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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Vol7no3, décembre 2006

LA PRISE EN COMPTE DU MAGICO-RELIGIEUX DANS


LES PROBLEMATIQUES DE DEVELOPPEMENT DURABLE :
le cas du Ngondo chez les peuples Sawa du Cameroun
Esoh Elamé, Docteur en géographie, Enseignant – Chercheur, Scuola Interateneo di Specializzazione
degli insegnanti del Veneto, Université Cà Foscari de Venise, Italie, courriel : esoh_fr@yahoo.fr

Résumé : L’objet de notre communication est de montrer l’interaction qu’il y a entre la culture et le développement en Afrique noire. Plus
concrètement, en partant d’une pratique religieuse traditionnelle des peuples Sawa du Cameroun, nous allons mettre en évidence la
nécessité de prendre en compte les biens culturels matériels et immatériels de type magico-religieux dans les problématiques de
développement en Afrique subsaharienne.
Mots clés : Afrique noire, Développement durable, Culture, Religions Traditionnelles Africaines (RTA)

Abstract : This paper attempts to present interaction between culture and development in Sub-Saharan Africa. More concretely,
considering traditional religious practices of the Sawa people in Cameroon, we focus upon the necessity to take into consideration the
magic religious material and immaterial cultural heritage in the development of the area.
Keywords: Subsaharian Africa, Sustainable development, culture, traditionnal African religion

Le Cameroun est un pays de l’Afrique centrale ayant aujourd’hui modes de vie, les savoir-faire techniques, économiques,
une population de plus de 16 millions (2006) et une mosaïque artistiques et environnementaux, les modes d’organisation
impressionnante de 212 ethnies se côtoyant et continuant à collectifs. A partir du moment où les groupes sociaux se
véhiculer leurs langues et croyances traditionnelles. Parmi les construisent dans les relations qu’ils ont les uns des autres, ils ne
communautés autochtones du Cameroun, on retrouve les peuples relèvent donc pas d’une essence immuable. De ce fait, la culture
Sawa, terme regroupant un ensemble d’ethnies vivant le long du des groupes sociaux n’est pas un phénomène figé mais un
littoral camerounais pour qui l’eau imprègne très fortement leurs processus en constante évolution se définissant en fonction de ses
traditions et cultures. Pour ces peuples, les cours d’eau ont caractéristiques propres et de ses relations avec celles d’autres
toujours joué un rôle important dans le façonnement de leurs groupes sociaux. Les cultures sont donc en perpétuelle
pratiques cosmogoniques dont la plus significative est le Ngondo. construction et s’enrichissent mutuellement.

L’objet de notre propos est de montrer l’attachement du peuple Les peuples Sawa du Cameroun
Sawa au Ngondo, forme de religiosité traditionnelle et
l’importance de prendre en compte cet aspect dans les politiques Le terme Sawa regroupe tous les habitants de la région côtière du
de développement durable. Pour illustrer cela, nous montrerons Cameroun (Figure 1). C’est un ensemble de peuples ayant des
en quoi consiste la pratique spirituelle du Ngondo et comment à origines bantoues et partageant un même héritage historique
travers elle, les peuples Sawa s’approprient leur patrimoine radicalement marqué par certaines valeurs notamment le modèle
aquatique en tant que biens culturels matériels et immatériels de et l’esprit familial, l’hospitalité, le partage, la solidarité, les
type magico-religieux. Enfin, les fonctions socioculturelles du pratiques langagières orales et gestuelles, etc. Les peuples Sawa
Ngondo nous interrogent sur sa pertinence dans le ont donc une armature culturelle commune où s’enchevêtrent
développement durable du littoral camerounais. Ce qui fait appel similarités linguistiques, rites, codes et pratiques religieuses
à un éventuel pilier culturel /interculturel du développement. semblables. Pour ce qui est de l’occupation spatiale, les Sawa se
subdivisent en deux grandes composantes. Le premier groupe est
Nous signalons d’emblée que la définition de la culture que nous constitué de ceux qu’on peut considérer comme les premières
utilisons ici à savoir « l’ensemble des traits distinctifs spirituels nations de la région côtière camerounaise. Il s’agit
et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société particulièrement des Bakoko, les Bassa des régions autour de
ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les Douala, Edéa et Yabassi et également d’autres groupes ethniques
modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de à savoir les Ndokpenda, Yabassi, Yingui, Mbang, Bandem,
valeurs, les traditions et les croyances» fait référence aux Yadimba, Yakalak, Njuki, Yansoki, Bonamateke, Yabea,
travaux de certains auteurs notamment Panoff et Perrin (1973), Ndonga, Adie,Yasuki, Ndokbiakat, entre autres. Le deuxième
Conférence Mondiale sur les politiques culturelles (Mexico, groupe se compose d’un ensemble de peuples ayant un même
1982), Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité ancêtre fondateur. Ce sont notamment les Douala, les Bombedi,
culturelle (Paris, 2 novembre 2001). A cela s’ajoute aussi les les Bokumba, les Bakota et les Bose Minié.

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camerounaises, qui ont, eux aussi leurs pratiques spirituelles


traditionnelles.

Figure 1. Carte des ethnies Sawa du Cameroun.

Les aspects cosmogoniques des peuples Sawa

Comme tous les peuples de l’Afrique subsaharienne, les peuples


Sawa ont un sens profond de la cosmogonie. Cela se retrouve
dans leurs pratiques spirituelles qui font référence à ce qu’on
appelle habituellement Religions Traditionnelles Africaines
(RTA), entre autre objet de plusieurs études (Mulago, 1980; Figure 2. Un moment emblématique des
Magesa, 1997). Mulago (1980) définit justement les Religions festivités du Jengu (Photo : Peuplesawa)
Traditionnelles Africaines comme un « ensemble culturel des
idées, sentiments et rites basé sur : la croyance à deux mondes, Chez le peuple Batanga, le Jengu vit dans le fleuve côtier Lobé
visible et invisible ; la croyance au caractère communautaire et et prend sa source dans le massif du Ntem au centre du parc
hiérarchique de ces deux mondes; l’interaction entre les deux national de Campo Ma’an. Le fleuve Lobé se caractérise part ses
mondes ; la transcendance du monde invisible n’entravant pas chutes connus comme « les chutes de la Lobé ». Ce sont plus
son immanence; la croyance en un Etre Suprême, Créateur, Père précisément une série de petites cascades sur une distance de 1
de tout ce qui existe». Chez les Sawa, la religiosité africaine se km se jetant par la suite directement dans l’océan en plusieurs
matérialise par le «Jengu » dans sa forme actualisée du Ngondo. chutes dont la plus haute mesure près de 15 m. Les chutes de la
Elle n’est qu’un ensemble d’actions et d’attitudes, agissant sur le Lobé représentent pour les Batangas un symbole fort de
mode de vie et de pensée des Sawa, leur permettant de perpétuer croyance. C’est le lieu culturel d’intronisation de leur Roi. Il y
les croyances et rituels ancestraux en tant que véritables séjourne pendant une durée déterminée tout en suivant des rites
expressions et symboles culturels. Le fait d’être riverain des précis afin de recevoir les bénédictions des esprits et des ancêtres
cours d’eaux a amené les peuples Sawa à développer des fondateurs. C’est également le lieu des invocations des esprits de
pratiques religieuses fortement liées aux forces naturelles l’eau pour des raisons aussi bien thérapeutiques que de protection
aquatiques. Ils considèrent leur patrimoine aquatique un bien par exemple. Comme on peut le constater, le Jengu procure un
culturel et spirituel abritant leur divinité du nom de Jengu. Des sentiment d’identité et de non-rupture avec les ancêtres
sources orales, le Jengu, appelé aussi communément «Mami fondateurs. On est alors amené à conclure que la perception par
Water» ou « esprit de l’eau » par les non initiés, est la mère des les Sawa de leur patrimoine aquatique, n’est que celui d’un
eaux. Reconnu dans la tradition comme une divinité hybride, le monde où le visible et l’invisible se côtoient dans une approche
Jengu est une représentation mystique de la toute puissance des symbiotique. Cette perception s’intègre d’ailleurs parfaitement
esprits de l’eau faisant partie intégrante de la vie des peuples bien dans les éléments constituant l’identité négro-africaine telle
Sawa. C’est un être aquatique, difforme par rapport aux humains que le propose Eboussi Boulaga (1976).
et indissociable de l’eau. Les codes culturels, la manière dont un
sawa initié appréhende le monde, part d’une observation de son Le culte du Ngondo
environnement aquatique. Les aspects cosmogoniques des Sawa
se manifestent donc par le Jengu donnant lieu à des expressions Le culte du Ngondo dans sa posture d’assemblée traditionnelle
culturelles particulières les distinguant des autres ethnies réunissant l’ensemble des peuples de la région côtière du
Cameroun, depuis maintenant trois siècles, a toujours symbolisé

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comme priorité, le rapport des Sawa au cosmos, à Dieu battement du tam-tam des officiants pour rappeler et indiquer aux
(Nyambé). Il contribue à la réconciliation entre les peuples Sawa autochtones Sawa l’heure et le lieu de la veillée solennelle du
et les esprits tout en conservant aussi une fonction politique et Ngondo. La cérémonie est ouverte à toutes les couches de la
administrative de gestion de l’espace géographique des peuples population Sawa sans discrimination aucune de sexe, d’âge et de
Sawa. Pris sous cet angle, le Ngondo est toujours apparu comme statut social et a nécessairement lieu dans le territoire d’un des
le cadre privilégié dans lequel sont abordés, discutés et clans Dualas. La veillée est un moment important de méditation
solutionnés sur le fondement des traditions Sawa, tous les spirituelle, où s’entremêlent prières ritualisées et plusieurs
problèmes que ses membres estiment essentiels pour leur actions, guidées par la musique, danse et chants spirituels sous la
épanouissement socioculturel, politique et économique. Héritage coordination des patriarches et chefs de cérémonies. Les prières
religieux traditionnel faisant partie du patrimoine culturel et invocations se font prioritairement par l’utilisation cadencée de
matériel et immatériel1, le Ngondo se compose d’une société langage chanté communément appelé «Ngosso» dans ses
secrète, d’un culte et d’un système de croyance ancien, hérité des versions Mukukumé2 et chants d’évocation publique comme
ancêtres fondateurs. Il est au centre de plusieurs rites, à vocation l’Essewe3. La veillée est aussi une occasion pour les chefs
spirituelle ou thérapeutique, non exclusifs les uns des autres et traditionnels de se retirer dans un sanctuaire pour délibérer à huis
auxquels participent un grand nombre de Sawa. Le culte de clos sur certaines questions concernant l’avenir des peuples
Ngondo ne se fait pas dans n’importe quelle condition, mais dans Sawa.
le cadre de cérémonies précises discrètes se concluant par une
fête annuelle. De nos jours, les festivités magico-religieuses et
culturelles du Ngondo se déroulent le premier week-end de
décembre et durent une semaine. Le choix du mois de décembre
n’est pas occasionnel : période d’étiage, décembre incarne le
début de la saison sèche et donc la période la plus propice à la
navigation légère, favorable à la rencontre d’une part entre les
peuples Sawa et d’autre part entre ces derniers et leurs divinités.

La tenue du Ngondo est annoncée à l’avance depuis la ville de


Douala par des messages sacrés tambourinés. Comme le veut la
tradition, ces messages sont ensuite relayés par d’autres tam-tams
dans toutes les collectivités territoriales Sawa. Dans chaque
localité, l’annonce est décodée et traduite aux populations par des
initiés à la communication orale ethnique à travers un langage
populaire où se moulent paraboles et phrases sacrées. Ce discours Figure 3. La participation des chefs traditionnels aux
des communicateurs publics est appelé dans la tradition "Dikalo", activités secrètes du Ngondo (Photo : Peuplesawa)
et est toujours accompagné de sons de clochette en fer ou bronze.
Le point culminant des pratiques spirituelles du Ngondo est le Sur ce point, il convient de souligner que la délibération à huis
rituel de la "messe des eaux" se célébrant à Douala, sur les berges clos est aussi l’occasion pour les chefs traditionnels de
du Wouri, où ont lieu les veillées, les initiations, les réunions renouveler leur serment avec les divinités des eaux dans le
spirituelles ou thérapeutiques, les entretiens particuliers, les respect des principes fondateurs qui sous-tendent le Ngondo. Au
assemblées générales. Ce lieu incarne d’une certaine manière cours de ce huis clos, sont également arrêtées des décisions
l’émanation parfaite de Jengu. Le but de la messe est de mettre
en communion les peuples Sawa avec leurs divinités. La messe
des eaux se caractérise par deux moments importants. Le premier
2
temps fort concerne la veillée du rite de «la messe des eaux». Le Mukukume est une composition musicale à partir d’un
Tout au long de la journée de la veillée spéciale, on assiste au psaume traditionnel. Il est chanté de manière monotone par un
groupe de chanteurs, initié aux langages du Jengu. Il peut être
exécuté de manière incantatoire lorsqu’il s’agit d’invocation lors
1
Voir la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel de rites magiques.
3
immatériel de l’UNESCO du 17 octobre 2003 et plus Ce sont des chants ritualisés sur l’histoire du peuple Sawa et sur
particulièrement son article 2. La définition qui émane de la leurs pratiques spirituelles. L’Essewe rituel est essentiellement
Convention définit le patrimoine culturel immatériel en termes lyrique. Il comporte un certain nombre de séquences faisant
plus abstraits comme étant les pratiques, représentations, référence à des faits mythiques et historiques connus des initiés.
expressions, ainsi que les connaissances et savoir-faire que des L’Essewe est rythmé par : - une clochette en fer forgé sans
communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus battant appelé " Muken " ; une claquette de bambous appelée
reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. "Mbaka " ; et un hochet en rotin appelé " Musai ". A coté de
Les instruments, objets, artefacts et espaces culturels associés aux l’Essewe ritualisé, on a aussi l’Essewe pour les non initiés, qui
manifestations du patrimoine culturel immatériel, font également est un ensemble de chansons populaires contre l’injustice sociale
partie du patrimoine culturel immatériel. et toute sorte de discriminations.

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capitales sur l’organisation cérémonielle de la grande fête du musicales, vestimentaires et linguistiques pour ne citer que ceux
lendemain. là, ont un lien étroit avec l’environnement aquatique les abritant
depuis des générations. Toutefois, il convient de signaler que le
Le deuxième temps fort concerne le jour de la messe des eaux. Ngondo a connu plusieurs moments de crises liés aux
En effet, le grand prêtre descend dans les profondeurs du fleuve persécutions politiciennes, aux effets de la globalisation et au peu
Wouri pour immerger le vase sacré et rencontrer les divinités d’implication des intellectuels Sawa de mener un discours de
pour les interroger sur l’avenir des peuples Sawa. Les divinités modernisation de leurs traditions sans toutefois la dénaturaliser.
répondent aux interrogations du peuple en remplissant le vase de Il s’agit bien là, d’un problème touchant toutes les ethnies
fruits de mer. Il revient aux grands patriarches et aux prêtres de camerounaises. Toutefois les efforts de réhabilitation du Ngondo
décrypter le message des divinités et le transmettre à la entrepris cette dernière décennie par les élites traditionnelles et
population. C’est dans la lecture de ce que les divinités habitant intellectuelles Sawa sont encourageantes. Ces efforts vont dans le
le fleuve envoient aux populations que le Ngondo tire sa sens de considérer le Ngondo un élément de la désaliénation
puissance de culte du passé, faisant un trait d’union entre le sociale et culturelle du Sawa. Sur ce point, Eboussi Boulaga
monde visible et invisible. La célébration de ce moment (1977) a raison de rappeler l’intérêt de l’authenticité africaine
particulier est fêtée par une belle course traditionnelle de pirogue. dans l’avenir de l’Afrique. On peut sans doute considérer le
Ngondo une composante de cette authenticité africaine dans la
mesure où de part ses caractéristiques fondamentales, il contribue
à la rehabilitation de l’homme noir.

Quelle interaction entre les pratiques culturelles du Ngondo


et le développement du littoral camerounais?

L’attachement des Sawa aux cultes des ancêtres à travers le


Ngondo, a des aspects positifs qu’il convient de souligner. De
fait, il existe une relation particulière entre le Ngondo et l’eau.
L’eau est perçue ici comme un élément rituel, purificateur et
donc sacré. Ainsi, doit-on commencer par donner acte que si
l’eau a une dimension écologique, sociale et économique dans
toutes les cultures humaines, dans certaines elle revêt même une
dimension culturelle. L’intérêt des Sawa à considérer l’eau un
patrimoine culturel correspond fort bien à d’autres expériences en
Afrique notamment chez les peuples riverains de cours d’eau au
Bénin, Togo, et Nigeria pour ne citer que ceux là où il existe des
pratiques magico-religieuses liées à l’eau. Dans la même
direction, de nombreuses études montrent également l’intérêt
culturel que les noirs africains accordent à certains biens naturels
tels les forêts, les montagnes, les animaux, etc. C’est
particulièrement le cas des bois sacrés (Mogba, 1999; Esoh,
Figure 4. Préparation cérémonie de la
2003, Ibo, 2005 ; Kokou et coll., 2005 ; Kokou et Sokpon, 2006).
messe des eaux (Photo : peuplesawa)
Toutefois, à la lumière de nombreux travaux (Swamy et coll.,
2003 ; Wiersum, 2000 ; Posey,1999 ; Unnikrishnan, 1995), on
Le Ngondo en tant que forme de religion traditionnelle africaine,
constate que tous les continents sont concernés par la question
est omniprésent dans la vie quotidienne car il incarne la culture
des sites sacrés et de manière spécifique l’Afrique.
chez les peuples Sawa. Il ne constitue pas seulement le moment
des festivités. C’est un processus accompagnant chaque Sawa de
Mais si certains groupes sociaux pour des raisons qui leur sont
la naissance à la mort et son contenu est précieux pour
propres, ont pu donner une dimension culturelle à certains biens
l’édification de l’identité de l’individu. C’est ainsi que le Ngondo
que nous considérons aujourd’hui écologiques, pourquoi ne pas
fait corps avec les coutumes locales, et n’est pas visible sous
en tenir compte dans les politiques de développement
forme d’église au sens sociologique du terme. Sa perception
(Esoh.,2001)? Il nous faut bien convenir que le développement
externe se symbolise surtout par plusieurs éléments matériels et
malgré les critiques, est aujourd’hui universalisé (Ducroux,
immatériels et notamment aussi par le patrimoine aquatique des
2002 ; Jollivet, 2001). Mais la mondialisation du développement
autochtones. Ce dernier d’une part reflète les repères historiques
n’est autre que la victoire d’un certain type de représentation du
qui jalonnent l’itinéraire des peuples Sawa dans les terres
monde. Cette universalité du développement ne peut donc pas
camerounaises et d’autre part représente le lieu où s’opèrent leurs
ignorer la question de la reconnaissance des groupes sociaux et
croyances en un monde invisible peuplé de divinités. Précisons
des savoirs dont ils sont porteurs (Larbi, 2006 ; Djeumo, 2001 ;
également le fait que l’ensemble des biens culturels immatériels
Bonju et coll.,1998 ; Ela,1982).
des Sawa se traduisant en des spécificités gastronomiques,

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toucher un nombre important de personnes ; le renforcement de


La reconnaissance passe d’abord par la connaissance et pour cela, la solidarité ethnique dans la lutte contre la pauvreté, etc. Sur le
il incombe aux décideurs de passer à l’action en promouvant des plan écologique, le Ngondo peut servir de limon dans la
politiques de valorisation des savoir-faire locaux. Les décideurs sensibilisation des populations aux problèmes environnementaux
gagneraient à être conscients qu’ils peuvent « ...tirer des à travers l’utilisation de ses biens culturels immatériels. En outre,
enseignements des savoirs populaires pour parvenir à une le Ngondo adhère à toute politique environnementale visant au
gestion raisonnée de la nature » (Friedberg, 1997). Ce qui n’est respect et à la protection des sites sacrés. Politiques actuellement
toujours pas le cas en Afrique noire comme le démontre de absentes au Cameroun. A cet effet, l’Etat a tout intérêt à mettre
nombreux projets de développement. Nous convenons avec en place des actions concrètes pour la protection des sanctuaires,
Friedberg (1997) qu’il est « nécessaire de comprendre comment lieux de culte et de tout objet et bien culturel immatériel du
les savoirs populaires se construisent et s’organisent, comment Ngondo. Une journée de célébration de la fête du
ils rendent compte de la façon dont la réalité est perçue, conçue Ngondo reconnue officiellement comme c’est le cas pour les
et vécue dans chaque société ». En ce sens, la pertinence religions chrétiennes et l’Islam au Cameroun, et applicable
socioculturelle du Ngondo chez les Sawa et les savoirs populaires uniquement dans l’espace géographique côtière serait une action
dont ils sont porteurs dans le domaine de la gestion de l’eau sont louable et de respect pour les traditions des peuples Sawa.
insaisissables pour le profane. Il va de soi que la valorisation des
savoirs et pratiques magico-religieuses dans la gestion durable du L’introduction, dans les programmes scolaires des villes du
patrimoine aquatique du littoral camerounais ainsi que de tous les littoral, d’activités pédagogiques de sensibilisation et de diffusion
projets de développement qui en découlent, s’avère non des fondements éthiques et valeurs du Ngondo dans le cadre de
seulement utile mais efficace pour la préservation de la diversité l’éducation interculturelle pour un développement durable, en
biologique et culturelle. collaboration avec les élites traditionnelles, peut aussi constituer
une action pertinente de conservation des valeurs traditionnelles.
Aborder les questions de développement du littoral camerounais
en prenant en compte le Ngondo à travers d’une part les savoirs Dans le même cadre, il serait souhaitable de mettre en place des
techniques et locaux et d’autre part les modes de pensée et de mesures incitatives visant à encourager les collectivités
percevoir le territoire, favorise la participation, le débat public, et territoriales à faire l’inventaire de leurs biens culturels pour leur
donc la démocratie. Dans le cas du Cameroun, il existe pourtant conservation. Un tel inventaire permet: de repérer les biens
la loi-cadre n°96/12 du 5 août 1996 relative à la gestion de culturels aquatiques du littoral camerounais devant être
l’environnement. Selon l’article 9 de cette loi, « les décisions sauvegardés le plus rapidement possible sous peine de
concernant l’environnement doivent être prises après disparaître; d’aménager les sites remarquables ayant un intérêt
concertation avec les secteurs d’activité ou les groupes historique et ethnologique. Il est aussi important pour l’Etat
concernés, ou après débat public lorsqu’elles ont une portée d’exiger que soient systématiquement pris en compte les aspects
générale ». Au stade actuel d’application de la loi-cadre, on culturels dans toutes les questions d’aménagement du territoire et
constate plutôt qu’en dehors du secteur forestier où des tentatives de développement local. A cet effet, un nouveau cahier des
d’application existent (Lescuyer, 2005; Oyono, 2005; Djeumo, charges des études d’impact sur l’environnement intégrant la
2001), tel n’est pas encore le cas dans les autres problématiques dimension culturelle est à encourager.
environnementales.
L’une des questions épineuses de l’avenir du Ngondo au
Toujours concernant l’interaction entre pratiques culturelles du Cameroun concerne les conditions actuelles du fleuve Wouri qui
Ngondo et développement, on note que le patrimoine culturel subit une pollution importante due à l’étalement urbain et au
immatériel des Sawa caractérisé par des traditions et expressions processus d’industrialisation incontrôlée de Douala. A cela, il
orales, des évènements festifs, des connaissances et pratiques sur faut ajouter la pression migratoire interne et externe, et aussi le
la nature et l’univers en référence à l’eau, ne sont pas valorisées fait que le seul port terminal maritime d’envergure internationale
sur le plan économique, environnemental et social. du Cameroun se trouve à Douala dans le fleuve Wouri. Or pour
Concrètement, une reconnaissance du Ngondo aurait pu se les populations Sawa, certains espaces du fleuve Wouri sont
matérialiser par des mesures efficaces, simples et viables. Sur le sacrés car on y rencontre plusieurs sanctuaires, des lieux de
plan économique par exemple, une interaction entre Ngondo et cultes et cimetières marins. Il s’agit plus exactement d’espaces
tourisme culturel durable aurait pu être développée tout comme ayant par le passé, abrité les cérémonies magico-religieuses du
la promotion des techniques de pêche traditionnelle, l’artisanat Ngondo. Ces espaces sacrés rencontrés dans le Wouri ne sont pas
Sawa, la valorisation économique des habitudes alimentaires aujourd’hui respectés à cause d’une exploitation exclusivement
Sawa à travers le développement des produits du terroir, etc. Sur commerciale du fleuve par l’Etat. Ils subissent en outre une très
le plan social, la reconnaissance du Ngondo pourrait jouer un rôle forte pollution. La réhabilitation du fleuve Wouri passe par un
clé dans la lutte contre la pauvreté à travers : la mise en place de programme d’actions exemplaires, assurant la mise en oeuvre
microprojets de développement local permettant la sauvegarde et cohérente d’opérations tenant compte de la «culture de l’eau» des
la promotion des biens culturels Sawa ; l’utilisation des langues autochtones et de leurs conceptions anthropologiques du fleuve.
Sawa dans les actions de renforcement des capacités afin de Ainsi, la prise de conscience, engageant l’Etat et les populations

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autochtones pour une véritable expérience de démocratie pour montrer les interactions entre culture et développement, il
participative permettant d’élaborer un schéma d’aménagement et arrive encore que dans le cadre des politiques et projets de
de gestion des eaux, est désormais incontournable. La démarche développement, la culture de certaines communautés soit niée,
de contrat de rivière conçue dans une approche interculturelle est désavouée, et sous-estimée. Ce qui pose le problème de la
une réponse au besoin d’évoluer vers une gestion concertée de valorisation de la diversité culturelle dans les politiques de
l’eau. développement (Spero, 2004 ; Wicht, 2004). L’exemple pris ici
avec le Ngondo, correspond à bien d’autres explicités dans la
Quelques réflexions critiques et conclusion littérature scientifique. Contentons-nous d’illustrer le cas du
projet pétrolier et d’oléoduc Tchad – Cameroun traversant le
Le peu ou manque de visibilité accordée au Ngondo dans les territoire camerounais sur environ 880 km pour la réalisation du
politiques de développement du littoral camerounais peut aussi pipeline servant de structure d’acheminement du pétrole tchadien
prendre ses origines à la manière dont la conceptualisation est un cas très intéressant sur cet aspect. Il s’agit d’un projet
actuelle du développement durable avec ses trois piliers d’une valeur totale de 3,7 milliards de US dollars dont le
(efficacité économique, solidarité sociale, responsabilité consortium promoteur est constitué des sociétés pétrolières
écologique) a été faite. Il s’agit en effet d’une conceptualisation Exxon (US), Chevron (US) et Pétronas (Malaisie). Le projet a été
qui n’a décidément pas pris en compte le culturel comme clé du classé à risque élevé par la Banque Mondiale qui a tout de même
développement pour reprendre l’expression de Javier Pérez de donné son avis favorable pour sa réalisation lors de sa session du
Cuéllar (1993). "Le culturel n’a pas sa place. On ne reconnaît 06 Juin 2000. En dehors des risques néfastes du projet
pas le fait que le développement durable n’est pas seulement (CED/FoE, 2001), pour les populations locales et pour
entravé par les effets de l’interaction entre environnement et l’environnement dénoncés par des ONG nationales et
économie, mais aussi par les interactions systématiques entre internationales, et les différents rapports d’évaluation
environnement et culture, et entre économie et culture" (Esoh, indépendants, notamment la paupérisation des communautés
2004). D’une manière générale, il n’y a pas « une prise en forestières, la destruction de forêts et écosystèmes fragiles, les
compte systématique de la diversité culturelle et de l’interculturel risques pour l’économie et l’écologie du littoral camerounais, la
à tous les niveaux d’intervention des politiques de corruption, les violations des droits de l’homme, la menace pour
développement » (Esoh, 2004). En effet, il n’est quasiment jamais la sécurité alimentaire, l’épidémie du SIDA, ce qui est aussi
question de considérer les éléments culturel et interculturel quand important à souligner c’est le peu de considérations accordées au
on aborde les questions environnementales et de développement patrimoine culturel. En effet, le pipeline traverse de nombreux
telles l’eau, les déchets, la qualité de l’air, le bruit, la santé, villages, comprenant des zones expropriées aux populations
l’éducation, etc. autochtones et déboisées pour faire passer l’Oléoduc. Ce sont des
zones comprenant le patrimoine culturel des populations locales
Malgré les travaux et les initiatives réalisées par certaines se composant en priorité de sites sacrés notamment anciens
institutions internationales telles l’Unesco4 et la Francophonie, villages, bois sacrés, sépultures, fleuves sacrés, forêts
theurapeutiques et de pratiques ancestrales liées à des savoir-faire
dans les domaines de la chasse, la pêche, l’orpaillage,
4
Déclaration des principes de la coopération culturelle l’agriculture et l’élevage qui n’ont pas été véritablement pris en
(UNESCO, 4 novembre 1966), compte dans la mise en oeuvre du projet.
http://ww.unhchr.ch/french/html/menu3/b/n_decl_fr.htm),
Recommandation 1134 relative aux droits des minorités (Conseil Les impacts négatifs du pipeline dans les sites sacrés de certains
de l’Europe / 1er/ oct 1990) peuples Sawa sont de plus en plus soulignés. C’est le cas du
http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta90/frec1134.ht fleuve Lobé, site sacré des Batangas. Aujourd’hui, ce site est à
m) - Déclaration sur les droits de l’homme pour les personnes qui risque pour deux principales raisons : la première concerne la
ne possèdent pas la nationalité du pays dans lequel elles vivent déforestation accélérée et incontrôlée dont il est objet ; la
(AG ONU – 13 décembre 1985) deuxième raison concerne la menace dont représente le projet de
(http://www.unhchr.ch/french/html/menu3/b/o_nonnat_fr.htm) - pipeline Tchad Cameroun avec son terminal pétrolier tout proche
Convention 169 concernant les peuples indigènes et tribaux dans de ce site fluvial sacré. En effet, la protection traditionnelle grâce
les pays indépendants (OIT – 27 juin 1989) à laquelle le site conserve jusqu’alors son intégrité ne peut rien
(http://www.unhchr.ch/french/html/menu3/b/62_fr.htm) -
Recommandation 1134 relative aux droits des minorités (Conseil
de l’Europe – 1er octobre 1990) - minorités nationales ou ethniques, religieuses ou linguistiques
(http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta90/frec1134. (AG ONU – décembre 1992)
htm) – (http://www.unhchr.ch/french/html/menu3/b/d_minori_fr.htm) -
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- Déclaration des droits des personnes appartenant à des

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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Vol7no3, décembre 2006

faire en ce qui concerne les risques liés aux marées noires. liées à la paix, au dialogue entre les peuples, à la diversité
culturelle, à l’immigration, au racisme sont dorénavant,
Ces situations d’oubli du culturel dans les problématiques de considérées comme des problématiques de développement au
développement et de protection de la nature créent des conditions même titre que les questions économiques, sociales et
de résistance nuisant au développement. Dans bien des cas, les écologiques. Par déduction, la responsabilité interculturelle nous
communautés désavouent les actions réalisées car elles ne s’y renvoie à interpréter, comprendre et apporter des solutions aux
reconnaissent pas, créant ainsi un certain repli identitaire. Parfois, questions sociales, écologiques et économiques de nos sociétés
les projets de développement encouragent l’homogénéisation en tenant compte du culturel et en se positionnant dans une
culturelle au mépris des cultures locales. Le développement, pour approche de communication et d’échanges entre communautés.
qu’il soit durable, ne peut pas se faire sur la base d’un La négation des identités culturelles dans le processus de
renoncement total de soi parce que l’homme est générateur et développement au fil des temps crée un espace d’actions où la
porteur de culture. Un développement qui appauvrit conception de la vie sociale se structure dans une logique de
culturellement l’humain, n’est pas durable car il prive les redondances d’où n’émerge que la civilisation occidentale. La
générations à venir de leur héritage historique et ancestral. La question de fond émergeant de ce travail est celle de s’interroger
tradition est un vivier dans lequel tout individu puise sa vitalité et sur le rôle de la culture dans le développement de l’Afrique.
tout développement qui se veut durable devrait en tenir compte. C’est une question qui reste ouverte et mérite une plus grande
Mais les traditions ne sont pas immuables. Elles ont besoin d’être attention dans la recherche et les politiques de développement.
remises en question. Dans le cas du Ngondo, le tout n’est pas Ceci est d’autant plus important aujourd’hui où la mondialisation
qu’il soit systématiquement pris en compte dans les (O’Riordan, 2001) actuelle se caractérise par la place croissante
problématiques de développement. Il faut également que les qu’occupe le commerce international dans l’économie mondiale
peuples Sawa puissent adapter leurs traditions au contexte actuel au détriment de la culture.
de manière à les rendre plus fécondes et plus ouvertes au
changement tout en conservant leurs spécificités. Bibliographie

Le développement durable est appelé à aider les cultures à Bonju, J, Tinta S. et B.Poudiougo, 1998, Approche anthropologique des stratégies
d’acteurs et des jeux de pouvoirs locaux autour du service de l’eau.
s’adapter au temps, sinon elles courent le risque de devenir un Bandiagara, Koro et Mopti, Mali. Programme « Alimentation en eau
frein au bien-être des individus qui en sont porteurs. Il est de potable dans les quartiers périurbains et les petites centres», Ministère de
notre intérêt que la culture puisse se conformer aux exigences des la coopération, rapport de fin de recherche, 122 p.
temps modernes. Ce faisant, une telle conception de la culture CNUCED, 1992, Rapport de la Conférence des nations Unies sur
l’Environnement et le Développement – Rio de Janeiro.
moderne est pertinente si cette dernière garde ses valeurs CED/FoE, 2001, Promesses baffouées : exploitation pétrolière et Oléoduc Tchad-
cardinales profondément ancrées dans les repères historiques qui Cameroun. Qui payera la facture ? 26 p.
jalonnent l’itinéraire des humains qui la portent. Il incombe Djeumo, A., 2001 - Développement des forêts communautaires au Cameroun :
prioritairement aux autochtones d’assumer ce rôle en genèse, situation actuelle et contraintes – Réseau de Foresterie pour le
Développement Rural, 25b, DFID, FRR, ODI, Londres, Uk, 1-17.
réfléchissant sur la manière dont il est possible de valoriser leurs Ducroux, Anne-Marie (dir), 2002, Les nouveaux utopistes du développement
savoirs locaux. Dans le cas du Ngondo, il est important que ce durable / - Paris : Autrement, 342 p.
dernier soit préservé du risque d’enfermement afin qu’il ne soit Eboussi Boulaga, F., 1976, L'Identité négro-africaine, in Présence Africaine n.99-
figé dans le temps et l’espace et dans l’autocélébration. Pour cela, 100, 3-18.
Eboussi Boulaga, F., 1977, La crise du Muntu. Authenticité africaine et
c’est d’abord par la volonté des peuples Sawa à résister contre philosophie, Essai. Paris, Presence Africaine, 239 p.
l’impérialisme culturel en s’auto-organisant pour récupérer, Ela, J.-M., 1982, L'Afrique des villages. Paris, Karthala. 219 p.
valoriser et conserver leur patrimoine culturel qu’on pourra Javier Pérez de Cuéllar, 1993, La culture, clé d'un autre développement,
espérer transmettre de générations en générations une D+C, numéro 3, p 8 - 11.
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représentation magico-religieuse de l’environnement aquatique Actes du XIIe Congrès Forestier Mondial – Québec Canada «La forêt,
du littoral camerounais qui alimente la mémoire et fonde source de vie» Tome A « des forêts pour les gens » - FAO 381 p.
l’identité. Tout ceci passe par une volonté d’ouverture, de Esoh, E., 2004, Interculturaliser le développement durable, in actes du
modernité à l’africaine du Ngondo. La mobilisation des Sawa colloque Développement durable : Leçons et perspectives,
(Université de Ouagadougou, 4- 6 juin 2004), Agence Universitaire
pour le Ngondo procurera aux populations un sentiment de la Francophonie, Agence Intergouvernementale de la
d’identité et de continuité, recréant en permanence une Francophonie, Tome 1, pp 71-80.
interaction entre leur environnement aquatique et leur histoire. Esoh, E., 2001, Repenser le concept de développement durable - in Les cahiers
Tout ceci est conforme aux exigences du développement durable du GRATICE – Université de Paris XII – p 135-147
Friedberg, C., 1997, Diversité, ordre et unité du vivant dans les savoirs
et permet de promouvoir le respect de la diversité culturelle. populaires, in Natures, Sciences et Sociétés, Vol 5, n°1, p. 5-17.
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Cependant, la rénovation des cultures ne peut que se faire à l’aménagement des forêts sacrées en Cote d’Ivoire : l’expérience de la
travers un processus interculturel. Nous pensons d’ailleurs, que la Croix Verte, in VertigO – la revue électronique en sciences de
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responsabilité interculturelle (Esoh, 2004), peut être considérée
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comme le quatrième pilier du développement durable. Ainsi, les nouveaux chantiers pour la recherche, Elsevier, Paris, 288 p.
coutumes, les traditions, les pratiques religieuses, les questions Kokou K., K. Adjossou et K. Hamberger, 2005, Les forêts sacrées de l’aire
Ouatchi au Sud est du Togo et les contraintes actuelles des modes de

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VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Vol7no3, décembre 2006

gestion locale des ressources forestières,in VertigO – la revue


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VertigO – La revue électronique en sciences de l’environnement, Vol 6
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Plusieurs aspects inédits livrés ici sont des témoignages collectés auprès de
certaines personnes ressources du patrimoine Sawa à Douala. D’autres résultent
de la lecture de monographies inédites et photos consultés sur les sites
www.camerounlink.net/fr/,www.peuplesawa.com,
www.bonasawa.blog4ever.com

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