Vous êtes sur la page 1sur 31

3.

Enjeux et intérêts de la décentralisation

▪ Le processus de décentralisation réussi dépend :

✓La volonté du gouvernement de mener une politique de


décentralisation de manière résolue et sincère.

✓Un transfert de compétences clairement déterminées et définies.

✓Un transfert de compétences réalistes assortie d’une délégation de


moyens humains et financiers.

✓Une délimitation des domaines de compétences des différents


acteurs publics.

✓Une implication des citoyens à la gestion des affaires publiques.


4. Décentralisation territoriale ou politique

• La décentralisation territoriale (politique) : il s’agit des collectivités


territoriales qui jouissent de la personnalité morale, des moyens
propres et compétences propres qu’elles exercent avec une certaine
autonomie.

• Elle permet à des représentants élus de régler les affaires courantes


des collectivités locales.

• Chaque collectivité territoriale est dotée d’un organe délibérant et


d’un organe exécutif. Exemple : conseil municipal et le Maire pour
les communes.
4. Décentralisation territoriale ou politique

Les 4 principaux critères de la décentralisation territoriales sont :

❖Premièrement, les collectivités ont une personnalité juridique


distincte de l’Etat. Elles possèdent des moyens matériels, humains,
juridiques et financiers propres. Elles agissent en leur nom dans la
vie juridique, en engageant leur responsabilité́.

❖Elles sont administrées par des conseils élus. Cette élection apparait
en effet comme le meilleur garant de leur indépendance et
constitue une exigence de la démocratie.
4. Décentralisation territoriale ou politique

❖Elles sont compétentes pour les affaires locales, c’est-à-dire pour


des affaires qui, en raison de leur nature ou de leur dimension, sont
plus efficacement traitées par des autorités locales (principe de
subsidiarité).

❖Elles disposent d’une autonomie par rapport au pouvoir central qui


ne peut exercer sur elles un pouvoir hiérarchique.

❖À Djibouti, les autorités étatiques ont l’obligation constitutionnelle


d’exercer un contrôle administratif (contrôle de légalité).
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

La décentralisation fonctionnelle (technique) : il s’agit des entités


décentralisées chargés de gérer un service public. Ils jouissent de la
personnalité morale.

Les autorités décentralisées sont des établissements publics chargés


de gérer un service public (universités, hôpitaux publics, musées
nationaux, bibliothèques municipales…).

Ils bénéficient de la personnalité morale et de moyens propres, mais


ne disposent que d’une compétence d’attribution qui se limite à l’objet
du service public qui leur est transféré.
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

Pour rappel un service public est une activité d’intérêt général qui
peut être prise en charge par une personne publique ou privée mais
sous le contrôle d’une personne publique.

Le service public remplit quatre fonction principales :

✓Service public d’ordre et/ou de régulation qui sont liés aux


missions régaliennes de l’Etat et ne sont rarement transférés à des
entités privés ou à des établissements publics.
Exemple : la défense nationale, la justice, la protection civile….
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

✓Service public de protection sociale et sanitaire. Il s’agit entre


autres de la sécurité sociale, des services publics hospitaliers.
Exemple : la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), les
structures publiques hospitalières (Peltier, Cheiko, Dar-El-Hanan,
Housseina…etc.).

✓Service public à caractère d’enseignement, de recherche


scientifique et culturel. Exemple : le centre d’étude et de recherche
de Djibouti (CERD), ou encore du centre de recherche d’information
et de protection de l’éducation nationale (CRIPEN). Mais aussi, de la
Bibliothèque nationale…etc.
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

✓Service public à caractère économique et financier. Exemple : le


fonds de développement économique de Djibouti (FDED).

• Les établissements publics sont créés par une disposition législative


qui contient au minimum les attributions et compétences ainsi que
les missions qui lui sont confiées.

• Par ailleurs, une fois créer, ces établissements publics ont leur
propre organes de gestion et de gouvernance.
❖Le conseil d’administration ;
❖La direction générale ;
❖l’Agence comptable.
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

• Les établissements publics sont soumis aux règles de la comptabilité


publique (séparation de l’ordonnateur et du comptable public).

• Les budgets prévisionnels des établissements sont préparés


respectivement par le directeur général, approuvés par le conseil
d’administration et adoptés en conseil des Ministres. Par la suite, le
budget est examiné en commission à l’Assemblée Nationale.

• les établissements publics, ils sont soumis à un contrôle exercé par :


❖la Cour des comptes (contrôle juridictionnel a postériori) ;
❖l’Inspection Générale d’Etat (contrôle administratif a priori).
5. Décentralisation fonctionnelle ou technique

• Les établissements publics sont soumis à un plan stratégique


prenant la forme d’un contrat de performance signé entre l’Etat,
représenté par le ministre de rattachement et l’établissement
public, représenté par le directeur général.

• Le contrat de performance fixe les objectifs de l’établissement pour


la période déterminée. Il comporte :
✓ les orientations stratégiques, les axes d’intervention et les objectifs
opérationnels retenus ;
✓Les indicateurs de performance utilisés pour mesurer l’atteinte des
résultats ;
✓Les modalités de suivi et d’évaluation…etc.
B. Les grands principes des collectivités territoriales
• L’article 85 de la constitution du 15 septembre 1992 mentionne :
« les CT s’administrent librement par des conseils élus et dans les
conditions prévus par les lois. ».

• Article 87 : Les missions, l’organisation, le fonctionnement et le


régime financier des collectivités territoriales sont déterminés par
une loi organique.

• Article 88 : Dans les collectivités territoriales, le représentant de


l’Etat à la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif a
posteriori et du respect de la loi.
1. Le contenu du principe de libre administration
• Il garanti la libre administration mais n’a pas un caractère absolue.
Les CT s’administrent librement mais ne se gouvernent pas
librement, le mot administrer est moins fort que gouverner.

• Dans certains domaine la CT n’a pas son mot à dire, il s’agit des
compétences classiques de l’Etat :
✓ Le maintien de l’ordre public ;
✓ Les rapports avec les Etats étrangers ;
✓ La défense du territoire ;
✓ Le droit de battre monnaie... etc.

• Ces prérogatives, seul l’Etat peut les exercer.


1. Le contenu du principe de libre administration

• La souveraineté appartient à la nation pas au CT donc il y a des


limites naturelles au pouvoir et à l’action des collectivités
décentralisées.

• La libre administration est un principe de protection à l’égard des


empiétements de l’État.

• la libre administration reconnait un pouvoir règlementaire aux


collectivités territoriales sous le contrôle du juge administratif.
2. Le principe d’autonomie des CT
Le principe d’autonomie des CT comprend : l’autonomie juridique,
l’autonomie organique et l’autonomie fonctionnelle.

❑ l’autonomie juridique
• Les collectivités territoriales sont des personnes juridiques
distinctes de l’Etat.

• Elles disposent en tant que telles d’un patrimoine, de la capacité


d’accomplir des actes juridiques et d’ester en justice.

• L’article 85 de la constitution les institues : « les collectivités


territoriales sont les régions, les communes et toutes autres
collectivités à statut particulier ».
2. Le principe d’autonomie des CT
❑ l’autonomie organique

• Les collectivités territoriales s’administrent librement par des


conseils élus (article 85 de la constitution).

• De même, les organes délibérants des collectivités locales (conseil


municipal, conseil régional) sont élus par les citoyens.

• Quant aux organes exécutifs (maire, président du conseil régional),


ils sont élus par les organes délibérants au suffrage indirect.
2. Le principe d’autonomie des CT
❑ l’autonomie fonctionnelle

• Les organes des collectivités territoriales gèrent, par leurs


délibérations, leurs affaires propres.

• Ils sont compétents pour prendre en charge les intérêts des


populations concernées.

• C’est la « clause générale de compétence » qui permet aux


collectivités de se saisir de toute question d’intérêt local, même en
l’absence de texte lui en donnant explicitement compétence, dès
lors qu’elle n’empiète pas les compétences relevant d’une autre
CT.
C. Le processus de décentralisation à Djibouti
▪ Historique de la décentralisation
• A Djibouti, les prémices d’une gouvernance décentralisée date de
la période post indépendance.

• L’article 2 de la loi constitutionnelle du 27 juin 1977 a prévu la


création « des municipalités et de communautés populaires de base
disposant d’une autonomie administrative et financière ».

• L’ordonnance n°77-60 du 23 novembre 1977 portant création et


organisation du comité constitutionnel et des municipalités.

• Ces municipalités devaient être administrées par des délégations


spéciales, composées de trois ou cinq membres, désignés par
décret pris en conseil des ministres.
1. Historique de la décentralisation

• Le décret présidentiel du 4 août 1979 fixant la règlementation


relative aux attributions, au fonctionnement et à l’administration
des municipalités.

• Ce décret accordait aux municipalités la personnalité juridique,


avec un pouvoir de contrôle a posteriori de leurs actes et décisions
par les commissaires de la République.

• Le titre X de la constitution du 15 septembre 1992 est consacré aux


collectivités territoriales. Les élections sont introduites pour
designer les femmes et les hommes chargés de gérer la cité.
1. Historique de la décentralisation

• En 1999, un nouveau cap est franchi dans la décentralisation avec


la mise en place des conseils régionaux provisoires dont les
membres ont été nommés par décret présidentiel.

• Les premières élections locales ont eu lieu en mars 2006


organisées pour un mandat de 5 ans.

• Les conseillers régionaux et communaux actuellement en activités


ont été élu en 2022, et leur mandat s’achèvera en mars 2027.

• En juin 2016, un ministère délégué, chargé de la décentralisation a


été institué marquant l’engagement des plus hautes autorités dans
la mise en œuvre de la politique de décentralisation.
1. Historique de la décentralisation

• En dépit des dispositions constitutionnelles ci-dessus, force est de


constater que les collectivités territoriales djiboutiennes :

✓ Elles ne disposent toujours pas de fiscalité propre.

✓ Elles ne peuvent pas voter les taux d’imposition locale.

✓ Le budget des collectivités est principalement constitué d’une


subvention annuelle allouée par l’Etat et gérée directement par les
services du trésor du ministère des finances.
2. Les textes fondateurs de la décentralisation

Les principaux textes constitutifs du cadre juridique de la


décentralisation djiboutienne sont les suivants :

✓ Loi n° 174/AN/02/4ème L portant décentralisation et statut des


régions du 7 juillet 2002 ;

✓ Loi n°122/AN/05ème L portant sur le statut de la ville de Djibouti


du 1er novembre 2005 ;

✓ Loi n°139/AN/06/5èmeL portant modification de la loi


n°174/AN/02/4ème L du 07 juillet 2002 portant décentralisation et
statut des régions du 4 février 2006 ;
2. Les textes fondateurs de la décentralisation

• Loi n°149/AN/11/6ème L portant modification de la loi n°174


portant décentralisation et statut des régions et de l’article 6 de la
loi n°122 portant sur le statut de la ville de Djibouti ;

• Décret 2006-098 fixant les indemnités allouées aux élus locaux ;

• Décret n°2007-0099 portant transfert et répartition de


compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales ;

• Décret n°2007-0100 relatif aux pouvoirs des Préfets ;


2. Les textes fondateurs de la décentralisation

• Décret 2007-0212 portant modification du décret 2006-098 fixant


les indemnités des élus ;

• Arrêté n°2007-0432 portant création d’un comité de suivi des


conditions et modalités de transfert de compétences ;

• La loi organique portant code général des collectivités territoriales


à Djibouti en attente de promulgation à l’Assemblée nationale.
3. Feuille de route 2017-2025 : mise en œuvre de la
politique de la décentralisation

• le ministère délégué, chargé de la décentralisation s’est doté d’un


outil opérationnel de mise en œuvre de réforme : soit deux feuilles
de routes conformément au plan d’actions triennal.

➢ Une première feuille de route de la mise en œuvre de la politique de


la décentralisation sur la période 2017-2019.

➢ Une deuxième feuille de route de la décentralisation 2021-2025.

• L’objectif est de dresser un état de lieu complet tant sur le plan


juridique, institutionnel et financier.
3.1 Examen des textes constitutifs du cadre juridique de la décentralisation

Axes stratégiques Objectifs escomptés Durée de Constatations


réalisation
- Adopter un code - Cadre juridique
général des incomplet.
collectivités - Chevauchement
territoriales. des compétences
- Renforcer l’arsenal entre CT.
Améliorer le cadre juridique des - Confusion de rôle
juridique et maitrise d’œuvre. 2017-2019
des élus et
institutionnel
- Doter les CT des services
services techniques administratifs en
indispensables à matière fiscalité,
leurs activités budget, statut.
administratives. - Manque de
moyens humains
et financiers.
3.2 Domaines non règlementés concernant les collectivités territoriales

• Les autres domaines pour lesquels des travaux et des réflexions sont
en cours :

✓ Nomenclature budgétaire et outils de gestion financière ;

✓ Règles de passation des marchés publics ;

✓ Mise à disposition des services techniques déconcentrés ;

✓ Statut du personnel des collectivités territoriales…etc.


3.3 Les avancées enregistrées dans le domaine de la décentralisation

En dépit de l’insuffisance du cadre juridique et institutionnel, quelques


avancées ont été enregistrées.

❖ Projet de code général des collectivités territoriales adopté en


comité interministériel en novembre 2020.

❖ Loi des finances 2017, sur les transferts fiscaux de l’Etat aux régions :
- Taxe foncière sur les propriétés bâties (art 15) ;
- Taxe foncière sur les propriétés non bâties (art 17) ;
- Patentes des classes 9 et 10 (art 14) ;
3.3 Les avancées enregistrées dans le domaine de la décentralisation

❖ Loi de finances 2018 sur le transfert de toutes les patentes aux cinq
régions du pays.

❖ Loi de finances 2020 sur le transfert de gestion et d’encaissement


de la taxe des remblais réservés aux collectivités territoriales.

• Force est de constater, ces transferts fiscaux ne sont pas traduits


par des ressources financières supplémentaires pour les CT, en
raison des moyens limités des services déconcentrés.

• Aussi, en raison de la faiblesse du pouvoir d’achat des habitants


dans ses régions.
3.4 Matrice SWOT sur le processus de décentralisation à Djibouti

FORCES FAIBLESSES
- Volonté affichée et renouvelée des - Absence d’appropriation des objectifs et
autorités de renforcer le processus de des rôles par l’ensemble des acteurs à
décentralisation (SCAPE, Vision ICI, consolider.
Djibouti 2035…). - Faible capacité à agir des CT en matière
- Création du Ministère délégué en charge de passation des marchés publics
de la décentralisation. (compétence, équipements…).
- Existence des feuilles de route sur la - Déconcentration incomplète.
décentralisation. - Stratégie sectorielles non inclusive.
- Installation des secrétaires généraux - Absence de cohérence des différents
dans les conseils régionaux. niveaux de planification.
- Appui des bailleurs. - Redevabilité des élus
3.4 Matrice SWOT sur le processus de décentralisation à Djibouti

OPPORTUNITES MENACES
- Des clarifications apportées par le CGCT - Non-adoption du code général des
en matière de compétences des collectivités territoriales (CGCT).
collectivités, transferts, contrôle de - Résistance aux changements des
légalité, protection des élus…etc. différents niveaux.
- Développement de la mobilisation - Insuffisance des espaces de dialogue et
citoyenne. de concertation.
- Intérêt pour la décentralisation de la part - Non-appropriation de la vision Djibouti
des partenaires techniques et financiers 20235 et de la SCAPE.
(diagnostic des conseils régionaux avec - Absence d’investissements structurants
l’appui financier de l’UE). dans les régions.
CAS PRATIQUE
• À l’aide de la matrice SWOT (MOFF), présentez un
diagnostic stratégique des cinq régions de l’intérieur.

Vous aimerez peut-être aussi