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28
Les bases de la nutrition
Nutriments, aliments, énergétique,
comportement alimentaire
PLAN DU CHAPITRE
Macronutriments. . . . . . . . . . . . . . . . . . 327 Aspects particuliers du
Micronutriments . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332 métabolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334
Besoins énergétiques . . . . . . . . . . . . . . 333 Régulation du comportement
alimentaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
S'alimenter a pour but de satisfaire au mieux les besoins éner- cides simples et les glucides complexes selon leur formule,
gétiques (macronutriments) et les besoins qualitatifs (micronu- les glucides rapides et lents selon leur vitesse d'absorption
triments) d'un individu en toutes circonstances. La nutrition et leur pouvoir hyperglycémiant exprimé par l'index glycé-
regroupe l'ensemble des connaissances sur les nutriments, les mique. Les glucides simples ont un pouvoir sucrant variable.
aliments qui en sont les pourvoyeurs et les comportements qui On distingue aussi les glucides digestibles à destinée méta-
aboutissent à leur ingestion en adéquation avec des besoins bolique et ceux non digestibles (les fibres). Aucune de ces
variables selon la situation physiologique ou pathologique. classifications n'est exempte de critique, aucune ne rend
La dépense énergétique totale (DET) correspond au totalement compte des propriétés physicochimiques et
coût de la vie active. Les aliments apportent les substrats fonctionnelles des glucides. Parmi les glucides digestibles,
nécessaires à la production d'énergie qui se concrétise par on distingue les mono- et disaccharides et les polysaccha-
la synthèse d'ATP (adénosine triphosphate). Chaque macro- rides dont le processus de digestion et la destinée métabo-
nutriment a la capacité de produire une certaine quantité lique sont différents.
d'ATP transformée secondairement en chaleur.
La calorie est une unité de chaleur correspondant à Mono- et disaccharides
l'énergie obtenue par l'hydrolyse de l'ATP et la libération de Les monosaccharides alimentaires regroupent les produits de
phosphore. l'hydrolyse de l'amidon (glucose), le fructose et le galactose. Le
ribose et le déoxyribose sont des pentoses de synthèse endo-
gène dont la destinée est de produire des acides nucléiques.
Macronutriments Les disaccharides sont représentés par le saccharose (ou
Hydrates de carbone (CHO) sucre de cuisine) qui a un pouvoir sucrant et par le lactose.
Mono- et disaccharides sont considérés comme des sucres
Les CHO (glucides) sont des nutriments dont l'intérêt éner- « simples » mais ils ne sont pas pour autant tous « rapides »
gétique est considérable puisqu'ils couvrent globalement puisque le fructose se comporte comme un sucre « lent ».
50 à 60 % des besoins énergétiques : 1 g de glucides apporte Seuls le glucose et, à un moindre degré, le saccharose sont à
4 kcal. Les glucides assurent l'homéostasie glycémique et considérer comme des sucres « rapides », ce qui sous-entend
peuvent être stockés dans le foie et le muscle sous la forme qu'ils entraînent une hyperglycémie précoce et importante.
de glycogène (qui est au monde animal ce que l'amidon est
au monde végétal). Le stockage du glycogène est limité à Polysaccharides (ou sucres complexes)
300 g, soit une réserve énergétique de 1 200 kcal.
Les polysaccharides sont des glucides de structure complexe
regroupant l'amidon, l'amylopectine et l'amylose, qui sont
Classification des polymères du glucose digestibles après cuisson et la cellu-
La classification des membres de cette famille très hétéro- lose qui n'est pas digestible. Néanmoins 2 à 5 % des amidons
gène est difficile. L'usage veut que l'on distingue les glu- s'avèrent résistants aux enzymes digestives et sont un substrat
Endocrinologie, diabète, métabolisme et nutrition
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328 Partie III. Nutrition
de fermentation pour le microbiote colique qui les transforme les organes non glucodépendants. En même temps, l'utilisa-
en acides gras à chaîne courte. Les fibres alimentaires sont des tion préférentielle des acides gras pour assurer l'énergétique
hydrates de carbone complexes non digestibles. musculaire (cycle de Randle) réalise une épargne glucosée.
GLUCOSE 100 %
Soda (100)
Baguette (90)
SACCHAROSE 65 %
Pizza/riz brun (60)
Barre de céréales (60)
Crème glacée, petits beurres (60)
Maïs (55), chips (54), miel (58),
banane (53)
Chocolat, pain noir, carottes, muesli,
haricots blancs (50)
Pain aux céréales (45), pâtes (45),
orange (44), éclair au chocolat (40)
FRUCTOSE 23 %
0%
Tableau 28.1 Les fibres alimentaires. mation de fibres (15 g/1 000 kcal) pour moitié insolubles et
pour moitié solubles en privilégiant les apports sous forme
Fibres solubles Fibres insolubles
naturelle : légumes, légumineuses, fruits, grains entiers.
Pectines Cellulose L'enrichissement en fibres solubles sous forme de glucane
Gommes Lignines (provenant de l'avoine) est néanmoins possible, surtout lors
du petit-déjeuner. Des méta-analyses ont confirmé qu'une
Glucanes (avoine) Certaines hémicelluloses
alimentation riche en fibres s'avérait protectrice vis-à-vis
Alginates (algues) des maladies cardiovasculaires et métaboliques, du surpoids
Certaines hémicelluloses et de certains cancers.
Protéines
Glucides non digestibles ou fibres alimentaires Les protéines sont des chaînes d'acides aminés (AA) dont
Classées en fibres insolubles et solubles (tableau 28.1), les chacun porte un radical azoté. Elles apportent 4 kcal/g et
fibres alimentaires n'apportent pas d'énergie et agissent sur ont le statut de macronutriment énergétique. Les AA sont
la vidange gastrique, le transit intestinal et l'équilibre du les substrats des synthèses protéiques endogènes et ont un
microbiote intestinal qui peut les dégrader en partie. Elles rôle métabolique dans la mesure où les protéines constituent
interagissent avec l'absorption des glucides digestibles en une réserve énergétique et que certains AA participent à la
réduisant leur IG. Il est recommandé de majorer la consom- néoglucogenèse hépatique et à la cétogenèse.
330 Partie III. Nutrition
réestérifiés en TG dans l'entérocyte puis transportés dans sont à l'origine d'eicosanoïdes aux fonctions parfois oppo-
la lymphe sous forme de chylomicrons. Les TG à chaîne sées selon qu'ils sont issus d'AGPIS n-3 ou n-6.
moyenne sont absorbés plus rapidement du fait d'une plus
grande solubilité. Ils sont en grande partie absorbés directe- AG essentiels n-3
ment dans le sang portal sans subir de réestérification ce qui Les dérivés n-3 ont globalement des effets favorables
fait leur intérêt en cas de malabsorption des graisses. pour la santé avec des propriétés fibrinolytiques et
Le cholestérol est absorbé par un processus actif à un anti-inflammatoires.
taux de 30 à 70 % pour partie sous forme de cholestérol ali- L'acide α-linolénique contenu en abondance dans l'huile
mentaire et pour partie sous forme de cholestérol contenu de colza, les noix et le soja et les acides eicosapentaénoïque
dans la bile. Le solde, séquestré par les acides biliaires, est (C20 n-3) (EPA) et docohexaénoïque (C22 n-3) (DHA)
éliminé dans les selles. apportés par les produits marins (saumon, maquereaux, sar-
L'élimination fécale des graisses ne dépasse pas 4 à 6 g/j dines) sont des AG n-3 qui sont à l'origine de leucotriènes
quelle que soit la quantité de lipides ingérés. et de thromboxanes aux effets favorables : diminution du
risque de mort subite, effets favorables sur la cancérogenèse,
Métabolisme lipidique l'athérogenèse et le vieillissement. Une supplémentation en
Les AG des TG sont une source d'énergie utilisable par la plu- AG n-3 permet de limiter la compétition enzymatique avec
part des organes à l'exception du cerveau. Le cholestérol et les les AG n-6 qui sont métabolisés par les mêmes enzymes
phospholipides sont surtout des constituants des membranes. mais qui sont à l'origine de composés moins favorables pour
Les AG circulants proviennent soit des chylomicrons (à la santé. Il serait souhaitable que le rapport des AG n-6/AG
la phase postprandiale) et d'autres lipoparticules, soit des n-3 soit de l'ordre de 1 à 5 et non supérieur à 10 comme il
réserves adipeuses (jeûne) sous l'action d'une lipoprotéine l'est dans l'alimentation occidentale.
lipase. Les chylomicrons assurent l'essentiel du transport
des TG réestérifiés dans l'entérocyte. Les AG libérés dits AGPIS non essentiels n-6
« libres » pénètrent dans les mitochondries pour produire de Les AGPIS non essentiels n-6 ont la réputation d'être favo-
l'ATP dans le muscle et le tissu adipeux. Les AG non utilisés rables pour la santé mais en cas d'apport excessif, les AGPIS
à des fins énergétiques sont réestérifiés en TG. Une alimen- n-6 sont fragilisés par l'oxydation, ce qui rend athérogènes
tation riche en glucides a tendance à diminuer le taux des les lipoparticules qui en contiennent en abondance.
acides gras libres (AGL) et à favoriser la synthèse des TG de
réserve en cas d'apport énergétique excessif. Lipides particuliers : acides gras trans
La mise en réserve des AGL non utilisés se fait sous la et conjugués de l'acide linoléique (CLA)
forme de TG dans le tissu adipeux. Les réserves, d'environ
120 000 kcal, sont utilisables après une lipolyse favorisée par La majorité des AG sont de configuration spatiale isomé-
l'insulinopénie absolue lors des états de jeûne ou relative en rique « cis ». Certains AG sont de configuration « trans ». Les
cas d'insulino-résistance. AG trans naturels sont présents dans les produits issus des
Les AG circulants captés par le foie sont incorporés ruminants (lait et dérivés). Ils ne semblent pas avoir d'effets
dans les lipoparticules VLDL qui constituent l'essentiel des délétères en termes de risque cardiovasculaire. En revanche,
hypertriglycéridémies observées en pathologie, notam- les AG trans issus de l'hydrogénation catalytique partielle
ment dans les situations d'insulino-résistance. La nature des utilisée par l'industrie agroalimentaire sont délétères. La dif-
lipides alimentaires influence la composition des graisses de férence entre les AG trans naturels et artificiels tient à leur
réserve du tissu adipeux et la composition des VLDL. composition en isomères ce qui permet aux premiers d'être
métabolisés. L'ingestion d'AG trans obtenus par hydrogéna-
Acides gras tion industrielle est associée à une augmentation du choles-
Graisses saturées (AGS) térol-LDL et une diminution du cholestérol-HDL avec une
augmentation du risque cardiovasculaire d'environ 25 %
Les AGS sont associés à un risque cardiovasculaire accru par augmentation de 2 % des AG trans. En revanche, l'acide
alors que les AGMIS et les AGPIS sont neutres ou béné- vaccénique peut être converti en acide ruménique, conjugué
fiques. En réalité les AGS ne sont pas tous délétères ; il en de l'acide linoléique (CLA) qui a des propriétés anticarci-
est certains qui sont probablement neutres voire bénéfiques nogènes et protectrices vis-à-vis du risque cardiovasculaire.
(certains AGS à chaîne courte des produits laitiers et l'acide L'Anses a proposé de limiter les AG trans à moins de 2 % de
stéarique C18). En pratique, ils sont reconnaissables parce la ration énergétique. En France, les produits commerciali-
qu'ils sont solides à température ambiante. sés ont des teneurs réduites en AG trans.
Acide oléique
Graisses mono-insaturées (AGMIS) Cholestérol
L'acide oléique (C18:1 n-9) est le représentant embléma- Le cholestérol n'est contenu que dans les aliments d'ori-
tique des AGMIS et est associé au régime méditerranéen. gine animale. Les stérols et stanols (équivalent du choles-
térol dans le monde végétal) interfèrent avec l'absorption
Graisses polyinsaturées (AGPIS) du cholestérol et peuvent réduire son taux. L'essentiel du
Certains sont indispensables comme l'acide linoléique cholestérol circulant provient d'une synthèse endogène.
(C18:2 n-6) ou l'acide alpha-linolénique (C18:3 n-3). Grâce L'enrichissement en phytostérol est associé à une diminu-
à l'activité de la lipoxygénase et de la cyclo-oxygénase, ils tion de la cholestérolémie.
332 Partie III. Nutrition
Tableau 28.4 Apport lipidique : nouvelle classification et recommandations pour un adulte consommant
2 000 kcal en % de l'apport énergétique total.
Acides gras indispensables Acides gras non indispensables
Linoléique α-linolénique DHA EPA Laurique (C12) AGS Oléique Autres
Myristique
(C14)
Palmitique
(C16)
C12:2 n-6 C18:3 n-3 C22:6 C20:5 C18:1 n-9
n-3 n-3
% 4 1 ≤8 ≤ 12 15-20 <2
mg 250 250
Chapitre 28. Les bases de la nutrition 333
fundiques, pour pouvoir être absorbée. La majorité des cas d'autres… Chacun a une ou plusieurs fonction(s) plus ou
de déficit en vitamine B12 sont en rapport avec la non- moins définie(s). Une carence aboutit le plus souvent à une
dissociation de la vitamine B12 de ses protéines porteuses maladie caractérisée.
(maldigestion des cobalamines alimentaires).
Les vitamines hydrosolubles interviennent toutes dans les Macrominéraux
voies du métabolisme cellulaire en tant que coenzymes. Les
fonctions de plusieurs de ces vitamines sont souvent intri- Calcium
quées. L'exemple type est celui de l'action des vitamines B6, Le calcium a un rôle biologique considérable parce qu'il est
B9 et B12 dans le métabolisme de l'homocystéine. Il n'est un composant essentiel du squelette (il y a environ 1 kg de
pas rare, de ce fait, d'observer des déficits combinés en vita- calcium dans l'organisme adulte) et qu'il est nécessaire à la
mines hydrosolubles. Les manifestations cliniques reflètent contraction musculaire et à bien d'autres fonctions dont la
la défaillance de ces fonctions coenzymatiques et sont très coagulation. Les produits laitiers sont les meilleurs pour-
différentes selon la nature exacte de la fonction et du tissu voyeurs de calcium.
cible de chacune des vitamines en question.
Phosphore
Substances vitamine-like Intimement lié au calcium osseux sous la forme d'hy-
droxyapatite, le phosphore intervient également comme
Certaines substances ont un rôle qualitatif intéressant substrat de la synthèse des acides nucléiques, des phos-
quoique souvent mal défini. Leur synthèse endogène est pholipides et dans la formation de l'ATP. Les aliments
possible mais une supplémentation améliore certains pro- riches en protéines (produits carnés et laitiers) en sont
cessus biologiques. La choline est un acide aminé considéré une excellente source.
comme un constituant clé de la sphyngomyéline et de la léci-
thine, lipides qui concourent à la structure des membranes Magnésium
cellulaires et des lipoparticules. La taurine impliquée entre
autres dans la neuromodulation est aussi nécessaire pour Élément de l'intégrité des mitochondries et cofacteur de plus
la production de sels biliaires. Il pourrait être intéressant de 300 enzymes, le magnésium est apporté par les légumes
de compléter sa synthèse endogène à partir de la cystéine verts, les légumineuses, les céréales et les produits marins.
et de la méthionine. La carnitine est une substance azo- Les réserves sont de l'ordre de 20 à 30 g pour des besoins
tée synthétisée à partir de la lysine et de la méthionine qui journaliers supérieurs à 400 mg.
intervient dans les réactions de transestérification et dans le
transport des AG à chaîne longue vers la mitochondrie. Sa Potassium et sodium
synthèse endogène est globalement insuffisante chez l'en- Le potassium est le cation principal de l'espace intracellulaire.
fant en bas âge. La coenzyme Q (ubiquinone), apparentée Il joue un rôle essentiel dans la régulation acido-basique et
par sa structure à la vitamine E, intervient comme antioxy- la dépolarisation membranaire. Le potassium est contenu en
dant et dans le transfert des électrons dans la mitochondrie. abondance dans les légumes et les fruits (surtout les agrumes).
Elle a des effets potentiels sur le travail musculaire. Le sodium est le principal cation extracellulaire. Il joue
un rôle majeur dans la régulation et la distribution hydrique
Microconstituants et maintient le potentiel transmembranaire.
Les bioflavonoïdes ou polyphénols regroupent un grand
nombre de molécules censées avoir des effets biologiques Besoins énergétiques
favorables pour la santé en agissant sur la fonction endothé-
liale et en ayant des propriétés antioxydantes, antithrombo- Besoins
gènes et antitumorales. Les fruits et légumes en général en Le principe de la conservation de l'énergie postule que les
sont particulièrement riches. Leur rôle exact et les apports dépenses énergétiques d'un patient sont égales à ses apports
conseillés sont encore mal connus chez l'homme. caloriques. La mesure ou le calcul de la dépense énergé-
tique permet d'évaluer les besoins caloriques nécessaires à
Oligoéléments et minéraux maintenir l'homéostasie énergétique d'un sujet à un instant
donné dans les conditions qui sont les siennes : repos, acti-
Ces éléments dont les besoins sont extrêmement variables, vité physique, agression métabolique. En pratique, il est plus
de l'état de trace à plusieurs centaines de mg (macrominé- facile de calculer les dépenses que de les mesurer.
raux), ont en commun d'être non organiques. La dépense énergétique regroupe plusieurs types de
dépenses :
Oligoéléments ■ dépense énergétique de repos : la dépense énergétique de
Les oligoéléments interviennent dans de nombreux pro- repos (DER) ou métabolisme de base représente 60 à 65 %
cessus biologiques et enzymatiques. Les plus remarquables de la dépense énergétique totale (DET) d'un sujet sédentaire.
sont le fer (besoins journaliers de 20 mg pour un stock de Elle dépend de l'âge, du sexe et de la masse maigre (MM) et
4 g), dont on connaît le rôle essentiel dans le transport de comporte une part de déterminisme génétique (pour 10 %).
l'oxygène par l'hémoglobine, le cuivre, le zinc, l'iode, le Elle est estimée en moyenne à 30 kcal/kg de MM. Elle peut
fluor, le cobalt, le sélénium, le manganèse, le molybdène, être calculée de façon plus précise par la formule de Harris et
le chrome, le nickel, le bore, l'arsenic, le vanadium et bien Benedict ou estimée selon l'état nutritionnel ;
334 Partie III. Nutrition
■ dépense énergétique postprandiale : la dépense énergé- lique de l'activité physique totale rapporté à une semaine
tique postprandiale (15 % de la DET) est liée au coût de la (MET · min · semaine−1). D'autres techniques font appel à
transformation et des échanges d'énergie. Elle varie selon des podomètres, des accéléromètres ou des cardio-fréquen-
les nutriments : 20 % pour les protéines, 8 % pour les glu- cemètres et à des équations de prédiction.
cides et 5 % pour les lipides ;
■ dépense énergétique due à la thermorégulation : la Densités alimentaires en nutrition
dépense énergétique due à la thermorégulation est
réduite dans les conditions actuelles de confort ther- Densité énergétique
mique (chauffage, climatisation) ; Elle traduit la quantité d'énergie apportée par 100 g d'ali-
■ dépense énergétique due à l'activité physique : la dépense ments. Plus un aliment est « sec » (exemple les biscottes par
énergétique due à l'activité physique (15 % de la DET chez rapport au pain) ou riche en lipides de constitution, plus il
un sujet sédentaire) est la part la plus variable de la DET. est dense en énergie. Un repas apportant la même quantité
La DET n'est pas la même chez tous les individus ayant d'énergie aura un volume variable selon la densité énergé-
un apport énergétique et des conditions de vie identiques. tique des aliments qui le composent. Les fruits et légumes
Il existe une fourchette de variation de l'ordre de 10 % ce ont une densité énergétique faible.
qui peut avoir des conséquences pondérales notables au fil
du temps. Les insuffisances ou les excès d'apports énergé- Densité nutritionnelle
tiques peuvent être amortis par divers systèmes de régula- Elle traduit la teneur en micronutriments pour 1 000 kcal. Les
tion. Un excès d'apport déclenche l'action de cycles futiles graisses saturées et les glucides simples (le sucre) ont une faible
associés à des protéines spécifiques découplantes (uncou- densité nutritionnelle mais une haute densité énergétique. Les
pling transfer proteins [UCTP]) faisant traverser à l'énergie fruits et légumes ont une haute densité nutritionnelle (apport
la membrane mitochondriale pour produire de la chaleur. en minéraux, vitamines et microconstituants) et une faible
densité énergétique. Une alimentation optimale pour la santé
Mesure de la dépense énergétique doit avoir la densité nutritionnelle la plus élevée possible en
La calorimétrie directe est précise mais généralement inac- regard d'une densité énergétique faible tout en couvrant à la fois
cessible puisqu'elle nécessite une chambre calorimétrique. les besoins énergétiques et les besoins qualitatifs. Cet objectif
La calorimétrie indirecte, plus accessible, évalue la peut être atteint en majorant la part des fruits et légumes et des
dépense énergétique à partir de la mesure de ses échanges glucides complexes, peu raffinés (riches en fibres).
gazeux (consommation d'oxygène et production de CO2).
roxydes à partir des lipides et de composés carboxylés à partir La régulation de la prise alimentaire est un processus
des protéines. Le SO favorise la formation des produits avan- complexe qui relève du système nerveux central, l'essentiel
cés de la glycation (AGE). La peroxydation lipidique dépend des centres de contrôle se situant dans l'hypothalamus. Il s'y
étroitement du statut oxydant et conduit à de nombreuses associe une régulation de la masse adipeuse. L'ensemble est
altérations structurelles ou fonctionnelles. L'attaque radicu- régi par un grand nombre de neuromédiateurs et de récep-
laire des lipoprotéines circulantes aboutit à la formation de teurs activés ou inhibés par des signaux hormonaux ou
LDL oxydées qui s'avèrent particulièrement athérogènes. nerveux, eux-mêmes modulés par des facteurs environne-
Le SO peut être évalué par divers marqueurs dont les plus mentaux et psychosociaux.
intéressants sont le rapport vitamine C/vitamine E (deux vita- Une régulation adaptée de la prise alimentaire permet, en
mines qui agissent en synergie), le rapport glutathion réduit/ dépit d'une alimentation discontinue et de larges variations
glutathion oxydé, ou encore le dosage des isoprostanes (qui des ingesta et des dépenses énergétiques d'un jour à l'autre,
résultent de l'attaque des radicaux libres oxygénés sur l'acide de satisfaire les besoins permanents et de maintenir un
arachidonique). Des marqueurs plus indirects, comme la pro- poids stable grâce à l'égalisation des entrées et des dépenses
téine C réactive ultrasensible (qui intervient lors de la phase énergétiques à moyen terme.
aiguë de l'inflammation), fournissent des indications sur le SO.
Prise alimentaire
Produits terminaux de la glycation (AGE) La prise alimentaire est un acte volontaire et de choix com-
Ces produits encore dénommés advanced glycation end pro- mandé par plusieurs signaux :
ducts (AGE) sont formés en permanence dans l'organisme ■ la faim : sensation de « creux » ou de « vide » gastrique
mais aussi lors de la cuisson des aliments à la suite d'une induite par une privation de nourriture. C'est le besoin de
réaction entre les glucides et les groupements aminés (réac- manger ;
tion de Maillard). Les AGE circulants se lient à des récepteurs ■ l'appétit : c'est l'envie de manger un aliment défini ;
membranaires spécifiques qui assurent leur pénétration ■ le rassasiement : détermine la fin du repas et contrôle son
intracellulaire. Ils créent un stress oxydatif intracellulaire et volume ;
activent diverses réactions modulant l'expression des gènes ■ la satiété : c'est une sensation de plénitude gastrique et de
des cytokines pro-inflammatoires et les molécules d'adhé- bien-être entraînant une inhibition de la prise alimentaire.
sion. L'accumulation des AGE dans l'endothélium vascu- Chez l'homme, le comportement volontaire prime sur le
laire et le système nerveux est associée au vieillissement et à contrôle autonome de la prise alimentaire, ce qui entraîne
de nombreuses maladies dont le diabète. volontiers un déséquilibre énergétique positif avec aug-
L'alimentation contemporaine est un pourvoyeur non mentation du stockage et des troubles du comportement
négligeable d'AGE produits lors de la cuisson des aliments alimentaire.
contenant des glucides et des protéines selon le principe de Du fait de l'importance habituelle des réserves énergé-
la réaction de Maillard (tableau 28.6). tiques, l'ingestion d'aliments n'a que rarement un caractère
La réduction du pool des AGE par une diminution de la d'urgence chez l'homme et correspond davantage à des
charge alimentaire en AGE est un objectif important pour la codes et des normes socioculturelles qui déterminent la fré-
prévention des maladies dites de société. quence et la composition des prises alimentaires.
Faim et satieté
Dépense énergétique
Ingestion alimentaire
?
Leptine
CCK
Ghréline
insuline ? Tissu adipeux
Foie
Produits issus
de la digestion
prise alimentaire elle-même est modulée par des messages production hépatique d'ATP est à même de participer au
sensoriels où domine la palatabilité des aliments qui dépend contrôle de la prise alimentaire. L'ensemble de ces com-
de l'aspect, de l'odeur, du goût et de la texture. posants sensoriels, hormonaux et chimiques participe à la
La régulation sensorielle met en jeu les cinq sens. Elle régulation de la satiété qui s'installe lorsque l'organisme a
est sous le contrôle d'une adaptation anticipatoire qui ingéré une quantité d'énergie suffisante pour son fonction-
associe les caractéristiques sensorielles d'un aliment à sa nement et pour restaurer ses réserves.
signification énergétique, nutritionnelle et hédonique.
L'expérience prime sur le présent et détermine un condi- Régulation à long terme
tionnement qui peut conduire à refuser la consomma- Sa finalité est de maintenir les réserves énergétiques à
tion d'un aliment. L'alliesthésie traduit la diminution du moyen et long termes en contrôlant la balance énergétique,
caractère agréable d'un aliment au fur et à mesure de son ce qui se traduit par un poids stable (pondérostat) et une
ingestion. masse grasse stable (adipostat). Ce système, dont les signaux
L'ingestion des aliments déclenche des signaux diges- proviennent de la quantité d'énergie consommée pendant
tifs déterminant la satiation puis la satiété. Les signaux un intervalle de temps prolongé et de la masse grasse, per-
d'origine mécanique (mastication, distension gastrique) met d'estomper les variations des ingesta et des dépenses au
générés par des mécanorécepteurs sont intégrés au niveau fil du temps en modulant les prises alimentaires suivantes. Il
du nerf vague dont les afférences sont dirigées vers le tronc est sous le contrôle de trois hormones principales :
cérébral. L'arrivée des aliments dans l'estomac et l'intes- ■ la leptine : la leptine inhibe la prise alimentaire et accroît
tin entraîne une réponse hormonale dont les multiples la dépense énergétique en activant les voies anorexigènes
composantes sont intégrées au niveau de l'hypothalamus (POMC) et en inhibant les voies orexigènes (NPY) par
où elles agissent sur les populations neuronales en indui-
sant la sécrétion de POMC qui inhibe la prise alimentaire.
Parmi les hormones et peptides digestifs, il faut souligner, Tableau 28.7 Facteurs extraphysiologiques
chez l'homme, le rôle du peptide intestinal tyrosine-tyro- contribuant à la régulation de la prise alimentaire.
sine 3-36 (PYY), de la cholécystokinine (CCK) qui ont des
Environnement Composition, structure, goût, variété
effets anorexigènes et de l'insuline dont l'effet anorexigène alimentaire Taille des portions et des contenants
est contrebalancé par la sensation de faim induite par Présentation des mets
l'hypoglycémie.
Circonstances Ambiance, convivialité, aspect ludique
L'arrivée des nutriments dans le tube digestif contribue Disponibilités et occasions
à moduler la conduite alimentaire en induisant par l'inter-
médiaire de chémorécepteurs des messages de satiation. Il Facteurs Culture, tradition (restriction cognitive)
personnels Savoir et attitudes
existe tout au long de l'intestin des chémorécepteurs spéci- Habitudes et expériences
fiques de chaque nutriment. Hédonisme
La métabolisation oxydative des substrats énergétiques Humeur
contribue à contrôler la prise alimentaire en induisant des Rythme alimentaire
Aspects économiques
signaux qui modifient la prise alimentaire suivante. La
338 Partie III. Nutrition
l'intermédiaire de récepteurs spécifiques hypothala- par un renforcement ou une inhibition des signaux physio-
miques. Elle est sécrétée par le tissu adipeux. Ses taux logiques. La disponibilité alimentaire, la taille des portions
circulants reflètent le niveau de la masse adipeuse. Elle et la proportion respective des nutriments énergétiques sont
est un marqueur de la variation des réserves énergé- d'autres éléments de variabilité de la prise alimentaire. À ces
tiques. L'augmentation de la leptine débute environ facteurs s'ajoutent les effets de l'agression liée à nombre de
4 heures après le repas ; elle diminue au cours du jeûne ; maladies aiguës ou chroniques, inflammatoires ou néopla-
■ l'insuline : elle inhibe l'expression du NPY et induit une siques qui s'apparentent à des stress physiques.
hypophagie ;
■ la ghréline : c'est l'hormone de la faim. Sécrétée par le
fundus gastrique, elle augmente la prise alimentaire en Bibliographie
activant la voie des neurones NPY. C'est un antagoniste
de la leptine. Nutriments et micronutriments
Afssa. Risques et bénéfices pour la santé des acides gras trans apportés par les
aliments et recommandations. 2005. www.afssa.fr.
Autres facteurs extraphysiologiques Briet F, Achour L, Flourie B. Les fibres alimentaires. Cah Nutr Diet 1995 ; 30 :
de régulation (tableau 28.7) 132–6.
La régulation du comportement alimentaire est aussi com- Foster-Powell K, Miller JB. International tables of glycemic index. Am J Clin
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plexe que l'acte de manger. Si l'hypothalamus joue un rôle Legrand P, Bourre JM, Descomps B, et al. Lipides. In : Martin A, editor. Apports
intégrateur majeur, le rôle du système nerveux central n'en nutritionnels conseillés pour la population française. 3e ed. Paris : Tec &
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noïde jouent un rôle de modulateur sur l'ensemble de ces Martin A, editor. Apports nutritionnels conseillés pour la population fran-
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hormonaux assortis d'informations sensorielles est souvent Vlassara H. Advanced glycation in health and disease : role of the modern envi-
mise en défaut chez l'homme qui ne mange pas seulement ronment. Ann N Y Acad Sci 2005 ; 2043 : 52–460.
en fonction de ses besoins mais aussi selon des signaux Young VR, Borgonha S. Nitrogen and amino-acid requirements : the MIT
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plus irrationnels d'ordre affectif, émotionnel et cognitif.
L'humeur, les émotions, les agressions, le conditionnement Régulation de la prise alimentaire
familial et socioculturel, les expériences antérieures et les Cegla J, Tan TM, Bloom SR. Gut-brain cross-talk in appetite regulation. Curr
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néophobies sont autant de paramètres difficiles à analyser Valassi E, Sacchi M, Cavagnini F. Neuroendocrine control of food intake. Nut
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