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« Il ne faut pas être timide avec la caméra.

Il faut lui
faire violence, la pousser jusque dans ses derniers
retranchements, parce qu’elle est une vile mécanique.
Ce qui compte, c’est la poésie. » Orson Welles (1915-
1985)
Vous discuterez cette vision des choses dans le cadre
de la représentation de la violence dans l’histoire en
vous appuyant sur des exemples littéraires et
cinématographiques.
1. Limites du sujet : la littérature et le cinéma
2. Type de réponse attendue : dialectique, on doit
nuancer « discuterez ».
3. Analyser les termes du sujet et faire apparaître
des questionnements.
Orson Welles nous invite à voir la « caméra » comme
un champ de possibles : des points de vue et des de
manières de représenter qui peuvent être très
variées. En littérature, cela correspondrait au
narrateur et le style.
Welles invite à la prise de risques, à
l’expérimentation : « il ne faut pas être timide ».
Il incite à un travail sur ce regard et ce style pour
atteindre l’essence des choses, pour ne pas se
contenter de la simplicité.
En agissant ainsi, on parviendrait à atteindre ce qui est
l’objectif de Welles : la poésie. A savoir, l’idée de
quelque chose de beau, qui fait ressentir des choses,
qui atteint une forme supérieure de vérité.
L’idée de l’expérimentation pose toutefois plusieurs
problèmes : - la vérité ne peut-elle être atteinte que
par des efforts techniques et stylistiques ? ne se
trouve-t-elle pas dans la simplicité du regard ? ; -
l’expérimentation ne peut-elle pas provoquer le
choc ? est-elle-même toujours possible ?
Si l’objectif « de poésie » d’Orson Welles semble
mettre en avant une finalité esthétique, sensible qui
permet d’atteindre une forme de vérité, nous pouvons
nous interroger sur cette vérité-ci.
 La violence de l’histoire ne peut-elle être
représentée qu’à travers un regard fin et travaillé,
seul moyen pour atteindre la vérité ?
Thèse : c’est par un travail exigeant et précis que la
littérature/le cinéma parviennent à atteindre la vérité
de la violence dans l’histoire.
- Sublimer la violence pour mieux la représenter,
pour la faire vivre, pour transcender la
sensibilité / Apocalypse Now de Coppola
- Atteindre l’essence de la violence en décalant le
regard pour rendre compréhensible, par analogie,
ce qu’elle est véritablement / Inglorious Basterds
de Tarantino – Rhinocéros de Ionesco – Voyage au
bout de la nuit de Céline – dystopies
- Créer un contraste pour faire ressortir la
violence : « Le dormeur de val » des Cahiers de
Douai de Rimbaud – La vie est belle de Benigni /
concept du sublime et du grotesque dans le
romantisme (Préface de Cromwell de Hugo)
Antithèse : pour autant, on peut trouver une autre
forme de vérité dans la représentation simple ou
authentique de l’histoire.
- Représenter la vérité historique pour comprendre
et étudier ce qui s’est passé / Nuit et brouillard de
Resnais
- Témoigner pour montrer la réalité vécue par les
gens qui vivent la violence dans l’histoire : Journal
d’Anne Frank, Journal d’Hélène Berr, Si c’est un
homme de Primo Lévi
Synthèse : existe-t-il une vérité atteignable par la
littérature/le cinéma ? La représentation, par
définition, n’est-elle pas une limite/difficulté à la
vérité ?
- « Ce qui compte, c’est la poésie », oui mais la
vérité est toujours biaisée par différentes
influences : politiques (la propagande),
patriotiques (les films américains sur les guerres
qui mettent en avant les américains : Il faut
sauver le soldat Ryan de Spielberg), religieuses
(Tu ne tueras point de Gibson), etc.
- Les mots comme les images (les représentations)
sont impuissantes ou trop faibles pour atteindre
la vérité de la violence dans l’histoire. Celle-ci
dépasse les représentations. (Semprun/Wiesel)

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