Vous êtes sur la page 1sur 3

Le clonage des animaux d’élevage

Questions-Réponses

Q.1 Qu’est-ce que le clonage ?


Le clonage consiste à permettre la naissance d’un organisme vivant en dehors de la reproduction sexuée.
Chez les animaux, le clonage est possible en transférant le noyau d’une cellule de l’organisme adulte à un
ovule dont on a préalablement retiré le noyau et en implantant ensuite cet ovule chez une femelle
porteuse.

Q.2 Le clonage existe t-il dans la nature ?


La reproduction d’individus génétiquement identiques est généralement la règle chez les microorganismes
ainsi que pour les champignons qui peuvent se reproduire à partir de leur mycélium. Chez les plantes, la
reproduction à partir de bulbes ou de tubercules ou via la multiplication par marcottage, ou à partir de
rhizomes ou de stolons donne des individus génétiquement identiques. Le bouturage et le greffage
permettent de multiplier en grand nombre des plantes qui sont des clones.

Q.3 Qu'apporte le clonage par rapport aux techniques classiques d'amélioration génétique comme
l'insémination artificielle ou le transfert d'embryons ?
Le clonage, en s'affranchissant de la reproduction sexuée, permet théoriquement d'orienter et d'accélérer
l'amélioration génétique. On peut en effet obtenir plusieurs clones à partir d’un géniteur connu ayant des
caractéristiques génétiques particulièrement intéressantes pour l’élevage (résistance à une maladie,
qualité de la viande, …) et répandre ainsi rapidement ses gènes dans les troupeaux.

Q.4 Quelle différence y a t'il entre transgénèse et clonage ?


Ces deux techniques sont fondamentalement différentes :
- la transgénèse consiste à introduire dans un organisme vivant un gène - qui devient ainsi un transgène -
de façon à lui conférer une nouvelle caractéristique génétique qu’il transmettra à sa descendance ;
- le clonage, au contraire, s’oppose à la création naturelle de biodiversité qui caractérise la reproduction
sexuée. Le clonage permet donc de ne pas subir l’inconnu que représente inévitablement la reproduction
sexuée.
Ces deux techniques ont donc des buts totalement opposés, même si dans certains cas la technique de
clonage rend la transgénèse plus efficace.

Q.5 Est-ce que deux clones sont identiques ?


Le clonage permet, en principe, d’obtenir de multiples "copies conformes" de l’animal d’où sont issues les
cellules donneuses de noyau. On peut donc considérer qu’ils sont, pour l'essentiel, génétiquement
identiques. Cependant, en raison notamment de la présence des mitochondries (qui contiennent un
nombre très réduit de gènes) provenant tant de la cellule donneuse que de l’ovule récepteur, les génomes
des différents clones d’un même animal ne sont pas rigoureusement identiques.

Q.6 Les clones présentent-ils des caractéristiques particulières ?


En l'état actuel de la technique du clonage, beaucoup des clones meurent à la naissance ou n'arrivent pas
à maturité et certains sont affectés de pathologies transitoires diverses. Cependant, après 6 mois, tous les
animaux sont apparemment normaux et donnent une descendance qui ne présente plus d'anomalies
détectables.

Afssa septembre 2008 1


Q.7 Pourquoi est-il envisageable de consommer la descendance des clones, et non les clones eux-
mêmes ?
A l'heure actuelle, la technique est peu efficace et un clone est beaucoup trop précieux pour être
consommé. Tout indique par ailleurs que certains clones présentent des anomalies, en particulier une
fragilité vis-à-vis de certaines maladies, mais il semble qu’aucune de ces anomalies ne soit transmise aux
descendants des clones. Ce sont donc les descendants des clones qui pourraient être proposés aux
consommateurs humains mais non les clones eux mêmes. Il ne s’agit donc aucunement de faire naître
des clones en série pour les consommer mais seulement de prolonger la reproduction de géniteurs
validés.

Q.8 Y aurait-il un risque sanitaire associé à la consommation des produits animaux issus des
clones ?
Des études dont les résultats sont très convergents indiquent qu’aucun des paramètres globaux
mesurables (composition de la viande et du lait, présence de substances toxiques ou allergènes,
comportement, santé, reproduction…..) ne suggère qu’un clone présenterait plus de risque à la
consommation qu’un animal normal. A fortiori, cela devrait être vrai des descendants de clones. Toutefois,
ces conclusions ne reposent que sur un nombre croissant mais encore restreint d’observations. Aux
Etats-Unis, la Food and Drug Administration a procédé à une évaluation des risques alimentaires des
produits issus des clones et elle a estimé que la viande et le lait de ces animaux étaient aussi sûrs que
ceux des animaux conventionnels. Un comité scientifique américain a cependant demandé de ne pas tirer
trop hâtivement des conclusions des données actuelles et de ne pas autoriser prématurément la mise sur
le marché des produits issus de géniteurs clonés.

Q.9 Quelles sont les applications possibles du clonage des animaux ?


La première application du clonage est actuellement la recherche scientifique. Il permet notamment
d’étudier les phénomènes de différenciation des cellules de l’embryon à l’adulte. (Ces applications pour la
recherche n’ont pas été abordées dans le rapport de l’Afssa. Voir le site de l'INRA sur ce sujet :
http://www.inapg.inra.fr/ens_rech/bio/biotech/textes/applicat/medesant/clonage/clonage3.htm).
Des recherches sont en cours pour l'appliquer à l'élevage (voir question 11). Dans le futur, on peut
imaginer l'appliquer au sauvetage de race et plus difficilement au sauvetage d’espèces (voir question 12).

Q.10 Cloner des animaux présente t-il un intérêt pour l’élevage ?


Le clonage est encore une technique expérimentale qui est en progrès constant. Il est encore trop tôt pour
dire si le clonage peut présenter un intérêt pour l'élevage car non seulement la technique est peu efficace
mais il faut aussi s’assurer qu’il n’y a effectivement pas de risques génétiques pour la descendance, ce
qui n’a pas encore été évalué suffisamment. Il est difficile de prévoir quel serait l’impact économique du
clonage dans les élevages. Le clonage viendra probablement s’ajouter aux techniques et systèmes
actuellement en place pour la diffusion de l'amélioration génétique en élevage. En aucun cas, le clonage
peut remplacer la sélection classique. Le clonage n’est en effet qu’une exploitation amplifiée d’un
patrimoine génétique existant alors que la sélection classique est créatrice de biodiversité

Q.11 Peut-on espérer préserver par clonage des espèces en voie de disparition ?
Des races animales à l’intérieur d’une espèce, sûrement. Cela a d’ailleurs déjà été réalisé chez le bovin et
le mouton. Pour les espèces menacées, ce n’est à ce jour possible que théoriquement. On a certes pu
obtenir un mouflon par transfert de noyaux dans des ovules de brebis, mais ce succès pourrait avoir tenu
au fait que le mouflon est l’espèce dont dérive le mouton. Un clonage faisant intervenir des espèces plus
différentes pourrait être problématique. Il faut également ne pas oublier que le sauvetage d’une espèce
par clonage suppose qu’on ait trouvé un biotope qui lui convient. C’est justement cela qui fait souvent
défaut et qui menace l’espèce en question. Le sauvetage de race parait plus réaliste.

Afssa septembre 2008 2


Q.12 Le clonage ne risque-t-il pas d’entraîner une réduction de la diversité génétique des animaux
d'élevage ?
La réduction de la diversité génétique résultant d’une utilisation mal contrôlée du clonage représente un
risque réel. Cependant, le choix raisonné des géniteurs obtenus par clonage pourrait, à l’inverse,
contribuer à maîtriser les effets négatifs des méthodes de sélection classique.

Q.13 Ne peut-on pas craindre que des troupeaux de clones manifestent les mêmes fragilités
physiologiques, ou même, que des races entières issues de la sélection puissent être gravement
affectées par de nouvelles maladies ?
Ce serait là l’une des conséquences possibles d’une réduction de la diversité génétique, problème déjà
identifié pour certaines races bovines dans le cadre des méthodes de sélection actuellement mises en
oeuvre. C’est pourquoi l’utilisation du clonage devra, le cas échéant être rigoureusement encadrée, de
façon, non seulement à éviter une réduction de la diversité génétique mais aussi à réduire certains effets
négatifs de la sélection classique. Il ne faut toutefois pas oublier que la reproduction de géniteurs par
clonage ne serait appliquée qu’à des individus ayant déjà eu une carrière satisfaisante de reproducteur.

Q.14 Pourra-t-on par le clonage, créer des chats qui ne perdent pas leurs poils, ou des zèbres sans
rayure, autrement dit, modifier le génome de l’animal ?
Le clonage ne modifie pas le génome d'un individu ou de sa descendance ; au contraire, il le conserve
quasiment "à l’identique". Il permet la conservation et la multiplication d'un patrimoine génétique
sélectionné. Pour introduire dans le patrimoine génétique des descendants d’un animal des caractères qui
n'existent pas dans l'espèce, il faut avoir recours à la transgénèse (ou procéder à des croisements inter-
espèces pas toujours possibles et souvent problématiques).

Q.15 Quels sont les pays qui ont déjà expérimenté le clonage animal ? Sur quels animaux ?
Le clonage est expérimenté dans tous les pays où la recherche est développée (Canada, USA, UE,
Chine, Corée, Japon, Australie, Nouvelle Zélande…). Les espèces concernées sont les principaux
animaux d’élevage (vache, mouton, chèvre, porc, cheval) mais aussi des animaux de laboratoire (souris,
rat, lapin) et des animaux de compagnie (chat, chien).

Q.16 Comment peut-on améliorer nos connaissances sur les conséquences du clonage chez les
animaux d’élevage ?
En conduisant des recherches et des études sur les techniques de clonage, le développement et l'état
sanitaire des clones, avant et après leur naissance, ainsi que sur leur utilisation dans l’amélioration
génétique des populations animales domestiques. Un comité interdisciplinaire pourrait coordonner ces
recherches et contribuer à leur valorisation sous forme de recommandations.

Afssa septembre 2008 3

Vous aimerez peut-être aussi