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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET


POPULAIRE MINISTERE DE LA SANTÉ

WILAYA DE TIARET

Institut National de Formation

Supérieure paramédicale de Tiaret

Module d’anesthésie-réanimation .

Anesthésie (généralités)

Dr.BELHADJ Soumia.

Année universitaire : 2023 _ 2024


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I. Introduction :
Le mot « anesthésie » provient du grec αἴσθησις / aísthêsis, « sensation, faculté de
percevoir par les sens », avec le préfixe ἀν- / an-, « in-, sans ».
L’anesthésie est la suppression des sensations (et en particulier la sensation de douleur). Elle vise
à permettre une procédure médicale qui autrement serait trop douloureuse. L'anesthésie peut
viser un membre, une région ou l'organisme entier.
II. Historique
Dès la haute antiquité, les hommes ont cherché des remèdes capables de calmer les souffrances . Suc
de pavot, chanvre, mandragore, éponges somnifères ou encore potion opiacée: ces divers élixirs
soporifiques, plus ou moins efficaces, ont servi à apaiser la douleur.
Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que des substances efficaces sont enfin découvertes. En 1846,
Morton, un dentiste américain, décide d'utiliser l'éther pour l'ablation d'une tumeur dans le cou d'un
jeune patient. Et les résultats sont remarquables. Ether, protoxyde d'azote, chloroforme... pour se
servir de ces nouvelles substances, on utilise alors des compresses imbibées ou des masques de plus en
plus perfectionnés comme l’appareil d'Ombrédane.
Mais les produits sont encore mal dosés, et dans certains cas ils provoquaient la mort. L’induction et
l’entretien de l’anesthésie par inhalation restait un standard des pratiques anesthésiques jusqu’à
l’apparition du thiopental en 1934, best seller de l’anesthésie chez les anglo-saxons. Et en 1942, il y a eu
la première utilisation en clinique du curare".
Le premier anesthésique local disponible fut la cocaïne, utilisé en chirurgie oculaire par instillation
dès 1884. Puis d'autres anesthésiques firent leur apparition .

∙ L'anesthésie en quelques dates :


⮚ 1799 premières études sur l'effet anesthésiant du gaz hilarant .
⮚ 1805 isolement d'un alcaloïde de l’opium, la morphine, par Friednich Sentümer Alemagne 13-
1541).
⮚ 1845 première anesthésie générale publique à l'éther à Boston para Motor USA
⮚ 1847 première anesthésie générale au chloroforme par James Simpson Ecosse
⮚ 1872 première anesthésie intraveineuse chez l’homme à (hydrate de choral par Cyprien Ore de
Bordeaux (1828-1889)
⮚ 1884 découverte des effets anesthésiques locaux de la cocaïne
⮚1893 création de la Brtish Society of Anesthésie
⮚ 1908 fabrication de l'appareil à éther de Louis Ombrédane (1871-1950)
⮚ 1905 invention de la canule oro-pharyngée par Frederick William Hewitt
⮚ 1921: première utilisation d'un barbiturique intraveineux en anesthésie, le Somnifère
⮚ 1930 première anesthésie générale au cyclopropane par Ralph Waters (USA)
⮚ 1934: première utilisation du Pentothal par Lundy (USA)
⮚ 1934 création de La Société d'Etudes sur l'Anesthésie et l'Analgésie par Robert Monod (1884-
1970), devenue aujourd’hui la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR)
⮚ 1942 première utilisation clinique en anesthésie d'un curare par H.R. Griffith (Canada)
⮚ 1956 découverte du Fentanyl por Paul Janssen
⮚ 1994 : décret sur les conditions de la pratique de l'anesthésie (5 décembre)

3III. Types d’anesthésie :


L’anesthésie permet la réalisation d’un acte chirurgical, obstétrical ou médical (endoscopie,
radiologie…), en supprimant la douleur provoquée pendant et en l’atténuant après l’intervention dans
des conditions optimales de sécurité.
Il existe deux grands types d’anesthésie : l’anesthésie générale et l’anesthésie locorégionale.

L’anesthésie générale: souvent notée AG; est un état comparable au sommeil produit par l’injection
intraveineuse de médicaments ou par la respiration de vapeurs anesthésiques. Elle permet de supprimer la
sensation de douleur ainsi que les réflexes moteurs d'une personne, afin de permettre la réalisation de l’acte
chirurgical.

Le déroulement de l’anesthésie générale:


La prémédication : L'objectif de la prémédication est l'anxiolyse et l'amélioration du vécu de la période
périopératoire par le patient. Elle n'est plus systématique . L'hydroxyzine et les benzodiazépines, en raison de
leur effet sédatif et anxiolytique constant et prévisible, sont les médicaments les plus utilisés.

La pré-oxygénation : La réserve en O2 doit être suffisante pour couvrir la période d’apnée comprise
entre l’induction anesthésique et la mise en place de la sonde d’intubation .Deux techniques de pré
oxygénation ont été proposées la technique de ventilation spontanée en oxygène pur pendant 3 minutes,
et les 4 manœuvres de capacité vitale en oxygène pur.

Induction L'anesthésie générale fait appel à trois grandes familles de médicaments qui peuvent être associés
-les hypnotiques : ce sont les médicaments qui entraînent le sommeil. Ils peuvent être administrés par voie
intraveineuse (thiopental, propofol, étomidate, kétamine) ou inhalée (halothane, sévoflurane desflurane,
protoxyde d'azote (N2O)) ;
- les analgésiques : ils diminuent les réactions douloureuses à l'acte chirurgical. Ce sont des dérivés de
synthèse de la morphine, plus puissant et avec moins d'effets secondaires : sufentanil 1000 fois plus puissant que
la morphine par exemple, ou remifentanil qui a une action très courte .
- les curares : ils créent un relâchement musculaire en bloquant la contraction des muscles striés. Leur
utilisation est optionnelle, soit pour faciliter la chirurgie, soit pour faciliter l'intubation trachéale par
l'anesthésiste ou la ventilation artificielle mécanique. L'utilisation de ces médicaments paralyse la ventilation
spontanée (la "respiration") du patient et suppose une suppléance de cette ventilation par l'équipe médicale
: accès aux voies aériennes (trachée) et ventilation artificielle avec un ballon ou une machine (ventilateur /
respirateur). Parmi ces médicaments, on peut citer : suxaméthonium, cisatracurium, rocuronium.
∙ D'autres médicaments sont utilisés au cours de l'anesthésie générale : prévention des nausées et
vomissements post opératoire, antalgiques et corticoïdes pour diminuer la douleur post opératoire,
médicaments permettant de diminuer les besoins en analgésiques ou hypnotiques (Kétamine, Lidocaïne,
Sulfate de Mg).
Intubation : L'intubation trachéale se définit comme le cathétérisme de la glotte et de la trachée par
une sonde endo-trachéale que l'on peut relier à l'extérieur à une source d'oxygène et/ou de gaz et vapeurs
anesthésiques.
Elle correspond à un geste simple et codifié, pratiqué de façon quotidienne au bloc opératoire.
Outre le maintien de la liberté des voies aériennes supérieures, qui constitue sa fonction première,
l'intubation trachéale se charge également de faciliter la ventilation, l'aspiration des secrétions et de
protéger la trachée des inhalations ou régurgitations de liquide gastrique.
Monitorage :Le monitorage des fonctions vitales a directement contribué à rendre l'anesthésie plus
sûre.Il facilite la surveillance de l'opéré et améliore la qualité de l'anesthésie. Les principaux moyens de
mesure utilisés sont les suivants:
✔ La fréquence cardiaque.
✔ La saturation du sang en oxygène
4 ✔ La pression artérielle
✔ Le capnographe
✔ L'électrocardioscope
Entretien : lequel est assuré selon plusieurs procédés possibles: par bolus, par perfusion continue ou
par inhalation

.
L’anesthésie locorégionale permet de n’endormir qu’une partie du corps sur laquelle se déroulera l’opération.
Son principe est de bloquer les nerfs de cette région en injectant à leur proximité un produit anesthésique local.
▪ La rachianesthésie et l’anesthésie péridurale sont deux formes particulières d’anesthésie
locorégionale où le produit anesthésique est injecté à proximité des nerfs qui sortent de
la moelle épinière.
▪ Rachianesthésie : La rachianesthésie ou anesthésie spinale est une technique d'anesthésie
locorégionale consistant à injecter une solution anesthésique dans le liquide céphalo-rachidien,
le plus souvent au niveau de l’espace vertébraux lombaire 3éme et 4éme là où se trouvent les
nerfs spinaux. Elle permet un blocage rapide et efficace de la sensibilité et de la motricité et une
extension rapide de l’anesthésie avec de petites quantités de produits anesthésiques.
- Déroulement de l’acte : La technique se réalise par le médecin en anesthésie-réanimation
(MAR).
▪ Le repérage du point de ponction: choisir l'espace le plus facile à piquer entre L2-L3, L3-L4 et
L4- L5. Le niveau supérieur sera plus élevé si le point de ponction est plus haut
▪ Le respect des règles d'asepsie: lavage chirurgicale des mains avant de mettre des gants
stériles, et une large désinfection de l'ensemble du dos de la pointe des omoplates à la raie des
fesses, mise en place d’un champ stérile sur l'ensemble du dos.
▪ L'anesthésie locale par un bouton intradermique : car elle permet de réaliser une
ponction indolore.
▪ La ponction lombaire : introduire l’aiguille à rachianesthésie dans la ligne médiane, au ras du
bord inférieur de l'épineuse supérieure progressivement jusqu'à rencontrer une résistance qui
correspond à la traverse du ligament jaune ou de la dure-mère(3 à 6cm de profondeur), retirer le
mandrin et observer le reflux d'une goutte de LCR clair.
▪ Injecter lentement l'anesthésique local (1ml toutes les 3 secondes).
▪ Installer le patient en décubitus dorsal avec la tête surélevée.
▪ On évalue la qualité et le niveau supérieur du bloc sensitif par le test du pique touché. On
évalue le bloc moteur par la flexion des genoux et des orteils.
* LES ANESTHESIQUES LOCAUX : Les anesthésiques locaux sont des bloqueurs réversibles du canal
sodique, empêchant les mouvements transmembranaires de sodium.Ils bloquent la conduction
nerveuse au niveau les fibres nerveuses motrices, sensitives et sympathiques. Ils se classent en
deux familles différentes en fonction de leur structure chimique:
5 ▪ Les aminoesters: Procaïne, Chloroprocaïne et Tétracaïne
▪ Les aminoamides: Bupivacaïne, Mépivacaïne, ropivacaine, Etidocaïne, Lidocaïne et Prilocaïne

▪ L'anesthésie péridurale (ou anesthésie épidurale) est une technique d'anesthésie loco
régionale consistant à introduire un cathéter dans l'espace péridural (espace anatomique
entourant la dure-mère d'où son nom) permettant la diffusion prolongée (heures/jours) d'un
produit actif (anesthésique local et opioïde le plus souvent).
La raison de l'utilisation d'un cathéter est que le mélange anesthésique s'il est administré par voie
péridurale provoque une anesthésie de courte durée, le cathéter permet ainsi les réinjections sans avoir
à re-piquer.
La péridurale est adaptée aux anesthésies ou analgésies longues, surtout quand l’on souhaite limiter
l’emploi d’opiacés (épargne morphinique).
L'utilisation la plus courante est l'analgésie péridurale lombaire pour l'accouchement, qu'il soit par voie
basse ou césarienne.
En plus de son usage obstétrical, cette technique est redoutablement efficace pour soulager :
▪ la douleur post opératoire pour la chirurgie abdominale majeure
(grandes laparotomies, duodénopancréatectomie céphalique...) en réalisant une péridurale
lombaire haute.
▪ -la douleur post opératoire pour la chirurgie thoracique (lobectomies par thoracotomie,
pneumonectomies, cure de pneumothorax par abrasion pleurale...) en réalisant une péridurale
thoracique.
▪ -la douleur post opératoire pour la chirurgie orthopédique des membres inférieures (prothèse de
hanche, prothèse de genou, amputation...) en réalisant une péridurale lombaire basse.
Réalisation
Le patient est soit en position assise soit en position allongée sur le côté. La ligne médiane des épineuses
est repérée par palpation. Elle peut être également repérée par échographie chez les personnes obèses
ou à risque de ponction difficile (scoliose, antécédent de chirurgie du rachis...). La mise en place du
cathéter se fait dans des conditions d’asepsie chirurgicale. Après application d'un antiseptique sur la
peau, l'insertion du cathéter peut être éventuellement précédée par une anesthésie locale. Il est
introduit dans l'espace péridural par l'intermédiaire d'une aiguille de tuohy (peu tranchante et courbée).
S'il est en place, il ne doit s'écouler ni sang ni liquide cérébro-spinal

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L'anesthésie locale se limite à la région visée et est généralement réalisée par injection
d'anesthésiques locaux dans les tissus à anesthésier ou parfois par l'application d'une gelée ou
crème contenant ceux-ci. C'est en général cette technique que pratiquent les dentistes.
L'anesthésie locale peut être appliquée par le chirurgien lui-même. Les normes de sécurité
doivent être respectées car des complications allergiques ou un malaise vagal peuvent
survenir.

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