hiérophante établit ses
doctrines sur la société, sur les dynasties, sur l’autorité, sur
l’obéissance. »
172. Ballanche avait déjà noté dans la Vision d’Hébal p. 162, que « la

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victoire de Salamine règne encore sur le monde ».


173. Le modèle de ces prélats étroitement légitimistes et gallicans
pourrait être le cardinal-duc de Latil, qui, après avoir sacré Charles X à
Reims, devait choisir en 1830 de le suivre en exil. Chateaubriand l’a
retrouvé à Prague en 1833, membre avec le duc de Blacas et le baron de
Damas du « triumvirat (qui) tendait à s’emparer du règne futur en
isolant le jeune Roi » (le duc de Bordeaux, héritier du trône), « en
l’élevant dans des principes et par des hommes antipathiques à la
France », Mémoires d’outre-tombe, Pléiade, T. II, p. 669.
174. Cette brève esquisse correspond assez exactement à l’idée que les
contemporains se faisaient du personnage. Voir Bertier de Sauvigny, La
Restauration, Paris 1955, p. 577.
175. Dans cette lacune des mss. intervient la mort de l’hiérophante. De
ce qui suit, on peut inférer que son remplaçant n’est autre que
Ballanche. La frénétique aventure d’amour et de mort qui va nous être
rapportée transpose en effet de façon flatteuse pour notre auteur
l’épisode malheureux de ses fiançailles rompues avec Bertille d’Avèze,
qui allait épouser l’un des fils de Bonald.

© Presses universitaires de Lyon, 1981

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Référence électronique du chapitre


BALLANCHE, Pierre-Simon. Livre neuvième In : La Ville des
expiations [en ligne]. Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1981
(généré le 25 avril 2022). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pul/714>. ISBN : 9782729709785. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.pul.714.

Référence électronique du livre


BALLANCHE, Pierre-Simon. La Ville des expiations. Nouvelle édition
[en ligne]. Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1981 (généré le 25 avril
2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org
/pul/672>. ISBN : 9782729709785. DOI : https://doi.org/10.4000
/books.pul.672.
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