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David Barrette 15 janvier 2024

Fiche de lecture #1

Cette fiche de lecture porte sur les deux premiers chapitres de l’ouvrage collectif

« Initiation aux études historiques » paru sous les éditions Nouveau monde à Paris en 2020. Il a

pour fonction de manuel de méthodologie pour les étudiants en histoire qui débutent dans la

profession. Son premier chapitre est « Lettre à un jeune historien » écrit par Patrick Boucheron

en mai 2020. Historien français spécialiste du Moyen-Âge enseignant au Collège de France, il a

notamment publié plusieurs ouvrages sur l’histoire urbaine de l’Italie médiévale, ou encore des

livres interrogeant la vocation historique comme « Ce que peux l’histoire » publié par le Collège

de France en 2016. Le deuxième chapitre de l’ouvrage est « Introduction » écrit par les autrices

françaises Reine-Marie Bédard, historienne de la Grèce antique, Bénédicte Girault, conférencière

en histoire contemporaine à l’université de CY Cergy(Paris) et Catherine Rideau-Kikuchi,

spécialiste du début de l’imprimerie en Italie de la fin du Moyen-Âge ayant notamment effectué

ses études à l’université Versailles Saint-Quentin.

Les deux chapitres présentent un objectif assez similaire, celui de proposer un cadre de

pensée propice à l’initiation des futurs historiens dans la pratique de l’histoire. Dans un premier

temps, Boucheron dans la « Lettre à un jeune historien » tente de rassurer celui-ci en partageant

ses premiers pas dans la profession. Il partage les incertitudes qui ont animé son parcours. Puis, il

propose de tenter de définir l’histoire tout en admettant que cette tâche soit impossible. Notons

aussi sa volonté de vendre les vertus de la pratique de l’histoire et sa capacité à aiguiser notre

sens critique. Il souligne également toute la beauté du renouvellement de la profession et des

différents pans historiographiques au fil du temps.


Dans ce sens, le chapitre deux « Introduction » continue sur cette lancée. Il dresse un

portrait de l’évolution de la méthode historique d’Hérodote, à Jean Mabillon, en passant par

Michelet et se terminant par l’école des Annales de Le Goff ou Bloch. Il a également pour

objectif de démontrer les différents motifs qui nous poussent à étudier l’histoire dans la société

en général. La formation de citoyen reste un enjeu important de cette étude, mais le texte apporte

également l’idée que l’histoire permet aux étudiants de développer un esprit critique aiguisé

capable de faire preuve de prudence face aux faits et affirmations auquel ils sont confrontés.

La méthodologie historienne constitue donc l’instrument le plus essentiel de la pratique

historienne. Le chapitre démontre que celle-ci garantit à l’étudiant la possibilité de proposer une

analyse qui se rapproche de l’objectivité scientifique, ou ce que l’on pourrait appeler, la vérité

historique. Bien sûr, comme pour le premier chapitre, on rappelle la nécessité de l’histoire

d’adopter une attitude de rétrospection continue. Comme Boucheron le souligne très bien,

l’histoire est constituée de deux récits, «le premier racontant ce qui s’est passé, le second

exposant ce qui nous autorise à le raconter ainsi. » L’étude des différents courants

historiographiques est, pour les deux premiers chapitres du manuel, un élément essentiel à la

formation des historiens. Il est le garant de l’évolution de la discipline. Puisque les historiens

sont avant tout le produit de leurs propre temps et sont inévitablement victimes de leur

subjectivité. Cependant, les textes ne tentent pas de véhiculer l’idée que les générations

précédentes d’historiens doivent être oubliées ou délégitimées. Au contraire, c’est par l’étude de

leurs travaux et recherches que nous sommes en mesure de souligner les silences laissés, les

erreurs,ou pour en apporter des nuances à leurs propos.

L’exemple de Michelet en toute fin de chapitre introductif est particulièrement révélateur

de cette idée. Bien que celui-ci avait une forte tendance à coller une morale sur l’histoire, ou d’en
faire un instrument nationaliste français, il fut néanmoins le pilier d’une génération entière

d’historiens qui ont façonné la méthode historique en apprenant de ses erreurs.

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