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Neurosciences cognitives et neuropsychologie

Possibilité de rédaction : décrire illustrer le principe de connectivité -de communiquer ;  Fractionnement : une lésion peut entrainer la
dans les activités de lecture par exemple en 25 lignes
-d'exprimer des sentiments ; perturbation d'un seul module
Approche neuropsychologique et Neurobiologique du langage
→ Une mise en contexte et un historique (point de départ : XVIII° -d'exprimer la pensée.
siècle). > Dans différentes modalités ! Hillis et Caramazza (1991) construisent un modèle de
→ Bases cérébrales et corrélats neurophysiologiques et les relations Mais il existe des dysfonctionnements, des répétition de la lecture et de l’écriture
anatomo fonctionnelles (point de départ : morphologie et
fonctionnement cérèbraux),
désorganisations des systèmes et sous-systèmes
→ Les modèles neurocognitifs et neurolinguistiques (point de départ : langagiers !
production orale et écrite, perception de parole, lecture et troubles
associés), Objectifs : aperçu non exhaustif, au travers de la
→ Certaines atteintes langagières : description, étiologie, tableau
clinique, évaluation, comorbidité et rééducation…
neuroimagerie, des réseaux, des connexions, des
projections propres au (dys) fonctionnement langagier en
Première partie : Introduction générale dépassant les modalités (perception / production) tout en
Chapitre I : Introduction, définitions et méthodes intégrant les composantes : phonologie, orthographe,
Petit en-cas (ou encas pour les puristes de 1990) sémantique, syntaxe
Qu'entendre par neuropsychologie « cognitive » du
langage ? → Idée 1ère de la neuropsychologie, mettre en relation le
* Du tout-en-un? fonctionnement cérébral (localisation des structures &
- Oui & non ! Attention aux amalgames ! sous-structures) & le fonctionnement psychologique.
* Une approche « pluridisciplinaire » & « → Idée 2ème de la neuropsychologie, comprendre Ce modèle est un exemple de modularité: il rend compte
multidimensionnelle » d'une fonction supérieure quelle(s) structure et ou sous structure cérébrale) sous- des voies de traitement spécifiques selon l’entrée
spécifique ? tend(ent) les mécanismes et processus psychologique. sensorielle, il montre aussi l’aspect multimodal sur
→ Idée 3ème de la neuropsychologie, étudier les troubles système sémantique.
1ère dichotomie en : des mécanismes & processus psychologiques, à savoir les On peut y voir que l’information est diffusée de manière
Neuro-(logie)= étude médical (diagnostique + clinique) fonctions mentales supérieures, consécutifs à des lésions parallèle et automatique, il n’y a que la réalisation
du système nerveux. → Idée 4 -ème de la neuropsychologie... cognitive du physique des activités qui reste purement séquentielle.
Psychologie : étude scientifique (théorique + empirique) langage, combiner les 3 précédentes idées, mais dévolues C’est un modèle cognitif uniquement : on peut y voir les
de l'homme dans ses comportements et ses phénomènes à l'étude du langage dans tout ou partie de ses modalités fonctions modulaires et leur rôle, mais les structures
psychiques. (Début enregistrement audio ya eu du blabla (écrit + oral) cérébrales sous-jacentes ne sont ni représentées ni
avant) modularisées.
"La neuropsychologie cognitive est la branche
2ème dichotomie en : psychopathologique de la psychologie cognitive." I)Questions de méthode.
Cognitive : de cognition (mécanismes et processus A) Méthode anatomoclinique.
mentaux…notamment du langage). - 3 postulats majeurs sont avancés (Chomsky, 1984 ; Il existe 2 approches:
Langage : fonction cognitive qui comprend l'ensemble Fodor, 1983 ; Marr, 1982 ; Pinker, 1998 ; Seron, 2002) : -l’approche classique, qui cherche à établir
des capacités de communication (écrit (lecture + écriture)  Modularité : une fonction cognitive conçue comme l’existence de relations “stables” entre des lésions
et oral (perception + production)) un système complexe de traitement de cérébrales et des troubles comportementaux pour tenter
l'information est décomposable en sous-systèmes d’inférer des liens entre fonctionnement cérébral et
C'est la faculté caractéristique de l'Homme ! et en modules ayant une certaine autonomie comportement normal;
Depuis 25-30 ans, « révolution » des neurosciences fonctionnelle
cognitives et en neurolinguistique  Transparence : les performances observées chez -l’approche neuropsychologique cognitive, qui
> Essor des techniques de neuroimagerie les cérébrolésés peuvent ètre interprétées comme cherche à utiliser les conséquences de lésions cérébrales
la résultante d'un traitement normal amputé d'un pour décrire et analyser les processus cognitifs altérés et
En résumé, le langage est censé permettre : ou de plusieurs modules.
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d’en déduire des modèles du fonctionnement cognitif → définir la dissociation simple, expliquer ses limites est
avec peu de référence au fonctionnement cérébral. dire pourquoi la double dissociation est « mieux »
– L'une des idées maîtresses en neuropsycho est que les
B) Dissociation simple et double dissociation. fonctions cognitives sont « modularisées » assurant une
Prenons 2 hypothèses. autonomie fonctionnelle. Est-ce vrai ?
H1: 2 tâches A’ et B’ sont traitées par des sous-systèmes → Vrai, dans la pensée de Fodor, et dans les théories
distincts (A et B). actuelles il y a toujours une forme de modularité.
H0: A’ et B’ sont traités par le même système (C). Les questions « d'élite » :
– Si un patient A présente des troubles à une tâche X et
La dissociation simple postule que si une lésion entraîne que le patient B présente les mêmes troubles, il s'agit
une altération de A’ et pas de B’, alors A et B sont des d'une double dissociation. Est-ce vrai ?
systèmes différents et indépendants. → Faux : le patient B devrait présenter des troubles
Toutefois, la dissociation simple est insuffisante pour inverses dans le cas d'une double dissociation. Chapitre II. Contexte historique et données statistiques
l’approche neuropsychologique, et il faut pouvoir – L'apport des patients cérébrolésés est secondaire, et Historiquement, on compte 4 grands courants:
s’assurer que les 2 tâches mobilisent les mêmes c'est la modélisation cognitive qui permet d'inférer  Phrénologie, les prémices du localisationnisme:
ressources et processus cognitifs et qu’elles ont la même quelles zones cérébrales sont impliquées. Est-ce vrai ? l’idée est que le cerveau est un organe composé de
complexité. → Faux : dans l’approche neuropsychologique, l’étude différents organes avec différentes fonctions.
des patients cérébrolésés est centrale. Le mouvement est représenté par F-J Gall (1758-
La double dissociation va chercher un patient 1 capable 1828), J. Spurzheim (1778-1832) et M. Dax (1770-
de A’ mais pas de B’ et un patient 2 capable de B’ mais 1837).
pas de A’. Si ces deux profils existent, alors on pourra
inférer l’indépendance de A et B.  Localisationnisme: considère que de régions
Il faut toutefois faire attention, parfois un cérébrales spécifiques sont en charge d’une fonction.
dysfonctionnement dépend d’un sous-système et d’une Ce courant n’envisage pas les connexions intra et
étape du processus, ainsi la lésion peut n’impliquer qu’un inter-hémisphériques.
système avec des sous-systèmes atteints différemment. Il est représenté par P. Broca (1824-1880) et C.
Wernicke (1848-1905).
C) Bilan.
La neuropsychologie cognitive tente de faire une micro-  Globalisme (ou holisme): considère que le cerveau
analyse de l’architecture cérébrale des activités est un tout avec des mécanismes généraux organisés
cognitives. les uns par rapport aux autres.
La neuropsychologie cognitive est la branche Le mouvement est représenté par H. Jackson (1835-
psychopathologique de la psychologie cognitive. 1911), K. Goldstein (1878-1965), P. Flourens
Le cerveau est considéré comme un système modulaire. (1794-1867) et S. Freud (1856-1939).
La double dissociation permet de dissocier
fonctionnellement deux troubles.  Associationnisme: postule qu’il existe des
A partir des conséquences de lésions cérébrales, il s’agit connexions entre les différentes régions, comme pour
de décrire et d’analyser les processus cognitifs altérés. les différents centres du langage (qui nous intéressent
Les questions fondamentales : ici).
– préférée à la méthode de double dissociation, la simple Le mouvement est représenté par C. Wernicke, L.
dissociation est celle faisant systématiquement Lichtheim (1845-1928), J. Déjerine (1849-1917) et
l'unanimité en neuropsychologie. Est-ce vrai ? N. Geschwind (1926-1984).
Dans le domaine, on peut retenir 4 grands noms.
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lexicaux). Broca ne contrôle aucun neurone de la trouble de la compréhension associé au trouble de la
A) Paul Broca. motricité mais projette des schémas articulatoires sur le production.
Il pense que les lésions sont principalement corticales. Il cortex moteur. Récupération des gestes articulatoires,
est le premier à avoir relié une dysfonction langagière et planification, hiérarchisation. Elle donne l’ordre C) Alexander Luria (1902-1977).
une zone cérébrale. B) Carl Wernicke. Il est plus ou moins le père de la neuropsychologie
Il découvre le pied de F3, c’est-à-dire la partie Il commence à classer les différentes aphasies. Il cognitive moderne, il a développé la notion de plasticité
inférieure de la 3ème circonvolution frontale gauche. contribue à la localisation d’aires cérébrales et à la cérébrale.
On sait maintenant que l’aphasie de Broca ne se retrouve compréhension des connexions et associations Il s’intéresse aux patients cérébrolésés et nuance
pas qu’avec une lésion du pied de F3. Plus tard, on cérébrales. l’importance du localisationnisme car il se rend compte
découvre que F3 sert à la planification de la production Il découvre T1, c’est-à-dire la première circonvolution qu’une stimulation régulière des fonctions lésées
articulatoire. temporale gauche. (indépendamment de la zone) entraîne la récupération des
F3 = 3ème circonvolution frontale ou gyrus frontal Il découvre l’aphasie de Wernicke, un trouble de la fonctions perdues (au moins en partie).
inférieur ou aire de Brodmann 44-45 compréhension de la parole. Cette récupération peut se faire par
→ Premier à avoir étudié le cerveau d'un patient atteint Il met en évidence le faisceau arqué, révélant -utilisation de compétences déjà intégrées,
d'une aphasie (trouble de la parole), le patient Leborgne notamment que les aires de Broca et Wernicke sont faisant appel à la mémoire ;
victime d’un traumatisme crânien (compréhension associées par des fibres. Ainsi il est possible d’avoir une -compensation par une autre aire;
parfaite du langage, de l'écriture et de la lecture, mais aphasie de Broca par lésion du faisceau arqué. -transfert controlatéral, en créant un réseau de
incapable de produire un autre son que « tan » pour Wernicke travaille aussi à la compréhension des troubles projections. Plus il y a de stimulation, plus des
communiquer). Il est capable d’articuler, de reconnaître apraxiques. → Accueil d’un patient cérébrolésé sans projections sont fabriquées.
les sons quand bien même il est incapable de répondre. aucun trouble réceptif. Les voies auditives fonctionnent. Médecin russe, précurseur de la neuropsychologie
Autopsie de son cerveau → zone nécrosée au niveau du → Trouble de la compréhension : l’interprétation du cognitive telle qu’on l’entend aujourd’hui.
3ème circonvolution frontale gauche. signal accoustique n’est pas correcte. Le mécanisme de Il a été amené à étudier ça en s’intéressant aux patients
→ Conclusion de BROCA :cette région du cerveau ( aire sélection des informations est dysfonctionnel. cérébrolésés de la WWII. Ses patients, après une lésion,
de Broca) est impliquée dans la production du langage → Aphasie de Wernicke intervient à un moment précoce voient une ou plusieurs fonctions cognitives disparaître.
(coordination des mouvements articulatoires). Mais pas du traitement. Notamment, très régulièrement des fonctions langagières.
uniquement ! → Cortex auditif entre le pariétal et le temporal, Aire de → Dans le cerveau, il y a des structures qui sont
→ le terme d'aphasie viendra plus tard, à ce moment là il Wernicke à immédiate proximité reçoit directement les impliquées dans certains types de ttt.
qualifie ça d’aphélie. afférences du cortex auditif, erreur dans l’état initial Pas TOUT le langage, seulement certains aspects du
→ Il met en évidence les phénomènes de latéralisation et d’interprétation du message. langage
de spécialisation hémisphérique. Les hommes droitiers Wernicke est une part essentielle du réseau sémantico- Est-il possible de restaurer les fonctions ou sous-fonctions
mettent la majeure partie de leurs habiletés langagières syntaxique. Structure essentielle dans la récupération et la langagières impliquées dans le langage altéré suite à une
dans l’hémisphère gauche. Beaucoup plus que les femmes construction du sens. Ce qui explique que les patients lésion cérébrale ?
et les gauchers. Précurseur de l’explication et de Wernicke fasse des phrases qui n’ont aucun sens. → Tentative de démonstration qu’il existe une plasticité
l’identification de latéralisations hémisphériques. → On ne peut pas se borner à une région localisée et une cérébrale
Aphasie de Broca : production du langage au départ, mais fonction, il y a tout un réseau qui diffuse l’info. Lorsque l’on entraîne la fonction perdue, on peut observer
qu’est-ce que la production de langage ? Plusieurs sous- → Faisceau arqué : réseau de fibres longitudinales et une restauration totale, partielle, mais graduelle de la
systèmes mis en jeu. L’articulation n’est pas la production latérales qui connecte directement Broca à fonction perdue suite à la lésion.
de parole. Wernicke.
Certains patients peuvent avoir des soucis de production → Lésion du faisceau arqué : aphasie de conduction. Développement de deux concepts :
sans troubles articulatoires et vice versa. Troubles de la production et de la compréhension ± → Mécanismes top-down : Mécanismes descendants.
sévère. Echange bidirectionnel : mécanismes feedback. → Mécanismes bottom-up : Mécanismes ascendants.
Broca est une zone d’intégration, elle récupère les Le lieu (en plein milieu de Wernicke par exemple) et la Stimulation des connaissances emmagasinées par
informations et les compile (ttt lexicaux et post- sévérité de l’altération détermineront s’il y aura un l’expérience qui contribuent à la réalisation de la fonction
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perdue. Pour stocker des connaissances, exposition à des ce qui implique une capacité moindre de traitement des C’est un phrénologue qui donne naissance à certains
phénomènes qui amènent à expérimenter et à laisser des informations par cette région. concepts (modularité de l’esprit, associationnisme). Il
traces en mémoire de cette expérience. Perceptions qui utilise un casque particulier pour mesurer la morphologie
stimulent un système qui va devoir conserver des traces A l’époque de Geschwind, on ignorait l’implication et les déformations du crâne et inférer sur la personnalité
en mémoire. La répétition de cette exposition va créer un génétique et le codage de la migration neuronale par et l’état cognitif et intellectuel. Son idée est que le
ensemble de représentations et de connaissances qui vont certains gènes spécifiques (ex: DYX1C1). cerveau est un muscle pouvant être hypo- ou hypertrophié
être accessibles grace à des mécanismes top-down. par certaines stimulations et donc pouvant déformer la
Luria va stimuler des mécanismes bottom-up afin de Il établit la théorie de la déconnexion : un trouble du boîte crânienne. Identification de la localisation de sites,
stimuler des mécanismes top-down, reconnexion des langage résiderait dans la déconnexion des réseaux entre de fonctions spécifiques au cerveau. Au 19è, 20è siècle,
connaissances toujours présentes en mémoire mais les différents centres du langage. le bébé n’était pas un objet d’étude. Pas de
difficilement accessibles à cause des lésions. Lorsqu’on Il considère que le langage comprend la compréhension développement de modèles développementaux.
stimule de manière répétée et régulière une fonction, elle (sensorielle et perceptive) et la parole (motrice) et qu’un On inférait des observations chez l’adulte ce que devait
peut réapparaître grâce au fait que le cerveau peut se trouble du langage est une rupture d’une de ces 2 être cette fonction là au moment de l’enfance. Enfant ne
réorganiser. Le cerveau peut recréer des connexions fonctions. devient un objet d’étude qu’à partir de la fin du 20è
cérébrales en en contournant les sites lésionnels, (années 70).
transférer les sites de ttt dans l’hémisphère controlatérale Geschwind étudie la projection latérale du faisceau arqué Le modèle de la double voix en lecture est un modèle
dans les régions analogues. Il a cette capacité à prendre en et observe que sa lésion engendre un trouble de la chez l’adulte à partir duquel on a inféré ce que le modèle
charge par la stimulation bottom-up des fonctions qu’il ne compréhension ou de la parole. Neurologue, médecin devait être dans l’apprentissage de la lecture. Ces bosses
va pas prendre nouvellement mais par la réactivation de américain, quasi-contemporain, qui a essentiellement n’émergent que par la stimulation, les fonctions
connaissances. oeuvré à l’étude du cerveau post-mortem et cognitives prestigieuses et de très haut niveau ne sont
Cette capacité de réactivation des connaissances est l’identification des mécanismes d’organisation et de présentes que dans une certaine frange de la population de
rendue possible par le principe d’idiosyncrasie : Le fait récupération du cerveau. Travail sur les dys-. l’époque.
que chaque individu dispose d’aptitudes plus ou moins Hypothèse selon laquelle les troubles du langage quels
poussées pour apprendre, réorganiser l’architecture qu’ils soient sont dus à un syndrome de déconnexion des F) Marc Dax.
neuronale et potentiellement restaurer les fonctions aires du langage. Cassures, interruptions dans les « Il a été relativement oublié malgré les 1ers travaux et
perdues. autoroutes de l’information » qui permettent aux théories sur les patients cérébrolésés qu’il a mené. Il
Chaque individu a des potentialités qui diffèrent, et qui différentes régions de communiquer entre elles. théorise que le langage est plutôt situé dans l’hémisphère
vont faire varier les capacités d’apprentissages et de Etapes du traitement → Si l’on interromp l’une de ces gauche et il est le premier à rapporter un cas
récupération de fonctions perdues. autoroutes, on interromp l’une des étapes du traitement, d’aphasie, malheureusement tout cela dans de petites
→ Les agents extérieurs (env) peuvent stimuler ou l’une des capacités de traitement. publications. Illustre inconnu. Premier à lier une région
doivent être stimulés pour permettre la réactivation et les Identifie le fait que le faisceau arqué n’est pas seulement cérébrale lésée avec la disparition d’une fonction
phénomènes de reconnexion entre les régions qui sont un réseau de fibre longitudinales qui connecte Wernicke cognitive qu’est le langage. Observe les premiers cas et
potentiellement déconnectées au travers d’une lésion. et Broca mais projette latéralement au niveau du cortex les décrit en expliquant que l’hémisphère gauche serait le
pariétal inférieur, créant une étendue dans laquelle, siège du langage et que la latéralité manuelle serait liée à
D) Norman Geschwind. lorsque ces fibres se projettent, il y a des traitements cette spécialisation et latéralisation hémisphérique.
Il découvre diverses anomalies morphologiques du impliqués dans la production du langage. Cette région est
cerveau d’individus dyslexiques, notamment une impliquée dans la répétition subvocale. G) Ludwig Lichtheim.
désorganisation des couches de cellules et une Répétition subvocale : Mécanisme de renforcement Il synthétise les travaux de Wernicke et décrit le schéma
désorganisation de la migration cellulaire. durant la lecture. Mécanisme d’association qui active le “de la petite maison”. Chaque intersection de la maison
réseau phonologique et permet de maintenir en MT les représente un centre de la pensée, il observe qu’on peut
Par exemple, une ectopie (un amas de cellules dans une éléments isolés pour permettre le décodage en lecture. retranscrire les pathologies en reliant ces intersections
zone) signifie qu’il y a moins de cellules dans une autre entre elles. Schéma de la petite maison. Disciple de
région, et donc moins de connectivité dans ladite région, E) Franz Joseph Gall. Wernicke. Associationniste convaincu. Va développer
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l’idée que les centres des images structures présentes dans l’aire de Broca qui reçoivent des -aphasie globale (incapacité de produire du
motrices/cognitives/idéation sont connectées entre eux afférences de régions différenciées dans le cerveau. Une langage et absence de compréhension) ;
par des réseaux de fibres. On peut classifier les aphasies. atteinte de ces différents réseaux ne provoque pas le -aphasie transcorticale motrice ;
Première forme de classification et d’association des sites même type d’aphasies. -aphasie transcorticale mixte.
de lésions/symptômes à des types d’aphasies. Identifie une structure plus profondément enfouie dans le
cortex dans l’aire de Broca : l’insula.
H) Jules Déjerine. Aphasies fluentes :
C’est un partisan de Broca, localisationniste, même s’il I)Quelques statistiques en France. -aphasie de Wernicke (réceptive, sensorielle
ne renie pas l’idée de connectivité. Entre 0,3 et 0,5% d’aphasie (dont 20% par AVC). corticale, syntaxique) ;
Il identifie les gyri angulaire et supramarginal qui se Entre 1 et 1,5% de bégaiement. -aphasie transcorticale sensorielle ;
trouvent sur la projection du faisceau arqué. Entre 0,1 et 0,3% de cécité complète. -aphasie anomique ;
Il effectue la première vraie classification des troubles du Entre 7 et 10% de dyslexie et d’alexie. -aphasie de conduction.
langage : les aphasies et les alexies. Entre 10 et 15% d'illettrisme. -aphasies croisée ;
Il s’oppose à Pierre Marie qui est globaliste. Enfin, Entre 0,5 et 1% de surdité profonde. -aphasie primaire progressive ;
Déjerine confirme l’existence du pied de F3 et ajoute -aphasie sous-corticales (motrices ou
qu’il concerne le cap, des sous-parties et l’insula, il L'illettrisme est un problème d’exposition causant des sensorielles).
théorise que le pied de F3 servirait à la planification et la problèmes d’écriture et de lecture, tandis que Et il existe encore plus d’autres pathologies du langages
hiérarchisation de l’information. Défenseur et adepte des l’analphabétisme est une absence d’exposition à en a-: anarthrie (absence d’articulation), agraphie, alexie,
théories de Broca, impliqué dans la découverte des rôles l’écriture. apraxie, etc…
du gyrus supra-marginal et du gyrus angulaire dans le Il faut différencier pathologies acquises et Sans compter les troubles dys-: dysarthrie, dysphasie,
langage, contribue massivement à identifier les différents développementales. dysorthographie, dyspraxie, dyslexie, etc…
réseaux de projection de fibres entre ces différentes
régions. Décrit le premier réseau d’échange J) Problème du langage acquis ou L)Résumé.
d’informations entre les centres langagiers. Propose la développementaux. Chronologiquement, il y a d’abord eu Broca puis
première véritable classification des aphasies. Différentes Les problèmes acquis sont dus à des lésions cérébrales Wernicke.
lésions associées aux symptômes de ces aphasies. circonscrites consécutives à divers événements, causant La neuropsychologie cognitive est née pendant les
• Aphasies corticales une altération plus ou moins sévère des fonctions années 1920 grâce à Luria.
• Aphasies sensorielles langagières (selon le degré de l’atteinte, la durée, si elle On compte 2 grands centres du langage, F3 et T1,
• Cécité verbale et surdité verbale est partielle ou totale). grossièrement reliés par le faisceau arqué.
• Alexie sans agraphie (perturbation de l’activité Un problème acquis nécessite d’avoir eu un L’aphasie en France touche environ 300 000 personnes.
de lecture sans perturbation du gestegrapho- développement normal de la fonction en amont. La lésion La perte dans les pathologies acquises intervient toujours
moteur) est localisée, avec une certaine étendue, profondeur et une après que l’individu ait développé la fonction.
ou plusieurs structures atteintes.
DEBAT CONTRE Pierre-Marie : Toutes les aphasies ne → Les concepts et notions mémento :
sont que le résultat d’une lésion de l’aire de Wernicke + Un problème développemental est le 1. Chronologiquement, les personnages célèbres de la
lésions secondaires dans d’autres régions du cerveau. dysfonctionnement d’une région, d’une structure ou neuropsychologie sont Broca puis
Idée de globalisme : cerveau est un tout, quand une aire d’un réseau neuronal engendrant un trouble des Wernicke puis Déjérine
est lésée elle perturbe tout le fonctionnement du langage. apprentissages. 2. La neuropsychologie cognitive est née « officiellement
→ Déjérine rétorque que ce sont les réseaux de fibres qui » dans le courant du 20è siècle avec Luria.
sont responsables des différentes variantes d’aphasies, les K) Quelques aphasies. 3. Les deux grands centres que sont F3 et T1 sont,
projections sur l’aire de Wernicke et de Broca ne Aphasies non-fluentes : grossièrement, reliés par le faisceau arqué.
projettent pas que sur le pied de broca, mais également -aphasie de Broca ; 4. L’aphasie concerne environ 300 000 personnes en
sur le cap (triangulaire, operculaire, orbitaire). Trois sous- France et plus de 20 000 nouveaux cas annuels.
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5. La perte dans la pathologie acquise intervient infos, avec des centres spécialisés pour traiter les
systématiquement alors que l’individu a appris la fonction informations qui lui parviennent.
initialement.
Donc, on en est là ? Schéma sexiste
→ Les questions fondamentales Le cerveau avec des boîtes » indépendantes ? → Non.
1. D’après l’histoire de la neuropsychologie, Un cerveau aux fonctions localisées qui échangent ? →
localisationnisme et associationnisme sont deux courants Oui.
incompatibles. Est-ce vrai ? C’est faux, bien au contraire, Les cerveaux féminins et masculins sont identiques.
ce sont d’après des bases localisationnistes que les Représentés sur schéma : fonctions cognitives de très haut
associationnistes ont développé leur courant. Wernicke ne niveau.
rejette pas les travaux de Broca, il s’en inspire Deuxième partie : Base cérébrales, corréllats Ex repassage : synchronisation de plusieurs fonctions
massivement. neurophysiologiques et relation anatomofonctionnelles visuospatiales, cognitives, motrices.
2. Les syndromes aphasiques sont systématiquement les Les fonctions représentées chez Gall sont des fonctions
Chapitre 3 : structuration, identification et localisation
mêmes quand il s’agit de l’aphasie de cognitives de haut niveau qui nécessitent la
Wernicke ou de l’aphasie de Broca. Est-ce vrai ? C’est 1. Architecture et classification générale du cerveau coordinatination de différentes fonctions cognitives
faux. A) Un cerveau compartimenté ? simples. L’erreur du compartimentage est de postuler
→ Les questions « d’élite » A la surface du cerveau, il y a une décomposition qu’il existe des aires de fonctions cognitives de haut
1. Si une lésion se produit avant la maîtrise d’une possible des fonctions propres à l’espèce humaine telles niveau, alors qu’elle sont le résultat de l’association de
fonction, comme la lecture, il est tout à fait possible de que le langage qui serait sous-tendu par une zone située différentes régions.
dissocier ce qui relève de l’acquis ou du au niveau de l’oeil. Il n’existe pas de « gène de la lecture ».
développemental. Est-ce vrai ? Gall : chaque « boîte » fait quelque chose, il n’y a pas de Cependant, gènes de susceptibilité : gène qui va être
C’est faux, la fonction ne s’étant pas développée et étant connexions inter-compartiments. impliqué dans un mécanisme biologique, lui-même
lésée avant son développement, on assiste à un Fodor : s’intéresse à certains principes de la phrénologie impliqué dans le développement d’une fonction.
apprentissage de la lecture atypique, mais ça génère un pour développer sa théorie de modularité de l’esprit.
trouble de l’ordre quasi (Le cerveau n’est pas un muscle, prédéterminisme B)Commençons par la base...
neurodeveloppemental, on ne sait pas si la lésion est 100 génétique influence les asymétries fonctionnelles du Des macros et micro structures « externes » et « internes
% responsable de la difficulté d’apprentissage. cerveau. Cortex pariétal gauche plus volumineux va ».
2. L’absence d’une lésion évidente dans F3 indique à prédire les capacités de telle fonction. Un défaut Cerveau composé de deux hémisphères qui échangent
coup sur que l’aphasie ne touchera pas la composante d’asymétrie va être associé à des incapacités. Ce n’est grace à des structures sous- corticales (corps calleux qui
production/planification articulatoire. Est-ce vrai ? C’est pas parce qu’on effectue une tâche de façon répétée permet la communication inter-hémisphérique).
faux, les lésions peuvent être dans le réseau, distales qu’une zone va gonfler. C’est l’organisation et non la Lésion du corps calleux → Patients dits split-brain.
(lésion du gyrus supra-marginal). morphologie du cerveau qui se modifie.) Cortex : matière grise, siège de l’intelligence, corps
1. Faux Restructurer la structure ! cellulaire des neurones.
2. Faux : parce fluente vs affluente Le cerveau connu tel une boîte compartimentée pour Existence de noyaux sous-corticaux qui contiennent
3. Faux : si elle intervient avant elle a assez de plasticité chaque comportement, fonction ou état ! également corps cellulaire des neurones.
cérébrale pour la développer presque normalement Ce ne sont pas des boîtes isolées, on évolue vers Matière blanche : axones. Moyens de communication
4. Faux, peut ne pas avoir de lésions dans F3 mais dans l’associationnisme. Il existe des centres entre les neurones
les connections de f3 dédiés, mais pas un centre unique. Ces centres Axones arborisation terminale: dendrites. Peuvent
communiquent entre eux. projeter de manière distale ou proximale. Peuvent être
Fodor : Retient deux des principes de Gall ; myélinisés ou non.
1. Le cerveau en tant qu’interface Système vasculaire : artères principales avec ventricules.
2. Le cerveau comme lieu de traitement de toutes les Tout le cerveau est irrigué. Glucose + O2 nécessaires au

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fonctionnement du cerveau. Si AVC : Hypoxie puis asymétries morphologiques. Le fonctionnement du cerveau est asujetti à l’asymétrie
nécrose, disparition des neurones. Impliqué avec des mécanismes liés à l’audition. morphologique.
En amont du sillon rolandique (central) : En quoi cette asymétrie guide des traitements différenciés
 Cortex moteur Croix rouge : Gyrus de Heschl, plus volumineux à
 Cortex somesthésique droite qu’à gauche, lieu où se projettent les voies
Le cerveau dispose de régions très clairement localisées auditives. Traite à droite la musicalité (prosodie), et à
qui communiquent entre elles. Ce que l’on va voir va gauche l’identification acoustique des propriétés des sons.
souvent s’apparenter à du traitement cortico-cortical. Dissociation de traitement.
Il existe deux autres modes de communication : Croix bleue : Planum temporale, (jonction occipito-
 Cortico-sous cortical : échanges entre structures à la temporo-pariétale) structure plus volumineuse à gauche
surface du cortex et structures comme qu’à droite, localisée à la jonction occipito-pariéto-
des noyaux comportant des corps cellulaires (thalamus, temporale, lorsqu’il y a apprentissage de la lecture et de
noyau caudé, insula,..) l’écriture, se connecte aux régions inférieures du cortex
 Sous cortical-sous cortical : échanges entre structures visuel. Région auditive qui cherche à se connecter à une
sous corticales. région visuelle. Région intialement unimodale auditive
Ces structures sont localisées dans le diencéphale. qui va devenir multimodale auditive et visuelle. Région ?
Thalamus : stockage-restauration- récupération des qui traite l’information transmise par Wernicke et permet Pourquoi les cerveaux ne se ressemblent pas entre eux ?
expériences passées. L’un des centres de la mémoire. de récupérer les propriétés des phonèmes. Connexion → Les cerveaux sur lesquels on bosse sont des cerveaux
entre les symboles visuels et la représentation sonore des « moyennés ». Il ne faut pas s’étonner de trouver des
stimuli. régions plus éloignées/rapprochées que ce dont on a
l’habitude.
Régions bleues : sur le cheminement de la voie ventrale. Brodmann : première classification cyto-
Reconnaissance du nom des couleurs/animaux, de architectonique
certaines formes grammaticales. Il a étudié dans le cortex la répartition des différents types
de cellules en fonction de leurs structures pour les
Régions numérotées :
5. Pariétal inférieur, au-dessus de la scissure de Sylvius :
Gyrus supramarginale.
7. Gyrus angulaire.
Scissure de 8. Gyrus latéral occipital
Sylvius → 17. Gyrus temporal moyen
Région 18. Sillon temporal supérieur. Structure
périsylvienne : préfonctionnelle dès la vie foetale, cognition sociale,
majorité des reconnaissance de la voix.
fonctions 19. Gyrus temporal supérieur.
langagières. 24. Gyrus frontal inférieur gauche (partie orbitaire)
27. Gyrus frontal inférieur gauche (partie triangulaire)
28. Gyrus frontal inférieur gauche (partie operculaire)
Cortex auditif – Wernicke – cortex moteur – cortex 34. Gyrus précentral
prémoteur – aires associatives – Broca → Majeure partie des structures impliquées dans la classifier, et il s’est aperçu de dominances de différents
Croix rouges et bleues : Structures également présentes perception (auditive ou visuelle) et la production du types de cellules dans certaines régions cérébrales.
bilatéralement, et qui ont la particularité de présenter des langage. Libre choix de parler en aires de Brodmann ou en
structures.
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
(= incapacité de percevoir la manière dont la bouche doit
C)Rappels se configurer pour produire des sons).
 Langage est fonction cognitive
◦ Caractéristique humaine par excellence Représentation pour montrer le fonctionnement du
◦ Née de l’évolution (cerveau + appareil bucco- langage selon le modèle de Gueshwind-Wernicke
phonatoire) ◦ Cerveau gère En haut : Prononciation d’un mot entendu En bas :
lecture/écriture/perception/production Prononciation d’un mot écrit
 Le langage est une fonction latéralisée : Pros :
◦ Phénomène de spécialisation hémisphérique Dans les années 70/80, on était à peu près tombés
◦ Notion de récupération due à la plasticité cérébrale d’accord sur le fonctionnement global du cerveau.
90 % du cours sera centré sur l’hémisphère gauche Broca n’est pas l’aire de la production, des informations
Et le langage dans tout ça ? sont transmises au cortex moteur qui va contrôler l’action
 Le langage est massivement latéralisé à gauche : (motoneurones qui transitent par le réseau cortico-spinal).
o Asymétrie fonctionnelle (morphologique) Cons :
o Dans l’hémisphère gauche, à 90 % chez les Vision très mécanique de la chose. On ne sait pas ce que
droitiers, mais à 70 % chez les gauchers font les structures, on voit juste que les informations  Pour le langage, focus principal sur HG
o Latéralisation ++ chez l’homme (excès transitent d’un point à un autre.  Zones capitales : AB6-8, 21, 22, 19, 37, 39, 40,
testostérone pourrait expliquer la répartition de Pas de système de diffusion, « saute mouton », on ne sait 44, 45
certaines structures) pas comment ça diffuse, et on a uniquement la voie  Faisceau arqué : réseau de fibres associatives.
o Récupération (plasticité cérébrale) ++ chez la dorsale, or on sait aujourd’hui qu’il existe une voie
ventrale, qui est nécessaire aux deux. Voie ventrale et Rond noir : jonction occipito-temporo-pariétale
femme
dorsale convergent toutes les deux dans Broca Noir : faisceau arqué
o Phénomène de communication inter-
hémisphérique Territoire de Geshwind-Wernicke. Projection latérale qui
Gyrus angulaire n’est pas impliqué uniquement dans la englobe le gyrus supramarginal inférieur gauche et la
◦ 80 % gérés à gauche, 15 % à droite et 5 %
prononciation d’un mot écrit mais également dans la partie du faisceau arqué qui est impliquée dedans en
bilatéralement
prononciation d’un mot entendu. Lorsque l’information projection latérale. C’est le lieu de connectivité qui se
 Le langage est « multri-sensoriel » : arrive par le canal auditif/visuel, l’information est
o Inputs sensoriels visuels, auditifs, tactiles crée entre les aires de traitement de l’information visuelle
envoyée au gyrus angulaire, puis deux faisceaux vont se et les aires de traitement de l’information auditive après
o Outputs moteurs : dissocier.
▪ Contrôle de l’appareil bucco-phonatoire
l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
C’est surtout la voie ventrale qui prend appui initialement
sur le gyrus angulaire. Voie dorsale et ventrale ont un Lecture : Informations bottom-up (stimulations visuelles
traitement différencié. symboliques arbitraires) qui sont connectées à des
▪ Contrôle manuel => Aujourd’hui on sait qu’il y a une ségrégation claire informations top down (informations auditives). La
entre deux flux de traitement et de diffusion de région impliquée dans la reconnaissance des lettres et des
▪ Coordination motrice (tête/main) l’information. mots avant l’apprentissage de la lecture n’est pas active
(=impliquée dans autre chose). Coincée dans le gyrus
▪ Mouvements oculaires Pourquoi y a-t-il deux voies ? Que font-elles ? fusiforme, quasiment à la jonction temporo- occipitale.
Le cortex prémoteur contrôle une partie du geste On l’appelle la VWFA. Région émergente qui va émerger
graphique et le déplacement occulaire. sous l’impulsion de la découverte du code écrit, qui va
Le cervelet est impliqué dans les activités cérébelleuses projeter des réseaux de fibres vers le planum temporale et
(=motrices), coordination, proprioception, perception vers la portion postérieure du faisceau arqué. C’est la
temporelle, organisation du geste,... Lésion cervelet → région de la lecture.
trouble de la perception du temps et de la proprioception
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
Point de départ de la voie dorsale et de la voie ventrale. Si lésion, pas de récupération possible par transfert
Broca : Région de convergence d’où on récupère les propriétés ipsilatéral. Pas de reconnaissance des lettres et/ou des
Planification/récupération/hiérarchisation du geste linguistiques des stimuli visuels et auditifs. Juste en mots. Globalement elle fait l’invariance de symétrie (b et
articulatoire.On y récupère les propriétés articulatoires dessous : planum temporale. d, p et q,...). Elle se déspécialise pour se respécialiser
des mots et des sons. C’est le traitement le plus prégnant dans le traitement de symboles écrits. C’est la fameuse
dans le gyrus frontal inférieur. Gyrus de Heschl : hypothèse de recyclage neuronal.
Mais également traitement lexical et post-lexical : A droite opérations de traitement de la prosodie : rythme, Voies dorsale et ventrale : la voie ventrale s’active
impliquée dans les phénomènes de récupération en mélodie, amplitude (= activation majeure durant l’écoute irrémédiablement en parallèle à la voie dorsale quand il
mémoire dans le lexique mental et de recherche de de la musique). s’agit de langage. Elle transite du gyrus angulaire par
l’adéquation entre ce qui est stocké en mémoire et A gauche récupération des autres propriétés qui ne sont Wernicke/planum temporale, diffuse dans la partie
l’information qui provient des traitements faits par les pas la prosodie, envoyées à Wernicke pour être temporale inférieure et médiane et se projette dans la
régions comme Wernicke. Mécanisme de vérification. Il y interprétées/comprises, propriétés acoustiques des sons et partie du gyrus frontal inférieur gauche (=Broca).
a donc également des transferts d’informations qui vont reconnaissance des voix (homme/femme, intonation, Dorsale : Traitements liés à l’articulation et à la
depuis Broca jusqu’à Wernicke. accentuation, décodage de l’information acoustique qui phonologie (audition/production).
ne couvre pas les propriétés prosodiques). Ventrale : Voie syntaxico-sémantique. Traitement de la
Gyrus supra-marginal inférieur : Compliation des informations droite et gauche puis envoi compréhension, syntaxe, phonotactique, récupération
Il existe des connexions directes entre des portions du dans les régions antérieures. sémantique, phonologique et orthographique.
gyrus supramarginal et des régions antérieures comme le Gyrus angulaire englobe une aprtie du planum temporal
gyrus précentral et l’opercule frontal. → Il connecte une qui va se connecter avec une mircoportion dans le gyrus Donc, des repérages en fonction des aires de Brodmann,
portion située dans les régions auditives pour se projeter fusiforme. certes, mais des reprérages et localisations facilités depuis
dans des régions motrices. 3 données morphologiques : (1) circonvolutions, (2),
Impliqué dans la phonation (=déplacement du larynx). Il Gyrus fusiforme : sillons/scissures, (3) lobes !
est impliqué dans le stockage/traitement de l’information Reconnaissance de la forme des lettres et des mots Broca = F3 = 3è circonvolution frontale gauche
phonologique. L’un des sièges de la mémoire à court VWFA. Région émergente qui ne devient active qu’à
terme verbale. partir du moment où il y a un enseignement explicite de
Modèle de Baddeley sur la MT : Il existe un système de l’écriture et le la lecture. Universellement
mémoire à court terme verbale. Eléments stockés présente/activée pour la reconnaissance des systèmes
brièvement afin de faire des opérations dessus. Une partie symboliques écrits (= ne s’active pas si triangle, mais si
d’entre eux sont stockés en mémoire à long terme, l’autre alphabet syrillique oui). Localisée au même endroit (=
partie disparaît. Impliqué en production car répétition gauche) chez tous les individus quelle que soit la langue.
subvocale. → Système de la boucle phonologique, Rarement présente bilatéralement ou uniquement dans
répétition subvocale, mécanisme renforçateur qui permet l’hémisphère droit.
de maintenir l’information plus longtemps afin de faire
des opérations dessus. Mécanisme d’apprentissage des L’objectif de la lecture est de faire émerger cette région.
correspondances lettres/sons, qui sous-tend Quand elle émerge, informations bottom-up, nécessitant
l’apprentissage de la lecture. pour être interprétées des traitements top-down, région
visuelle émergente va se connecter avec des Modèle anatomo-fonctionnel à double flux de la
Gyrus angulaire : connaissances préalablement disponibles au niveau perception et de la compréhension du langage.
Convergence des traitements auditifs et visuels. auditif et créer un cheminement entre la VWFA et le En premier lieu, tout stimulus auditif en provenance de
Récupération et mise en relation des propriétés visuelles planum temporale et la partie posérieure du faisceau l’environnement passe par une analyse spectro-temporale
et auditives de la langue. Opérations de reconnaissance arqué. Plus on lit souvent, plus la densité de fibres de (rectangle vert), véhiculée par le cortex temporal
linguistique et de mise en correspondance des traits connexion entre la VWFA et le planum temporale est supérieur de manière bilatérale. Analyses réalisées dans
visuels avec des traits auditifs. forte. les régions auditives G/D. Le réseau phonologique
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
(rectangle jaune) implique les parties bilatérales médiane récupération des schémas moteurs. Est-ce vrai ?
et postérieure du sulcus temporale supérieur, ce qui donne Parallèle évident avec le modèle dit de « Geshwind- Faux. Si l’un des attributs de l’aire de Broca réside bien
lieu à deux flux distincts qui dépendent des traitements Wernicke ». Le plus récent s’est forcément inspiré du dans ces fonctions, les études récentes ont démontré que
requis par le stimulus auditif initial : plus ancien. Le modèle de Geshwind-Wernicke proposait ces aires avaient des implications plus importantes dans
1. Une voie dorsale (rectangles bleus foncés) qui une première vision connexionniste des aires impliquées les processus phonologiques tardifs et certains processus
convertit les représentations auditives et dans le traitement visuel et auditif du langage (modèle de lexicaux qui n’ont « rien à voir » avec la production de la
phonologiques en représentations articulatoires Hickok et Poeppel, ici, ne s’intéresse qu’à la parole). parole.
et motrices. Toutefois, Hickok et Poepell, bien que guidés par ce Bien qu’approximative puisque ne bénéficiant pas encore
2. Une vois ventrale (rectangles roses/violets) modèle, l’ont critiqué́ puisqu’il est sous-spécifié au des techniques adaptées, la phrénologie avait justement
qui convertit les représentations phonologiques niveau anatomique. Pour faire simple, le modèle localisé la « région » du langage. Est-ce vrai ?
en représentations lexicales. Geschwind-Wernicke, bien que précurseur des modèles Faux. La « bosse » du langage était située à proximité des
Terminologie anglophone utilisée : connexionnites, bien que correct au niveau des yeux.
1. a) a(p)ITS = sulcus (sillon) temporal antéro-inférieur interactions et échanges d’informations proposées, est
2. b) a(p)MTG = gyrus temporal central antéro- maintenant un modèle obsolète, vieillissant, que des Les questions d’élite
postérieur modèles à double flux ont remplacé́, car ils sont plus Le traitement initial des sons s’effectue au niveau du
3. c) p(IFG) = gyrus frontal postérieur ; PM = cortex précis au niveau anatomique ET fonctionnel. gyrus de Heschl tandis que la reconnaissance visuelle des
prémoteur lettres intervient au niveau du gyrus fusiforme. Est-ce vrai
4. d) Spt = région sylvienne pariéto-temporale La compréhension de la parole, c’est l’extraction des ?
5. e) STS = sulcus temporal supérieur caractéristiques sémantiques, phonologiques, syntaxiques Vrai. . Dans une conception schématique et très
6. f) STG = gyrus temporal supérieur. pour donner du sens au signal de parole (ce dernier simplifiée, c’est vrai, notamment que le gyrus de Heschl
pouvant demeurer au stade d’indices acoustiques et englobe les aires auditives primaires et prend en charge
Attention, ici il faut bien comprendre que le décours de phonétiques propres au langage mais dépourvus de sens). l’analyse des sons du langage (dans sa partie gauche) &
l’info par l’une ou l’autre voie n’est pas forcément les sons musicaux (dans sa partie droite) en décodant,
successif, mais peut être simultané bien qu’il soit possible Synthèse encodant/transcodant/recodant (transcoder peut signifier «
d’envisager malgré tout que l’information transite de Mots clés du succès : changer le format », ici, par exemple, en passant d’une
manière asynchrone via les deux voies. Broca – Wernicke – Faisceau arqué – Gyrus angulaire – stimulation électrique à une stimulation chimique... bien
Voici, expliqué différemment, le principe du modèle Gyrus fusiforme – Gyrus supramarginale – Réseau – que les stimulations soient, en général « électrochimiques
anatomo-fonctionnel à double flux. L’organisation du ttt Aires de Brodmann – Double flux – WFA. » ou « transporter d’un endroit à un autre ») les stimuli.
de la parole peut être distingué en perception de la parole Les concepts et notions in memento De plus, pour le gyrus de Heschl, il y a asymétrie
et en reconnaisance de la parole, cette dernière faisant 1. Un réseau de régions interconnectées ± distantes cérébrale (fonctionnelle et anatomique). Quant au gyrus
référence aux traitements réalisés pour transformer le 2. Les huit aires de Brodmann (AB) dites d’intérêt, fusiforme ou VWFA, il serait bel et bien le lieu
signal acoustique en une représentation lexicale. Dans ce à savoir AB6-8, 21, 22, 37, 39, 40, 44 et 45. d’identification des lettres. `
modèle, la voie ventrale et la voie dorsale concernent 3. La localisation exacte des aires de Broca (AB44-
différentes voies de traitements. Ainsi, s’il y a 45) et Wernicke (AB21-22) et du faisceau arqué Le planum temporal, qui se situe unilatéralement à
systématiquement une première étape de l’analyse qui se 4. Une voie ventrale et une voie dorsale de la gauche au niveau de la jonction temporo-pariétale, n’est
réalise au niveau du cortex auditif à laquelle fait suite une propagation de l’activation cérébrale liée à la sollicité que dans l’analyse des sons musicaux. Est-ce vrai
transition dans le réseau phonologique, les étapes perception/compréhension ?
ultérieures du traitement sont définies selon la demande 5. Des réseaux distincts, mais qui peuvent se Faux. Si la localisation du planum temporale est exacte,
cognitive et la tâche à effectuer. En résumé, selon ce que recouvrir pour assurer différents traitements, sa latéralisation est de type bilatéral et son action
la tâche cognitive implique, telle zone ou telle voie est processus langagiers. concerne aussi bien le traitement des sons de parole que
empruntée, tout en gardant à l’esprit que la voie ventrale Les questions fondamentales les stimuli musicaux.
concerne la compréhension auditive et la voie dorsale, la Les aires de Brodmann 44 et 45 ne sont impliquées que
perception de la parole. dans les tâches de planification, d’initiation ou de
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
qu’à travers elles. Cette dépendance directionnelle de Par rapport à l’IRMf, qui aura une résolution temporelle
diffusion est appelée « anisotropie ». En couplant les relativement faible (de l’ordre de la seconde), mais à la
données d’anisotropie avec celles de dépendance résolution spatiale correcte, il sera aussi possible de faire
directionnelle de diffusion de l’eau, il est possible appel à l’EEG ou à la MEG dont la résolution temporelle
d’estimer l’orientation tridimensionnelle des fibres de est conséquente (de l’ordre de la dizaine de
matière blanche dans le cerveau, de manière non invasive millisecondes), mais à la résolution spatiale plus faible.
(i.e., sans chirurgie, sans insertion d’électrodes...). Cette
découverte méthodologique a mené à la technique récente Bon en 2000 que savait on ?
de « tractographie » en IRM avec tenseur de diffusion in
vivo (DT-IRM ; Basser et al., 1994). Cette technique a
déjà permis d’étudier la neuroanatomie des fibres de
matière blanche dans différentes régions du cerveau
(Catani et al., 2003 ; 2005).

Dans les acquisitions IRMf, il est important de noter deux


éléments capitaux :
- Les colorations (i.e., rouge, orange, jaune, bleu, violet...)
ne reflètent en aucune manière la « couleur » dont
s’active/s’éclaire le cerveau dans le cadre d’une activité
perceptive, cognitive ou sensorielle. Il s’agit d’un code
Ici, l’idée n’est pas de mémoriser toutes les activations
conventionnel qui indique le degré d’activation, en termes
cérébrales propres à chacune des activités cérébrales liées
de différence, entre une activité dite de base
au langage, mais de se représenter, notamment en 2000
(généralement, une phase de repos où aucune tâche
avec les travaux de Cathy Price, l’état des connaissances
spécifique n’est à réaliser) et une activité cérébrale
sur les régions cérébrales activées selon différents types
déclenchée par la réalisation d’une tâche particulière.
de tâches, comme par exemple, en haut à gauche,
Chapitre 4. Projections, connectivité et corrélats Ainsi, plus la coloration est rouge, plus la différence entre
première image, les activations spécifiques qui diffèrent
I. Repères et langage techniques : situation de base et d’activité est grande, et donc qu’il y a
IRMf : Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle : significativement
sur-activation de la région. En revanche, s’il y a sous-
méthode la plus utilisée actuellement est celle basée sur (d’un point de vue statistique et non pas uniquement
activation d’une zone, la coloration vire au bleu ou au
l’aimantation de l’hémoglobine contenue dans les globules visuel) entre une condition de base (le repos) et la lecture
violet.
rouges du sang. de mots (i.e., Visual : Read Words). De la même manière,
- Les « cartes » d’activation sont des cartes moyennées ;
Signal BOLD : signal qui reflète les variations locales et dans les acquisitions situées au milieu de la diapositive, il
transitoires de la quantité d’oxygène transporté par
cela signifie, sauf dans la situation d’une étude de cas,
apparaît clairement qu’en comparant une condition de
l’hémoglobine en fonction de l’activité neuronale du cerveau. que les activations représentées sont la moyenne de
repos à la répétition à voix haute de mots écrits (i.e.,
Tenseur de diffusion : technique d’IRM qui est sensible à la superpositions de plusieurs activations relevées chez
Visual word repetition), les régions les plus activées sont
diffusion de l’eau et notamment à l’anisotropie des molécules plusieurs patients ou sur la répétition de la même tâche.
celles vues jusqu’ici comme spécifiquement impliquées
d’eau dans les fibres (dépendant de la direction, mais impossible Cela a pour incidence certaines variations inter-
de déterminer les directions sur un même axe). Ces axes sont dans les deux activités de reconnaissance visuelle de mots
individuelles qui tendent parfois à sur-estimer ou sous-
généralement X : droite à gauche ou gauche à droite ; Y : et de production de parole : le gyrus fusiforme (AB37 ou
estimer l’importance de certaines régions, mais peut
postérieur vers antérieur ou antérieur vers postérieur ; Z : haut VWFA), AB44-45 et ainsi de suite. Il est donc important
également donner lieu à des controverses entre différentes
vers bas ou bas vers haut. d’également retenir que les apports de l’imagerie
études sur la localisation exacte et précise de certaines
cérébrale sont cruciaux et valident les travaux menés
régions d’intérêt pour une tâche donnée.
À l’intérieur de la matière blanche, les molécules d’eau jusqu’à lors pour étayer les principes purement «
diffusent plus facilement le long des fibres myélinisées localisationnistes » : en bref, on observe un recouvrement

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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
± massif entre les données issues des études post-portem la langue, mais qui reprennent les mêmes
et les données obtenues à partir de l’IRMf, par exemple. En se basant sur la méta-analyse (une synthèse de caractéristiques, par exemple : TOLPUDE).
dizaines d’études conduites jusqu’alors), on observe que
Autre point important à retenir : déjà avant la « Price a pu associer des activations cérébrales très Quelle que soit la modalité de l’input dont les traitements
découverte » de Cohen et al. (2000) concernant le précisément localisées (non seulement des structures sont modalités-dépendants (entendre – voies auditives –
VWFA, superficielles du cortex, mais également des structures projections sur l’aire auditive... ; voir – voies visuelles –
Price (2000) avait montré au travers de cette synthèse que plus profondément enfouies telles que l’insula). Les projections sur l’aire visuelle...), le modèle s’accorde sur
cette zone était autres régions demeurent celles avancées jusqu’ici, avec le fait que les informations finissent par converger vers
systématiquement et des précisions d’une part sur le(s) rôle(s) et la(les) des modules, certes cognitivement ou
massivement active zone(s) impliquée(s), par exemple la planification comportementalement, spécifiques, ceux-ci assurent au
dans des tâches articulatoire située non plus uniquement dans « l’aire de final des traitements pouvant être partagés / communs aux
impliquant la Broca » mais au niveau de l’insula antérieur et de deux modalités (accès aux représentations sémantiques,
reconnaissance l’opercule frontal. accès aux représentations phonologiques...).
visuelle de mots et de De manière assez simplifiée (en anglais, la version
lettres (voir, par originale, à gauche, en français, la version française, à Décours temporel des informations
exemple, la ligne 1 en droite), au-delà de la dichotomie de l’input (mots
haut à gauche...) sans entendus vs. mots lus), on observe l’intégration du
modèle cognitif de la lecture experte avec le modèle dit
de la « Double Voie » proposé par Max Coltheart
(1978 ; 2001) qui stipule que la lecture peut s’effectuer
pour autant pouvoir lui selon deux voies :
attribuer un rôle spécifique - Une voie directe, ou voie par adressage, qui se
ni même être capable met en place après l’automatisation des tâches de
d’isoler son rôle à l’époque lecture, avec l’expertise donc, et qui permet
des travaux menés avant d’accéder directement à la représentation
2000 (à moins que les lexicale stockée en mémoire à long terme, sans
recherches ne s’y soient, passer par des règles de conversion graphème-
tout simplement, pas phonème ; cette voie s’utilise ainsi avec les mots
intéressées). fréquents, irréguliers, courts... Et, de fait, la voix
neuronale activée diffère de celle stimulée via la On a un différentiel du simple au double de l'information
voie indirecte. lu et entendu, la progression des activations cérébrales est
- Une voix indirecte, ou voie par assemblage, est relativement comparable. On a des similitudes dans la
la première à se développer, avec l’apprentissage vitesse de propagation. On a une diffusion postéro
de la lecture et perdure même après l’acquisition antérieure pour l'info visuelle, l'info se masse dans le
des mécanismes et processus experts de la temporal inférieur et frontal inférieur. Zone de
Au final, le « premier » modèle de Price (2000), qui est lecture : elle permet la construction des convergence et d'intégration du supérieur pour info
une synthèse des connaissances en neuropsychologie des représentations lexicales en s’appuyant sur un auditive et inférieur pour info visuelle. Existence de deux
19e et 20e siècle a pour particularités de représenter non procédé de renforcement, au début systématique, voies de diffusion de l'info :
seulement les structures, mais d’y mapper (à savoir, « des représentations écrites (les lettres, les - Supérieur dorsale : audio articulatoire
superposer ») les fonctions associées propres aux graphèmes) avec les représentations orales - Inférieur ventrale : visuo sémantique
traitements des mots entendus et des mots lus (cf. un peu correspondantes (les phonèmes) ; cette voie Les infos restent active même résiduellement tout au long
plus tôt le modèle Geschwind-Wernicke) en vue d’une s’utilise donc avec les mots peu fréquents, longs du décours de l'info, il y a un transfert permanent d'info et
production orale. ou les pseudomots (mots qui n’existent pas dans une dynamique de correction.
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
On peut prononcer une phrase de 5 mots en 5 à 7 compléter certains traitements mineurs (ou majeurs) non l’association « région précisément circonscrite – activité
secondes. pris en charge par la structure gauche et ainsi de suite spécifique précisément identifiée » s’est accrue.
(complémentarité). En orange, par action, il faut entendre les actions sur la
bouche et/ou la main.
Dans ce modèle proposé par Stanislas Dehaene (2007), En rose/violet, la différenciation provient de la difficulté
succinctement, les informations suivent le trajet bleu – de la tâche et/ou du degré de traitement requis
rouge – vert/orange (avec des échanges bidirectionnels (notamment la syntaxe).
qui servent de réajustements aux informations envoyées En violet foncé (sentences), il s’agit des régions plus
par l’une ou l’autre structure ; messages feedforward / activées pour la significativité, la grammaire tandis que...
feedback) tandis qu’un contrôle attentionnel est opéré par ... en violet clair (words), il s’agit des régions plus
des structures postéro-supérieures. activées par la perception écrite et orale.
À droite, il s’agit d’une méta-analyse spécifique des En rose foncé (semantic 1), il s’agit des régions plus
régions impliquées (Jobard et al., 2003), en lecture, à activées pour le contenu sémantique tandis que... en rose
Autre exemple de modélisation : le modèle « universel » chaque étape du traitement des informations visuelles, clair (semantic 2), il s’agit des régions plus activées pour
de la lecture, constitué de trois régions orthographiques, phonologiques, sémantiques et la sémantique par rapport à la phonologie.
spécifiques(cerclées). L’idée sous-tendue par un tel syntaxiques. Sur la base de cette méta-analyse, ressort En vert, il faut considérer tout ce qui découle de la
modèle repose sur l’interactivité entre 3 régions qui clairement des éléments consistants quant à la localisation production (i.e., planification, génération, répétition).
formeraient des nœuds de communication et d’interaction des régions d’intérêts et les rôles respectifs (par exemple, En vert pâle (word retrieval), il s’agit des régions plus
des informations. Ce modèle conçoit ainsi que le décours le rôle du gyrus temporal supérieur, au niveau du planum activées pour la récupération des mots tandis que.. en vert
(temporel et spatial) de l’information soit universel, mais temporale, associé à la conversion des lettres en sons). foncé (les trois restantes), il s’agit des régions plus
que les spécificités de la langue (structure syllabique, Cette représentation corrobore également, ce qui est activées pour la décision phonologique silencieuse (sans
contraintes phonotactiques (règles qui régissent normal puisqu’antérieur chronologiquement, le modèle articulation ou output moteur).
l’association de sons et de lettres propre à une langue ; proposé par Dehaene (2007). En kaki (sensorimotor), il s’agit des régions plus activées
par exemple, « xtr » en début de mot, en français, est pour les mouvements bucco-phonatoires.
impossible et illégal, mais par forcément dans d’autres Modélisation ultime :
langues), longueur des mots...) détermineraient le degré
d’activations et la localisation exacte des différentes Ajouter une autre diapo
zones (par exemple, le gyrus fusiforme droit serait plus
activé dans des langues à pictogrammes, car ils
nécessiteraient une prise en charge spécifique plus
poussée de la configuration visuelle des traits).

Note précisée : parfois, comme suggéré dans l’exemple


ci-dessus, les activations peuvent être bilatérales.
Ceci peut avoir différentes explications et, notamment,
celle de soutien ou de prise de relais des traitements par
une région. En d’autres termes, le traitement d’un
stimulus particulier systématiquement assuré par une
structure à gauche peut être accompagné par l’activation Ici, voici quelle semblerait être la modélisation « ultime
de la structure identique à droite dans le but de délester la », en 2012, de la méta-analyse réalisée par Prince :
structure gauche du trop-plein d’activations (prise de Traduction de certains termes anglais pour le schéma de
relais), dans le but d’assister la structure gauche pour Notamment, ce schéma dénote d’un morcellement ± droite :
efficacement traiter le stimulus (soutien), dans la but de étendu des régions connues jusque-là et pour lesquelles - Volition = volonté de parler ;
13
Neurosciences cognitives et neuropsychologie
- Covert articulation = articulation silencieuse / répétition correspondent aux différences d’activations pour les Voici les correspondances des acronymes marqués : RoIS
subvocale (voir un peu plus loin). phrases accompagnées de mouvements visuels par = sillon de Roland ; RolOp = opercule rolandique ; F3t =
À l’instar de la diapositive précédente, on observe des rapports aux phrases sans (par exemple, la langue des pars triangularis ; F3op = pars opercularis ; F3orb = pars
distributions relativement étendues et concordantes (par signes). orbitaris ; SMG = gyrus supramarginale ; PT = planum
exemple, la région rosée et rosée pâle qui En bas à gauche, les points noirs correspondent aux temporale ; T1 = gyrus temporal supérieur ; T2 = gyrus
correspondraient aux traitements sémantiques et activations pour les ambiguïtés sémantiques et les points temporal moyen ;
syntaxiques/syntactiques, à savoir les gyri temporaux blancs correspondent aux ambiguïtés syntactiques. T3 = gyrus temporal inférieur ; Prec = gyrus précentral ;
antérieur et postérieur gauches = aMTg et pMTg). En bas à droite, les points noirs correspondent à l’accès F2 = gyrus frontal moyen ; PrF3op = gyrus
Autres faits importants : le processus de sélection des lexical, les points blancs correspondent aux activations précentral/jonction de F3op ; STS = sillon temporal
mots (i,e., word selection) est pris en partie en charge par liées à la répétition subvocale/silencieuse et les points supérieur ; AG = gyrus angulaire ; Fusa = gyrus fusiforme
pars triangularis (c’est-à-dire une partie d’AB45 = aire de transparents correspondent aux activations liées à antérieur ; a = antérieur ; p = postérieur ; l = latéral ; m =
Broca) ou encore un mécanisme articulatoire qu’est la l’articulation (ceux présents au niveau du gyrus précentral moyen ; d = dorsal ; v = ventral.
répétition subvocale ou articulation silencieuse sous- et du cortex moteur supplémentaire, cerclés en rouge). À droite, il s’agit du « circuit » et des zones impliquées
tendu par une région postérieure supérieure : les gyri dans la « boucle phonologique » de la mémoire de travail
supramarginaux ventral et dorsal gauches (i.e., dSMg et (Baddeley, 1986). Dans cette conception, la boucle
vSMg). Ultérieurement, à cette zone va correspondre le phonologique est un sous-système de la mémoire de
mécanisme de la « boucle phonologique ». travail ayant pour tâche le traitement de la parole et des
informations verbales. Il se compose de deux sous-
systèmes : l’un de stockage phonologique à court terme
(quelques secondes), à capacité très limitée (environ 7
items ± 2) d’informations phonologiques, verbales et
l’autre de contrôle articulatoire dit de répétition subvocale
(langage intérieur ou répétition silencieuse comme celle
utilisée par les enfants lorsqu’ils apprennent à lire et qui
répètent à voix basse ou juste en mimant l’articulation
avec leurs lèvres).
Ce système de boucle phonologique est notamment
impliqué dans l’utilisation des règles de conversion
graphème-phonème (nécessité de retenir quelques
secondes des lettres dans le but de les convertir en
En haut, à gauche, il s’agit de la méta-analyse qui résume représentations sonores, phonologiques avant de pouvoir
730 pics d’activation. En bas, à gauche, il s’agit du accéder aux représentations lexicales correspondantes).
Au milieu à gauche, les points noirs correspondent aux
regroupement en « blocs » (clusters) des activations selon Sur ce schéma, on constate clairement, selon Vigneau et
différences d’activations des mots par rapport aux
la dominante dans la région considérée (par exemple, là al. (2006), que la boucle phonologique connecte entre
pseudomots, les points blancs correspondent aux
où figure STSp dans un rectangle vert, il s’agit d’une elles des régions de traitement dites « de haut niveau » et
différences d’activations des mots par rapport aux mots
zone où les activations les plus nombreuses et/ou plus qui correspondent à
inversés (par exemple, une rotation de 180°) et le point «
fortes renvoient à des traitements syntaxiques et F3td dans le lobe frontal et à SMG dans le lobe pariétal
transparent » (celui présent en région postérieure du gyrus
syntactiques, eux-mêmes plus précisément situés au (circuit coloré en bleu). Parallèlement, la mémoire de
temporal, cerclé en rouge) aux activations liées aux effets
niveau du STSp (sulcus temporal supérieur postérieur). travail en ce qui concerne la sémantique inclut la jonction
de fréquence en modalité auditive.
En jaune, les rectangles représentent les régions où les du gyrus précentral et de PrF3op (partie operculaire du
Au milieu à droite, les points noirs correspondent aux
différences de type de traitements (syntaxique vs gyrus frontal inférieur) et AG (gyrus angulaire, en rouge).
différences d’activations entre phrases compréhensibles et
phonologique vs sémantique) ne sont pas significatives Enfin, la mémoire de travail en ce qui concerne la syntaxe
phrases incompréhensibles et les points transparents
(statistiquement). et la compréhension de textes connecte F2p (partie
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
postérieure du gyrus frontal moyen) et STSp (partie À gauche : les blocs (clusters) d’activations localisées dans la partie antérieure du gyrus frontal
postérieure du sulcus temporal supérieur, en vert). phonologiques. En haut, il s’agit de la représentation des inférieur.
De ces schémas, il est important de retenir non pas la 247pics d’activations issus des études utilisant des tâches Ce qu’il faut retenir ici, ce sont trois éléments
localisation de chacun des pics, mais plutôt les qui mettent en jeu des processus phonologiques importants :
recouvrements avec les travaux antérieurs ou la méta- (points bleus). En bas, il s’agit de la schématisation de la - Des zones partielles voire totales de recouvrement des
analyse tirée par Prince (2012). Par ailleurs, il est capital boucle audio-motrice qui met en action des clusters différents types de traitements ;
de saisir l’importance d’une dissociation des circuits moteurs et prémoteurs le long du sillon précentral (dans le - Des zones largement distribuées dans les régions
empruntés par la mémoire de travail en fonction de la lobe frontal), du planum temporale (PT ; partie unimodale inférieures, antérieures et postérieures du cerveau ;
nature de l’information. Enfin, il faut constater des auditive du traitement des sons langagiers), et de T1. - Des zones interconnectées qui fonctionneent surt le
connexions majoritairement antéro-postérieures Au centre : les clusters syntaxiques et syntactiques et de principe des « boucles » d’échange des informations
(temporo-pariétales et frontales essentiellement), avec un compréhension de textes. En haut, il s’agit de la auditives, visuelles et motrices selon les axes
liaison évidente entre les gyri supramarginale et angulaire représentation des 161 pics d’activations issus des études phonologiques, sémantiques et syntaxiques.
et des régions dispersées du gyrus frontal inférieur (Broca utilisant des tâches qui mettent en jeu des processus
; F3) qui pointent bel et bien sur l’implication de l’aire de syntaxiques et syntactiques (points verts clairs) et de
Broca mais dans des tâches qui ne réclament aucune compréhension de textes (points verts). En bas, cerclés en
production « oralisée » évidente du langage (d’où son jaune, ce sont les régions communes ou proches en
rôle avéré dans la planification, la récupération des termes d’activations pour la syntaxe et la compréhension
représentations motrices...). de texte. Quatre zones se détachent nettement entre
Exemples de tâches employées pour mettre en évidence traitements syntaxiques et de compréhension de texte :
ces activations : pour des tâches phonologiques, par - F2p, située dans la partie postérieure du gyrus frontal
exemple, un jugement de rimes entre deux mots (e.g., moyen ;
ballon et pigeon) ; pour des tâches sémantiques, une - F3opd, située dans la partie dorsale supérieure de pars
association entre deux mots qui partagent ou non des opercularis ;
liens sémantiques (e.g., charentaises et chaussures) ; pour - STSp, située dans la terminaison postérieure du gyrus
des tâches syntaxiques, une situation d’ambiguïté temporal supérieur ;
syntaxique avec une structure de phrase pouvant amener à - T2p, située dans la partie postérieure du gyrus temporal
plusieurs significations... moyen. Dans cet exemple, l’étude de van Atteveld et al. (2004)
À droite : les blocs (clusters) d’activations sémantiques. s’intéresse au rôle unimodal ou multimodal du planum
En haut, il s’agit de la représentation des 322 pics temporale (précisément localisé au niveau de la jonction
d’activations issus des études utilisant des tâches qui temporo-pariétale, parfois même, on parle de jonction
mettent en jeu des processus sémantiques (points rouges). temporo-occipito-pariétale (cf. cours précédents)) lors
En bas, il s’agit de la schématisation du circuit d’une étude en IRMf. Plus précisément, le planum
sémantique qui inclut un système ventral et un système temporale ne traite-il que des sons de parole ou bien est-il
dorsal dans le lobe temporal (double circuiterie fléchée également plus largement impliqué dans les activités de
rouge). La partie ventrale (voir également lecture. Dans leur expérience, 3 conditions
précedemment la modalisation proposée par Poeppel et expérimentales sont testées de manière passive
al., 2007) est dédiée aux stimuli visuels et englobe (traitement implicite, aucune tâche explicite n’est
T3p, à l’interface entre les processus phonologiques et sollicitée) auprès d’adultes :
sémantiques pour les processus audio-visuels (en jaune). - Présentation d’une lettre seule,
La partie dorsale est dévolue aux stimuli auditifs et prend - Présentation d’un son langagier seul,
en compte le traitement de la voix (en jaune) à l’interface - Présentation simultanée lettre + son (par ailleurs, dans
entre les processus phonologiques et sémantiques. Au cette dernière condition, soit lettre et son sont congruents
niveau du lobe frontal, les régions sémantiques sont
15
Neurosciences cognitives et neuropsychologie
(à savoir, « R » et /r/), soit incongruents (à savoir, « R » indirectement témoigne d’une implication du planum
et /m/)). temporale dans les processus de conversion graphème-
Les résultats obtenus sont ainsi assez intéressants : phonème.
- Premièrement, le sillon (sulcus) temporal supérieur qui En conclusion de cette étude, il est possible de soutenir
comprend le planum temporale est activé aussi bien lors trois potentielles vérités sur le rôle du planum temporale :
de la présentation seule d’une lettre que lors de la - Multimodalité ;
présentation seule d’un son langagier, ce qui amène à - Sensibilité aux variations de nature du signal (i.e., plus
conclure que le planum temporale est « multimodal » : il d’amplitude d’activation pour une stimulation visuelle +
n’est pas uniquement impliqué, contrairement à ce que auditive compatible que pour une stimulation visuelle
l’on pouvait penser, dans les traitements auditifs, mais seule) ;
également dans les traitements langagiers visuels. - Intégrité dans les règles de correspondances lettre-son.
- Deuxièmement, l’amplitude du signal BOLD L’apprentissage de la lecture, contrairement à
(graphiques en-dessous) dans chaque région d’intérêt l’acquisition du langage oral, présuppose la création d’un
dépendant de la nature du stimulus (cortex visuel et réseau spécifique, car la lecture n’est pas une activité
cortex auditif) est corrélée avec la nature de la naturelle, déterminée génétiquement : la lecture est une
présentation : dans le cortex auditif (graphique de invention bien trop récente pour avoir « contraint » le
gauche), l’amplitude est plus importante lorsque la cerveau à disposer d’une configuration à même de lire.
présentation est celle d’un son seul (courbe rouge) ; dans Contrairement au langage oral qui s’acquiert
le cortex visuel (graphique au centre), l’amplitude est plus spontanément, et qui active les mêmes aires cérébrales
importante lorsque la présentation est celle d’une lettre chez l’enfant et chez l’adulte, la lecture va devoir
seule (courbe verte). Enfin, dans le sillon temporal s’appuyer sur d’autres habiletés propres à la vision. Ainsi,
supérieur, qui inclut le planum temporale (graphique de la lecture nécessite une spécialisation aussi bien dans les
droite), les deux courbes rouge et verte se superposent traitements linguistiques (être capable de distinguer un «
indiquant clairement que la zone concernée engendre une o » d’un « c ») que cérébraux.
réponse cérébrale (signal BOLD) équivalente quelle que C’est la VWFA qui va, au niveau cérébral, se spécialiser
soit la nature de la présentation. Se reporter à la diapositive suivante pour les abréviations. et voir son activité accroître à mesure que les habiletés en
PT = planum temporale ; le schéma en bas à droite lecture vont augmenter : formulé autrement, cela indique
indique simplement que le dégré de maîtrise de la lecture qu’un ensemble de neurones va devoir se spécialiser, au
influence le nombre de mots lus par minute, nombre qui sein des régions visuelles, dans la reconnaissance des
corrèle avec le degré d’activation du planum temporale. lettres et de mots, plus particulièrement au sein du gyrus
Dit autrement, plus le niveau de lecture, plus le nombre fusiforme. Cependant, cette région qui se spécialise n’est
de mots lus par minute augmente et génère une pas une région inactive (il faut garder à l’esprit que tout le
augmentation des activations cérébrales dans le planum cerveau est actif, il n’y a pas de régions cérébrales
temporale. inactives,
100% du cerveau, mais si ce n’est pas simultanément,
sert). L’hypothèse avancée par Dehaene (2011) est celle
Les autres résultats obtenus sont de nature tout aussi du recyclage neuronal. Selon lui, apprendre à lire consiste
intéressante : à recycler une partie de cette région qui sert à reconnaître
- Comme il vient de l’être dit, il y a une forme visages, formes etc. pour réorienter ses préférences vers
d’additivité des activations dans le planum temporale. - A la forme des lettres et des mots.
fortiori, l’efficacité (amplitude du signal, « profondeur » Cela est plausible car, avec l’apprentissage de la lecture,
du traitement) des activations dans le planum temporale la VWFA voit son activité augmenter avec la présentation
est d’autant plus importante qu’il y a un appariement
entre la lettre et le son (cf. graphique ci-dessus), ce qui,
16
Neurosciences cognitives et neuropsychologie
de lettres ou de mots et diminuer avec la présentation de portugais. Sur le graphique en haut, à gauche, il est Ci-dessus, voici une illustration (Dehaene et al., 2015) de
visages, de maisons etc. montré que le degré d’activation cérébrale de la VWFA la connectivité (via l’anisotropie fractionnelle ;
Une fois que ce « nouveau » réseau cérébral dédié à la augmente proportionnellement au niveau de lecture pour cf. la technique du tenseur de diffusion) entre la partie
reconnaissance des lettres et des mots est installé, le traitement des mots écrits (written), les activations les postérieure du faisceau arqué gauche et la VWFA : plus
l’apprentissage de la lecture implique également de plus faibles, voire quasi inexistantes étant trouvées auprès le niveau de lecture est élevé, plus la connectivité, ici
pouvoir mettre en relation les symboles oraux avec les des personnes illettrées (ILB). Sur le graphique en haut à entendues la densité et l’étendue du réseau de fibres de
symboles écrits : c’est là que le planum temporal droite, il est montré que le degré d’activation cérébrale de matière blanche, est dense entre cette partie du faisceau
intervient. En effet, l’apprentissage de la lecture ne fait la VWFA est plus élevé chez les lettrées pour les stimuli arqué et la VWFA indiquant donc une meilleure
pas que développer, spécialiser la VWFA, il consiste écrits (S) tandis que pour la présentation de visages, circulation et transmission des informations entre la
également à créer des connexions entre le réseau de maisons, objets etc., la VWFA s’active fortement mais VWFA et d’autres régions reliées via le faisceau arqué :
traitement des stimuli auditifs précocement disponible et chez les illettrées, ce qui reflète clairement que cette la lecture sera donc plus automatique, rapide et efficace.
le réseau nouvellement crée qu’est celui de la région est restée spécialisée pour la reconnaissance des
reconnaissance visuelle de lettres et de mots : c’est la formes sans s’être spécialisée pour la reconnaissance des
connectivité oral-écrit. lettres et des mots. Sur le graphique en bas à gauche,
Toutefois, ce nouveau réseau pose problème pour la partie gauche, la flèche pointe sur la localisation de la
lecture selon l’hypothèse du recyclage neuronal : avant VWFA tandis que, partie droite, il s’agit de l’illustration
l’apprentissage de la lecture, la VWFA n’est pas inactive de la corrélation entre le nombre de mots lus par minute
et, notamment, sert à juger, estimer que des vues et l’augmentation de l’activité cérébrale de la VWFA :
symétriques en miroir correspondent à un seul et unique plus l’on est lettré, plus le nombre de mots lus par minute
objet (invariance de position) ; dit autrement, ce qui augmente, plus l’activité cérébrale de la VWFA augmente
pouvait servir, être un avantage que de reconnaître qu’un (petits ronds rouges reflétant des personnes lettrées ayant
objet vu depuis la gauche ou la droite est le même peut appris à lire dans leur jeunesse, par opposition aux petits
devenir un inconvénient lorsqu’il s’agit de distinguer des ronds bleus reflétant des personnes ex-illettrées ayant
lettres en miroir, par exemple « b » et « d » ou « p » et « q appris à lire à l’âge adulte et le rond violet reflétant les
». D’ailleurs, ce sont des confusions fréquemment personnes illettrées).
observées chez les enfants pré- lecteurs et lecteurs Enfin, sur le graphique en bas à droite, au niveau de la
débutants et qui persistent chez les enfants dyslexiques jonction occipito-temporale gauche, les deux graphiques
Ici, les cercles indiquent qu’il y a des activations
(se pose alors la question d’un trouble neuro- représentent, respectivement, l’augmentation du nombre
communes – universelles – de certaines régions
développemental chez ces enfants au niveau de la de mots lus par minute corrélée avec l’augmentation de
cérébrales en lecture entre des langues pourtant
VWFA). En d’autres termes, si la VWFA doit se l’activité cérébrale de la VWFA et le niveau de lecture
différentes, notamment au niveau du gyrus fusiforme
spécialiser, elle doit avant tout se déspécialiser au lorsqu’il s’agit de traiter des suites de lettres et le nombre
gauche (cercles rouges) et plus particulièrement au niveau
traitement de la symétrie (Dehaene et al., 2010). de mots lus par minute inversement corrélée avec une
de la VWFA.
diminution de l’activité cérébrale de la VWFA et le
Ci-dessus, une illustration au travers des travaux de niveau de lecture lorsqu’il s’agit de traiter des visages.
Dehaene et al. (2010 ; 2015) du rôle de la VWFA chez
des personnes lettrées vs. Illettrées parlant portugais ou
brésilien portugais. Les légendes sont à interpréter de la
sorte : LB1 : lettrées du brésilien portugais de milieu
socio-culturel favorisé ; LP : lettrées du portugais de
milieu socio-culturel favorisé ; LB2 : lettrées du brésilien
portugais de milieu socio-culturel défavorisé ;
EXB : ex-illettrées du brésilien portugais ; EXP : ex-
illettrées du portugais ; ILB : illettrées du brésilien
17
Neurosciences cognitives et neuropsychologie
résultats sont aussi parfaitement en accord avec la
symptomatologie des aphasies de conduction qui peuvent
ainsi être expliquées par une rupture du segment long, des
aphasies motrices transcorticales par une rupture du
segment antérieur, et des aphasies sensorielles
transcorticales par une rupture du segment postérieur
(Catani et al., 2005).
À gauche : Reconstruction tractographique (issue des
données anisotropiques) du faisceau arqué en se basant
sur une approche bi-directionnelle de deux régions
d’intérêt: les aires de Broca et Wernicke. La
reconstruction moyennée démontre que les aires de Broca
et Wernicke sont connectées via deux voies, directe et
Dans une récente étude en DT-IRM menée par Catani et
indirecte. La voie directe (segment long en rouge) projette
al. (2005), il a été mis l’accent sur l’anatomie du faisceau
latéralement et correspond donc à la description classique
arqué et la connectivité des aires périsylviennes du
du faisceau arqué. La voie indirecte projette latéralement Dans une autre étude récente, Vernooij et al. (2007) se
langage. Les résultats de leur étude ont, tout d’abord,
et se compose d’un segment antérieur (en vert) qui sont intéressés au faisceau arqué et au faisceau
révélé la classique connexion directe (« long segment »,
connecte le cortex pariétal inférieur (i.e., territoire de corticospinal. Le faisceau corticospinal est un faisceau de
segment long, en rouge) entre les aires de
Geschwind) avec l’aire de fibres dites pyramidales qui correspondent aux fibres
Broca et Wernicke via le faisceau arqué. Cependant,
Broca et un segment postérieur (en jaune) qui connecte le motrices qui transmettent la commande motrice du cortex
l’étude a mis en évidence une connexion indirecte passant
territoire de Geschwind et l’aire de Wernicke. aux motoneurones de la moëlle épinière.
par le cortex pariétal inférieur, parallèle et latérale au
faisceau arqué classique, et composée d’un segment En se servant d’une tâche de fluence verbale et de
antérieur reliant l’aire de Broca au lobe pariétal inférieur génération de verbes, Vernooij et al. (2007) ont mesuré et
À droite : Reconstruction tractographique (issue des quantifié la densité du réseau de fibres de ces deux
et un segment postérieur reliant le lobe pariétal inférieur à
données anisotropiques) des voies directes et indirecte régions chez des individus gauchers et droitiers. Les
l’aire de Wernicke. Le lobe pariétal inférieur, connexion
auprès de six individus normo-entendants et normo- acquisitions a et c correspondent à celles de participants
entre les aires de Broca et Wernicke, est appelée «
lecteurs. Les couleurs renvoient aux codes utilisés ci- droitiers, latéralisés à gauche pour le langage tandis que
territoire de Geschwind ». Ces résultats corroborent le «
contre. Ce qu’il faut remarquer, et sur lesquels les auteurs les acquisitions b et d sont celles de gauchers, latéralisés à
modèle de la petite maison » de Lichtheim (1885),
insistent, ce sont, d’une part, la présence chez tous les droite pour le langage. Les activations IRMf relevées
supportant l’idée de deux voies, directe et indirecte, entre
participants des trois segments (antérieur, postérieur et dans le gyrus temporal supérieur gauche et le gyrus
les aires de Broca et Wernicke.
long) sauf qu’ils présentent une très fort variabilité inter- moyen gauche sont représentées en rouges-orangées et se
Les résultats sont incompatibles avec une idée de centres
individuelle dans leur déploiement (longueur, épaisseur, retrouvent en « a » pour les participants droitiers et en « b
de traitements localisés, Catani et al. (2005) proposant
largeur), pas dans leur localisation. » pour les participants gauchers. Le faisceau arqué est
plutôt une conception en territoires du langage,
relativement étendus. Les faisceaux de fibres sont vu représenté en rouge (hémisphère droit) et en vert
comme relativement larges, constatation qui apparaît (hémisphère gauche). Le faisceau corticospinal est
incompatible avec l’hypothèse d’un simple transfert représenté en bleu (hémisphère droit) et en jaune
séquentiel des informations et qui soutient l’hypothèse de (hémisphère gauche).
sous-régions de ces faisceaux qui connecteraient Que faut-il en conclure ? Que la densité et la répartition
différents territoires linguistiques en parallèle. L’idée des fibres (de même que les activations cérébrales
émergeante prône des connexions multiples et parallèles notifiées par l’IRMf) sont partiellement inversées entre
entre certaines régions linguistiques spécialisées des les participants droitiers et gauchers. En réalité, le
territoires de Broca, Wernicke et Geschwind. Ces faisceau arqué est massivement latéralisé à gauche chez
les droitiers alors qu’il est réparti de manière quasi
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
équivalente bilatéralement pour les gauchers. En somme, pour une interprétation anatomo-fonctionnelle, c’est la
la latéralisation est bel et bien distribuée de manière claire distinction (i.e., indépendance de réseau) qui
homogène à gauche chez les droitiers (comme semble exister entre le faisceau arqué, le cingulum, le
majoritairement, donc, dans la population), mais les faisceau occipito-frontal inférieur et le faisceau occipito-
gauchers « bénéficient » d’une répartition plus hétérogène frontal supérieur (en vert).
à gauche comme à droite.

En bref, comme le résume parfaitement cette


reconstruction tractographique obtenue par Axer et al. Pour conclure et résumer en combinant les différentes
(2012), il existe donc bien plusieurs voies détectables aux diapositives qui ont précédé, voici comment présenter
niveaux anatomique et fonctionnel. Ces voies constituent l’hémisphère gauche, support principal des fonctions
ainsi des connexions entre les différentes zones dédiées langagières, de la perception (visuelle et/ou auditive) à la
au langage et peuvent de ce fait avoir un rôle capital dans compréhension et la production, au travers du réseau
différentes tâches langagières. Les projections fibreuses En A, on observe : interconnecté projectif qui implique de larges régions
principales de la voie dorsale sont, en partie, celles du - pour le patient de la colonne 1 un corps calleux intègre distribuées spécialisées. Ce réseau est en réalité la
faisceau arqué et celles de la voie ventrale correspondent, qui assure pleinement l’échange interhémisphérique ; combinaison de deux réseaux qui véhiculent les
en partie, au faisceau occipito- frontal inférieur. - pour le patient de la colonne 2 un corps calleux amputé informations, aussi bien de manière antéro-postérieure
de sa partie médiane (le corps) tandis que genou et que postéro-antérieure. Ainsi, trois régions sont
En bleu, est représenté le faisceau arqué (voie dorsale). splenium demeurent intacts ; particulièrement impliquées dans les traitements
En rouge et en vert, sont respectivement représentées la - pour le patient de la colonne 3 un corps calleux amputé langagiers :
partie occipitale et la partie pariétale du faisceau fronto- de ses parties antérieure (genou) et médiane - le gyrus frontal inférieur ;
occipital inférieur (voie ventrale). (corps) avec préservation du splenium ; - le gyrus temporal supérieur ;
Ces deux voies diffusent dans le lobe frontal. En termes - pour le patient de la colonne 4 un corps calleux amputé - le gyrus temporal moyen.
de localisation, les deux voies transitent par la capsule de ses parties postérieure (splenium) et médiane Aux trois régions principales d’intérêt, s’ajoutent deux
extrême, réseau de fibres de la matière blanche qui assure (corps) avec préservation du genou. réseaux d’échanges principaux bidirectionnels :
un échange bidirectionnel entre l’insula ou le gyrus En B, on observe une domination du faisceau occipito- - la voie dorsale qui opère des échanges entre les gyri
frontal inférieur (aire de Broca) et la partie moyenne et frontal aux endroits où il y a amputation du corps calleux. temporaux supérieur et moyen et le cortex prémoteur,
postérieure du gyrus temporal supérieur (aire de En C, on observe un réseau projectif de fibres mais aussi entre le gyrus frontal inférieur et le gyrus
Wernicke). associatives de matière blanche plus dense et étendu chez temporal supérieur (dorsal pathways) ;
le patient de la colonne 1. Ce qui ressort assez nettement

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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
- la voie ventrale qui réalise des échanges entre les (AB 39) et le cortex préfrontal inférieur (AB 47) (Saur et Questions d’élite
cortices occipital, temporal et pariétal et le cortex frontal al., 2008). Elle serait impliquée dans les processus La mémoire de travail phonologique (ou boucle
(ventral pathways). d’encodage lexico-sémantique, d’encodage syntaxique, et phonologique) relie une portion du gyrus frontal et le
de compréhension du langage. Ce modèle de voies gyrus supramarginal. Est-ce vrai ?
dorsale et ventrale a été étayé depuis (Price, 2012 ; Dick Le faisceau arqué est une structure pouvant être présente
et al., 2014 ; Chang et al., 2015 ; bilatéralement et qui diffuse uni-directionnellement. Est-
Fuji et al., 2016). ce vrai ?
Figure 1 : Représentation schématique des voies du
langage, d'après Fujii et al. (2016). La voie dorsale est Réponse 1 : Vrai. Il suffit de regarder à nouveau la
associée au traitement phonologique via le faisceau arqué diapositive traitant des clusters d’activations proposés par
(FA) et le faisceau longitudinal supérieur (SLF), constitué Vigneau et al. (2006) pour se rendre compte de la liaison
de sous-composantes (SLF II, SLF III et SLF TP pour la qui existerait entre ces deux zones.
branche temporo-pariétale). La voie ventrale est associée Réponse 2 : Faux. Le faisceau arqué, bien que pouvant
au traitement sémantique, avec l’implication d’un réseau être présent bilatéralement, notamment chez les individus
intra-temporal comprenant le faisceau longitudinal moyen gauchers, ne diffuse pas strictement de Wernicke à Broca.
(MLF), le faisceau longitudinal inférieur (ILF) ainsi que Le faisceau arqué possède plusieurs « pans », plusieurs
le faisceau fronto-occipital inférieur (IFOF). En plus de segments qui diffusent également de manière latérale et
Les théories modernes sur l’organisation du cerveau ce modèle à deux voies, le faisceau frontal oblique (FAT) parallèle aux projections classiques postéro-antérieures.
humain suggèrent que les fonctions cognitives, telles que est impliqué dans la « conduite du langage » en Voir pour cela les diapositives relatives aux travaux de
le langage, seraient organisées en un large réseau permettant notamment l’initiation et la spontanéité du Catani et al. (2005).
fonctionnel – ou connectome, constitué sur le plan langage.
anatomique d’aires corticales spécialisées, connectées
entre elles par l’intermédiaire de faisceaux de substance
blanche. Ces nouvelles informations ont fait évoluer les
connaissances vers un modèle délocalisé de réseau de
régions cortico-sous-corticales spatialement distribuées et Questions fondamentales
interconnectées (voir Figure 1), répondant au terme de Le planum temporal est sensible à tous les types d’inputs
connectome du langage (Lemaire et al., 2013). sensoriels mais réagit plus particulièrement au traitement
Selon ce modèle connectomique proposé pour la première des lettres isolées. Est-ce vrai ?
fois en 2004 par Hickok et Poeppel, il existerait un Les régions cérébrales qui assurent les traitements
double système de traitement du langage. A partir du sémantiques font partie d’un vaste réseau largement
gyrus temporal supérieur qui intègre les processus de distribué. Est ce vrai ?
perception et de reconnaissance du langage parlé, le
système divergerait en deux voies distinctes : une voie Réponse 1 : Faux. Le planum temporal s’active bel et
dite dorsale et une voie dite ventrale. La voie dorsale se bien pour le traitement des lettres isolées, mais les
projette en direction du gyrus supramarginale activations sont plus massives pour les sons et pour
(AB 40), du cortex prémoteur (AB 6), et du gyrus frontal l’association lettre + son.
inférieur (aire de Broca ou AB 44/45) (Hickok et Réponse 2 : Vrai. S’il existe un réseau principal
Poeppel, 2007). Elle serait impliquée dans les d’échanges et de traitements des informations
mécanismes d’encodage phonologique et articulatoire du sémantiques, les régions, elles, se répartissent aussi bien
langage. La voie ventrale se projette vers les gyri au niveau antérieur (lobe frontal) qu’au niveau postérieur
temporal moyen/inférieur (AB 21/37), le gyrus angulaire (lobe temporal et lobe pariétal).

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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
ASSOCIATION DE MALFAITEURS (syndromes)  – morphologique : remplacer un mot par un
1) Anomalies du débit = 2 profils autre mot qui se ressemble vocalement (bouton
 – Réduction du débit de parole : lent et pauses devient mouton)
fréquentes jusqu'à une forme de mutisme :  – sémantique : remplacer par un mot qui se
incapacité de produire le moindre mot. ressemble dans le champs sémantique (mure au
 – Augmentation du débit de parole avec lieu de fraise)
discours peu informatif et peu compréhensible = Déviation phonétique : mot prononcé est
Logorrhée déformé : sorte de « ce », « se ».
2) Réduction qualitative = la qualité du langage qui est 6) Agrammatismes et dyssyntaxie
diminué, se matérialise après des productions langagiers = modifications, perturbations des structures
répétitives, stéréotypique (quelques syllabes). grammaticales qui sont simplifiés, appauvrit (par
l'absence de conjugaison par exemple).
Troisième partie : Des dysfonctionnements du langage
On se retrouve alors dans un état d'écholalie (= on répète = utilisation inappropriée des mots grammaticaux : et
Chapitre 5 : pathologie e « -a »
ce qu'on écoute car n'a pas accès à l'entièreté de son déstructuration de leur rôles syntaxiques (par exemple un
1. Causes et statistiques
lexique). verbe devient un adjectif : admirablement je →
Aphasie (Damasio, 1991) = « la perturbation de la
On a aussi des persévérations (= répétitions involontaire admirablement beau)
compréhension et de la formulation de messages verbaux
de phases/mots de phrases déjà produites eux-mêmes, 7) Jargonaphasie
qui résulte d'une affection nouvellement acquise du
parfois n'a rien à voir avec le contexte). On peut aussi = utilisation d'un langage déformé par tout le reste, par les
système nerveux centrale. »
avoir du mutisme (aucun langage produit). périphrases, paraphasies. Rend le discours quasi
Sur 330 aphasiques : 15% décèdent, 15% guérissent en
Problème de flexibilité mentale et d'inhibition. incompréhensible (exemple : personne ne parle qu'en
une semaine, 32% récupèrent en 6 mois, 28% ont besoin
3) Réduction quantitative = stock lexicale est diminué (ex néologismes), souvent associé à de la logorrhée. troubles
de rééducation orthophonique.
: patient qui n'a plus accès aux verbes). de la prosodie
4) Manque de mots = anomie = « mot au bout de la = altération de la mélodie, rythme, intonations (+ ou -)
Le site lésionnelle, l'étendue, profondeur → donne
langue » = impossibilité d'accès à l'information lexicale Aprosodie = monotone, absence d’intonation
l'intensité et degré d'expression du trouble Plusieurs
pour dénommer précisément le mot. 9) Néologismes
causes à l'origine des aphasies : 50% des aphasies sont du
= un nouveau mot a une signification pour la
à des AVC + aussi trauma crânien
patient
 Pathologies neuro-dégénératives : maladie 2. Symptômes et classification générale des aphasies
d'Alzheimer, démences fronto-temporale + accidents
vasculaires cérébraux APHASIE DE BROCA : aphasie expressive ou aphasie
 Ischémies transitoires, AVC hémorragiques motrice corticale ou aphasie verbale
– tumeurs On l'a retrouve suite à un AVC, généralement
– infections et inflammations 5) Paraphasies et périphrases lésion antérieure autour de la 3ème
– tramas crâniens = « tourner autour du pot » problème d’accessibilité circonvolution.
– épilespsies... également pour les périphrases. 3 traits essentiels au diagnostic :
La petite maison dans... Paraphasies = production d'un mot, d'une portion de mot
A la fin du 19e, la classification des aphasies ne repose ni différemment et d'une manière non intentionnelle.
sur la sémiologie (symptômes), ni sur l'anatomie des  – phonétique c'est la réalisation inapproprié de
lésions responsables. certains phonèmes mais on utilise un autre
→ Une vision simple, claire qui représente tous les types proche phonétiquement (hobital au lieu de
d'aphasies ! hôpital).
→ Modèle anatomo-fonctionnel de la « petite maison »de  – phonémique : inversions, additions, omissions
Lichtheim et syndromes de déconnexion. de syllabes Expression orale peu ou pas fluente
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
Troubles légers à sévères de l'articulation  En évidence en 1892 (Pick) et 1897 (Déjérine et
Aucune atteinte de la sphère « compréhension » Sérieux)
 Enrichie, redéfinie, réactualisée en 1982 et 2001
Ils ne sont pas anosognosiques, ils sont conscients de leur (Mesulam)
troubles. (différence Wernicke)  Hommes + touchés que les femmes
Caractéristiques principales :  Apparition + ou – précoce (aux alentours de 45-65
1. Anomalies du débit (ralentit ou logorrhée peu ans)
informative) et rythme laborieux + dysprosodie  Englobe plusieurs sous-catégories de pathologies
2. Manque du mot neuro-dégénératives langagières
3. Dyssyntaxiques et agrammatismes (troubles de  Nosologie = dégénérescence lobaire fronto-temporale
prononciation dus à l'omission d'une ou de (atteinte atrophique de la région
plusieurs lettres d'un mort + troubles de péri-sylvienne)
constructions grammaticale des phrases → Évolution lente et progressive irrémédiable
comparable à un style télégraphique). APHASIE DE WERNICKE ou aphasie receptive ou (ne se soigne pas).
4. Paraphasies phonétiques (réalisation inadéquates de aphasie sensorielle corticale ou encore aphasie syntaxique → Aucun traitement médicamenteux. Prise en
certains phonèmes) et phonémiques Lecture normale mais pas de compréhension. Phrases trop charge en rééducation orthophonique préconisée
(sélection inappropriée de certains phonèmes). longues/complexes sont pas comprises. et typique qui a seulement pour but de
5. Possibilité d'anarthrie, de dysarthrie ou d'apraxie = ralentissement de la progression.
perturbations motrices. AHPASIE DE CONDUCTION ET GLOBALE • Critères diagnostic définis pat Mesulam (2001) qui
« TAN » (patient Leborgne) : ne produit que des syllabes Aphasie de conduction (type « fluent ») CAR n'affecte distinguent plusieurs sous-types d'APP : 1. Non fluentes
= A et B (lésion étendue et profonde du gyrus frontale pas le versant compréhension et production dont variante logopénique
antérieur gauche) 1. Anomie + paraphasie phonémiques 2. Fluentes dont démence sémantique
« LELO » (patient Lelong) C et D (surface « rapée », 2. Répétition sensiblement altérée 3. Mixtes
contractée = atrophie à la jonction fronto- périéto- 3. Compréhension orale modérément altérée MAIS ATTENTION : Les APP non fluentes ≠ aphasie
temporale) 4. Atteinte de l'expression écrite (ie de Broca et aphasies fluentes ≠ aphasie de Wernicke.
→ Les 2 sont dans régions de motricité. 2 aphasies de dysothographie)  Traits héréditaire suspecté (20/40%)
Broca. 5. Lésion principale d'un segment du faisceau
 En moyenne, espérance de vie de 8 ans après le
Mais 2 types de lésions distinctes, 2 localisations arqué + gyrus supramarginal + régions
diagnostic avec un empan de 3 à 17 ans.
distinctes mais mêmes csq. pariétales inférieures
PS: pas de perte d'autonomie. Les patients ont
Aphasie globale (type « non fluent ») CAR affecte le
conscience de leur troubles → attention
Donc aphasie de Broca comporte extensions + étendues versant compréhension et production
dépression.
que ce qui était initialement cru. 1. Atteinte des versants production et compréhension
Critères diagnostiques définis par Mesulam
3 traits essentiels au diagnostic : 2. Déficit oral-écrit à sévérité variable
(2001;2003)
1. Compréhension du langage oral fortement altérée 3. Productions stéréotypiques
toujours + rapide et massive.
2. Troubles de la répétition 4. Lésion étendue localisée dans la région péri—
Pour Mesulam, pas d'associations avec des pathologies
3. Peu voire aucune atteinte de la sphère « expression » sylvienne gauche + lésions sous-corticales de la
neuro-dégénératives, mais comorbidités dans 0,5 et 2,5%
Caractéristiques : substance blanche
avec :
1. Débit normal voire logorrhée
 – La maladie d'Alzheimer
2. Écriture sous dictée impossible APHASIE PRIMAIRE PROGRESSIVE → aphasie
3. Aucun trouble syntaxique « majeur » neurodégénérative  – La paralysie supra-nuclaire progressive
4. Anosognosie + ou – importante  Maladie dégénérative progressive relativement rare.  – La dégénéresence cortico-basale
5. Anomie + jargonaphasie néologique  Prévalence de 0,005% (moins de 5000 cas).  – La démence lobaire fronto-temporale
6. Paraphasies multiples non phonétiques...  Irrémédiable, ne peut pas se soigner.  – La maladie motoneurone
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Neurosciences cognitives et neuropsychologie
 – Certaines taupathies Les questions fondamentales : 1. Phonologique = mots fréquents, réguliers et courts
 – Anarthrie et apraxies 1)L’anomie, caractérisée par le syndrome du « manque du reconnus sans difficultés, difficultés à lire des mots
mot », est une altération langagière typique de l’aphasie nouveaux.
APHASIE CROISEE de Broca. Est-ce vrai ? 2. Profonde = double déficit ; de la voix par adressage
Aphasie atypique et rare. 2)L’anosognosie ou « prise de conscience » de ses et par assemblage.
Sur 75 cas publiés, 5 seulement s'apparentent à une difficultés ou de sa pathologie est caractéristique dans On observe chez ces patients des paralexies
aphasie croisée (Joanette et al). l’aphasie de conduction. Est-ce vrai ? phonétique (utiliser un son proche d'un autre son
1ère description recensée : Bramwell (1899). Les questions « d’élite » : (bateau devient pateau) et sémantique. C'est la
Incidence : 0,5 à 3% des patients droitiers. 1) La désintégration phonétique, qui s’apparente à version la plus grave des alexies. L'objectif de la
Ratio : 2 hommes pour une femme. l’anarthrie pure, touche le fonctionnement du système rééducation serait la mise en correspondance d'image
Atteinte exclusive d'une lésion de l'HD chez le patient bucco- phonatoire. Est-ce vrai ? avec des mots, automatiser la reconnaissance des
droitier (théoriquement, de l'HG chez le patient gaucher). 2) Selon L. Lichtheim, les aphasies transcorticales objets.
Critères ; être droitier, aucun antécédent neuro, lésion dépendraient d’une déconnexion entre les centres de 3. De surface = inverse de phonologique. N'ont plus
cérébrale circonscrite, symptomatologie aphasique l’idéation et du langage. Est-ce vrai ? accès aux mots connus, fréquemment rencontrées,
classique et aucune expérience ayant modifié la c'est comme s'ils redécouvraient les mots à chaque
latéralisation hémisphérique (ie bilinguisme). fois → coûteux.
Lésions fréquemment sous-corticales. L'objectif de la rééducation ici est de renforcer et
stimuler, redonner un automatisme.
Alexie pure = problèmes de saccade oculaires. Beaucoup
Conclusion : plus de fixations, de saccades, de fixations plus longues.
Des lésions localisées dans les zones du langage.
Une classification évolutive et progressive depuis le 18e
siècle.
Des symptômes caractéristiques.
Des troubles essentiellement marqués par une anomie et
des paraphasies. Chapitre 6 – Pathologies en « dys » ????
Des aphasies liées à des lésions ou à des dégénérescences 1. Entrée en matière...
neurologiques. Alexie = «lLa perturbation de la compréhension du
Des troubles langagiers acquis qui n'ot rien à voir avec langage écrit survenue après une lésion. »
des troubles langagiers développementaux. 2 types : « périphérique » et « centrale » :
 Plusieurs causes à l'origine des alexies
→ Une évaluation et prise en charge devant être précoce,  Pathologies neuro-dégénératives ( → alexie
adaptées (ie personnalisées), continues et progressives). progressive).
1) L'APP est liée à une dégénérescence neurologique.  AVC : ischémies transitoires, AVC
2) Les causes de l'aphasie sont essentiellement dues à un hémorragiques
AVC, des tumeurs, des infections, des traumas crâniens.  Tumeurs
3) Troubles majeurs illustrés par des paraphasies et une  Infections et inflammations
anomie, quelle que soit l'aphasie.  Traumatismes crâniens
4) La récupération est variable, allant de totale à nulle,  Épilepsies...
immédiate ou à très long terme. « Les » alexies centrales :
5) Une prise en charge nécessairement précoce, adaptée, 3 principaux sous-types : Il y a des alexies avec
durable et progressive. ou sans agraphie.

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