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Faculté des lettres et des sciences humaines Chouaîb Doukkali

Département de langue et littérature française

Master : culture et littérature francophone moderne

Module : la littérature nègre

Figures féminines emblématiques de la littérature d’Afrique subsaharienne :

« Mariama Bâ et Aminata Saw Fall »

Encadré par :Madame .EDDAHBI Réalisé par : RAZZOUKI AZIZA

Année universitaire : 2023 /2024


Contenu
I. Mariama Bâ :..........................................................................................................................4
1. Sa biographie :.........................................................................................................................4
2. Sa carrière et ses engagements littéraires :.............................................................................4
3. Sa vie conjugale :.....................................................................................................................4
4. Son combat féministe :.............................................................................................................5
5. Une si longue lettre : (roman épistolaire).................................................................................5
6. Résumé du roman :..................................................................................................................5
Conclusion :.......................................................................................................................................6

II . Aminata Saw Fall :.................................................................................................................7


1. Sa biographie :..............................................................................................................................7
2. Ses études :....................................................................................................................................7
3. Sa vie professionnelle :.................................................................................................................7
4. Son engagement culturel :............................................................................................................8
5. Ses engagements littéraires :........................................................................................................8
6. Une écrivaine observatrice et non pas engagée:........................................................................9
Conclusion :.........................................................................................................................................10
Bibliographie de Aminata Saw Fall...........................................................................................11
Bibliographie de Mariama Bâ :.................................................................................................11

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Introduction :

Dès son émergence en 1950, la littérature francophone subsaharienne d’expression


française était la réserve des hommes. La femme n’a rejoint le paysage littéraire africain que
tardivement. La société traditionnelle dans laquelle la femme africaine vivait est une société
patriarcale qui la place au bas niveau. N’ayant pas droit à la formation occidentale la femme
est appelée à se marier à un âge précoce et sans consentement, elle devait accepter la
polygamie, puis on peut la répudier n’importe quand et n’importe comment. Tous ce qu’elle
doit apprendre c’est se taire lorsqu’un homme prend la parole, son rôle c’est d’être une
productrice humaine, gardienne de foyer, et transmise de la culture. Elle doit être soumise
pour ainsi représenter la vertu et l’abnégation.
Pendant les années 1960 ces injustices contre la femme n’ont pas diminué. Mais un
certains nombres de femmes ont commencé à bénéficier d’une formation scolaire, petit à petit
la femme commence à prendre conscience de sa situation de subalterne, d’opprimée, et de
privée de droits. Malgré les contraintes patriarcales, elle sort de sa réserve et se révolte contre
l’homme et la société traditionnelle.
À partir des années 1970 on témoigne de l’entrée des femmes acteurs féministes dans
l’arène littéraire africaine, elles ne sont plus que représentées par les hommes dans leurs
œuvres, mais elles prennent la parole pour parler d’elles-mêmes et de leurs situation
déplorable. L’acte d’écrire devient ainsi une véritable thérapie et un exutoire pour ces âmes
qui ont tant souffert en silence. Mariama Bâ et Aminata Saw Fall sont deux figures féminines
qui ont marqué la scène littéraire africaine et qui allaient faire l’objet de notre travail. Nous
allons voir leurs vies, itinéraires littéraires, ses engagements, et leurs œuvres majeures.

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I. Mariama Bâ :

1. Sa biographie :

Mariama Bâ est l’une des pionnières de la


littérature sénégalaise. Née à Dakar au moment de la crise
économique de 1929, elle perd très tôt sa mère et c’est sa
grand-mère maternelle, de confession musulmane et très attachée à sa culture traditionnelle,
qui se charge de son éducation. Cependant, grâce à l’insistance de son père, un homme
politique ouvert d’esprit, la jeune Mariama fréquente l’école française, obtient son certificat
d’études primaires et intègre l’École normale des jeunes filles de Rufisque, dont elle sort en
1947 avec le diplôme d’institutrice.

2. Sa carrière et ses engagements littéraires :

Elle a enseigné pendant douze ans puis, pour des raisons de santé, a demandé son
affection à l’inspection régionale de l’enseignant du Sénégal. Servir son pays par le biais de
l’enseignement n’a pas été la seule occupation de Mariama Bâ. Issue d’une famille lébou
musulmane de Dakar, elle s’est également engagée dans le militantisme associatif pour une
meilleure prise en compte des questions féminines.

Toute sa vie, Mariama Bâ a tenté de concilier son ancrage à sa culture, sa religion


musulmane et son ouverture vers d’autres horizons culturels. Enracinement et ouverture ont
ainsi constitué les deux pôles parfois conflictuels de son itinéraire marqué d’aspérités.

C’est à l’automne de sa vie qu’éclot son génie littéraire avec la publication d’Une si
longue lettre, un roman qui pose avec force les questions de la polygamie et des castes dans
une société sénégalaise majoritairement musulmane, fortement attachée à ses traditions, mais
traversée aussi de profondes transformations et confrontée à de nouveaux modèles de société.

3. Sa vie conjugale :
Mère de neuf enfants. Mariama Bâ était mariée et divorcée à deux reprises parce que
à cette époque-là le conservatisme autour de la vie des femmes mariées est tel qu’elle ne se
sent pas à l’aise avec ses deux premiers maris, elle ne trouvera un minimum d’équilibre
conjugale qu’à côté de son troisième et dernier mari ; Obèye Diop un homme politique, qui,
luttait à l’époque pour l’émancipation de l’Afrique.

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4. Son combat féministe :
Mariama Bâ s’engageait dans un nombre d’associations féminines en prônant l’éducation
et les droits des femmes. Elle publiait des articles dans la presse locale sur les inégalités entre
les hommes et les femmes, et les traditions qui pèsent sur ses femmes. Dans son œuvre, elle a
critiqué et condamné aussi l’oppression, l’exploitation des hommes à cause des traditions
africaines. Mariama Bâ est morte le 17 août 1981.

5. Une si longue lettre : (roman épistolaire)

Dès sa parution, ce livre a été reçu comme un texte majeur de la littérature africaine
par la qualité de son style et l'acuité des thèmes abordés. C'est désormais un classique
incontournable des lettres africaines, qui laissait entrevoir une carrière littéraire prodigieuse
pour son auteur. La première impression que laisse le livre de Mariama Bâ, c'est l'extrême
sensibilité avec laquelle l'auteur aborde les problèmes sociaux du Sénégal et de l'Afrique
moderne. Bâ a été elle-même mariée et divorcée. Elle sait donc de quoi elle parle. Le livre de
Mariama Bâ ne se limite pas à une charge contre la polygamie. Il devient aussi un véritable
cri contre toutes les pesanteurs que la tradition fait peser sur les femmes africaines et sur la
société dans son ensemble.

6. Résumé du roman :

Une si longue lettre se présente sous forme d’une lettre dans laquelle Ramatoulaye
relate ses problèmes conjugaux de à son amie d’enfance Aissatou. à la fois narratrice et
héroïne Ramatoulaye était mariée à Modou Fall, député bien connu dans son pays et à qui
elle a donné 12 enfants, Ramatoulaye se voit, un jour, imposer brutalement une jeune fille
comme co-épouse. Celle-ci a l'âge de sa fille aînée Daba, dont elle est d'ailleurs copine de
classe.

L'intrusion de cette jeune rivale dans un ménage qui, jusque-là, lui avait procuré toutes
les joies de la vie conjugale, est une véritable déflagration pour Ramatoulaye. Elle s’est
effondrée. Les interrogations qui lui torturent l'esprit illustrent son désarroi : "Partir ?
Recommencer à zéro, après avoir vécu vingt-cinq ans avec un homme, après avoir mis au

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monde douze enfants ? Avais-je assez de force pour supporter seule le poids de cette
responsabilité à la fois morale et matérielle ?"

Alors que sa propre famille, ses enfants et ses amis s'attendent à ce qu'elle divorce de
Modou, elle choisit de rester, prête à faire face aux humiliations, mesquineries et servitudes de
la vie polygamique. Malgré la trahison de son mari, sa tendresse pour lui est restée intacte. Par
contre, c'est Modou qui choisira de disparaître.

Après la mort de son mari d’une crise cardiaque Ramatoulaye choisit de s'occuper
avant tout de l'éducation de ses enfants. Pourtant, elle confiera à sa destinataire, en fin de
lettre : "Je t'avertis déjà, je ne renonce pas à refaire ma vie. L'espérance m'habite"

Conclusion :
Quoi que son œuvre littéraire n’est pas volumineuse mais elle est doté d’une grande
signification dans la scène littéraire puisque Mariama Ba est l’une des premières figures
féminines qui ont pris la plume à côté de l’homme. Ses romans abordent les thèmes qui la
préoccupe tels que l’identité de la femme africaine, les relations hommes-femmes au sein de
la société patriarcale, puis la maternité, le mariage, la polygamie, l’éducation de la femme et
la lutte pour l’équité.

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II . Aminata Saw Fall :

1. Sa biographie :
Auteure d´œuvres narratives, d´essais, de pièces de
théâtre, de poèmes ainsi que d´études et d’articles sur la
littérature africaine, Aminata Sow Fall est née le 27 avril 1941 à Saint Louis, ancienne
capitale du Sénégal.

« Je suis née et j’ai grandi à Saint Louis du Sénégal […] dans un espace planté sur le fleuve Sénégal
[…] Chaque matin, lorsque je sortais de ma chambre, mon regard plongeait dans le fleuve et, au loin,
au-delà de la pointe Sud, j´apercevais la mer. L´infini s’ouvrait à moi et je vivais tous les jours ce
spectacleavec une grande fascination. » Gaasch (2000)

Héritière d´une famille conservatrice, Aminata a été toujours en contact avec les
Français ; elle n’a jamais connu le sentiment négatif de la discrimination ou l’oppression. De
famille musulmane, comme la plupart de ses congénères, elle commence l’école coranique
avant l´école française. Elle se souvient de son enfance comme une étape presque
paradisiaque et elle évoque la maison familiale comme un endroit dans lequel elle a vécu
selon les principes de la dignité et du respect.

2. Ses études :
En 1961, Aminata passe le baccalauréat à Dakar et en 1962, elle quitte le Sénégal pour
aller en France. À la Sorbonne, elle prépare une Licence en Littérature Moderne. Très tôt, se
manifeste son goût pour la lecture née dans son milieu familier. Tout cela justifie non
seulement le choix des études littéraires mais aussi son début comme écrivaine. Elle même
reconnaît que son désir d´écrire est toujours tellement vif qu´elle a le besoin de raconter
Comment vit son peuple.

3. Sa vie professionnelle :

En 1969, elle rentre au Sénégal comme professeur de Lettres et consacre son temps pour
fortifier ardemment l´apprentissage de la langue française en Afrique, c’est pour cela qu´elle
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fait partie de la Commission de Réforme de l´enseignement du français et elle participe à la
rédaction des manuels scolaires afin de valoriser le français sans jamais mépriser l´importance
de la langue de sa propre ethnie, le wolof :
« Dire que le français est la langue officielle du pays est une réalité objective. J’ai choisi d´écrire en
français sans déchirement, sans aucun sentiment de culpabilité parce que tout simplement dans ma
conscience le français s´est intégré tout naturellement dans mon univers. Il fait partie de mon univers,
de mon patrimoine culturel. » Argy (2012).

4. Son engagement culturel :

Dans les années 80, Aminata est fonctionnaire au Ministère de la Culture dont l’objectif
principal est de favoriser le développement de la littérature en langue française ; de plus, elle
travaille avec intérêt pour divulguer les expressions traditionnelles sénégalaises et pour faire
la transcription de la littérature orale non seulement à la langue coloniale mais aussi aux
langues originaires pour sauvegarder un patrimoine culturel bien significatif.
Les prix obtenus :
En 1997, elle reçoit la nomination de Docteur Honoris Causa de l´Université de
Massachusetts ; elle obtient aussi de nombreux prix et distinctions. En 2015, elle est
récompensée à la Sorbonne par la diffusion de la langue française.

5. Ses engagements littéraires :

Quant à la littérature, Sow Fall affirme toujours que sa littérature n´est pas politique
car ce qu’elle veut c´est observer et démontrer les attitudes des individus.
Médoune Guèye considère que Sow Fall a notamment un engagement social « où les notions
d´égalité et de fraternité et le sens du partage profitent à tout le monde »
C’est le cas de deux romans : La Grève des bàttu et L´ Ex- Père de la Nation. Si son projet se
nourrit des notions d´égalité et de fraternité, une façon d´atteindre cette aspiration est par l
´écriture. En conséquence Sow Fall déclare que toute son œuvre se construit sur le thème de la
dignité humaine :
« Je serais très flattée de pouvoir embrasser une partie de la richesse humaine
de mon pays. Ma préférence, dans mes écrits, est de faire sentir que la richesse
humaine est la plus noble de toutes les richesses. Pour cela, toute l´humanité doit
veiller à la dignité de l´être humain en lui reconnaissant son intégrité.

En effet, situer l´œuvre d´engagement social dans une littérature caractérisée par des
traits réalistes est justement nécessaire afin de montrer et dénoncer tout ce qu´éprouve la

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société sénégalaise. Dans un entretien avec Mme. Céline Argy, elle justifie sa position
littéraire et exprime certaines idées qui ramènent à l´essence de sa poétique narrative : « Je n
´ai jamais pensé m´inscrire dans un courant littéraire. Pour moi, l´écriture est un acte
souverain qui doit jaillir en toute liberté. Le réalisme, pour un écrivain, ne signifie pas
Copier le réel. L´écrivain doit recomposer, recréer, réinventer le réel ». Argy (2012).

Aminata observe que la littérature africaine a été considérée comme une expression de
marginalisation et de l’oppression ; néanmoins elle affirme qu’il s’agit d´une littérature qui
fait partie des lettres universelles. Sa préoccupation et ses remises en questions constituent un
reflet de tout ce qui arrive à la condition humaine, telles que la justice, le respect et la
tolérance.
D´après la romancière, la littérature écrite par des africains doit être conçue dans sa
véritable nature comme source d´enrichissement et d’interaction des cultures afin que la
communauté africaine puisse être connue et comprise dans sa valeur singulière. En effet, les
écrivains occidentaux méconnaissent « l´âme africaine », tandis que le peuple africain connait
l´Occident par sa littérature.

6. Une écrivaine observatrice et non pas engagée:

Au Sénégal, à partir des années 70, la littérature écrite par des femmes présente
certaines particularités. Même s´il y a des romans des auteures qui écrivent sur un « réalisme
autobiographique » c’est--à–dire sur des questions indubitablement internes. contrairement à
Mariama Bâ, Sow Fall n’expose pas les aspects de sa propre vie. Bien que sa situation
familiale favorable et l´éducation reçue conduisent son écriture sur un chemin qui évite les
problématiques du moi, Aminata est une juste observatrice de sa réalité extérieure. La
condition d´observatrice mène son écriture vers des sujets qui la préoccupent vraiment : l´abus
de pouvoir, les différences parmi les classes sociales, la critique des institutions, la
dénonciation de certaines pratiques politiques et mœurs administratives. L´écrivaine
sénégalaise reconnaît que ces inquiétudes thématiques sont issues de « ses propres entrailles
», c´est pour cela qu´elle choisit la solitude quand elle écrit :
« J´ai pensé que l´on devait pouvoir créer une littérature qui reflète simplement
notre manière d´être, qui soit un miroir de notre âme et de notre culture… Je me suis
mise à écrire en prenant comme modèle la société dans laquelle je vivais. Je
m´inspire d’abord de ce que j´observe et de ce que j´entends raconter autour de moi «

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Conclusion :

En somme, Sow Fall considère que la tradition est un processus dynamique qui conduit
vers le futur parce que si l´homme reste dans le passé , la tradition tend à mourir, et avec elle
le substrat de chaque peuple, en évitant ainsi la créativité et le fondement qui constitue les
sociétés avec leur propre ethnie, leurs mœurs, leurs croyances. Aminata soutient tout ce qui
provient de la préservation de ses racines, mais elle accepte aussi, largement, d´autres cultures
comme la base essentielle de chaque peuple. C’est ainsi qu´elle adopte la langue et la
littérature françaises qui constituent le premier bagage et, en même temps, elle prend aussi l
´héritage d’autres pays du monde grâce à la connaissance du français. Néanmoins, Sow Fall
est une représentante authentique de « l´âme africaine ».

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Bibliographie de Aminata Saw Fall :

 Argy,Céline (2012) Entretien avec Aminata Sow Fall.


 http://apf.francophnie.org/spip.php?article1586. Consulté en ligne le 8septembre 2012.
 Gaasch,James (2000) Entretien La Nouvelle Sénégalaise : texte et contexte,
 Éditions Xamal.Aflit.arts.uwa.edu.au/int_gaasch.html.
 Guèye,Médoune (2005) Aminata Sow Fall, oralité et société dans l´œuvre
romanesque. Paris : L´Harrmatan. ( pp 7-12)
 Pfaff, Françoise (1985) Aminata Sow Fall : L´écriture au féminine. Notre Librairie 91.
(p.136)
 Uzoamaka Azodo, Ada (2005) À la recherche de l´âme africaine : écriture et
 imagination chez Aminata Sow
Fall.http://www.iun.edu/~minaua/interviews/Azodo_Entretien_avec_Aminata_Sow_F
all.pdf

Bibliographie de Mariama Bâ :

 Becker Charles, Mbaye Saliou, Thioub Ibrahima (sous la direction de), AOF : Réalités
et héritages. Sociétés ouest-africaines et ordre colonial, 1895-1960, Dakar, Direction
des Archives du Sénégal, 1997.Dia, Alioune Touré (1979), Succès littéraire de
Mariama Bâ pour son livre « Une si longue lettre », Amina 84, 1979.
 Fall, Rokhaya. From women’s voices to women’s writing: the example of Senegal
[Des paroles de femmes aux écrits de femmes : l’exemple du Sénégal], Women and
Activism: Women
 Writers Conference, Harare, 29-30 July, 1999. [Femmes et activisme : Conférence des
femmes écrivaines, Harare, 29-30 juillet 1999], Harare, Bardwel, 1999.
 Ndiaye, Mame Coumba. Mariama Bâ ou les allées d’un destin, Les Nouvelles
EditionsAfricaines du Sénégal, 2007.

 Volet, Jean-Marie, Romancières francophones d’Afrique noire : vingt ans d’activité


littéraire àdécouvrir, The French Review [La Revue française], Vol. 65, N°5, 1992.

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 Volet, Jean-Marie, L’Africaine blanche (1891-1986) : Germaine Le Goff, éducatrice
mythique,Paris, Editions Autrement, 2004.

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