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“Master en Sciences de
l’environnement – Mention : «Gestion
intégrée des ressources en eau et
assainissement des villes africaines »
(ref. FED/2011/276.626)

UE.3 : Ingénierie du développement durable

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Module 1. Introduction à la notion de développement durable


appliquée à la civilisation négro-africaine

« Historiographie du développement durable »


deuxième partie

a.a 2012/2013
Activité de formation
cofinancée par
la Commission européenne
Module 1 –
Introduction à la notion de développement durable
appliquée à la civilisation négro-africaine

« Historiographie du développement durable »


deuxième partie
Histoire et fondements
du concept de développement durable1

Pr Esoh ELAME
elame@unive.it

Résumé
Dans un contexte mondial marqué par de nombreux problèmes, la notion de développement durable est
souvent considérée comme la solution pour répondre aux défis mondiaux les plus importants au niveau
local et global. Le développement durable, défini comme un développement « qui répond aux besoins
présents sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Rapport
Brundtland.,1987), est un concept qui a fini par être introduit dans notre langage. Il représente l’occasion
pour un territoire, de faire émerger ses propres problèmes auprès de l’opinion locale et mondiale mais
aussi et surtout, de ne plus se désintéresser de l’environnement. L’objectif de cette leçon, est de présenter
aux étudiants l’histoire du concept de développement : comment est né le concept de sous-
développement, de tiers-monde, de co-développement, de développement durable.

1 Pour citer cet article :

Elamé Esoh, 2013, Introduction à la notion de développement durable appliquée à la civilisation négro-africaine,
Master Universitario di Primo livello en Sciences de l’environnement – Mention : Gestion intégrée des
ressources en eau et assainissement des villes africains, Département d’Ingénierie Civile, Architecturale et
Environnementale, Università di Padova, avec le cofinancement de la Commission européenne dans le cadre
du programme Water-Facility (ref. FED/2011/276-626), publié le 24 septembre 2013, pp 41, URL :
http://www.masterwatermanagement.eu/virtualspace/course/view.php?id=4#section- , dernière
consultation : …(insérer la date appropriée)……………………

2
Concepts-clés : développement, sous-développement, Tiers Monde, écodéveloppement, Déclaration de
Rio, Rapport de Brundtland, développement durable

3
*** 2nde partie de la leçon « Histoire et fondements

du concept de développement ***

6. L’écodéveloppement: première alternative au modèle de développement


néolibéral et au développement marxiste

L’année 1972 fut marquée par la première Conférence mondiale sur l’environnement, qui avait été
fortement demandée lors de la vingt-troisième session de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 3
décembre 1968. L’Assemblée Générale décida de convoquer une conférence à Stockholm, sur l’urgence
environnementale qui fut appelée «Une seule terre». A la veille de la conférence, l’environnement et le
développement étaient vus comme des notions antinomiques. Le réexamen de ce lien proposé par Maurice
Strong amena à proposer un modèle de développement économique basé prioritairement sur la
satisfaction des besoins, plutôt que sur l’augmentation incontrôlée de l’offre. La conférence « une seule
terre » fut également le théâtre d’oppositions vivaces entre pays riches et pays pauvres. On mit au point un
plan qui comprenait 109 propositions contre la pollution et pour une protection durable de la nature, ainsi
qu’un plan d’action technico-financier à faveur des pays économiquement pauvres. Ce plan était fondé sur
un transfert significatif des ressources techniques et financières à faveur des pays qu’on appelle « Tiers
monde ». La Conférence de Stockholm consacra également la naissance des Organisations Non
Gouvernementales (ONG) qui agissent pour un développement alternatif. La conférence conclut trois actes
importants. Le premier est la Déclaration de Stockholm, qui comprend vingt-six principes et affirme de
façon non équivoque le fait que le « bien environnemental » est un patrimoine collectif. Les questions
environnementales ne peuvent pas être dissociées des problèmes de développement. La protection de
l’environnement fait partie des devoirs prioritaires de tout Etat. Le second acte fort de la conférence de
Stockholm fut l’institution d’une Agence spéciale des Nations Unies pour l’Environnement appelée UNEP2

2L’UNEP fut le produit de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement humain qui eut lieu à
Stockholm en 1972. La mission de l'UNEP est de coordonner et de favoriser la création de partenariats pour
des projets de protection de l’environnement. L'UNEP réalise sa mission en encourageant, en informant et en
mettant les nations et leur population dans les conditions d’améliorer la qualité de leur propre vie sans
compromettre celle des générations futures. L'UNEP est la première agence des Nations Unies dont le siège
a été établi dans un pays en voie de développement. Son quartier général se trouve à Nairobi (Kenya) et elle

4
c’est à dire, Programme des Nations Unies pour l’Environnement, qui devint le complément du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD). La promotion de politiques et d’actions au niveau
international pour réaliser les résolutions prises à Stockholm devint ainsi la tâche de la nouvelle agence. Le
troisième acte important concerne la formulation du concept d’écodéveloppement (considéré comme un
développement fondé sur l’utilisation judicieuse des ressources humaines et naturelles au niveau local et
régional) qui fut développé sous la direction de Maurice Strong, alors secrétaire général de la Conférence
des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm. L’écodéveloppement introduisit un modèle

a d’autres sièges et bureaux de représentation administrative à Bangkok, Bonn, Genève, Manama (Bahrain),
Ville de Mexico, New York, Osaka, Paris, Montréal et Vienne.

Les organes de direction de l'UNEP sont:

 Le Governing Council composé de 58 représentants de gouvernements issus de 5 régions


géographiques, élus par l’Assemblée Générale pour une période de 4 ans
Lel Committee of Permanent Representatives – Comité des représentants permanents

 L'High-Level Committee of Ministers and Officials


L'UNEP opère en contact étroit avec d’autres agences des Nations Unies, avec les communautés
scientifiques et professionnelles internationales, avec des organisations non gouvernementales, avec la
société civile et surtout avec des gouvernements de façon à s’assurer que les questions les plus importantes
concernant l’environnement sont transmises aux bons interlocuteurs.

Les activités de l'UNEP s’articulent autour d’une série de questions environnementales et de problèmes
liés à l’environnement et au développement durable. Son programme de travail actuel se concentre sur 5
secteurs d’intervention :

 Information environnementale, évaluations et recherches (y compris sur le développement des


capacités de réponse dans des conditions d’urgence environnementale) et fonction de prévention et
d’évaluation
 Coordination de conventions environnementales et développement d’instruments pour les politiques
environnementales
 Eaux potables
 Transfert technologique
 Soutien à l’Afrique
Les fonctions internes de l'UNEP sont: Information environnementale et pré-alarme; développement de
politiques et de lois environnementales; développement de politiques environnementales; technologie;
industrie et économie; coopération régionale, coopération avec les conventions environnementales;
communication et information au public.

Les ressources disponibles pour la coordination et la réalisation de ces programmes proviennent de quatre
sources différentes: un budget ordinaire alloué par les Nations Unies; un fond pour l’environnement (qui
était de 120 millions de dollars pour 2000-2001); des fonds fiduciaires, des financements externes.

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économiquement compatible avec l’équité sociale et la prudence écologique, basé sur la satisfaction des
besoins et non sur l’augmentation incontrôlée de l’offre.
Dans cette optique, il faut penser le développement dans une perspective locale et régionale, en utilisant
les ressources disponibles sur le territoire de façon planifiée. La participation effective des dynamiques
sociales locales est une priorité. L’écodéveloppement est en quelque sorte l’existence d’une économie
traditionnelle, écologiquement équilibrée, qui veut fournir un modèle de développement propre qui n’est
pas basé sur une croissance qui gaspille les ressources. L’écodéveloppement prône la recherche de
l’harmonie entre l’homme et la nature, entre les objectifs économiques et sociaux du développement et la
gestion écologique prudente des ressources et de l’environnement.
Pour réagir d’une part au paradigme de la croissance exponentielle et du développement infini qui
était dominant dans les années 60, et à la thèse zégiste3, partisane de la croissance zéro d’autre
part, il est nécessaire d’instaurer une logique de nécessité (et non de rendement), de respect de la
nature et d’autonomie locale. Dans ce sens, l’écodéveloppement intègre les principes du
développement endogène dépendant de ses propres forces ; du développement autocentré dont
les objectifs et les moyens sont librement déterminés; du développement intégré qui vise toutes
les dimensions de la vie humaine; du développement participatif, dans lequel les forces de l’état,
du marché et de la société civile tendent à s’équilibrer.
Le concept d’écodéveloppement fut repris par le chercheur français Ignacy Sachs. Dans l’approche de
Sachs (1980), il est clairement établi qu’il est indispensable de considérer l’écodéveloppement comme une
opportunité extraordinaire de concilier le développement et l’environnement, vus comme indissociables
l’un de l’autre. Sachs pense que l’émergence des problèmes environnementaux, suite à une phase de
croissance intense qui a caractérisé nos économies, requiert de façon encore plus évidente une nouvelle
perspective pour penser le développement, non seulement à cause de la portée de cette nouvelle
perspective, mais aussi parce qu’une conscience scientifique du caractère systémique des phénomènes
s’est affirmée. Ignacy Sachs donna à l’écodéveloppement une visibilité scientifique à travers plusieurs
publications. Il définit l’écodéveloppement comme « un développement des populations par elles-mêmes,
utilisant au mieux les ressources naturelles, s’adaptant à un environnement qu’elles transforment sans le
détruire » (I. Sachs, 1980, p 140). Sachs pense qu’on doit considérer simultanément cinq dimensions de
durabilité dans la planification du développement : les dimensions «sociale, économique, écologique,
spatiale et culturelle » (I. Sachs, 1993, p 29-31).

3
Le mouvement Zégiste, voulait un développement basé sur la croissance zéro. Il s’opposait donc à un développement
indéfini. Il proposait une croissance zéro de la population, de l’économie, de la pollution, de la consommation
énergétique etc. Il s’agit d’un mouvement qui a adhéré en grande partie aux conclusions et aux observations du fameux
Rapport du Massachussets Institute of Technology demandé par le Club de Rome, qui prévoyait une crise mondiale si
des limites au développement n’étaient pas instaurées.

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La durabilité sociale requiert un processus de développement basé sur une autre croissance,
alimentée par une autre vision de la société. Le but est de construire une civilisation du bien-être
basée sur une division plus égale des richesses afin d’améliorer de façon substantielle l’accès au
bien-être et de réduire l’écart entre le niveau de vie des riches et celui des pauvres. Le
développement doit être vu dans la dimension qui couvre tout le champ des besoins matériels.

La durabilité économique dépend d’une répartition et d’une gestion plus efficace des ressources et
d’un flux constant d’investissements privés et publics. Cela nécessite de résoudre les contraintes
externes actuelles : le fardeau de la dette et les flux nets des ressources financières du Sud vers le
Nord, les termes défavorables de l’échange, les barrières protectrices imposées par les pays
industrialisés, et enfin, l’accès limité à la science et à la technique. De plus, il est nécessaire
d’évaluer l’efficacité économique en termes macro-sociaux au lieu de l’évaluer uniquement à
travers des critères macro-économiques de profit d’entreprise.

La durabilité écologique peut être possible si on:


 Augmente la capacité de charge de la Terre en faisant en sorte de valoriser davantage le
potentiel des ressources des différents écosystèmes pour des fins utiles et en ne minimisant
pas les attaques portées aux systèmes naturels desquels dépendent la vie sur notre planète;
 Limite la consommation des combustibles fossiles et des autres ressources et produits qui
peuvent s’épuiser facilement ou qui sont nocifs pour l’environnement, en les substituant à
d’autres ressources renouvelables et/ou abondantes et qui sont sans dommage pour
l’environnement ;
 Intensifie la recherche sur les « technologies propres et efficaces » sur le plan de l’utilisation
des ressources naturelles pour le développement urbain, rural et industriel;
 Définit les règles pour une protection adéquate de l’environnement, crée dans ce but des
dispositifs institutionnels nécessaires et choisit la bonne combinaison d’instruments
économiques, légaux et administratifs.

La durabilité spatiale demande un meilleur équilibre ville-campagne et une répartition spatiale des
constructions humaines et des activités économiques, en mettant l’accent sur les problèmes
suivants: la concentration excessive dans les métropoles; la destruction par l’homme des
écosystèmes fragiles mais importants; le besoin de promotion d’une agriculture moderne
régénératrice et de l’agrosylviculture auprès des petits paysans, en leur fournissant les moyens
techniques appropriés, des fonds et un accès au marché; le développement d’une industrialisation
liée à la nouvelle génération des technologies propres, en particulier des industries de

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transformations de la biomasse en mesure de créer des emplois ruraux non agricoles;
l’établissement d’un réseau de réserves naturelles et de biosphères pour protéger la biodiversité.

La durabilité culturelle recherche des racines endogènes aux modèles de modernisation et aux
systèmes intégrés de production. Il s’agit de promouvoir un changement dans la continuité
culturelle, en traduisant le concept normatif d’écodéveloppement en une pluralité de solutions
locales, adaptées à chaque écosystème, contexte culturel et site.

Dans cette perspective, il est clair que le développement doit être toujours considéré en fonction
d’un territoire limité et de projets concrets et pertinents que les communautés locales sont
capables de gérer seules pour une requalification urbaine ou rurale adaptée et compatible avec les
besoins locaux. L’écodéveloppement, grâce à l’attention qu’il porte au local, au territoire,
contribue de façon importante à la requalification de la ville. Cette approche, qui encourage la ville
à se donner comme objectif l’élimination des injustices les plus évidentes, est la plus efficace. La
requalification de la ville doit partir de la ville elle-même, qu’elle soit grande ou petite, rurale ou
urbaine. Elle doit être un engagement pris par tous les habitants qui ont envie d’apporter des
changements positifs sur leur propre territoire, à travers un nouveau pacte de développement
conçu autour de la participation et avec une attention particulière aux besoins fondamentaux de
l’individu. Malgré les résultats positifs qu’il a apportés dans la compréhension du lien entre
développement et environnement, le concept d’écodéveloppement fut abandonné et banni du
vocabulaire international des institutions des Nations Unies. L’idée d’un développement qui ne
soit pas guidé uniquement par les conditions économiques, mais aussi par les exigences sociales et
écologiques, va de pair avec les mouvements associatifs. A souligner aussi l’apport de la
Conférence de Cocoyoc (Mexique) de 1974, organisée par le PNUE et présidé par Barbara Ward,
pour identifier les facteurs économiques et sociaux entraînant des nuisances sur l’environnement.
Ce fut un moment important de discussion qui s’est soldé par la Déclaration de Cocoyoc qui
comprend des propositions concrètes pour mettre sur pied de nouvelles stratégies de
développement et de nouveaux modes de vie tenant compte des aspects environnementaux,
sociaux et économiques du développement.

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7. De l’écodéveloppement au développement durable: la deuxième reconversion
du développement néolibéral.

Les années 80 amenèrent les citoyens à découvrir l’existence de la pollution transfrontalière et de


nouveaux problèmes tels que le trou de la couche d’ozone, les pluies acides, l’effet de serre, la grande
déforestation et la désertification. Les questions environnementales devinrent alors de plus en plus
actuelles et au centre de l’attention à cause des désastres subis par de nombreux citoyens.

7.1. Le Rapport de l’UICN et la naissance du concept de développement


durable

Contrairement à ce qu’on affirme souvent, la notion de développement durable ne naquit pas avec le
rapport de Brundtland. C’est le rapport de l’UICN en 1980 qui proposa pour la première fois le terme de
développement durable, en relation avec les préoccupations sur la conservation des espèces. L’utilisation
de ce terme dans le rapport de l’UICN passa cependant inaperçu. C’est le rapport de Brundtland « notre
futur commun » qui, sept ans après, donnera une visibilité inattendue à ce terme.

7.2. Le Rapport de Brundtland et le concept de développement durable

L’Assemblée Générale des Nations Unies adopta en 1983 la résolution 38/16, qui créa la
Commission mondiale sur l’environnement et le développement. La commission était chargée
d’établir un rapport qui aurait été présenté à l’Assemblée Générale des Nations Unies lors de sa
42ème session, en automne 1987. Le mandat de la commission était de : réexaminer les grandes
questions concernant l’environnement et le développement et formuler à ce sujet des solutions
réalistes; proposer de nouvelles modalités de coopération en mesure d’orienter les politiques et les
événements vers les changements indispensables; relever le niveau de compréhension et
d’engagement de la part des personnes privées, des organismes de volontariat, des entreprises,
des institutions et des gouvernements. Madame Gro Harlem Brundtland, alors premier ministre de
la Norvège, présidait la Commission mondiale des Nations Unies sur l’environnement et le
développement. Le travail de la commission se conclut avec un rapport sur l’état de notre planète
appelé rapport Brundtland, qui fut publié en 1987. Le rapport identifie les problèmes
environnementaux les plus importants posant des obstacles au développement : croissance
démographique, pauvreté, déforestation, réchauffement climatique, etc.. Le rapport approfondit
et propose dans une version renouvelée, le concept de développement durable défini comme un

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processus qui consiste à «répondre aux besoins du présent sans compromettre les capacités des
générations futures de répondre aux leurs » (CMED, 1987).

LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT DURABLE

On observe que le développement durable proposé par le Rapport Brundtland s’appuie sur trois piliers (ou
dimensions): la solidarité sociale (société), l’efficacité économique (économie) et la responsabilité
écologique (environnement). Il est représenté à travers trois cercles pour illustrer son articulation sur les
trois domaines : économie, société et environnement.

Les trois piliers ont la même valeur. Aucun d’eux ne peut se développer au détriment des deux autres. Si un
seul des piliers manque, la durabilité finit inexorablement par être remise en question. En termes
opérationnels, le pilier environnemental est classiquement associé à l’état des matrices
environnementales : atmosphère, géosphère, hydrosphère, biosphère. Le pilier économique concerne le
modèle de production et de consommation et la performance du système économico-financier. Le
troisième pilier, celui de la société, concerne l’équité et les problèmes liés à la pauvreté et à la
discrimination, à la question de l’emploi et à la connaissance, avec les aspects liés à la formation et à la
recherche, à la qualité de la vie et enfin, aux conditions qui déterminent le développement de la
population. Avec cette approche à trois dimensions, le développement durable apporte une valeur ajoutée
évidente au processus de développement en contribuant à la recherche de l’harmonie entre société,
économie et environnement. Jusqu’alors, on n’avait pas encore apporté une telle organisation sur le plan
opérationnel. Si on veut l’exprimer en termes économiques, le développement durable nous enseigne à
savoir vivre d’intérêts, sans toucher au capital accumulé qui doit être sauvegardé pour les générations
futures. A partir du moment où le développement durable se concentre sur la justice entre les générations

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à travers une révision des actions économiques et de la façon de penser la société et les questions
environnementales, l’accent doit être mis entièrement sur le sens qu’on peut donner au terme durabilité.

LE CAPITAL DURABILITE

Dans l’élaboration théorique du développement durable, la durabilité est considérée comme un appel à
laisser à nos enfants un héritage qui ne soit pas pire que celui que nous avons reçu des générations
précédentes. Il s’agit d’une durabilité qui considère le « capital naturel » présent sur Terre comme un bien
public, patrimoine de l’humanité qui ne peut donc pas être simplement dilapidé, mais qui doit être
renouvelé de façon continue pour le bien des générations futures. La durabilité cependant ne se limite pas
uniquement au patrimoine naturel que nous devrions laisser en héritage aux générations futures, mais
implique également une nouvelle vision de l’économie qui prend en considération l’éthique et
l’environnement, qui reconnaît les institutions sociales de notre société comme l’expression démocratique
de la volonté de cette société, et qui recherche la résolution pacifique des conflits. Dans une nouvelle
dialectique où le futur est évalué à l’avance, le capital de la durabilité (Cd) est constitué de la somme des
ressources environnementales, des ressources économiques et des ressources de la société. Capital
Durabilité (Cd)=Capital environnement + Capital économie + Capital Société. La durabilité ainsi considérée
donne une vision du développement dans laquelle les générations humaines sont au centre, mais dans un
contexte où on garantit également la survie de l’écosystème.

LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET LA QUESTION DE L’EQUITE

Le concept de développement durable met au premier plan le problème de l’équité, en cherchant à assurer
une juste répartition dans l’espace et dans le temps, des charges et des bénéfices et cela pour chaque
action politique et dans chaque secteur. Avec le principe d’équité, on entrevoit la nécessité de rompre avec
l’idéologie du développement synonyme d’accumulation et de déséquilibres, pour s’orienter vers un
modèle de développement qui impose la redistribution à travers la lutte contre les inégalités. Cette
nouvelle conception du développement intègre les critères éthiques de la justice sociale et de la
responsabilité à l’égard des générations présentes et futures. De plus, l’équité intra-générationnelle et
intergénérationnelle que la nouvelle vision du développement impose, nous pousse à nous projeter vers
une durabilité sociale basée sur la solidarité intra et intergénérationnelle. La recherche de l’équité, toujours
dans le cadre de la satisfaction des besoins élémentaires de chacun et de la possibilité d’aspirer à une vie
meilleure, impose de reconcevoir le développement pour redistribuer les richesses. Cela signifie qu’il faut
s’orienter vers un processus de changement dans lequel l’exploitation des ressources, le choix des
investissements, l’orientation du développement technique et les changements institutionnels sont
déterminés en fonction des besoins présents et futurs. Le développement durable implique donc une
transformation progressive de l’économie et de la société.

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LES PRINCIPES DE PRECAUTION ET DE SUBSIDIARITE

Le développement durable recommande la précaution, afin que les activités humaines ne dépassent pas les
limites imposées par l’environnement naturel. Il est nécessaire de savoir évaluer à l’avance l’impact des
actions de développement sur les générations présentes et futures pour adapter notre conduite présente
aux résultats attendus et espérés. En tant qu’instrument dynamique de planification voué à gérer les
exigences en les réduisant ou en les réorientant plutôt qu’en les satisfaisant à tout prix (ou bien voué à
rechercher un compromis optimal entre des exigences opposées), le développement durable ne peut donc
pas se soustraire au respect de la logique du principe de précaution. En insérant ce principe dans la lecture
des problèmes de développement, on cherche à satisfaire les nécessités du présent, en évaluant les
impacts négatifs sur les générations futures, indépendamment des retombées économiques immédiates.
Les aspirations des sociétés humaines à évoluer, progresser, améliorer leurs conditions de vie pour un plus
grand bien-être doivent donc être conciliées avec la nécessité de garantir des conditions de vie meilleures
aux générations futures.

La biosphère a subi de telles transformations jusqu’ici qu’il est nécessaire d’agir immédiatement en
modifiant nos propres habitudes préconçues pour éviter de créer pour nos enfants des problèmes
impossibles à résoudre. Cela signifie que pour les générations présentes, le développement durable ne
peut pas se réduire à un slogan. Il doit se traduire dans le quotidien par des actions qui, au lieu d’aggraver
les problèmes, permettent de contribuer à leur solution. De ce point de vue, le développement durable
devient une façon de faire, de penser, d’élaborer des actions et des stratégies politiques en dépassant la
dimension abstraite qui réduit le développement durable à une expression servant uniquement à la
réflexion et à faire de grandes déclarations sans impact réel sur la vie et sur les aspirations de l’être humain.
C’est un défi particulièrement stimulant pour les individus et pour la collectivité. Il est synonyme de
révolution urgente des mentalités. Plus on retarde les décisions nécessaires à la réalisation d’un
développement durable, plus elles deviennent difficiles à prendre.

Le développement durable pose aussi la question de la limite des ressources. Le principe de


subsidiarité garantit la coopération de toutes les autorités et des structures gouvernementales en
faveur de la survie sociale et écologique et pour la défense des droits de l’homme et de la santé.
Avec la subsidiarité, les citoyens sont impliqués dans les processus décisionnels et le
développement durable se construit donc à partir du bas en impliquant tous les acteurs selon
l’approche de la “responsabilité” commune mais différenciée.

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LES POINTS FORTS DU DEVELOPPEMENT DURABLE

Un des points forts du développement durable est le fait d’avoir pris en considération les
questions environnementales dans les stratégies de développement. L’environnement s’insère
progressivement au cœur des processus décisionnels, en obligeant la politique, les services publics
et les personnes privées à s’interroger sur l’incidence de leurs actions sur notre planète. On
remarque cependant qu’autrefois, les éventuelles mesures étaient vécues comme une autre
obligation règlementaire imposée aux entreprises par les autorités publiques, alors que
maintenant l’environnement est en train de devenir un élément de la stratégie de
« management ». On tend aujourd’hui à tenir compte des critères écologiques à l’intérieur du
développement socio-économique; les entreprises commencent à concevoir ce qui était perçu
auparavant comme une obligation ultérieure, comme un aspect important de leur stratégie
d’action.
On remarque cependant que dans la réalité on est encore loin de l’écologisation de l’ensemble des
opérations des services publics et privés. On ne retrouve pas encore le développement durable
dans tous les secteurs de la politique publique et privée. On privilégie souvent l’approche
sectorielle. Le développement durable n’est pas intégré comme un processus continu, comme un
élément de référence commun aux différentes politiques nationales et locales, avec des objectifs
quantitatifs pour un contrôle efficace.

Un autre point fort du développement durable est celui d’avoir conduit à la création d’un
mouvement de citoyens sortant de la logique habituelle des partis politiques. Le mouvement No
Global est désormais une réalité internationale qui ne cesse de favoriser la renaissance des
communautés locales et des mouvements de citoyens des peuples autochtones et allogènes. Il
permet une réapparition des collaborations transnationales revendiquant la suprématie des
communautés et cultures locales, l’intégrité socio-économique, culturelle et écologique dans le
processus de développement durable. Le succès du forum social européen de Florence, celui du
forum social mondial de Porto Alegre au Brésil et surtout celui de Bombay le démontrent. Les
problèmes posés par le mouvement No Global sont pertinents et ne laissent pas les hommes
politiques, qui commencent à participer de plus en plus aux grands rassemblements, indifférents.
Il faut cependant tenir compte des dérives parfois dangereuses qui l’accompagnent, comme la
volonté exaspérée d’indépendance et une vision parfois radicale sur certaines questions
planétaires qui, de par leur complexité, ont conduit le mouvement des No Global dans des actions
violentes, contraires aux valeurs et aux principes de la culture de la non violence.

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Malgré les lenteurs, on remarque que le concept de développement durable est en train de
s’implanter chez ceux qui s’occupent de développement. Les administrateurs des institutions
internationales commencent à faire de ce concept l’élément de base pour l’orientation de leur
politique concernant les stratégies d’aide au développement. Cela permet au développement
durable d’acquérir de plus en plus de pouvoir à l’intérieur des ONG des pays du Sud du Monde. Le
développement durable continue à révolutionner l’architecture institutionnelle et financière
mondiale. La nécessité de réorganiser certaines institutions internationales et multinationales, afin
qu’elles soient en mesure de mieux répondre aux exigences du monde, ne cesse de se poser
comme une préoccupation mondiale.

LES POINTS FAIBLES DU DEVELOPPEMENT DURABLE

Parmi les faiblesses et limites du développement, on trouve la question culturelle. En effet, « le


culturel ne trouve pas sa place dans les problématiques de développement. Le fait que le
développement durable est entravé non seulement par les effets de l’interaction entre
environnement et économie, mais aussi par les interactions systématiques entre environnement et
culture, et entre économie et culture, n’est pas reconnu » (Elamé.,2004). De façon générale, on ne
trouve pas « une considération systématique de la diversité culturelle et de l’interculturel à tous les
niveaux d’intervention des politiques de développement » (Elamé.,2004). Si le principal objectif du
développement durable est la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté, il ne
faut pas perdre de vue le fait qu’il existe différentes représentations socioculturelles de
l’environnement et de la pauvreté (Elame.,2003). Il existe une grande diversité d’approches, sur
les questions économiques, sociales et surtout environnementales du développement, qui
dépendent des différentes aires culturelles. «Le développement durable doit donc permettre
aujourd’hui de repenser les différentes façons d’impliquer les citoyens. Cela requiert d’avoir une
bonne capacité de négociation et de gestion des situations conflictuelles et une vision culturelle et
interculturelle du développement à tous les niveaux territoriaux » (Elamé.,2004b). L’absence des
dimensions culturelles et interculturelles dans l’analyse des questions concernant le
développement durable a une incidence sur la lecture des problèmes de l’humanité. En effet, on
ne prend presque jamais en considération «le culturel et l’interculturel quand on aborde les
questions environnementales et de développement qui renvoient directement aux problèmes de la
société, comme l’eau, les déchets, la qualité de l’air, le bruit, la santé, l’éducation» (Elamé.,2004).

Nous pensons au contraire que la responsabilité interculturelle peut être considérée comme le
quatrième pilier du développement durable (Elamé.,2004b). Cela permettrait de reconnaître les
questions liées à la paix, au dialogue entre les peuples, à la diversité culturelle, à l’immigration et à

14
la lutte contre le racisme comme des problématiques de développement qui ont la même dignité
et importance que les questions économiques, sociales et écologiques.

Cela nous permettrait également d’interpréter, de comprendre et de trouver des solutions aux
questions sociales, écologiques et économiques de nos sociétés en prenant en compte l’aspect
culturel. La négation des identités culturelles dans les processus de développement est un crime
contre le développement. En effet, chaque fois qu’on cherche à bâillonner une identité culturelle,
on crée des conditions de résistance qui conduisent très souvent à un repli identitaire. C’est
pourquoi l’intégration des immigrés et la lutte contre les discriminations dans le Nord du monde
ne peuvent pas se réaliser sur la base d’un renoncement total de soi.

Si on considère que l’homme est générateur et porteur de culture, «n’importe quel développement
se faisant sans la culture conduirait à un appauvrissement de l’homme, privé de cette façon de
paix, de progrès, de justice sociale et pire encore, de dignité ». Pour sauvegarder la culture, il faut
la reconnaître dans chaque processus de développement durable. Pour mieux valoriser les
cultures, il faut faire dialoguer les hommes, les faire interagir: la communication interculturelle
doit viser ce but. Une interaction entre développement durable et communication interculturelle
est donc nécessaire si nous voulons construire des sociétés à mesure d’homme dans sa « diversité
créatrice »4.

Les stratégies de développement appliquées jusqu’à maintenant ont toujours eu tendance à séparer les
questions interculturelles des préoccupations environnementales et du développement. L’idée de
construire et de pratiquer le développement, en partant de la gestion durable des ressources locales, de la
lutte radicale contre les formes de pollution et de la gestion pacifique des diversités humaines présentes
sur le territoire, constitue la priorité de tout bon processus de développement. Il existe de plus des liens
évidents entre les problèmes environnementaux des pays économiquement riches et ceux des pays
pauvres de la planète. Certaines menaces planétaires, comme l’effet de serre et la réduction de la couche
d’ozone, démontrent que les dommages causés dans une région peuvent avoir des répercussions dans les
autres parties du globe. Certains problèmes environnementaux sont généralement causés par des facteurs
liés au développement, qui sont eux-mêmes liés à certaines réalités culturelles. C’est pour cette raison que
les solutions techniques, juridiques ou financières ne sont pas suffisantes pour résoudre les problèmes
environnementaux s’il n’y a pas une mobilisation aussi bien culturelle qu’interculturelle des peuples.

4
Terme emprunté à PEREZ DE CUELLAR, Javier, Notre diversité créatrice. Rapport de la Commission mondiale sur
culture et développement, présidée par Javier Pérez de Cuéllar. Paris, UNESCO, 1995.

15
Les problèmes environnementaux atteignent de plus en plus des proportions mondiales, à tel point qu’il
convient d’élaborer une approche commune de lutte à l’échelle mondiale, avec des interventions
spécifiques au niveau local. Environnement et développement sont étroitement liés et vont de pair, tout
comme l’environnement et la culture et le développement et la culture. Mais il est nécessaire de s’arrêter
sur la dimension interculturelle du développement car tout territoire visant le développement doit se
confronter avec les problèmes de l’intégration des minorités autochtones ou allogènes. Le dialogue
interculturel constitue aujourd’hui un paramètre indiscutable dans l’analyse et dans la mesure du degré de
développement d’un territoire. Le respect du droit des minorités, les échanges interculturels, le respect de
l’altérité, représentent des éléments importants qui permettent de mesurer le degré de durabilité d’un
processus de développement. Le développement apparaît donc comme un grand jeu d’harmonisation, où
la poursuite des objectifs socio-économiques doit s’effectuer en respectant la prudence écologique et en
valorisant les différentes identités. L’environnement ne peut donc être conçu qu’en relation avec le
développement durable qui, à son tour, ne peut reléguer au second plan les problèmes interculturels. La
finalité de la prise en considération de l’environnement dans une approche interculturelle est l’obtention
de la meilleure condition possible de développement. Un développement qui ne tient pas compte des
questions environnementales et interculturelles n’est pas un vrai développement.

8. La conférence de Rio sur l’environnement et le développement

C’est également en 1987, suite au fameux rapport Brundtland, que l’Assemblée Générale décida,
avec la résolution 44/228, de convoquer en 1992 une conférence sur l’environnement et le
développement, 20 ans après Stockholm. L’idée était de réunir tous les peuples de la terre pour
redéfinir une stratégie globale de développement qui prenne en considération les spécificités de
tous les peuples et les relations intra et intergénérationnelles.

8.1. UNE CONFERENCE QUI A PERMIS UNE PRISE DE CONSCIENCE MONDIALE DE


L’INTERACTION ENTRE ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT

La conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED) de 1992 à


Rio, eut un impact sans précédent, supérieur à celui de la Conférence de Stockholm de 1972. Il
émergea de cette conférence une nette réconciliation entre tutelle de l’environnement et
développement économique, deux notions qui étaient considérées jusqu’alors en conflit. Le
caractère complémentaire existant entre la protection de l’environnement et le développement
économique émerge davantage. Le fait que l’environnement constitue en soi un facteur
fondamental de développement cessa d’être sous-évalué. L’idée que, étant donné que les

16
situations sont considérablement différentes d’un territoire à l’autre, la réalisation du
développement doit tenir compte de la réalité locale, fit son chemin.
Le sommet de la terre de Rio a offert une image historique à l’humanité avec un total de 4000
représentants dont 117 chefs d’état et de gouvernement, 178 pays représentés et la présence de
760 organisations non gouvernementales. Le fait de débattre de l’avenir de la planète et de ses
habitants alors que la guerre froide était terminée est symbolique. Ce n’était plus tant la sécurité
militaire qui inquiétait les pays industrialisés, que les menaces d’un double déséquilibre :
l’explosion démographique accompagnée de son cortège de misères dans les pays pauvres d’une
part et l’érosion inéluctable des ressources naturelles sous la pression humaine, en particulier des
multinationales des pays riches. Une conférence mondiale pour marquer cette prise de conscience
était donc nécessaire.
La deuxième Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement à Rio di
Janeiro a eu le mérite, avec l’émergence du concept de développement durable, d’introduire deux
thèses potentiellement objets de négociations, au centre de la politique internationale: 1/ le
mode de vie des pays riches n’est pas généralisable; 2/ on ne peut pas combler l’écart entre les
pays riches et les pays pauvres et arriver à un équilibre entre écologie, progrès social et
développement en pratiquant uniquement une diminution radicale de l’exploitation des matières
premières et de la pollution qui y est liée. Dans ce secteur, la responsabilité retombe en premier
lieu sur les pays industrialisés qui sont les premiers pollueurs et destructeurs des ressources
naturelles. C’est donc avant tout à eux d’adopter des mesures convaincantes. Chaque ville, petite
ou grande, riche ou pauvre a également le devoir de créer des conditions internes conduisant à
une (re)distribution de la richesse sur le territoire et à une solidarité entre tous ses citoyens.

8.2. PRINCIPAUX RESULTATS ATTEINTS A LA CONFERENCE DE RIO

Le “Sommet de la terre” qui s’est déroulé à Rio de Janeiro (Brésil), n’a pas représenté seulement le
vingtième anniversaire de la première Conférence Internationale « sur l’environnement humain » de
Stockholm (1972). En ce qui concerne les accords en matière environnementale, il a symbolisé un
bouleversement, puisqu’il a marqué de façon définitive la prise de conscience de la nécessité de gérer les
questions environnementales à l’échelle globale, et a reconnu que les questions écologiques et climatiques
et les activités humaines doivent être considérées de façon interdépendante et non pas comme des
secteurs séparés. La Conférence de Rio a donc permis à la communauté internationale d’établir des
stratégies ambitieuses pour répondre aux défis environnementaux à travers une coopération mondiale
visant la durabilité environnementale, économique et sociale.

17
Résultat 1: Confirmation politique et idéologique du concept de développement durable
Le concept de développement durable, résultat du travail d’une commission sur le thème environnement
et développement demandé par les Nations Unies, a amené à la rédaction du rapport Brundtland « Notre
avenir à tous ». La Conférence de Rio fut conçue sur la base de ce rapport, et avait pour tâche d’élaborer
des mesures et des stratégies pour arrêter et inverser les effets de la dégradation environnementale et
pour promouvoir le développement durable. Ce fut l’occasion de transformer le concept de développement
durable en instrument idéologique et politique visant à repenser la politique, l’économie, l’écologie et la
société dans son ensemble.

Grâce à la Conférence de Rio, le concept de développement durable devint un instrument de


gouvernance nationale et internationale. Afin de traduire l’âme écologique du développement
durable sur le plan opérationnel, la lecture des problèmes de développement amena à ne plus
considérer l’effet de serre comme un sujet uniquement scientifique mais également comme une
question politique et sociale.

Résultat 2: Processus de participation


Le deuxième élément intéressant de la Conférence de Rio concerne le processus qui a conduit à la
reconnaissance idéologique et politique du concept de développement durable. La participation fut à trois
niveaux:
 La préparation de la Conférence :
- La conception du concept se réalisa à travers une Commission très représentative dans laquelle ont
participé de nombreux chercheurs et scientifiques. C’est un point positif qui rappelle l’esprit des
institutions internationales, en particulier de l’ONU.
- La conférence fut préparée par quatre rencontres du Comité préparatoire, respectivement à
Nairobi en aout 1989, à Genève en mars 1991, à Genève en aout 1991, à New York en avril 1992.
Les quatre rencontres préparatoires ont servi à préparer la signature de 5 documents, objets de
débat pendant la Conférence de Rio.
 La mobilisation mondiale pour l’événement avec un total de 4000 représentants dont 117 chefs
d’état et de gouvernement, 178 pays représentés et la présence de 760 organisations non
gouvernementales. Le processus d’accord sur la question du développement est allé bien au-delà
des attentes en dépassant de façon remarquable les résultats de la Conférence de Stockholm.
Grâce à la Conférence de Rio, une nouvelle stratégie d’action environnementale pour le
développement durable à l’échelle mondiale a été mise au point et une grande volonté des Etats à
collaborer pour accroître la vigilance, surtout sur les aspects environnementaux du problème du
développement durable, s’est affirmée.
 Une nouvelle vision de la participation dans les processus de développement : on assista lors du
sommet de Rio, à la plus grande participation jamais vue jusqu’alors d’organisations non

18
gouvernementales et de groupes associatifs, à une manifestation organisée par les Nations Unies.
Leur implication donna un nouvel avenir à l’importance attribuée au rôle joué par la société civile
dans le processus de développement durable. A ce sujet, l'Agenda 21 du sommet de Rio identifia 9
groupes principaux, destinés à être partenaires des gouvernements dans la réalisation des accords
de Rio au niveau mondial : les femmes, les agriculteurs, les jeunes, les syndicats, le monde des
affaires et de l’industrie, les autorités locales, les scientifiques et les populations indigènes. Le
concept de développement durable permet donc de lancer un processus impliquant plus la société
civile dans les processus de développement. Le rôle de la société civile est crucial non seulement
dans la réalisation et dans le monitoring des politiques des gouvernements pour atteindre les
objectifs du développement, mais également dans l’alimentation du débat politique, national et
international sur le développement, à travers des contenus et propositions novateurs.

Résultat 3: les cinq Conventions globales

Au cours du sommet de Rio, cinq accords internationaux furent signés : la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement (mieux connue sous le nom de “Charte de la Terre”), l’Agenda 21, la
Déclaration des principes de gestion des forêts, la Convention sur la diversité biologique et la Convention-
cadre sur les changements climatiques (FCCC, Framework Convention on Climate Change), plus connue sous
le nom de Convention de Rio.
- La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement appelée également
“Charte de la Terre” se base sur la thèse simple en soi selon laquelle l’environnement est
en train de se dégrader progressivement et que ce phénomène est incompatible avec le
développement et la survie de l’humanité toute entière. La Charte de la Terre identifie 27
principes de base. Elle affirme en particulier que les êtres humains doivent être au centre
de la discussion sur le développement et sur l’économie des nations, et que tous ont droit
à une vie saine et productive, en harmonie avec l’environnement; Elle affirme en outre que
la protection de l’environnement doit devenir partie intégrante du processus de
développement et ne peut pas être considérée comme une question isolée des autres
thématiques. La Charte définit alors les objectifs et les responsabilités dont chaque nation
doit tenir compte dans ses propres décisions politiques, pour contribuer au progrès et au
bien-être de toute l’humanité; elle insiste surtout sur la nécessité de garantir la paix entre
les peuples et de réaliser des programmes visant l’élimination de la pauvreté. Les articles
n’ont pas de valeur normative mais ils représentent des lignes guides dont les pays
signataires doivent s’inspirer.

19
- Le deuxième accord, l’Agenda 21 appelé également “Action 21”, est un document non
contraignant de 800 pages, un vrai plan d’action détaillé pour le développement durable,
contenant 115 secteurs de programmation dont la réalisation est confiée aux gouvernements.
L’Agenda 21, à réaliser à l’échelle mondiale, fait de la durabilité le principe phare de la politique de
développement de chaque pays. On trouve quatre thèmes principaux : les questions sociales et
économiques, la conservation et la gestion des ressources, la participation et la responsabilité des
personnes, les moyens d’action. L’Agenda 21 sert d’instrument opérationnel pour l’application de
la Déclaration de Rio et considère le développement durable comme une perspective que tous les
peuples du monde doivent suivre. Vu l’ampleur de l’Agenda 21, il est nécessaire de relever le rôle
opérationnel que jouent les institutions internationales pour soutenir sa réalisation et faisabilité.
On peut citer à ce sujet la FAO, surtout pour ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et la faim,
les politiques agricoles, la gestion du territoire et la conservation des ressources naturelles. Pour la
réalisation des différents objectifs de l’Agenda 21, de nombreuses sources de financement sont
prévues : le secteur public et privé des pays signataires et, dans le cas des pays en voie de
développement, les aides économiques allouées par des organismes internationaux gérés par la
Banque Mondiale, par les programmes des Nations Unies pour le développement (UNDP) et par le
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP).

- Le troisième accord est la Déclaration des principes de gestion des forêts qui garantit le droit des
Etats à utiliser les forêts selon leurs propres nécessités, sans en léser les principes de conservation
et de développement. Il s’agit du premier accord mondial définissant les lignes guides sur la gestion
des bois et sur la conservation et le développement durable des activités de sylviculture. Il
démontre une prise de conscience que des forêts dépendent toutes les autres formes de vie. La
déclaration des principes n’a pas de valeur juridique, mais elle sert de référence pour la définition
des politiques forestières à l’échelle mondiale.

- La Convention-cadre sur les changements climatiques, qui précèdera la Convention sur la


désertification, donne des obligations à caractère général qui visent à contenir et à stabiliser la
production de gaz qui contribuent à créer l’effet de serre. La Convention-cadre sur les changements
climatiques (FCCC) définit la réduction des émissions de gaz que chaque pays doit réaliser pour
limiter et inverser le réchauffement global progressif de la planète. La Convention vise à « stabiliser
les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau en mesure d’éviter de
dangereuses interférences anthropogéniques avec le système climatique. Le Traité, ratifié par 159
Etats, se concrétisa dans le protocole de Kyoto en 1997, qui contraint les pays industrialisés à
réduire leurs émissions de 5,2% d’ici 2008-2012 (pourcentage calculé sur la base des émissions de
1990 ou de 1995 suivant le gaz considéré).

20
- Le cinquième accord concerne la Convention sur la diversité biologique. On reconnaît pour la
première fois que la conservation de la diversité biologique est “un problème commun de
l’humanité” et qu’elle fait partie intégrante du processus de développement. Elle a pour objectif de
sauvegarder les espèces dans leurs habitats naturels et de réhabiliter celles en voie d’extinction. En
vigueur depuis 1993, elle fait partie des deux conventions de la Conférence de Rio (la deuxième
étant la Convention sur le climat) à avoir une valeur juridique. L’accord met en évidence d’un côté
la “valeur intrinsèque” de la variété des espèces, et de l’autre la conservation de la biodiversité
considérée comme un aspect sur lequel se fonde le développement durable. Il se donne comme
objectifs : la protection de la biodiversité (définie comme « synonyme de richesse ») ; l’utilisation
durable des éléments de cette diversité ; une gestion coordonnée à l’échelle internationale des
espèces et des écosystèmes ; un rééquilibrement entre les bénéfices obtenus par les pays
industrialisés (capables d’étudier et de transformer les ressources naturelles grâce aux
biotechnologies) et les bénéfices obtenus par les pays pauvres (qui fournissent ces ressources) ; le
partage des acquisitions scientifiques et économiques qui viennent de l’utilisation des ressources
génétiques. Signée par 153 pays, elle fut refusée par les Etats-Unis, avec la motivation que
certaines dispositions auraient limités la recherche biotechnologique.

Rio représenta un moment important de consolidation effective des accords au niveau international. Le
sommet a permis d’adopter tout de suite après deux conventions qui confirment l’engagement commun
des Etats à affronter ensemble les questions environnementales : l’adoption du protocole de Carthagène
sur la biosécurité qui comprend également l’étiquetage des produits pouvant contenir des OGM, et la
Convention sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la
désertification, en particulier en Afrique. Il s’agit d’un document faiblement contraignant, adopté dans
l’esprit de la Convention de Rio en 1994, qui engage la communauté internationale à affronter à long terme
le problème de la désertification, avec des stratégies différenciées selon les régions.

Bien que les accords de la Convention de Rio aient une grande valeur historique, beaucoup auraient voulu
qu’ils soient approuvés par tous les Etats et qu’ils aient une valeur contraignante pour tous. Malgré la
déception ressentie par ceux qui attendaient de Rio toute une série d’engagements concrets, il faut
reconnaître que la Conférence de Rio a représenté l’entrée définitive et en puissance des thèmes
environnementaux dans la vie politique, économique et sociale du monde. On a assisté à une prise de
conscience de la classe politique mondiale et de l’opinion publique sur le sens du concept de
développement durable et sur son lien avec l’environnement. Une urgence partagée dans le souci de
chercher à préserver l’environnement naturel, considéré comme base et partie intégrante du
développement, s’est fait sentir. Beaucoup de richesses sont considérées comme des biens planétaires, des
biens de l’humanité, ce qui permet de passer d’une vision localisée de certains biens à une vision mondiale
qui tienne compte des risques qui menacent les écosystèmes.

21
Résultat 4: La Commission de l’ONU sur le développement durable

Pour assurer la réalisation et le monitoring de l’Agenda 21 du sommet de Rio, les Nations Unies ont institué
une Commission de l’ONU sur le développement durable (CSD).

9. L’après RIO
Après la Conférence de Rio, plusieurs autres conférences internationales ont approfondi et développé les
questions liées à l’Agenda 21 de Rio. Nous présentons ici seulement celles qui ont un lien direct avec le
monitorage des engagements pris à Rio.

RIO + 5
Du Sommet de Rio + 5 (Earth summit +5) appelé également Sommet sur la terre +5, qui s’est déroulé à New
York du 23 au 27 juin 1997 avec une session spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies pour la
révision et l’évaluation de la réalisation de l’Agenda 21 du sommet de Rio. Le sommet avait pour but
d’attirer l’attention des chefs d’état et de gouvernement pour revoir et évaluer la réalisation de l’Agenda
21 et des autres engagements adoptés à la Conférence de l’ONU sur l’environnement et le développement
qui s’était déroulé à Rio de Janeiro, au Brésil en 1992. Le sommet a permis : d’évaluer les progrès
concernant le développement durable, réalisés au niveau global depuis Rio; de montrer que le
développement durable fonctionne en mettant en évidence les activités qui ont eu du succès; d’identifier
les raisons pour lesquelles les objectifs posés par la Conférence de Rio n’avaient pas tous été atteints et de
suggérer des actions correctives; de mettre en évidence certains aspects particuliers (comme le transfert
de fonds et de technologies ; les modèles de production et de consommation; l’utilisation d’énergie et le
transport; le manque d’eau douce) et d’identifier les priorités pour les actions futures ; de solliciter les
gouvernements, les organisations internationales et les principaux groupes à revoir leur engagement pour
le développement durable. Le sommet a été également l’occasion : de montrer les succès en présentant
l’histoire de personnes venant du monde entier, qui ont fait des avancées pour réaliser l'Agenda 21 et
rendre leur communauté plus durable; de faire une estimation des résultats atteints et des échecs, en
identifiant les priorités qui émergent pour le prochain siècle; d’obtenir un profil des pays, à travers les
descriptions de ce que chaque pays a fait pour transformer les accords pris au Sommet mondial de Rio en
actions.

Sommet du millénaire
Du Sommet du millénaire (New York, 20 septembre 2000) au cours duquel 189 chefs d’état et de
gouvernement ont adopté la Déclaration du Millénaire (Millennium Development Goals, MDG), qui
réaffirme les objectifs internationaux pour le développement (OID) face aux grands problèmes qui affligent
l’humanité. Avec la déclaration du Millénaire, les chefs d’état et de gouvernement se sont engagés à

22
atteindre d’ici 2015, les 8 objectifs suivants : 1. Eradiquer l’extrême pauvreté et la faim; 2. Garantir
l’éducation primaire universelle; 3. Promouvoir la parité homme femme et l’autonomie des femmes; 4.
Réduire la mortalité infantile; 5. Améliorer la santé maternelle; 6. Combattre l'HIV/SIDA, le paludisme et
autres maladies; 7. Garantir la durabilité environnementale; 8. Développer un partenariat mondial pour le
développement.

IO + 10
Le Sommet mondial sur le développement durable de Rio + 10 qui s’est déroulé du 24 août au 4 septembre
2002 à Johannesburg, 10 ans après le Sommet de la terre de Rio. Le sommet a représenté une opportunité
importante pour le monde entier pour aller vers un futur durable. Le sommet avait pour objectif principal
celui de renforcer l’engagement politique en faveur du développement durable, à travers l’élaboration de
la Déclaration de Johannesburg qui répète l’engagement des gouvernements à travailler dans ce sens. A été
élaboré en outre un plan de réalisation qui esquisse les actions prioritaires nécessaires au développement
durable. De plus, les gouvernements, la société civile et le monde des affaires ont été encouragés à mener
des initiatives en collaboration, qui abordent des problèmes spécifiques et apportent des résultats
mesurables sur l’amélioration des conditions de vie des peuples du monde.

Rio + 20
Rio + 20 c’est le nom abrégé de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui s’est
tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en juin 2012. Cette conférence a été une occasion historique de dégager
des pistes pouvant mener à un monde plus sûr, plus juste, moins pollué, plus vert et plus prospère pour
tous. Vingt ans après le Sommet planète Terre de 1992 à Rio, où les pays participants avaient adopté Action
21 — un programme d’action pour un développement durable visant à repenser la croissance économique,
promouvoir la justice sociale et assurer la protection de l’environnement, la Conférence Rio + 20 organisée
par l’ONU réunit de nouveau les gouvernements, les institutions internationales et les grands groupes pour
les inciter à se mettre d’accord sur une série de mesures ingénieuses qui permettraient de réduire la
pauvreté tout en encourageant les emplois offrant un revenu convenable, une énergie non polluante et
une utilisation des ressources naturelles plus juste et plus durable. L’intérêt de la conférence ne fait nul
doute, dans un contexte où les dérèglements climatiques et les risques de pénurie en eau, énergie et
alimentation rendront l’avenir de plus en plus incertain, amplifiant les lignes de fracture économiques et
sociales qui traversent le monde. Comme beaucoup d’études le démontrent, les dysfonctionnements du
modèle économique global fondé sur des modes de production et de consommation trop souvent
incompatibles avec des ressources limitées, sur un partage inéquitable de la richesse ainsi que sur une
dérégulation financière qui exacerbe la spéculation et la concurrence pour le « moins disant » social et
environnemental, exige une gouvernance mondiale de l’avenir de notre planète. Cette gouvernance
planétaire est désormais urgente si nous nous référons aux récentes données onusiennes qui montrent
qu’en 2012, le monde compte désormais 7 milliards d’habitants — d’ici à 2050, il y en aura 9 milliards. Une
personne sur cinq — soit 1,4 milliard — vit actuellement avec 1,25 dollar américain par jour ou moins. Un

23
milliard et demi de personnes n’a pas accès à l’électricité. Deux milliards et demi n’ont pas de toilettes. Et
près d’un milliard souffre quotidiennement de la faim. Les émissions de gaz à effet de serre continuent
d’augmenter et plus d’un tiers de toutes les espèces connues pourraient disparaître si le changement
climatique n’est pas combattu. Pour ne pas laisser un monde invivable à nos enfants et petits-enfants, les
défis de la pauvreté et de la destruction de l’environnement à l’échelle mondiale doivent être relevés
immédiatement. Si nous ne faisons pas face maintenant à ces défis cruciaux, nous devrons à l’avenir
supporter des coûts bien supérieurs — notamment en termes de pauvreté et d’instabilité accrues et de
dégradation de la planète. La Conférence de Rio + 20 avait cet objectif. Il a été surtout question de
promouvoir l’idée d’une une économie verte, durable, qui préserve la santé de l’environnement tout en
soutenant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement par le biais d’une hausse des
revenus, de la création d’emplois convenables et de l’éradication de la pauvreté. Les résultats de cette
conférence restent mitigés. Sa déclaration finale ne permet pas de prendre des engagements qui soient en
rupture avec le modèle actuel, responsable de la crise multiple que nos différents pays traversent, d’aucun
depuis des décennies pour ne pas dire depuis leur indépendance. La déclaration de Rio +20 est un texte
purement déclaratif, sans aucune contrainte. Pourtant la société civile avait des attentes concrètes sur
certaines questions telles le cas du droit à l’eau, bien à ne pas privatiser, l’humanisation de la
mondialisation, la sauvegarde des forêts, etc. Des ruptures étaient clairement attendues pour la défense
d’autres modes de développement socialement justes, culturellement responsables et écologiquement
durables.

10.- Conclusion

Le concept de développement durable a fini par être introduit dans notre langage et représente l’occasion
pour un territoire, de faire émerger ses propres problématiques auprès de l’opinion locale et mondiale
mais aussi et surtout, il amène à ne plus se désintéresser de l’environnement. Ce que le développement
durable nous offre de plus important est sans doute le principe selon lequel développement et
environnement sont liés par un fil commun et qu’un développement durable pour la planète est impossible
sans l’élimination de la pauvreté. Le chemin qui part de Rio, avec la reconnaissance politique du
développement durable, sera certainement long, difficile et décisif pour le destin de la terre. En tant que
concept opérationnel, le développement durable encourage à adopter de nouveaux styles de vie et de
gouvernance. Il reste cependant un concept critiqué et dans un sens, un peu affaibli à cause de l’absence
d’une réflexion pertinente sur la dimension culturelle et interculturelle.

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Bibliographie

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