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Figures de style: savez-vous ce


qu'est le chiasme ?
Par Aliénor Vinçotte
6–8 minutes

Publié le 14/11/2023 à 07:00

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Victor Hugo en était friand, de même que Molière.


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LES FIGURES DE STYLE (9/12) - Pour faire briller vos


talents littéraires, Le Figaro vous propose de
redécouvrir les figures de style.

Les figures de style sont légion. On en regroupe plus


d'une centaine qui façonne aussi bien la littérature
française que les discours politiques ou publicitaires.
Sans oublier leur présence quotidienne dans nos
conversations, qu’on ne remarque pas toujours. Il existe
plusieurs types de figures de style, rassemblées selon
leur fonction : les figures de substitution, de l'opposition,
de l'amplification et de l'atténuation, ou encore les
figures de l'analogie. Pour rappel, une figure de style
est, selon la définition donnée par le Larousse, une
«forme particulière donnée à l'expression et visant à
produire un certain effet». Après l'assonance,
l'allitération et l'allégorie, Le Figaro vous propose de
(re)découvrir aujourd'hui le chiasme.

À lire aussiCes figures de style que vous employez au


quotidien (sans le savoir)

Qu'est-ce que le chiasme ?

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Du grec «khiasmos» signifiant «croisement», le chiasme


désigne, selon Jean-Loup Chiflet dans Balade littéraire
parmi les figures de style (Figaro littéraire), «une
succession de constructions opposées d'éléments
généralement de même nature ou de même fonction,
dont l'ordre est inversé d'une construction à l'autre». On
peut aussi regarder la définition donnée par le Larousse
pour plus de clarté : le chiasme est une «disposition en
ordre inverse de deux phrases syntaxiquement
identiques, formant une antithèse ou constituant un
parallèle». Victor Hugo en était friand, de même que
Molière.

À savoir que le chiasme, contrairement à d'autres


figures de style, n'est évoqué par aucun auteur de
l'Antiquité. Bien qu'il fût fréquemment employé dans la
littérature religieuse («celui qui s'élève sera abaissé,
celui qui s'abaisse sera élevé», dans l'Évangile de Luc),
il a mis du temps à être reconnu comme une figure de
rhétorique. Il est ensuite largement utilisé en poésie
pour son effet de rythme particulier et les parallèles
inattendus qu’il peut engendrer, créant ainsi des
contrastes importants entre différents éléments. Le
chiasme peut souligner l'union de deux réalités ou au
contraire renforcer une antithèse dans une phrase.
Attention à ne pas le confondre avec cette dernière
figure de style.

Comment reconnaître un chiasme

Le chiasme rassemble des éléments qui fonctionnent en


écho : par exemple, si l'on trouve un nom suivi d'un
adjectif dans une première construction, on trouvera un
adjectif suivi d'un nom dans la deuxième. Cette figure
de style repose souvent sur le modèle BA/AB où A
peut être un nom et B un adjectif et inversement.
Lorsqu'il constitue un parallèle, la disposition va plutôt
être de l'ordre d’AB/AB. Si les éléments du chiasme
sont repris dans l'ordre inverse, on utilise parfois les

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mêmes mots : c'est une antimétabole qu'on appelle


aussi «réversion» ou «régression». Par exemple, dans
le fameux proverbe «bonnet blanc et blanc bonnet», on
a un chiasme composé d'un nom qui est le bonnet et
d'un adjectif qui est le blanc. C'est justement cette
inversion qui caractérise le chiasme. Cette figure de
style utilise souvent des marqueurs syntaxiques
spécifiques à la symétrie : les conjonctions «mais» ou
«et», et le signe de ponctuation comme la virgule (ou le
point-virgule).

Il existe différentes formes à apprendre pour reconnaître


cette figure de style dans différentes phrases : le
chiasme grammatical, le chiasme sémantique ou encore
le chiasme phonétique. Pour le premier, on l'appelle tel
quel lorsque les mots utilisés sont de la même nature
grammaticale (deux noms, deux adjectifs…). Citons par
exemple cette phrase de Madame de La Fayette :
«L'amour était toujours mêlé aux affaires et les affaires
à l'amour.» Quant au chiasme sémantique, il est appelé
tel quel lorsque les termes partagent le même champ
sémantique. Ce vers de Victor Hugo qui illustre ce cas
de figure : «Un roi chantait en bas, en haut mourait un
dieu» qui met en valeur deux mots reposant sur la
localisation «en bas» et «en haut». Les mots dieu et roi
qui font référence à des figures élevées peuvent aussi
être rapprochés. Enfin, le chiasme phonétique, lui,
repose sur des sonorités similaires. Par exemple :
«Café Leroy, le roi des cafés» ou «je préfère les assauts
des pique-assiettes aux assiettes de Picasso.» (de Jean
Cocteau).

Quelques exemples de chiasmes connus

Victor Hugo a employé de nombreux chiasmes dans ses


écrits. Pour n'en citer que quelques-uns : «Ces murs
maudits par Dieu, par Satan profanés» ; «la neige fait
au nord ce qu'au sud fait le sable» qui est un chiasme
sémantique ; ou encore «la beauté sur les fronts, dans

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les cœurs la pensée». On peut également s'inspirer de


Molière qui a écrit : «J'aime mieux un vice commode,
qu'une fatigante vertu». Ou bien de Racine : «Tel qui rit
vendredi, dimanche pleurera.» Parmi les exemples de
parallélisme, avec la structure AB/AB, on a les
exemples suivants : «Rester dans le paradis et y
devenir démon, rentrer dans le paradis et y devenir
ange» (de Victor Hugo) ou «en temps de paix, les
enfants enterrent leurs parents, en temps de guerre, les
parents enterrent leurs enfants» (de Hérodote).

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