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lait et santé

LAIT ET SANTÉ OSSEUSE : RÔLE ESSENTIEL


DU CALCIUM ET DES PROTÉINES

J.-PH. BONJOUR, T. CHEVALLEY, S. FERRARI, R. RIZZOLI

Comment définir la santé osseuse au début du XXIe siècle ? Peut-on appliquer


aux structures osseuses la définition proposée au siècle dernier par Georges
Duhamel (médecin et écrivain, 1884-1966) pour qui « L’état de santé est
reconnaissable à ceci que le sujet ne songe pas à son corps ». Cette définition
s’applique mal à notre conception actuelle de la santé osseuse. En effet, dans
l’instant qui précède une fracture d’origine ostéoporotique, le sujet dans la
plupart des cas ignore, « ne songe pas » que son squelette peut être en très
mauvais « état de santé ».
Tenant compte, d’une part, de la très forte prévalence de l’ostéoporose dans
la population, avec une incidence estimée à une fracture survenant toutes les
30 secondes dans les 15 pays constituant l’Union européenne en l’an 2000
et, d’autre part, de la nature généralement asymptomatique de la période pré-
fracturaire, il était justifié de qualifier l’ostéoporose d’épidémie silencieuse [1],
donc de maladie à laquelle le sujet à risque « ne songe pas », ou plutôt ne son-
geait pas ou qu’exceptionnellement au cours des précédentes décennies. Une
simple recherche bibliographique révèle que l’utilisation du terme « santé
osseuse » date d’une trentaine d’années. La fréquence de ce mot-clé dans les
titres des articles médicaux a augmenté de façon exponentielle depuis son
introduction dans les années 70, passant d’une à deux citations par année à
plus d’une soixantaine en 2004. Il est intéressant de relever que, dans les
deux premiers articles utilisant le terme « bone health », il est associé à la
nutrition des personnes âgées [2], et plus particulièrement aux apports
calciques [3]. Cette tendance séculaire trouve une explication logique dans la
prise de conscience progressive du problème majeur de santé publique que
représente l’ostéoporose, ainsi que de l’importance des mesures de préven-
tion ayant pour objectif d’atteindre et de maintenir la meilleure « santé osseuse »
tout au long de la vie.
La nutrition contribue de façon majeure au développement et au maintien
d’une structure osseuse adaptée à résister aux contraintes mécaniques et de
ce fait, à la prévention des fractures ostéoporotiques. La prévalence de ces
fractures ne cesse d’augmenter avec le vieillissement rapide de la population ;
ainsi en France, 2015 sera l’année où les « 50 ans et plus » dépasseront les
50 % de la population ! Dans la lutte contre le fléau que représente l’ostéo-
porose, plusieurs agents pharmaceutiques sont actuellement disponibles qui
permettent de ralentir la perte osseuse, voire de reconstruire, du moins

Faculté de Médecine, Université de Genève et Service des Maladies Osseuses*,


Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse.
*Centre Collaborateur de l’OMS dans la Lutte contre l’Ostéoporose.

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partiellement, la structure osseuse et renforcer ainsi sa résistance aux


contraintes mécaniques. Ces médicaments « antiostéoporotiques » demeurent
cependant limités dans leur application à long terme, ainsi que dans leur effi-
cacité à restaurer complètement un os fragilisé. Cette limitation augmente
l’importance relative du rôle de la nutrition dans la prévention de l’ostéopo-
rose postménopausique ou liée à l’âge. Certains nutriments favorisent de
façon spécifique l’acquisition optimale et le maintien du capital osseux. Cette
spécificité est déterminée par l’interaction avec des facteurs endogènes régu-
lant le métabolisme phosphocalcique, la formation et la résorption osseuse.

Structure et composants du tissu osseux (IGF-1) qui agit indirectement et directement sur la forma-
tion osseuse. D’autres facteurs, au contraire, stimulent la
Il faut rappeler que le tissu osseux est une merveilleuse résorption osseuse : ce sont l’hormone parathyroïdienne
construction architecturale, avec une enveloppe externe (PTH) lorsque sa production est augmentée de façon
constituée d’os compact et un réseau interne formé d’os continue, et certaines cytokines, comme le Tumor
trabéculaire, conférant au squelette des propriétés opti- Necrosis Factor alpha (TNF-alpha).
males pour résister aux contraintes mécaniques usuelles.
Le tissu osseux est essentiellement composé d’une matrice
organique (env. 35 %), de minéral (env. 65 %), dans lequel Relation entre nutriments et facteurs
on trouve plusieurs types de cellules très actives. La matrice endogènes agissant sur la santé osseuse
est formée de collagène (90 %), de certaines protéines
(ostéonectine, ostéocalcine, ostéopontine, sialoprotéine) La vitamine D, le calcium, le phosphate inorganique (Pi)
ainsi que de lipides. Le minéral est essentiellement consti- et les protéines sont les nutriments dont l’impact spéci-
tué d’hydroxyapatite dont les deux principaux éléments fique sur le métabolisme osseux a été le mieux documenté
sont le calcium et le phosphate inorganique (Pi). Les cel- scientifiquement. En effet, pour ces quatre nutriments,
lules osseuses jouent un rôle primordial dans la construc- leur impact a été objectivé dans différents types d’études
tion du squelette au cours de la croissance et dans le rema- expérimentales et cliniques démontrant par quels méca-
niement (souvent désigné par le terme « remodelage ») nismes ces nutriments agissent physiologiquement sur le
osseux qui s’effectue tout au long de la vie. Ce remanie- métabolisme osseux et, par quels processus physiopatho-
ment renouvelle le tissu anciennement formé par de l’os logiques leur carence affecte soit la construction du sque-
jeune, tout en permettant la réparation des lésions micro- lette pendant la croissance, soit le maintien de son intégrité
fracturaires qui peuvent survenir suivant l’amplitude et la au cours de la vie adulte. Ces nutriments, en particulier le
fréquence des contraintes mécaniques subies à certains calcium, la vitamine D et les protéines permettent égale-
sites squelettiques. Quatre types de cellules sont présentes : ment d’optimiser la réponse à des agents pharmaceu-
les ostéoblastes dont les précurseurs proviennent des tiques anti-« ostéoporotiques » dont la prescription est
cellules mésenchymateuses et qui sont responsables de la indiquée lorsqu’une partie du tissu osseux a été détruite,
formation osseuse, donc de la synthèse de la matrice suite par exemple à la perte de la fonction ovarienne et ou
organique et de sa minéralisation ; les cellules bordantes à des processus liés au vieillissement.
qui sont des ostéoblastes « au repos » ; les ostéocytes qui
sont des ostéoblastes incorporés dans la matrice osseuse
minéralisée, connectés par des prolongements cytoplas- Impact de la vitamine D et du calcium
miques aux ostéoblastes actifs et aux cellules bordantes ;
les ostéoclastes qui proviennent du compartiment cellulaire Ces deux nutriments sont extrêmement liés et donc asso-
de la moelle osseuse hématopoïétique et sont respon- ciés, dans cette revue, quant à leur impact osseux. Il paraît
sables de la résorption osseuse. légitime de présenter leur influence suivant les grandes
périodes de la vie, au cours de la croissance chez l’adulte
jeune, dans les années qui suivent la ménopause, et enfin
Facteurs endogènes influençant à l’âge avancé. Il faut rappeler que la vitamine D est un
le métabolisme phosphocalcique nutriment essentiel dans la mesure où sa production cuta-
et osseux née, qui dépend de l’exposition aux rayons UV, n’est pas
suffisante pour assurer les besoins de l’organisme. D’autre
En relation avec les nutriments influençant de façon spé- part, le lait n’est pas un aliment qui naturellement contient
cifique le métabolisme phosphocalcique et osseux, une quantité importante de vitamine D.
certains facteurs, hormones ou cytokines, augmentent le
bilan phosphocalcique et favorisent la formation et la Au cours de la croissance
minéralisation osseuses. Dotés de cette propriété, il faut
citer la vitamine D avec sa forme hormonale la 1.25 dihy- Dans la plupart des pays occidentaux, les apports en
droxyvitamine D (1,25-D ou calcitriol) qui stimule calcium et en vitamine D des enfants et des adolescents
l’absorption intestinale des éléments minéraux (calcium, sont suffisants pour éviter durant la croissance l’apparition
Pi) du cristal osseux, ainsi que l’Insuline Growth Factor 1 d’une pathologie osseuse patente, sous forme d’ostéopo-

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rose fracturaire ou de rachitisme. Cependant, optimiser enfants ou adolescents ayant reçu pendant 1 à 3 ans un
par rapport au potentiel génétique individuel, le gain de la supplément de calcium variant entre 300 et 800 mg par
masse minérale osseuse pendant la phase de croissance, jour, par rapport aux groupes placebo [6, 12]. L’« effet
en assurant des apports calciques et vitaminique D adé- calcium » est plus marqué aux sites constitués essentielle-
quats, peut être considéré comme une mesure de préven- ment d’os cortical comme la diaphyse radiale ou fémorale
tion précoce de la maladie ostéoporotique de l’adulte. En qu’au niveau des vertèbres lombaires où l’os trabéculaire
effet, la masse minérale osseuse atteinte en fin de crois- est prédominant [8, 13]. Chez les filles prépubères, la
sance, variable désignée par le vocable « pic de masse réponse à la supplémentation calcique est particulière-
osseuse » (PMO), est un déterminant essentiel du risque ment évidente chez celles dont la consommation sponta-
d’ostéoporose, au même titre que la perte de la masse née de calcium est relativement faible [8]. Les différences
minérale osseuse postménopausique et ou liée à l’âge [4]. observées d’une étude à l’autre dans l’amplitude de l’effet
Il a été estimé qu’une augmentation de 10 %, soit calcium peuvent s’expliquer par des différences portant
approximativement d’un écart-type du PMO, réduirait de sur d’autres facteurs influençant la réponse osseuse : âge,
50 % le risque ultérieur de fractures ostéoporotiques. maturation pubertaire, apports en protéines, activité
Dans cette perspective, l’impact des facteurs nutritionnels, physique [6, 12]. La nature du sel de calcium testé pour-
au premier rang desquels le calcium, a été particulière- rait également influencer la réponse osseuse.
ment étudié chez l’enfant et l’adolescent. La persistance ou la disparition du bénéfice après la fin de
Des données épidémiologiques récentes indiquent que l’intervention pourrait également dépendre du sel calcique
chez les femmes âgées de 20 à 49 ans, période au cours consommé ainsi que de l’âge d’inclusion par rapport au
de laquelle le PMO est atteint et la DMO (Densité début de la maturation pubertaire [6, 12]. Dans un essai
Minérale Osseuse) reste virtuellement constante, la MMO d’intervention randomisé contre placebo, à double insu,
(Masse Minérale Osseuse) était d’autant plus élevée que la que nous avons réalisé dans un groupe homogène de 144
consommation de lait avait été importante au cours de fillettes prépubères âgées en moyenne de 7,9 ans, le sup-
l’enfance et de l’adolescence [5]. Chez les femmes âgées plément a été fourni pendant douze mois par des aliments
de plus de 50 ans, une consommation relativement élevée enrichis en un sel calcique provenant d’extraits de lait,
de lait pendant l’enfance était associée, non seulement à donc sous forme de sel de phosphate. Les sujets du groupe
une DMO augmentée au niveau de l’extrémité supérieure placebo recevaient les mêmes aliments non enrichis en
du fémur (ESF), mais également à un risque moindre de calcium. Les apports calciques moyens qui s’élevaient à
fractures ostéoporotiques [5]. Ces données sont en accord environ 900 mg/jour sont passés à 1 700 mg/j dans le
avec des études d’observation dans des populations d’en- groupe supplémenté. L’augmentation des apports calci-
fants et d’adolescents en bonne santé, mettant en évidence ques s’est traduite par un gain annuel de masse minérale
une association positive entre les apports calciques, dont osseuse plus élevé, particulièrement au niveau du radius et
65-70 % proviennent des produits laitiers, et le gain de du fémur [8]. Le gain obtenu à la fin de l’intervention
masse minérale osseuse [6]. Cette relation est particuliè- n’avait pas disparu 1,0 et 3,5 ans après l’interruption du
rement nette avant le début de la maturation pubertaire supplément calcique [14]. À l’âge moyen de 16,4 ans, soit
[7]. Chez des filles prépubères âgées de 7 à 9 ans, nous 7,5 ans après la fin de l’intervention, la persistance du
avons enregistré que la médiane des apports calciques gain en DMO au niveau du radius et du fémur était très
spontanés de source laitière était d’environ 850 mg/jour significative, mais seulement chez les jeunes filles qui
[8]. Les sujets ayant une consommation d’environ 1 150 mg avaient eu une ménarche relativement précoce [15]. Cette
de calcium par jour, avaient une DMO au niveau des ver- étude avec suivi à long terme suggère qu’une intervention
tèbres lombaires, du col du fémur, des diaphyses fémorale utilisant un sel calcique extrait du lait chez des fillettes pré-
et radiale supérieure d’environ 0,1-0,3 écart-type à celle pubères peut influencer positivement la trajectoire de la
des fillettes ayant une consommation de calcium d’environ DMO et probablement augmenter le PMO. La persistance
650 mg/jour [8]. Une étude finlandaise d’observation sur de l’effet semble dépendre de facteurs qui déterminent la
une période de 11 ans, suggère également qu’outre l’acti- maturation pubertaire [15]. Chez des garçons prépubères
vité physique, des apports calciques au-dessus de 800 mg âgés de 7 à 8 ans, nous avons également observé un gain
par jour pendant l’enfance et l’adolescence de sujets fémi- de DMO au niveau de sites squelettiques appendiculaires
nins sont associés à une masse minérale osseuse plus éle- en réponse à un supplément de calcium extrait du lait,
vée lorsque celle-ci est mesurée au niveau du col fémoral à gain qui persistait une année après l’arrêt de la prise du
l’âge de 27-28 ans, soit après que le PMO a été atteint [9]. supplément [16]. Une interaction avec les apports pro-
En ce qui concerne la vitamine D, il existe à l’instar du téiques a également été mise en évidence dans cette étude
calcium une association avec le gain de masse minérale chez les jeunes garçons en période prépubertaire [17].
osseuse au cours de la croissance, même en l’absence de La réponse du squelette à une augmentation des apports
carence manifeste. Chez des filles âgées de 8 ans, la DMO calciques semble être particulièrement favorable avant le
mesurée à plusieurs sites squelettiques était plus élevée chez début de la maturation pubertaire, ce qui ne signifie pas que
celles qui avaient reçu de la vitamine D à dose physiologique la période péripubertaire (pendant laquelle la croissance
(400 UI/jour), au cours de la première année de vie [10]. osseuse est 2 à 4 fois plus élevée) doive être négligée.
Dans une étude prospective finlandaise réalisée chez des Cette période dure en moyenne 36 mois, de 11 à 14 ans,
jeunes filles âgées à l’inclusion de 9 à 15 ans, le statut en chez les filles et 48 mois, de 13 à 17 ans, chez les gar-
vitamine D était positivement associé à l’accroissement de çons [18]. Pour répondre à cette accélération de la crois-
la DMO au niveau du fémur proximal et de façon encore sance osseuse, on estime que les besoins nets quotidiens
plus marquée au niveau des vertèbres lombaires [11]. en calcium passent de 70-150 mg avant la puberté à 250
L’effet d’un supplément de calcium au cours de la crois- et 300 mg chez les filles et les garçons pubères, respecti-
sance a été évalué dans plusieurs essais d’intervention ran- vement. D’où la recommandation d’augmenter dès 10 ans
domisés contre placebo. Globalement, ces études ont les apports calciques de 900 à 1 200 mg par jour. Cepen-
démontré un gain en DMO plus important chez les dant, comme récemment analysé [19], deux études testant

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l’effet de suppléments de sel calciques, sous forme de Après la ménopause


citrate malate ou de carbonate, par rapport à un placebo
chez des paires de jumeaux, réduisant ainsi la variabilité À la ménopause, on observe une perte osseuse particuliè-
due aux facteurs génétiques et environnementaux, n’ont rement importante au cours des 5 premières années,
pas pu mettre en évidence un effet positif d’un supplément essentiellement liée à la déficience œstrogénique respon-
calcique chez les sujets entrés en phase de maturation sable d’une augmentation du remodelage osseux. La perte
pubertaire [13, 20]. Cela contrairement à l’effet positif osseuse est moindre au cours de la période postméno-
d’un supplément de calcium donné sous forme de lait pausique plus tardive, et de plus en plus influencée par les
pendant cette période d’accélération marquée de la crois- facteurs nutritionnels et ou environnementaux.
sance osseuse [21]. Ces observations suggèrent que le lait L’analyse des résultats des études d’observation et/ou des
a la capacité d’augmenter le gain de la masse minérale essais d’intervention soutient la notion que la perte de
osseuse même pendant la période péripubertaire, alors masse osseuse postménopausique peut être atténuée par
que les sels de citrate malate ou de carbonate de calcium la consommation de sels calciques sous forme de produits
paraissent dépourvus de cette capacité, du moins aux laitiers et ou de préparations pharmaceutiques [27-30].
doses testées chez des sujets sains ayant un apport spon- Les études interventionnelles soulignent d’une part que
tané de calcium de 800-900 mg par jour [13, 20]. l’effet protecteur est plus marqué à distance de la méno-
L’association dans le lait et dans ses produits dérivés de pause qu’immédiatement après, d’autre part que l’effet de
calcium (principalement présent sous forme de sel de Pi), la « supplémentation calcique » est d’autant plus bénéfique
et de protéines pourrait rendre compte de cet effet positif sur la masse minérale osseuse que les apports spontanés
sur le gain de la masse minérale osseuse observé chez les sont relativement bas [31].
adolescentes en période de maturation pubertaire [21] et Il faut insister sur le fait que la prise régulière de sels calciques,
majorant le PMO [5, 22, 23]. Protéines et Pi sont deux qu’ils soient ingérés sous forme nutritionnelle ou de prépara-
facteurs essentiels pour la croissance cellulaire en général, tion pharmaceutique, n’est pas une alternative à un traite-
et osseuse en particulier. ment médicamenteux spécifique inhibant la résorption osseu-
se. Les apports calciques ne permettent pas d’éviter la perte
Chez l’adulte jeune de la masse minérale osseuse survenant après la ménopause,
ni de restaurer la masse osseuse consécutive à l’insuffisance
Du début de la 3e décennie à la période de la périméno- ovarienne [32]. Cependant, il faut souligner que des apports
pause chez la femme (48-52 ans), et à la 7-8e décennie chez calciques élevés jouent un rôle essentiel comme facteur adju-
l’homme, la masse minérale osseuse reste relativement vant à la substitution oestrogénique postménopausique.
stable. Cette stabilité s’observe en l’absence de facteurs de En effet, une méta-analyse indique que la masse minérale
risque tels que : diverses conditions pathologiques ou prises osseuse mesurée au niveau de plusieurs sites squelettiques chez
de médicaments affectant l’intégrité du squelette, immobili- des femmes ménopausées est mieux protégée par la substitution
sation prolongée ou modifications alimentaires majeures hormonale lorsque celle-ci est associée à une alimentation riche
telles que celles prévalant en cas d’anorexie mentale. en calcium, apportant environ 1 500 mg par jour [33].
Les données concernant les relations entre les apports
calciques ou la consommation de produits laitiers et la À l’âge avancé
masse osseuse au cours de cette phase de relative stabilité
sont peu nombreuses et difficiles à interpréter. Ainsi, dans Chez les personnes âgées de plus de 70-75 ans, on observe
les études transversales, la constatation d’une relation fréquemment un état de « déficience calcique » qui est
positive peut être considérée comme la conséquence des associé à un taux de remodelage élevé et une perte osseuse
habitudes alimentaires de l’enfance et de l’adolescence sur aussi accélérée chez les femmes que celle enregistrée dans
la croissance osseuse et le maintien de celles-ci au cours les années postménopausiques précoces. Cet état de
de la vie adulte. Dans les études longitudinales, les « déficience calcique » est en partie due à une réduction
enquêtes nutritionnelles réalisées n’ont pas toujours des apports par diminution de la consommation de
permis de mettre en évidence une relation positive entre produits laitiers. Il est, de plus, aggravé par des altérations
les apports calciques ou la consommation de produits lai- du métabolisme calcique au niveau intestinal et rénal.
tiers et l’évolution de la masse minérale osseuse. Enfin, Chez l’adulte, un apport insuffisant en vitamine D accélère
pour des raisons évidentes, il existe très peu d’essais d’in- la perte osseuse. Cette situation est fréquente chez les per-
tervention randomisés menés au cours des 25-30 ans sonnes âgées qui sont particulièrement sensibles à un
chez la femme et des 40-50 ans chez l’homme séparant manque de vitamine D. En effet, chez les seniors, l’exposi-
la fin de la croissance du début de l’involution squelettique. tion aux rayons UV responsables de la production cutanée
Dans une méta-analyse recensant une trentaine d’études de vitamine D à partir du 7-déhydrocholestérol tend géné-
publiées entre 1966 et 1994, la plupart de type transver- ralement à diminuer [34]. En plus, la capacité de l’épiderme
sal, une relation positive, modeste, mais significative entre à produire de la vitamine D est réduite. Avec l’âge, d’autres
apports calciques et masse minérale osseuse a pu être altérations se conjuguent pour que la diminution de la pro-
calculée chez les femmes âgées de 18 à 50 ans [24]. Les duction cutanée de vitamine D ait des conséquences néga-
apports calciques recommandés pour cette tranche d’âge, tives sur le métabolisme phosphocalcique et l’intégrité
1 000 mg par jour aux États-Unis [25] et 900 mg en osseuse. La capacité du tubule rénal à convertir la 25-
France [26] paraissent adéquats pour assurer l’équilibre de hydroxyvitamine D (25OHD), produit circulant provenant
la balance calcique et le maintien de la masse osseuse. Ces de la transformation de la vitamine D par le foie, en 1,25-
apports devraient être principalement assurés sous forme dihydroxyvitamine D (1,25 (OH)2D) est également com-
de produits laitiers, qui fournissent aussi en proportion et promise avec l’âge [34]. Ce dysfonctionnement a pour
qualité adéquates les autres nutriments influençant le conséquence une diminution de l’absorption intestinale du
métabolisme osseux, en particulier comme décrit plus calcium. En plus, la capacité d’adaptation intestinale à une
haut, le phosphate inorganique et les protéines. baisse des apports calciques, réponse dépendant de la pro-

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duction de 1,25 (OH)2D, devient également moins perfor- la 1,25-(OH)2D plasmatique) et le défaut de minéralisa-
mante avec l’âge. De plus, l’altération de la fonction rénale, tion associés à certaines tumeurs provoquant une ostéo-
certes modérée, mais fréquente chez le sujet âgé, contribue malacie réversible après ablation du néoplasme [44]. Le
à la stimulation de la sécrétion de PTH. À noter que chez FGF-23 pourrait également contribuer à la baisse du
les personnes âgéees, on observe également une diminu- TmPi/GFR, de la calcitriolémie, et de la phosphatémie
tion de la réabsorption tubulaire rénale du calcium associée observée dans des maladies génétiques s’exprimant chez
à une moindre sensibilité à la PTH. Ces altérations tendent l’enfant par un retard de croissance et un rachitisme avec
à réduire le bilan calcique et, ainsi, à stimuler la production déformation des os longs par minéralisation insuffisante du
de PTH. Cet état d’hyperparathyroïdie modérée mais per- squelette [44]. Des observations très récentes chez l’homme
manente tend à stimuler de façon plus marquée la résorp- adulte sain suggèrent que la production du FGF-23, dont une
tion que la formation osseuse. Cet état de haut remodela- des sources principales pourrait être localisée dans les cel-
ge osseux conduit à une perte de la masse minérale lules ostéoformatrices, est augmentée lorsque les apports
osseuse, augmentant la fragilité des os [35]. en Pi sont très élevés [45]. Il pourrait s’agir d’une réponse
L’administration par voie orale de vitamine D, permet homéostatique, le FGF-23 favorisant l’élimination urinaire du
d’enrayer ce processus délétère, dans la mesure où les Pi en présence d’une montée exagérée de la phosphatémie.
apports calciques sont adéquats, et ainsi de réduire le Concernant le traitement de l’ostéoporose sévère par des
risque de fractures ostéoporotiques. Plusieurs essais ont agents anabolisants, une récente analyse indique qu’un
démontré les effets positifs de l’administration de sels cal- supplément de calcium-phosphate, comme moyen adju-
ciques et de vitamine D à dose physiologique, sur la masse vant pour assurer l’apport minéral nécessaire à la recons-
minérale osseuse et l’incidence des fractures ostéoporo- truction osseuse, serait préférable aux sels calciques de
tiques [36-39]. citrate ou de carbonate qui réduisent l’absorption intesti-
La vitamine D exerce des actions extra-osseuses, en par- nale du Pi [42]. Il est bien évident que ce « supplément »
ticulier un effet en relation directe avec la pathogenèse de sel phosphocalcique peut être très avantageusement
des fractures ostéoporotiques. Ainsi, la vitamine D admi- pris sous forme de lait et de ses produits dérivés.
nistrée à doses physiologiques réduit le risque de chute La relation entre protéines et métabolisme du Pi par
chez les personnes âgées [40]. Cet effet est associé à une l’intermédiaire de l’IGF-1 est discutée plus bas.
amélioration de certaines fonctions neuromusculaires
influençant l’équilibre corporel, ainsi qu’à une augmenta-
tion de la force musculaire et de la coordination des mou- Impact des apports protéiques
vements au cours de la marche [40].
Les protéines représentent un nutriment spécifique, de
par leur influence marquée sur la production de l’IGF-1,
Impact du phosphate inorganique facteur indispensable à l’acquisition et au maintien d’un
bilan osseux positif [46]. Les protéines, dont la caséine,
Le phosphate inorganique (Pi) est un élément essentiel du stimulent par l’intermédiaire de certains acides aminés
cristal osseux. Son accumulation aux sites de minéralisa- essentiels la sécrétion d’IGF-1 par le foie. Cette action des
tion précède celle du calcium. Son transport par les acides aminés sur la production d’IGF-1 s’observe égale-
cellules ostéoformatrices est activé par certains facteurs de ment au niveau des cellules ostéoformatrices [46]. De
croissance, tel que l’Insulin-like Growth Factor 1 (IGF-1), plus, l’IGF-1 agit aussi au niveau rénal en stimulant la pro-
qui exerce également un effet positif sur la formation duction du métabolite actif de la vitamine D, la 1,25-
osseuse [41]. Il est indispensable au développement phy- (OH)2D qui, à son tour, augmente la capacité de l’épithé-
siologique du squelette. Il favorise la rétention de calcium, lium intestinal à absorber le calcium et le Pi. L’IGF-1 stimule
et non pas le contraire comme on peut parfois le lire dans également la réabsorption tubulaire du Pi, et par consé-
des écrits dépourvus de rigueur scientifique [42]. Une élé- quent tend à augmenter la phosphatémie [46]. Ainsi les
vation du taux plasmatique du Pi survient pendant les protéines, de par leur action sur l’IGF-1, influencent posi-
phases d’accélération de la croissance [43]. Les carences tivement l’économie phosphocalcique et l’anabolisme
ou insuffisances d’origines nutritionnelles en Pi sont rares, osseux. On a ainsi constaté une augmentation du taux
compte tenu de la diversité et abondance de ses sources plasmatique d’IGF-1 après la supplémentation sous forme
alimentaires. Son rôle primordial dans la croissance et la de lait chez des adolescentes [21]. Les protéines semblent
minéralisation osseuse est, par contre, très bien mis en agir en synergie avec le calcium pour favoriser la crois-
évidence en analysant des situations physiopathologiques sence osseuse pendant l’enfance et l’adolescence [12, 17,
entraînant une diminution du niveau extracellulaire du Pi. 47]. En plus, les protéines inhibent la production de cyto-
Cet abaissement de la phosphatémie est le plus souvent kines, en particulier le TNF-α qui augmente la destruction
dû à une diminution inappropriée de la réabsorption tubu- osseuse [48]. Chez les personnes âgées, les apports pro-
laire rénale du Pi. Cette fonction rénale essentielle peut téiques sont abaissés, de façon encore plus accentuée
être quantifiée par la mesure de la capacité maximale de chez celles souffrant d’ostéoporose fracturaire au niveau
réabsorption (TmPi) rapportée au volume de filtrat glomé- du fémur proximal. Chez ces patients, la normalisation
rulaire (GFR). Une diminution du TmPi/GFR peut être des apports bas en protéines par la consommation jour-
causée par la déficience d’un facteur anti-phosphaturie, nalière de 20 grammes de caséine, réduit de façon signi-
non encore identifié, dont l’activité est stimulée lorsque les ficative les complications médicales observées après le
apports nutritionnels en Pi diminuent. Alternativement, traitement orthopédique de la fracture du fémur proximal
un abaissement du TmPi/GFR et donc, de la phosphaté- [49]. De par cette action, la durée du séjour hospitalier est
mie, peut être dû à l’excès d’un facteur phosphaturique diminuée. De plus, un tel supplément de caséine de par
circulant. Un tel facteur, le plus sérieux candidat étant à une action spécifique non liée à l’apport energétique, aug-
l’heure actuelle le FGF-23, joue très probablement un rôle mente le taux plasmatique de préalbumines, d’IGF-1, et
dans l’hypophosphatémie, l’hypocalcitriolémie (baisse de d’ostéocalcine, un marqueur de la formation osseuse [49].

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L’importante perte de la masse minérale osseuse qui suit nutriments pouvant influencer la santé en général, et celle
la fracture du fémur proximal est atténuée. La force mus- de l’os en particulier. Une analyse rigoureuse non partisane
culaire est augmentée [49], ce qui peut représenter un des données disponibles, des plus anciennes aux plus
effet positif sur le risque et les conséquences d’une future récentes, est indispensable afin de conférer aux recom-
chute. Des études expérimentales dans des modèles ani- mandations nutritionnelles une validité constamment remise
maux mimant la situation nutritionnelle de la malnutrition à jour. Cette analyse doit s’appuyer sur une connaissance
protéique des personnes âgées démontrent l’impact extrê- approfondie du métabolisme phosphocalcique et osseux.
mement délétère d’une diminution sélective isocalorique De plus, elle ne peut aboutir à des conclusions tant soit
des protéines sur la masse minérale osseuse [48]. Dans cette peu valables sans une solide compréhension des méca-
situation, on peut observer un découplage négatif avec une nismes par lesquels certains nutriments interagissent
formation osseuse diminuée, probablement liée au déficit sélectivement avec les facteurs physiologiques régulant le
en IGF-1, et une résorption osseuse fortement augmentée développement, la formation et la résorption osseuse.
[46]. Ce dernier phénomène peut s’expliquer, du moins en Une telle approche doit permettre de placer à sa juste
partie, par une augmentation de la production de TNF- place la nutrition et certains de ses composants dans la
alpha, une cytokine possédant un fort pouvoir résorbant prévention primaire et secondaire de l’ostéoporose, une
par stimulation de l’ostéoclastogenèse [48]. Un apport maladie dont les fractures de fragilité représentent, actuel-
diminué en protéines exerce également un effet inhibiteur lement et à l’avenir, un problème majeur de santé
sur l’action anabolique osseux de l’IGF-1 [50]. Ce phéno- publique, compte tenu du vieillissement de la population.
mène implique que, chez des patients souffrant d’ostéopo-
rose sévère, l’administration de médicaments stimulant la
formation osseuse sera probablement vouée à l’échec si les Résumé
apports protéiques sont inadéquatement abaissés.
Basée sur une analyse peu critique de la littérature scien- La nutrition contribue de façon majeure au développe-
tifique médicale, une série d’observations indépendantes ment et au maintien d’une structure osseuse adaptée à
ont été artificiellement connectées en une cascade phy- résister aux contraintes mécaniques usuelles et donc, à la
siopathologique proposant que les protéines animales, de prévention des fractures ostéoporotiques. L’effet positif
par leur pouvoir acidifiant, entraîneraient une dissolution des apports calciques et vitaminique D sur la santé osseuse
du minéral osseux et par conséquent représenteraient un tout au long de la vie est aujourd’hui largement admis
nutriment délétère pour la santé osseuse provoquant à sur la base des données expérimentales précliniques et cli-
terme une augmentation des fractures ostéoporotiques niques, ces dernières incluant à la fois des études d’obser-
[51]. Ce « sophisme physiopathologique » est habilement vation et d’intervention. Les protéines représentent un
exploité par des lobbies commerciaux et par certains gou- troisième nutriment qui influence sélectivement la produc-
rous dispensateurs de préceptes nutritionnels « anti-lait » tion d’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1), facteur indis-
des plus douteux. Plus grave, il a amené certains orga- pensable à l’acquisition et au maintien de la masse minérale
nismes officiels à inclure sur la liste des facteurs de risque osseuse. Une fois le statut en vitamine D adéquat assuré
d’ostéoporose les régimes « riches » en protéines, de par source cutanée et/ou nutritionnelle, une alimentation
sources animales en particulier. Fort heureusement, plu- fournissant tout au long de la vie les apports conseillés
sieurs personnalités scientifiques ayant contribué, de pour le couple calcium-proteines représente une mesure
bonne foi, à soulever la vague anti-protéines animales d’hygiène de vie essentielle contribuant positivement à la
reconnaissent maintenant l’importance de plusieurs santé osseuse et à la réduction du risque de fractures ostéo-
études expérimentales, épidémiologiques et intervention- porotiques au cours de la deuxième partie de la vie adulte.
nelles récentes, qui convergent pour indiquer que ce sont
les apports protéiques insuffisants qui augmentent le Mots-clés : Nutrition – Calcium – Vitamine D – Protéines –
risque d’ostéoporose [52]. Parmi ces études, il faut citer Ostéoporose – Fractures.
celles démontrant que l’augmentation de la calciurie en
réponse à une forte hausse des apports protéiques est
due, non pas à un accroissement délétère de la résorption Abstract
osseuse, mais bien à une action favorisant l’absorption
intestinale du calcium [53]. De plus, l’effet bénéfique des Nutrition plays a major role in the development and main-
protéines sur le capital osseux s’explique par des méca- tenance of a bone structure resistant to usual mechanical
nismes physiologiques bien définis : les protéines alimen- loadings. The positive influence of calcium and vitamin D
taires agissent par l’intermédiaire de facteurs endocrines on bone health throughout life is well established on the
et paracrines, stimulant la formation osseuse tout en frei- basis of preclinical experiments and clinical observations
nant la résorption osseuse [46]. Enfin, chez l’Homme il including interventional trials. Dietary proteins represent
n’y a pas d’évidence que les protéines animales, y compris another nutrient which selectively influences the produc-
celles qui sont contenues dans le lait, soient moins pro- tion of IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1), an essential
tectrices de la masse minérale osseuse et du risque fractu- factor in the acquisition and maintenance of the bone min-
raire que les protéines végétales [54]. Certaines études eral mass. Once achieved an adequate vitamin D supply
montrent au contraire une supériorité des protéines ani- from cutaneous and-or nutritional sources, foods providing
males. Malgré ces données scientifiquement bien établies, the recommended amounts of calcium and proteins posi-
une soit-disant « réévaluation » extrêmement tendancieuse tively contribute to bone health and thereby reduce the risk
vantant uniquement les « mérites » du calcium et des pro- of experiencing osteoporotic fracture in the second part of
téines végétales au détriment des produites laitiers vient adult life.
d’être publiée [55]. Cette revue récente souligne la vision
émotionnelle que certains groupes, probablement adeptes Key-words: Nutrition – Calcium – Vitamin D –
de régimes de type végétalien, peuvent porter sur les Proteins – Osteoporosis – Fractures.

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