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Priorité 4 : « Assainissement Urbain et Industriel »

TG1 : Traitement des rejets Industriels


DRAFT Rapport relatif à l’objectif cible n°1 (MED 4-1)

1. Intitulé de l’objectif cible MED 4.1

D’ici 2020, chaque pays méditerranéen a défini et mis en œuvre les modalités techniques
et économiques selon lesquelles les effluents industriels pourront être rejetés dans les
réseaux publics d’eau usées ou dans le milieu naturel.

Remarque :
L’objectif cible est défini au niveau des Etats. Cependant, les solutions à mettre en œuvre et
engagements à prendre pour atteindre cet objectif concernent l’ensemble des acteurs
intervenant aux différentes échelles territoriales (Etats, autorités locales et régionales, agences
de bassin, professionnels…).

2. Contexte et enjeux de la cible

This section (2-3 pages) should present the background (reports, international and regional
conferences, existing programs) and rationale (current relevance for the region, urgency,
strategic fit) of the target and its associated solutions.

2.1 Contexte

La côte Méditerranéenne abrite une population de plus de 100 millions d’habitants et 200
millions de touristes chaque année mais aussi de nombreux industriels parmi lesquels plus de
200 complexes pétrochimiques mais aussi des exploitations minières traditionnelles, des
industries classiques de textile, engrais, chimie, cimenterie, industries agro-alimentaires,
traitement de surfaces et enfin des industries traditionnelles comme les tanneries, les huileries,
les conserveries, les brasseries.

Dans le cadre de la convention de Barcelone, les pays méditerranéen se sont engagés à traiter
80% de la pollution humaine arrivant dans la mer méditerranée. Si des efforts considérables
ont été réalisés d’un point de vue de l’assainissement urbain, l’assainissement industriel reste
le plus grand challenge pour atteindre cet objectif de dépollution de la Méditerranée.

En effet, alors que les rejets domestiques font l’objet d’une stratégie définie d’assainissement
public et de moyens conséquents mis en œuvre, les rejets industriels restent encore souvent un
problème qui se pose à posteriori et dont les mécanismes de traitement à la fois au niveau
institutionnel, technique et financier sont mal définis.

2.2 Spécificités de la pollution industrielle

Cette pollution industrielle, plus difficile à traiter du fait de la multiplicité des maîtres
d’ouvrages concernés, de leur éventuel manque de conscience et de compétence sur ce sujet
mais parfois aussi de l’absence de financements disponibles, a des impacts très négatifs.

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Dans le cas de rejets dans le milieu naturel, la pollution peut mettre en danger la santé des
habitants et mettre en péril des utilisations de la ressource pour l’eau potable, l’agriculture, la
baignade…

En cas de rejet dans le réseau public, cette pollution peut menacer le bon fonctionnement du
système d’assainissement public (dysfonctionnement et dégradation des ouvrages,
accroissement des coûts de maintenance et d’investissement, difficultés de valorisation des
sous-produits...). En effet, certaines industries comme la pétrochimie, les tanneries, les
traitements de surface, les dinanteries ou les huileries produisent des rejets toxiques pour les
organismes biologiques épurateurs (que ce soit dans le milieu naturel ou dans les STEP) mais
également chargés de métaux que les procédés d’épuration ne pourront pas éliminer et qui
auront donc vocation à se concentrer le long de la chaine alimentaire. Pour ce type de rejets,
une modification du process afin d’isoler les effluents toxiques et de les collecter et évacuer
vers des décharges sont nécessaires. Certains éléments (huiles mécaniques etc…) peuvent
aussi être séparés dans des prétraitements.

D’autres industries produisent des rejets organiques (agro-alimentaire, brasseries, etc) qui ont
cependant des caractéristiques de concentration et de salinités différents des effluents
domestiques. Ils peuvent donc généralement être admis techniquement dans un réseau public
après un prétraitement adapté. Dans certains cas, la salinité ou l’acidité des effluents
(conserveries) impose également un prétraitement adapté afin de ne pas mettre en danger les
process de traitement biologiques de l’épuration des eaux usées domestiques.

Enfin souvent, la prise en charge d’effluents industriels dans des STEP conduit à retrouver des
pollutions spécifiques au niveau des boues de stations d’Epuration qui interdisent leur
valorisation agricole.

Une autre caractéristique des effluents industriels qui les rend difficile à gérer est leur forte
variabilité dans le temps. Ainsi pour de nombreuses industries (huileries, conserveries,
laiteries), l’activité est irrégulière et engendre des difficultés de dimensionnement des
installations de traitement.

Le dernier point est la forte variabilité des polluants qui peuvent être contenus dans les
effluents industriels, complexifiant la définition de normes de rejets qui sont donc souvent
établies par branche, voir au cas par cas. Enfin cette diversité de polluants rend aussi difficile
l’analyse de la qualité et de la concentration qui requière des laboratoires d’analyse
spécialisés.

2.3 La pollution industrielle en Méditerranée

Dans ce contexte, une étude coordonnée par MEDPOL en 2003 a réalisé un état des pollutions
industrielles affectant directement ou indirectement les écosystèmes marins en Méditerranée.
L’objectif était de disposer d’un état de référence pour évaluer les tendances à venir en
relation avec les démarches de gestion de la pollution industrielle en cours dans tous les pays
de la région.

Certains pays ont quand à eux quantifiés leurs rejets industriels et ciblés leurs priorités.

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Parmi eux, la Tunisie compte avec 5000 unités industrielles répertoriées correspondant à des
rejets d’environ 140 000 m3/j dont seulement 1/3 sont traités, 3500 d’entre elles rejettent
leurs eaux dans les réseaux de l’ONAS avec ou sans prétraitement.

2.4 Une problématique technique mais aussi économique et institutionnelle

D’un point de vue technique et opérationnel les questions qui se posent pour gérer un rejet
industriel sont les suivantes :
- Faut-il ou non raccorder les rejets au réseau public ?
- En cas de raccordement, quels prétraitements doivent être mis place ?
- En cas d’assainissement individuel, quels types de traitements doivent être mis en
place ?
- Dans tous les cas quel est l’impact financier pour l’industriel ?
- Qui et comment exploiter ces ouvrages de traitement de la pollution industrielle ?
- Comment et qui doit contrôler le fonctionnement de ces installations ?

Mais les considérations d’ordre institutionnel restent encore plus vastes :


- quels sont les mécanismes de contrôle ou autocontrôle ?
- qui doit être responsable de la police de l’eau et quels moyens doivent être associés ?
- quelle réglementation minimale, comment définir les normes de rejet ?
- quels mécanismes de financement (subvention…) ?
- quelles incitations (certification, communication…) ?
- faut-il un cadre homogène ou un cadre adaptable en fonction du niveau de risque des
industriels ?

3. Plan d’action de la cible et engagements

The Target Action Plan should outline the key steps and milestones to be taken to achieve the
target within its SMART deadline. It should also present the key commitments already
gathered by the RTG in support of the Target and/or of the identified solutions. Commitments
can be taken by politicians (governments, parliamentarians, local authorities), funders
(cooperation agencies, foundations, international funding organisations) or institutions
(International Organisations, NGOs, etc.) (4-5 pages)

En matière de résultats, l’engagement de dépolluer 80% des rejets industriels en


Méditerranée, en tant que déclinaison de l’objectif H2020 plus global est celui qui semble le
plus emblématique et le plus facile à suivre.

Dans le détail, les engagements qui pourraient être pris par les partenaires sont les suivants :
 Les acteurs politiques (gouvernements, parlementaires, autorités locales)

Un « objectif souhaitable » à retenir en matière institutionnelle à l’échelle régionale et à
l’horizon 2015 serait que chaque pays ait défini un cadre institutionnel qui précise les
rôles de chaque acteur et les entités responsables du contrôle des rejets industriels dans
les réseaux publics et dans le milieu naturel.
En matière économique, un objectif souhaitable est la mise en place du principe pollueur
payeur pour les charges d’exploitation à minima d’ici 2025.

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En matière de contrôle, un objectif à horizon 2020 serait que l’ensemble des pays
méditerranéen aient évalué les rejets industriels qu’ils produisent et ciblé les plus
importants pour lesquels une démarche volontaire sera mise en place (classement des
établissements industriels)
S’engagent à mettre en œuvre des mesures incitatives pour le traitement des effluents
industriels (labels, appui technique, sensibilisation).

 Les bailleurs de fonds


S’engagent à promouvoir les financements innovants comme les lignes de crédit bancaire
pour l’assainissement industriel ou les fonds de dépollution (type FODEP).
 Les industriels
S’engagent à optimiser leurs process internes pour diminuer la quantité et la
concentration des rejets d’eaux usées
S’engagent dans une démarche conduisant à diminuer l’impact de leurs rejets d’eaux
usées dans le milieu naturel.

4. Solutions

Synthesis note on promising solutions gathered (5-7 pages)


This section should read as an executive synthesis of the different types of promising
solutions for the geographic area considered that were either identified by the RTG or
contributed directly by stakeholders, and that may contribute to achieving the target. It should
mention and develop links with the online Platform of Solutions for in-depth and future
reference.

4.1 Renforcer et clarifier le cadre institutionnel

D’un point de vue institutionnel, la gestion des rejets industriels ne peut se faire que grâce à la
définition claire des rôles entre les multiples acteurs.

Afin de préserver le milieu naturel, les effluents industriels peuvent être, soit traités de
manière autonomes avant un rejet dans le milieu naturel, soit être rejetés dans des réseaux
publics où ils seront traités conjointement avec les effluents domestiques.

Pour cela il est nécessaire de clarifier le rôle des acteurs et de définir en particulier quelle
institution est responsable d’autoriser ou non les rejets industriels dans le réseau public et
quelle institution est responsable du contrôle des rejets industriels directement dans le milieu
naturel. Chacune de ces institutions peut être locale ou nationale mais doit être dotée des
moyens pour mettre en œuvre cette gestion.

Concernant les rejets dans les réseaux publics, les institutions généralement désignées pour
autoriser les rejets sont les opérateurs nationaux ou locaux de ces réseaux publics. Ils doivent
donc définir des normes de rejets dans le réseau public et les moyens de contrôle associés.

En effet, si certains effluents industriels ont des caractéristiques proches des effluents
domestiques et peuvent être acceptés en prenant en compte leur charge dans le
dimensionnement des stations d’épuration et moyennant la mise en place d’un prétraitement
(brasseries, industries alimentaires), d’autres peuvent mettre en danger le fonctionnement des

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installations (huileries, tanneries, dinanteries…) et doivent faire l’objet de collecte et
traitement spécifiques.

Encadré 1 : cadre institutionnel en Espagne

Plusieurs pays ont déjà défini un cadre institutionnel clair. C’est le cas en particulier de
l’Espagne qui compte avec un système de régulation national à travers le décret 2/2001
interdisant les rejets industriels dans le milieu naturel ou dans les réseaux publics, à moins
qu’ils n’aient été autorisés par les régions qui sont donc complètement responsables de la
gestion des rejets industriels sur leur territoire. Les autorisations délivrées par les collectivités
doivent aussi prévoir un système de contrôle des rejets. La régulation oblige les collectivités
à appliquer sur ces rejets une taxe servant à leur contrôle qui est basée sur le type d’industrie,
le degré de pollution et la qualité du milieu récepteur d’environ 0,03€/m3.

Dans la région de Madrid, la loi 10/1993 précise que les rejets industriels doivent faire l’objet
d’un prétraitement avant d’être rejetés dans les réseaux publics. Afin de bénéficier de cette
autorisation, les industriels doivent être enregistrés dans un fichier unique qui servira aux
contrôles ultérieurs. Chaque autorisation de rejets définit ensuite les charges admissibles, les
besoins en maintenance de la part des industriels et les contrôles à effectuer y compris
autocontrôle. L’agence régionale de l’environnement est chargée de réaliser les inspections et
contrôles pour les rejets dans le réseau public. La loi définit également des valeurs limites de
déversement dans le réseau public pour un grands nombre de paramètres (DBO, DCO,
métaux, cyanures, arsenic etc.). Les autorités de bassin sont quant-à elle en charge du contrôle
des rejets dans le milieu naturel qui sont soumis aux même règles que les rejets des stations
d’épuration publiques.

4.2 Financer l’assainissement industriel

D’un point de vue économique, on peut distinguer trois dépenses principales dans la gestion
des rejets industriels :

1. Les investissements nécessaires à la construction d’unités de prétraitement, de


traitement des rejets industriels ou liées au surdimensionnement de stations
d’épuration publiques. Ces investissements peuvent pour certaines industries être pris
en charge par les industriels eux mêmes, en particulier lorsqu’ils y sont incités
2. Les charges d’exploitation de ces ouvrages (ou la part correspondante liée aux
surcharges industrielles)
3. Les frais de contrôle et de suivi des rejets industriels

La prise en charge de la totalité de ces coûts par les industriels selon le principe « pollueur
payeur » a été bénéfique pour le traitement des rejets des grandes industries mais constitue
souvent un frein à la gestion des rejets industriels des PME dont la structure économique ne
permet pas le recouvrement des coûts complets sans mettre en danger leur activité.

Investissements

Des outils de financement des investissements de traitement et prétraitement industriels


comme le FODEP en Tunisie ou au Maroc, les lignes de crédit bancaires mises en place en
Egypte ou les subventions des agences de l’eau en France sont donc à promouvoir.

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Encadré 2 : FODEP au Maroc, un fonds pour les investissements de traitement
industriel

Au Maroc, un fonds pour la dépollution des entreprises industrielles et artisanales (FODEP)


est géré par le Secrétariat d’Etat à l’Eau et à l’Environnement. Les entreprises dont le bilan est
inférieur à 200 millions de DH peuvent bénéficier de 20 à 40% de subvention de l’Etat
associés à 20 à 60% de crédits bancaires en présentant une demande accompagnée d’un projet
détaillé.

Un retour d’expérience montre néanmoins que les industriels ont besoin d’appui pour monter
les projets et obtenir les financements du FODEP. Plusieurs régies en charge de
l’assainissement (RAMSA, RADEEF…) et l’ONEP fournissent aux industriels un appui afin
de concevoir leurs projets de traitement ou de prétraitement.

Exploitation

Concernant le financement de l’exploitation des ouvrages publics qui reçoivent des effluents
industriels, un système de contrôle adéquat doit être mis en place. En effet, les concentrations
des rejets industriels sont généralement différentes de celles des rejets domestiques et un
coefficient de « poids de pollution » doit à ce titre être établi. Par ailleurs, les industriels
utilisent souvent des sources d’alimentation en eau autres que le réseau public et doivent en
conséquence faire l’objet d’un comptage particulier sur ces sources (forages …).

Encadré 3 Application du principe « pollueur-payeur » par le Grand Lyon


En application de l’article R. 2221-19 du CGCT, tout déversement d’eaux usées autres que
domestiques dans le réseau public d’assainissement donne lieu au paiement, par l’auteur du
déversement, d’une redevance d’assainissement et ce, indépendamment de la participation
aux dépenses d'entretien et d'exploitation. Le calcul de la redevance d’assainissement peut
être effectué soit à partir d’une: redevance assise sur des indicateurs spécifiques au rejet
(application de tarifs ou de coefficients spécifiques à chaque paramètre de pollution), soit
avec une redevance assise sur le volume d’eau prélevé corrigé par des coefficients (coefficient
de rejet, coefficient de pollution).
Variante 1 : évaluation spécifique
Il est conseillé d’appliquer une redevance assainissement assise sur des indicateurs
spécifiques lorsque l’effluent industriel crée une charge importante ou particulière par rapport
au système d’assainissement et, d’une manière générale, lorsqu’il est possible d’évaluer le
coût financier des effets de ces rejets sur le système d’assainissement. Ce mode de calcul
permet de prendre en compte la présence éventuellement de polluants toxiques dans l’effluent
(dans les limites autorisées par la collectivité) notamment sur le possible surcoût
d’élimination des boues de la station.
Variante 2 : volume prélevé au réseau d’eau publique
Ce mode de calcul est le plus utilisé. La redevance est assise sur le volume d’eau prélevé
lorsque la qualité des effluents non domestiques est proche de celle des effluents domestiques.
Le volume d’eau prélevé est corrigé en fonction des volumes effectivement rejetés et de la
pollution que contiennent ces effluents non domestiques. Dans ce mode de calcul, les
composantes investissement (RI) et exploitation (RE) de la redevance (R) sont calculées en
fonction de la quantité d’eau prélevée pouvant être corrigée en hausse ou en baisse par un
coefficient de correction pour tenir compte de l’impact réel de ces rejets sur le service
d’assainissement. On a toujours : R = RI + RE.

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4.3 Evaluer la pollution industrielle, inventorier et cibler les établissements prioritaires

Une fois identifié l’acteur institutionnel en charge d’autoriser et de contrôler les rejets
industriels sur un territoire qui peut être par exemple une collectivité locale à travers son
opérateur de réseaux publics d’assainissement, les progrès en matière de dépollutions
industrielles passent par une estimation de la pollution industrielle sur le territoire
accompagnée d’un « cadastre » des industriels les plus polluants qui doit être tenu à jour.

Encadré 4 : inventaire des rejets industriels de Fès

Parallèlement à la construction de sa station d’épuration et afin de garantir le fonctionnement


de cette dernière, la RADEEF (Régie Autonome d’Eau et d’électricité de Fès) s’est fortement
impliquée dans la gestion des rejets industriels. Une étude a permis de montrer que 40% de la
pollution rejetée dans l’Oued Sebou était d’origine industrielle.

Un cadastre des entités industrielles de Fès a été réalisé. Et complété par des enquêtes visant
à proposer des solutions pour les industriels les plus polluants que sont :

- Les tanneries et les dinanteries responsable de rejets toxiques contenant du chrome, du


Nickel et des sulfures
- Les teintureries
- Les huileries qui rejettent un volume de margines estimé à 246 000 m3/an, cause
d’inhibition biologique incompatible avec les procédés d’épuration classiques
- les conserveries et levureries qui représentent un pourcentage non négligeable des rejets
dans le réseau public
L’enquête a permis de localiser les différents rejets et de proposer des solutions en
particulier le regroupement des dinanteries et des tanneries dans une zone industrielle
équipée d’une station de déchromatation ou la collecte des margines avec mise en place
d’évaporation.

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4.4 Appuyer les industriels au niveau technique

L’inventaire des industriels dont les rejets sont les plus significatifs, la mise en place d’une
règlementation les contraignant à traiter leur rejets directement ou par l’intermédiaire
d’installations publiques, la mise en place de fonds ou ligne de crédit pour financer les
investissements de prétraitement ou de traitement n’est souvent pas suffisant pour assurer une
bonne gestion des rejets industriels.

En effet, nombreux sont les exemples de fonds non utilisés faute de dossiers déposés ou
d’installations de prétraitement ou de traitement non fonctionnelles faute d’exploitation, de
filières de collecte de margines inefficaces.

En effet, peu d’industriels ont des compétences en épuration des eaux usées. Un appui de la
part des professionnels pour concevoir les projets de traitement ou prétraitement des rejets et
mais aussi pour exploiter les installations est indispensable.

En 2010, le Secrétariat d’Etat à l’Eau et à l’Environnement du Maroc (SEEE) a réalisé un


guide pratique de traitement des rejets industriels par type d’industrie composé de nombreuses
fiches pratiques

4.5 Mettre en œuvre le suivi et le contrôle des rejets industriels

Que ce soit au regard d’une norme nationale ou régionale ou à travers son autorisation de rejet
délivrée par l’autorité publique, un contrôle périodique doit être mis en place.

Les modalités de ce contrôle doivent être définies (autocontrôle, contrôles inopinés,


surveillance en continu en fonction du type et de la taille de l’industriel soit à travers des
cadres nationaux (installations classées, accords de branche) soit à travers les autorisations de
rejets ou les conventions de rejets associées.
Encadré 5 : La circulaire du 29 septembre 2010

Pour harmoniser les efforts en matière de surveillance des émissions de substances entre les
industriels et les collectivités en France, une circulaire datée du 29 septembre a été publiée
encadrant la surveillance des substances dangereuses pour les stations de traitement des eaux
usées. Le texte est bâti selon la même logique que la circulaire du 5 janvier 2009 encadrant les
actions vers les ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement). La
démarche proposée comprend les étapes suivantes :
1. PR identifier les maîtres d’ouvrages concernés,
2. Leur faire réaliser une campagne de mesure initiale,
3. Sur le rendu de la campagne, imposer règlementairement l’auto surveillance pérenne,
4. Imposer des études pour connaître l’origine de l’émission et les moyens d’y remédier,
5. Imposer / cibler des actions de réduction pour les flux les plus impactant pour l’atteinte des
objectifs (Bon Etat, réduction des flux).

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4.6 Promouvoir les bonnes pratiques, labels et certifications

Pour bon nombre d’industriels, l’opinion publique est un des moteurs de progrès. Ainsi, en
matière de traitement des rejets industriels, la volonté de certaines grandes entreprises
d’afficher une certification environnementale de type ISO14001 a permis de débloquer bien
des situations.

La promotion de cette certification mais aussi la mise en place de labels permettant de rendre
visibles les industriels ayant des rejets industriels conformes à la règlementation en vigueur
est certainement une piste de solution.

Par ailleurs la sensibilisation des industriels et de l’opinion publique peut aussi être un moteur
de progrès.

4.7 La mutualisation du traitement des effluents industriels

Le développement des zones industrielles et la délocalisation des industries loin des centres
ville peut être une solution conduisant à aborder la problématique différemment.
L’expérience tunisienne est à ce titre très enrichissante.

Encadré 6 : Projet de mutualisation des moyens au niveau de zones industrielles en


Tunisie
La gestion des eaux usées industrielles a de nombreux acquis en Tunisie qui sont à souligner
dont principalement les suivants :

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•Un cadre institutionnel qui comprend de nombreux acteurs qui couvrent les différentes
fonctions concourant à la gestion des EUI et un cadre réglementaire bien étoffé
• Les incitations financières mises en place et principalement le fond de dépollution (FODEP)
qui a aidé un grand nombre d'industriels à financer les ouvrages de dépollution.
• Un système tarifaire distinguant les eaux industrielles modulé selon la quantité de pollution.
• Le cadastre des rejets industriels (CADRIN) qui est un instrument précieux et très élaboré
pour le suivi des rejets industriels (RI).
• La station d'épuration de Ben Arous (Banlieue sud de Tunisabritant la zone industrielle la
plus importante du pays) qui est dédiée spécifiquement aux eaux usées industrielles.

Malgré cela, la gestion des EUI en Tunisie souffre encore d’insuffisances et faiblesses dont
les plus importantes sont les suivantes :
• Le système basé sur les stations de prétraitement n'a pas donné les résultats escomptés. Les
industriels n'ont pas les capacités techniques et opérationnelles pour exploiter convenablement
ces ouvrages, si bien que la majorité des installations de prétraitement ne fonctionnent pas
convenablement.
• Le principe « pollueur payeur » n’est mis en vigueur qu’à partir de 2010.
• Le fait que les industriels ne supportent pas le coût réel de la dépollution et du fait de
l'inefficacité du contrôle et des sanctions, les industriels ne sont pas encore motivés pour
minimiser les rejets polluants et pour prendre des mesures simples de séparation des EUI à
l'intérieur de l'usine
• Les groupements de maintenance et de gestion dans leur situation actuelle n'ont pas les
capacités de réaliser ni de gérer des infrastructures d'assainissement des EUI.

Ainsi, de nouvelles perspectives sont envisagées :


Sur le plan technique
Le système basé uniquement sur les stations de prétraitement ne permet pas de maîtriser la
gestion des EUI. Aussi, un programme de station d'épuration des eaux usées industrielles
viendra améliorer le mode de gestion actuel. En effet, ceci permet de mutualiser et de
centraliser les besoins en expertise technique pour l'exploitation.
En outre, de telles stations permettront d'épargner les stations d'épuration urbaines du risque
de contamination ce qui facilitera la valorisation des sous-produits.
Le programme prévu concerne six (6) zones industrielles existantes et quatre (4) zones
projetées.

Sur le plan institutionnel


Les entités représentatives des industriels avec un actionnariat et une gouvernance impliquant
directement les industriels peuvent contribuer à améliorer la gestion des EUI. De telles entités
peuvent être des Sociétés d'Aménagement et de Maintenance (SAM) ou des groupements
d'intérêt économique (GIE). En effet, une responsabilisation accrue des industriels dans la
gestion des EUI permet de les inciter à mieux maîtriser la pollution et à réduire les coûts de la
dépollution.
Une mutualisation des services de dépollution des EUI permet de réaliser des économies
d'échelle.
Une implication substantielle de l'opérateur public national (ONAS) sera probablement
nécessaire à court terme. Mais à moyen terme, on peut envisager un désengagement progressif
de l'ONAS qui gardera un rôle d'appui et d'assistance technique aux SAM. Par ailleurs, il est
important de clarifier le régime de propriété de ces stations d'épuration.
Le recours à une délégation au privé de l'exploitation des stations d'épuration sera l'option à
privilégier. En effet, le développement des partenariats public-privé ou privé-privé (PPP) sera

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bénéfique à la gestion des EUI car le secteur privé peut apporter des gains d'efficacité, les
nouvelles technologies et du savoir-faire. Le privé pourrait même à moyen et long terme être
propriétaire de stations d'épuration et offrir des services directement aux industriels avec un
contrôle et une régulation adéquats.
Quelque soit le montage institutionnel, un système efficace de contrôle et de coercition est la
pierre angulaire d'une gestion durable des EUI. L'ANPE (Agence Nationale pour la Protection
de l’Environnement) doit instaurer et appliquer un système dissuasif et crédible de contrôle et
de sanction. Le montant des amendes doit être bien plus élevé que celui de la redevance.
Le recouvrement des coûts
Pour assurer une gestion durable des EUI, il est nécessaire en plus de l'application du principe
pollueur-payeur d’intégrer le coût de la dépollution dans le coût de production.
Les caractéristiques du tissu industriel (PME) et la conjoncture dans certains secteurs rendent
difficiles l'option de recouvrement total des coûts y compris l'investissement. Il faut par
ailleurs s'assurer que la prise en charge des coûts de dépollution ne constitue pas une menace
pour la compétitivité de ces unités industrielles.
Pour assurer un meilleur recouvrement des couts, il est recommandé ce qui suit:
L'investissement
Pour les stations d'épurations qui seront réalisées par les industriels eux même. Le FODEP
peut contribuer au financement de stations groupées industrielles dans les zones existantes en
octroyant la subvention aux industriels qu'elles desservent. Différents taux de subventions
peuvent être adoptés pour accroître l'effet incitatif et mieux cibler les subventions.
Pour les stations d'épuration qui seront réalisées par l'ONAS, il est proposé d’adopter un
système de quotes-parts spécifiques à chaque zone, calculés d'après la quantité et la charge
qui seront rejetées et réparties une seule fois au début ce qui permet de financer l'intégralité du
coût d'investissements. Par la suite les quotes-parts sont négociables entre les industriels selon
l'évolution de leurs besoins. Les quotes-parts ne donnent pas un droit de propriété mais le
droit de rejeter certaines quantités et certaines charges. On peut aussi accorder des facilités de
paiement pour l'acquisition des quotes-parts sur une période de huit ans par exemple.
L'exploitation
Il est proposé d'adopter un tarif en bloc qui peut, suivant le dimensionnement de la station, se
baser sur d'autres paramètres que la DCO et notamment les métaux lourds. Pour être
équitable, refléter les coûts réels et avoir un effet incitatif, le système tarifaire actuel doit
évoluer pour permettre une augmentation progressive du nombre de paramètres et une
tarification par zone pour mieux refléter les coûts.

5. Recommandations pour le suivi

Compte tenu de la complexité de la problématique et du suivi d’objectifs détaillés, le groupe


recommande le seul suivi d’un objectif global de dépollution industrielle en Méditerranée de
80% à horizon 2020, qui pourrait constituer une déclinaison de l’objectif H2020.

6. Conclusion

Les solutions présentées dans cette session montrent que la Gestion des rejets industriels
demande une implication forte des pouvoirs publics et des opérateurs d’assainissement, dans
le rôle de police de l’eau mais aussi d’appui technique et financier des industriels.

Les rejets industriels sont une conséquence du phénomène économiquement positif qu’est
l’industrialisation. Leur gestion ne peut se faire que par une double approche comprenant à la
fois du contrôle et de la police mais aussi des incitations financières et un appui technique.
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La séparation des eaux industrielles « toxiques » et leur traitement sur des STEP dédiées
comme en Tunisie est une piste d’avenir.

Ces solutions « pilotes » demandent maintenant à être généralisées (« scaling up ») tel est
l’enjeu principal pour atteindre l’engagement de 80% de traitement des rejets industriels en
2020.

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