Récit

Cinq auteurs de best-sellers

SUPPLÉMENT DU PARISIEN

revivent l’émotion
CODE ÉTUDE ACPM

de leur premier roman

Reportage
La nuit, des entreprises
hébergent des sans-abri
Saga
Le Cirque du Soleil, un
empire du divertissement

Rugby
La méthode
Galthié

Pour gagner
la Coupe du monde,
l’entraîneur des
oldkeypdf
Bleus est prêt à tout.
 DÉJÀ PLUS DE
700 000 SPECTATEURS LES FILMS PELLÉAS ET LES FILMS DE PIERRE
PRÉSENTENT

SANDRA HÜLLER SWANN ARLAUD MILO MACHADO-GRANER ANTOINE REINARTZ

UN FILM DE
JUSTINE TRIET
ACTUELLEMENT AU CINÉMA
SAMUEL THEIS JEHNNY BETH SAADIA BENTAÏEB CAMILLE RUTHERFORD ANNE ROTGER SOPHIE FILLIÈRES
SCÉNARIO JUSTINE TRIET ET ARTHUR HARARI PRODUIT PAR MARIE-ANGE LUCIANI ET DAVID THION PRODUCTEUR ASSOCIÉ PHILIPPE MARTIN
Design : Benjamin Seznec / TROÏKA

oldkeypdf
 Sommaire VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2023

20 40
4. Édito 6. En bref 8. L’humeur de David Abiker 9. Le brief
10. L’invité Hugo Clément 12. Livres Jean-Michel Guenassia 16. L’image de la semaine
PHOTOS © INSIDEFOTO/SIPA USA/SIPA, MÉLANIE BAHUON - COUVERTURE © MATTHIEU BOTTE/PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP - 573

PORTRAIT RÉCIT REPORTAGE ENTRETIEN SAGA

20. Fabien Galthié, un entraîneur intransigeant
Le coach du XV de France, technicien et stratège
d’exception, est souvent critiqué pour ses manières
trop directes. Alors que débute la Coupe du monde,
ce 8 septembre, nous avons tenté de percer les secrets
de celui qui veut marquer l’histoire de son sport.
28. Un premier roman,
quelle aventure !
Nicolas Mathieu, Cécile Coulon, Michel Bussi…
En cette rentrée littéraire, cinq écrivains
à succès nous racontent leurs premiers pas.
32. Des open spaces pour les sans-abri
La nuit, aux portes de Paris, l’entreprise Altavia offre
un toit à Ahmadullah, un réfugié afghan de 29 ans.
36. Alexandre Jardin : « C’était essentiel,
avec ce livre, que je rende la vie à mon frère »
Dans un récit à vif, le romancier français évoque
la personnalité de son aîné, qui s’est suicidé en 1993.
40. Le Cirque du Soleil, toujours renversant
En quarante ans, la fameuse troupe québécoise
s’est muée en empire du divertissement.

CITY GUIDE

45. Paris Envies 52. Flânerie Rue Boissy-d’Anglas 54. Quartier libre Isabelle Ithurburu
56. Shopping La rentrée, c’est classe 57. Bien-être Restez bronzée pour prolonger l’été
58. Escapade Bourges 60. Paris Gourmand 62. Jeux 66. Rive droite, rive gauche
oldkeypdf
 L
4 ÉDITO

Le soleil brille
LA RÉDACTION
Directrice de la rédaction Christine Monin
sur la France, donnant
Rédactrices en chef Bénédicte Alaniou (news) à cette rentrée un petit air estival.
Yolaine de Chanaud (magazine) Les projets pour le week-end vont bon train :
Chefs de service Airy Aubry (art de vivre)
Gwénaëlle Loaëc (culture)
pique-nique, balade à vélo, journée
Gaëtane Morin (sport, politique) à la plage, barbecue en famille… Et, pour
Julien Solonel (société, éco)
Grand reporter Benjamin Jérôme les amateurs, rugby à haute dose !
Reporters Chloé Belleret C’est ce vendredi 8 septembre, en effet, qu’est
Aurélie Sipos
Rédactrice Marine Brugeron donné le top départ de la Coupe du monde
Cheffe d’édition Julie Dufour organisée en France. À moins de onze mois
Premiers SR Philippe Cotten
Sébastien Ruszniewski des Jeux olympiques, le monde entier
Secrétaires de rédaction Geoffroy Buisson va déjà avoir les yeux braqués sur l’Hexagone,
Caroline Fleur
Anne-Claire Gras et cette compétition autour du ballon ovale
avec Quentin Lepoutre s’annonce comme une répétition générale.
Directrice artistique Valérie Bier-Eudier
DA adjoints Mathieu Gelézeau
Déborah Rousseaux
L’équipe de France, elle, entame
avec Christophe Alexandre son Mondial de la plus belle des manières,
Maquettiste Maud Taylor
face aux légendaires All Blacks. Nul doute
Directeur photo Xavier Lucas
Rédacteurs photo Marie-Anne Méhay que son sélectionneur, Fabien Galthié,
Francis Rieth
avec Anne Doublet
aura une petite pensée pour la demi-finale
et Clotilde Tachdjian mythique de 1999 : les Bleus, dont il faisait
Assistante administrative Valérie Costesêque partie, l’avaient emportée 43 à 31 face
Assistante de la rédaction Lucie Gouze
aux Néo-Zélandais. Avant de s’incliner
LE PARISIEN LIBÉRÉ 10, bd de Grenelle, 75738 Paris cedex 15. en finale. Un scénario inenvisageable pour
Tél. : 01 87 39 71 00.
Président et directeur de la publication Pierre Louette Galthié, qui veut voir, samedi 28 octobre,
Principal associé Ufipar (LVMH) son équipe soulever le trophée au
Directrice générale déléguée Sophie Gourmelen
Directeur des rédactions Nicolas Charbonneau Stade de France, devant ses supporteurs.
Éditrice Mélanie Monsaingeon
Éditrice adjointe Hélène Sellier Cette issue, il en rêve et la vit comme
Délégué à la protection Xavier Genovesi
des données personnelles une mission. Permettre à l’équipe de France
de devenir championne du monde pour
PUBLICITÉ Les Échos Le Parisien Médias
Présidente Corinne Mrejen la première fois, voilà qui ferait assurément
Directeur général Philippe Pignol taire les critiques qui n’épargnent pas
Directrice commerciale Emmanuelle Astruc
Directeur de publicité Gérald Couvey cet entraîneur, porté au pinacle par les uns
ABONNEMENT serviceclient@leparisien.fr et cloué au pilori par les autres, comme
Le Parisien Week-End 01 76 49 11 11 (coût d’un appel local)
FABRICATION
le montre le portrait que nous faisons de lui
Directrice de production Catherine Massabuau (p. 20). Fabien Galthié veut entrer dans
Responsable de fabrication Amandine Charbonnel
avec Eva Lesage l’Histoire. Et les supporteurs français ne
Photogravure Keygraphic souhaitent qu’une chose : qu’il y parvienne. n
Impression Maury, Malesherbes.
Newsprint, Lieusaint

Supplément au « Parisien » n° 24582 et à « Aujourd’hui en France » n° 7960 du 8 septembre 2023.

Ne peut être vendu séparément. Disponible en France métropolitaine.
Commission paritaire LPWE n° 2001 C 85979. Commission paritaire AEFWE n° 2001 C 8033.
Origine du papier principal : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 33 %.
Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et porteur
de l’Écolabel européen sous le numéro FI/011/007. Eutrophisation : Ptot 0,008 kg/tonne de papier.
Ce magazine est conçu et réalisé par la société L.P.M. pour le compte de l’éditeur
Le Parisien Libéré, RCS 332 890 359. Société par actions simplifiées.
N° ISSN Aujourd’hui en France Week-End 2558-2135. N° ISSN Le Parisien Week-End 2263-2506.
PHOTO © PHILIPPE LAVIEILLE/LP

Mail : initiale du prénom puis nom@leparisienmag.fr

Par Bénédicte Alaniou

Rédactrice en chef

Suivez-nous sur @LeParisienWE

oldkeypdf
 20 ANS DE JEUNE CUISINE
10-12 SEPTEMBRE 2023
PARC FLORAL DE PARIS

ALBERT ADRIÀ ANTONIO ALTAMURA FRÉDÉRIC ANTON JULIEN

& VICTORIA AYRAL ARNAUD BAPTISTE ANNA BARBINA PASCAL
BARBOT & CHRISTOPHE ROHAT CHRYSTEL BARNIER & GUILLAUME
MONJURÉ MICKAEL BARRET REBECCA BEAUFOUR LUCIE
BERTHIER GEMBARA TEDDY BIDAUX MAXIME BOUTTIER DESTY
BRAMI CHANDRA BRUNE MICKAEL BUI SIMON CARLIER HUGO
CHAISE AMANDINE CHAIGNOT VALENTINA CHIARAMONTE
THOMAS CHISHOLM FLORENT CICCOLI ANNE CORUBLE THOMAS
COUPEAU THIBAUD CUCHERAT MATTHIEU DALMAIS THOMAS
DANIGO GERMAIN DECRETON EMMA DESTRUEL & ANTOINE SALLIER
BERANGERE FAGART ADRIEN FERRAND VANYA FILIPOVIC &
MARC-OLIVIER FRAPPIER PIERRE GAGNAIRE JEREMY GALVAN
JORDAN GASCO ALEXANDRE GAUTHIER ANNE GERBAUD ERIC
GUERIN SARAH HAMZA REMY HAVETZ ELISABETH HOT-GEOFFROY
GIUSEPPE IANNOTTI JULIETTE LACROIX-WASOVER FLORENT
LADEYN QUENTIN LECHAT WILLIAM LEDEUIL ERWAN LEDRU &
KEVIN DE PORRE MARIE-VICTORINE MANOA GRÉGORY MARCHAND
THIERRY MARX ALEXANDRE MAZZIA MATTEO MANTOVANI
TIPHAINE MOLLARD & ROMAIN CASAS JEAN-SEBASTIEN MONNE
TONI MUZI DIEGO PANI GIOVANNI PASSERINI JEAN-FRANÇOIS
PIÈGE GWENDAL PECHER MATHIEU PEROU FLORENT POULARD
RCS LYON 380 552 976 – Document non contractuel - Crédit photo : Hula Hoop

DIEGO ROSSI GUILLAUME SANCHEZ JEANNE SATORI & DAVID

DEGOURSY ELOI SPINNLER JEAN-FRANCOIS TETEDOIE STEVEN
THIÉBAUT-PELLEGRINO JACOPO TICCHI BRUNO VERJUS

PRENEZ VOTRE BADGE SUR

SIRHA-OMNIVORE.COM/FR/TOUR/PARIS/2023/BILLETTERIE

oldkeypdf
6 EN BREF

À retenir ÉCONOMIE SPORT HIGH-TECH SOCIÉTÉ

Le diesel et l’électrique au coude-à-coude

En juin dernier, les ventes de voitures neuves électriques
en Europe avaient, pour la première fois, dépassé celles des diesels,
selon les chiffres des constructeurs. Une victoire de courte
durée, puisque, en juillet, 120 016 véhicules roulant au gasoil ont
été immatriculés, contre 115 971 de leurs concurrents à batterie.
Les modèles à essence restent en pole position, avec 304 903 ventes,
suivis par les hybrides, qui se sont écoulés à 217 530 exemplaires.
Les arbres, de fabuleux
La personnalité Mitra Hejazipour, atouts fraîcheur
nouvelle reine des échecs
Iranienne naturalisée Française en mars dernier, Les tilleuls, érables et
la joueuse de 30 ans a été sacrée championne
de France de la discipline lors de sa première
platanes, meilleurs alliés
participation, le 27 août. Celle qui détient quand la température grimpe
le titre de grand maître international a fui son
pays en 2019 après avoir joué sans son voile. dans nos villes ? Une récente
étude de l’Institut national

PHOTOS © BÉATRICE LE GRAND/MAXPPP, OLIVIER ARANDEL/LP, OLIVIER CORSAN/LP, GETTY/ISTOCK, MARAIS DE SAINT-GOND/MARTINEAU DR
Le chiffre 9 944 euros, c’est, selon le site de recherche pour
Meilleursagents, le prix moyen du mètre l’agriculture, l’alimentation
carré à Paris, au 1er septembre. Depuis 2019, et l’environnement (Inrae)
cette estimation n’était jamais passée
au-dessous de la barre symbolique des
le confirme : « Le feuillage
10 000 euros. Un signe de la crise que traverse constitue une véritable
actuellement le marché immobilier. carapace absorbante, et
son impact est d’autant plus
La queen aura son mémorial flagrant en plein soleil
Un an après le décès d’Elizabeth II,
le gouvernement britannique a annoncé,
où la température mesurée
le 3 septembre, la création d’une commission est inférieure de 7 °C sous
qui travaillera sur un projet de « mémorial
permanent » en l’honneur de la reine.
les arbres. » Frédéric Ségur,
Il sera dévoilé en 2026, année qui aurait marqué responsable du bureau
le centenaire de la souveraine.
d’études Arbre, ville et
paysage, estime ainsi qu’un
Sur les réseaux Guy Roux connaît le « quoicoubeh »
Pour lancer son compte TikTok, le club de foot d’Auxerre a fait appel
chêne ou un peuplier adulte
au légendaire Guy Roux. Dans une courte séquence, on le voit, assis sur apportent autant de fraîcheur
un banc du stade de l’Abbé-Deschamps, téléphone à la main. Le vidéaste
l’interroge : « Bonjour, Guy, qu’est-ce que vous faites ? » L’ancien que 20 climatiseurs ! De quoi
entraîneur lui répond : « Je crée le compte TikTok de l’AJA. » Le vidéaste
le relance : « Quoi ? » L’octogénaire, reprenant l’expression favorite
inciter les agglomérations à
des jeunes, lâche alors un tonitruant : « Quoicoubeh ! » Buzz assuré. planter des « forêts urbaines ».
oldkeypdf

Scruter les océans
de chez soi
Explorer les récifs de coraux
ou les grands fonds
depuis son canapé, tout en
aidant les scientifiques
à recenser et surveiller l’état
des espèces vivant dans
les différents écosystèmes
marins. L’Institut français
de recherche pour
l’exploitation de la mer
(Ifremer) met à cet effet des
photos et vidéos à analyser
sur la plateforme Espions
des océans. Ouvrez l’œil !
Qui n’est pas
Antoine n’est pas
champion
Ils étaient une cinquantaine
d’Antoine à trinquer,
le 2 septembre, à Nantes.
Une improbable réunion
organisée par un groupe
Facebook, « Le neurchi
d’Antoine » (« chineur », en
verlan), créé en 2019. Le club
a passé, cet été, la barre
des 10 000 membres. Depuis
1900, ce prénom a été donné
plus de 282 000 fois, selon
l’Insee, avec une montée
en puissance à partir
de 1980. Le pic se situe
à 6 749 bébés en 1996,
avant d’amorcer une baisse
inexorable. Devenue
une véritable communauté,
les Antoine s’entraident
pour trouver un stage,
déménager, collecter
des fonds… Un soutien sans
faille sur lequel un certain
Dupont devrait pouvoir
compter lors de la Coupe
du monde de rugby.
PAR LA RÉDACTION.
oldkeypdf
“Avec le PATCH FROID
L’IA remporte une
course de drones
Un engin piloté par une
rien ne m’arrête”
intelligence artificielle
a remporté une compétition
contre des champions
TIGER BALM®,
de la discipline, relate une
étude publiée dans la revue
Nature. Swift, un système
autonome embarqué,
« corrige la trajectoire Wendie Renard
du drone en temps réel, Footballeuse internationale
en envoyant 100 nouvelles
commandes par seconde »,
explique Elia Kaufmann,
à l’origine de la parution.
Cette réussite, qui repose
sur l’apprentissage
par renforcement profond,
ouvre la voie à une
optimisation des systèmes
utilisés dans les voitures
autonomes ou
les robots industriels.
Dans la Marne,
le néolithique
refait surface
Cent cinquante ans après
la découverte des premiers
silex dans la région des
marais de Saint-Gond,
à 80 kilomètres au sud de
Reims, les traces d’un village
néolithique (3 500 à 3 000
avant J.-C.) ont été mises au
jour, cet été, par une équipe
du CNRS, démontrant
« l’organisation économique,
sociétale et territoriale » de
cette période préhistorique,
selon l’archéologue
Rémi Martineau. Il estime Dispositif médical*
que la trouvaille n’a « pas
d’équivalent » en Europe.
Soulage
les douleurs
musculaires
*Dispositif médical de Classe 1. Ce dispositif médical
est un produit de santé réglementé qui porte, au titre de
cette réglementation, le marquage CE. Reportez-vous à
la notice complète pour plus d’informations. Demandez
conseil à votre médecin ou votre pharmacien. Fabriqué par
Haw Par Healthcare Ltd. 623
www.tigerbalm.com/fr - www.cosmediet.fr
8 HUMEUR

L
Les poux, surtout
pas les poux !
C’était le fléau
que je redoutais le plus, quand j’étais en CP.
Pire que les poux, la honte des poux,
et peut-être aussi d’attraper
la varicelle, que je n’ai jamais eue.
Attraper la varicelle, oui, j’en avais
peur, surtout à cause des croûtes
sur les joues de Boris V. (pardon),
pourtant bon en multiplications.
J’étais épouvanté, aussi, à l’idée
de subir la cuti, ce test cutané censé
déceler certaines maladies (je suis
miraculeusement passé au travers
pendant tout le primaire).
Je pétochais à l’éventualité d’être
dans la classe de Monsieur H.,
qui avait cette particularité de puer
la Gitane et de tirer les cheveux,
juste au-dessous des tempes,
en nous murmurant d’un ton
doucereux « non, mon mignon,
ah ça non, mon mignon », quand
on « dépassait » dans la marge
en apprenant l’écriture attachée.
Parmi les choses qui m’effrayaient
terriblement encore, le trou
de mémoire en récitant La Cigale
et la Fourmi, et ce plat ignoble
à la cantine : les œufs durs et leur
béchamel évoquant la bave de
chameau, le tout sur un lit gluant
d’épinards en cheveux de sorcière.
Beurk ! J’avais également très peur
d’arriver en retard et d’être humilié
Par David Abiker au tableau, ou de perdre toutes
Présentateur de la matinale mes billes de porcelaine à la récré.
de Radio Classique du lundi Cela étant dit, les terreurs scolaires
ou presque… Gare au harcèlement
scolaire avant, pendant et après
les cours, au prosélytisme des
porteuses d’abayas, à l’absence d’un
ou plusieurs enseignants démotivés,
à la présence peu rassurante d’un
prof débutant formé en quatre jours,
à la canicule dans une salle de classe
surchauffée, à la rentrée, le 20 août
prochain, à la constipation pour
qui évite les WC collectifs, au pipi
sous la chaise quand on ne peut plus
se retenir, aux méthodes de lecture
qui fabriquent du crétin, à l’Histoire
sans dates qui menace le récit
national, aux vacances trop longues,
aux vacances trop courtes, à l’entrée
en 6e sans maîtrise des savoirs
fondamentaux, aux jeux dangereux
dans la cour de récré, aux jeux
genrés qui prédéterminent les filles
à regarder les garçons occuper
le terrain, à l’homophobie des petits
copains, à la grossophobie des petites
copines… Gare aux « sex pics » et
aux vidéos porno; gare aux bandes,
aux gangs, à la drogue qui circule
dans les cartables; gare aux surdoués
et autres HPI, ils sont partout!
À la colle qu’on sniffe (ma génération
la mangeait), au tablier
qui uniformise, aux marques de
vêtements qui discriminent…
Jamais le panneau « attention
école » n’a été aussi utile. D’ailleurs,
si j’avais 7 ans, je refuserais d’y aller. n
PHOTO © OLIVIER ARANDEL

au vendredi de 7 h à 9 h d’aujourd’hui n’ont rien à « envier »

à celles d’hier. Un élève qui entre
à l’école ou au collège cette année,
si j’ai bien regardé la télévision,
doit être vigilant et se méfier de tout
oldkeypdf
 LE BRIEF 9

La Formule 4,
le buzz
sur quatre roues
Le Grand Prix Explorer Lancée en 2014, la Formule 4
est une catégorie
de compétition de voitures

remet le turbo monoplaces. Plus accessible

que la Formule 1, cette
discipline est une
alternative au karting.
La course de Formule 4, organisée par le vidéaste Squeezie, La série Netflix Formula 1 :
fait son retour le 9 septembre. En mai dernier, les 60 000 places Pilotes de leur destin
disponibles se sont écoulées en moins de trente minutes. a contribué à populariser
les courses automobiles
PAR JULIETTE NEUET-SHALTER-BODINEAU.
auprès des jeunes.
PHOTOS © B. PALMET/MAINE LIBRE/MAXPPP, 2023 NETFLIX, TWITCH, L.VU/SIPA, C. NICOLAS/SIPA, G. NEDELEC/MAXPPP, ALPINE

Twitch, Squeezie, Bugatti, le circuit

la plateforme phare l’organisateur Pour accueillir cette course,
La première édition le choix s’est porté sur Sylvain Lévy,
Le youtubeur Lucas
du GP Explorer a été Hauchard, dit « Squeezie »,
le circuit Bugatti du Mans le vainqueur
diffusée sur la plateforme connu pour ses vidéos
(Sarthe). Construit en 1965, à détrôner
de streaming en direct il constitue une partie
décalées et humoristiques, Animant la chaîne YouTube
Twitch, lancée en juin 2011, de la boucle sur laquelle
a fait le pari fou, en 2022, Vilebrequin, spécialisée
puis rachetée par Amazon se déroulent les 24 Heures.
d’organiser une compétition dans l’automobile,
en 2014. Le 8 octobre 2022, Quelque 40 000 spectateurs
de F4 opposant 22 créateurs auprès de Pierre Chabrier,
cet événement a attiré plus étaient réunis sur
de contenu français, répartis Sylvain Lévy a été
de 1 million de spectateurs ses gradins lors du premier
en 11 équipes. Au préalable, le premier à passer la ligne
lors du live, réalisant GP Explorer. Ils seront
ils avaient dû s’entraîner d’arrivée du GP Explorer
alors le record d’audience 20 000 de plus cette année.
à piloter ces monoplaces 2022. Suivi des créateurs
en France pour le diffuseur. durant plusieurs mois. de contenus Depielo
et Étienne Moustache.

Écuries mystères, le secret bien gardé

Sur ce circuit, 24 participants sont attendus, soit
12 équipes sponsorisées par de grandes marques,
comme Alpine. Le secret plane encore pour deux d’entre
elles. Billy, dit « RebeuDeter », n’a pas dévoilé l’identité
de son ou sa partenaire, et une écurie reste anonyme
jusqu’au jour J. De quoi tenir les internautes en haleine !
oldkeypdf
10 L'INVITÉ
Le portrait connecté
Hugo Clément
Le journaliste et militant écolo présente deux
nouveautés en cette rentrée : l’émission « Nos grandes
décisions » (France 2) et une BD (Le Théorème
du Vaquita). Et n’éteint jamais son téléphone !
PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE BURY.
Temps d’écran Entre cinq et
six heures par jour ! J’utilise mon
smartphone aussi bien pour passer
des appels, filmer, que pour faire
des contenus pour les réseaux,
répondre aux mails…
Fond d’écran Une photo de ma
compagne et de nos deux filles
regardant le coucher de soleil en haut
de la dune du Pilat, en Gironde.
Applis indispensables Report-IT,
qui permet de faire des directs radio
avec un très bon son. Je m’en sers le
mercredi matin pour ma chronique
sur France Inter. J’aime aussi
BirdNET, pour reconnaître le chant
des oiseaux quand je me balade en
forêt, et Yadusurf, qui me renseigne,
quand je suis à Biarritz, sur l’horaire
des marées, la taille des vagues
et la direction du vent.
Réseau social préféré Instagram. Je
poste régulièrement du contenu sur
les autres réseaux, mais c’est sur Insta
que je partage le plus avec mes potes.
Appli food Yuka, pour vérifier la
composition des produits que j’achète.
Appli inutilisée Twitch. Je n’ai
jamais trouvé le temps de suivre
ce qui se faisait sur cette plateforme
de streaming en direct.
oldkeypdf
Tweet populaire La photo d’un
restaurateur, sur l’île du Levant (Var),
se mettant en scène dans sa cuisine
avec un requin mako. Je l’ai relayée
en précisant qu’il s’agissait d’une
espèce en voie d’extinction en
Méditerranée, interdite à la pêche et à
la commercialisation. Les associations
Ailerons et Sea Shepherd ont porté
plainte contre le restaurateur.
Playlist La mienne, que j’alimente
depuis des années. Très éclectique,
elle compte 800 titres. En ce moment,
j’écoute Joe Dassin, que j’ai ajouté
après les fêtes de Bayonne, et Worakls,
un ami qui fait de la musique électro.
Premier clic Sur le groupe WhatsApp
de Vakita, le média d’enquête que j’ai
créé. On y partage des idées de sujets,
chacun explique où il en est dans son
travail, on se pose des questions…
Off Je n’éteins jamais mon téléphone,
mais quand je fais du sport, je ne l’ai
pas avec moi, sauf lorsque je cours.
Même chose quand je suis en famille,
à la plage ou à table.
Dernière recherche Google Ce matin,
en observant un escargot monter
sur un mur, je me suis demandé ce qu’il
y avait dans sa coquille. J’ai cherché
sur Internet et appris qu’elle contenait
notamment ses poumons, et qu’il ne
pouvait pas s’en séparer, contrairement
au bernard-l’ermite.
Contacts 3 952. Le plus chic ?
Celui de ma femme !
Streaming Le documentaire
The Game Changers, sur Netflix :
PHOTO © OLIVIER LEJEUNE/LP
c’est l’histoire d’un combattant
de MMA qui se blesse et s’interroge
sur son alimentation, avant
de devenir végan. De plus en plus
d’athlètes arrêtent de manger
de la viande, sans que cela affecte
leurs performances.
oldkeypdf
12 LIVRES

A Appartenir
au « Club des
incorrigibles
optimistes »
permet de ré-enrouler la pelote
de plusieurs vies. Sous ce titre,
Jean-Michel Guenassia s’est fait
un nom en littérature, en 2009.
Prix Goncourt des lycéens puis,
trois ans plus tard, celui des lecteurs
du Livre de poche. Voilà un écrivain
qui ne respire que de l’air fresque.
En témoigne cet À Dieu vat,
son quatrième roman. Qui d’entre
nous n’a pas une fois prononcé ces
mots comme on fait s’entrechoquer
trois dés ? « Un coup de dés jamais
n’abolira le hasard », écrivait
le poète Mallarmé. Pas du tout,
affirme le romancier. « On ne
choisit rien, on ne fait que mettre
ses pas dans le chemin tracé. »
Pour conduire son récit, qui prend
sa source en 1924, entre
guinguettes et mythiques studios
de cinéma – où le quotidien lors de la bataille de Stonne, dans
des petites mains ne fait cependant les Ardennes. Leur fille, Arlène,
pas rêver – et s’achève dans balaiera la certitude machiste
les années 1960, l’auteur use qui veut que les femmes ne soient
du présent. Sans lanternes pas nées pour être ingénieures.
ni cotillons. Il sait qu’en roulant sur Autour d’elle, pas de seconds rôles.
le plat, les reliefs nous choperont Voici Thomas, l’adolescent
aux mollets, les feront cuire à feu poète « à cheval sur les nuages » ;
doux, puis les incendieront (oui, sa jumelle Marie, qu’un Christian
j’écris cet article au lendemain du Lacroix n’aurait pas hésité
Tour de France). Il prend aussi des à embaucher ; Daniel, qui fera
libertés, glisse des virgules devant Saint-Cyr. Et Jeanne, et Madeleine,
des majuscules. Bref, il met de et Pierre, et Laurent… Et la marche
l’huile dans le dérailleur. Tout ceci, syncopée du monde pour les
bonheurs et drames, doit tourner envelopper. Jean-Michel Guenassia
rond avec un bruit de montre. est-il bien placé pour un Goncourt ?
À Dieu vat a-t-il un axe ? Oui, il en À cette question, une seule réponse
a un. Irène est amoureuse d’un sosie s’impose : à Dieu vat ! n
Par Pierre Vavasseur de Rudolph Valentino, dont elle « À Dieu vat », de Jean-Michel Guenassia,
Écrivain et chroniqueur littéraire refuse d’accepter la mort, en 1940, Albin Michel, 496 p., 22,90 €.

oldkeypdf

Sélectionnés pour vous
Ode à la voix volatilisée
Biographie. Quatorzième
enfant de sa famille et
ayant évolué très tôt sous
les projecteurs, dévoilant
son intimité au public,
Céline Dion a soudain
disparu des écrans télé.
Black-out sur la scène médiatique
et, surtout, musicale. Atteinte d’une
maladie neurologique auto-immune,
la chanteuse québécoise vit en retrait
du monde depuis la crise sanitaire.
PHOTOS © FRÉDÉRIC DUGIT, SP
Ses concerts sont annulés les uns après
les autres, alimentant les rumeurs
les plus folles. Un portrait à réserver
aux fans, qui apprécieront de revisiter
le parcours de leur icône. GaëtaneMorin
« Dis-moi Céline », de Laurence Catinot-Crost,
City, 304 p., 22,90 €.
PHILIPPE
DELERM
Ces trésors insoupçonnés qui embellissent nos vies.
oldkeypdf
Artifices de l’IA
Roman. Yannick
Grannec fusionne
Frankenstein et ChatGPT
dans ce quatrième
roman. Christa
Cristofersson, dirigeante
dans la biotechnologie,
forte et impassible en surface,
est rongée par une maladie qui menace
de la priver de ses émotions.
Seule solution : créer son âme sœur,
qui l’aidera à retarder son délitement.
Ce livre raconte la place des femmes
dans un milieu d’hommes,
la marchandisation des technologies,
le pire et le meilleur de 2099.
Diaboliquement intelligent. Hubert Artus
« Au-dedans », de Yannick Grannec,
Anne Carrière, 338 p., 21 €.
13
Un siècle en mouvement
Roman. Avec un
lyrisme enlevé, Jean-
Baptiste Andrea narre
les heurs et malheurs
de Mimo, un sculpteur
qui traverse le
XXe siècle italien
comme une comète.
Son apprentissage auprès d’un maître
tortionnaire, son irrésistible ascension,
la montée du fascisme et les guerres :
on traverse le chaos d’une vie d’artiste.
Et l’on s’émeut surtout de son histoire
d’amour impossible avec Viola,
de la riche famille Orsoni. Cette saga
bouleversante vient de remporter
le Prix Roman Fnac. Léonard Desbrières
« Veiller sur elle », de Jean-Baptiste Andrea,
L’Iconoclaste, 580 p., 22,50 €.
© Bénédicte Roscot
RENTRÉE LITTÉRAIRE Seuil
14 LIVRES

Retournement de situation
Louise Erdrich, Roman. L’écrivain
le plus drôle

une voix qui compte de France a encore

frappé. Aussi
à l’aise un crayon
à la main dans ses
Dans une Amérique assommée par le Covid et le meurtre bandes dessinées
foutraques, que
de George Floyd, une Amérindienne libérée de prison renaît la plume au fusil
grâce aux livres. Un vibrant pamphlet contre le racisme. dans ses truculents
PAR HUBERT ARTUS.
romans, Fabrice Caro vient égayer
la rentrée littéraire avec un
nouveau bijou comique. Son arme de
prédilection : l’absurde. Après les
déboires délirants d’un écrivain en
herbe, l’année dernière dans Samouraï,
n 2021, L’Enfant de la pro- il nous emmène, cette fois, dans

E chaine aurore était une

dystopie. En 2022, Celui
qui veille explorait le passé
et lui valait le prix Pulitzer de la fic-
tion. En 2023, son 18e roman com-
mence comme un polar, avant de
devenir une histoire d’amour,
d’amitiés, de pardons, d’initiation.
Dans ces trois cas, Louise Erdrich,
dont la mère est issue du peuple
ojibwé, conte la mémoire déchirée
des « peuples natifs ».
La Sentence est sans doute son livre
le plus moderne. Il débute par un
aveu : Tookie, la narratrice
quadragénaire d’origine autoch-
tone, écope, en 2005, d’une sacrée
sentence : soixante ans d’emprison-
nement pour avoir transbahuté un
cadavre. En prison, la lecture
devient sa planche de salut. Ayant
bénéficié d’une libération condi-
tionnelle au bout de dix ans, elle est
embauchée à Minneapolis dans
une librairie indépendante
fondée par une certaine…
Louise Erdrich (l’autrice a,
que dans l’au-delà. Comme Flora,
récemment décédée, mais qui
reviendra hanter les lieux. À comp-
ter de cette « visite », Tookie est
obsédée par le passé de cette incon-
nue, puis par celui des membres de
plusieurs communautés de premiè-
res nations. À travers ces démons-là,
le récit nous mènera jus-
qu’en 2020 : l’épidémie du
Covid, puis le meurtre de
les coulisses du septième art. Boris
est scénariste et vient de faire valider
le projet d’une vie par son producteur.
Sa tragédie romantique va enfin rentrer
en tournage. Comme un symbole,
l’amour vient en plus frapper à sa porte.
Mais les heureux présages se
transforment parfois en malédictions
et les aléas les plus fous ruinent toutes
vos ambitions. L. D.
« Journal d’un scénario », de Fabrice Caro,
Gallimard, 208 p., 19,50 €.
La bonne carte de visite
Roman. Professeur
désabusé dans un
lycée de banlieue,
Guillaume a
retrouvé une vie
sentimentale pleine
de promesses avec
Nadia, vendeuse
de vêtements.
À ses yeux, la jeune
femme mérite beaucoup mieux
que son maigre salaire. À condition
PHOTOS © JENN ACKERMAN/THE NEW YORK TIMES-REDUX-RÉA, SP

de justifier d’un diplôme adéquat.

effectivement, créé un lieu
similaire).
Une cliente fantôme
Épanouie dans son travail,
elle l’est aussi dans sa vie,
épousant ce policier tribal
qui l’avait auparavant arrê-
tée à contrecœur. L’histoire
de ces deux-là constituera
une trame renversante.
Quant aux clients de la
librairie, ils sont fidèles jus-
George Floyd, survenu à
Minneapolis. Tour à tour
réaliste, onirique, politique,
La Sentence est un conte à
plusieurs facettes, aussi in-
« La
temporel que terriblement
Sentence »,
de Louise actuel. Il est peuplé de vi-
Erdrich, vants, de morts, de fantô-
traduit de mes. Louise Erdrich fronde
l’anglais par contre le racisme de son
Sarah Gurcel,
Albin Michel,
pays, sans jamais se départir
448 p., d’un lyrisme envoûtant. Un
23,90 €. acte de littérature majeur. n
Justement, son beau-frère a fait HEC…
Sous la plume d’un auteur qui connaît
son affaire – il travaille au Haut Conseil
de l’évaluation de la recherche et
de l’enseignement supérieur –, voilà
un premier roman à l’argument
d’abord improbable, mais qui nous
prend, au fil des pages, dans sa toile.
Sarkozy y joue les guest-stars.
Portrait en creux de notre société,
Le Diplôme suscite un machiavélique
et irrésistible plaisir de lecture. P. V.
« Le Diplôme », d’Amaury Barthet,
Albin Michel, 224 p., 19,90 €.

oldkeypdf
oldkeypdf
16 L'IMAGE

oldkeypdf
 17

Atmosphère
crépusculaire
en Floride
Alors que la saison
des ouragans bat son plein
dans la zone Atlantique,
le sud-est des États-Unis
se remet difficilement
du passage d’Idalia,
et de ses vents dépassant
200 kilomètres/heure.
La petite ville côtière
de Horseshoe Beach,
en Floride, a ainsi été
frappée de plein fouet
le 30 août (photo).
Cette région du monde
n’est pas la seule
à subir pluies diluviennes
et inondations.
La Chine, l’Espagne,
l’Autriche, l’Algérie
ou la Grèce viennent aussi
de connaître des épisodes
particulièrement violents.

CHENEY ORR/REUTERS

oldkeypdf
 Spécial
La seconde main,
une tendance durable
ACHATS Elle a su s’ivposeš šapidevewt et de¿ewiš
uw choiÁ vajeuš pouš les cowsovvateušs.
va secowde vaiw appašaît aujoušd’hui covve
uw wou¿eau vašché de l’écowovie.
E
lle  passe du tevps suš Viwted,
Rose-Pia. Cette tšewtewaiše
est de¿ewue addict à ce site
Àeb. Robes, chaussušes et…
sacs à vaiw. Elle šegašde,
scšute, étudie, fait des offšes
vais aussi ¿ewd, ou še¿ewd si ça we
lui cow¿iewt pas. « Now seulevewt j’Â
tšou¿e des ašticles de ™ualité à des pšiÁ
abošdables vais ew plus, j’agis pouš
la plawète ew achetawt de la secowde
vaiw. Que devawdeš de plus ?» lawce
daws uw éclat de šiše la tšewtewaiše,
toute jeuwe vavaw. Cette Pašisiewwe,
™ui aive aussi lâweš daws les gšawds
vagasiws, a fait de ce tÂpe d’achats
uwe ¿éšitable pšati™ue. Elle w’est
pas la seule. Uwe étude OpiwiowWaÂ
pouš 5oiwco *, šéalisée ew juiw deš-
wieš, vowtše tšès wettevewt ™ue ce
™ui était uwe tewdawce il  a ewcoše
siÁ ou sept aws est de¿ewu uwe ¿šaie
solutiow, lašgevewt paštagée.
« va secowde vaiw fait claiševewt
paštie des habitudes d’uw Fšawçais suš
deuÁ, atta™ue Jessie Mašius, cheffe
de pšojet au Pôle opiwiow de l’iwsti-
tut de sowdage. Ew 2022, il  a eu uw
¿šai pic. Mais wous we sa¿iows pas si
c’était juste pašce ™ue wous étiows
ew phase post-cšise sawitaiše ou si
cela allait s’a¿éšeš plus pšofowd et
fošt. Aujoušd’hui, wous ¿oÂows ™ue
c’est de¿ewu uwe ¿éšitable habitude
de cowsovvatiow. L’iwlatiow we doit
pas  êtše étšawgèše wow plus, vais
c’est uwe tewdawce ™ui touche tout
le vowde, vêve si les jeuwes sowt
les pševiešs cowcešwés, pouš des
šaisows écowovi™ues. Ils ¿eillewt à
leuš budget vais sowt aussi tšès sew-
oldkeypdf
sibles à l’écologie. » Aiwsi, pouš %
des sowdés, acheteš des pšoduits
d’occasiow pešvet de cowtiwueš à
cowsovveš valgšé l’iwlatiow. Pouš
%, cela a uw šéel ivpact suš l’ew-
višowwevewt. Ewiw, % pšéfèšewt
acheteš uw pšoduit d’occasiow de
™ualité plutôt ™ue du weuf pševieš
pšiÁ et % le fowt pouš des šaisows
écowovi™ues.
« C’est assez classi™ue et stable
covve tÂpologie, wote la spécialiste
d’OpiwiowWaÂ. Les plus de aws s’Â
vettewt doucevewt, vais les écašts
¿owt se šéduiše a¿ec les jeuwes. Ils
pšewwewt da¿awtage cowsciewce des
ewjeuÁ écologi™ues. Au iwal, tout le
vowde achète et ¿ewd caš chacuw a
des cowtšaiwtes iwawcièšes. Et puis,
ceštaiws ¿eulewt gagweš de l’espace
chez euÁ. Cha™ue populatiow a uwe
bowwe šaisow de ¿ewdše ou d’ache-
teš aiwsi. » Daws le détail, les li¿šes,
jeuÁ ¿idéo, ¿êtevewts, le vobilieš,
les pšoduits high-tech, la décošatiow
et le petit électšovéwageš ašši¿ewt
ew tête des pšoduits le plus sou¿ewt
achetés ou ¿ewdus paš les accšos à la
secowde vaiw.
Ofrir un vrai choix à la clientèle
Côté pošte-vowwaie, l’étude vowtše
™u’ew voÂewwe, suš uw aw, les peš-
sowwes šécupèšewt eušos ew vew-
dawt de l’occasiow et ™u’elles dépewsewt
eušos pouš acheteš ew secowde
vaiw. Elles vettewt égalevewt ™uel™ue
eušos daws l’achat de pšoduits ou
biews šecowditiowwés. Des jolis vow-
tawts dowt les vagasiws « šéels » we
¿eulewt pas se pši¿eš. Hošs de ™ues-
Printemps Haussmann, Septième ciel.
Les plus grands acteurs traditionnels
du commerce proposent
désormais eux aussi leurs espaces
dédiés à la seconde main.
tiow pouš euÁ d’abawdowweš ce cšé-
weau auÁ spécialistes suš Iwtešwet.
« ve Web šeste ew tête pouš les
achats chez les - aws, vais les
aws et plus pšéfèšewt les lieuÁ
phÂsi™ues. Tout le vowde s’ vet, Â
covpšis les gšawdes sušfaces ou les
gšawdes ewseigwes », détaille ewcoše
Jessie Mašius. Au Pšiwtevps Hauss-
vaww, ew pleiw cœuš de la capitale,
Chašlotte fait le touš du Septiève
ciel, le dešwieš étage où la secowde
vaiw et le ¿iwtage owt élu dovicile.
«Je ¿iews sou¿ewt pouš ¿oiš les petites
pešles ™ui peu¿ewt s’ cacheš. J’ai déjà
acheté du Gucci ou du Balewciaga a
des pšiÁ tšès iwtéšessawts », cowie la
jeuwe fevve.
Quel™ues vètšes plus loiw, les tou-
šistes we sowt pas wow plus iwsew-
sibles à la vašo™uiwešie ew pašfait
état. Aušoše et Stéphawe chešchewt
uw pawtalow et uwe ¿este pouš vow-
sieuš. Ils hésitewt a jeteš leuš dé¿olu

sur du Azzaro. «C’est beaucoup oi s
cher ais ça reste u petit budget
pouš wous, à eušos l) veste», sou-
ligwe le couple. «Il  )v)it uwe volowté
de Je)w-M)šc Bell)ïche préside t
du groupe Le Pri te ps de pouš-
suivše wotše dév)šche 15E, l)wcée
ew iwtešwe dès , vešs wos cliewts
et d’evbš)sseš cette évolutiow de l)
cowsovv)tiow », iwdi™ue Cošiwwe
Bešthieš, l) dišectšice des šel)tiows
eÁtéšieušes de l’ewseigwe.
Facilités de paiement
« Nous )vows tš)v)illé dès suš le
cowcept pouš ouvšiš le 5eptiève ciel
ew septevbše , pšécise Awgéli™ue
Li)ut)ud, šespows)ble )ch)ts vode
fevve et cišcul)šité. Nous pšoposows
des pièces icowi™ues, uwi™ues, vew)wt
de gš)wdes v)š™ues, de dišecteušs
)štisti™ues evblév)ti™ues. Notše seš-
vice de šepšise, )pšès )voiš étudié l)
pièce ™ui wous est pšoposée p)š uwe
cliewte, f)it uwe offše sous heušes
sous for e d’u bo d’achat, u e
voww)ie Le Pšiwtevps utilis)ble p)š-
tout d)ws le v)g)siw. D)ws % des
oldkeypdf
En partenariat avec
DR
DR
c)s, elle est )cceptée et wotše t)uÁ
d’écoulevewt est d’)illeušs tšès bow
et otre croissa ce à deux chiffres.
Aiwsi, wous )vows l) possibilité d’offšiš
à wotše cliewtèle des )ch)ts coups de
cœuš d)ws le luÁe. »
5igwe de l’évolutiow de ce v)šché,
l’)ttewte du public ew v)tièše de f)ci-
lités de p)ievewt se f)it ew effet gš)w-
diss)wte. « Pouš % des pešsowwes
iwteššogées, cette solutiow doit êtše
pšoposée ™uel ™ue soit le lieu d’)ch)t.
D’)illeušs, % šecoww)issewt )voiš
šewowcé à )c™uéšiš uw pšoduit c)š
les wouve)uÁ vodes de šèglevewt
w’ét)iewt p)s possibles. Aujoušd’hui,
c’est uwe vš)ie )ttewte et suštout uw
)šguvewt de vewte», cowclut l) cheffe
de pšojet OpiwiowW)Â.
* Etude réalisée du 7 au 8 juin auprès d’un
échantillon de 1 006 personnes représentatif
de la population française âgées de 18 ans et
plus selon la méthode des quotas.
Cahier Spécial réalisé par le service des suppléments.
Rédaction en chef : Jean-Louis Picot
Fabrication : Amandine Charbonnel
«U arché au
développe e t
expo e tiel »
GIOVANNI LANZA,
RESPONSABLE
PARTENARIAT IKEA
CHEZ SOFINCO
Quels secteurs ont fait
de la seconde main un atout ?
Si autrefois, l’automobile a constitué
l’un des premiers marchés de la seconde
main, aujourd’hui, tous les secteurs
sont impactés : le textile, la téléphonie,
l’électroménager, etc. Beaucoup de
marques ont compris ces nouvelles
tendances de consommation et
nous avons assisté à l’émergence de
nouvelles enseignes sur le web comme
Le Bon Coin, Ebay mais aussi Vinted,
ou encore Back Market, qui favorisent
le marché de l’occasion. Le secteur de
l’ameublement n’échappe pas à cette
nouvelle tendance. IKEA propose depuis
2014 des espaces dédiés à la seconde
vie dans ses magasins. En 2022, plus de
2,7 millions de produits d’occasion y ont
été commercialisés.
Comment jugez-vous
le développement de ce marché ?
Il se développe de manière exponentielle
et s’ancre dans les habitudes des Français,
toutes générations confondues.
Ces nouveaux comportements d’achat
répondent aux besoins des clients.
Celui d’acheter plus responsable,
mais surtout de faire des économies.
Est-ce une bonne idée y compris
pour des produits plus chers ?
Bien que les livres, les jeux vidéo,
les vêtements, ou encore les jouets
pour enfants soient privilégiés, le
marché de la seconde main permet
aussi d’accéder à des produits plus
onéreux. Par exemple sur le secteur de la
téléphonie, où l’évolution technologique
est rapide et les prix en perpétuelle
hausse. Comment avoir le dernier
iPhone à un prix intéressant si ce n’est
sur le marché du reconditionné ?
20 EN COUVERTURE

Fabien Galthié
Un entraîneur
intransigeant
Le sélectionneur du XV de France est un
technicien et un stratège d’exception. Mais
dans le milieu du rugby français, il est souvent
critiqué pour ses manières trop directes. Alors
que les Bleus entament leur Coupe du monde
face à la Nouvelle-Zélande, ce 8 septembre,
nous avons cherché à percer les secrets d’un
coach qui veut marquer l’histoire de son sport.
PHOTOS © GONZALO FUENTES / REUTERS

PAR VINCENT PIALAT.

oldkeypdf
 Des lunettes noires imposantes
et un visage impassible :
le style du sélectionneur
français ne laisse pas indifférent.

oldkeypdf
22 EN COUVERTURE
’épaisses lunettes noires dis-
D
simulent son visage. On dit
de lui qu’il est un tacticien
magistral, mais aussi un
froid manipulateur. Un lea-
der-né, mais capable de
broyer ses joueurs. Un mys-
tique aux plaisirs simples.
Un sacré compétiteur, mais
qui, avant le Grand Chelem
de 2022, n’avait remporté qu’un seul titre en tant
qu’entraîneur, celui de champion de France, en 2007,
sous les couleurs du Stade français.
Qui est vraiment Fabien Galthié ? Difficile de répondre à
cette question tant le sélectionneur de l’équipe de France
de rugby, qui commence sa Coupe du monde ce ven-
dredi 8 septembre face aux Néo-Zélandais, ne rentre dans
aucune case et suscite autant le rejet que l’admiration.
« Fabien est d’abord quelqu’un de très intelligent, résume
Max Guazzini, l’ex-président du Stade français, resté très
proche de son ancien joueur et entraîneur. Il a toujours
soif d’apprendre et d’évoluer. Il n’est jamais obtus, et ne
considère pas avoir raison une fois pour toutes. »
À 54 ans, malgré une vie de sportif de haut niveau qui l’a
fait voyager dans le monde entier, Fabien Galthié n’a
jamais coupé le lien avec ses racines. Il a d’ailleurs orga-
nisé la première conférence de presse de son mandat de
sélectionneur, en 2019, dans son village du Lot, à Mont-
gesty (300 habitants), dont son père est aujourd’hui le
maire. « Il vient d’un milieu très simple. Ses grands-
parents, dont il parle souvent, étaient des agriculteurs
modestes. Cette notion de travail, de labeur, est très
importante pour lui, souligne Fabrice Landreau, un autre
proche, ex-coéquipier à Paris avant d’être son adjoint sur
les bancs du Stade Français, puis du RC Toulon. Il est
super abordable et garde les pieds sur terre. »
Chez les Galthié, le ballon ovale est une histoire familiale.
Dans les années 1970, son père, devenu directeur des
achats chez Thomson, emmène femme et enfants en ban-
lieue toulousaine, et crée dans le même temps l’école de
rugby de Tournefeuille, où Fabien touche ses premiers
ballons. À l’adolescence, il rejoint le club de première divi-
sion de Colomiers, tout proche, où il fait ses gammes
avant de frapper à la porte de l’équipe senior, à seulement
18 ans. « On l’appelait “La Misère’’ parce qu’il arrivait tou-
jours avec de vieux jeans, évoque en souriant Didier Jean,
oldkeypdf
son coéquipier à Colomiers de 1987 à 1995. Il était tou-
jours très cool, sans manières. Il venait manger chez nous,
il nous préparait des patates, on passait de bons mo-
ments. Sa chanson, c’était Le Sud, de Nino Ferrer, il
la chantait tout le temps. Mais on voyait qu’il n’y avait
qu’une chose qui comptait pour lui : le rugby. » Le joueur
se distingue et perce rapidement. « Il avait une technique
incroyable, des qualités physiques très au-dessus de
la moyenne et une vitesse pas possible. J’ai rarement
vu un demi de mêlée faire des passes aussi parfaites,
se souvient Didier Jean. Sur le terrain, c’était un vrai
meneur. Quand il est arrivé, il a pris le pouvoir, il n’y avait
plus de concurrence. »
Fabien Galthié joue la première de ses quatre Coupes du
monde en 1991. À une époque où le rugby n’est pas encore
complètement professionnel, il mène de front, et avec
brio, sa carrière de rugbyman et ses études, décrochant un
DUT en gestion et un master dans une école de commerce
à Toulouse. En 1999, il marque de son empreinte la demi-
finale mythique remportée par les Bleus face aux
All Blacks, et signe dans la foulée au Stade français, l’un
des clubs phares du championnat. Il est même élu
meilleur joueur du monde en 2002. Mais déjà, on critique
sa manière de se comporter dans un groupe, sa façon, par-
fois brutale, de parler à ses coéquipiers. Sa reconversion
en tant qu’entraîneur, à partir de 2004, sur le banc du
club parisien, puis à Montpellier et Toulon, ne va pas
arranger les choses. Bien au contraire. « C’est le meilleur
coach, de loin, que j’aie eu dans ma carrière, mais il pou-
vait être dur avec certains joueurs, explique John Beattie,
ancien international écossais (38 sélections) ayant connu
Galthié à Montpellier de 2012à 2014. Il considère qu’au
très haut niveau, il n’y a pas de place pour l’erreur. Grâce
à lui, j’ai pu jouer mon meilleur rugby. »
« IL CONSIDÈRE QU’IL N’Y A
PAS DE PLACE POUR L’ERREUR.
GRÂCE À LUI, J’AI PU JOUER
MON MEILLEUR RUGBY »
John Beattie, ancien international écossais,
entraîné par Fabien Galthié à Montpellier
 23

Fabien Galthié a 22 ans lorsqu’il joue son

premier Tournoi des Six Nations en février 1992,
ici lors du match au Pays de Galles.

En 2002, capitaine de l’équipe de France, il est élu meilleur

joueur du monde après avoir fait le Grand Chelem.
On le voit ici lors d’un test-match face aux All Blacks.
PHOTOS © ALLSTAR / ICON SPORT, SPORTSFILE / ICON SPORT, DAVE WINTER / ICON SPORT, COLORSPORT / ASHLEY WESTE/, JOHNNY FIDELIN/ICON SPORTSIPA

En 2022, les joueurs célèbrent au Stade de France leur Grand

Chelem lors du Tournoi des Six Nations : une première depuis 2010.

Fabien Galthié (à g.) et Antoine Dupont (à dr.),

en février dernier, lors de la rencontre contre
les Irlandais. Le demi de mêlée,
atout maître des Bleus, a lui aussi été nommé
meilleur joueur du monde, en 2021.
Le sélectionneur entraîne les
Bleus au centre de Marcoussis,
en Essonne, ici en juin 2022.
oldkeypdf
24 EN COUVERTURE
Devenus adversaires sur le plan sportif après leur aventure
commune au Stade français, Max Guazzini, son ex-président,
et Fabien Galthié, ici en 2010 alors qu’il entraînait Montpellier,
ont toujours maintenu des relations amicales fortes.
Le tout nouveau sélectionneur, son père, Jean-Noël,
et Raphaël Ibanez (de g. à dr.), son adjoint chez les Bleus,
lors de la présentation du staff de l’équipe, en 2019.
C’est Bernard Laporte (à dr.), ancien président de la Fédération française
de rugby, qui a nommé Fabien Galthié à son poste actuel .
Galthié est, avant tout, un passionné de la tactique. « Si
vous déjeunez avec lui, au bout de dix minutes, il va dépla-
cer salière et poivrière sur la table pour vous expliquer des
phases de jeu, et vous citer une combinaison utilisée par
l’Irlande face à l’Angleterre dans un match en 1989 »,
raconte Mourad Boudjellal, l’ancien président du
RC Toulon. C’est aussi un technicien pointu, réputé pour
ne rien laisser au hasard. « Si tu aimes les détails, jouer
pour Fabien, c’est sublime, développe Beattie. Il prévoit
chacune des situations pouvant advenir durant un match.
Il comprend le rugby, de A à Z. » À l’entraînement, tout
est anticipé. Et mesuré. Du ciel, des drones filment les
séances, et des petits boîtiers GPS, bijoux de technologie
collés aux maillots, permettent de tout connaître des
mouvements des joueurs, informant en temps réel le staff
sur de nombreux critères – vitesse, distance parcourue,
énergie dépensée, puissance développée, impact des con-
tacts... « Il s’appuie sur énormément de données, con-
firme Fabrice Landreau. Il utilise des capteurs qui
l’informent sur tous les aspects de son équipe, des infor-
oldkeypdf
mations primordiales afin d’anticiper les efforts de cha-
cun, les chocs… Les drones, eux, permettent de disposer
d’une vue verticale sur la circulation des joueurs. »
« Tu devrais être interdit d’entraîner »
La méthode fonctionne. « Maintenant, ce sont les joueurs
qui viennent chercher ces données, constate Thomas
Coville, skippeur du Team Sodebo et proche du sélection-
neur, qui est intervenu plusieurs fois devant l’équipe de
France. Ils veulent connaître leurs “stats” et celles de leurs
adversaires… Auparavant, les avants couraient 9 kilomè-
tres par match, maintenant, c’est seulement sept. Ils finis-
sent plus frais et peuvent “asphyxier” l’adversaire. La data
leur permet aussi de mieux quadriller le terrain : il y aura
peut-être moins d’essais de 80 mètres, épuisants, et qui ne
vous font pas nécessairement gagner le match. »
Le demi de mêlée Antoine Dupont, la « star » de l’équipe,
se voit ainsi attribuer un nouveau rôle. Grâce à l’utilisa-
tion des données, l’équipe de France s’en sert de plus en
plus comme appât. Il brille moins, mais l’équipe y gagne.

« QUAND IL EST BLESSÉ PAR QUELQU’UN QUI NE REMPLIT PAS
LE CONTRAT MORAL PASSÉ ENTRE EUX, IL DEVIENT UN FAUVE »
Thomas Coville, navigateur, proche de Fabien Galthié qui est intervenu plusieurs fois devant le XV de France
Avoir su faire accepter au joueur clé de ne pas être tout le
temps sur le devant de la scène est l’un des grands méri-
tes de Galthié. Il a longtemps entretenu des rapports très
conflictuels avec ses équipes. Dans son autobiographie
(Quand j’étais Superman, Robert Laffont, 2011),
Raphaël Poulain, joueur du Stade français, a été le pre-
mier à dévoiler la face sombre du technicien : « Hu-
mainement, tu ne vaux rien. Tu devrais être interdit d’en-
traîner. Tu déchires tes joueurs comme un teckel
s’acharne sur de mauvais bouts de barbaque. » Contacté,
Raphaël Poulain a refusé de s’exprimer davantage sur le
sujet. Tout comme plusieurs ex-partenaires, qui ont poli-
ment décliné nos sollicitations. Difficile de régler ses dif-
férends sur la place publique à la veille d’une Coupe du
monde à domicile. À Toulon, où il n’est resté qu’une sai-
son sur le banc (2017-2018), il a laissé un vestiaire en
lambeaux. « J’avais une star énorme dans l’effectif mais
qui n’était plus au top de sa forme (Bryan Habana, cham-
pion du monde 2007 avec l’Afrique du Sud, NDLR), se
rappelle Mourad Boudjellal, l’ancien président du
RC Toulon. Fabien l’a laissé s’entraîner pendant un an
sans jamais lui dire qu’il ne jouerait pas. Il avait une
influence énorme, ça m’a tué le groupe. »
PHOTOS © L. THEILLET/ PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP, PHILIPPE PERUSSEAU / ICON SPORT, ANTHONY DIBON/ICON SPORT
Des adjoints plus doués dans le relationnel
Dans son rapport aux autres, l’homme a toujours eu du
mal à trouver le bon équilibre. Parfois trop dur, parfois
trop distant, parfois pas assez. « La première fois qu’il a vu
Ma’a Nonu (champion du monde 2011 et 2015 avec les
All Blacks, NDLR), j’ai cru qu’il allait lui demander un
selfie », raconte Boudjellal, tout sourire. Le milieu du
rugby répète à l’envi que ses années les plus réussies, c’est
parfaitement entouré que Fabien Galthié les a connues.
Accompagné d’adjoints doués dans le relationnel pour
compenser ses manques. « J’ai souvent sondé Bernard
Laporte lorsque je recherchais un coach, et il m’a toujours
dit : “Le meilleur, c’est Galthié”, ajoute Boudjellal.
Comme Bernard connaît très bien Fabien, lorsqu’il a fallu
constituer le staff de l’équipe de France, il a veillé à pren-
dre des personnes qui le complètent. Ce n’est pas Fabien
Galthié qui marche bien en équipe de France, c’est tout ce
qui a été construit avec lui. Fabien peut alors se concen-
trer sur le secteur où il est le plus fort : la stratégie, le jeu. »
« Après les difficultés relationnelles qu’il a rencontrées
dans les clubs où il est passé, il s’est drôlement assagi
dans la façon dont il communique avec les joueurs. »
C’est ce qu’avance Jean-Claude Skrela, sélectionneur
des Bleus de 1995 à 1999, qui a fait sa connaissance
à l’école de rugby de Colomiers. « Il va souvent voir les
oldkeypdf
25
familles des joueurs, pour apprendre à mieux les connaî-
tre, pour être sûr que tout va bien », révèle Max Guaz-
zini. Thomas Coville a sa propre explication : « Quand il
est blessé par quelqu’un qui ne remplit pas le contrat
moral passé entre eux deux, il devient un fauve. Il est
cinglant, il perçoit la faille de chacun, et s’il vous prend
en défaut, il va chercher cette faille. En revanche, si vous
respectez le deal avec lui, c’est à la vie à la mort. Il vien-
dra vous récupérer au fond du trou. »
En 2019, la consécration
À la tête de cette équipe de France depuis quatre ans,
Fabien Galthié vit son rêve. Les Bleus, il les a longtemps
attendus. « Je lui ai toujours dit : ton destin, c’est d’être
entraîneur de l’équipe de France », confie Max Guazzini.
À plusieurs reprises, il candidate, mais d’autres lui sont
préférés – en 2007, Marc Lièvremont, en 2011, Philippe
Saint-André et, surtout, en 2015, Guy Novès –, ce qui
nourrit sa rancœur et son ressentiment vis-à-vis d’un
milieu où il ne se sent pas complètement accepté. On
raconte que, en 2015, il se présente devant le comité de
sélection avec un dossier en béton, sans savoir que le poste
est déjà promis à Novès. La légende dit même qu’il réalise
un brillant exposé sur le jeu qu’il veut mettre en place.
En 2019, c’est enfin la consécration : Bernard Laporte,
alors président de la Fédération française de rugby,
l’inclut dans le staff de Jacques Brunel qui doit disputer
la Coupe du monde au Japon, en lui promettant les rênes
de l’équipe dès le Tournoi des Six Nations 2020. Pour
Galthié, c’est le Graal, ce dont il a toujours rêvé. Il va pou-
voir renouer le fil avec ce maillot bleu qu’il aime tant et
place au-dessus de tout. Qui plus est avec l’une des plus
belles générations de joueurs que le rugby tricolore ait
connues. Dans sa tête, 2023 doit être son sommet, son
couronnement ultime. « Fabien a toujours été habité par
l’équipe de France, il n’a vécu que pour ça, estime Mou-
rad Boudjellal. Quand on a discuté de son contrat avec le
RC Toulon, la première clause qu’il a demandée a été de
pouvoir être libéré de ses engagements s’il était pris en
équipe de France. Ce n’était pas négociable. Il l’attendait
et il savait que son tour viendrait. » Il a tout fait pour.
Au point de zapper plusieurs matchs de Top 14 pour pou-
voir continuer à commenter, sur France 2, ceux des
Bleus : pendant que son équipe ferraille l’après-midi, sans
lui, aux quatre coins du pays en championnat, Fabien
Galthié prend place aux côtés du journaliste Matthieu
Lartot pour délivrer ses analyses en direct à la télé, et ne
pas couper le cordon avec l’équipe de France. Ce qui fait
grincer des dents. Lui s’en moque. « Il est persuadé qu’il
26 EN COUVERTURE
est né pour rendre l’équipe de France championne du
monde, appuie Boudjellal, que c’est son destin. »
Cette ambition est portée par une foi très forte, qui n’est
cependant pas forcément religieuse et revêt de multi-
ples formes. Son vocabulaire est volontiers mystique. Il
parle de « flèche du temps », confie « vouloir toucher au
sublime », à tel point que l’encadrement de l’équipe doit
parfois le ramener sur terre. À Max Guazzini, il de-
mande un jour de pouvoir aller se recueillir sur la tombe
de William Webb Ellis, considéré comme l’inventeur du
rugby moderne, à Menton. À d’autres moments, il va
entraîner le « XV des curés », cette équipe du séminaire
de la Castille, dans la banlieue de Toulon. « Il a voulu
découvrir notre univers, dévoile Marc-Antoine Ludwig,
séminariste et capitaine. La première fois, il est venu
déjeuner et nous a accompagnés à la messe. Il était un
peu mystérieux, il ne s’était pas vraiment dévoilé. Mais
en arrivant, il nous avait dit : “Moi, ma religion, c’est le
rugby.” Il m’a marqué par sa profondeur, sa réflexion
« IL LA JOUE A MINIMA, COMME
ZIDANE. IL A RAISON: PARFOIS,
IL VAUT MIEUX EN DIRE
LE MOINS POSSIBLE »
François Berléand, côtoie Fabien Galthié depuis 2007
Entraîner les Bleus jusqu’à soulever la fameuse coupe William Webb Ellis, le rêve
ultime pour Fabien Galthié, ici fin 2020, lors du tirage au sort du Mondial.
oldkeypdf
philosophique. Il admirait la générosité de ceux qui
donnent tout à Dieu, alors que le sport de haut niveau
est davantage autocentré. On avait partagé un beau
temps de prière, qu’il avait d’ailleurs demandé à filmer
pour pouvoir le conserver. »
Le Rugby Club de la Terre promise – le nom officiel – est
désormais lié par un parrainage avec le XV de France :
chaque joueur s’est vu attribuer un séminariste comme
parrain, qui lui a écrit une lettre. « Nous avons beaucoup
prié pour eux : une Coupe du monde est une épreuve. Il
faut gérer l’éloignement de la famille, les blessures, la
compétition, explique Marc-Antoine Ludwig. Je pense
que les joueurs ont apprécié. L’un d’eux, Cyril Baille je
crois, était absent lorsque nous avons attribué les par-
rains. Lorsqu’il a réintégré le groupe, il a demandé à s’en
voir désigner un, lui aussi. »
Même ses lunettes suscitent la polémique
La religion pour surmonter les épreuves ? En 2003, alors
qu’il dispute la Coupe du monde en Australie, son oncle
se bat contre la maladie. Tous deux se lancent un défi :
Fabien gagne ses matchs et son oncle, son combat. Le
XV de France se fait sortir en demi-finale face à l’Angle-
terre (24-7). Ce soir-là, dans sa chambre d’hôtel, le demi
de mêlée reçoit un coup de fil : son oncle vient, lui aussi,
de perdre sa bataille. Galthié file illico en France et ne
rechaussera plus jamais les crampons : il annonce sa
retraite. Plus tard, en 2013, il doit affronter un autre
deuil avec le décès de son mentor et adjoint à Montpel-
lier, Éric Béchu. « Ce moment a été terrible pour lui », se
souvient un familier du club montpelliérain.
Père de deux enfants – l’un joue… au rugby, à Colo-
miers –, Fabien Galthié, qui partage désormais la vie de
la chanteuse Helena Noguerra, intériorise beaucoup,
cache ses émotions. Difficile de savoir ce qu’il pense, ce
qu’il ressent. D’où le procès en arrogance qui lui est sou-
vent fait. « Il a toujours ce petit rictus, un sourire en-
tendu qui peut être mal perçu », reconnaît Didier Jean,
PHOTOS © WORLD RUGBY VIA GETTY IMAGES, ASHLEY WESTERN/COLORSPORT/SHUTTE/SIPA
son ancien coéquipier à Colomiers, qui met en avant
son « côté pince-sans-rire. » « Il la joue a minima,
comme Zidane, estime l’acteur François Berléand, qui
côtoie le sélectionneur des Bleus depuis 2007. Il a rai-
son, c’est compliqué d’être tout le temps dans le com-
mentaire. Parfois, il vaut mieux en dire le moins pos-
sible. » Fabien Galthié dérange, jusque dans le choix de
ses lunettes, loin de faire l’unanimité elles non plus ! « Il
m’a raconté que ses anciennes lunettes tombaient sans
cesse quand il faisait du sport, alors que celles-là ne
bougent pas », dévoile François Berléand. D’épaisses
montures derrière lesquelles il peut continuer de dissi-
muler une partie de son visage et ne pas montrer com-
plètement qui il est. Même si, pour lui, l’heure de vérité
va sonner avec le coup d’envoi de cette Coupe du
monde. « Comme tous les grands champions, il a com-
pris qu’il est dans un moment qui le dépasse, et qui lui
survivra », confie Thomas Coville. Un moment qu’il
souhaite inscrire dans l’Histoire. n
 Jouant à domicile et avec des champions
hors norme tel Antoine Dupont (ballon en main),
la France est l’un des favoris du Mondial.
La route du titre
Du match choc d’ouverture à la finale, le 28 octobre,
voici les cinq infos à connaître sur la Coupe du monde.
PAR VINCENT PIALAT.
Sept semaines de compétition
La Coupe du monde, dont la finale aura
lieu le samedi 28 octobre, débute
ce vendredi 8 septembre par un choc :
le pays organisateur, la France, face à
l’équipe la plus titrée, la Nouvelle-Zélande
(par trois fois, à égalité avec l’Afrique
du Sud). Cette affiche est d’ailleurs
la plus disputée de l’histoire des
Coupes du monde : sept confrontations
en neuf éditions ! Les quarts de finale
auront lieu les 14 et 15 octobre,
et les demi-finales, les 20 et 21 octobre.
Des stades sur leur 31
La France accueille pour la quatrième fois
de son histoire la Coupe du monde, après
2007, 1991 et 1999. Mais la compétition
avait à chaque fois eu lieu conjointement
dans plusieurs pays européens. Cette fois,
seul l’Hexagone a revêtu ses habits
de rugby. Neuf stades accueilleront les
48 matchs de l’épreuve : ceux de Bordeaux,
Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice,
Saint-Étienne, Saint-Denis et Toulouse.
Des favoris plus nombreux
Quatre équipes sont désignées comme
grandes favorites de la compétition :
l’Afrique du Sud, tenante du titre, la France,
pays organisateur qui bénéficie d’une
génération de joueurs exceptionnels,
l’Irlande, vainqueur du dernier Tournoi des
Six Nations en réalisant le Grand Chelem ;
et la Nouvelle-Zélande, avec sa légendaire
habituelle constellation de stars.
oldkeypdf
FESTIVAL
DE LA
Les stars au rendez-vous
La plus belle pépite du rugby mondial
est… française ! Il s’agit d’Antoine
Dupont, élu meilleur joueur du monde
en 2021. Le demi de mêlée saura-t-il
guider les Bleus vers leur premier titre
PLACE
de champion du monde ? Il aura fort
à faire face à d’excellents adversaires,
et ce, dès l’entame de la compétition
face à la Nouvelle-Zélande, avec
la fratrie des trois frères Barrett,
mais également le trois-quarts centre
Rieko Ioane. On peut aussi citer
Jonathan Sexton et Josh van der Flier, SEPT. – OCT. 2023
élu meilleur joueur du monde
l’an dernier, du côté irlandais,
le Sud-Africain Siya Kolisi, ou encore
Will Skelton, l’impressionnant
La Place du Châtelet
deuxième ligne australien jouant
en club à La Rochelle. se réinvente !
Des absents de marque 4 week-ends gratuits
Ils sont nombreux ! Côté français,
Romain Ntamack a été obligé
de renoncer en raison d’une blessure
à un genou, tout comme Paul Willemse,
touché à la cuisse. L’ouvreur sud-
africain Handré Pollard, grand artisan En partenariat avec le Théâtre du Châtelet
du titre il y a quatre ans, a lui été
touché à un mollet, et l’arrière écossais
Stuart Hogg a préféré jeter l’éponge,
fatigué par plus d’une décennie au
plus haut niveau. Les stars galloises
Alun Wyn Jones, Justin Tipuric, Rhys
Webb ont, quant à elles, annoncé
leur retraite récemment.
28

D’abord refusé par de nombreux éditeurs,

le premier manuscrit d’Olivier Bourdeaut
(ici à Cap Negret, en Espagne), En attendant
Bojangles, est devenu un best-seller.
oldkeypdf

Un premier roman,
quelle aventure !
Avec 466 ouvrages attendus, la rentrée littéraire 2023 sera la moins
prospère depuis plus de vingt ans. Mais pour 74 auteurs, ce sera celle du
premier livre publié. Cette émotion, même les champions de l’édition en
gardent un souvenir ému. Nous avons retracé les débuts de cinq d’entre eux.
PAR VALÉRIE BECK.
érôme Aumont, Éric
J
Chacour, Julie Héra-
clès, Alice Renard, Clé-
ment Camar-Mercier,
Voici quelques-uns
des 74 auteurs de pre-
miers romans qui tremblent en cette
rentrée de septembre, rêvent d’être
lus et d’être à l’origine de best-sellers.
Ils ont déjà traversé une série d’obs-
tacles pour voir leur livre sur les
étals des librairies. Écriture, envoi
des manuscrits, attente, refus, remi-
ses en question, réécriture… et enfin
le « oui » d’un éditeur qui mise beau-
coup sur eux, espérant avoir décou-
vert le grand romancier de demain.
Si certains d’entre eux ont été repérés
dès le mois d’août par la presse et par
les jurys de prix littéraires, ils savent
tous qu’il leur sera difficile de sortir
du lot alors que leurs écrits côtoie-
ront 392 autres ouvrages, parmi les-
quels ceux des vedettes de la plume.
Mais cet été 2023 restera gravé dans
leur mémoire. Pour les auteurs, le
premier roman occupe une place
spéciale, car c’est celui qui les a faits
« écrivain ». Cinq d’entre eux s’en
sont souvenus pour nous avec émo-
tion et humour, et nous ont confié ce
qui les a poussés à se lancer.
PHOTO © GUIA BESANA/LPM
Olivier Bourdeaut,
de l’anonymat au cinéma
Il n’oubliera pas ce jour d’avril 2015
où, en caleçon dans le salon de son
petit appartement en Seine-Saint-
oldkeypdf
Denis, il a reçu cet appel qui a chan-
gé sa vie. À l’autre bout du fil, une
femme, enthousiasmée par son
texte et pressée de le rencontrer,
tant elle est convaincue qu’un cor-
tège d’éditeurs attend déjà en bas de
chez lui. Celui qui enchaîne alors
depuis des années les problèmes
et les petits boulots – chasseur de
termites, cueilleur de fleur de sel
de Guérande… – pense d’abord à
un canular, et manque de lui rac-
crocher au nez.
Car le manuscrit de 400 pages dont
elle lui parle, intitulé En attendant
Bojangles, a été refusé une quinzaine
de fois depuis trois ans, et il n’y croit
plus. Au point d’en rire en soirée
avec des amis, quand il le lit à voix
haute en faisant l’idiot. Cette fois,
ce n’est pourtant pas une plaisante-
rie. La femme s’appelle Emmanuelle
Boizet. Elle dirige, avec son mari
Thierry, les éditions Finitude, près
de Bordeaux : tous deux ont adoré
l’histoire magique et tragique d’un
amour fou racontée à travers la voix
d’un enfant. Ils veulent publier ce
roman. Édité en 2016, dans un pre-
mier temps à 2 000 exemplaires, ce
roman s’écoulera à plus de
800 000 unités, en version grand
format et en poche. Plusieurs fois
récompensé, il sera traduit dans
32 langues, mis en scène au théâtre
et, enfin, adapté au cinéma en 2022,
avec Virginie Efira et Romain Duris
dans les rôles principaux. Depuis,
RÉCIT 29
Olivier Bourdeaut, resté fidèle à sa
maison d’édition, a écrit deux autres
ouvrages et en prépare un nouveau,
l’histoire d’un personnage grotesque
qui cumule les échecs.
Nicolas Mathieu,
la nécessité d’écrire
Nicolas Mathieu, fils d’une compta-
ble et d’un électromécanicien, s’est
lancé en littérature pour devenir
quelqu’un d’autre, pour marquer ses
distances avec le milieu dont il est
issu, celui de la petite classe moyenne
des Vosges. Il termine d’abord un
premier texte, jamais publié : « Une
purge narcissique ! » nous confie-t-il.
En 2008, alors qu’il rédige des pro-
cès-verbaux de comités d’entreprise,
il est envoyé pour couvrir des plans
sociaux dans des usines du nord de la
France, qui le renvoient brutalement
à ses origines. C’est le déclic. Il se met
à raconter son monde, celui des pro-
létaires, des déclassés vivant dans
des coins de France oubliés. Rédac-
teur free-lance, il se réserve une se-
maine par mois sans travailler pour
écrire son roman. Au bout de deux
ans, après une première version qu’il
juge très mauvaise, il est sur le point
d’abandonner. Mais il reprend tout,
le mors aux dents. Il s’oblige à écrire
un certain nombre de mots par jour,
avance sans revenir en arrière, puis
réécrit beaucoup. Deux ans plus tard,
il envoie son manuscrit à dix maisons
d’édition. Une seule lui répond, quel-
30 RÉCIT

ques mois plus tard. Aux animaux

la guerre est publié en 2014 chez
Actes Sud. L’auteur a alors 36 ans.
Suivront Leurs enfants après eux,
en 2018, récompensé par le prix
Goncourt et vendu à 400 000 exem-
plaires, et Connemara, l’an dernier.
Nicolas Mathieu voit toujours
l’écriture comme une nécessité.
« La publication du livre a calmé la
grande angoisse que j’avais de pas-
ser à côté de ma vie. Le monde tel
qu’il est ne me convenait pas : j’avais
des coups à rendre et ça ne pouvait
passer que par la littérature. »

Cécile Coulon,
l’envol précoce
Cécile Coulon n’a que 33 ans. Mais
elle a déjà consacré la moitié de sa
vie à l’écriture. Son premier roman,
rédigé à l’âge de 16 ans, est né de
l’empressement de se choisir une vie.
Elle est alors lycéenne en seconde à
Clermont-Ferrand, et prend une dé-
cision solennelle : raconter des his-
PHOTOS © FRED MARVAUX/LP, CÉLINE NIESZAWER/LEEXTRA, PHILIPPE LAVIEILLE/LP, MIRCO TONIOLO ERREBI/AGF/SIPA

toires sera son métier. Chapitre

après chapitre, elle commence un
texte comme une longue rédaction 1 2
qu’elle fait relire au fur et à mesure
à sa professeure de français.
L’ouvrage, intitulé Le Voleur de vie, 3 4
est publié en 2007 chez Revoir, une
petite maison d’édition locale.
Quand ses amis se retrouvent en soi-
rée ou partent en week-end, elle
arpente pendant deux ans les espa-
ces culturels Leclerc et tous les sa-
lons régionaux. Le livre se vend à
1 500 exemplaires. À 18 ans, pour
son deuxième roman, Méfiez-vous
des enfants sages, elle monte à Paris
rencontrer sa future éditrice, Vi-
viane Hamy. Sa mère l’attend dans
le café d’en face « pour ne pas avoir
l’air de la maman qui accompagne sa
fille ». Alternant romans à succès et
recueils de poésie remarqués, Cécile
Coulon a vite pris son envol. Mais
ses vieux cahiers de brouillon ache-

« J’AVAIS DES COUPS À RENDRE ET ÇA NE

POUVAIT PASSER QUE PAR LA LITTÉRATURE »
Nicolas Mathieu
oldkeypdf

« JE DEVAIS GRAVIR LES MARCHES
PETIT À PETIT. J’ALLAIS BIEN
VOIR JUSQU’OÙ JE GRIMPERAIS »
Michel Bussi
tés 90 centimes, noircis à la main
dans une chambre chez sa grand-
mère, gardent pour elle une saveur
particulière. Un premier roman,
c’est comme un premier amour. Elle
ne l’a jamais oublié, d’autant plus
qu’elle n’avait que 16 ans.
Michel Bussi, le triomphe
d’un humble
Si cet auteur fait partie des dix Fran-
çais les plus vendus, le succès n’est
pas arrivé tout de suite. Il ne peut
même pas l’envisager quand Omaha
Crimes, son premier texte, envoyé
en 1995 à une dizaine d’éditeurs,
est refusé partout. Il se fait une rai-
son : si personne ne le veut, c’est qu’il
n’est pas bon. Pendant dix ans, il se
consacre à sa carrière d’universitaire,
spécialiste de géographie électorale,
Pour Nicolas Mathieu (1),
à Rouen. Avant de retenter sa
être édité a été « un
soulagement ». Michel chance, en 2005, à l’occasion du cen-
Bussi (4), lui, évoque tenaire d’Arsène Lupin, avec Code
sa reconnaissance, Lupin, un livre pastiche inspiré des
quand Cécile Coulon (3) aventures du héros de Maurice
parle d’« un premier
amour » inoubliable.
Leblanc. Cette fois, un éditeur local
Quant à Olivier lui signe un contrat pour 500 exem-
Norek (2), ses écrits plaires. « J’arpentais la Fnac et les
ont immédiatement librairies afin d’admirer mon livre
trouvé leur public,
à côté des autres, le remettre sur le
notamment grâce
à la détermination dessus de la pile. J’étais dans une es-
de son éditrice. pèce d’euphorie permanente : j’avais
40 ans et j’étais le roi du monde. »
Plus de 7 000 exemplaires sont
écoulés, surtout en Normandie. Suf-
fisamment pour pouvoir continuer.
Michel Bussi obtient d’abord une
petite reconnaissance de ses pairs
dans des salons du livre, et reçoit des
prix, même s’il ne vend que quel-
ques milliers d’ouvrages à chaque
fois. La consécration arrive en 2011
avec Nymphéas noirs, son cin-
quième roman, quand il rejoint un
éditeur national, Les Presses de la
Cité. Il vend désormais entre
700 000 et un million de livres par
oldkeypdf
31
an, mais il n’a pas oublié ses débuts.
« Il faut ranger son ego dans la
poche, glisser un pied dans la porte
et entrer. Je devais gravir les mar-
ches petit à petit. J’allais bien voir
jusqu’où je grimperais. »
Olivier Norek, un lien
indéfectible avec son éditrice
Avant la parution de chacun de
ses polars, Olivier Norek retrouve
Huguette Maure, 91 ans, éditrice
chez Michel Lafon. Elle le reçoit
chez elle, dans son appartement
parisien situé au dernier étage,
ouvre une bouteille de champagne,
et ils se racontent leur vie jusqu’à
1 heure du matin. Un rituel immua-
ble et une relation nouée il y a dix
ans, lorsqu’il terminait Code 93, son
tout premier roman. La première
fois qu’Huguette Maure le convo-
que, en 2014, pour lui parler de ce
livre, elle lui dit : « J’aime bien. Par
contre, il y a un problème avec le
drone que vous décrivez. Il est bien
trop lourd avec une caméra. Vous
devriez mettre un drone quadri-hé-
lices. » Olivier Norek était encore flic
à la PJ (police judiciaire), à Bobigny,
quand il l’a écrit, en dehors de ses
heures de service : « Ce serait du
temps volé aux victimes. » Il noircit
des pages la nuit, de 21 heures à
4 heures du matin pendant neuf
mois, dort très peu et boit beaucoup
de café. Sur un mur de son salon,
face à son bureau, et muni d’une
quinzaine de feutres de couleur, il
construit un « tableau criminel ». Il y
inscrit ses victimes, les suspects, les
scènes de crime, construit des corré-
lations entre les personnages. Son
appartement, à Pantin, finit par res-
sembler à l’antre d’un serial killer.
À sa sortie, en 2013, Code 93 a été
vendu à 8 000 exemplaires. Et dès
le deuxième roman, Territoires,
paru en 2014, Olivier Norek prend
une disponibilité pour se mettre
en retrait de son travail. Aujour-
d’hui, ses livres sont suivis par
180 000 à 200 000 lecteurs et lec-
trices. Dont une vieille jeune dame
élégante, fidèle depuis les débuts,
qui s’y connaît en drones et aime le
champagne. n
32 REPORTAGE

Des open
spaces pour
les sans-abri
Alors que sort en salle Anti-squat, film sur les dérives
de la location à des particuliers d’immeubles de bureaux
vides, nous sommes allés voir comment certaines entreprises
hébergent de manière solidaire des personnes en situation
de précarité. Reportage chez Altavia, en Seine-Saint-Denis,
qui accueille Ahmadullah, réfugié afghan de 29 ans.
PAR AURÉLIE SIPOS, PHOTOS DELPHINE GOLDSZTEJN ET OLIVIER ARANDEL.

ans le hall d’Altavia, ce plombier prend possession gra-

D
sous une arche fleu-
rie, des portillons
s’activent molle-
ment pour libérer
les rares employés
présents en ce mois d’août. Seules
quelques réunions se prolongent
derrière de vastes bulles en verre, les
mêmes qui couvraient les célèbres
Escalator du centre Pompidou, recy-
clées en salle de travail dans cette
agence de marketing. Il est 18 heu-
res 30, et ces bureaux, situés au 10,
rue Blanqui, à Saint-Ouen (Seine-
Saint-Denis), seront bientôt complè-
tement désertés. À contresens, un
jeune homme passe les portes
d’entrée et remonte l’impression-
nante véranda, sac sur le dos et cas-
quette vissée sur la tête. Ahmadullah,
29 ans, arrive de son chantier à Meu-
don (Hauts-de-Seine), à 15 kilomè-
tres de là. Son périple en transports
en commun terminé, il échange quel-
ques mots avec les derniers retarda-
taires. Depuis le 17 mai, le soir venu,
oldkeypdf
tuitement d’une partie de cet ancien
entrepôt aux murs peinturlurés
de graffitis et meublé de vieilleries
chinées aux puces voisines. Altavia,
en partenariat avec l’association
des Bureaux du cœur, lui a aménagé
un logement temporaire au sein
de ses locaux.
Un peu impressionné et gêné,
Ahmadullah pousse la porte de sa
chambre, installée dans l’infirmerie
de l’entreprise. « Il ne veut pas
qu’on pense qu’il squatte », glisse,
bienveillante, Florence Catteau-
Boulay, chargée de développement
chez Altavia, qui a coordonné l’arri-
vée du jeune homme. L’ensemble
est sommaire, un lit une place et
des casiers qui suffisent au bonheur
du jeune père de famille. « Avant
d’arriver ici, j’étais à la rue, porte Le soir, quand les employés
de la Chapelle, dans le 18e arrondis- ont quitté les bureaux,
Ahmadullah rentre chez
sement de Paris. Parfois, j’étais Altavia pour y passer la nuit.
hébergé dans un foyer, mais les con-
ditions étaient terribles. La plupart
du temps, j’appelais le 115, mais
oldkeypdf
34 REPORTAGE
« J’APPELAIS LE SAMU
SOCIAL, MAIS PERSONNE
NE ME RÉPONDAIT »
Ahmadullah, réfugié afghan
personne ne me répondait », se rap-
pelle-t-il dans un français limpide.
Arrivé en France en 2020 après
avoir fui, seul, le régime taliban en
Afghanistan, Ahmadullah a obtenu
le statut de réfugié. L’association
Kodiko, qui favorise leur insertion
professionnelle en France, l’a
ensuite aidé à trouver du travail, et à
mettre ce toit un peu particulier au-
dessus de sa tête. C’est elle qui a pro-
posé son dossier à Altavia. L’agence
de marketing venait de se manifes-
ter auprès des Bureaux du cœur.
70 entreprises ont permis
d’héberger 200 réfugiés
L’idée de ces derniers naît au cœur
de l’hiver 2017. Pierre-Yves Loaëc,
chef d’entreprise nantais, rentre
chez lui après une journée de travail.
Sur son chemin, il croise une femme
sans abri qui tente de se réchauffer
Ahmadullah occupe un espace situé dans l’infirmerie d’Altavia. Soutenu par Florence Catteau-Boulay,
de l’équipe de développement de l’entreprise, il recherche dorénavant un appartement.
oldkeypdf
Au cœur de l’open space, Ahmadullah apprécie particulièrement de pouvoir utiliser le sac
de frappe en cuir : « La boxe me permet de me défouler », explique-t-il.
près de la bouche d’aération d’un
parking. Le quadragénaire et son
épouse sont réticents à l’idée d’ouvrir
les portes de leur domicile pour
héberger des inconnus. Mais
l’homme réalise que sa propre PME
n’est occupée que 30 % du temps.
Une question le taraude : pourquoi
ne pas accueillir quelqu’un durant
les 70 % restants, pendant que les
bureaux sont, en plus, chauffés pour
rien ? Alors président du Centre des
jeunes dirigeants, il lance le projet
devant une quinzaine d’autres entre-
preneurs. L’idée séduit immédiate-
ment. Ensemble, ils planchent sur
les éventuels freins, lèvent certains
a priori et se rapprochent d’associa-
tions de réinsertion qui identifient
les potentiels bénéficiaires.
Elles établissent des critères : les
invités doivent obligatoirement faire
l’objet d’un suivi social, ne doivent
pas souffrir de problèmes psychiatri-
ques, manquer d’hygiène ou avoir
des problèmes d’alcool. De quoi ras-
surer les 70 entreprises partantes
pour accueillir des réfugiés – 200 ont
ainsi été hébergés depuis le lance-
ment de l’association, en 2019.
D’autres règles régissent la vie quoti-
dienne : en semaine, Ahmadullah
doit quitter les lieux de 8 h 30 à
18 h 30. Il ne doit pas posséder d’ani-
maux de compagnie, et a l’interdic-
tion de recevoir d’autres personnes.
De leur côté, les « hôtes » doivent
garantir un accueil digne, avec un
espace d’intimité, un accès à des
sanitaires et à un coin cuisine. « Les
Bureaux du cœur sont venus contrô-
ler si nous avions les conditions
requises pour accueillir quelqu’un »,
souligne Florence Catteau-Boulay.
Des agences immobilières ont elles
aussi investi le marché de la location
de bureaux à des fins d’habitation,
mais en visant les locaux vacants. Sur
présentation d’un dossier exigeant,
elles font payer à des résidents un
loyer modéré – 200 euros – pour y
habiter entre deux et dix-huit mois.

Kinda Garman dirige les Bureaux du cœur,
qui ont mis en relation Ahmadullah et Altavia.
Le dispositif, expérimental depuis
2009, vient d’être pérennisé grâce à
une proposition de loi adoptée en
juin 2023. Il aurait permis, depuis
sa mise en place dans l’Hexagone,
d’héberger près de 10 000 person-
nes. « Cette solution est à la fois
astucieuse pour les résidents
recherchant une solution souple,
mais aussi pour les propriétaires de
biens vacants en attente d’un projet
immobilier », illustre sur son site
Monoma, l’un des principaux
acteurs du secteur, qui propose éga-
lement des hébergements dans des
hôpitaux, ou même des casernes.
« J’ai retrouvé comme
une seconde famille »
Là encore, le cadre est strict : obliga-
tion de prévenir à partir de qua-
tre jours d’absence consécutifs ou
d’entretenir les parties communes,
nombre d’invités limité… Avec par-
fois des dérives. Elles sont dénoncées
par plusieurs organismes – et un film
coup de poing, en salle depuis le
6 septembre (lire ci-contre) –, qui
pointent du doigt des locaux ina-
daptés, les droits restreints de loca-
taires considérés par certains
comme des bouche-trous… « Il est
normal d’avoir des vacances dans
certains bâtiments, dans l’attente
d’une vente, par exemple. La solu-
tion de l’habitat intercalaire peut
être intéressante, notamment
quand la gestion est laissée à des
oldkeypdf
associations, avec des règles solides,
analyse Manuel Domergue, direc-
teur des études à la Fondation
Abbé-Pierre. Mais lorsqu’elle est
gérée par des sociétés lucratives,
sans encadrement, cela peut donner
lieu à des abus. »
Pour Ahmadullah, dormir dans un
bureau est un tremplin. Dans
l’espace de cantine partagée, une
petite boîte porte son nom, bien
rangée dans un réfrigérateur où les
salariés glissent d’ordinaire leurs
gamelles. « Il n’y a pas de quoi cuisi-
ner, mais je peux me réchauffer des
plats », précise le jeune homme. La
nuit, ses principaux interlocuteurs
deviennent les gardiens. « On dis-
cute, on regarde des matchs de foot-
ball… Le samedi, je me repose, et le
dimanche, je vais me promener. Je
ne me sens pas seul », balaie le jeune
homme. Contrairement à ce qui se
fait dans les agences privées, aucune
contrepartie ne doit être ici deman-
dée à « l’invité ». Alors, Ahmadullah
n’hésite pas à donner un coup de
main, en arrosant les plantes du
patio pendant la canicule, par exem-
ple. Un plaisir : « Dans mon pays,
tout le monde a des jardins », souli-
gne-t-il avec émotion. Mais ce qu’il
préfère au cœur de l’open space, c’est
le sac de frappe en cuir qui y est sus-
pendu. Ses affaires de travail à peine
posées, il se saisit de ses gants de
boxe. « Ça me permet de me défou-
ler », admet-il. Pour varier, le plom-
bier va aussi courir sur les tapis de la
salle de sport, au sous-sol. Des pre-
mières discussions avec des salariés
qui s’y attardent s’y sont nouées et,
depuis, la liste des amis s’est allon-
gée. « Florence, Miguel, Estelle…
J’ai retrouvé comme une seconde
famille », confie Ahmadullah.
« Créer un lien qui va
accélérer la réinsertion »
Karine fait partie de cette
« famille ». « Cela s’est fait au fil de
l’eau. À force de se voir, on a
échangé, je lui ai proposé de se revoir
en fin de journée au sein des locaux.
J’ai ramené des jeux de société, je lui
ai parlé de films français, comme
Bienvenue chez les Ch’tis, pourquoi
35
ça nous a fait rire en France », témoi-
gne la chargée de clientèle. Ahma-
dullah a aussi été convié à une soirée
« clients » de l’entreprise. « La réelle
force de ce projet, ce n’est pas juste
de donner un toit, s’enthousiasme
Kinda Garman, directrice générale
des Bureaux du cœur, c’est de créer
du lien avec une personne qui a eu
un parcours difficile, qui a perdu
cette notion de lien social. Cela accé-
lère la réinsertion, et maximise les
chances de trouver un logement
plus pérenne. »
Avec un CDI en poche, décroché
depuis son arrivée dans ce refuge
en mai, Ahmadullah ne pourra pas
rester éternellement. Son bail de
trois mois a déjà été renouvelé une
fois, le maximum, selon les termes
de son contrat avec les Bureaux du
cœur. Sur son smartphone, il fait
défiler les annonces d’appartement
à louer, dans l’espoir de trouver son
futur nid, épaulé par Florence, la
chargée de développement. Et celui
de sa famille. L’Office français de
protection des réfugiés et apatrides
(Ofpra) vient d’accepter sa demande
de regroupement familial. Il reverra
bientôt son épouse et ses trois enfants
restés en Afghanistan. n
Les logements temporaires
sur grand écran
Dans Anti-squat, Louise Bourgoin
campe Inès, agent immobilier pour
une société proposant des logements
temporaires dans des immeubles
de bureaux vides, afin de protéger leurs
propriétaires des squatteurs. Elle doit
recruter les résidents, mais aussi
s’installer jour et nuit avec eux pour les
surveiller. Ils l’ignorent, mais leurs faits
et gestes sont scrutés par des caméras.
Sous peine d’être expulsés, tous doivent
également réaliser d’éreintants travaux
d’entretien. Un film
tout en tension, qui
explore les dérives
d’un système et les
affres de la précarité.
Drame de Nicolas Silhol,
France (1 h 35).
Avec Louise Bourgoin,
Samy Belkessa…
36 ENTRETIEN
« C’était essentiel,
avec ce livre,
que je rende la vie
à mon frère »
En 1993, le frère aîné d’Alexandre Jardin se suicidait,
à 31 ans. Trois décennies plus tard, le plus romanesque
des auteurs français ose enfin évoquer, dans un récit à vif,
ce personnage incandescent qui inspirera tous les autres.
PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE BRUGERON, PHOTO FRÉDÉRIC DUGIT.
« ’est très émouvant de sortir
C
ce livre. » À peine assis,
Alexandre Jardin met son
cœur sur la table. Comme
pour prévenir que cet
ouvrage n’a rien à voir avec
ses précédents et que le tour promotionnel
qu’il entame a un goût particulier. L’auteur
prolifique de 58 ans se sent enfin en phase
avec le réel, « au bon niveau », grâce à une
femme « exceptionnelle » rencontrée
pendant le confinement. Elle a répondu à
l’un de ses tweets, ils ont commencé à discuter.
Depuis, sa vie a changé. Son regard sur
le monde et sur son histoire aussi.
« C’est très long de ne pas parler de quelqu’un
pendant trente ans, surtout quand il
est si important. » Cet « oublié » s’appelle
Emmanuel Jardin. Son demi-frère, par son
père, de trois ans son aîné. Il s’est suicidé le
11 octobre 1993, d’un coup de fusil, sous les
fenêtres de la maison de sa mère, à Gambais,
dans les Yvelines. Il avait 31 ans. Alexandre, 28.
Il a fallu trois décennies au romancier
pour écrire Frères, et réussir à parler du bon,
oldkeypdf
du drôle, mais aussi du pire – un abus sexuel
dont il a été victime par ce frère et que l’auteur
ne souhaite pas aborder en interview,
car les « mots justes », il les a trouvés
et fixés sur le papier. Trente ans, c’était
le « temps émotionnel » nécessaire pour
appréhender cette mort et parvenir,
aujourd’hui, à rire en se remémorant
les folies de ce jeune homme « insaisissable ».
Avec ce nouveau livre, vous ouvrez
une boîte noire scellée pendant
trente ans. Qu’est-ce qui vous a permis
cette introspection ?
Alexandre Jardin En un an, j’ai perdu
quasiment tout le monde dans ma famille.
Ma mère, mon beau-père, ma sœur.
C’est énorme. Au même moment, j’ai
rencontré une femme hors du commun.
Avec elle, j’ai découvert que j’aimais
le réel, alors que j’avais passé des décennies
à le fuir et à filer dans mon « île des gauchers »,
ce lieu confortable imaginé dans l’un de mes
romans. Ce livre est venu à un moment de ma
vie où tout s’est posé autrement et où ce frère,
refoulé pendant trente ans, a retrouvé sa place.
Ce texte est une lettre d’amour à Emmanuel,
votre aîné. Qui était-il ?
Il était magnétique et, en même temps,
répulsif. Dangereux. Inquiétant. Fascinant.
Charmant. Insaisissable. Ce livre explore
toute son ambivalence. Juste avant sa mort,
 Auteur de très
nombreuses fictions,
Alexandre Jardin
(ici, à Paris, en juillet)
a écrit sur son grand-
père, ses parents et,
désormais, son frère.

oldkeypdf
38 ENTRETIEN
il a voulu se refaire le nez, pour avoir le mien.
Je ne savais pas s’il était fou ou s’il était au
maximum de la poésie (rires). Avait-il raison
de vivre aussi intensément ? Avais-je tort,
moi qui présentais des personnages de fiction,
d’être aussi sage dans ma vie privée ?
Pendant ce temps-là, lui, il y allait, avec un sens
incroyable de l’absolu. Mais ça s’est terminé
par un coup de fusil. C’était aussi quelqu’un
de très drôle, et je crois que son humour
a rendu presque impossible, pour ses proches,
de comprendre un geste aussi profondément
dramatique. Emmanuel, c’est celui qui m’a le
plus questionné et qui me questionne encore.
Avez-vous eu du mal à écrire ce texte ?
Quand on compose un livre aussi important,
il s’écrit tout seul. Il m’a fallu seulement
quelques mois. Quand j’ai terminé le premier
jet, mon premier geste a été d’envoyer des
copies à plein d’amis en leur disant : « S’il
m’arrive quelque chose, publiez-le. » Je ne
voulais pas qu’Emmanuel disparaisse. Je ne
voulais plus qu’il disparaisse. C’était essentiel
que je lui rende la vie ainsi, parce que je ne
l’avais pas protégé. Quand j’ai appris le coup
de feu (Alexandre Jardin prend un long temps
de pause), je savais que je ne l’avais pas fait.
Vous sentez-vous coupable ?
Je revendique cette culpabilité de ne pas
l’avoir protégé. On vit une époque de fou
où tout le monde te tape sur l’épaule en
disant : « Mais nan, faut pas culpabiliser,
tu n’es pas responsable. » Mais si. Je n’ai
pas pris les bonnes décisions, je me suis
dérobé, je suis parti. On n’est jamais assez
responsable de ceux qu’on aime. Peut-être
qu’on ne réussira pas à les protéger, mais il
faut toujours essayer. En faisant de son mieux.
Comment avez-vous réagi à l’annonce
de sa mort ?
J’étais en Nouvelle-Calédonie, à l’autre
bout du globe. J’ai d’abord été tenté de ne pas
rentrer. Les Français qui vivaient sur ce
« C’est pour moi un livre césure.
Après, je ne serai pas du tout
l’homme que j’étais dans
la première partie de ma vie »
Alexandre Jardin
oldkeypdf
territoire étaient coupés de la métropole.
Internet n’existait pas et je me souviens qu’une
minute d’appel téléphonique vers Paris
coûtait 50 francs. D’ailleurs, on rencontrait
là-bas pas mal de gens venus pour mettre
de la distance avec leurs proches restés en
Europe. Je me suis dit : « Si tu ne rentres pas,
il n’est pas mort. » Puis je me suis rendu
compte que je ne pouvais pas faire ça à ma
famille, et je suis revenu. Ensuite, on n’a plus
jamais parlé de lui et, pourtant, Emmanuel est
présent dans quasiment tous mes personnages
de papier. Ils ont sa poésie, sa fantaisie.
Vous ne parliez pas de lui, même en famille ?
Jamais. Il y a les secrets et puis, il y a
l’énorme continent de ce dont on ne parle pas.
C’est ainsi dans toutes les familles.
À chaque fois que je prononçais son nom,
quand j’essayais d’en reparler avec
ma mère, je percevais un soupir de mal-être.
J’ai fini par oublier jusqu’à la date de sa mort.
Ce frère s’inscrit dans une histoire de famille
« compliquée ». Il y a notamment votre
grand-père, Jean Jardin. Dans « Des gens
très bien » (2011), vous aviez pointé
sa responsabilité dans la rafle du Vél’ d’Hiv,
en juillet 1942…
Cet épisode a vraiment été un éléphant
au milieu du salon. Quand on sait le rôle
d’un directeur de cabinet d’un chef de
gouvernement, c’est difficile de dire que celui
qui était directeur de cabinet de Pierre Laval,
le jour du Vél’ d’Hiv, avait les mains
propres. La sortie de ce livre a été très violente.
À l’époque, je pensais qu’on pouvait
commencer à parler tranquillement de
ces sujets, mais j’ai senti que j’avais soulevé
le gros lièvre des familles françaises. Chirac
pouvait reconnaître tout ce qu’il voulait,
c’était sans enjeu affectif. Mais dire « mon
père, mon oncle ou mon grand-père a trempé
là-dedans », c’était complètement différent,
ça touchait à l’honneur. Il y a évidemment,
en France, des millions de descendants de flics
qui ont arrêté des Juifs pendant la guerre.
Ce non-dit se balade dans les inconscients.
PHOTOS © COLLECTION PERSONNELLE, SP
Mon grand-père collabo reste un sujet
complexe pour une partie de ma famille.
Ce n’est pourtant pas le portrait
que votre père, le réalisateur Pascal Jardin,
a fait de lui…
C’était un héritage impossible, indéfendable.
Il l’a fui en écrivant Le Nain jaune, un très
beau livre, un peu fou car c’est une réécriture

Emmanuel était le demi-frère, par son père, d’Alexandre
Jardin. Il s’est tué en 1993, à 31 ans.
de son père, vu par ses yeux d’enfant.
C’est comme cela qu’il s’en tire, avec une fuite
éperdue dans la fiction. À sa mort, à l’âge
de 46 ans, il avait écrit une centaine de films.
C’est quelqu’un qui n’a pas appartenu au
monde réel. Quand vous signez 17 scénarios
en une année, avec cinq ou six personnages
forts dans chaque œuvre, vous avez dans
la tête une centaine de voix. Il ne reste pas
beaucoup de place pour les personnes réelles.
Et vous, quelle a été votre place au milieu
de tous ces personnages ?
Pas grande. Les êtres que mon père
n’imaginait pas avaient beaucoup de mal
à se frayer un chemin jusqu’à lui. À côté,
ma mère vivait, elle, comme une héroïne. Tous
les adultes que j’ai côtoyés dans ma jeunesse
étaient romanesques, assez fascinants, mais
ils poussaient leurs explorations trop loin.
Pour parler de cette période, et de ces
parents peu responsables, vous écrivez :
« Nous étions des enfants égarés au
milieu d’adultes égarés. » Emmanuel avait-il
hérité de cette folie, de cette liberté ?
Oui, il était furieusement libre. Il était déjà
très inadapté au monde, à l’époque. Je ne sais
pas comment il aurait fait, aujourd’hui, dans
notre société qui a peur de tout. Lui, il pouvait
décider de se marier avec une fille qu’il venait
de rencontrer. Transformer le mariage
en déjeuner de fiançailles, le matin des noces.
Puis m’appeler le lendemain et me dire :
« C’était bien, non ? On remet ça dans
quinze jours. Je l’épouse ! » Ce sont peut-être
oldkeypdf
39
des idées qui vous passent par la tête mais,
normalement, votre surmoi vous freine (rires).
Il me fascinait. Je me demandais si se donner
cette liberté, ce n’était pas ça, la vraie vie.
Dans votre livre, vous évoquez aussi
la culpabilité du survivant…
Dans notre fratrie, je suis celui qui a eu
de la chance. Avec Emmanuel, nous n’avons
pas eu la même mère. La mienne, bien que
très compliquée, m’a donné de quoi avancer,
ainsi qu’à mon frère Frédéric. Grâce à cela,
malgré tout cet environnement, on s’en sort.
Comment ?
Je crois que nous avons été courageux.
Il fallait l’être. Frédéric est celui qui a eu tous
les courages dans un monde de désordre.
Aujourd’hui, il est devenu un metteur en scène
majeur, couronné en 2015 d’un Emmy
Awards pour la série Engrenages. Il parvient
à sortir victorieux de cette folie collective.
Et vous, quelle a été votre façon
d’y échapper ?
C’est passé par des années de fuite dans
la fiction. Mais j’ai fini par découvrir qu’on
pouvait demander à l’écriture autre chose
que ce que j’avais envisagé au départ. Il y a
la littérature qui corrige le réel pour le rendre
respirable. Et celle qui est profondément
amoureuse de la vie. Frères appartient à cette
deuxième catégorie. C’est pour moi un livre
césure. Je sais bien que l’écrivain que je vais
être après ne sera pas du tout l’homme que
j’étais dans la première partie de ma vie.
Comment appréhender une famille
dysfonctionnelle quand on devient père ?
En changeant soi-même. Mes cinq enfants
savent bien que je ne suis pas le même qu’il y a
dix ou vingt ans. Avec Frères, c’est la première
fois que je suis totalement présent au réel.
Parce que je le suis dans ma vie. On ne peut
pas tricher avec certaines choses, il faut
changer pour de vrai. Je n’aurais jamais pu
écrire ce livre à 37 ans, ni même à 47. Face
à un événement aussi considérable, il faut bien
trente ans pour commencer à le penser.
Le temps émotionnel est très long, très lent.
Comment allez-vous vivre ce premier
« 11 octobre » où vous pourrez commémorer
la mort d’Emmanuel ?
Ce sera un moment apaisé, certainement « Frères »,
d’Alexandre Jardin,
partagé avec mon frère Frédéric. Plus rien Albin Michel,
n’est éludé. Emmanuel a repris sa place. n 176 p., 19,90 €.
40 SAGA

Le Cirque
du Soleil
toujours renversant
Après l’Angleterre, l’Italie et la Belgique, la célèbre troupe continue sa tournée
européenne avec Kurios - Cabinet des curiosités. Avant son passage à Paris,
à partir du 16 novembre, nous sommes allés à Milan découvrir ce spectacle
qui tourne depuis presque dix ans dans le monde entier. Née au sein
d’une petite ville québécoise au début des années 1980, la compagnie a bâti,
au fil de ses shows XXL, un empire du divertissement.
PAR VALÉRIE BECK, PHOTOS MÉLANIE BAHUON, ENVOYÉES SPÉCIALES À MILAN (ITALIE).

oldkeypdf
 41

Le Cirque du Soleil
présente Kurios,
sa 35e production

oldkeypdf
42 SAGA
n, deux, trois… Soleil ! Une horloge se
U
fige sur 11 h 11, une locomotive s’arrête
sur la scène dans un nuage de fumée,
et de drôles de passagers débarquent.
Ces personnages hauts en couleur,
comme tout droit sortis du Tour du
monde en 80 jours de Jules Verne, en redingote ou en
gilet, coiffés d’une casquette ou d’un chapeau melon,
une vieille valise ou une tête de lama à la main, ouvrent
les festivités de Kurios - Cabinet des curiosités, la
35e production du Cirque du Soleil. Et quelle fête !
Le train se retire, la troupe s’anime, des tables posées
à la va-vite servent de support à un numéro de percus-
sions, un jongleur termine ses prouesses, suspendu
dans les airs, tandis qu’une chanteuse et un orchestre
accompagnent ce ballet tournoyant.
L’entrée des artistes est joyeuse, entraînante, chaoti-
que… À l’image des deux heures d’un spectacle très
applaudi à Milan, où le chapiteau jaune et bleu a pris
place au printemps, sur un terrain vague entouré de bar-
À Milan (Italie), sous le chapiteau, les spectateurs sont transportés
dans l’univers rétrofuturiste de Kurios - Cabinet des curiosités, un show farfelu
que le public français découvrira à partir de novembre, à Chatou (Yvelines).
oldkeypdf
res d’immeubles. Les Français s’apprêtent aussi à ova-
tionner la célèbre compagnie : dès le 21 septembre, à
Bordeaux, pour le spectacle Ovo, puis en Île-de-France,
à une quinzaine de kilomètres de Paris, sur l’Île des
impressionnistes, à Chatou (Yvelines), où ils joueront
Kurios du 16 novembre au 17 décembre. Un retour après
quatre ans d’absence.
Le Cirque du Soleil ne fait jamais les choses à moitié.
Pour accueillir ses shows gigantesques, il n’hésite pas à
construire des salles entières et des scènes mobiles
à 360 degrés, à jouer avec les éléments – l’eau, l’air et le
feu –, à défier les lois de la gravité dans des numéros ren-
versants, à bâtir des spectacles autour de stars comme
les Beatles, Michael Jackson ou Lionel Messi. Ses repré-
sentations, sans animaux, mises en scène comme des
films, avec une histoire en fil rouge et une musique ori-
ginale, ont donné un coup de vieux aux cirques tradi-
tionnels. Depuis sa création, en 1984, à Baie-Saint-Paul,
petite ville au bord du fleuve Saint-Laurent, au Québec,
la bande de saltimbanques, cracheurs de feu et échassiers
a visité 86 pays, a vendu pas moins de 378 millions de
billets, et s’est imposée comme l’une des références inter-
nationales du divertissement. L’équipe, réunissant ini-
tialement une vingtaine d’artistes, est aujourd’hui une
multinationale du spectacle de près de 4 000 salariés.
Un aller sans retour pour Los Angeles
Derrière ce succès se cache un homme, le Québécois Guy
Laliberté, 64 ans, cheveux longs dans sa jeunesse, boule
à zéro aujourd’hui. Le fondateur est un aventurier doublé
d’un entrepreneur à l’instinct hors pair. À l’âge de 14 ans,
il part de chez lui pour parcourir seul le Québec
et l’Europe. À 19 ans, il s’installe à Paris, où il joue de
l’accordéon devant le Centre Pompidou et apprend l’art
de cracher le feu, pour gagner quelques sous. Un an plus
tard, en 1979, il rentre au Québec et rejoint Les Échas-
siers de Baie-Saint-Paul, une troupe de théâtre fondée
par Gilles Ste-Croix, saltimbanque et autodidacte
comme lui. Il est embauché contre un toit. Et, avec ses
compagnons, il danse, jongle, joue de la musique dans les
rues… En 1982, le groupe crée La Fête foraine, un festival
d’art de la rue qui rencontre déjà son petit succès. Le Cir-
que du Soleil n’est pas encore né, mais les bases sont là.
Du haut de leurs échasses, ces joyeux lurons très peace
and love sont poussés par leur envie de s’amuser, de
divertir le public et de voyager. En 1984, pour les célébra-
tions du 450e anniversaire de la découverte du Canada,
Guy Laliberté voit plus grand et embarque sa troupe
pour une tournée à travers le Québec avec un nouveau
concept, un cirque sans animaux porté par une narration
forte, des costumes flamboyants et une musique origi-
nale. Tout juste revenu d’un voyage à Hawaï, il s’inspire
des couchers de soleil pour baptiser la compagnie.
L’année 1987 marque un tournant dans l’histoire du
cirque. Ses membres sont invités à se produire au
Los Angeles Arts Festival, un événement culturel né avec
les JO de 1984. Mais tout est à leurs frais. Et leurs caisses
 SAGA 43

sont vides. Ils n’ont de quoi acheter que leurs billets aller.
Un échec n’est pas envisageable, ce serait la clé sous la
« ILS ONT PLANTÉ UNE FLEUR
porte. Guy Laliberté, à la tête de la bande, veut quand DANS LE DÉSERT ET
même tenter l’aventure, mais s’assure de faire l’ouverture
et de toucher 100 % des recettes. Le succès de leur show, NOUS SOMMES ENCORE LÀ »
le bien nommé Cirque réinventé, est immédiat. Les Chantal Tremblay, directrice de création du cirque,
États-Unis tombent sous le charme de ces drôles de Qué- à propos du show Mystère, joué à Las Vegas
bécois. Ils ont maintenant les moyens de partir en tour-
née. Destination l’Europe, puis le Japon. S’ils ne sont pas
encore des stars, ils sont désormais reconnus pour la
qualité de leurs prestations. Et Steve Wynn, riche pro-
priétaire de plusieurs hôtels à Las Vegas, y voit un diver-
tissement à la taille de ses palaces. Il leur propose
d’investir l’un d’entre eux. Pour les accueillir, il fait cons-
truire une salle sur mesure au Treasure Island, son nou-
veau bijou. Une première. À l’époque, en 1993, la ville est
surtout célèbre pour ses bandits manchots, ses tables de
jeu et ses spectacles plutôt olé olé. Mystère, en résidence
permanente dans la capitale du Nevada, marque le début
de la reconnaissance internationale de la compagnie.

Des sommes colossales sont investies

Le pari n’était pourtant pas gagné. La veille de la pre-
mière représentation, Steve Wynn a des doutes quant
à la réussite de ce nouveau spectacle et veut procéder
à des changements de dernière minute, alors que
76 artistes s’apprêtent à monter sur scène. Lors d’une
dispute mémorable, Guy Laliberté lui tient tête et ne
cède rien. Trente ans plus tard, Mystère est toujours à
l’affiche du Treasure Island. « Ils ont planté une fleur
dans le désert et nous sommes encore là », se réjouit
Chantal Tremblay, 62 ans. La directrice de création du
cirque se souvient de la fête légendaire qui a suivi, sous
une grande tente blanche montée pour l’occasion dans
le Red Rock Canyon, aride et rocailleux, jouxtant la capi-
tale du jeu. Les réjouissances ont duré toute la nuit,
au son des percussions, et Guy Laliberté crachait du feu.
L’homme est célèbre pour ses soirées aussi nombreuses
que flamboyantes, qui ont lieu à l’occasion de chaque
première de spectacle ou de son anniversaire. Guy reçoit
chez lui, dans sa propriété située dans un parc national,
près de Montréal. Des chasses aux trésors pour les
enfants, des massages pour les mamans, des numéros de
cirque… Ce genre de party (que l’on prononce « parté »,
au Québec) est aussi une vitrine, une façon éclatante de
montrer à ses invités de quoi il est capable.
Dans les deux décennies qui suivent, la compagnie entre
dans une autre dimension, multipliant par six le nombre
de ses productions et triplant ses effectifs. Joueur de
poker, Guy Laliberté n’a pas peur de prendre des risques
pour monter des représentations toujours plus auda-
cieuses. O est le second spectacle créé à Las Vegas, en
résidence permanente dans une nouvelle salle, au
Bellagio, cinq ans après Mystère. La formule est désor-
mais rodée : le casino construit et finance un théâtre à Dans les coulisses du spectacle Kurios, Mathieu Hugener se prépare (en
hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars, et la haut) à incarner le rôle de M. Microcosmos (ci-dessus). Son maquillage
compagnie s’engage à le remplir en promettant un retour et son costume évoquent le progrès technologique et le mouvement.
oldkeypdf
44 SAGA
« J’AI ASSISTÉ, GRÂCE AU POUVOIR RASSEMBLEUR DU CIRQUE,
À LA RÉCONCILIATION DES BEATLES ! »
Michel Laprise, metteur en scène et auteur du spectacle Kurios
Cracher le feu, c’est la spécialité de Guy Laliberté, désormais 64 ans,
fondateur du Cirque du Soleil. Il apprend cet art en se rendant à Paris,
à l’âge de 19 ans, avant de retourner au Québec.
sur investissement, tout en conservant sa liberté artisti-
que. Avec son immense réservoir d’eau, ses acrobaties
aériennes et aquatiques, O (encore donné à Las Vegas
aujourd’hui, tout comme Mystère) reste l’un de ses shows
les plus emblématiques. Ainsi que Kà, avec ses décors
mobiles, ou Alegria, l’un des plus populaires sous chapi-
teau – les spectacles destinés à être présentés dans le
monde entier restent de dix à quinze ans à l’affiche.
Le Cirque du Soleil a frôlé l’éclipse définitive
Progressivement, la troupe étoffe son catalogue, déve-
loppe les tournées, s’implante en Asie et en Amérique
du Sud, noue de nouvelles collaborations qui lui assu-
rent une belle notoriété. Celle avec les Beatles est l’une
des plus célèbres. Elle est née d’une première rencontre,
en 2000, entre Guy Laliberté et George Harrison,
autour de leur passion commune pour la Formule 1. La
gestation sera longue mais, en 2006, The Beatles LOVE
est joué au Mirage, à Las Vegas. Michel Laprise, mem-
bre de la compagnie depuis vingt-trois ans, est assis
dans la même rangée que Paul McCartney et Ringo
Starr le soir de la première. Ce jour-là, il voit la veuve de
John Lennon, Yoko Ono, embrasser Paul McCartney
sur la joue. « J’ai assisté, grâce au pouvoir rassembleur
du cirque, à la réconciliation des Beatles ! »
oldkeypdf
Nouveau « guide créatif » du groupe, Michel Laprise,
qui est aussi le metteur en scène et l’auteur du spectacle
Kurios, arbore fièrement un tee-shirt sur lequel il a fait
inscrire « Premier spectateur ». C’est lui qui valide les
numéros et donne le feu vert à tout nouveau spectacle,
un rôle tenu autrefois par Guy Laliberté, désormais
retraité. Lors de la crise sanitaire, pendant laquelle il a
été contraint, du jour au lendemain, d’interrompre ses
44 productions, le Cirque du Soleil a frôlé l’éclipse défi-
nitive. Sauvé par de nouveaux investisseurs, un an plus
tard, il prend un nouveau départ en restant attaché à son
histoire. Avant de définir une nouvelle charte, Michel
Laprise, très fidèle à son « bébé du Québec », comme il
l’appelle, a consulté les pionniers : Guy Laliberté, qui a
cédé ses parts en 2015, Gilles Ste-Croix, qui a démis-
sionné en 2014, ainsi que le metteur en scène embléma-
tique du cirque, Franco Dragone, mort en 2022. Ainsi,
les anciens artistes de rue, devenus millionnaires, conti-
nuent-ils d’entretenir le souffle rebelle des origines.
« Nous, les Québécois, nous ne sommes pas des divas. La
star, c’est l’équipe, insiste Michel Laprise. Dans la mai-
son, il y a des hommes et des femmes qui marchent sur
un fil à plus de douze mètres de haut. Je me dois d’avoir
le même courage qu’eux et de continuer à développer
des projets audacieux. Nous sommes toujours des hip-
pies qui aimons faire la fête ensemble ! »
À Milan, en Italie, la troupe de Kurios a célébré sa pre-
mière représentation selon la tradition. Le lendemain,
des bouquets de fleurs posés sur les tables et des lan-
goustes au buffet de la cantine rappellent justement les
festivités de la veille. Dernière pause avant que chacun
aille s’échauffer et se préparer pour une nouvelle soirée.
Un artiste entre, peignoir sombre, chaussettes rouges
dans ses claquettes et grosses lunettes. D’ici quelques
heures, il se métamorphosera en un colosse herculéen
en combinaison crème et or, faisant virevolter sa parte-
naire à quatre mètres du sol par la seule force de ses
bras ! Il sera l’un des premiers à entrer en scène, avant
de laisser sa place à des contorsionnistes chinoises
d’une souplesse impressionnante, ou à des équilibristes
réalisant des prouesses sur des chaises empilées.
À quelques mois de son quarantième anniversaire, ce
cirque fait la démonstration de sa vitalité avec ce specta-
cle qui tourne déjà depuis dix ans sans rien perdre de
PHOTO © CIRQUE DU SOLEIL/DR
sa jeunesse. Un, deux, trois… Soleil ! Personne ne bouge,
le temps s’est arrêté. n
« Kurios - Cabinet des curiosités », du 16 novembre au 17 décembre
sur l’Île des impressionnistes, Chatou (Yvelines).
« Ovo », du 21 au 24 septembre à Bordeaux, du 15 au 19 novembre
à Lyon, et du 7 au 10 décembre à Toulouse.
 45

city guide
SORTIES BALADES ADRESSES QUARTIER LIBRE BIEN-ÊTRE FOOD

1
COUP DE CŒUR CINÉ CAMILLE COTTIN, MERVEILLEUSE
MÈRE COURAGE DANS « TONI EN FAMILLE »
Toni prépare une marmite de pâtes, enjambe une pile de linge, file chercher
les enfants au collège, les dépose à leurs activités, explore Parcoursup avec les grands
pour leur trouver une formation qui les épanouisse… Elle n’a pas eu cette chance.
Poussée – forcée – par sa mère, elle a participé dans sa jeunesse à une émission
de télé-crochet. D’ailleurs, son tube passe encore parfois à la radio, pour la plus grande
joie de ses enfants. Le soir, elle chante sans trop de conviction dans un bar, pour
arrondir ses fins de mois. Mais, à 43 ans, cette mère qui élève seule ses cinq enfants
comprend qu’ils partiront bientôt et qu’il est temps pour elle de trouver sa voie.
PHOTO © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS/SP

Camille Cottin campe admirablement cette femme touchante et solaire, dont

le jeune réalisateur Nathan Ambrosioni brosse le portrait avec délicatesse.
Tout comme il dépeint, sans caricature, cette fratrie d’adolescents dans laquelle
on s’entraide, on se chamaille et on claque des portes. Guidé par la douceur
du soleil de Grasse, il révèle une Camille Cottin plus fragile que les personnages
cash et autoritaires qu’elle incarne habituellement à l’écran. Yolaine de Chanaud
Comédie dramatique de Nathan Ambrosioni, France (1 h 36).
Avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria...

oldkeypdf
46 ENVIES

3
PETIT ÉCRAN
« SENTINELLE »
Policier le plus médiatique
et incompétent de l’île
de La Réunion, François Sentinelle est
aussi un chanteur de charme connu
pour un seul tube vieux de quinze ans,
Le Kiki. Quand le mari de la présidente
du conseil régional est kidnappé,
Sentinelle est chargé de l’enquête.
Mais il est davantage préoccupé par
la sortie de son prochain album… Plus
déjanté que jamais, Jonathan Cohen
(photo) est le héros de cette comédie
hilarante et sans temps morts. Sa très
kitsch chanson Est-ce que tu regrettes ?
ne vous laissera pas de marbre !

2
Benoît Franquebalme

Comédie d’Hugo Benamozig et David Caviglioli,

L’EXPO DE LA SEMAINE France (1 h 39). Avec Jonathan Cohen, Raphaël
Quenard, Emmanuelle Bercot, Gustave Kervern,
« CATHERINE DENEUVE » Ramzy Bedia… Sur Prime Video.
Depuis soixante ans, sa beauté et sa blondeur
accompagnent nos vies. Pareille longévité valait
bien une expo photos. Elle est à découvrir à l’hôtel
Lutetia (6e) puis dans une galerie intimiste
du Marais (3e). Sur les murs s’affiche, en noir et blanc
ou en couleurs, une Catherine Deneuve tour à tour souriante, mutine
ou rêveuse, virevoltant dans sa robe sixties des Demoiselles
de Rochefort, troublante dans La Sirène du Mississippi, ou assise
à une table du Café Marly, au Louvre, sur le tournage des Prédateurs,
en compagnie de David Bowie (photo). Autant de visages d’une actrice
aussi familière qu’insaisissable. Les tirages, dont certains vintage,
sont signés Philippe Le Tellier, Kate Barry, François Gragnon, David
Bailey… Une séduisante galerie de portraits, à prolonger en fouinant
dans les clichés simplement posés au sol. Pour revivre toute une époque.
Isabelle Calabre
Jusqu’au 11 septembre à l’hôtel Lutetia, Paris (6e), et jusqu’au 1er octobre à la Galerie
de l’Instant, Paris (3e). www.lagaleriedelinstant.com

PHOTOS © JEAN-CLAUDE DEUTSCH/PARIS MATCH/SCOOP/SP, OLIVIER ARANDEL/LP, DR

4 INCONTOURNABLE
« PARIS PARADIS »
Dès ce vendredi soir, et jusqu’à dimanche, on n’oublie
pas de se rendre au parc de la Villette ! Le Parisien y fête
la rentrée avec la 5e édition de son festival Paris Paradis.
Au programme : des concerts (Martin Solveig, Kendji
Girac…), des shows d’humoristes (Manu Payet, Fanny
Ruwet…), et des tonnes d’activités (ateliers éco-citoyens,
bien-être…) pour les grands et les petits. Gwénaëlle Loaëc
Jusqu’au 10 septembre au parc de la Villette, Paris (19e). Paris-paradis.leparisien.fr

oldkeypdf
 47

5
GRAND ÉCRAN « VISIONS »
Yann Gozlan est décidément attiré par
l’univers du transport aérien et par les récits
sur fond de paranoïa. Deux ans après
Boîte noire, où il suivait à la trace un technicien
de l’aviation civile, joué par Pierre Niney,
enquêtant sur un crash, le cinéaste
met en scène une pilote de ligne à qui tout semble réussir, dans
sa vie privée comme professionnelle. Estelle (Diane Kruger),
mariée à un homme a priori prévenant (Mathieu Kassovitz),
et en passe de devenir mère, voit son existence vaciller lorsqu’elle
renoue avec une femme qu’elle a aimée passionnément vingt
ans plus tôt. L’héroïne sombre alors dans une ténébreuse histoire
de manipulation qui lui fait perdre progressivement tous
ses repères. Même si le réalisateur s’égare dans d’inutiles détours
scénaristiques en rendant compte des cauchemars et hallucinations
d’Estelle, Visions, à la mise en scène solide, entraîne le spectateur
PHOTO © SND

dans une atmosphère indécise et troublante. Olivier De Bruyn

Thriller de Yann Gozlan, France (2 h 03). Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz,
Marta Nieto…

oldkeypdf
48 ENVIES

6
LE COIN
DES ENFANTS
L’ÎLE DE
LOISIRS D’ÉTAMPES
À 45 kilomètres au sud
de Paris, l’île de loisirs
d’Étampes est l’endroit
idéal pour finir l’été
en beauté. Sur plus de
145 hectares, un éventail
d’activités en plein air
pour petits et grands
est proposé : mini-golf,
Pédalo (photo), luge,
Accrobranche,
équitation… Mais surtout,

7
baignade dans un super LA LISTE DES 5 PLUS BEAUX LYCÉES
espace avec des vagues =Lycée Henri-IV (5e) Sa devise, « Domus Omnibus

et un toboggan géant ! Una » (une maison pour tous, en latin), était

celle des moines qui y résidaient. Ancienne abbaye
Le cadre naturel de l’île du XIIe siècle, Henri-IV, « H4 » pour les intimes,
se prête aussi bien devint un établissement scolaire au XVIIIe siècle.
Son cloître (photo), sa tour Clovis, son majestueux escalier de pierre
à la promenade à pied et la fresque restaurée sous la coupole de sa bibliothèque justifient
ou à vélo qu’à des loisirs son classement aux Monuments historiques.
=Lycée Voltaire (11e) Inauguré en 1891, il fut longtemps le seul
plus sportifs. lycée du nord-est parisien. Le philosophe Roland Barthes
Emma Calvet y enseigna. Dans la cour d’honneur trône un monument en marbre
Étampes (Essonne). réalisé en 1907 par le sculpteur toulousain Victor Ségoffin,
et qui devait initialement intégrer le Panthéon.
=Lycée Molière (16e) Ce bâtiment de brique rose, ouvert
en 1888, était réservé aux jeunes filles. Un buste du célèbre PHOTOS © STÉPHANE LAGOUTTE/CHALLENGES-RÉA, ESSONNE TOURISME/SP
dramaturge qui lui a donné son nom domine le grand hall.
Les galeries distribuant les classes sont rythmées par des arcades
et sont protégées, dans les étages, par une balustrade en fer
forgé qu’un lierre grimpant orne joliment au printemps. Charmant.
=Lycée Michelet (Vanves) Le lycée Louis-le-Grand y envoyait
ses internes pour les vacances. Ce château du XVIIe siècle, bâti
pour l’abbé Prévost – le seigneur de Vanves –, fut transformé
en école en 1864. Passer ses examens dans une chapelle désacralisée,
s’élancer entre deux pyramides, le long d’une roseraie,
autour d’une fontaine, à la récré… Quoi de plus stimulant ?
=Lycée Lakanal (Sceaux) Ce bijou du XIXe siècle, inscrit
aux Monuments historiques en 2001, avait pour mission de former
« des jeunes scolairement doués (…), dans un cadre bucolique ».
Et pour cause ! Son parc de dix hectares en fait l’un des établissements
les plus verts d’Île-de-France. Charles Péguy, Thierry Le Luron
et Julien Clerc comptent parmi ses anciens élèves. Sarah Belmont
oldkeypdf
 49

8
COMME UN TOURISTE
MANGER UNE GLACE
CHEZ BERTHILLON
En balade sur l’île Saint-Louis, une
pause s’impose chez Berthillon,
glacier mythique installé là depuis
1954. Sa réputation a tant dépassé nos
frontières que les touristes du monde
entier s’y pressent pour découvrir
PHOTOS © DURAND FLORENCE/SIPA

leurs produits artisanaux, des glaces

et des sorbets aux délicieux parfums
de fraise des bois, de cerise,
d’abricot, de melon… Miam ! G. L.
29-31, rue Saint-Louis-en-l’Île, Paris (4e).

oldkeypdf
50
9
L’INSPIRANTE
CAMILLE KIEJMAN
Cette Parisienne de 39 ans
est directrice associée
de La Maison des histoires. Situé dans
le 6e arrondissement, le lieu propose
aux 0-7 ans une immersion physique
dans l’univers de la littérature.
Qu’est-ce que La Maison des histoires ?
Camille Kiejman Un musée pour les enfants
qui leur permet d’entrer dans l’univers
des albums jeunesse les plus célèbres publiés
à L’École des loisirs. Et, ce, grâce à neuf
installations réalisées avec la complicité
de leurs auteurs ou éditeurs, tels le navire
des Chiens pirates et la cuisine de la sorcière
Cornebidouille. La visite dure une heure et
demie, temps de lecture et spectacle inclus.
D’où est venue l’idée d’un tel dispositif ?
Je crois en la puissance des récits. Ils ont été le fil
rouge de ma carrière, démarrée au théâtre comme
assistante à la mise en scène. J’ai commencé à
rêver de ce lieu pendant le premier confinement,
en partie inspirée par le Junibacken, à Stockholm,
un lieu consacré à l’œuvre d’Astrid Lindgren,
la créatrice de Fifi Brindacier.
Paris est-elle une ville facile à vivre
pour les enfants ?
Partout dans le monde, on réfléchit au concept
de « play museum », ou musée à jouer.
Mais les propositions restent rares, à Paris
comme dans le reste du pays, alors que
l’expérience est aussi très agréable pour les
parents. Cela change des après-midi au square !
Propos recueillis par Georgia Diaz.
www.lamaisondeshistoires.com
oldkeypdf
10
C’EST ARTISANAL SOUBACQ
C’est l’histoire d’une toute jeune marque
créée en 2020, dont la pièce principale
de la collection est une veste de travail
fabriquée en série limitée à partir de chutes de tissu
issues des maisons de haute couture. Sensible
à la mode éthique et à l’upcycling (recyclage de tissus),
la créatrice de Soubacq, Louise Drouhet, alors âgée
de 23 ans et tout juste diplômée d’un master business
mode et design, souhaitait se démarquer en
donnant du sens à ses créations. C’est sur cette idée
de revalorisation d’étoffes que des couturiers
œuvrent, dans un atelier du 3e arrondissement de Paris,
à la conception de vestes en laine, velours ou coton (à partir
de 245 euros, photo) pour un style classique et intemporel .
Airy Aubry
www.soubacq.com.
11
OÙ ACHETER ? UN GLOBE TERRESTRE
À peine rentrés, certains pensent déjà à
organiser leurs prochaines vacances. Pour
s’évader un peu tout en révisant sa géographie, la boutique
Le Monde de l’Observation
propose une sélection
de globes terrestres
PHOTOS © LAURE DEBREUIL/SP, SOUBACQ, SP, MATY/SP, FAUCHON/SP
de toutes les tailles
(de 10 centimètres
à 1 mètre de diamètre)
et à tous les prix
(de 3 à 15 000 euros).
Ces globes quittent ainsi
les salles de classe pour
devenir des objets
de décoration à part entière,
et nous faire rêver de tour
du monde en restant
dans son salon. A. A.
33-35, rue de Rivoli, Paris (4e).
www.maison-astronomie.com
 ENVIES 51

12
L’OBJET DU DÉSIR LA BROCHE
Sur le marché aux puces de Saint-Ouen (Seine-
Saint-Denis), nombreux sont les collectionneurs
et les touristes venus du monde entier à arpenter
les allées de cet endroit unique au monde,
réputé pour ses objets d’art. On y trouve
notamment une multitude de bijoux anciens. L’un
des plus recherchés ces derniers temps ? La broche.
Dans les années 1980, elle était incontournable et imposante, telle l’étoile
au format XXL chère au créateur Thierry Mugler. Progressivement rangée
au fond de la boîte à bijoux, elle se fait plus discrète au début des années 2000.
Oubliez désormais l’image désuète de cet accessoire à accrocher sur
une veste ou un chemisier, que l’on se transmet de génération en génération.
Toujours dans un esprit vintage, chez le bijoutier Maty, les nœuds, médailles et
insectes sont à l’honneur (photo, 95,90 euros), et ne manqueront pas de séduire
les fashionistas. A. A.

PROPOSÉ PAR

C’est la rentrée
dans la meileure école
de la nature

13
Situé dans le Sud de la Moselle, à 4 heures
LA NOUVELLE ADRESSE de Paris, le Parc Animalier de Sainte-Croix
FAUCHON est un haut lieu de la pédagogie sur la faune
L’emblématique épicier de la place européenne et la biodiversité mondiale.
de la Madeleine vient d’ouvrir une Chaque année, près de 50 000 scolaires
seconde boutique dans le quartier du Marais, entièrement et enfants de centres de loisirs viennent à
consacrée aux thés et aux infusions. Un lieu au design Sainte-Croix dans le cadre d’une sortie
pédagogique à la journée. Plus que jamais,
épuré, dans lequel on retrouve les références iconiques le parc assure son rôle d’école de la nature et
disponibles en boîtes en métal, en sachets mais aussi de transmission du savoir auprès des jeunes.
en vrac, au poids. Les clients peuvent également découvrir
le concept de l’infusion sur mesure, à partir d’une base
(belle énergie, instant fraîcheur, bon air…) à mélanger
© Cruschiform

à une ou plusieurs épices, fleurs et herbes aromatiques,

afin de créer sa propre infusion. Les plus gourmands
craqueront pour une douceur sucrée. A. A.
14, rue de Bretagne, Paris (3e).

oldkeypdf
52 ADRESSES

RUE BOIS
SY-D’ANG

FLÂNERIE
LAS

RUE BOISSY-
D’ANGLAS
M
CONCORDE
rue Roy
ale

Paris (8e) Au cours

des années 1920, le
cabaret Le Bœuf sur
le toit, situé sur cette
artère reliant la place
de la Concorde au
boulevard Malesherbes,
attirait Jean Cocteau
et ses amis. Devenue

PHOTOS © VIRGINIE GARNIER, ROMEO BALANCOURT, MARIE-ANNE BRUSCHI, MICHEL LABELLE

bien sage, cette rue UNE VIE DE PALACE
L’Hôtel de Crillon abrite
fait la part belle depuis le début de l’année un
à la gourmandise et restaurant imaginé comme
aux boutiques de luxe. une salle à manger conviviale,
PAR MARIE-ANNE BRUSCHI.
le Nonos, et un comptoir,
Comestibles, où l’on déjeune
sur le pouce (coquillettes
jambon-fromage, 12 euros).
Les deux cartes sont
signées par Paul Pairet, le juré
« Top Chef » à la casquette.
Autre belle surprise du palace :
l’espace gourmand, le
Butterfly, et son large choix
de gâteaux à partir de 9 euros.
6, rue Boissy-d’Anglas.
UN RESTAURANT
ZEN ET JOLI
Le Buddha-Bar s’est refait
une beauté vingt-cinq ans
après son ouverture.
Sur 1 000 mètres carrés, trois
ambiances différentes bercées
par des DJ sets s’offrent
aux clients, sous le regard
bienveillant de son bouddha
de 4 mètres. Côté carte, végans
et végétariens y trouveront
leur bonheur (plat à 23 euros).
Le dimanche, on tente
le brunch Kids Friendly (adulte
à 56 euros, enfants à 22 euros).
8-12, rue Boissy-d’Anglas.
UNE LYONNAISE
À PARIS
La Mère Brazier débarque
dans la capitale sous
la houlette du chef étoilé
Mathieu Viannay, qui fait
vivre l’esprit de la mythique
institution de Lyon. On y
trouve une épicerie-comptoir
qui met en avant la qualité
des produits et les circuits
courts : pâté en croûte
(18 euros sur place) et poulet à
la crème (32 euros à emporter).
25, rue Boissy-d’Anglas.

oldkeypdf

UN ÎLOT
« MONARCHIC »
Le Village Royal est un beau
passage à ciel ouvert, appelé
aussi Cité Berryer. Cet ancien
marché fut construit au
XVIIIe siècle sur un terrain
vierge bordé d’une caserne
où siégeaient les célèbres
mousquetaires de Louis XIII.
Pavé et piéton, il prend
des airs de quartier chic,
avec ses façades soignées
et ses luxueuses adresses.
24, rue Boissy-d’Anglas.
oldkeypdf
RUE BOISSY-D’ANGLAS
UN SAVOIR-FAIRE
TRÈS POINTU
Parmi les couteaux Laguiole,
fabriqués dans le célèbre
village du même nom situé
dans l’Aubrac, la manufacture
Forge de Laguiole est la plus
célèbre. Relancée en 1987, cette
coutellerie artisanale imagine
des modèles aux manches
pliables en bois, corne, Inox
(à partir de 76 euros)… Les plus
grands designeurs collaborent
régulièrement pour créer
des pièces d’exception.
29, rue Boissy-d’Anglas.
UN DÉLICE
À CROQUER
Chez Patrick Roger, on prend
autant de plaisir à regarder
les créations chocolatées
qu’à les déguster. Cet artisan
s’est fait un nom grâce à ses
sculptures XXL, qu’il expose
dans ses boutiques. Pralinés,
ganaches, orangettes… sont
présentés dans des boîtes
turquoise, signature
du chocolatier (32 euros,
l’assortiment de 16 pièces).
3, place de la Madeleine.
53
s
be
h er
a les
dM
var
u l e
bo
ÉGLISE DE LA
MADELEINE
bouleva
rd de la
Madele
ine
UN JOLI RACCOURCI
Les passages couverts
parisiens font le bonheur
des promeneurs. Bordée
d’élégantes boutiques,
la discrète galerie de la
Madeleine, avec sa grande
verrière, mène jusqu’à la
place du même nom.
Inaugurée en 1846, elle
abritait à l’origine des artisans.
C’est à l’architecte
Théodore Charpentier que
l’on doit cet ouvrage,
dont le charme opère toujours.
30, rue Boissy-d’Anglas.
54 QUARTIER LIBRE

Le week-end idéal
d’Isabelle Ithurburu
epuis le 2 septembre,

D la journaliste de 40 ans
est le nouveau visage
de l’émission people
« 50’ Inside », sur TF1. Elle est
également à la tête du magazine
de la Coupe du monde de rugby
jusqu’à fin octobre. La Paloise qui,
depuis 2012, a successivement
présenté, sur Canal +, « Samedi
Sport », « Jour de rugby » et « Canal
Rugby Club », ne connaît pas
les week-ends. Elle aspire à des fins
de semaine de farniente, et caresse
le rêve de posséder un petit
pied-à-terre avec vue sur l’océan.

Que faites-vous le week-end ?

Isabelle Ithurburu Aïe, aïe, aïe…
Ces dernières années, je n’en ai pas
eu beaucoup de libres, et j’ai manqué
pas mal de goûters avec ma fille,
de déjeuners de famille dans
le Sud-Ouest, de dîners entre amis
et de virées à la campagne qui me
faisaient pourtant envie. Et je ne
parle même pas des vacances de
Noël ! Alors, par la force des choses,
quand on n’a que cinq « vrais »
week-ends par an, ils sont chargés.
Mariages, anniversaires : ce
ne sont jamais des moments
de décompression totale. On s’y
habitue, bien sûr, et le métier
présente d’autres avantages,
mais j’ai hâte d’avoir suffisamment
de fins de semaine non travaillées
pour en passer certaines à glander.

Quand êtes-vous off ?

Ces dernières années, c’étaient
le mardi et le mercredi, jour sacré
oldkeypdf

pour pouvoir passer du temps
avec ma fille. Mais, comme tout
le monde ou presque est au boulot,
on est obligé de se caler sur le
rythme de la vie active et les
journées sont hyper remplies :
paperasses, courses…
Ce qui m’a manqué, et me manque
encore, c’est de pouvoir partir,
m’évader, m’offrir une parenthèse.
J’aurais du mal à vivre ailleurs
qu’à Paris, mais la ville est
étouffante, parfois oppressante.
On l’apprécie davantage quand
on peut s’en échapper, en sortir
et retrouver un peu de silence.
Où aimeriez-vous aller ?
Je n’ai pas de destination précise
en tête mais je rêve d’avoir,
un jour, un pied-à-terre à proximité
de l’océan Atlantique. Je me sens
bien, et même mieux, quand
j’en suis proche, quand je peux
le voir. C’est régénérant.
À quel passe-temps ou passion
vous adonnez-vous
quand vous ne travaillez pas ?
J’ai besoin d’être dehors, de voir
du monde, et j’aime beaucoup me
promener dans Paris. Je regarde
toujours cette ville incroyable
avec les yeux d’une provinciale,
même si j’y vis depuis une quinzaine
d’années. Je continue de me dire
que cela sera éphémère et qu’il faut
en profiter au maximum.
Quel souvenir gardez-vous
de vos week-ends d’enfance ?
Je me rends compte,
en y réfléchissant, que j’étais
prédestinée à travailler
le week-end, puisque mes parents,
commerçants, ouvraient leur
PHOTO © FRANCK CASTEL/ABACA
« J’AIME BEAUCOUP ME PROMENER
DANS PARIS, QUE JE REGARDE ENCORE
AVEC LES YEUX D’UNE PROVINCIALE »
Isabelle Ithurburu
oldkeypdf
Doc Levin Studio / Jeanne Triboul, Léo Quetglas
magasin le samedi et le dimanche
jusqu’à 13 heures. Je restais à la
maison avec mon frère, de cinq ans
mon aîné, je passais la matinée
du samedi devant « Club Dorothée »,
et je voyais les copines dans
l’après-midi. Le dimanche,
je devais probablement faire
la grasse mat’. Mes parents faisaient,
eux, la sieste en début d’après-midi.
Les activités étaient rares.
C’est peut-être aussi pour cela
que je déteste rester enfermée
quand j’ai du temps libre,
aujourd’hui.
Redoutiez-vous le retour
à l’école ?
Pas du tout, j’adorais l’école.
Le lundi était synonyme d’activités
et de retrouvailles avec les
copains et copines.
Et, aujourd’hui, êtes-vous sujette
au blues du dimanche soir ?
Non. J’ai rarement le blues.
La famille tient-elle
une place importante
dans vos moments off ? festicité #22
En dehors de quelques jours,
par-ci, par-là, et toujours
en période de vacances scolaires, cité des sens
il m’était difficile de rentrer
dans le Sud-Ouest pour voir
la vue
mes proches, jusqu’à présent.
J’espère que cela va changer. 9 & 10 sept. 2023
Quel moment préférez-
vous, lors de ces journées
de repos ?
La sieste, téléphone éteint, c’est
fantastique (rires). Rares sont
les moments où l’on peut couper,
comme ça, en pleine journée. n
Propos recueillis par Georgia Diaz.
M > Porte de la Villette
cite-sciences.fr
#CiteDesSensVue
Avec
56 SHOPPING

1 2

3 4 5

6 7 8

LA RENTRÉE, C’EST CLASSE

Au placard, claquettes, shorts de bain et débardeurs. Messieurs, il est temps
de renouer avec l’élégance et la sobriété pour reprendre le boulot !
PAR AIRY AUBRY.

1. MÉTRO-BOULOT-CHINO Pantalon Jones en coton, 109 €, Mr Marvis. 2. COUVRE-CHEF Casquette en coton et viscose, 50 €, Faguo.
PHOTOS © SP

3. COL BLANC Veste en coton, 110 €, Hast. 4. À PIED D’ŒUVRE Chaussettes en coton, 16,50 €, Arthur. 5. UN PSCHITT ET ÇA REPART Eau de parfum
Infusion de vanille, 150 € les 100 ml, Prada. 6. DANS LES STARTING-BOTTES Chelsea boots en veau velours, 260 €, Le Chameau.
7. T’AS BONNE MINE ! Huile à barbe assouplissante, 17,99 €, Skin Système Men chez Marionnaud. 8. CRAVACHER DUR Ceinture en cuir, 115 €, Rodd & Gunn.
oldkeypdf
 BIEN-ÊTRE 57

Restez bronzée
pour prolonger l’été
Même lorsque les vacances sont terminées, il est possible de conserver
un joli teint hâlé. Trois conseils lumineux pour un résultat naturel.
PAR CÉLINE MOLLET.

NOTRE SÉLECTION

Gouttes
autobronzantes
visage et corps
Self-Tanning
Drops, 29,90 €,
Isle of Paradise
chez Sephora.

Poudre
de soleil

1 2 3
Bronzer
Misez sur les Jouez avec Trichez Compact,
compléments la poudre grâce à 51 €, Clarins.

alimentaires de soleil l’autobronzant

Parfaites
pour préparer la peau
à l’exposition solaire
et offrir un bronzage plus
soutenu pendant l’été,
les gélules et gummies
(des gommes à mâcher)
à base de bêta-carotène,
de cuivre ou de lutéine,
peuvent aussi se prendre
PHOTOS © ANDRY5/ISTOCKPHOTO/GETTY, SP
C’est l’alliée
bonne mine par excellence,
à appliquer sur une peau
bien hydratée. Si vous
utilisez du fond de teint au
préalable, mélangez-le à une
goutte de base lumière pour
un visage rayonnant. « Avec
un gros pinceau, prélevez
un peu de poudre de soleil
Il permet, ni vu
ni connu, de réchauffer
la carnation. Choisissez-le
sous forme de liquide,
à mélanger avec votre Gummies
crème de jour ou à votre Solaire
sérum, afin de vous 2 en 1,
créer un hâle sur mesure. 29,90 €,
Oenobiol.
Ajoutez-en un peu
dans une noix de crème

jusqu’à quinze jours
après le retour de vacances,
et ainsi faire durer le hâle.
oldkeypdf
un ton plus foncée que
votre carnation. Préférez-la
enrichie en microparticules
nacrées, mais pas trop
irisée, et balayez-la sur
les zones où le soleil
caresse la peau », conseille
Magali Marx, experte
maquillage chez Clarins.
dès que vous commencez
à débronzer, et augmentez
progressivement
la dose afin que votre
teint reste joliment
doré, même lorsque
le soleil a fini de briller.
Embellisseur
de teint, 62 €,
Westman Atelier.
58 ESCAPADE

24 HEURES À
BOURGES
« C’est la ville la plus belle de toute la Gaule »,
disait Jules César. Lovée au creux de ses remparts
gallo-romains, la préfecture du Cher, dans le centre
de la France, regorge de pépites architecturales.
Et la visite des environs vaut aussi le détour !
PAR INGRID POHU.

10 h Découvrir le palais
Jacques-Cœur
« À cœur vaillant, rien d’impossible. »
L’entreprenant Jacques Cœur vivra
selon sa devise. Argentier du roi Char-
les VII, ce commerçant fit fortune
grâce à ses comptoirs en Orient (drape-
rie, or…). Avant de connaître une chute
aussi fulgurante que son ascension, le
Berruyer se fit bâtir, dans sa ville, cette
demeure civile (8 euros l’entrée) aux
allures de forteresse féodale (1443-
1451). Le style gothique flamboyant y
côtoie l’influence de la Renaissance,
gage de l’avant-gardisme du célèbre
marchand, qui a doté l’édifice de che-
minées monumentales et d’étuves
pour les bains de vapeur. Les esthètes
apprécieront.
10 bis, rue Jacques-Cœur.
www.palais-jacques-coeur.fr
11 h Explorer
le centre historique
parcours, la magie opère. On découvre
alors la place Gordaine et ses maisons
à pans de bois, la pierre de la criée où
Jean Calvin fit ses premiers prêches,
les galeries d’art de la rue Bourbon-
noux, les petites « portes de fées » de
l’artiste Florizale, rue Mirebeau, et
la colossale cathédrale gothique Saint-
Étienne, aux vitraux étincelants.
Office de tourisme Berry Province,
rue Simone-Veil. www.berryprovince.com
12 h 30 Déjeuner au pied
de la cathédrale
En réservant une table sur la terrasse
intérieure du bistro-resto La Gar-
gouille, on a l’agréable surprise, en
levant la tête, de profiter d’une incroya-
ble vue sur la cathédrale. Pour un peu,
on la toucherait du doigt ! À la carte de
cet établissement convivial, les grands
classiques de la cuisine française (tar-
tare de bœuf à 23 euros, suprême de
poulet fermier à 22 euros...). À savourer
14 h Flâner au bord d’un canal
À pied ou à vélo, il fait bon longer le
canal du Berry, qui relie, sur 320 kilo-
mètres, Montluçon (Allier) à Noyers-
sur-Cher (Loir-et-Cher), en passant par
Bourges. À l’ombre des saules pleu-
reurs et des platanes, on profite des
nombreux aménagements sur les ber-
ges : bancs, tables de pique-nique ou
boîtes à livres.
www.bourgesberrytourisme.com/activite/
le-canal-de-berry
17 h Naviguer en barque
sur les marais
Voir un héron cendré s’envoler, écouter
le chant des geais ou le clapotis provo-
qué par les poules d’eau, respirer le par-
fum du laurier-rose, admirer une nuée
de nénuphars jaunes… On se croirait
dans un tableau de Monet, alors que
l’on navigue (12 euros pour un adulte et
8 euros pour un enfant, comptez une
heure) dans des marais de 135 hectares,
PHOTOS © AD2T DU CHER/SP

À Bourges, on observe les habitants religieusement. en plein cœur de Bourges, le long de

jaillir d’un mur, à la manière d’Harry
Potter. L’illusion apparaît à la sortie de
l’escalier du passage « casse-cou »
(désormais nommé escalier Mirebeau),
qui traverse le rempart. En suivant son
oldkeypdf
108, rue Bourbonnoux.
www.restaurant-lagargouille.fr
parcelles de jardins cultivées apparte-
nant aux habitants. La balade est
menée par un bourdeur (qui manie la
bourde, perche servant à diriger la bar-
que à fond plat sur laquelle on vogue,
 59

Chef-d’œuvre de l’art gothique, la cathédrale

Saint-Étienne de Bourges (à gauche), édifiée dès la fin
du XIIe siècle, est incontournable. Mais la visite de la ville
ne serait pas complète sans une balade sur des barques
typiques à fond plat (ci-dessus). Elles permettent
de sillonner les 135 hectares de marais qui s’étendent
en plein cœur de la cité médiévale.

excursion également possible en canoë Ambroix (VIIe siècle). Face à trois VISITER LE FIEF
avec un guide), membre de l’associa- moutons décoratifs suspendus (l’em-
tion écolo Patrimoine Marais. blème de Bourges, jadis grand pour- DE LA POTERIE
www.berryprovince.com/sejour/ voyeur de laine), on y savoure une BERRICHONNE
cuisine de marché et de saison (sala-
les-marais-de-bourges-en-barque
des de légumes, lotte rôtie…) imaginée
Près de 80 artisans
19 h Boire un cocktail par deux anciens chefs étoilés, Pascal sont installés
à la Villa Monin Chaupitre et Christophe Lot (formule
Abricot, kiwi, pistache… Réputée pour dîner entrée-plat-dessert à 34 euros).
dans le village
sa prestigieuse gamme de sirops Le tout accompagné de vins du terroir de La Borne,
qu’elle exporte dans le monde entier,
l’entreprise familiale Monin a ouvert,
(sancerre, menetou-salon…). à quelques
l’an dernier, plusieurs espaces au
Les Petits Plats du Bourbon, 60-62, avenue
Jean-Jaurès. www.lespetitsplatsdubourbon.com kilomètres au nord
cœur d’une bâtisse du XVIIIe siècle. de Bourges.
Au bar Le 1912 (année de la création de 23 h Dormir près d’un arbre
l’enseigne par le liquoriste Georges exotique Certains de ces
Monin) sont servis des cocktails (à Comme il fait bon sommeiller près d’un créateurs proposent
partir de 7,50 euros) aromatisés aux arbre majestueux trois fois centenaire !
sirops Monin. À l’étage, au-dessus de Ce ginkgo biloba se déploie dans le jar- des ateliers
la boutique, sont organisés des ate- din paysager attenant à une partie des pour s’initier à
liers de mixologie et de pâtisserie. On chambres de la Villa C. Installé dans un
est mis au parfum ! hôtel particulier du XIXe siècle, doté
la céramique d’art,
40, rue Moyenne. www.villamonin.fr d’une tourelle percée de vitraux, cet par exemple
hôtel de charme (à partir de 128 euros la au Centre céramique
21 h Dîner dans chambre double), lustré au verre Mu-
une ancienne abbaye rano, est un havre de paix situé à deux contemporaine
À quinze minutes à pied du centre-
ville, cette brasserie gastronomique
pas de la gare. La Borne.
20, avenue Henri-Laudier. www.hotelvillac.com www.bourgesberrytourisme.com/
reçoit ses hôtes dans le décor excep- loisir/centre-ceramique-
tionnel de l’ancienne abbaye Saint- contemporaine-la-borne

oldkeypdf
60 FOOD

paris gourmand
RESTAURANT VIN BONS PLANS

BISTRONOMIE
HECTAR
41, rue de La Rochefoucauld, Paris (9e).
Tél. : 01 42 81 00 17.
Quand ? Du mardi au samedi,
au déjeuner et au dîner.
Combien ? Des prix soutenus mais justifiés.
Entrées de 16 à 18 euros, plats de 27 à 48 euros,
et desserts de 12 à 15 euros. Formule entrée
et plat à 26 euros au déjeuner. Menu en 5 étapes
à 69 euros le soir. Belle petite sélection de très
bons crus de vignerons au verre (dès 8 euros). Dans le décor soigné
Avec qui ? Un(e) gourmand(e) averti(e) que vous et chaleureux d’Hectar,
désirez séduire. on déguste une cuisine
Le chef Benjamin Schmitt, 34 ans, du terroir sublimée,
à l’image de ce pâté
a lancé, en avril dernier, un joli en croûte, qui allie
restaurant où il propose une cuisine foie gras de canard
de tradition enrichie de son et cochon.
expérience dans la haute gastronomie.
Délicieux, son pâté en croûte
allie le rustique cochon au très
aristocratique foie gras de canard.
Avec ses haricots fondants
et sa sauce goûteuse, son cassoulet
est sans doute parmi les meilleurs
de Paris. Certes cher (48 euros),
le ris de veau, lui, est magnifié : laqué
et croustillant, servi avec un
excellent jus, il est moelleux à cœur.
Même l’entrée, plus simple, du menu
du midi – ce jour-là, des poireaux
PHOTOS © VICTOR BELLOT

vinaigrette à la sardine accompagnés

d’une sauce à base de ce poisson
et d’huile d’aneth – est un travail
de premier de la classe. De quoi nous
faire aimer la rentrée ! Rémi Dechambre
oldkeypdf
 LE LANGUEDOC,
GRANDE TERRE
DE BLANCS.
JEAN-CLAUDE MAS,
PROPRIÉTAIRE
VIGNERON
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

LA BOUTEILLE DE LA SEMAINE
On connaissait la cuvée emblématique Le Zouave, baptisée ainsi
en hommage à Joseph, qui fonda le domaine Esprit en 1909,
à son retour du 4e régiment de cette unité, où il faisait son service
militaire. Depuis plus d’un siècle, cette jolie maison propose
essentiellement des crozes-hermitage ou des cornas, mais également
ce Pont de la Déesse, un vin blanc élevé en amphores pendant
plusieurs mois, parfaitement équilibré, et qui pourra rester en cave
les cinq prochaines années. La bouche est fraîche, avec des notes
d’abricot et des pointes d’agrumes. C’est la bouteille idéale
avec un poisson au barbecue et des légumes d’été. Nicolas Charbonneau
Vin blanc Pont de la Déesse 2022, domaine Esprit, 15 €.

LES TROIS MEILLEURS

chicken burgers
AMÉRICAIN
Bravo à Dogma pour
ses deux burgers
(13 euros) à base
de poulet frit à
l’américaine, dont on
a aimé le côté
croustillant et moelleux.
Notre préféré : El
PHOTO © SP - PICTO @ FREEPIK.COM
JAPONAIS
Chez Nakatsu,
le poulet frit
à la japonaise utilisé
pour son délicieux
burger (12 euros)
est réalisé avec
des volailles élevées
en plein air.
AFRICAIN
Les deux chicken
burgers (13,90 euros)
de Bomaye sont
inspirés de recettes
de pays d’Afrique.
Le Lion de la Teranga
reprend ainsi
les ingrédients

Diabolo, dont la viande Il est agrémenté du poulet yassa

est légèrement épicée,
tandis que les jalapenos
piments et une
délicieuse sauce ranch
apportent du relief.
10, rue des Petites-Écuries,
Paris (10e).
oldkeypdf
de pickles d’oignons,
de cébette, de salade
et d’une sauce
au choix. On vous
recommande la Spicy
Togarashi. Top !
25, rue Ramey, Paris (18e).
sénégalais,
et Kin la belle, ceux © 2021 Aurelio
Photographe
du poulet mayo
de la République
démocratique du
Congo. Savoureux. R. D. paulmas.com - paulmaswines
16, rue de Paradis, Paris (10e).
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ.
À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
62 JEUX

MOTS FLÉCHÉS La couronne britannique, à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’Elizabeth II, le 8 septembre.
DOUCE AU UN SPORT COHÉSION LA THERMIE TOUCHÉE
TOUCHER
CANDIDAT ROI PENDANT SŒUR
RÉSIDENCE AVEC VIEILLE LA GUERRE DU ROI
ROYALE UN AUTRE ROGNE 1939-1945 CHARLES III

RÉSEAU JOUERA SUR

DE ROUTES DES TONS
D’UN RANG
CONDIMENT INDÉTERMINÉ
ÉBAHIS

CÔTÉ DE
FEUILLE

COUP VERS LAC

UN BUT
TEL EDWARD,
ANCIENNE « PRINCE »
BALANCE EN 1350I
TRISTE
LA TERRE « ... JACK », LE
DES GRECS DRAPEAU DU
ROYAUME
PENSEURS SERPENTS COUVER- VIEUX DO
DE VERRE TURE INVITATION
ELLE RESTE
LE ROI VILLE SOUPLE SUR APRÈS LA À LA PRIÈRE
ACTUEL DE TURQUIE LE SOL MOISSON 8
AÉRÉE
INSTRU-
MENT AU
MAGHREB
CONVIÉE IL EST SACRÉ IL RETENTIT
À WEST- AVANT UN
CONSIDÉRÉ MINSTER COMBAT DE
COMME FOU UN DISQUE BOXE

ROND VIDE APPRÉCIA

GUERRE ORATEUR
CIVILE GREC VIEILLE
(DES DEUX-...) VACHE

À LONDRES, METTIONS
DIVINITÉS ELLE FUT DEHORS
NORDIQUES UNE PRISON
NOUVELLE
GREFFERA 11 POUSSE 4
GRANDS DU HOMME DU
ROYAUME INVISIBLE CHAMPAGNE
PAGE TEMPO
ATTRAPE DE TITRES MUSICAL
CÉLÈBRE VILLE DE DÉRAPERAI
INCONNU MET SUR UN NORMANDIE
PLATEAU ESPACE FROMAGE DE
CHOISIR POUR COQS HOLLANDE

DÉTACHE DE EN LES
LA GRAPPE ENTENDU
QUAND
POISSON 10 ON DOUTE
INTER- CINQ POINTS LE PARADIS
JECTION AU RUGBY
RÉPÉTA DANS SORT PAR
À SATIÉTÉ LE VENT SURPRISE

ON Y
QUI FAIT
CONSERVE
LES CHOSES
DE VIEILLES
SANS AIDE
ÉMISSIONS

LIEU DE
VILLÉ-
GIATURE
ROYALE
7

oldkeypdf
 63

Avec les cases numérotées, trouvez le nom d’une maison royale

dont descendirent les rois d’Angleterre de 1154 à 1485. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

TROQUET À MOI ÉPREUVE SANS TEXTES SON ÈRE

VIEUX CHEF HABITS SIGNÉS MARQUE
MALADIE LANGUE DES RÉVOLU- DE TRIBU L’ANGOISSE POUR AVOIR LA FIN DE
MORTELLE ROMAINS TIONS SUR SCÈNE LA PAIX LA GUERRE

FAMILLE
ROYALE AU
XVIIe SIÈCLE
1 VILLE 5
TRÈS CONTRACTÉ
ATTENDU
70, POUR
RIVIÈRE LE RÈGNE
ALPINE D’ELIZABETH
SONNERA FÊTE MU-
SULMANE
LE FUTUR FIT DES
ROI ? 9 VOCALISES
DANSE DES SOMMET
SIXTIES CORSE
ADVINT
APPEL NAVIGATEUR
DISCRET PORTUGAIS
Y ALLER
CELA CACHE HARDIMENT
BIEN
DES CHOSES ESTOMAC DE
RUMINANT
... CŒUR
MALADIES DE LION DIEU DE
DUES AUX CRAINTE
DEVANT DES L’AMOUR
RAPPORTS
LETTRES 3
SA TÊTE EST
ACCU- TÊTUE! ANTIQUE
MULATION FRUIT OU NOURRICE
2 OISEAU
PLACÉ BOIS TUDOR, ELLE
EN UNE TROPICAL FUT REINE
MINUTE
MORTS DES REINE DE
ÉLIMAIS CELLULES 1837 À 1901
ORIGINAIRE
GRANDE
ÉBÈNES ASSEMBLÉE
VERTES

JADIS AMOU- FAMILLE

REUSES ROYALE
CITÉ SUIVRE
ENGLOUTIE LA TRACE
IL PEUT ÊTRE
PORTABLE
SOMMET
SCULPTEUR
FLAMAND

CACHÉ,
MUSSÉ

PRÉFIXE
ÉGALITAIRE TRAVAIL
GRANDE FORCÉ
ÉCOLE
ARTICLE
ÉTRANGER INSTRUMENT
DE MUSIQUE
DANS L’AL- EN INDE
TERNATIVE
PHOTOS © RCI

QUEL
TOUPET!

CLASSA

oldkeypdf
64 JEUX

MOTS CROISÉS SUDOKU

HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT Remplissez la grille de manière que chaque ligne,
1. C’estdelafrime.Ilale piedtordu. 2. Archives A. Ouvriers du textile. Remorque. B. Qui est chaque colonne et chaque carré de 3 par 3
contiennent tous les chifres de 1 à 9.
audiovisuelles. Ventilé. Mouvement après sanslesavoir. C. Ingénue.Eutl’eauàlabouche.
coup. 3. Poèmes anciens. Tuteur à haricots. D. Titre en cour. Faire rougir. E. Il arrose Saint-
Échec. 4. Star de Memphis. Charnière de Omer. Faute de quoi! Désert. F. Il facilite le FACILE
porte. Filtres naturels. 5. Tel un lait aseptisé. transport des Franciliens. Soldat du génie.
On l’oppose à la raison. Éructation. 6. Rhésus. G. Arrivée d’eau et d’électricité. Terre des 2 4 3 8 6
École des élites. On yrange la cargaison. Point kibboutz. H. Poisson ou capitaine. Cuivre. Qui 1 2 8 5
du globe. 7. Lieu de décompression. Produit vient comme ça. I. Amorce. Travaux dirigés.
venant du pavot. Poinçon de cordonnier. J. Aller-retour. Abus d’autrui. Apparu. Arbre 8 5 9 4 7 3 2
8. Maisons de forçats. On le brûle à l’église. à tailler. K. Bon pli. Répondant à un stimulus. 6 9
9. Petite lucarne. Canton suisse. Autorité L. Entorse au régime. Premier concurrent.
souveraine. Entre trois et quatre. 10. Nomade. M. Indien. Déclivité de terrain. N. Sonneurs 6 3 1 5 2 8
But ultime. 11. Aspirer très fortement. Sa de charge. Bonne pomme (d’). O. Elle se boit 5 1 8 9 6 7
pâleur est proverbiale. Elle est bavarde et avec modération. Corne. P. Prompt et agile.
voleuse. 12. Glaise. Il fait son beurre. Début d’épitaphe. Erbium. 2 5
6 7 4 9
3 9 6
A B C D E F G H I J K L M N O P
1

2
MOYEN
3 2 4 1 9 6
4 7 5
5 5 6

6 6 8 4 9 1

7 3 9 8
3 5 7 8 2
8
2 8
9
7 6
10
8 1 3 7 4
11

12

DIFFICILE

FUBUKI 5 2 1
Placez dans la grille les pions noirs disposés sur la gauche, de façon à obtenir
la somme indiquée au bout de chaque ligne et de chaque colonne. 4 5 3 9

FACILE MOYEN 7 4

3 4 9 6
1 6 8 9 21 1 8 5 10 7 8 9 4
2 2 9 9 8 1 7
8 4 20
4 3 5 3
7 3 16 6 15 6 3 1 4
5 7
8 7 6
16 12 17 13 15 17
oldkeypdf
 65

MATOKU
Placez dans chaque case 6x 20x 5+ 15x 3+
un chifre de 1 à 5. Il ne peut
y avoir deux fois le même
chifre sur une ligne ou
une colonne. Le chifre
7+ 20x 3+ 6x 9+ 7+
inscrit en haut à gauche de
chaque bloc est le résultat
de l’opération (addition, 5x 3+ 7+ 5 3+ 7+
soustraction, multiplication
ou division) efectuée avec
les chifres du même bloc. 10x 6+ 3 6x 5/
9+ 3 3+
4 5 3 1 2
2x 8x 75x 7+

4+
1
2
2
1
4
5
5
3
3
4
3 5x 20x 2
2- 8x 1
5 3 2 4 1
5+ 10x
3 4 1 2 5

SOLUTIONS DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

MOTS FLÉCHÉS Le nom à trouver est : CINECITTA. MATOKU FUBUKI

B P C E I P O U R P E 3 5 2
R O C C O E T S E S F R E R E S D E S I C A
3 4 1 2 5
1 8 7
N A E R O S O E I L P R A P I D O S
1 2 5 4 3 9 4 6
L I V E D R A I L L E U R G E H E A
M A G N A N I E L E I S A R O S S I 4 5 2 3 1 FACILE
D E L A I N A G I L A S T R A D A N O
M D N I L E T R E I N T N U E N T C L O S 5 3 4 1 2 9 2 3
R A P I D I T E I S O U N I A N T R I D I P E
2 1 3 5 4 5 7 4
S A X O S R M N R E A C R O P A S O L I N I
R T T L E A E S T E M O R E T T I U N S E N S 6 8 1
R E N C O N T R E R M I N O R E N B C L O R E N MOYEN
P O U E A U R I S I N T E N T E E S 1 3 4 5 2
I V V E N I S E E N O U A I S A N T
C A R D I N A L E V E U L E M A S I L E 4 2 1 3 5
N A I T S E N S O S M A M E R G E L
A N I S A S N A U T E I N S U L T A N T E
2 5 3 4 1
I S E O B T U R E R A D E N U E I O S
5 4 2 1 3
MOTS CROISÉS 3 1 5 2 4
C L I M A T O L O G U E A M E
R E V U R E A L N I C N A C
SUDOKU
O C A L E C A B L O T H
C H U A N T E O R A L I T E 7 6 9 5 1 4 2 8 3 8 7 9 4 3 6 5 2 1 8 1 6 4 7 9 5 2 3

H E R B I E R A O U T D U C 5 1 2 8 3 7 9 4 6 4 5 2 8 7 1 9 3 6 2 9 3 1 8 5 7 4 6
4 3 8 6 2 9 1 5 7 6 3 1 9 5 2 7 4 8 7 4 5 2 6 3 1 8 9
U V E E T A M I S E S O N S
6 5 3 1 8 2 4 7 9 1 4 5 6 2 3 8 9 7 1 2 9 7 5 6 4 3 8
S I T A R C E N T P A T E
8 4 1 9 7 3 6 2 5 7 2 6 5 8 9 3 1 4 5 7 8 3 4 2 9 6 1
T R U I T E S E C A L E O
2 9 7 4 5 6 8 3 1 9 8 3 7 1 4 6 5 2 3 6 4 9 1 8 2 5 7
C R E P E E C H R O N O P S 3 8 5 2 9 1 7 6 4 5 9 8 1 4 7 2 6 3 6 8 2 5 9 1 3 7 4
H I R U T I L E R I N C E E 9 7 4 3 6 8 5 1 2 2 1 7 3 6 5 4 8 9 4 3 1 6 2 7 8 9 5
E N T E R C U P I D E P U E 1 2 6 7 4 5 3 9 8 3 6 4 2 9 8 1 7 5 9 5 7 8 3 4 6 1 2
F E R S E I N P E R V E R S
FACILE MOYEN DIFFICILE

oldkeypdf
66 VUE DE PARIS

rive droite
rive gauche PAR JEAN-MICHEL SALVATOR.

vec un nom de victoire napoléo-

A nienne, la gare d’Austerlitz ne pouvait

se satisfaire d’un déclin programmé.
L’heure est enfin à la reconquête.
Paris-Austerlitz a été, pendant près d’un demi-
siècle, la grande oubliée de la SNCF. Pas de
lignes TGV comme aux gares de Lyon, du Nord,
de l’Est, ou à Montparnasse. Ni de nœud ferro-
viaire majeur avec le métro, le bus et le RER,
comme à Saint-Lazare. Elle devait se contenter
des TER et des Intercités vers Brive-la-Gaillarde, Les 10 000 plaques de verre qui composent la verrière de la gare d’Austerlitz, construite
en 1867, ont été changées une à une. Une restauration qui devrait s’achever en 2027,
Limoges, La Souterraine, Bourges ou Orléans, et
pour un budget de 400 millions d’euros.
des trains de nuit vers Nice et Tarbes. Cet été,
comme souvent, elle a joué les doublures en
accueillant ponctuellement une petite part du tra-
fic TGV de Montparnasse, en raison de gros tra-
vaux sur la ligne. On avait bien essayé de la relier
directement à la gare de Lyon, qui se trouve de
l’autre côté de la Seine, mais les projets de mini- bien ce chantier gigantesque, où tout a été
métro ou de téléphérique ont été abandonnés. rénové pour retrouver l’esthétique des origines.
Cette belle endormie a pourtant un passé glo- Par exemple, on a changé les 10 000 plaques de
rieux. Créée en 1840, puis reconstruite en 1867, verre qui étaient quasiment toutes cassées. Il va
celle que l’on appelait la « gare d’Orléans » a été le falloir quatre mois pour démonter cet échafau-
terminus des premières lignes de chemins de fer. dage, bien plus imposant que celui de Notre-
La revanche arrive avec les Jeux olympiques. La Dame de Paris.
cérémonie d’ouverture commencera à ses pieds, Une fois débarrassée, cette halle va surtout chan-
pont d’Austerlitz, devant le Jardin des plantes, ger d’atmosphère. Avant les travaux, on l’oubliait
pour traverser tout Paris jusqu’à la tour Eiffel. car elle était en partie recouverte par plusieurs
étages de parkings. Un comble pour une gare !
Une gare recouverte par plusieurs Bientôt, ce ne sont pas des voitures, mais les
étages de parkings ? Un comble ! voyageurs qui investiront cet espace.
Mais, surtout, après plus de cinq ans de travaux, Encore faudra-t-il lancer une tranche de travaux…
PHOTO © MICHEL DENANCÉ/SP

les Parisiens pourront redécouvrir son immense
verrière de plus de 15 000 mètres carrés, la plus
grande de France après celle de Bordeaux-Saint-
Jean et devant celles des gares Saint-Lazare et
du Nord. La SNCF a commencé à retirer l’écha-
faudage de 3 000 tonnes installé pour mener à
oldkeypdf
de cinq années supplémentaires, pour aménager
la gare proprement dite, créer commerces et res-
taurants et, surtout, améliorer la fluidité avec la
ligne C du RER et les lignes 5 et 10 du métro.
Après cette parenthèse de cinquante ans, son tra-
fic devrait croître de 20 % d’ici à 2030. n
 ABONNEZ-VOUS VITE ! 59%
DE RÉDUCTION* !
OFFRE Votre journal,
EXCLUSIVE son cahier local
(1)

et vos suppléments

+ + CHAQUE JOUR,
VOTRE JOURNAL LIVRÉ +
5 hors-séries
CHEZ VOUS AVANT 7H (2)
+
l’accès en illimité
sur web, mobile et tablette

+
tous les privilèges
+
Cette sélection de 5 hors-séries
parmi nos collections Histoire de Paris et Patrimoines & balades qui vous ofriront de véritables
escapades culturelles ainsi qu’un Hors-série Collector sur le géant de la BD Uderzo.

à renvoyer à : Le Parisien – Service

BULLETIN
Pour toute information ou demande de modification
sur votre mandat, merci de contacter le service client au
Abonnements – 45, avenue du Général Leclerc
D’ABONNEMENT 60643 CHANTILLY CEDEX 01 76 49 11 11
MGL23002
Oui, je m’abonne au Parisien. Je choisis mon offre : MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA - RUM
CRÉANCIER
Je règle mon abonnement par prélèvement automatique pour En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez (A) Le Parisien à envoyer des instructions à votre banque
S.A.S. Le Parisien Libéré
10 Boulevard de Grenelle
30,95€/mois au lieu de 76,70€ soit 59% de réduction pour débiter votre compte, et (B) votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions du
Parisien. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les conditions décrites dans la CS 10817 - 75738 PARIS CEDEX 15
je complète et signe le mandat SEPA en joignant un RIB convention que vous avez passée avec elle. Une demande de remboursement doit être présentée : dans les
Identifiant Créancier SEPA
8 semaines suivant la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé. Vos droits concernant
Je règle mon abonnement pour 1 an à 372€ au lieu de 920,40€, le présent mandat sont expliqués dans un document que vous pouvez obtenir auprès de votre banque. (I.C.S.) : FR40ZZZ243051
R.C.S. PARIS 332 890 359
par chèque libellé à SAS LE PARISIEN DÉBITEUR 1 - TITULAIRE DU COMPTE À DÉBITER MME M. N° TVA INTRA :
FR 23 332 890 359
COORDONNÉES DU DESTINATAIRE DE L’ABONNEMENT : MME M. NOM : Type de paiement :
PAIEMENT RÉCURRENT
NOM : PRÉNOM : PRÉNOM :
Le présent mandat est valable pour
ADRESSE : toutes les opérations de prélève-
ADRESSE : ment qui interviendront entre vous
et le créancier. Les informations
susvisées que vous nous communi-
quez sont nécessaires au traitement
CP : VILLE : CP : VILLE : de votre abonnement.

DATE DE NAISSANCE : TÉL. : 2 - DÉSIGNATION DU COMPTE À DÉBITER

Votre adresse postale et votre numéro de téléphone sont collectés à des fins de gestion de votre abonnement IBAN :
et pour vous adresser nos offres commerciales.
BIC :
EMAIL : @

(indispensable pour votre accès numérique) 4 - SIGNATURE :

3 - FAIT À :

ACCÈS À MA BOÎTE AUX LETTRES : LE :

IMPORTANT : n’oubliez pas de joindre à ce mandat un justificatif de coordonnées bancaires (RIB ou RIP), de dater et signer votre mandat.
BÂTIMENT ESCALIER DIGICODE
Photos non contractuelles. *Abonnement 7 jours sur 7 par prélèvement automatique mensuel. Livraison par portage en IDF + l’Oise, pour l’édition correspondant à l’adresse de livraison. La livraison par portage est assurée du lundi au samedi avant 7h, le dimanche et jours fériés avant
8h. En cas d’impossibilité de livrer par portage, les livraisons seront effectuées par La Poste (hors TV Magazine), dans ce cas la livraison du quotidien sera uniquement effectuée les jours de distribution accomplis par les services postaux. Offre réservée aux nouveaux abonnés et à ceux
n’ayant pas été abonnés au journal au cours des 6 derniers mois. Offre valable 3 mois, tarif valable un an au maximum. L’Offre inclut un abonnement à la version imprimée du Parisien et à la version numérique. Vous pouvez acquérir séparément les 5 hors-séries au prix de 32€ (prix
constaté). Vous recevrez votre cadeau dans un délai de 8 semaines. En cas de rupture le Parisien s’engage au remplacement par un produit équivalent. En souscrivant à cette offre d’abonnement, vous acceptez nos conditions générales de vente disponibles sur le site l’adresse http://
www.leparisien.fr/cgu. ou sur simple demande au 01 76 49 11 11. Le Parisien Libéré, en sa qualité de responsable de traitement, traite les données recueillies ci-dessus à des fins de gestion de votre commande à travers la création ou la mise à jour de votre compte client. Conformément
à la règlementation en vigueur, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’opposition, de limitation, de suppression et de portabilité de vos données. Pour exercer vos droits et/ou obtenir plus d’informations sur notre politique de confidentialité, vous pouvez vous adresser à
oldkeypdf

serviceclient@leparisien.fr/ Le Parisien – Service Abonnements – 45, avenue du Général Leclerc – 60643 CHANTILLY CEDEX ou à l’adresse https://www.leparisien.fr/politique-confidentialite/. Si vous ne souhaitez pas recevoir d’emails de notre part proposant des offres commerciales
pour nos produits ou services analogues, merci de cocher cette case . Si vous souhaitez recevoir les offres du groupe Les Echos Le Parisien par email, merci de cocher cette case . Si vous souhaitez recevoir les offres des partenaires du groupe Les Echos Le Parisien par email,
merci de cocher cette case . Si vous ne souhaitez pas recevoir d’offres commerciales par téléphone et/ou courrier, vous pouvez contacter le Service Client par email à serviceclient@leparisien.fr ou par téléphone au 01 76 49 11 11.
Comme Anna, on s’engage
pour la santé des femmes.
Nos actions pour la santé des femmes sont nombreuses.
Certaines très anciennes, comme le combat pour l’accès à l’avortement.
D’autres plus récentes, pour innover pour des pathologies féminines
répandues, mais peu étudiées et insuisamment prises en charge.

Améliorer la prise en charge Faire reculer

4 de l’endométriose
MGEN s’associe à Lyv pour déployer le seul programme
médical pluridisciplinaire qui permet de mieux vivre
avec l’endométriose. Encore expérimental, le programme
a d’abord été proposé à 1 000 femmes, adhérentes
et collaboratrices MGEN, avant d’être déployé à plus
grande échelle.
n les cancers féminins
Depuis 1990, MGEN mobilise - aux côtés de l’Inserm
et de Gustave Roussy - 100 000 adhérentes, leurs illes
et petites illes. Elles font partie de la cohorte
« E3N-Générations » : la plus grande étude mondiale
sur les facteurs héréditaires des cancers féminins.

Proposer des programmes santé Faciliter l’accès à un très haut niveau

e personnalisés s d’expertise médicale

Avec sa solution Vivoptim, MGEN ofre à ses adhérentes Avec deuxieme.avis.fr, MGEN ofre la possibilité
des parcours de santé dédiés à l’alimentation, l’activité à ses adhérentes d’obtenir un second avis médical pointu
physique, le traitement de la douleur ou des addictions, en moins de 7 jours, en cas de problème de santé sérieux
qui prennent en compte les changements hormonaux. ou complexe.

MGEN. Première mutuelle des agents du service public

MGEN, membre du groupe VYV, est une mutuelle régie par le Code de la mutualité et la première mutuelle en cotisations individuelles. Classement Argus de l’assurance, oct. 2022.
oldkeypdf

DIRCOM MGEN-2307-PR-Anna-FPH-BtoC - © Photo : GetyImages