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I – NATURE ET ORIGINE DES CONSTITUANTS SEDIMENTAIRES

A. Formation et distribution des minéraux


1. Processus fondamentaux de l’altération

L’altération physique est une désagrégation mécanique des roches. Elle prédomine dans les
régions à forts écarts thermiques et hygrométriques. Ainsi par exemple, l’alternance gel –
dégel est propice à la microdivision des particules grossières. Il en est de même des
phénomènes d’imbibition – dessiccation des couches argileuses.
L’altération chimique est beaucoup plus répandue à la surface du globe. Elle met en jeu un
ou plusieurs agents d’altération : eau, oxygène, acides minéraux ou organiques. On distingue
ainsi plusieurs processus chimiques :
 l’hydrolyse, décomposition par l’eau ;
 l’oxydation, libération de fer sous la forme ferrique, Fe (OH) ;
 l’hydratation, adjonction de molécules d’eau aux minéraux, ce qui provoque une
augmentation de volume, donc un ameublissement de la roche ;
 la dissolution, favorisée par la présence de CO2 dissous dans l’eau.

Ces processus d’altération permettent de préciser deux origines possibles : une origine
primaire pour les minéraux hérités, une origine secondaire pour les minéraux néoformés.
Les minéraux hérités n’ont subi aucune transformation. Les minéraux néoformés sont
entièrement reconstruits à partir des constituants de base préalablement libérés.

2. Aspects chimiques de la genèse des constituants sédimentaires

 Approche géochimique de l’altération

L’hydrolyse est principalement le résultat de l’interaction entre l’eau et les phases


constitutives du matériel originel. L’eau (H2O) est un corps chimique particulier ; c’est le seul
qui existe sur Terre, dans les conditions naturelles sous les formes solide, liquide et gazeuse.
Cependant d’autres agents chimiques y participent (oxygène, CO2, acides) et renforcent
l’action de l’eau. Les propriétés de l’eau sont essentiellement liées au caractère électriquement
dipolaire de sa molécule, en phase liquide.
La molécule a la forme d’un triangle isocèle. Sa densité électronique est statiquement plus
forte au niveau du sommet occupé par l’oxygène (du fait que cet atome a une affinité plus
grande pour les électrons) qu’au niveau de la base occupée par les hydrogènes.
La distribution des charges + et – fait que, structuralement l molécule d’eau agit comme un
dipôle électrique dont la force d’attraction est proportionnelle au potentiel ionique (Pi) des
éléments chimiques présents (Pi = rapport entre la charge ionique Z et le rayon ionique Ri).
Le diagramme de Goldschmidt (Ri/Z) permet de distinguer trois principales familles d’ions
dont la présence dans les minéraux va déterminer la résistance chimique de ces derniers face à
l’hydrolyse

 Les cations solubles 0<Pi≤3 : Na, Ca, Mg, Li, Pb, K, Rb, Cs.

 Les hydrolysats 3≤Pi≤10 : Al, Fe, Ti, Mn et Si.

 Les oxyanions solubles Pi ≥ 10 : N, P, S, C, B

 Aspects chimiques de l’altération


Dans le milieu sédimentaire, à température et pression données, la concentration d’un soluté
est le principal facteur de son énergie libre et le système va tendre vers une concentration
d’équilibre des solutés. L’équilibre est une situation telle que, en ajoutant ou en soustrayant
un certain nombre de termes d’énergie libre, on arrive à un résultat numérique déterminé. On
démontre qu’il existe une proportionnalité entre variation d’énergie libre et logarithme de la
variation d’activité ; ainsi additionner ou soustraire des énergies libres revient à multiplier et
diviser des activités. Ainsi, dans une réaction hypothétique complexe :

AB + C+ + D- + E+2 + …. ⇋ UV + W+ + X_Y+2 + ….

SOLIDE SOLUTES SOLIDE SOLUTES

Les conditions d’équilibre seront :

FC + FD + FE + …. – (FW + FX + FY …..) = FUV – FAB = CONSTANTE

[C] . [D] . [E]


Ou __________________________ ……… = CONSTANTE
[W] . [X] . [Y]

Quelques exemples sédimentologiques

1. Les relations carbonate – eau

Le CaCO3 est, après l’eau, le matériel géologique le plus important concerné par les réactions
en solutions. Plusieurs équations interdépendantes peuvent s’appliquer, mais les données
suivantes représentent le minimum indispensable :

1. CO2 ⇋ CO2
Molécules Molécules
dans l’air dans l’eau
5. H2O ⇋ H+ + OH-

2. CaCO3 ⇋ Ca2+ + CO32- [CO2]aq


Solide Ions en solutions __________ = 10-1,5
[CO2] air
3. CO2 + H2O ⇋ H+ + HCO32-
Molécules Ions en solutions
dans l’eau
[Ca2+] . [CO32-] = 10-8,3

[H+].[HCO3-]
4. HCO3- ⇋ H+ + CO32- __________ = 10-6,4

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[CO2] aq

[H+].[CO32-]
__________ = 10-10,3
[HCO3-]

[H+] . [OH-] = 10-14

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Si l’équilibre est atteint on peut tirer de (1) et de (3) :

[H+].[HCO3-] = 10-7,9 [CO2] air = 10-11,4

La relation (4) montre que lorsqu’une solution carbonique a une acidité nulle (c’est-à-dire
[H+] > 10-6), le rapport [CO32-]/[HCO3-] est < 10 -4,3. Ceci
2- -
signifie que [CO3 ] est négligeable par rapport à [HCO3 ] et que la réaction (4) ne se déplace
que faiblement vers la droite.

De la réaction (5) on peut tirer que lorsque [H+] > 10-6 , [OH-]/[H+] est < 10-2. Ceci signifie
que [OH-] est négligeable par rapport à [H+] et que la réaction (5) ne se déplace que
faiblement vers la droite. Les ions hydrogène doivent, par conséquent, provenir largement
d’une source différente.

Tout ce qui précède indique que si l’eau de pluie acquiert une acidité supérieure à pH = 6,
cette acidité doit être attribuée principalement à la réaction (3).

Ces équilibres atmosphériques permettent de comprendre ce qui se passe dans le sol ou dans
les roches. De même que l’eau associée à un sédiment diffère de l’eau de mer, « l’air »
contenu dans un sol poreux diffère de l’air normal. Les végétaux, par exemple, peuvent
accroître [CO2] air dans les pores d’un sol de 10-3,5 à 10-2 ou davantage. Si l’on conserve
[H+] = [HCO3-], cela entraîne [H+] > 10-5 et même une acidité encore plus grande, et le
résultat en est tout aussi souvent une alcalinisation. Les mêmes équilibres permettent aussi
de comprendre l’équilibre entre calcaire, eau et atmosphère. On démontre ainsi que :
1. Même si l’eau de pluie est acide lorsqu’elle tombe, elle devient alcaline si elle
réagit avec un calcaire.
2. La teneur en calcium libérée lors de ces réactions est suffisante pour constituer
0,015 cm3 de calcite. Ce qui est significativement efficace pour cimenter en
climat tropical la porosité de sphères uniformes au bout de quelques années.

2. Les effets des variations de température

L’effet d’une variation de température sur n’importe quelle réaction chimique est de deux
sortes :
1. Effet sur la vitesse de la réaction
2. Effet sur le résultat final vers lequel tend la réaction.

Une variation de température peut changer le résultat final d’une réaction en modifiant les
champs de stabilité des produits possibles. Si, par exemple, l’énergie libre d’un corps B
diminue plus rapidement avec l’augmentation de température que celle d’un corps A, le corps
B devient le produit le plus stable à partir d’une température suffisamment élevée. La
variation de la solubilité d’un minéral en fonction de la température est un exemple
particulier de ce cas général. La solubilité de la plupart des minéraux s’élève avec la
température, à l’exception notable de la calcite dont la solubilité est liée au CO2
atmosphérique. Une augmentation de température tend à chasser, de l’eau vers l’air, les

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molécules de CO2 dissoutes, ce qui provoque la diminution de la concentration d’ions
carbonate et bicarbonate qui peuvent être présents et entraîne la précipitation de minéraux
carbonatés (aragonite ou calcite).

3. Distribution d’ensemble des minéraux issus de l’altération

Formation des minéraux du complexe d’altération.

On regroupe sous l’appellation de «Complexe d’Altération» les produits issus de


l’altération des roches mères, notamment les produits de l’altération chimique. Il est constitué
essentiellement d’argile, de silice, d’oxyhydroxydes de Fe, Al, Mn et de sels plus ou moins
solubles notamment des sels de Ca, Mg, K, Na, etc. Les figures 3 à 6 de la planche I
présentent quelques exemples de complexes d’altération de différentes roches mères sous
climat tropical et sous climat tempéré.

La vulnérabilité à l’altération dépend à la fois de celle des minéraux et de la structure


de la roche.
- Minéraux de roches sédimentaires. A l’affleurement, leur équilibre
thermodynamique est relativement proche de celle de leurs conditions de formation (basse
température, basse pression). Leur vulnérabilité à l’altération est par conséquent réduite, en
dehors de phénomènes d’hydrolyse (qui aboutit à la dissolution des sels tels les carbonates,
les sulfates), contrairement aux minéraux des roches magmatiques et métamorphiques formés
dans des conditions de haute température et de haute pression.. Le Quartz est quasi-
inaltérable, cependant, il est légèrement soluble dans les eaux alcalines. Les Feldspaths
potassiques (Orthose K[Si3AlO8]) sont moins vulnérables à l’hydrolyse que les Feldspaths
calco-sodiques (Plagioclases). Dans cette série, la vulnérabilité diminue du pôle calcique
(Anorthite Ca[Si2Al2O8]) au pôle sodique (Albite Na[Si3AlO8]). Ceci est du reste justifié
par les potentiels ioniques des éléments constitutifs des ces minéraux (Cf diagramme de
Goldschmidt, Fig. 1, Pl I).

- Pour les autres minéraux plus spécifiques aux roches magmatiques (Olivine,
Pyroxène, Amphibole Biotite, Muscovite), leur degré de vulnérabilité à l’altération est
d’autant plus élevée que leurs conditions thermo-barométriques de formation sont éloignées
des conditions d’affleurement. Cette vulnérabilité évolue en sens inverse de la série de
Bowen (Cf Séries réactionnelles de Bowen ; Echelle de stabilité de Goldschmidt et Echelle de
dureté de Mohs).
Les minéraux silicatés peuvent être considérés comme des sels d’acides faibles et de bases
fortes. H+ étant plus électronégatif et plus petit que la plus part des cations qui assurent la
cohésion des silicates (Ca ++, Na++, Al+++, K+) va alors pénétrer profondément les réseaux et
se lier aux O2- des tétraèdres, ce qui provoque l’expulsion et l’élimination des cations  la
dissociation des charpentes des minéraux.

Etude d’un exemple : l’Orthose (K[Si3AlO8])


Au cours de l’hydrolyse, les H+ s’attachent préférentiellement aux O2- des tétraèdres
[Si3AlO8] et finit par créer un excès de charge positive qui sera alors corrigé par l’expulsion
de K+, facile tant que le milieu est suffisamment drainé. La libération de Al détruit
progressivement toute la structure du cristal. Selon l’intensité de l’hydrolyse, on distingue
trois types principaux d’altération ayant comme point de départ l’Orthose :

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. Orthose + eau  Illite + Silicium + Potassium (en solution) ; En cas de mauvais
drainage, il se forme de la Smectite.

. Orthose + eau  Kaolinite + Silicium + Potassium (en solution)

. Orthose + eau  Gibbsite + Silicium + Potassium (en solution)

La formation des minéraux en particulier des minéraux argileux est contrôlée par divers
facteurs tels que le pH et le potentiel redox (Eh) de l’eau et du sol, le degré de lessivage, la
composition des roches – mères ou des sédiments.
Dans des conditions de drainage limité (pluviométrie faible, zone tempérée) le principal
minéral formé est l’illite. Le chlorite se forme en climat tempéré dans des conditions de
drainage modéré, mais elle est facilement oxydée. Elle prend naissance aussi dans des sols
acides et dans les sols des régions froides de haute et de basse altitude, lorsque les processus
chimiques sont au ralenti. La formation de la montmorillonite a lieu dans des conditions
variées. Elle peut se faire dans des conditions moyennes de lessivage et d’altération, ou bien
dans les sols à pH neutre, bien drainés des milieux tempérés ou, enfin, dans des conditions
d’aridité ou de semi – aridité lorsque le drainage est mauvais et le pH très alcalin. La
kaolinite est caractéristique des sols intertropicaux acides à lessivage intensif.
En domaine marin, les facteurs essentiels de la distribution des argiles sont la granulométrie
et les transformations minéralogiques. La floculation des argiles dépend des changements
physico-chimiques de l’eau, en particulier du couple Eh – pH et de la salinité. Dans les zones
peu profondes et sur la plate-forme continentale, la distribution des argiles suit une certaine
zonalité, la kaolinite étant abondante dans les zones agitées, l’illite et la chlorite en zone plus
profondes.

B. Les constituants carbonatés


1. Le système carbonate

CaCO3 + CO2 +H2O (HCO3)2 + Ca2+

 Augmentation [CO2] Dissolution de CaCO3


 Diminution [CO2] Précipitation de CaCO3 ( cas dans eau
chaude, eau agitée, eau sous faible pression)

Dans l’eau de mer on trouve du carbone inorganique dissous sous quatre formes :
 Deux formes neutres (CO2 dissous et H2CO3)
 Deux formes anioniques HCO3– et CO32-

2. Principaux minéraux carbonatés – Conditions de genèse

Les deux principaux carbonates de calcium, sont la calcite et l’aragonite. L’aragonite est
caractéristique du milieu marin. C’est un minéral instable, qui, dans les sédiments, a tendance
à évoluer en calcite. Ce qui fait qu’il est rare dans les séries sédimentaires anciennes.
La calcite, contrairement à l’aragonite peut se former aussi bien en eau douce qu’en milieu
marin. En milieu continental, précipite essentiellement de la calcite non Mg. La calcite
marine comprend des formes faiblement et fortement Mg. Les premières renferment moins de

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4% de MgCO3 ; les secondes atteignent jusqu’à 19% de MgCO3 mais tendent à évoluer au
cours du temps en calcite peu Mg. L’aragonite, très pauvre en Mg, peut par contre contenir
jusqu’à 1% de strontium substitué au calcium.
Dans les sédiments calcaires récents, la minéralogie varie selon la nature des organismes et la
température de l’eau. La calcite fortement Mg abonde dans les sédiments des régions
intertropicales ; la calcite peu Mg est fréquente en zones tempérées.
La dolomite est un carbonate mixte de Ca et de Mg qui apparaît essentiellement au cours de
la diagenèse.
Les carbonates de calcium peuvent être d’origine chimique ou biochimique.

2. Carbonates d’origine physico - chimique

La précipitation inorganique des carbonates de calcium n’est importante que dans quelques
endroits des mers tropicales et subtropicales. Elle est favorisée par les processus qui font
diminuer la quantité de CO2 comme la température élevée ou la photosynthèse. La
précipitation directe de la calcite est inhibée par de fortes teneurs en Mg dissous.
L’alcalinité favorise la précipitation de calcite, l’acidité entraîne sa dissolution.

3. Carbonates d’origine organique

De nombreuses roches carbonatées résultent de l’accumulation de squelettes organiques. Ce


sont des lumachelles. Elles sont constituées d’éléments de taille variable, pouvant aller des
éléments figurés grossiers entiers ou brisés, aux Coccolithes micrométriques des matrices
sédimentaires. Les principaux constructeurs de carbonates biogènes sont les Mollusques, les
Brachiopodes, les Coraux, les Echinodermes, les Bryozoaires, les Foraminifères et les
Algues. D’autres organismes peuvent participer activement à la constitution des sédiments
calcaires, notamment les spongiaires à spicules calcaires, les Crustacés (Trilobites) et les
Ostracodes.

C. Autres constituants des roches sédimentaires


1. Silice
a. – Les minéraux de la silice
Les minéraux de la silice sont représentés dans les roches sédimentaires essentiellement par
le quartz. Il n’existe pratiquement pas de roches sédimentaires totalement dépourvue de
quartz. Le quartz est le minéral le plus stable dans les conditions sédimentaires ; il présente
une grande résistance mécanique et chimique, illustrée par sa dureté (dureté 7).
L’opale et la calcédoine sont deux autres variétés de silice. L’opale est de la silice hydratée
(SiO2, nH2O), pratiquement amorphe ; elle présente une structure particulière constituée par
un empilement de petites billes de silice hydratée de taille variable qui laissent entre elles des
vides. Parfois les dimensions des billes sont peu différentes et leur arrangement plus régulier
imite alors un réseau cristallin. La calcédoine est de la silice fibreuse. Il en existe plusieurs
variétés dont l’agate et l’onyx sont particulièrement bien connus.

b. – Origine et fixation de la silice


Dans les eaux naturelles, la silice est dissoute sous la forme d’acide H4SiO4. Cette silice
dissoute provient essentiellement des continents. La teneur en silice dissoute est plus
importante dans l’eau des fleuves (13 p.p.m.). La précipitation directe de silice est
exceptionnelle dans les milieux naturels superficiels : tant que la teneur en silice des eaux est
inférieure à 120 ppm, ce minéral reste sous sa forme dissoute. L’essentiel de la silice

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dissoute est fixée par les organismes à tests siliceux qui constituent une étape importante dans
la genèse de la plupart des roches siliceuses. Ces organismes sont essentiellement des
Diatomées1 et les Radiolaires2. On trouve aussi à un moindre degré les Spongiaires à spicules
siliceux, benthiques et les Silicoflagellés, planctoniques.

c. – Dissolution de la silice dans les eaux superficielles


La silice fixée par les organismes est rapidement dissoute dans les eaux superficielles sous
saturées, et peut participer ainsi à de nouvelles croissances de Diatomées et de Radiolaires.
Une grande partie de la silice est ainsi impliquée dans un cycle court et répétitif de fixation
biologique et dissolution, caractéristique des eaux marines superficielles. La dissolution de la
silice diminue avec l’augmentation de la profondeur et la baisse de la température. Ainsi, les
dépôts siliceux sont d’autant plus favorisés que la productivité est élevée et la profondeur
d’eau importante.

2. Phosphate
Le plus important et le plus abondant minéral phosphaté est l’apatite, de formule Ca5 (PO4)3
R, avec R un radical pouvant être du fluor, du chlore ou un groupement hydroxyl.
L’altération des minéraux apatitiques conduit à des phosphates non apatitiques dont les plus
importants sont les phosphates d’alumine et de fer, minéraux particulièrement signalés à
Lam Lam. Les plus communs sont la Millisite, la Crandallite, l’Augelite et la Wavellite.

Phosphore Fixation concentration


Phosphate biogène Phosphore soluble
microorgan.

Mg Ca

Précipitation
Phosphate sédimentaire

L’essentiel du phosphore qui a donné les phosphates sédimentaires est d’origine marine
profonde. Il est essentiellement fixé par voie biologique. Le phosphore précipite sous forme
d’apatite sédimentaire en milieu relativement réducteur.
La précipitation est favorisée par la présence de matière organique non oxydée et un relief
sous – marin faible. Les bassins côtiers africains constituent de bons exemples de tels pièges
géochimiques. Les remontées d’eau froides (upwellings) sont également un facteur favorable
à la fixation du phosphore.

3. Matière organique

Elle est généralement représentée en faible quantité dans les sédiments. Sous certaines
conditions, elle peut s’accumuler et donner na issance à des sédiments organiques. Ces
conditions, indépendantes de la profondeur, sont au nombre de trois :
 Une productivité élevée (plancton, vases terrigènes côtières)
 Eaux pauvres ou mal renouvelées en oxygène (bassins clos ou semi – clos)

1
Algues planctoniques surtout marines.
2
Protozoaires exclusivement planctoniques et marins.

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 Une soustraction rapide à l’oxydation grâce à l’enfouissement (vitesse élevée de
dépôt)
 une granulométrie fine, limitant les échanges entre le sédiment et les eaux
oxygénées.

La matière organique est un constituant banal des sédiments, généralement présent en


faibles teneurs.
A titre d'exemple, les grès contiennent en moyenne 0,05% de matière organique, les
calcaires 0,3% et les roches pélitiques 2%.

Origine de la matière organique sédimentaire

Le processus fondamental de production de matière organique est la photosynthèse qui


produit des molécules organiques à partir de l’énergie lumineuse, de l’eau et du CO2.

On peut résumer les réactions complexes de la photosynthèse a partir de l’exemple du


glucose

Énergie

6 CO2 + 6 H2O C6H12O6 + 6 O2

lumineuse

La matière organique produite est recyclée rapidement et une infime partie est incorporée
dans les sédiments. Le cycle général du carbone comporte ainsi deux sous-cycles :
1. Un CYCLE BIOLOGIQUE à rotation rapide lors duquel la matière organique est
produite par photosynthèse, dégradée par des processus physico-chimiques et
biochimiques et recyclée dans les chaines alimentaires.

2. Un CYCLE SEDIMENTAIRE alimentée par des fuites infimes du cycle biologique


(1 %) a rotation très lente lors duquel la matière organique subit des transformations
sous l’action de l’enfouissement et de la température et évolue alors vers un mélange
constitue d’un résidu carbone et de molécules simples

La surface de l’Océan est le siège du recyclage de la matière organique. En sédimentologie le


concept utilisé est celui de PRODUCTION NOUVELLE. Il caractérise la part qui échappe
au recyclage.

Production nouvelle : flux de carbone organique présent en dessous de la zone photique.

Entre la zone photique et le fond de l’océan, il y a décomposition de la matière organique par


des processus biologiques et physico-chimiques notamment dans la zone a oxygène minimum
(ZOM).
A l’intérieur du sédiment, dans la zone de bioturbation, intervient une destruction importante
de la matière organique. Si le taux de sédimentation est important, alors la bioturbation est
limitée, ce qui favorise la préservation de la matière organique dans les sédiments.

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Les principaux sédiments organiques sont les schistes bitumineux, le pétrole, le gaz, le
charbon, le lignite et son équivalent actuel, la tourbe. Passons-les en revue.

3.1. LES SEDIMENTS ORGANIQUES ACTUELS

Les types principaux en sont l'humus, la tourbe et le sapropel. L'humus consiste en de la


matière organique fraîche, localisée dans la partie superficielle des sols. Une fois déposée,
cette matière organique subit plusieurs stades de dégradation.

3.2. LES SEDIMENTS ORGANIQUES ANCIENS

On les classe en deux groupes principaux: les sédiments organiques formés in-situ comme la
tourbe et l'humus (groupe humique) et les sédiments constitués de matière organique
transportée ou déposée en suspension comme les sapropels (groupe sapropélique). La plupart
des lignites et charbons appartiennent au groupe humique, avec des contenus en matière
inorganique inférieurs à 33% (argile, silt, sable) alors que les schistes bitumineux et certains
charbons ("cannel coals", "boghead", formés principalement de débris allochtone de plante et
d'algues) font partie du groupe sapropélique; leur contenu en matière inorganique peut
dépasser 33%.

3.3. LES CHARBONS

Les charbons sont issus de l'évolution diagénétique de débris végétaux. Ainsi, les charbons
humiques forment une série continue depuis la tourbe jusqu'à l'anthracite, en passant par le
lignite et le charbon bitumineux. On appelle houillification les processus physico-chimiques
et organiques intervenant au cours de la transformation de la tourbe en charbon

3.4. LES SCHISTES BITUMINEUX

Il s'agit de sédiments fins contenant de 4 à 50% de bitume ou de kérogène. On y observe une


fine lamination, faisant alterner lamines organiques et lamines détritiques. L'origine de la
matière organique semble être algaire.

3.5. LE PETROLE

Le pétrole est un mélange de solides (bitumes), de liquides (huiles) et de gaz. Sa formation


résulte de l'évolution, au cours de l'enfouissement, de la matière organique piégée dans des
sédiments (roches-mères). Cette matière organique à l'origine du pétrole est appelée
kérogène. A partir de ce kérogène, des réactions thermocatalytiques produisent des alcanes et
des naphtènes, les principaux constituants du pétrole.

4. Evaporites
Ce sont des dépôts essentiellement chimiques et de climat chaud, riches en chlorures et
sulfates alcalins. Ce sont des sels qui précipitent par suite d’une forte concentration de
saumures suivie d’une évaporation intense, généralement dans des environnements lagunaires
peu ou pas liés à la mer ou bien dans des milieux lacustrés sursalés. Les évaporites actuelles
sont surtout liées à des lagunes ou deltas. Leur extension est toujours relativement limitée
contrairement aux grandes séries évaporitiques des temps géologiques anciens. Trois types de

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bassins peuvent conduire à la formation de telles séries. Les bassins peu profonds, à faible
recouvrement d’eau correspondent à des milieux subsidents sous l’effet de la masse de sels
cristallisés. Des lagunes évaporitiques supratidales peuvent s’y développer, avec des dépôts
progradants vers le large. Les bassins profonds, à faible recouvrement d’eau sont
généralement isolés de l’océan ouvert par un seuil élevé et ne sont que périodiquement
alimentés. Les bassins profonds sous épaisse tranche d’eau marine peuvent être affectés
par une évaporation particulièrement intense, qui permet la sursaturation des eaux, la
cristallisation des sels et leur dépôt sur le fond marin.
Les séries évaporitiques sont caractérisées fréquemment par l’existence de cycles
sédimentaires répétés, d’ordre métrique, qui traduisent en particulier la succession d’épisodes
secs et plus humides.

5. Minéraux de fer

Le fer est présent dans pratiquement toutes les roches sédimentaires. Il y est présent sous des
formes diverses : Oxydes, Hydroxydes, Carbonates, Sulfures,
Silicates
L’altération des roches-mères sur le continent libère le fer qui est alors transporté par
les eaux courantes sous forme de complexes ou bien à l’état ionique. Ce fer va se déposer en
milieu marin en présence d’alcalins et surtout de calcium.
Selon que le milieu est réducteur ou oxydant, l’évolution du dépôt lors de la diagenèse
sera différente.
- En milieu réducteur (bas-fonds mal aérés, riches en matière organique), il
se forme des minéraux ferreux, tels que la sidérose et la pyrite.
- En milieu oxydant (milieux agités à eau renouvelée par des courants), le
dépôt se transforme en minéraux ferriques, en particulier hématite et
goethite.

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