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La place des femmes dans le sport et


les compétitions sportives
Dernière mise à jour : 13 mars 2022

En cette fin du mois de février, nous célébrons les athlètes français.es ayant gagné des
médailles olympiques aux Jeux d'hiver. Cela nous a semblé être une bonne occasion de
parler de la place des femmes dans les compétitions sportives depuis l'Antiquité.
Bonne lecture !

- English Version below -

“Les jeux olympiques doivent être réservés aux hommes […] une olympiade femelle serait
impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte.”
Ce sont les propos de Pierre de Coubertin à l’occasion des Jeux olympiques de 1896 sur la
question de la non-présence des femmes dans les olympiades. Qu’est-ce que ces propos
nous montrent sur la place et l’image des femmes dans le sport à travers les âges ? C’est ce
que nous allons étudier au cours de cet article.
Tout d’abord, voyons plus précisément ce qu’est le sport. Etymologiquement, le sport
vient du mot en vieux français “desport” qui signifie amusement, divertissement. Il est
associé au plaisir physique ou au plaisir de l’esprit, mais c’est aussi une manière de s’évader
de son quotidien et du labeur journalier.

Qu’en est-il de la place du sport au sein de la vie des femmes ?

Dans l’antiquité, le sport était une activité primordiale dans la vie quotidienne des
citoyens des différentes civilisations. En effet, déjà en Égypte ancienne, les hommes et les
femmes pratiquaient le sport. La danse et la gymnastique étaient majoritairement pratiquées
par les femmes tandis que la lutte ou la boxe étaient, la plupart du temps, pratiquées par les
garçons et les hommes. On voit tout de même que la danse était une pratique effectuée par
les servantes pour leur maître, et donc pas un sport libérateur pour les femmes mais un
spectacle pour les hommes.
Par la suite, dans la Grèce antique, l’âme et le corps étaient indissociables. En effet, la
force et la beauté participent autant que la bonté ou la qualité de l'âme dans la paideia,
autrement dit, l’art de la mise en œuvre de l’ensemble des moyens culturels visant à favoriser
l’élévation spirituelle des citoyens. Le sport s’est donc largement démocratisé à la fois dans
la société antique en général et chez les femmes. Elles avaient le droit de participer à des
jeux de gladiateurs et, non, elles n’étaient pas torse nu contrairement à l’idée générale que
l’on s’en fait. Elles portaient ce que l’on appelle le subligaculum, une sorte de pagne noué
aux hanches avec un fascia pectoralis qui servait de “soutien gorge de sport”. Elles portaient
cette tenue pour tout entraînement ou jeu quotidien.

N’étant pas autorisées à participer aux Jeux Olympiques Antiques, les femmes avaient leur
propre évènement sportif: les jeux héréens (heraia), qui se déroulaient tous les 5 ans à
Olympie en l’honneur de la déesse Héra. C’étaient des épreuves exclusivement réservées
aux femmes. L'épreuve sportive la plus emblématique des jeux, la course de char, était bien
évidemment réservée au hommes. Toutefois, les femmes pouvaient être propriétaires des
attelages, ce qui explique que des femmes aient gagné les courses sans y participer.
Au Moyen-Âge, le sport le plus connu est le tournois à pied. A ne pas confondre avec
la joute, qui se pratique à cheval. Ce sport provient de l’entraînement militaire des hommes,
et, par conséquent, est interdit de pratique pour les femmes. C’est à partir du Moyen-Age
que le corps de la femme se voit considéré comme un tabou et non plus comme une preuve
de leur performance sportive comme dans l’Antiquité. Le peu de femmes participant aux
activités sportives fait partie de la noblesse. Elles pratiquent la chasse telles que la
fauconnerie ou la chasse au vol mais pas la chasse à cour considérée comme trop brutale et
pas assez féminine. Elles ne sont considérées comme l’égal de l’homme que dans les jeux
intellectuels tels que les échecs ou la poésie. C’est à partir du XIIIème siècle lors de la
démocratisation du Jeu de Paume que naissent les compétitions mixtes. Il existe de grandes
championnes telles que Margot La Hennuyère, qui aurait gagné en 1427 de nombreuses
compétitions de Jeu De Paume à la fois contre des hommes et des femmes. Précisons qu’au
Moyen-Âge, la condition des femmes est dépendante de deux principaux facteurs: leur
situation géographique et leur place dans la société. En effet, une femme née dans le Sud
de la France par exemple avait beaucoup plus de mal à s’émanciper. Au contraire, dans le
Nord, il n’était pas étonnant de voir une femme se balader seule, sans voile, leur
émancipation était plus importante. En ce qui concerne leur place dans la société, les
femmes du peuple n’ont laissé que très peu d’archives quant à leur quotidien, contrairement
aux femmes de la noblesse dont on connaît la pratique sportive comme dit plus haut.
On voit donc une nette différence dans les raisons de la pratique sportive entre l’Antiquité et
le Moyen-Âge : religieuse dans l'Antiquité, militaire au Moyen-Age.

Comme vu précédemment, les premiers Jeux Olympiques modernes étaient


exclusivement réservés aux hommes. Le résurrecteur des JO modernes, Pierre de Coubertin,
était farouchement opposé à ce que des femmes puissent y participer. En 1900, elles ont été
intégrées comme des athlètes mais elles étaient en très petit nombre. Elles ne sont
officiellement reconnues comme athlètes avec leurs propres épreuves qu’aux Jeux
Olympiques de 1928 à Amsterdam. Elles peuvent participer à 5 épreuves, et ne représentent
que 10% des délégations internationales.

On note tout de même une grande avancée au cours du XXème siècle pour le sport féminin
et le sport en général.
Tout d’abord, l’introduction de l’éducation physique dans le programme de
l’éducation nationale française à la fin du XIXème siècle permet aux jeunes hommes de
découvrir le sport jusque-là réservé aux élites sociales. Les jeunes filles ne feront leur
première apparition dans les textes de loi qu’à partir de 1908 dans la période de l’avant-
guerre. En effet, malgré un début timide de reconnaissance du sexe féminin dans
l’éducation, elles restent à l’écart des sports dit de “force” et on leur préfère les sports
“gracieux” tels que la danse.
Par la suite, elles sont intégrées dans les années 80 pour rendre une éducation
physique mixte. Malgré tout, l’éducation et le conditionnement des jeunes filles à être plus
autonomes et moins actives dès leur plus tendre enfance n'aident pas les futures femmes à
s’orienter vers les loisirs physiques. C’est ce que l’on appelle l’éducation genrée, les
stéréotypes sur les prétendues importantes différences physiologiques entre les hommes et
femmes qui influent sur la manière dont les individus éduquent les enfants à l’école et en
dehors. D’après la recherche-action réalisée pendant l’été 2014 par Dominique Poggi, on
voit que “les croyances sexuées, non seulement aboutissent à des inégalités dans les
pratiques sportives et culturelles, mais aussi, par un effet rétroactif, elles contribuent à
renforcer ces stéréotypes en conditionnant filles et garçons et en formatant la construction
de leurs identités respectives. Par ailleurs, il est difficile pour une fille ou un garçon de
transgresser les normes sociales dominantes en choisissant une activité classiquement
réservée à l’autre sexe.”
La compétition, quant à elle, donne à voir de très nombreuses disparités, tout d’abord parce
que le choix des femmes de pratiquer un sport plutôt qu'un autre ne dépend pas
uniquement de leur souhait individuel mais aussi d’un conditionnement depuis leur plus
jeune âge. Reprenons pour cet exemple les Jeux Olympiques: la première édition à
représenter les deux sexes dans toutes les disciplines ne date que de 2012 avec
l'introduction de la boxe féminine aux JO de Londres! La représentation n'est donc pas
complète et rend plus difficile l'identification aux athlètes féminines.

Enfin, au niveau de la rémunération, les femmes ne sont toujours pas considérées


comme l’égal de l’homme. Comme exemple on peut citer les joueuses de football : en D1
elles touchent un salaire moyen approchant les 2.500 euros par mois, quand un joueur de
Ligue 1 peut dépasser les 100.000 euros mensuels. Il y a cependant certaines disciplines
dans lesquelles les athlètes femmes sont aussi bien rémunérées que les hommes. Le sport
où l’égalité du prize money entre homme et femme est parfaite est le tennis avec le tournois
de Roland Garros. En 2021 le et la gagnante en simple remportaient tous deux 1,4 millions
d’euros. La différence de rémunération entre les hommes et les femmes s’explique aussi par
le manque de médiatisation du sport féminin. En Janvier 2021, le Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel a annoncé que le sport féminin représente 18 % des retransmissions sportives
sur nos écrans.

Pour conclure, nous avons pu voir qu’au fil de l’histoire la place des femmes au sein du sport
a évolué et pas toujours de manière positive, comme entre la période de l’antiquité et le
moyen-age. Néanmoins, aujourd’hui la situation des femmes dans le monde du sport s’est
améliorée mais avec l’apparition des réseaux sociaux, leur image est souvent réduite à un
physique plus ou moins harmonieux et non pas simplement à leur performance.

Women in sports

"The Olympic Games must be reserved for men [...] a female Olympiad would be
impractical, uninteresting, unattractive and incorrect."
These are the words of Pierre de Coubertin at the 1896 Olympic Games regarding the issue
of the non-presence of women in the Olympics. What do these comments show us about the
place and image of women in sports through the ages? This is what we will study in this
article.
First of all, let's see more precisely what the term “sport” means. Etymologically, sport
comes from the Old French word "desport" which means amusement, entertainment. It is
associated with physical pleasure or pleasure of the mind, but it is also a way to escape from
one's daily life and daily work.

What about the place of sports in women's lives?

In ancient times, sports were an essential activity in the daily life of citizens of different
civilizations. Actually, men and women were practicing sports as early as ancient Egypt.
Dance and gymnastics were mostly practiced by women, while wrestling or boxing were
mostly practiced by boys and men. We can see that dancing was a practice carried out by
the servants for their master, and therefore not a liberating sport for women, but a spectacle
for men.
Later, in ancient Greece, the soul and body were inseparable. In fact, the paideia was
the art of educating and raising citizens in Greece to become ideal members of society. In
the paideia, physical as well as spiritual activities were included in the training of young
citizens. As a consequence, strength and beauty are equally as important as the goodness of
the soul in the Greek mindset. Sports were thus largely democratized at the same time in
ancient society, both in general and among women. They had the right to participate in
gladiatorial games and they were not bare-chested, contrary to popular belief.
They wore the ‘subligaculum’, a kind of loincloth tied at the hips with a fascia pectoralis that
served as a "sports bra". They wore this outfit for any training or daily game.

As they were not allowed to participate in the ancient Olympic Games, women had their own
sporting events. The Herean games (heraia) took place every 5 years in Olympia in honor of
the goddess Hera and they were exclusively reserved for women. The most emblematic
event of the games, the chariot race, was obviously reserved for men; however, women could
be owners of the carriages, which explains why some women won the races without
competing.
In the Middle Ages, the most famous sport was the walking tournament - not to be
confused with jousting, which is practiced on horseback and is forbidden for women due to
its history of being created as military training for men. It is from the Middle Ages onwards
that a woman's body is considered as taboo and not as proof of their sports performance, as
in Antiquity. The few women who participated in sports activities were part of the nobility.
They practiced hunting such as falconry or flight hunting but not court hunting, which was
considered too brutal and not feminine enough. They were only considered equal to men in
intellectual games such as chess or poetry.
It is from the XIIIth century onwards, during the democratization of the Jeu de Paume, that
mixed competitions were born. There are great champions, such as Margot La Hennuyère,
who won many Jeu de Paume competitions against both men and women in the mid-15th
century.
Let us specify that in the Middle Ages, the condition of women depended on two main
factors: their geographical situation and their place in society. A woman born in the South of
France, for example, would find it much more difficult to emancipate herself. On the
contrary, in the North, it was not surprising to see a woman walking alone, without a veil. As
far as their place in society is concerned, the women of the people have left very few records
of their daily life, unlike the women of the nobility, for whom we know their sporting activities
as mentioned above.
Thus, there is a clear difference in the reasons of the sporting practice between Antiquity,
where religion was highly valued, and the Middle Ages, where military values were the most
important.

As seen previously, the first modern Olympic Games were exclusively reserved for men. The
resurrector of the modern Olympics, Pierre de Coubertin, was fiercely opposed to the
participation of women. In 1900, they were recognized as athletes but were in very small
numbers. Women were officially recognized as athletes with their own events only at the
Olympic Games of 1928 in Amsterdam. They were able to participate in 5 events and
represented only 10% of the international delegations. Nevertheless, there was a great
advance during the 20th century for women's sport and sport in general. First of all, the
introduction of physical education in the program of the French national education at the
end of the XIXth century allowed the young men to discover the sport until then reserved to
the social elites. Young girls will only make their first appearance in the texts of law from 1908
in the pre-war period. In spite of a timid beginning of recognition of the female sex in the
education, they remain away from the sports called "strength" and one prefers them the
"graceful" sports such as dance.
Later on, they were integrated in the 80's to make a mixed physical education.
Nevertheless, the education and conditioning of young girls to be more autonomous and
less active from their earliest childhood does not help future women to be oriented towards
physical recreation. This is known as gendered education, the stereotypes about the
supposedly important physiological differences between men and women that influence
how individuals educate children in and out of school. According to the action research
conducted during the summer of 2014 by Dominique Poggi, we see that "gendered beliefs,
not only result in inequalities in sports and cultural practices but also, through a retroactive
effect, they contribute to reinforcing these stereotypes by conditioning girls and boys and
formatting the construction of their respective identities. Moreover, it is difficult for a girl or a
boy to transgress the dominant social norms by choosing an activity classically reserved for
the other sex."
The competition, on the other hand, shows many disparities. The choice of women to
practice one sport rather than another does not depend only on their individual wish, but
also on being conditioned from an early age. Let's take the Olympic Games as an example:
the first edition to represent both sexes in all disciplines only dates from 2012 with the
introduction of women's boxing at the London Olympics.

In terms of remuneration, women are still not considered equal to men, with a prime
example being female soccer players. In the D1 they earn an average salary of about 2,500
euros per month, while a player in the Ligue 1 can exceed 100,000 euros per month. There
are, however, some disciplines in which female athletes are as well paid as male athletes. The
sport where the equality of prize money between men and women is perfect is tennis, with
the Roland Garros tournament paying out a winning prize of 1.4 million euros to both the
men’s and women’s singles champions.
The difference in pay between men and women is also due to the lack of media coverage of
women's sports. In January 2021, the Conseil Supérieur de l'Audiovisuel announced that
women's sports represent 18% of sports broadcasts.

To conclude, it is evident that throughout history the place of women in sport has evolved
and not always in a positive way, such as the period between Antiquity and the Middle Ages.
Nevertheless, the situation of women in the world of sports today has improved but with the
appearance of social networks, their image is often reduced to a more or less harmonious
physique and not simply to their performance.

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