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Troisième partie

Sédimentation marine
Introduction
Origine des sédiments, classification
Sédimentation au niveau de la
plateforme
Sédimentation profonde
Taux de sédimentation
Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

5. Sédimentation marine

Introduction
Les sédiments marins couvrent l’ensemble des fonds océaniques sur une épaisseur
variable, de quelques mètres au centre des dorsales à plus de 15 km dans le NW de
l’Atlantique (Fig. 5.1). Leur composition est variée, reflétant la contribution relative des
différents apports continentaux, liés à la productivité biologique ou à l’activité hydrothermale.
La succession des sédiments observée au fond des océans constitue un enregistrement de la
variabilité des flux particulaires au cours du temps. La nature des sédiments permet de
reconstituer les changements locaux de productivité océanique et d’apports détritiques au
cours des transitions glaciaires et interglaciaires. A l’échelle du millions d’années, l’épaisseur
et la nature d’une couche peut refléter les conditions successives de sédimentation en fonction
du déplacement des plaques tectoniques.

Source: Landry & Mercier, 1992

Fig. 5.1

Origine des sédiments


Cinq types de sédiments sont identifiés selon leur origine.
(1) Les sédiments terrigènes sont constitués de particules issues de l’altération physique
et chimique des roches en milieu continental (Fig. 5.2). La composition minéralogique et la
taille des grains dépendent de la nature du matériel parental, des conditions climatiques
(précipitation, température, saisonnalité), de l’activité biologique, de la durée de l’altération et
de la topographie (cf. cours Géologie des Argiles-chapitre 5A). les particules sont transportées
par les rivières, le vent ou les glaciers. En paléocéanographie, la distribution des sédiments
détritiques permet par exemple de suivre les trajectoires des courants marins; la
granulométrie des dépôts est indicatrice de la vitesse des courants.

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Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

Figure 5.2 – Cycles géologiques: cycle interne et externe – Caron et al., 1989

(2) Les sédiments biogènes se composent de fragments de coquilles et/ ou de tests


produits par les organismes (Fig.5.3, Tab.5.1). La composition est principalement carbonatée,
siliceuse, voire phosphatée. En paléocéanographie, la distribution des sédiments biogènes
permet de suivre le déplacement des plaques tectoniques par rapport à une zone de haute
productivité (e.g., upwelling ou zone équatoriale) ; leur abondance donne une indication de
la paléoproductivité de la colonne d’eau.

Tab. 5.1.– Composition minéralogiques des tests organiques – Schultz & Zabel, 2000

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Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

Figure 5.3 Principaux organismes impliqués dans la sédimentation marine biogène – Caron et al., 1989.

(3) Les sédiments hydrogénés ou authigènes se forment par précipitation chimique directe
dans la colonne d’eau à proximité de l’interface eau/sédiment. Ils sont peu importants par
rapport à l’ensemble des sédiments. En paléocéanographie, l’analyse des sédiments
authigènes renseigne sur la signature chimique de l’eau de mer.

(4) Les sédiments volcanogènes résultent de l’accumulation de débris ou de cendres


d’origine volcanique.

(5) Les sédiments cosmogènes sont constitués de particules d’origine extraterrestre. Ils
sont exceptionnels.

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Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

Classification sédimentaire
Il existe différentes classifications des sédiments marins, basées sur des critères de taille,
de composition chimique ou d’origine. La figure 5.4 présente la classification proposée par
Folk (1980). Elle repose sur le pourcentage relatifs de sable (particule > 63 microns), de silt (2
à 63 microns) ou d’argile (< 2 microns). La figure 5.5 et le tableau 5.2 présente plutôt une
classification génétique.

Figure 5.4 – Classification des sédiments marins basée sur la granulométrie


– Schultz & Zabel, 2000.

Table 5.2 – Classification génétique des sédiments marins – Butcher et al., 1994

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Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

Figure 5.5 – Classification génétique des sédiments marins – Schultz & Zabel, 2000

Processus de sédimentation
Les conditions de sédimentation sont différentes selon la proximité des continents et la
profondeur de la tranche d’eau. Deux domaines de sédimentation sont distingués : la
plateforme continentale et la sédimentation profonde.

A. Sédimentation de plateforme
La sédimentation au niveau de la plateforme est sous le contrôle direct des apports
continentaux (Fig. 5.6). Avec l’approfondissement de la tranche d’eau, l’énergie diminue.
Une distribution latérale des sédiments s’établit : les sédiments grossiers se déposent dans les
zones peu profondes, les sédiments les plus fins dans les zones plus profondes.
L’environnement de plateforme est très sensible aux variations du niveau marin. Actuellement
près de 70% de la surface de la plateforme continentale sont couverts de sédiments reliques c-
à-d déposés durant la dernière glaciation lorsque le niveau marin était approximativement 130
m plus bas qu’actuellement.

La distribution des sédiments sur les plateformes montre une distribution régulière,
variable selon la latitude (Fig. 5.7). Cette zonation suggère un contrôle climatique sur la
sédimentation. On distingue une large bande de sédiments homogènes de l’équateur aux
tropiques, comprenant des récifs coralliens et des débris de tests organiques. La bande est plus
large à l’ouest qu’à l’est en accord avec le déplacement des courants chauds vers l’ouest.
Dans la zone de latitudes moyennes, les plateformes sont recouvertes de sédiments terrigènes.
Au niveau des pôles, les apports dérivés de l’érosion des glaciers et du vélage d’icebergs sont
dominants. Cette distribution très schématique peut évidemment être modifiée par des
conditions locales particulières.

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Fig. 5.6a – Sédimentation au niveau de la plateforme continentale – Pinet, 1998

Fig. 5.6b – Sédimentation au niveau de la plateforme continentale – Pinet, 1998

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Figure 5.7 – Distribution latitudinale de la sédimentation de plateforme – Pinet, 1998

Actuellement, notons que seule une faible proportion de matière détritique est transportée
jusqu’au talus continental. La remontée rapide du niveau marin après la dernière glaciation
n’a pas permis aux sédiments de se ré-équilibrer avec les nouvelles conditions de tranche
d’eau moins profonde. Par conséquent, on observe le développement de ceinture argileuse sur
la plateforme.

Contrôle tectonique sur la sédimentation


La figure 5.8 illustre le contrôle qu’exerce la tectonique sur la sédimentation au niveau
d’une marge passive atlantique.
(a) Au Trias, l’Atlantique est à au stade de rifting (cf. chapitre 2d. Evolution des océans).
Le bassin océanique naissant se comble de sédiments lacustres puis marins peu profonds.
(b) Au Jurassique, l’Atlantique connaît une longue période d’accumulation sédimentaire.
Les sédiments détritiques s’accumulent, le bassin s’élargit. La subsidence approfondit
progressivement le bassin. Les apports grossiers apportés par les rivières sont remaniés par les
vagues et les courants ; ils se dispersent sur la plateforme. La fraction fine reste en suspension
plus longtemps et se déplace vers le large puis sédimente à la base du talus ou au niveau de la
plaine abyssale (cf. chapitre 2 – structure des bassins océaniques). A l’extrémité de la
plateforme se développe un récif corallien qui maintient son développement parallèlement à la
subsidence.
(c) Actuellement, les apports sédimentaires issus de la plateforme enfouissent le récif
corallien. Il y a formation d’une large plateforme continentale assez régulière.

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Océanographie géologique Chapitre 5a Sédimentation marine

Figure 5.8 – Contrôle tectonique


sur la sédimentation de plateforme
au niveau d’une marge passive:
Exemple de l’Atlantique ouest
- Pinet, 1998

La figure 5.9 montre le contrôle de la tectonique sur la sédimentation au niveau d’une


marge active pacifique. La marge reçoit des sédiments depuis le continent. Les sédiments sont
affectés par les contraintes compressives au niveau de la zone de subduction. Il se forme un
prisme d’accrétion sédimentaire. Ce prisme résulte de la compression qui se développe entre
l’arc volcanique et la fosse. Il est constitué par un ensemble de sédiments disposés en écailles
successives, montrant une alternance de sédiments biogènes et de sédiments turbiditiques.

Figure 5.9 – Contrôle tectonique sur la sédimentation de plateforme au niveau d’une marge
active: Exemple du Pacifique- Pinet, 1998

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Cas des plateformes carbonatées


Les plateformes carbonatées ne se développent que dans les régions où les apports
fluviatiles sont limités et les eaux sont chaudes. La productivité biologique est élevée et
permet la synthèse par les organismes de tests carbonatés. Ces tests s’accumulent à la mort
des organismes et constituent des sédiments carbonatés.
Les plateformes carbonatées sont peu représentées actuellement sur les plateformes
continentales (Fig. 5.10). Les exemples actuels sont localisés au niveau des zones tropicales et
subtropicales (e.g., Floride, Yucatan, Amérique Centrale, Nord Australie). Par contre de
nombreuses séquences carbonatées sont retrouvées dans les Rocheuses, Alpes, Himalayas ou
les Andes. Cette abondance dans les séries marines anciennes montre que la sédimentation
carbonatée était plus développée qu’actuellement.

Figure 5.10 – Distribution des plateformes carbonatées - Pinet, 1998

Les récifs sont des constructions carbonatées d’origine biologique, formée par une
communauté de coraux, algues, éponges et autres invertébrés (Fig. 5.11). La structure reste
intacte à la mort de organismes et les générations suivantes poursuivent la construction. Cette
sédimentation est limitée aux zones de basses latitudes car elle exige des conditions strictes de
température et d’ensoleillement (Fig. 5.12). Il existe différents types de récifs : barrières,
récifs frangeants ou atolls selon qu’ils sont séparés ou non des îles volcaniques par un atoll.

Fig. 5.12 – Distribution des récifs actuels - Hamblin & Christiansen, 1995

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Figure 5.11 – Types de barrières récifales - Hamblin & Christiansen, 1995

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