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Instruments d’Enquêtes SOC/S2/P5/2018

Séquence 2 : Méthodes et instruments d’enquêtes


Introduction
Adopter une méthode consiste à préciser les étapes d’un processus et les bonnes
manières de pratiquer, de façon à être plus efficace dans son travail. L’idée d’une méthode est
même consubstantielle à l’idéal scientifique pour ainsi dire que la science se doit d’appliquer
des méthodes rigoureuses pour valider leurs affirmations. Les sciences sociales n’échappent pas
à cet idéal de scientificité et c’est en cela qu’elles cherchent à satisfaire à certains critères
épistémologiques liés à la méthode.la connaissance scientifique ne saurait reposer sur la
seule intuition et sur des affirmations non vérifiées. Elle suppose d’utiliser les outils des sciences
sociales dont l’expérience des chercheurs a attesté la validité scientifique. Il est à souligner qu’il
n’existe pas d’enquête dans l’absolue pour ainsi dire que toute enquête cherche de prime abord
à satisfaire à des objectifs de recherche, alors elle est sous-tendue par une problématique et est
toujours alimentée par des hypothèses de recherches qu’il convient de vérifier la validité au
travers le processus d’enquête.

D’une manière générale nous distinguons l’enquête qualitative et l’enquête quantitative.


En effet, nous parlons d’enquête quantitative et/ou qualitative comme procédé de recueil de
données permettant de tester des hypothèses. Faire une enquête consiste à interroger un
échantillon individus sélectionnées à partir des critères d’inclusion et d’exclusion qui doivent
répondre à des questions relatives à leurs opinions, croyances, comportements, préférences,
niveau de satisfaction, revenus, nombres d’enfants, etc. Une enquête est alors est un procédé de
recueil de données dont la validité scientifique dépend des conditions de productions entendues
au sens large c’est-à-dire les méthodes et outils employés et de la rigueur scientifique qui a
guidé celui qui les a recueillie. Ce qui amène à distinguer deux types d’enquêtes selon qu’elles
sont qualitatives ou quantitatives.

La méthode quantitative d’enquête


Une enquête est dite quantitative quand les variables qu’elle cherche à renseigner sont
traduisibles en indicateurs chiffrés et quantifiables. Alors les données sont recueillies au moyen
d’un questionnaire où sont consignées des questions standardisées auxquelles les enquêtés

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doivent répondre. Une enquête quantitative a pour objectif de mesurer un phénomène en


cherchant les relations que celui-ci entretient avec d’autres types de données de manière à
pouvoir expliquer l’objet.

Dans une enquête quantitative l’utilisation des chiffres n’a donc pas seulement une
fonction descriptive de mesure de la réalité objective à un moment donné, elle a aussi une
fonction explicative, à partir de l’étude des relations statistiques entre données. Alors une
enquête est dite quantitative quand les hypothèses d’enquêté sont élaborées avec des variables
quantitative de manière à établir des rapports d’explications avec des régularités statistiques.

Une enquête quantitative est déterminée par l’usage d’un questionnaire parce qu’elle
vise à une analyse numérique et statistique de ses résultats. Si la nature collective ou individuelle
ne nous semble pas déterminante, la variable définissant une enquête quantitative nous paraît
être l’usage d’un questionnaire, dont la plupart des questions ont un champ défini de réponses,
dont certaines, ou la plupart, sont des données quantifiables. A ce propos J. Noël, (1991 : 4)
parlant des données dans une enquête quantitative affirme qu’elles représentent les valeurs
mesurées d’un paramètre qui permettent de connaître quantitativement une dimension arbitraire
d’un phénomène.

Toutefois il faut souligner qu’un questionnaire ne se limite pas seulement à recueillir


des données statistiques brutes, il recueille aussi des informations. En effet, les informations
recueillies par questionnaire sont le résultat d’une déduction partant d’un ensemble
d’indicateurs quantifiables pour produire du sens après analyse et interprétation. Ces
informations recueillies permettent de définir ou de cadrer les unités d’enquête, ou plus
exactement les enquêtés : nom, filiation, religion, etc., qui permettent d’analyser les données.

Cette méthode quantitative est aussi dite collecte quantitative, elle désigne en résumé,
toute opération interrogeant d’une manière systématique un certain nombre de personnes, avec
des questions toujours identiques relevant des réponses dans des grilles fermées, qui seront
analysées selon des procédures quantitatives (numériques et statistiques). Une enquête

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quantitative relève des informations et des données, et vise à obtenir une analyse des données
collectées. Une méthode quantitative est sous-tendue par un processus dont l’échantillonnage
constitue une étape charnière.

L’échantillonnage dans une enquête quantitative


Lorsqu’une problématique d’enquête est posée, l’enquêteur doit s’interroger sur la
population pertinente pour répondre à ses questions. Il est important de ne pas confondre la
question de recherche et les questions qui seront posées dans le questionnaire.

Afin de cibler la population, l’enquêteur peut se demander si celle-ci est susceptible


d’apporter de l’information et s’il est nécessaire que celle-ci soit informée pour répondre. Tout
dépendra en fait de l’objet d’enquête.

Ainsi faut-il définir l'univers d'échantillonnage, c’est-à-dire la population pour laquelle


on peut extrapoler les résultats obtenus. Par exemple, on pourra conduire les interviews auprès
des étudiants et retenir comme univers ceux qui se sont inscrits ou qui fréquentent une université
donnée. Une fois connu l'univers de l'enquête, il faut identifier les domaines d'échantillonnage.
On appelle domaine échantillonnage un segment ou un sous-ensemble pour lequel on souhaite
obtenir des données. Par rapport à l’exemple précité d’une enquête sur les étudiants, on peut
distinguer ceux qui fréquentent des universités différentes ; ceux qui à l’intérieur d’une même
université aussi sont dans des facultés différentes. De plus à l’intérieur d’une même faculté aussi
on peut segmenter à nouveau en fonction des spécificités par filières. Donc le processus de
sélection des domaines d’échantillonnage il est recommandé de tenir compte de toutes ces
spécificités afin circonscrire une population à même de nous renseigner par rapport à une
problématique donnée et sur laquelle population sera tiré un échantillon. Il ne sert à rien de
constituer un échantillon quelconque sans se demander au préalable la relation qui existe entre
cette population et la problématique en question. A ce propos il est impératif que le domaine
d’échantillonnage soit identifié dès la phase préparatoire de l'enquête c’est-à-dire pendant les
enquêtes exploratoires.

Par ailleurs il est aussi utile de définir les sujets à enquêtés au sein du domaine
d’échantillonnage sélectionné en amont. En effet, une fois fixés les domaines de l'enquête, il
faut définir sans ambiguïté les sujets qui les composent. Si les sujets d'un domaine ne sont pas

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définis clairement préalablement, à l'échantillonnage et à l'enquête sur le terrain, les données


recueillies pourront conduire à des erreurs.

Délimitation géographique des domaines de l'enquête


Toute enquête concerne un espace géographiquement délimité selon les objectifs
poursuivis par l’enquête. A cet égard il est important à l’entame du processus d’échantillonnage
de déterminer les zones géographiques pour lesquelles sur lesquelles les résultats de l’enquête
peuvent être extrapolé. Les résultats provenant par exemple des sondages réalisés
exclusivement dans des écoles urbaines ne pourront en aucun cas concerner les écoles rurales.

De ce point de vue il faut que les points relatifs aux questions susmentionnées soient clairement
élucidés par le commanditaire ou le responsable de l’enquête :

• Quelles sous-populations faut-il inclure dans l'enquête ?


• Quelles informations faut-il recueillir auprès de ces groupes ?
• Qui sera chargé de la collecte des données et de leur analyse ?
• Comment garantir que les résultats obtenus bénéficieront aux sous-
populations concernées ?

Généralement, la question relative aux sous-populations à inclure dans l’enquête est la plus
difficile à régler. Idéalement, on devrait porter le choix sur les sous-populations répondant à
l’environnement étudié. Cependant, dans la pratique, d’autres facteurs influencent cette
sélection, notamment les considérations politiques, les ressources disponibles et la facilité de
contact avec ces individus.

Définition des indicateurs d’enquête


Souvent, les commanditaires de l’étude expriment leurs besoins en termes d’objectifs
sans indiquer exactement ce qu'ils cherchent à savoir, comment ils prévoient de mesurer ce qui
les intéresse et comment les informations recueillies pourront être utilisées. Sans définition
claire des objectifs dès cette phase préliminaire, on pourra craindre la collecte des informations
carrément biaisées et/ou une collecte incomplète. Les informations recueillies seront alors
difficiles à interpréter ou à comparer avec celles d'autres sources, et certaines interrogations
pourtant pertinentes pourront demeurer sans réponse.

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Les résultats d'une enquête doivent servir d'une manière ou d'une autre. Il faudra donc
les présenter sous une forme utilisable par diverses audiences et par diverses autorités. Identifier
ces utilisateurs et l’utilisation plausible de ces résultats est la première tâche à remplir et, en
spécifiant à quoi serviront les données, on pourra définir les éléments à mesurer.

Pratiquement il s’agit de traduire les problèmes posés en indicateurs précis, et c’est au


vu des indicateurs que l’on peut déterminer, s’il est justifié de mener une enquête. Il se peut
que les informations recherchées soient déjà disponibles auquel cas, une collecte documentaire
pourrait suffire. Il peut exister des motifs justifiant l'inclusion d'indicateurs plus spécifiques à
l'environnement étudié. Alors le recours à des définitions et à des périodes de référence
standardisées facilite la comparaison des résultats dans le temps et entre sous-populations.

La définition des indicateurs consiste décomposer les objectifs et les résultats entendus
de l’enquêtes en indices pour créer un premier tremplin entre le cadre théorique de l’enquête
et le terrain sur lequel les données seront recueillies. Les techniques d’échantillonnage

Dans une enquête il n’est pas possible d’interroger toute la population. Ce faisant il est
impératif de sélectionner un échantillon représentatif de cette population. En effet, constituer
un échantillon consiste à sélectionner rigoureuse à partir d’une méthode une partie de la
population qui sera interrogée dans le cadre cette enquête. Afin de sélectionner les personnes
interrogées, on procède alors à l’identification d’un échantillon. Il se définit comme un «
sousensemble de la population à partir duquel on tente d’inférer des mesures sur la population
ellemême ». Il s’agit donc d’un groupe restreint de la population, à partir duquel on procédera
à une généralisation des résultats. Afin de ne pas être biaisé, l’échantillon doit être représentatif
de la population. L’échantillonnage est alors une opération statistique pour sonder une partie
significative de la population d’ensemble dont les informations fournies peuvent être extrapolé
au grand ensemble qui constitue ce que l’on appelle la population mère. L’échantillonnage est
utilisé par toutes les sciences cependant il revêt un caractère particulier dans les sciences
humaines en ce qu’il porte sur des humains et à propos des phénomènes sociaux. Pour
comprendre la spécificité de l’échantillonnage dans les méthodes quantitatives nécessité exige
de lever des équivoques sur un certains de termes couramment employés parlant
l’échantillonnage. Il s’agit des termes :

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• L’univers d’enquête il correspond à l’ensemble global qui est délimité et définit par
les objectifs globaux de l’enquête. Identifié l’univers d’enquête constitue la première
étape du processus d’enquête car il permet de dégager les critères globaux d’inclusion
et d’exclusion partant des objectifs de l’enquête.

• La population, elle fait référence à un ensemble d’individus qui est au sein de l’univers
d’enquête remplissant les critères d’inclusion de l’enquête et sur lequel sera extrait
l’échantillon.

• Le plan de sondage, il consiste après l’identification de la base de sondage de définir


la taille de l’échantillon, le mode de sélection des enquêtés, les différents niveaux tirage
selon le type d’échantillonnage aléatoire ou par quotas
• Echantillon, un ensemble représentatif de la base de sondage sur lequel porte l’enquête.
Un échantillon est toujours sélectionné sur la base d’une méthode spécifique.

• L’individu, est un élément de la population qui fait partie de l’échantillon qui est
susceptible d’être enquêté.

Dans la méthode quantitative il existe principalement deux types techniques


d’échantillonnage. Il s’agit de l’échantillonnage probabiliste encore appelée aléatoire et la
technique non probabiliste.

L’échantillonnage probabiliste ou aléatoire simple, c’est une technique


d’échantillonnage par hasard qui est sous-tendue par une démarche scientifique rigoureuse.

Tous les individus inclus dans l’échantillon préalablement sélectionné ont la même chance
d’être sélectionner. Le principe est de faire intervenir le hasard pour désigner les personnes
à interroger, en appliquant une règle de tirage au sort. Cela permettra de recourir à des
calculs de probabilités pour faire des inférences précises sur la population ainsi que
connaître les chances de tirer un échantillon donné dans la population. Cela demande
d’établir une base de sondage exhaustive, où toutes les personnes ont la même chance d’être
tirées. L’existence de cette base dépend directement de la population de l’étude.

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L’échantillonnage par quotas correspond à une démarche, très différente de la


précédente elle consiste à construire un modèle réduit de la population. Cette technique est
encore appelée empirique, ou par choix raisonné. Sans base de sondage, il est impossible de
connaître a priori la probabilité pour une unité d’être tirée. Le choix des sujets se fera alors
sur le terrain, selon des règles établies et en s’efforçant d’atteindre la représentativité par
raisonnement.

L’échantillonnage par quotas consiste à construire un échantillon qui ressemble à la


population sur base d’informations statistiques relatives à cette population. Par exemple, si
l’on a connaissance de la répartition de variables fixes (âge, sexe, niveau d’étude, statut
socio-professionnel), on vise à respecter ces quotas de répartition sur le terrain – et au-delà,
le choix des personnes reste libre. L’hypothèse sous-jacente est donc que si l’échantillon est
constitué des variables sociodémographiques identiques à la population, il réagira de façon
similaire. Avoir des quotas « croisés » permettra d’améliorer la représentativité de la
population (mais ne simplifiera pas la tâche du chercheur). Par exemple, il s’agira de
s’intéresser à la proportion de personnes actives et non actives parmi les 20-25 ans plutôt
que s’intéresser à l’âge d’une part, et le statut professionnel de l’autre.

Le questionnaire comme instrument d’enquête


Un questionnaire est un outil d’investigation destiné à recueillir des informations
standardisées et quantifiables sur une population donnée. C’est un instrument intermédiaire
entre l’enquêteur et le sujet enquêté; C’est un outil entièrement orienté par la problématique de
la collecte, c’est donc un instrument piloté par l’aval, c’est-à-dire parce que les objectifs
d’enquête. C’est un outil susceptible d’être analyse par une exploitation statistique, quel que
soit l’orientation d’analyse envisagée. Le questionnaire conçu comme instrument de mesure
devra être standardisé, c’est-à-dire qu’il placera tous les sujets dans la même situation pour
permettre des comparaisons entre les répondants.

Nous allons aborder certains de ces points en discutant des questions elles-mêmes, aussi
allons-nous traiter en priorité le point qu’un questionnaire est un instrument qui est tout entier
soumis à l’idée que l’on veut suivre, c’est dire qu’une enquête quantitative est une enquête toute
dirigée par l’aval : les tableaux finaux que l’on veut obtenir. C’est un ensemble de questions,
lesquelles doivent être posées, idéalement, dans le même ordre et de la même manière à chacun

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des sujets de l’enquête. A l’expérience, on se rend compte que, même quand elles sont
soigneusement rédigées, les enquêteurs ne sont pas obligé de suivre la règle qui leur est imposée
de lire les questions, Ayant assimilé la logique de l’enquête, ils se libèrent des contraintes pour
élaborer une manière personnelle de recueillir les données.

La spécification des objectifs d’une enquête conduit à la détermination des indicateurs


qui, par la suite, sont traduits en questions dont la formulation revêt une grande importance.
Une petite différence dans la formulation de deux questions peut produire des écarts importants.

La mise au point d’un questionnaire fiable et valide demande un travail attentif et scrupuleux.

Prise en compte de l’enquêté


Une difficulté supplémentaire dans l’élaboration d’un questionnaire vient du fait qu’on
s’adresse à des répondants non demandeurs de l’enquête. Alors pour donner envie de répondre
aux enquêtés il est important d’avoir leur l’adhésion. Pour autant l’enquêteur doit se garde de
leur donner l’impression de passer un examen, de subir un interrogatoire ou d’être ignorant. De
plus pour que le questionnaire ne paraisse pas ennuyeux, monotone et inutile, il est souhaitable
de varier la façon d’interroger. Une question n’est pas toujours une demande avec un point
d’interrogation. Il existe une grande variabilité dans la formulation des questions.
En même temps, on cherche à obtenir des réponses sincères en posant des questions
auxquelles les sujets sont réellement capables de répondre. Par rapport aux questions gênantes
il faut prendre certaines précautions dans la manière de les poser en tenants compte d’influence
mais aussi veiller à ne pas mettre mal à l’aise l’enquêté.

Les différents types de questions ouverte et question fermée


Une question est dite ouverte ou fermée selon que la réponse à donner est libre ou
renseignée à l’avance. L’enquêté utilise son propre vocabulaire pour répondre à la question
ouverte tandis la question fermée lui propose des modalités de réponses parmi lesquelles il en
choisit celle qui convient. Evidemment, il faut éviter de se servir d’une question ouverte pour
aborder des généralités ou de grands problèmes dans un questionnaire.

Une question fermée peut donner le choix entre deux modalités de réponses (question
dichotomique) ou proposer un nombre de modalités plus important : la question fermée peut,
comme dans les exemples précédents, imposer de ne retenir qu’une seule réponse (question à

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réponse unique) ou encore laisser la possibilité de donner plusieurs réponses (question à choix
multiple).

Avantages et inconvénients de chaque type de question


Les questions ouvertes donnent en général des informations riches et diversifiées. Elles
renseignent aussi sur le niveau de compréhension des questions. Mais les personnes interrogées
ont souvent du mal à répondre ; d’où des réponses vagues ou hors sujet, des non-réponses, des
« ne sait pas » et « l’oubli » de certains aspects inavouables. Et puis, l’analyse de ces questions
est lourde. A l’inverse des questions ouvertes où les réponses ne sont pas suggérées, les
questions fermées risquent d’induire à des réponses peu réfléchies. Mais elles ont l’avantage
indéniable de permettre des comparaisons et d’être faciles à administrer et à traiter. C’est
pourquoi, bien que plus difficiles à mettre au point, elles constituent l’essentiel des
questionnaires destinés à l’analyse statistique.

Des catégories de réponses exhaustives et mutuellement exclusives


En élaborant un questionnaire il est nécessaire de s’assurer dans la composition de la
liste des réponses aux questions fermées que toutes les possibilités sont représentées
(exhaustivité) et que chaque réponse ne peut se situer que dans une seule catégorie (exclusion
mutuelle). C’est particulièrement important pour les estimations quantitatives, où les limites de
classes doivent être correctement établies.

Questions directes et questions indirectes


Il est possible de poser une question directement, sans en cacher l’objet. Mais parfois, il
vaut mieux poser des questions n’abordant pas de plein fouet le thème étudié ou encore une
mise en situation d’une tierce personne. Demander à l’enquêté ce qu’il possède ou l’interroger
sur son train de vie peut se substituer à une question directe sur le revenu. L’idéal est de
l’entretenir sur ses dépenses par exemple pour se faire une idée de son revenu. De même pour
évaluer l’image plus ou moins positive d’une entreprise auprès de ses salariés, on remplace (ou
on complète) des questions directes par un indicateur indirect comme: « Conseilleriez-vous ou
non un jeune diplômé de venir travailler dans telle entreprise ?» ou encore: «Selon vous, quel
animal représente le mieux telle entreprise? un lion/une fourmi/une tortue/un aigle/un
éléphant/un lièvre ». Au lieu de demander : « Te drogues-tu? » à des jeunes, on aborde ce thème

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à travers des personnes de leur entourage en posant la question : « Y a-t-il dans tes
connaissances beaucoup de jeunes qui se droguent ? »

Poser des questions concrètes et précises pour être compris


Le questionnaire doit être élaboré de manière à faciliter la tâche aux enquêtés. Pour
chaque question, on doit se demander si le sujet est capable d’y répondre sans difficulté, si la
question ne porte pas un concept trop abstrait, si la question est suffisamment concrète et
précise. Il faut éviter toute ambiguïté. Le bon usage des questions filtres est recommandé pour
catégoriser les enquêtés avant une question qui ne concerne pas tout le monde. Avant de
demander « Quel est l’âge de vos enfants? » par exemple, il faut cibler d’abord les sujets
concernés en posant une question sur la composition familiale.

Poser des questions neutres pour ne pas influencer


L’objectif d’un questionnaire d’enquête n’est pas de faire dire, mais d’obtenir des
réponses sincères. Dans le libellé des questions, il faut prendre garde aux risques de suggestion
par des questions tendancieuses ou biaisées. Il est donc nécessaire de se demander si la question
n’oriente pas le choix du répondant.

Economie globale du questionnaire


Les indicateurs ont été envisagés comme étant des cas séparés. Néanmoins, il ne faut
pas perdre de vue qu’une question fait partie d’un ensemble. Il faut donc penser au problème
d’ordonnancement et de la présentation pour que le questionnaire se déroule harmonieusement,
avec cohérence et continuité. Le questionnaire aura une apparence professionnelle et simple.

On pensera à numéroter les questions et à laisser des espaces suffisants pour écrire les réponses
attendues. Dans le cas de l’administration du questionnaire par l’enquêteur, le questionnaire se
présente sous forme d’une conversation courante entièrement structurée pour que l’enquêteur
n’ait pas à innover. Outre les questions, sont indiquées les consignes pour le choix des réponses
et les instructions pour l’enquêteur (par exemple les renvois), y compris les formules
d’introduction (accroche) et de fin d’entretien (de remerciement). Dans le cas d’un
questionnaire auto-administré, la présentation (claire, aérée et éventuellement illustrée) et les
consignes de chaque question doivent être particulièrement soignées pour que le répondant
puisse se débrouiller seul.

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Test du questionnaire
On peut recourir à des experts pour relire le questionnaire en vue de corriger certains
défauts. Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il faut se passer des essais sur le terrain. Quelle
que soit l’expérience du concepteur, la mise à l’épreuve de l’instrument d’enquête auprès d’un
nombre limité de sujets, lors de l’enquête pilote, est nécessaire. Le temps consacré à tester et
affiner le questionnaire est toujours un gain en qualité de réponses.

La méthode qualitative

D’une manière générale les méthodes qualitatives s’orientent sur des thèmes relatifs aux
comportements, attitudes et perceptions ou pratiques. L’objectif principal de la méthode
qualitative est de laisser la liberté à l’enquêté de discours longuement par rapport à un thème
qui lui soumis par un enquêteur. En jetant un regard sur le rétroviseur on se rend compte que
les méthodes qualitatives ont fait leurs premiers pas au XIXe siècle époque pendant laquelle
les sciences sociales sont sollicitées pour mener des études sur les conditions sociales de
certaines couches sociales. C’est le cas des enquêtes menées par l’Ecole de Chicago avec
Robert E. Park sur les immigrés, les délinquants et des pratiques déviantes etc.

Nous pouvons distinguer plusieurs instruments d’enquêtes pour la méthode qualitative.


Il s’agit entre autre de l’entretien, du récit de vie, du focus groupe, et de l’observation.

L’entretien
L’entretien est une situation d’enquête où un enquêteur recueille des informations sur
un enquêté à propos des thèmes et des sous identifiés en rapport avec une problématique de
recherche. D’une manière générale nous distinguons trois types d’entretiens à savoir l’entretien
directif, l’entretien semi-directif et l’entretien non directif.

L’entretien directif

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Il présente la configuration d’un questionnaire avec la seule particularité des recueillir


des données essentiellement non quantifiables. L’enquêteur identifie une certains nombres de
questions fermées qui se succèdent dans la manière dont elles sont posées à l’enquêté. Ici il
existe une restriction de la liberté de l’enquêté car il est canaliser par le canevas des questions
qui lui sont posées par l’enquêteur et dès fois avec des modalités qualitatives de réponses. Il
faut souligner que ce type d’entretien ressemble plus à un interrogatoire et il est de moins en
moins utilisé dans les sciences sociales de nos jours.

L’entretien semi-directif
Ce type d’entretien est plus réputé par sa souplesse et sa flexibilité. L’entretien
semidirectif est mené sur la base d’un guide ou d’une grille où est répertoriée des thèmes et des
sousthèmes qui structurent les échanges entre l’enquêteur et l’enquêté. Ici l’ordre des questions
n’est impérativement respectés il est possible aussi en fonction des réponses de l’enquêté de
sortir du guide et d’intégrer des thèmes qui initialement n’étaient pris en compte. Ici l’avantage
réside en ce que l’enquêté dispose d’une marge importante de liberté le permettant de discourir
par rapport aux thèmes qui lui sont soumis.

L’entretien semi-directif s’organise dans un cadre strict (l’enquêteur connait les points
précis qu’il désire aborder) qui conserve un principe de liberté de parole (l’enquête se déroule
dans un climat de confiance et de souplesse). L'entretien semi-directif visant à obtenir un certain
nombre de réponses, il peut être nécessaire de recadrer poliment son interlocuteur si celui-ci
s'écarte trop du sujet (surtout dans le cas, bien trop courant, où cet entretien est fortement limité
point de vue timing).

Le guide d’entretien est alors l’outil d’aide-mémoire à travers lequel l’enquêteur aura
répertorié l’ensemble des thèmes qu’il souhaite aborder, éventuellement sous forme de
questions ouvertes.

Le guide reprend les thèmes généraux à couvrir, des questions générales, des sous-questions
plus précises, des pistes de relance et des exemples de réponses attendues (afin de vérifier qu’il
y a bien une réponse à toutes les questions au cas où l’entretien dépasse le contenu strict du
guide). Chaque thème doit correspondre à un objectif de connaissance ou de compréhension

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bien précis. Le guide n’est pas rigide : l’ordre des thèmes à aborder n’a pas d’importance, pour
autant qu’ils soient tous abordés à la fin. A nouveau, si l’enquêté est d’accord, un enregistrement
et une retranscription s’avèreront très utiles pour l’analyse.

L’entretien non directif


C’est le type d’entretien très ouvert pour ne pas dire sans règle où l’enquêteur introduit
un thème et se met dans une position d’écoute avec de petits relances au besoin pour permettre
à l’enquêté d’étayer certains propos. Il s’agit d’un entretien au cours duquel l’enquêté est
pleinement libre des réponses qu’il apporte, à partir du thème qui lui est proposé. Le rôle de
l’enquêteur se limite à proposer un stimulus initial, et éventuellement relancer le discours. Ce
stimulus consiste à énoncer une question à champ large à partir de laquelle il expose un thème
et espère recueillir l’avis de l’enquêté. Les relances peuvent prendre plusieurs formes, par
exemple une reformulation des dires (« Pour résumer… »), un écho (redite d’une partie des
propos), un recentrage, une demande d’éclaircissements, des marques d’écoute etc.

Les entretiens non-directifs sont également utiles dans le cadre d’une approche
préliminaire d’un sujet que l’on maîtrise peu et si l’on se positionne dans une démarche
déductive. Un avantage des entretiens libres est qu’ils fournissent des informations riches en
détails et nuancées. L’analyse sera systématique : elle inclura tant la forme que le fond et les
modes d’expression de l’enquêté. Si ce dernier est d’accord, il est ainsi utile d’avoir enregistré
l’entretien et d’en faire une retranscription fidèle.

L’observation
L’observation est un des instruments d’enquête les plus anciennement utilisés par
l’ethnologie et par la suite par l’anthropologie pour recueillir des informations. L’observation
en tant qu’instruments d’enquêtes consiste pour l’enquêteur à cultiver une vision aigu de soi et
faits, pratiques, ou des comportements observés. Ainsi nous distinguons suivant la position de
l’enquêteur trois types d’observation dont :

• L’observation directe
• L’observation indirecte
• L’observation participante

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Au-delà de ces différences il est établi que l’observation s’effectue sur une grille
d’observation. En effet, une grille d’observation est élaboré dans l’optique de permettre à
l’enquêteur de mieux orienter et de structurer ses observations. La grille d’observation est un
canevas qui nous permet à la fois d’orienter, de cadrer et d’organiser notre manière
d’appréhender les faits que nous voulons observer. En ce sens, cette grille a été élaborée en
rapport aussi bien avec les objectifs et les hypothèses qui sous-tendent la problématique
d’enquête.

Le récit de vie
Le récit de vie comme son semble l’indique consiste pour un enquêté à raconter sa vie
ou une partie de celle en rapport avec une problématique donnée. En effet, le récit en tant
qu’instrument d’enquête est employée dans le cadre de recherche portant sur des sujets sensibles
qui se rapportent à des pratiques qui à première vue semblent relever d’une reproduction sociale.
Alors le récit de vie permet de comprendre quelles sont les implications que l’histoire
individuelle ou familiale a sur la vie actuelle (manières d’agir, de penser et de sentir) d’un
individu. Plusieurs récits de vie font état des expériences familiales vécues durant l’enfance en
ce qu’elles marquent l’avenir du futur adulte. De plus les récits de vie évoquent aussi d’autres
faits marquants relatifs par exemple au parcours scolaire caractérisé par la réussite ou l’échec,
l’insertion professionnelle, mais aussi l’évolution des normes, des valeurs, des convictions dans
le temps.

L’intérêt du récit de vie en tant instrument d’enquête est qu’il donne la latitude aux
enquêtés de s’épancher sur les faits marquants de leur vie où ils parlent de relations, expliquent
leur mode d’agir, justifient leurs choix et prennent position par rapport à ceux des autres mais
aussi décrivent certains orientations comme des contraintes qui leurs sont imposées par la
société.

A ce propos le récit de vie procure à l’enquêteur une masse importante de matériaux


dont l’analyse approfondie permet de comprendre la rationalité des acteurs ainsi leurs
comportements, leurs attitudes et leur mode perception. Il faut souligner à cet égard que
l’analyse des récits de vie a plus de sens quand on confronte les récits de plusieurs personnes
afin de détecter des régularités ou des différences qui font sens dans le cadre de la problématique
en question.

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Instruments d’Enquêtes SOC/S2/P5/2018

Le récit comme tout autre instrument d’enquête a des avantages comme il a en aussi des
inconvénients. Les avantages se rapportent au fait que les propos de l’enquêté sont
reconstitution de ce qu’il a vécu et qui en quelque sorte à déterminer la trajectoire actuelle de
sa vie. Ce qui est un élément important sur lequel l’enquêteur peut s’appuyer pour orienter son
analyse. Les inconvénients font référence au caractère sélectif du récit de la part de l’enquêté.
En effet, l’enquêté peut opérer délibérément un choix certains faits ou évènements au détriment
d’autres ce qui rend très souvent les informations incomplètes et biaise en même temps
l’analyse.

Le focus group
Le focus group en tant qu’instrument d’enquête remonte a faits ses débuts dans la
Psychologie avec les recherches de Kurt Lewin sur les dynamiques des groupes. En effet, Kurt
Lewin mettait en évidence les mécanismes de relations et d’interactions sociales un groupe
d’individus partageant relativement certaines caractéristiques communes. Par la suite
l’instrument a été employé par la sociologie pratique pour analyser les relations sociales afin
d’anticiper sur certains changements importants de relations au sein d’une organisation ou de
la société dans sa globalité.

Ainsi Alain Touraine s’est beaucoup servi des entretiens de groupes vers les années
1980 dans ses études sur le caractère plus ou moins porteur des mouvements sociaux en France.

Concrètement le focus groupe en tant qu’instrument d’enquête requiert un certains de


critères que l’on ainsi citer :

• Sélectionner six (6) à douze (12) participants


• Les participants doit être homogène (sexe, âge et d’autres critères à déterminer suivants
les objectifs d’enquête.

• Neutralité du lieu où se déroule l’enquête


• Un guide d’entretien où est consignés des thèmes et sous-thème à aborder avec des
relances et une distribution équitable de la parole à tous les participants.

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