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Les jeunes et l'emploi

Enseignements de l'analyse des premières années de vie active


Emmanuel Sulzer
Dans Agora débats/jeunesses 2010/3 (N° 56), pages 103 à 118
Éditions Presses de Sciences Po
ISSN 1268-5666
ISBN 9782296136571
DOI 10.3917/agora.056.0103
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 11/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 197.234.221.38)

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Les jeunes et l’emploi


Enseignements de l’analyse
des premières années de vie active

Emmanuel Sulzer

L
es jeunes, le travail et l’emploi : voilà un thème qui depuis plus de
trente ans mobilise intensément tant l’agenda politique que le
milieu des chercheurs en sciences sociales. Car depuis que les
chocs pétroliers ont donné un coup d’arrêt à l’idée du « plein emploi », le
chômage est devenu, en France, l’un des principaux acteurs de la scène
politique et sociale, et en premier lieu le chômage des jeunes. Cela, a
priori, pour deux raisons majeures : d’une part les jeunes sont plus tou-
chés par le chômage que l’ensemble de la population active et forment
de ce fait une cible prioritaire des politiques d’emploi ; d’autre part il est
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permis de supposer que le chômage des jeunes est socialement moins
« acceptable » que celui d’autres catégories de la population, comme par
exemple les salariés âgés. L’image de jeunes désœuvrés, en dépit de
leurs supposées aptitudes propres à leur âge, est effectivement de nature
à heurter les représentations sociétales, en ce qu’elle met en lumière les
dysfonctionnements d’un modèle de continuité intergénérationnelle basé
sur la croyance en un progrès inéluctable.
Le chiffre souvent avancé aujourd’hui d’un jeune sur quatre au chômage,
bien que peu porteur de sens en lui-même1, peut ainsi légitimement sus-
citer tant l’indignation sociale que la mobilisation politique.
Rien d’étonnant, donc, à ce que d’un côté chaque gouvernement ou
presque depuis celui de Raymond Barre ait proposé des mesures pour
l’emploi des jeunes et que de l’autre de nombreux chercheurs aient fait
de cette question le fer de lance de leurs travaux (voir notamment Rose,
1998 ; Nicole-Drancourt, Roulleau-Berger, 2001). Plus modestement, on
cherchera dans ce texte à brosser un panorama des conditions d’entrée
dans la vie active des jeunes d’aujourd’hui, en mobilisant notamment les
enquêtes spécifiquement élaborées pour éclairer ce thème par le Centre

1. Il s’agit en effet du taux de chômage des actifs de 15 à 24 ans, classe d’âge dans laquelle la
majorité des individus ne sont pas encore entrés sur le marché du travail (et ne figurent donc
ni au numérateur ni au dénominateur du calcul de ce taux). Le taux de chômage des jeunes
débutants oscille pour sa part autour de 12 % après trois ans de vie active.

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d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ). Ces enquêtes


dites Génération (voir encadré p. 105) sont spécifiquement conçues pour
documenter les transitions à l’issue de la formation initiale et, pour ce
faire, substituent à la notion de jeunes (généralement entendue comme
la tranche d’âge des 15-24 ans, voire des 15-29 ans) celle de débutants,
c’est-à-dire l’ensemble des individus quittant le système éducatif une
année donnée. Examinons plus en détail le devenir de ces jeunes entrant
sur le marché du travail.

L’ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE : UN PROCESSUS


PLUTÔT BIEN HUILÉ
Si au niveau individuel, comme on le verra par la suite, l’entrée dans la
vie active peut parfois prendre des allures chaotiques, elle se présente
lorsqu’on l’observe au niveau d’une cohorte comme une montée en
charge linéaire et rapide des situations d’emploi. L’emploi devient la
norme dès la première année de vie active.
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Graphique 1. Évolution de la proportion de jeunes selon leur situation, au
cours des trois premières années de vie active

Source : CEREQ, enquête Génération 2004.


Note: le graphique montre comment évolue la situation de la cohorte sur le marché du travail,
à partir de la formation initiale (FI) vers l’emploi, le chômage, l’inactivité ou la formation.
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Les enquêtes Génération, une source statistique dédiée


à l’étude des entrées sur le marché du travail
Depuis une décennie, le CEREQ réalise tous les trois ans l’enquête dite
Génération auprès d’un échantillon représentatif de l’ensemble des
jeunes (environ 700 000) qui quittent le système éducatif une année don-
née. Ont ainsi été interrogés les sortants de 1998, 2001, 2004 et 2007.
Le cœur de l’enquête est constitué par un calendrier qui informe sur la
situation mois par mois de chaque jeune au regard du marché du travail
(emploi, chômage, formation, etc.) durant les trois années suivant la fin
de la formation initiale, complété par un ensemble d’informations rela-
tives aux emplois occupés et au parcours scolaire préalable. Les
enquêtes auprès des sortants de 1998 et de 2004 ont bénéficié d’échan-
tillons plus importants permettant des réinterrogations à l’issue de cinq
puis de sept années de vie active.

À la fin de cette première année, la part d’emploi dépasse les 75 % pour


la cohorte des débutants arrivés sur le marché du travail en 2004. Elle
n’évoluera plus que marginalement par la suite. De même, et en dépit de
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la crise économique perceptible dès la mi 2007 dans les parcours d’in-
sertion, la part du chômage se stabilise très vite autour de 12 %. Mais
cette apparente fluidité masque l’inégale qualité des emplois occupés
d’une part, l’hétérogénéité des modalités de transitions entre école et
emploi au point de vue individuel d’autre part.

Des emplois de qualité inégale


Les 700 000 débutants qui quittent la formation initiale chaque année ne
sont pas synonymes d’irrigation globale du marché du travail ; en effet,
les segments d’emploi ouverts aux jeunes sont marqués par plusieurs
spécificités qui les distinguent des salariés adultes.
D’emblée, les débutants se distinguent de l’ensemble des actifs de par
les types de contrat sur lesquels ils sont employés, particulièrement en
tout début de vie active : la première embauche n’est à durée indéter-
minée (en CDI ou en tant que fonctionnaire) que dans 30 % des cas. Le
CDD domine alors (38 %), suivi par l’intérim (19 %) et les contrats aidés
(9 %). Cela relève plus d’un mode structurel de gestion de la main-
d’œuvre inexpérimentée que d’une volonté de tester les jeunes salariés
avant de les stabiliser : seuls 14 % de ces embauches initiales en CDD
se verront transformées en CDI. Pour autant, la part des contrats à sta-
tut réputé « stable » s’élève régulièrement au fil des années. Après trois
ans de vie active, les deux tiers des emplois occupés le sont à durée

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indéterminée. Après sept ans, cette proportion dépasse les 80 %2. Le


diplôme détenu par les débutants et la spécialité de ce diplôme gardent
longtemps un fort retentissement sur les risques de se trouver
employés sur des CDD.
Mais la qualité des emplois en période d’insertion ne se résume pas à la
question du statut. Ainsi, à l’issue des trois premières années sur le mar-
ché du travail, près de 10 % des emplois sont encore des temps partiels
subis. Les femmes et les débutants qui n’ont pas poursuivi leurs études
au-delà du baccalauréat sont les plus concernés. Les temps partiels subis
représentent deux tiers de l’ensemble des emplois occupés à temps par-
tiel par les jeunes débutants.

La variété des parcours individuels


Au sein de la cohorte produite par le système éducatif en 1998, la moitié
des débutants ont connu un parcours d’insertion professionnelle rapide,
sans heurt majeur, qui peut s’analyser comme un décalque relatif des
transitions vers l’emploi que connaissaient les générations nées après-
guerre. Là, l’accès à l’emploi et aux statuts réputés stables se déroule en
l’espace d’une à deux année(s) au maximum.
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L’autre moitié de la cohorte s’écarte à des
degrés divers de ces insertions profession-
Pour près d’un jeune sur cinq, si la fin nelles linéaires. Pour près d’un jeune sur cinq,
des études s’accompagne toujours d’un si la fin des études s’accompagne toujours
accès rapide à l’emploi, si la participation d’un accès rapide à l’emploi, si la participation
au marché du travail est très continue, au marché du travail est très continue, le che-
le chemin se déroule en revanche très min se déroule en revanche très longtemps en
longtemps en marge des CDI. marge des CDI. Les emplois-jeunes encore en
vigueur à l’époque ne rendent compte que
d’une modeste part de ces stabilisations para-
doxales en emploi. Elles signent surtout le développement d’une précarité
statutaire à la périphérie de la fonction publique ainsi que des contour-
nements quant au renouvellement des contrats atypiques, en particulier
du côté de l’intérim, dans le secteur privé (Eckert, Mora, 2008). Un autre
cinquième des parcours se ramène à des difficultés d’accès à l’emploi.
Pour les jeunes concernés, des allers-retours entre emploi et chômage
s’étalent ainsi sur plusieurs années avant qu’une régularité du lien à
l’emploi ne finisse par intervenir. Enfin, pour un peu plus d’un jeune sur
dix, le parcours d’insertion demeure durablement grippé – entre épisodes

2. Données pour l’enquête Génération 1998. Celles concernant la Génération 2004 ne sont pas
encore disponibles.
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de chômage récurrents, périodes d’inactivité et difficultés persistantes


d’accès à l’emploi.

Des emplois cantonnés à certains secteurs


Parmi les segments d’emploi ouverts aux jeunes, quatre secteurs d’acti-
vité pourvoient la moitié des premiers emplois aux débutants qui arrivent
sur le marché du travail. Il s’agit des secteurs du commerce, des services
aux particuliers, et notamment de l’hôtellerie-restauration, des secteurs
de la santé et de l’action sociale et du BTP. Les jeunes s’inscrivent donc
massivement dans la tertiarisation de l’économie mais ils constituent
également un vivier pour le recrutement des secteurs de l’automobile ou
des services qualifiés aux entreprises produits par les sociétés d’infor-
matique, d’ingénierie et de conseil.
Contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de lien direct et univoque
entre évolution du volume de l’emploi et embauche de débutants, un sec-
teur en développement pouvant préférer recruter une main-d’œuvre plus
expérimentée. Les mobilités entre secteurs sont ainsi intenses en début
de vie active, et la stabilisation en emploi dépend bien souvent de l’entrée
dans des entreprises de grande taille de secteurs tels que celui de l’éner-
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gie ou de la finance.
Finalement, la ségrégation des emplois entre hommes et femmes est
particulièrement nette dans les débuts de carrières : après sept ans de
vie active, un tiers des jeunes femmes en emploi travaillent dans l’édu-
cation, la santé ou l’action sociale, contre 10 % des jeunes hommes. À
l’inverse, les secteurs de la construction et des biens intermédiaires
regroupent un garçon sur cinq contre 5 % des filles.

Modération salariale pour les débutants


Sans surprise, on notera que le salaire des jeunes est inférieur à celui
de l’ensemble de la population active puisqu’il s’élève à 1 300 euros pour
l’ensemble de la Génération 2004 après trois ans de vie active, contre
environ 1 500 euros pour l’ensemble de la population active3. Si la pro-
portion de jeunes rémunérés au niveau du SMIC contribue naturelle-
ment à cette tendance (pour les diplômés en deçà de bac + 2, les salaires
au premier emploi ne dépassent pour ainsi dire jamais ce seuil), il faut
aussi faire le constat d’un écrêtement des salaires des jeunes les plus
diplômés : entre la Génération 1998 et la Génération 2004, l’écart
de salaire entre les moins diplômés et les plus diplômés passe de 2,10
à 1,92.

3. Il s’agit de salaires médians, sur la base d’un emploi à temps plein.

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Bien que plus diplômées, et même en tenant compte du temps de travail,


les femmes commencent leur parcours d’insertion à des salaires sensi-
blement inférieurs à ceux des hommes. Toutefois, au fil des premières
années de vie active, tout au moins jusqu’à l’arrivée des premiers enfants,
cet écart tend à s’atténuer.

Des emplois plus ou moins déconnectés de la formation initiale


Si accéder à l’emploi est une réussite, l’intégration rapide dans le monde
du travail se fait parfois en décalage avec les acquis scolaires des jeunes.
Ce décalage peut relever tant d’un écart entre niveau de diplôme et com-
pétences associées à l’emploi détenu que d’un désajustement entre spé-
cialité de formation et métier exercé.
Si le terme de déclassement associé au premier type de décalage fait
débat, tant sur sa définition que sur sa portée, il n’en reste pas moins que
les qualifications des emplois occupés par les jeunes peuvent parfois
sembler problématiques en regard de leur niveau de diplôme. Les pre-
mières années de vie active, théâtre de mobilités professionnelles impor-
tantes, voient cependant le déclassement se réduire, sans que cela
s’accompagne nécessairement d’un meilleur ajustement entre emploi et
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spécialité de formation (voir graphique ci-dessous).

Graphique 2. Évolution de l'emploi des diplômés de la Génération 98


au regard de leur formation

Source : Couppié, Giret, Lopez, 2005.


Lecture : lors de la première embauche, plus de 20 % des jeunes en emploi exercent hors de
leur spécialité de formation mais avec une qualification correspondant à leur niveau (partie
droite du graphique) ; après cinq ans de vie active, cette proportion s’est accrue au-delà de
30 %.
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Le phénomène de déclassement ne peut être considéré comme massif


puisque l’accès au statut de cadre par exemple, même s’il n’est pas tou-
jours obtenu dès le premier emploi, concerne par la suite la plupart des
diplômés à bac + 5 et plus. C’est davantage entre les niveaux bac et
bac + 2 que des tensions existent, de l’« ouvrier bachelier » décrit par
Henri Eckert (1999) aux employés titulaires d’une licence, victimes d’un
brouillage des classifications avivé au sein du secteur tertiaire.
Si les jeunes ne vivent pas nécessairement ce « déclassement » de la
manière dont les chercheurs le définissent, ils peuvent pourtant déplorer
les effets qu’il induit, notamment en termes de responsabilités et de
rémunération. Force est pourtant de constater que l’exercice d’un emploi
pour lequel on a été spécifiquement formé est aujourd’hui loin de consti-
tuer la norme, si l’on excepte le cas des professions réglementées
(Béduwé, Espinasse, Vincens, 2007).

QUAND LE PROCESSUS D’INSERTION SE GRIPPE…


Si l’accès rapide et durable à l’emploi concerne une part importante des
cohortes de jeunes débutants, et que ce résultat permet de ne pas brosser
un tableau trop noir de leur entrée sur le marché du travail, une partie
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d’entre eux va connaître, au moins dans les premiers temps de son par-
cours, un certain nombre de difficultés. Ces difficultés d’accès à l’emploi
font souvent la « une » des médias et focalisent l’attention des pouvoirs
publics. Trop souvent considérées de manière univoque, elles mérite-
raient pourtant d’être mieux spécifiées en ce qu’elles ne concernent pas
« la jeunesse » dans son ensemble, en tant que classe d’âge, mais bien
une partie de la jeunesse, dotée de caractéristiques bien spécifiques, et
qui fera les frais de la forte compétition qui régit l’accès au marché du
travail.

Le diplôme continue de protéger du chômage


comme de l’emploi atypique
Si l’aspiration à la stabilité de l’emploi demeure, comme on le verra par
la suite, une préoccupation majeure pour les jeunes en début de vie active,
tous ne sont pas également armés pour la satisfaire, loin s’en faut. Accé-
der à un emploi d’abord, à un emploi pérenne ensuite, reste ainsi gran-
dement facilité par la détention d’un diplôme, et ce d’autant plus que
celui-ci est de niveau élevé. Si les titres universitaires ne garantissent pas
l’accès à l’emploi, ils restent dans leur très grande majorité bien plus
« protecteurs » vis-à-vis du chômage que n’importe quel diplôme du
secondaire. Enfin, l’absence de diplôme constitue un élément toujours
extrêmement pénalisant en termes d’insertion professionnelle. Le taux

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de chômage à l’issue de trois années de vie active est ainsi de 32 % chez


les non-diplômés, tandis qu’il atteint exceptionnellement 10 % pour les
diplômés les moins bien lotis de l’enseignement supérieur. Ces derniers
sont entre 70 et 80 %, selon le niveau et la spécialité, à avoir occupé au
moins un CDI sur la période, ce qui n’est le cas que de 42 % des non-
diplômés.
Pour autant, tous les emplois des diplômés du supérieur ne sont pas de
la même qualité, et certains d’entre eux, notamment les diplômés de
niveau bac + 2, occupent des positions professionnelles instables et mal
payées dans les secteurs des services à la personne ou du commerce. Ils
ont pour la moitié connu, lors de leurs trois premières années de vie
active, un accès à l’emploi différé, voire difficile (Moncel, 2010)
Finalement, la stabilisation en emploi peut également se faire sans accès
à l’emploi stable : c’est le cas de 16 % des jeunes entrants qui vont
connaître des trajectoires de « stabilisation paradoxales » sur des
emplois à durée déterminée longs (Eckert, Mora, 2008).
Outre cette prégnance des CDD, la jeunesse se caractérise aussi par sa
forte présence dans les autres formes particulières d’emploi, celles-ci
jouant plus ou moins selon les publics un rôle de sas vers l’emploi
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durable.
L’intérim, majoritairement masculin et concentré sur les diplômés de
niveau bac + 2 et moins, peut constituer une alternative au chômage mais
conduit moins souvent que d’autres formes d’entrée dans la vie active
vers un emploi à durée indéterminée.
La disparition des emplois-jeunes, le plus souvent occupés par des diplô-
més de l’enseignement supérieur, tend à faire baisser la part des contrats
aidés dans l’emploi des jeunes et à y rendre à nouveau majoritaires les
sortants de l’enseignement secondaire. Les jeunes de ce niveau sont
aussi les plus concernés par l’alternance.

L’absence de diplôme augure mal de l’avenir


Ces difficultés d’accès à l’emploi qui frappent massivement les non-
diplômés ne sont pas un phénomène ponctuel, qui relèverait en quelque
sorte d’un « accident de parcours », mais bien une tendance structurelle
durablement inscrite dans les débuts de vie active de ces jeunes.
Les trajectoires d’insertion considérées comme « éloignées de l’emploi »
concernent 11 % de la cohorte Génération 2004. Derrière cette locution
se cachent les trois premières années de vie active principalement domi-
nées par le chômage ou l’inactivité ; l’absence totale d’emploi concerne
ici près d’un jeune sur deux, et pour les autres les emplois occupés durent
en moyenne de trois à quatre mois. C’est donc plus d’un jeune sur dix qui
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va connaître un parcours dans lequel l’activité professionnelle tient une


place marginale. Mais dans le cas des jeunes sans diplôme, c’est près
d’un sur trois (28 %) qui connaît ce type de parcours, et encore 17 % pour
les diplômés de niveau V tertiaire, ces trajectoires éloignées de l’emploi
devenant rares au-delà du baccalauréat.
Les difficultés d’insertion des jeunes, loin d’être spécifiquement liées à
l’âge, sont aussi le résultat d’un processus d’exclusion scolaire qui fait
que les jeunes qui se présentent les pre-
miers sur le marché du travail sont aussi
les moins bien armés pour y trouver leur Entre 7 et 8 % d’une cohorte vont demeurer
place (Nicole-Drancourt, Roulleau-Berger, presque totalement à l’écart de l’emploi
2001). au cours de leurs trois premières années
Comme le notait déjà Céline Gasquet de vie active, et pour la moitié d’entre eux
(2008) : « Se stabiliser en emploi est donc cette situation va perdurer durant les
loin d’être évident pour les jeunes non quatre années qui suivront.
diplômés. Qui plus est, ces jeunes restent
largement soumis aux aléas de la conjonc-
ture. Ainsi leur taux de sortie de l’emploi vers le chômage s’est nettement
intensifié après le retournement conjoncturel de 2001 et il est resté
important les deux années suivantes. Ces évolutions contrastent avec
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celles des diplômés dont le taux de sortie de l’emploi vers le chômage
baisse régulièrement puis se stabilise. De fait, même lorsqu’ils travaillent,
la majorité des jeunes sans diplôme gardent comme priorité l’accès ou
le maintien dans un emploi stable. Une partie d’entre eux pourrait d’ail-
leurs ne jamais y accéder et rester sur un segment de marché du travail
où se cumulent précarité d’emploi, faibles rémunérations et peu de pers-
pectives de progression. » Examinons plus en détail le cas de ces jeunes
les moins bien lotis en matière d’emploi.

L’exclusion de l’emploi, une réalité pour certains jeunes


Car dans certains cas, les « difficultés d’insertion » au sortir du système
éducatif peuvent prendre l’allure d’une réelle exclusion du marché du tra-
vail. Au-delà des trajectoires éloignées de l’emploi déjà évoquées, qui ne
se caractérisent pas par une absence totale d’engagement professionnel,
entre 7 et 8 % d’une cohorte vont demeurer presque totalement à l’écart
de l’emploi au cours de leurs trois premières années de vie active, et pour
la moitié d’entre eux cette situation va perdurer durant les quatre années
qui suivront (Mora, 2008). Si dans ce groupe on trouve des jeunes femmes
sans qualification qui, pour certaines, abandonnent pour un temps au
moins la recherche d’une insertion professionnelle trop incertaine au pro-
fit du statut matrimonial et/ou maternel sans activité, leur cas n’englobe
pas pour autant la totalité de cette catégorie, loin s’en faut. S’y côtoient

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aussi des bacheliers et des jeunes de niveau CAP ou BEP, notamment


tertiaires (formant chacun un tiers de la catégorie) ; là encore, c’est au
sein du système scolaire, par le jeu des choix de filière fortement sexués,
que se prépare une insertion professionnelle difficile, voire improbable.
Car si parmi ces jeunes environ quatre sur dix parviennent à sortir
du non-emploi chronique, ce n’est que rarement pour accéder à l’emploi
stable (Mora, 2004).
Des origines sociales populaires ou issues de l’immigration ou un loge-
ment en zone urbaine sensible ont, au-delà du diplôme et du sexe, un
effet significatif sur les risques de suivre ces trajectoires d’insertion déli-
cates. Enfin, il semble que l’apprentissage de telles difficultés d’accès à
l’emploi vienne fréquemment à la fois valider et faire suite à un sentiment
d’échec qui avait été préalablement construit du côté de l’école et parfois,
pour certains, à l’université.
Là encore, le rôle joué par le processus d’orientation aux différents paliers
scolaires doit être pris en compte, car il est loin d’être neutre au regard
de certaines populations d’élèves. Les jeunes filles, on l’a dit, sont en cas
de difficultés scolaires prioritairement orientées vers des BEP tertiaires
aux débouchés raréfiés (Couppié, Gasquet, Lopez, 2004). Les jeunes issus
de l’immigration, notamment du Maghreb, sont nombreux à quitter l’en-
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seignement général sans diplôme et, lorsqu’ils s’orientent vers les filières
professionnelles, ils sont pour une part exclus des voies de formation les
plus performantes telles que l’apprentissage. Ils en viennent ainsi à
constituer le « noyau dur » des jeunes pour lesquels l’emploi intérimaire
domine les premières années de vie active.

Les jeunes ruraux pour leur part, et plus particulièrement les filles, subis-
sent un plus faible rendement du diplôme s’ils souhaitent demeurer dans
leur territoire d’origine (Arrighi, 2004) ; et si certains bassins d’emploi
ruraux peuvent encore offrir des opportunités aux non-qualifiés, le déli-
tement de l’activité industrielle laisse souvent les jeunes ouvriers ruraux
dans le désarroi (Renahy, 2005).
Jeunes diplômés urbains d’un côté, jeunes sans qualification vivant en
zone rurale ou en périphérie urbaine de l’autre dessinent ainsi deux pôles
contrastés au sein de « la jeunesse », dont les destinées dans le monde
du travail ont peu de chances de se ressembler. Cécile Van de Velde (2010)
parle à ce sujet d’un « clivage émergent entre des jeunesses mobiles et
cosmopolites qui se déplacent aisément pour étudier ou travailler et des
jeunesses immobiles, enclavées dans des endroits offrant peu de pers-
pectives professionnelles ». À l’instar du système éducatif, le territoire et
la relation entretenue avec celui-ci vont jouer un rôle clivant dans les
chances ultérieures que rencontreront les individus dans leur trajectoire
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d’insertion, comme le notait Jean-Pierre Orfeuil (2004) : « Les différences


d’aptitude à la mobilité font non seulement partie du tableau général des
inégalités, mais elles sont aussi une partie intégrante de leur reproduc-
tion. »

ATTENTES ET REPRÉSENTATIONS DES JEUNES :


LIMITES D’UNE LECTURE « GÉNÉRATIONNELLE »
De même qu’on ne peut parler de manière générale de « la » situation
des jeunes face au marché du travail, il faut se garder de trop généraliser
lorsque l’on s’intéresse au regard que portent ces mêmes jeunes sur les
parcours qu’ils vont effectuer en commençant leur vie active. Là encore,
les attentes et les points de vue qu’ils expriment se révèlent contrastés
et laissent entrevoir qu’il existe bel et bien « des jeunesses » plutôt que
« des jeunes ».
Ainsi le graphique ci-dessous détaille les réponses à une question relative
aux priorités des individus en matière professionnelle qui leur était posée
à l’issue de sept années de vie active.
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Graphique 3. Priorité déclarée comme principale
dans la vie professionnelle

Source : CEREQ, enquête Génération 98.


Lecture : plus de 50 % des jeunes sans diplôme déclarent comme principale priorité de leur
vie professionnelle « Trouver ou conserver un emploi stable » ; ce n’est le cas que de 25 % des
diplômés de 2e ou 3e cycle universitaire.

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Se stabiliser en emploi
Ainsi, il est intéressant de mettre en regard les données d’enquête avec
les discours médiatiques qui voudraient que les jeunes salariés posent
problème à leurs employeurs de par leur caractère nomade, instable ou
volatil4. Très majoritairement, lorsque l’on questionne les jeunes sur leurs
priorités, ils déclarent comme essentiel pour eux de « trouver ou conser-
ver un emploi stable », et la prégnance de cette réponse s’accroît nette-
ment à mesure que le niveau de diplôme baisse. Les jeunes, y compris
les non-diplômés, font ainsi preuve d’un remarquable réalisme en pre-
nant en compte le fait qu’une faible qualifica-
tion rendra difficile l’obtention d’une stabilité
professionnelle à laquelle ils aspirent pourtant
Le souci de concilier vie familiale
fortement. Loin de se désintéresser de leur
et vie professionnelle concerne toujours
intégration au corps social et au monde des
prioritairement les jeunes les plus
adultes, ils se lancent dans la vie active en
diplômés, ceux dépourvus de diplôme
ayant conscience que le travail demeure ce
se focalisant, on l’a dit, sur la question
« grand intégrateur » qui va conditionner les
de la stabilité de l’emploi.
autres dimensions de la vie sociale. En corol-
laire de cette attente de stabilité, les jeunes,
bien que souvent recrutés par des PME en
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début de vie active, manifestent une préférence pour l’emploi dans les
grandes entreprises, vues comme offrant de meilleures garanties d’em-
ploi et davantage de perspectives de carrière.

Concilier travail et vie personnelle


Une autre idée communément admise voudrait que les jeunes généra-
tions soient, davantage que leurs aînés, sensibles à la question de la
conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Si une telle ten-
dance peut, en effet, être repérée dans certaines enquêtes notamment
réalisées au niveau européen (Tchernia, 2005 ; Epiphane, Sulzer, 2008),
elle s’explique sans doute moins par un effet propre de la « jeunesse »
des populations concernées que par la hausse générale de leur niveau
d’éducation. En effet, les données recueillies par le CEREQ montrent que,
de génération en génération, le souci de concilier vie familiale et vie pro-
fessionnelle concerne toujours prioritairement les jeunes les plus diplô-
més, ceux dépourvus de diplôme se focalisant, on l’a dit, sur la question
de la stabilité de l’emploi. Et parmi les jeunes diplômés, ce sont les
enfants de cadres qui mettent le plus l’accent sur cette dimension. Par
ailleurs, quelle que soit la catégorie considérée, les jeunes femmes sont

4. Discours commun, dont on relève rarement le caractère contradictoire vis-à-vis des reven-
dications patronales de flexibilité du marché du travail, celle-ci, on l’a dit, concernant au pre-
mier chef les jeunes.
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toujours plus nombreuses que les jeunes hommes à afficher cette préoc-
cupation.

La carrière, une question toujours plus masculine que féminine


Une fois atteint l’horizon de la stabilisation en emploi, les jeunes ne se
désintéressent pas pour autant de leur activité professionnelle. Les pers-
pectives d’amélioration de leur situation mobilisent environ 40 % des
réponses à la question sur ce thème et, fait intéressant, le niveau de
diplôme joue très peu sur la propension à déclarer une telle ambition,
contrairement à ce que l’on observait pour le thème de la conciliation vie
familiale et vie professionnelle. De la même manière, au moins les trois
quarts des jeunes interrogés déclarent « chercher à progresser dans une
carrière professionnelle », et ce, qu’ils soient diplômés ou non. Mais si
l’absence de diplôme ne contribue pas à limiter les aspirations profes-
sionnelles, cette question de la carrière demeure assez nettement clivée
entre hommes et femmes, ces dernières étant systématiquement 10 à
15 % moins nombreuses à déclarer vouloir progresser dans leur carrière
ou améliorer leur situation professionnelle. Si l’on sait par ailleurs que,
dans les plus jeunes générations, la revendication du droit à l’emploi et à
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sa juste rémunération n’est plus l’apanage des hommes, les jeunes
femmes persistent à anticiper le rôle qu’elles devront jouer dans la
sphère familiale et les implications qui en découleront quant à leur vie
professionnelle (Epiphane, Sulzer, 2008).

CONCLUSION
Comme le relèvent avec pertinence Chantal Nicole-Drancourt et Lau-
rence Roulleau-Berger (2006), la notion d’insertion professionnelle des
jeunes, forgée et affinée par les chercheurs tout au long des années 1980
et 1990, peut sembler perdre aujourd’hui de son intérêt face à l’émer-
gence de notions telles que la formation (et l’orientation) tout au long de
la vie qui, sur le papier, retireraient sa spécificité à la question « jeunes ».
Pourtant, à l’heure actuelle, l’analyse des cheminements des cohortes
de débutants et de leurs premiers pas dans la vie active, telle qu’elle
vient d’être exposée, conserve un caractère structurant pour divers
champs d’analyse. Dans le champ des politiques publiques de la jeu-
nesse, et plus largement celui de la manière dont les individus trouvent
ou non leur place au sein d’une société salariale en fonction d’autres
caractéristiques que celle de l’âge, l’étude de cohortes permet notam-
ment de mieux mettre en évidence le rôle clé que joue le système édu-
catif dans l’allocation des positions. Plus en aval, l’analyse des modes
d’entrée dans la vie active, les formes spécifiques prises par la relation
d’emploi nouée par les débutants (instabilité parfois durable, modération

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salariale, etc.) rendent plus lisibles les transformations structurelles du


marché du travail dont les nouveaux entrants sont, souvent à leurs
dépens, les premiers expérimentateurs. Plus globalement, au-delà de
la question de l’emploi, c’est la problématique de l’autonomie sociale de
la jeunesse qui se dessine. On ne saurait alors hésiter à reprendre les
propos, cités par les mêmes auteurs, du commissaire au Plan de 1993,
Jean-Baptiste de Foucault : « Derrière les problèmes d’emploi et d’in-
sertion apparaissent les bouleversements profonds dans les rapports
entre les jeunes et la société. Nous ne prenons pas assez conscience
de la globalité du phénomène et nous le rapportons trop exclusivement
au problème de l’emploi ou à la spécificité d’une culture propre aux
jeunes. »
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■ L’AUTEUR
Emmanuel Sulzer sulzer@cereq.fr
Sociologue, chargé d’études au CEREQ.
Thèmes de recherche : rapport au travail des jeunes ; analyse du travail ; métiers des
arts plastiques.
A notamment publié
ECKERT H., SULZER E., « Le défi de la féminisation des chaînes automobiles », in ECKERT H.,
FAURE S. (dir.), Les jeunes et l’agencement des sexes, La Dispute, Paris, 2007.
EPIPHANE D., SULZER E., « Les jeunes et le travail : des attentes fortes dans des modèles
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pour l’innovation politique, Paris, 2008, pp. 55-78.
SULZER E., « L’usine comme espoir, l’usine comme repoussoir », in LORCERIE F. (dir.),
Pratiquer les frontières. Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-
maghrébin, CNRS éditions, Paris, 2010, pp. 81-93.
© Presses de Sciences Po | Téléchargé le 11/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 197.234.221.38)

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