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République Algérienne Démocratique Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique


Université Batna 2
Faculté de médecine

Module :Gastroentérologie - 4èMe année


DR CHAIB.H

Les troubles du transit


Constipation
diarrhée
Rappel:
Une selle dite normale:
 Est moulée .
 pése entre 150 et 200 g /jour.
 1 à 3 défécations quotidiennes,
 Présente une coloration brune par les pigments biliaires
 Contient : 75 % d’eau+ résidus alimentaires non digestibles
Constipation:
A/ DEFINITION :

• Physiologique: ralentissement du transit intestinal avec une déshydratation des


selles.
• Clinique: selon l’oms: évacuations trop rares (< 3 selles/semaine) (à objectiver sur
15 jours)ou exonération difficile ou non satisfaisante d’une selle surdigérée (efforts
de poussée, sensation de gêne au passage des selles, évacuation incomplète,
temps d’exonération allongé, manœuvres digitales)
• constipation chronique : troubles existant depuis au moins 6 mois.

• La constipation est à différencier de ce que le patient peut appeler constipation


- Une selle quotidienne trop dure
-Une sensation d’exonération ou d’évacuation incomplète
-Des douleurs ano-rectales
-Une occlusion: une interruption totale du transit intestinal
B/Mécanisme physiopathologique:

1Constipation de progression:
-C'est un trouble de la progression des selles sur l'ensemble du colon.

2. Constipation terminale ou dyschésie:


-C'est un trouble de l'évacuation au niveau du sigmoïde ou de la sphère ano-rectale

 La constipation peut être:


-Isolée souvent primitive: la constipation maladie
-Secondaire à une affection digestive ou extra-digestive constituant alors la
constipation symptôme.
C/ Etiologie des constipations:

 La constipation maladie ou apparemment « primitive »:


-Une insuffisance d’hydratation des selles ou
- Un trouble acquis de la fonction de défécation: consécutif à un refus ou un oubli du patient de
la fonction de défécation par contrainte horaire professionnelle, ou éducative , . .

 La constipation symptôme : elle résulte d’une anomalie


-Ralentissant le transit colique ou
-affectant les mécanismes normaux de la défécation.
• Etiologie des constipations: La constipation symptôme :

 consécutive à une pathologie extra-digestive :

• Maladies endocriniennes :diabète, hypothyroïdie, Hyperparathyroïdie


Acromégalie
• Collagénoses: sclérodermie
• Maladie neurologique : maladie de Parkinson, SEP ,AVC,Tm cérébrale
• Désordres hydro- électrolytiques :hypokaliémie par la prise de laxatifs irritants,
hypercalcémie
• Prise de médicaments : psychotropes, opiacés, sédatifs……
• Causes psychiatriques: -Etat dépressif -Etat démentiel -Névroses obsessionnels ou
phobiques
 Constipation consécutive à des pathologies digestives :

• Sténoses tumorales: Cancer colorectal - Cancer anal - Volumineuse


tumeur bénigne extrinsèque: ovaire, utérus , prostate - Carcinose
péritonéale
• Sténoses non tumorale : sigmoïdite diverticulaire - Sténose ischémique -
Sténose radique - Sténose au cours de RCH - Sténose Crohnienne
• Trouble de la motricité du côlon : mégacôlon congénital ou maladie de
Hirschsprung (absence de cellules ganglionnaires dans les plexus
myentériques du rectum et du sigmoïde avec perte du reflex recto-anal
inhibiteur)
• Trouble de la fonction défécatoire ano-rectale = constipation terminale
ou dyschésies rectales la dyschésie : une difficulté à évacuer les selles par
perturbations des mécanismes ano-rectaux de la défécation
D/Enquête étiologique:

-Interrogatoire:
 Caractère des selles :
• Fréquence
• Consistances: Echelle de Bristol
-scybales (petits fragments compacts de matières fécales
déshydratées)
-Fausse diarrhée du constipé: selle bouchon dures puis de selles liquides,
-Manœuvres digitales (dyschésie)

 Mode de début et évolution :


• constipation aiguë récente (cause organique/cancer colo-rectal)
• constipation ancienne et chronique, (cause motrice ou fonctionnelle).
 Facteur déclenchant :
-prise de nouveaux médicaments,
-modification des habitudes alimentaires (diminution des apports hydriques
et en fibres non digestibles), alitement

 Antécédents chirurgicaux et obstétricaux en cas de dyschésie comme des


épisiotomies et des accouchements répétées

 Symptômes associés souvent d’alarme:


-vomissements et météorisme: un syndrome occlusif
-émission de selles anormales avec glaires et/ou sang (rectorragies) devant faire
rechercher une cause organique à type de colite ou de tumeur.
• Examen clinique :
 Examen abdominal:
-percussion: distension/tympanisme
-palpation: masse tumorale
-Auscultation: augmentation des BHA (doute sur un obstacle) ou diminution

 Examen proctologique
-inspection de la marge anale
-Toucher rectal:la présence de selles dans l’ampoule rectale?Présence de fécalome ?(
matières fécales déshydratées, accumulées dans le rectum, formant un amas dense,
impossible à expulser)La couleur des selles et la présence de sang sur le doigtier,une
masse palpable

 Examen générale:
-Neurologique, Endocrinologique
• Examens complémentaires:

 Indications:
• Constipation récente .
• Symptôme d’alerte résistance à un traitement symptomatique de courte durée .

 Moyens :

1-Coloscopie totale :
Mesure du temps de transit colique :Ralentissement du transit global ou segmentaire
localisé au niveau du côlon droit, du côlon gauche, du recto- sigmoïde?

En cas de troubles de l’évacuation et de suspicion de dyschésie ano-rectale:

2-Manométrie ano-rectale
3- Défécographie : examen radiologique de la défécation d’un bol fécal radio- opaque
4- IRM .
Diarrhée
- Définition OMS:

-c’est l’émission de plus de 3 selles, de consistance


très molle à liquide par jour au- dessus de 300 g /24h.

-Diarrhée aigue/chroniques.
Définition
• La diarrhée est l émission de plus de 3 selles,
de consistance très molle à liquide par jours.
• Qualifiée d aigue lorsqu' elles est d
appariation brutale et qu' elle évolue depuis
moins de 2 semaines.
Diarrhée aigue:
• Une diarrhée est le plus souvent bénigne , survenant à
l occasion d épidémies de gastroentérites aigues .
• Des médicaments, des bactéries , des virus et autres
parasites sont aussi responsables de diarrhées aigues
• A prendre au sérieux , dés lors qu' elles durent plus de
3 à 4 jours , qu' elles s accompagnent du sang du fièvre
supérieur à 39 C ou d une déshydratation .
• La déshydratation est d autant plus grave qu' elle
touche les enfants les vieillard et les sujets malades
(grand risque+++).
Mécanismes de diarrhée aigue

3/12/2024
3/12/2024
Comment la reconnaitre ?
• Par la définition .
• Supérieur 3 selles /jours de puis moins de 14
jours
• Eliminer les fausses diarrhées du constipé qui
survient après quelques jours de constipation ,
c est une selle dure diluée dans un liquide d
hypersécrétion prevenant de la muqueuse
irritée par la stase .
Stratégie diagnostique
• Interrogatoire

• Terrain:
Age, comorbidités, terrain fragile, immunodéprimé.
• Circonstance de survenue:
Prise médicamenteuse : ATB++++
Voyage récent (Turista)
Repas suspect ( viande hachée, pâtisserie…)
Contexte épidémique
Vie en collectivité
• Caractéristique de la diarrhée
nombre de selles, consistance ,
l aspect des selles :hydrique, sang, glaires,
sd dysentérique; évacuation sont fréquentes,
souvent afécales , glaireuses et sanglantes .
Sd rectal ( faux besoins, ténesmes, épreintes)
• Signes associés : VMS , douleurs abdominales.
• Signes extradigestifs : articulaires ( arthralgies,
myalgies), cutanés (érythème noueux) orientent
vers une infection virale ou à compylobacter
• Etat général : fievre , signes de déshydratation.
• Examen physique: distension abdominale,
sensibilité , contracture.
Rechercher les signes d alarme
• Diarrhée hémorragique( selles muco-sanguinolantes)
• Vomissements abondants sévères, signes alarmants (distension
douloureuse, défense)
• Signes généraux
 Température≥ 38,5 hypothermie, choc septique.
 Signes de déshydratation :
 Déshydratation extracellulaire: peau sèche, pli cutané, hypotonie
des globes oculaires –TA basse pincée
 Au maximum choc hypovolémique, marbrures, Oligo anurie.
 Déshydratation intracellulaire: soif, perte de poids, sècheresse des
muqueuses puis fièvre , dyspnée, troubles de la conscience
 Durée prolongée > 3 jours
Rechercher les situations à risque de
complications
• Age extrême: nourrisson/ personne âgée >65 ans
• Comorbidités importantes
• Traitement immunosuppresseur
• Utilisation récente d antibiotiques( ATB)
• Hospitalisation récente
• Femme enceinte
Examens complémentaires ?
Non systématiques
• Evolution spontanément favorable en moins
de 3jours Absence de facteurs de gravité :
aucun examen
• Si facteurs de gravité Hospitalisation ,
correction des troubles et exploration
Bilan de retentissement
• Ionogramme sanguin , urée ,créatinémie
insuffisance rénale fonctionnelle hypokaliémie
hypo ou hyper natrémie
• CRP, FNS hyperleucocytose en cas de diarrhée
infectieuse ou leucopénie
• Hypoalbulinémie
• ASP: douleurs ou météorisme abdominal (
mégacolon toxique ou perforation)
• Echographie abdominopelvienne, TDM
• Rectosigmodoscopie si signes de colite grave
Bilan etiologique
• Hémoculture : fièvre > 38,5
• Examen des selles : pratiqué sur des selles
fraichement émises ou conservées à 4 ° au
maximum pendant 4 heures
Examens direct
La coproculture 3 germes : salmonelle,
campylobacter et shigella
Examen parasitologique
Etiologies
• Infectieuses :
Bactériennes
 virales
 parasitaires
• Médicamenteuses
• Inflammatoires
• Intolérance alimentaire
• ischémique
Comment traiter ?
 Si copro ou parasito positive : traiter en
fonction de l’agent causale

 Souvent Tx infection +++


 Aliment suspecté
 Délai d’installation des symptômes
 Contexte de TIAC
 de l’approche syndromique
Traitement si forme non grave
• Respecter les diarrhées et les vomissements (tant que
possible)

• Traitement étiologique: Eviter les antibiotiques car en


général, l’épisode est spontanément résolutif

• Traitement symptomatique:
- Réhydratation par voie orale: boire beaucoup de
liquides
- Traitement de la fièvre et de la douleur
REHYDRATATION
Traitements associés
• Les antiseptiques intestinaux
Peuvent être prescrits en l'absence de phénomènes invasifs
• Traiter les symptômes associés :
- Antispasmodiques
- Antiémétiques
• Ralentisseurs du transit :

CI dans diarrhées invasives (risque de diffusion systémique


par stase, prolongent la présence de germes pathogènes dans
le T.D.).

Lopéramide : 1 gélule après chaque selle liquide [max 6-8/J]


Risque de constipation voire de colectasie en cas de
surdosage.
Traitements associés
• Les adsorbants :
Ils adsorbent l'eau mais n'ont généralement
qu'une action modérée sur la consistance des
selles.
- Les argiles

- Charbon activé (4-8 gr/J)


• Probiotiques : lactobacilles , levures
Les antibiotiques
• Ne sont pas systématiques
• La plupart des DA infectieuses sont autolimitées et régressent
spontanément
• Antibiothérapie empirique
• Association ciprofloxacine 500 mg 2fois /j + métronidazole 500 mg
3fois /j
• Efficacité sur la majorité des diarrhée bactériennes
• Utilisation en cas de :
– diarrhée à germes invasifs.
– Immunodépression
– Diarrhée des voyageurs
– Porteurs de prothèse cardiaque
– Sujet âgés
Antibiotique oral de choix Particularités

Fluoroquinolones: Pendant 1-3 jours (parfois 5jours) Certaines


•Norfloxacine400mg;2x/24h données suggèrent qu’un «single shot»
•Ciprofloxacine500mg2x/24h (antibiothérapie d’1 jour) suffit et la
symptomatologie s’amende dans les 24
heures.
Macrolides: Pendant 3 jours
•Azithromycine 500mg 1x/24h Utilisé comme alternative 1 er choix chez : la
femme enceinte, lors d’immunosuppression
,en cas de symptômes sévères ,chez le
voyageur avec diarrhée inflammatoire
revenant d’Asie du Sud-Est , au vu de
l’augmentation de résistances des
Campylobacter aux quinolones.
Métronidazole 500 mg 3 x/ 24h, 10-14 1er choix pour une colite pseudo-
ou sous membraneuse symptomatique
Vancomycine 125 mg 4x/24h,10-14jours
prévention
• Respect des règles d hygiène
• Respect des règles de transport ,stockage et
préparation des aliments
• Respect de la chaine du froid et du chaud
• Eviter un temps prolongé de l aliment au contact
de la température ambiante
• Bien faire cuire les viandes et les volailles
• Eviter les préparation a base d œuf crus ou les
consommer rapidement
• Bien laver les fruits et légumes
TD troubles du transit… diarrhée
chronique chez un adulte
Introduction
• Diagnostic positif facile
• Diagnostic étiologique parfois difficile
• Eviter les examens complémentaires
inutiles, coûteux et parfois dangereux

• -> Examens hiérarchisés


Définition
• Plus de 3 selles par jours,(plus de
300g/24 h) pendant au moins
quartes semaines
• 5% à 18 % de la population (USA)
c

Groupes de causes de diarrhée chronique

Motrices Lésionnelles

Entéropathies
Osmotiques exsudatives
Sécrétoires
Malabsorption

3/12/2024
c
Diarrhées lésionnelles

Causes Diagnostic
Lésions tumorales :
adénocarcinomes, tumeurs villeuses
Endoscopies,
Lésions inflammatoires :
biopsies (des
maladie de Crohn,
rectocolite hémorragique, lésions…)
entérocolites infectieuses,

médicamenteuses, radiques...

3/12/2024
c
Malabsorptions
Causes Diagnostic
Pré-entérocytaires (luminales)
Pancréatites chroniques, K pancr.Echographie TDM
Biologie et échographie
Cholestase
hépatiques
Pullulation bactérienne du grêle Test respiratoire au glucose
Entérocytaires
Maladie cœliaque Biopsies duodénales et
Déficit en immunoglobulines anticorps anti TG et anti-
Lambliase
Maladie de Whipple endomysium dosage des
Crohn, grêle radique, lymphome immunoglobulines parasitologie

Post-entérocytaires des selles


Lymphangiectasies I ou II transit du grêle
3/12/2024
Test respiratoire au glucose- hydrogène c

Δ > 20 ppm : pullulation bactérienne


du grêle

3/12/2024
c

Principales causes d’entéropathie exsudative

Causes Diagnostic
Lésions muqueuses Endoscopie biopsies

(entérite ou colite,
maladie de Crohn, ...)
Endoscopie biopsies
Lymphangiectasies scanner abdominal
primitives ou et thoracique,
secondaires à un échocardiographie
obstacle lymphatique,
ou
Lymphangiectasies
du canal thoracique ou
cardiaque droit
3/12/2024
c
Principales causes des diarrhée motrice

Causes Diagnostic
Endocriniennes
TSH
Hyperthyroïdie
Cancer médullaire de la thyroïde Thyrocalcitonine, échographie
Syndrome carcinoïde sérotoninémie, chromogranine

Neurologiques Anamnèse, hypotension orthost.,


Vagotomie, sympathectomie examen neuro., glycémie …
dysautonomies (diabète, amylose)

Anatomiques
Grêle court, fistule gastro-colique Anamnèse, examens morphologiques
Diarrhée motrice idiopathique Contexte de troubles fonctionnels
digestifs, élimination des autres
(> 80 % ) causes

3/12/2024
c
Principales causes des diarrhées osmotiques

Causes Diagnostic
 Médicament osmotique (laxatifs,
magnésium, sorbitol, autres)  Enquête médicaments

 Aliment malabsorbé  Enquête alimentaire,


physiologiquement ou de
manière pathologique (lactose, tests respiratoires
sorbitol, autres sucres)

3/12/2024
c
Diarrhées
 Causes sécrétoires
 tumeurs (en particulier villeuses)
 maladies inflammatoires intestinales et colites microscopiques
 parasitoses
 médicaments ++
 tumeur endocrine sécrétant du VIP
 Orientation
 hydro-électrolytique, souvent abondante, persiste à jeun
 hypokaliémie
 Confirmation, diagnostic précis
 Chercher les médicaments
 Coloscopie avec biopsies
 Examen parasitologique de selles
 Dosage éventuel du VIP

3/12/2024
c
Exploration des diarrhées chroniques

… quand la cause n'est pas cliniquement évidente

• Examens biologiques de "débrouillage"

• Examens des selles

• Examens morphologiques

3/12/2024
c
Explorations quand la cause n'est pas cliniquement évidente

• Examens biologiques de "débrouillage" :


ionogramme, NFS, VS,
TP, calcémie, glycémie,
électrophorèse des protides,
cholestérol, TSH

 En fonction du terrain :
sérologie HIV,
anticorps anti-transglutaminase
3/12/2024
c
Examens des selles

 Examen parasitologique
 Coproculture sans intérêt en l’absence d’un déficit
immunitaire ou d'une prise récente d'antibiotiques
(Clostridium difficile)
 Fécalogramme sur 3 j pour mesure du débit fécal,
des graisses et de la clairance de l’alpha-1-
antitrypsine .
 Calprotectine.
 Elastase.
 Ionogramme fécal si les selles sont très liquides.

3/12/2024
c

Trou anionique

Trou anionique = 290-(Na+K fécaux) x 2


Interprétation:
• Si > 125mosm/l: Diarrhée osmotique

• Si < 50 mosm/l: Diarrhée sécrétoire

3/12/2024
Points à retenir

•Faire d’abord un dg d’un groupe


de diarrhée --> examens ciblés

• Souvent bien orienté grâce à la clinique +++


• En l’absence d’orientation clinique:
– Iono - NFS - VS - TP - Ca - glycémie - protides - TSH (HIV)
– AC anti-transglutaminase (y penser)
– Endoscopie digestive haute et basse avec biopsies
– Stéatorrhée - clairance fécale de l’alpha-1-antitrypsine, parasito selles
– Rart elastase, calprotectine, iono selles, entéroscopie, vidéocapsule
3/12/2024
Cas cliniques diarrhée
Cas clinique n°1
Un homme de 35 ans se présente à votre consultation de
médecine générale pour diarrhée aiguë. Il n’a pas
d’antécédent hormis une appendicectomie. Les symptômes
ont commencé il y a 48 heures par des frissons et des
douleurs musculaires, puis des coliques intenses
accompagnées d’un épisode de vomissements. Le transit
s’est alors modifié, avec 15 selles liquides par jour.
Il est épuisé mais parvient à s’alimenter.

Question 1: Quelles informations complémentaires


recherchez-vous à l’interrogatoire ?
Cas clinique n°1

Complément d’interrogatoire:

- Diarrhée hydrique ou glairo-sanglante


- Signes extra-digestifs: arthralgies, myalgies, rhinorrhée,
pharyngite, éruption cutanée…
- Notion de contage dans l’entourage
- Repas infectant , avec autres cas chez les proches
- Voyage à l’étranger
- Vomissements, tolérance alimentaire
- Température
- Retentissement sur la diurèse
Cas clinique n°1

Le patient n’a pas quitté le pays récemment. 2 personnes


dans son entourage ont eu les mêmes symptômes, atténués,
sans avoir partagé de repas.
Les selles sont hydriques, non hémorragiques, non muco-
purulentes. Les douleurs se sont estompées.
Il ne vomit plus et parvient à s’alimenter presque
normalement.

Question 2: Quel est votre diagnostic ? Quels examens


complémentaires demandez-vous ?
Cas clinique n°1

Gastro-entérite aiguë virale

Diagnostic clinique (interrogatoire)


Pas d’examen complémentaire en l’absence de signe de
gravité.

Question 3: Quel traitement lui proposez-vous ?


Cas clinique n°1

Traitement à domicile en l’absence de signe de gravité (état


général conservé, réhydratation orale possible, douleur
contrôlable)
Arrêt de travail court
Mesures hygiéno-diététiques: boisson abondante (dans
l’idéal soluté OMS), régime adapté, sans résidu
Diminution de la contagiosité: lavage fréquent des mains
avec savon antiseptique, utilisation abondante d’un soluté
hydro-alcoolique (STERILIUM®)
Nouvelle consultation si persistance des symptômes au-delà
d’une semaine ou AEG ou vomissements empêchant
l’hydratation orale
Cas clinique n°1
Traitement médicamenteux:
1- Antidiarrhéique:
Lopéramide IMODIUM® (ralentisseur du transit)
2 gél, puis 1 gél après chaque selle liquide. Max 8-10 / j
OU Racécadotril TIORFAN® (antisécrétoire) 1 gél 3 fois / j
2-Antispasmodique:
Phloroglucinol SPASFON® 2 cp 3 fois / j si douleurs
abdominales OU Trimébutine DEBRIDAT® 1 cp 3 fois / j
3-Antiémétique:
Métoclopramide PRIMPERAN® 1 cp 3 fois / j si nausées ou
vomissements
OU Dompéridone MOTILIUM® 1 cp 3 fois / j
Cas clinique n°1

Question 4: Quels sont les virus les plus fréquemment


impliqués dans les épidémies de gastro-entérite virale ?

Rotavirus +++
Adénovirus
Entérovirus
Cas clinique n°2

Une patiente de 45 ans vous consulte pour une diarrhée qui


évolue depuis plusieurs mois. Elle n’a pas d’antécédent
significatif et a pour seul traitement une contraception orale.
Elle présente en moyenne 4 selles molles par jour, jamais la
nuit, avec des impériosités le matin et après les repas. Elle
n’a pas remarqué de glaires ou de sang dans les selles. Elle se
plaint aussi d’insomnies. En l’observant vous remarquez des
lésions de vitiligo sur son visage ainsi qu’un léger
tremblement digital.

Question 1: Quel diagnostic, systémique et gastro-


entérologique, évoquez-vous en première intention ?
Vitiligo
Cas clinique n°2

Hyperthyroïdie avec diarrhée motrice


Hyperthyroïdie:
- Terrain: sexe, âge, auto-immunité
- Diarrhée motrice
- Insomnies
- Tremblement fin des extrêmités
Diarrhée motrice:
- Impériosités matinales et post-prandiales
- Absence de selles nocturnes
- Absence de douleurs
Cas clinique n°2

Question 2: comment complétez-vous votre examen


clinique ?
Cas clinique n°2

Question 2: comment complétez-vous votre examen


clinique ?

Interrogatoire: hyperactivité, irritabilité, troubles de


l’humeur, inversion du nycthémère, hypersudation, perte de
poids, hyperphagie, antécédents familiaux de dysthyroïdies

Examen physique: éclat du regard, exophtalmie, tachycardie,


goître
Cas clinique n°2

Question 3: comment pourriez-vous prouver le caractère


moteur de cette diarrhée ?
Cas clinique n°2

Question 3: comment pourriez-vous prouver le caractère


moteur de cette diarrhée ?

Par un test au rouge carmin:


- Absorption orale à H0 de 2 gélules de rouge carmin
- Diagnostic de diarrhée motrice:
si premières selles rouges éliminées avant 6 h
et si dernières selles rouges éliminées avant 24 h

Par l’épreuve du jeûne: l’arrêt de l’alimentation entraîne


l’arrêt de la diarrhée.
Cas clinique n°2

Le test au rouge carmin confirme la diarrhée motrice.


Vous palpez un goître homogène.
La TSH est effondrée, la T4 très supérieure à la normale.

Question 4:
Quel diagnostic étiologique est le plus probable ?
Comment le prouvez-vous ?
Principes du traitement ?
Cas clinique n°2

Maladie de Basedow (thyroïdite auto-immune)

Preuve diagnostique par dosage des anticorps anti-récepteur


de la TSH (TSI)

Traitement par antithyroïdiens de synthèse:


Carbimazole NEOMERCAZOLE®
+/- bêtabloquants Propranolol AVLOCARDYL®
Traitement de la diarrhée motrice par Lopéramide
Cas clinique n°3
Une patiente de 18 ans vous est adressée par son médecin
référent pour le bilan d’une diarrhée chronique.
Elle a pour principal antécédent un diabète de type 1. Elle
fume 10 cigarettes par jour.
Les troubles du transit se sont installés de manière
insidieuse, avec une aggravation progressive sur plusieurs
mois. Actuellement elle présente 3 selles molles par jour,
sans véritable douleur mais avec un important météorisme,
sans impériosité, sans rectorragie. Elle a arrêté de
consommer des produits laitiers, qui aggravent sa diarrhée.
Elle est asthénique et vous êtes frappé par sa pâleur.

Question 1:
Quels sont les 2 diagnostics à évoquer en priorité ?
Cas clinique n°3
1- Maladie coeliaque
2-Maladie de Crohn (avec atteinte du grêle)

Dans les 2 cas:


- Terrain: âge, sexe, auto-immunité
- Diarrhée chronique non hémorragique
- Syndrome de malabsorption: anémie, intolérance
secondaire au lactose
Pour le Crohn: tabagisme actif
Pour la maladie coeliaque: pas de douleur, diabète type 1
Remarque: une intolérance primaire au lactose n’entraînerait
pas de répercussion sur l’état général
Cas clinique n°3
Question 2: quels examens biologiques vont vous aider à
trancher le diagnostic ?
Cas clinique n°3
Question 2: quels examens biologiques vont vous aider à
trancher le diagnostic ?

Bilan inflammatoire: CRP, fibrinogène, électrophorèse des


protéines sériques (VS)
=> syndrome inflammatoire en faveur du Crohn

Dosage des anticorps anti-Saccharomyces cerevisiae (ASCA)


=> positivité en faveur du Crohn

Sérologies de la maladie coeliaque: anticorps anti-


endomysium et anti-transglutaminase en IgA et IgG
Cas clinique n°3
Il n’y a pas d’inflammation significative, les ASCA sont
négatifs, les anticorps de la maladie coeliaque sont positifs à
un taux significatif.

Question 3: quel examen morphologique va vous permettre


d’obtenir un diagnostic histologique de certitude ?
Cas clinique n°3
Il n’y a pas d’inflammation significative, les ASCA sont
négatifs, les anticorps de la maladie coeliaque sont positifs à
un taux significatif.

Question 3: quel examen morphologique va vous permettre


d’obtenir un diagnostic histologique de certitude ?

La fibroscopie gastrique avec biopsies duodénales distales


(D2): recherche d’une atrophie villositaire et d’un infiltrat
lymphoplasmocytaire de la muqueuse.
Maladie coeliaque: atrophie villositaire et infiltrat
lymphoplasmocytaire
Cas clinique n°3
Question 4: la maladie coeliaque est confirmée. Quel
traitement mettez-vous en place ?
Cas clinique n°3
Question 4: la maladie coeliaque est confirmée. Quel
traitement mettez-vous en place ?

Régime sans gluten strict à vie


(Régime sans lactose provisoire)
Surveillance:
rémission clinique en quelques semaines, sérologique en
quelques mois, histologique à 1 an
Dépistage systématique des maladies auto-immunes
associées:
Dermatite herpétiforme, déficit en IgA, thyroïdites, cirrhose
biliaire primitive (+ diabète type 1)
Dermatite herpétiforme
Cas clinique n°4
Un homme de 75 ans est admis aux urgences pour altération
de l’état général et diarrhée.
Il est diabétique de type 2 insulinorequérant. Il y a 2 mois,
son médecin l’a traité par ROCEPHINE® IM pendant une
semaine pour une bronchite. Il vit seul à domicile.
Il se plaint d’une diarrhée qui s’est installée depuis plusieurs
semaines, actuellement 6 selles par jour, liquides et
verdâtres, certaines nocturnes, avec des coliques, parfois des
faux besoins et des impériosités. A l’examen, il est
asthénique, déshydraté, subfébrile. La CRP est à 80 mg, la
créatinine à 150 µmol, la glycémie à jeun à 3 g.

Question 1: quel diagnostic devez-vous évoquer ?


Cas clinique n°5
Colite pseudo-membraneuse
= infection à Clostridium difficile producteur de toxines

- Récente prise d’un antibiotique de la famille des bêta


lactamines
- Diarrhée de type organique, fébrile
- Altération de l’état général
Cas clinique n°5
Question 2: quels examens vont vous permettre d’établir le
diagnostic positif ?
Cas clinique n°5
Question 2: quels examens vont vous permettre d’établir le
diagnostic positif ?

- Coprocultures avec recherche de Clostridium difficile et des


toxines A et B

- Rectosigmoïdoscopie avec analyse du liquide fécal


Colite pseudo-membraneuse
Cas clinique n°5
Question 3: quel traitement mettez-vous en place ?
Cas clinique n°5
Question 3: quel traitement mettez-vous en place ?

Hospitalisation (âge, AEG, condition sociales)


Hydratation orale et parentérale, correction des troubles
hydro-électrolytiques; insulinothérapie IVSE
Antibiothérapie par métronidazole FLAGYL® 500 mg per os 3
fois par jour, pendant 10 jours
Antispasmodiques
Prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse
(MTEV) par héparine non fractionnée:
CALCIPARINE® 0,2 ml SC 2 fois par jour
Surveillance: transit, fièvre, diurèse, CRP, créatinine,
glycémies capillaires
Cas clinique n°5
Alors que le transit s’était normalisé et que le patient avait
quitté l’hôpital, il est réhospitalisé pour récidive de colite
pseudo-membraneuse.

Question 4: comment le traitez-vous ?


Cas clinique n°5
Alors que le transit s’était normalisé et que le patient avait
quitté l’hôpital, il est réhospitalisé pour récidive de colite
pseudo-membraneuse.

Question 4: comment le traitez-vous ?

Antibiothérapie de 2ème ligne:


vancomycine orale, 500 mg 4 fois / jour

Prévention de la récidive par ultra-levure Saccharomyces


boulardii, 2 gélules matin et soir
Merci Pour Votre Attention

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