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Transformation digitale de l'économie marocaine : une approche comparative


des performances

Article in Maghreb - Machrek · March 2024

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Houda Mahboub Hicham Sadok


Mohammed V University of Rabat Mohammed V University of Rabat
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doi

Transformation digitale
de l’économie marocaine :
une approche comparative
des performances

Houda MAHBOUB* et Hicham SADOK**

1. Introduction
Dans un contexte mondialisé, il est évident que la transformation digitale
devient plus qu’une tendance, mais plutôt une nécessité ; en particulier
avec l’avènement de la crise COVID-19. Avec des milliards de personnes
ayant accès à des réseaux sociaux, la transformation digitale devient un
fait patent avec le développement de la culture des interactions avec les
clients, et compte tenu du fait que 55% des produits et/ou services sont
partiellement ou totalement digitalisés (McKinsey & Company 2020). Cette
accélération de la digitalisation se manifeste également par l’utilisation des
technologies avancées dans la prise de décision des entreprises (un facteur
d’accélération égal à 25), ainsi qu’une concrétisation de manifeste dans la
gestion des prestations publiques (OCDE 2020). Dans ces conditions, la
transformation digitale impose énormément de défis, essentiellement le
risque de la cybercriminalité (Sadok & El Maknouzi 2021). Selon Kaspersky
(2020), 13,4 millions de cyberattaques ont été signalées entre avril et juin
2020 au Maroc.
Cependant, la prise de conscience de l’urgence d’opter pour la transition
digitale a entraîné une forte orientation des investissements pour un
meilleur alignement avec les besoins des consommateurs, les exigences

* Université Mohammed V, Rabat, Maroc. Email : Houda.mahboub@um5r.ac.ma


** Université Mohammed V, Rabat, Maroc. Email : h.sadok@um5r.ac.ma

Maghreb-Machrek, N° 256
50 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

de la gouvernance, et en général, avec les impératifs de la mondialisation


(Benkhayat et al., 2015). Cette émulation vers la transformation digitale a
généré l’augmentation et l’accélération des flux de données et d’informations
déjà en cours depuis la généralisation de l’Internet (Schilirò 2020). Ainsi, la
gestion massive de ces données représente aujourd’hui l’une des ressources
de base les plus importantes pour la réussite du projet de digitalisation,
tant pour la gestion publique que privée. Dans ce contexte, la gestion des
données prend de la valeur, et devient ainsi cruciale lors de son exploitation
à travers des outils tels que l’intelligence artificielle et l’Internet des objets
(IoT) (El Alami et al.,2015). Ainsi, la transition digitale devient un avantage
concurrentiel essentiel, mais aussi un solide outil de développement. Ce
constat a été mis à jour dans l’expérience de développement de plusieurs
pays, plus particulièrement dans la mise à niveau du fonctionnement de
leur secteur public : des investissements technologiques massifs ont été
déployés pour permettre la simplification des procédures, l’augmentation
des ressources et une meilleure fourniture des biens et services publics
(Sadok 2023a). Dans le secteur privé, la transformation digitale a entraîné
des changements radicaux dans plusieurs domaines : processus internes,
logique de fonctionnement, gestion des coûts et modification d’une partie
de la culture d’entreprise.
Le Maroc, faisant partie des pays à revenu intermédiaire de la tranche
inférieure, est conscient que le digital est un facteur important pour faire
face aux défis socio-économiques, notamment sur trois aspects : l’amélio-
ration de la qualité des interactions entre les citoyens et les administrations,
l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de l’économie et la
réduction des inégalités sociales.
Cette étude vise à analyser la performance digitale du Maroc à travers une
analyse dynamique des statistiques nationales et des indices internationaux
tels que l’indice de développement des technologies de l’information et de la
communication (IDI), et l’Indice Global de l’Innovation (GII). Cette approche
sera utile pour tirer des leçons et des orientations pour l’amélioration de la
performance digitale. D’une part, elle permet de comparer le Maroc avec
des pays de la région MENA ayant un niveau de développement similaire
tels que la Tunisie (PIB par habitant de 12483.6 en PPA), l’Égypte (PIB par
habitant de 15096 en PPA), et l’Iran (PIB par habitant de 18261.8 en PPA) ;
d’autre part, de mieux mettre en évidence les catalyseurs et les obstacles
du progrès digital.
Pour ce faire, cet article qui se veut une approche comparative permettant
de mieux comprendre la maturité digitale du Maroc par rapport à des pays
culturellement et économiquement similaires. Il sera présenté comme
suit : tout d’abord, nous présentons un état de l’art de la littérature liée
à la transformation digitale de l’économie ; ensuite, nous présentons la
méthodologie de recherche et les matériaux utilisés ; puis, nous analysons
les résultats résumant l’état de la performance digitale marocaine. Avant de
conclure, nous comparons dans un dernier point les performances digitaux
de quatre pays étudiés.
Transformation digitale de l’économie marocaine... 51

2. Transformation digitale de l’économie : revue de littérature


La transformation digitale en cours constitue l’un des plus grands défis
de la société. Elle modifie lentement, sûrement et inévitablement tous les
pans de la société, y compris les industries, la gouvernance et la culture
(Alibekova et al. 2020). Selon Ismail et al. (2018), la transformation digitale
est définie comme un « processus par lequel les entreprises font converger
de multiples nouvelles technologies digitales, améliorées par une connectivité
omniprésente, dans l’intention d’atteindre une performance supérieure et un
avantage concurrentiel durable ». Elle demeure, de ce fait, d’une grande
importance, tant pour le secteur public que pour le secteur privé. Ainsi,
plusieurs États investissent plus d’efforts et de ressources dans le dévelop-
pement digital, afin d’améliorer l’efficacité des TIC et fournir des produits
et services digitaux aux citoyens (Lastovich 2017). Pour les entreprises,
la transition digitale contribue à la réduction des coûts, à la recherche de
nouvelles opportunités, à l’obtention de meilleures performances, à l’amé-
lioration de l’expérience client, à la survie de l’entreprise et à de nombreux
autres avantages (Alibekova et al. 2020 ; Al-Ruithe et al. 2018 ; Mahboub &
Sadok 2022a ; 2023). En effet, le retour sur investissement dans les techno-
logies digitales pour les entreprises leaders est environ 2,5 fois plus élevé
que pour les suiveuses (WEF 2018; El Maknouzi & Sadok 2021).
Considérée comme la quatrième révolution industrielle (Schwab 2017),
l’ère digitale est devenue un enjeu important pour les décideurs publics,
qui cherchent constamment à l’apprivoiser en l’intégrant efficacement
dans l’agencement de la société. Les organisations commerciales ne sont
pas exclues : elles sont également conscientes du rôle de la transformation
digitale dans la maximisation de la valeur (Alibekova et al., 2020). C’est
ainsi que le nouveau paradigme de l’économie digitale s’impose comme
un levier incontournable de développement micro et macroéconomique.
Cependant, le concept d’économie digitale reste vague. Il renvoie à
plusieurs connotations selon les tendances, les lieux et les époques (Bukht
& Heeks 2017). Introduit pour la première fois par Tapscott (1996), l’éco-
nomie digitale est « un large éventail d’activités économiques qui comprennent
l’utilisation d’informations et de connaissances numérisées comme facteur clé
de la production, les réseaux d’information modernes comme espace d’activité
important, et l’utilisation efficace des TIC comme moteur important de la crois-
sance de la productivité et de l’optimisation structurelle de l’économie » (G20
DETF 2016 p. 20). Pour Dahlman et al. (2016), il s’agit de la « fusion de
plusieurs technologies à usage général et de la gamme d’activités économiques
et sociales menées par des personnes sur l’internet et les technologies connexes »
(Alibekova et al. 2020). Deloitte (2020) définit l’économie digitale comme
« l’activité économique qui résulte des milliards de connexions en ligne
quotidiennes entre les personnes, les entreprises, les appareils, les données et
les processus. L’épine dorsale de l’économie digitale est l’hyperconnectivité,
c’est-à-dire l’interconnexion croissante des personnes, des organisations et
des machines qui résulte d’Internet, de la technologie mobile et de l’Internet
des objets ». En général, l’économie digitale représente « le réseau mondial
52 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

d’activités économiques rendues possibles par les TIC. Elle peut également
être définie plus simplement comme une économie basée sur les technologies
digitales » (Pratt 2017).
Cependant, la mise en place de l’économie digitale à l’échelle mondiale
n’est pas une tâche facile. Des barrières existent, et les principaux obstacles
à la transformation digitale de l’économie sont le protectionnisme, la
démondialisation, le manque d’innovation, l’inefficacité de l’État et le
développement technologique inégal dû, en grande partie, à l’inégalité dans
le capital humain (Sadok et al. 2023b; WEF 2017).
L’économie digitale peut également être définie comme « la propension des
personnes/États à adopter et à utiliser les nouvelles technologies pour atteindre
leurs objectifs » (Parasuraman 2000). L’un des défis les plus récurrents de
l’économie digitale est les prérequis de la préparation au digital. Dans la
littérature, cette préparation au digital a des significations diverses. Certains
chercheurs la considèrent comme « l’état de préparation des individus, des
institutions et des industries aux pays qui adoptent et utilisent la technologie
digital afin d’en tirer le maximum d’avantages » (Nasution et al. 2018).
D’autres la définissent comme « l’inclination et la volonté de passer à la
technologie digitale et de l’adopter, ainsi que la volonté de créer de nouvelles
opportunités innovantes en utilisant cette technologie afin d’amener un
individu, une organisation, une industrie et un pays à atteindre leurs objectifs
plus rapidement et avec de meilleurs résultats » (Alzhanova et al. 2020). La
préparation digitale est mesurée par l’indice de préparation technologique
(Technology Readiness Index, TRI) (Khlifi & Bessadok 2015). En effet,
Westermann et al. (2014) soulignent le fait que les entreprises et les États
qui ont une bonne préparation digitale réussissent à créer des revenus et
une rentabilité plus élevés, et obtiennent de meilleurs résultats que ceux
dont le niveau de préparation digital est plus faible.
Néanmoins, le premier défi de la transformation de l’économie est tout
d’abord la prise de conscience de sa nécessité pour le bon fonctionnement
des systèmes socio-économiques au niveau de l’État et l’allocation des
ressources rares (Popkova et al. 2019) pour améliorer l’infrastructure des
TIC, hausser le développement des industries innovatives et les compétences
(Melnyk & Salin 2018 ; Nurlanova et al. 2019), assurer un environnement
favorable à l’optimisation des innovations (Alibekova et al. 2020 ; Chulanova
et al. 2019). En outre, pour réussir la transformation digitale économique,
en tant qu’ « approche holistique visant à faire passer les organisations
gouvernementales de simples efforts de numérisation à des changements
culturels, managériaux, procéduraux et de développement de l’organisation
dans son ensemble » (Bockshecker et al. 2018), le déploiement d’efforts en
matière d’accès et d’utilisation des TIC par les entreprises et le public reste
important, d’autant plus qu’il a une grande influence sur le développement
économique (Alibekova et al. 2020).
Le Maroc s’inscrit ainsi dans cette dynamique en lançant différents projets
visant à mettre en œuvre la transformation digitale. Les principales actions
Transformation digitale de l’économie marocaine... 53

déployées dans ce sens se résument dans l’élaboration d’une Stratégie


Nationale Digital, en 2012. Elle représente la mise en place de services
d’e-gouvernance. Ensuite, une autre stratégie appelée « Maroc Digital
2025 » est venue remplacer la première, dont l’objectif est de devenir le
hub digital africain, à travers la mise en place de différents projets publics
et privés, soutenus par des partenariats noués avec des institutions de
recherche. Ainsi, la création de l’Agence de Développement Digital (ADD) a
lieu en 2017 pour être en charge de la transformation digitale des services
publics (Mhamdi & Barka 2021). Dans ce registre, la transformation digitale
de l’Administration générale des impôts à partir de 2016 reste l’une des
opérations les plus achevées, permettant la déclaration et le paiement des
impôts en ligne.
Durant cette crise sanitaire, la prise de conscience de la nécessité d’investir
dans la transformation digitale est depuis devenue plus évidente. Dans
ce sens, la Banque mondiale a approuvé un prêt de financement de 500
millions de dollars au Maroc en 2021 pour améliorer l’accès à de meilleures
infrastructures et services digitaux. Les décideurs estiment que ces inves-
tissements serviront, aussi, de leviers importants pour l’inclusion sociale
(Mhamdi & Barka 2021).
À cet égard, il est important de mentionner que la qualité de la trans-
formation digitale d’une économie est fortement liée à la performance des
TIC (Alibekova et al. 2020). En effet, il n’y a pas de transformation digitale
sans TIC, puisque ces dernières représentent une force motrice pour le
développement d’une économie digitale. En fait, la littérature souligne que
les TIC contribuent davantage à la croissance des pays à revenus élevés et
moyens supérieurs, contrairement aux pays à revenus moyens inférieurs
(Sadok et al. 2023a; Yousefi 2011). Cependant, cette conclusion contredit
les résultats d’autres chercheurs tels que (Aghaei & Rezagholizadeh 2017 ;
Sassi & Goaied 2013). Bahrini et Qaffas (2019) soulignent que la recherche
sur les TIC dans la région MENA est un domaine de recherche insuffi-
samment exploré, et qui nécessite davantage d’investigations et d’analyses
approfondies pour parvenir à une meilleure connaissance de performance
générée par la mise en place de l’économie digitale.

3. Méthodologie et matériel de recherche


Pour comprendre et mesurer la performance de l’économie digitale
marocaine, cette recherche s’appuie sur une revue de littérature dynamique
mais aussi sur une étude descriptive et analytique de statistiques et de données
secondaires nationales et internationales. Elle se base, plus spécifiquement,
sur deux indicateurs composés : l’indice de développement des TIC (IDI) et
l’indice global d’innovation (GII). En effet, notre travail se limite à ces deux
indicateurs en raison de l’indisponibilité de données sur d’autres critères
de transformation digitale dans le contexte marocain.
L’indice GII détaille les données et statistiques relatives à 129 pays et
aux performances économiques en matière d’innovation sur la base de
54 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

nombreuses sources, telles que l’Organisation mondiale de la propriété


intellectuelle (OMPI), le Forum économique mondial (WEF), l’Union inter-
nationale des télécommunications (UIT) et la Banque mondiale. Il mesure et
évalue l’infrastructure et le développement digital. L’analyse de l’innovation,
au moyen de 80 indicateurs, porte sur l’éducation, la sophistication des
entreprises, l’environnement politique et les infrastructures (Alibekova et
al. 2020). La partie « infrastructure » comprend l’infrastructure générale, la
durabilité écologique et les TIC. Cette dernière comprend l’accès aux TIC,
l’utilisation des TIC, l’e-participation et les services en ligne des gouverne-
ments. (Indice mondial de l’innovation 2020).
En effet, l’indice IDI résume 11 indicateurs en une mesure de référence
concernant le développement des TIC par pays et dans le temps. Il cherche
à évaluer son niveau et son évolution par pays, à la fois dans les pays
développés et dans les pays en développement. Cette mesure met en lumière
l’écart entre les pays, et plus particulièrement la conception de l’utilisation
du potentiel des TIC pour améliorer la croissance sur la base des capacités
et des compétences disponibles. Représentée par l’UIT, la base de la mesure
de la performance digital de l’IDI est le critère d’accès, de l’utilisation et des
compétences technologiques (Alibekova et al. 2020).
Cette étude examine d’abord la performance de l’économie digitale
marocaine, et la compare, ensuite, à trois autres pays de la région MENA, à
savoir l’Égypte, la Tunisie et l’Iran, à travers le croisement de deux critères
(GII et IDI) durant la dernière décennie. Le cas de l’Iran comme un exemple
inspirant pourrait servir de guide pour des recommandations afin d’opti-
miser la performance digitale des pays de l’Afrique du Nord.

4. Résultats et discussion

4.1. Analyse de la performance digitale marocaine


Au regard de l’importance d’opérer la transition digitale de son économie, le
Maroc a investi convenablement pour rendre les TIC accessibles. Cependant,
l’ampleur de cet investissement a commencé à diminuer entre 2010 et 2013
pour se stabiliser par la suite entre les années 2014 et 2018. L’amélioration
de l’accessibilité aux TIC a été notable au niveau de la téléphonie mobile,
surtout durant la période 2010- 2014, contrairement à la téléphonie fixe qui
a commencé à baisser à partir de 2013. Par conséquent, la connectivité a
été assez satisfaisante entre 2010 et 2017, mais elle a commencé à diminuer
en 2018. Le tableau ci-dessous résume les principaux indicateurs mesurant
le niveau d’accessibilité digital.
Transformation digitale de l’économie marocaine... 55

Tableau 1. Principaux indicateurs du secteur des TIC (2010-2018)

Indicateurs 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Importations de 5.80 4.70 3.50 3.60 3.80 4 3.90 3.95 3.93
biens TIC (% des
importations totales
de biens)
Exportations de 3.77 3.25 3.07 2.86 2.71 2.20 2.24 2.14 2.10
biens TIC (% des
exportations totales
de biens)
Ménages équipés 39.00 35.00 31.00 26.00 24.10 22.30 21.80 19.70 21.80
d’un téléphone fixe
(%)
Ménages équipés 84.00 85.00 88.00 94.00 99.50 99.58 99.52 99.78 99.90
d’un téléphone
portable (%)
Ménages équipés 34.00 39.00 43.00 47.00 52.50 54.80 54.90 58.40 60.60
d’un ordinateur/
tablette (%)
Ménages équipés 25.00 35.00 39.00 46.00 50.40 66.50 68.50 70.20 74.20
d’un accès à
Internet (%)
Personnes disposant 83.00 87.00 92.00 93.00 94.10 94.40 95.00 91.70 92.40
d’un téléphone
portable (%)
Individus équipés NA 12.00 16.00 33.00 38.20 54.70 67.00 73.40 75,70
de smartphones
parmi ceux équipés
d’appareils mobiles
(%)
Individus utilisant 6.00 7.00 10.00 20.00 31.10 51.20 60.10 86.00 NA
l’internet mobile
sur des appareils
mobiles (%)
Personnes 52.00 53.00 55.00 56.00 56.80 57.10 58.30 61.80 64.80
connectées à
l’internet (%)
Nombre 14.00 14.90 15.60 16.30 17.30 17.80 18.50 19.60 20.80
d’utilisateurs
de l’internet en
millions
Source : ANRT (2020), Banque mondiale (2018).
56 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

Fin 2020, selon les statistiques fournies par l’Agence Nationale de


Régulation des Télécommunications 2020 (Tableau 1), la couverture du
réseau au Maroc était de près de 100% pour le mobile-cellulaire et de 99%
pour la 3G et la 4G. Le taux de possession d’un téléphone mobile dans
la population est passé à 96%, que ce soit pour les femmes ou pour les
hommes. Entre 2018 et 2020, l’accès à internet à domicile a augmenté de
57% à 85% pour les ménages en milieu rural et a diminué de près de 18%
en zone urbaine. Les abonnements mobiles et fixes sont plus populaires
dans la partie mobile cellulaire avec un taux de pénétration d’environ 134%,
tandis que les abonnements à la téléphonie fixe ne dépassent pas 6%. Le
taux d’abonnement à la large bande est de près de 75% pour le mobile actif
contre 6% pour le fixe, avec une bande passante internationale de 81 kbit/s
par internaute, et un trafic Internet fixe à large bande mensuel moyen de
167 457 bit/s pour l’abonnement fixe, et de 6816 bit/s pour le mobile. Le total
des abonnements au haut débit fixe s’élève à près de 21 002 434 utilisateurs.
Partant du principe que l’accessibilité et la connectivité sont deux
concepts clés qui améliorent la performance digitale des économies, une
analyse longitudinale de ces données s’avère nécessaire. Ainsi, l’indice de
connectivité mondiale (ICM), qui est une mesure classant 79 nations sur la
base de 120 points, prend en considération le niveau d’investissement dans
les TIC, l’adoption des technologies, la maturité des TIC et la performance
économique digitale. Les groupes de classification de la maturité digitale
de l’économie sont basés sur le nombre de points obtenus : un score GCI
entre (23-39) détermine les débutants, (40-64) pour les adoptants, et plus
de 65 points pour les pionniers.
Avec un score variant entre 30 et 38 durant la période analysée, le Maroc
se classe parmi les pays débutants en matière de digitalisation. Cela suggère
que le pays a besoin d’efforts supplémentaires en termes d’investissement
digital pour atteindre la catégorie supérieure. Ce classement n’est pas une
fin en soi, mais peut être un bon indicateur pour améliorer son attractivité
pour les investisseurs étrangers, et par conséquent sa croissance économique.
Cependant, sur cette même base d’analyse de la connectivité, la performance
du Maroc est assez bonne pour l’accessibilité aux TIC, contrairement à la
connectivité. En revanche, les problèmes de cybersécurité et de services
administratifs en ligne sont à déplorer. Ce même constat est à soulever pour
la qualité de la main-d’œuvre opérant dans le secteur digital, ainsi que pour
le rythme de déploiement de l’internet des objets (IoT) et de l’intelligence
artificielle (IA). Les graphiques ci-dessous (Figure 1) résument les indica-
teurs de connectivité de l’économie marocaine.
Transformation digitale de l’économie marocaine... 57

Figure 1. Indicateurs de connectivité de l’économie marocaine

Source : Huawei 2021.

L’analyse des données collectées montre également que près de 84% des
individus au Maroc utilisent Internet (81% pour le sexe féminin et 87% pour
le sexe masculin). (UIT 2021). Pour les prix des TIC, le panier du haut débit
fixe représente 3,9% du revenu national brut (RNB), tandis que le panier
des données mobiles et de la voix est de l’ordre de 2,2% du RNB pour la
haute consommation, et de 1% pour la basse consommation (UIT, 2021).
Le cellulaire mobile et le haut débit ne représentent que 0,8 % du RNB. Sur
la base de ces chiffres, il apparaît que l’élargissement de l’accès est un fait
marquant compte tenu du coût mobilisé pour obtenir des services digitaux.
Cependant, comme souligné ci-dessus, l’un des principaux obstacles à la
transformation digitale du Maroc reste le manque de compétences en TIC :
40% des individus ont des compétences de base, 28% ont des compétences
standard, mais seulement 10% de la population a des compétences avancées
pour pouvoir utiliser les services disponibles de manière optimale (UIT, 2021).
58 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

Malgré l’accessibilité des ressources TIC, le manque de compétences pour


les utiliser reste un handicap majeur, voir même un point d’alerte, dont
l’amélioration doit être une priorité pour tirer profit de la digitalisation
comme levier de transformation sociétale.
Une autre grille de lecture permet de conclure qu’en 2021, la performance
digitale du Maroc est meilleure en outputs d’innovation (84ème rang) qu’en
inputs (67ème rang), le plaçant ainsi au 8ème rang parmi les 34 économies du
groupe à revenu intermédiaire inférieur (WIPO, 2021). En outre, la perfor-
mance du Maroc est supérieure aux attentes si l’on tient compte de son
niveau de développement, à savoir le rapport entre son PIB par habitant
et sa performance en matière d’innovation (WIPO, 2021). Néanmoins, ses
performances restent inférieures à la moyenne des pays d’Afrique du Nord
et d’Asie occidentale pour les piliers de l’IIG, notamment en matière d’attrac-
tivité des entreprises et des sociétés opérant dans le secteur digital. A cet
égard, il convient de noter que, si de manière générale, les principaux atouts
du Maroc sont le taux de formation brute du capital dans le PIB, la facilité
de création d’entreprise, le financement public, les exportations de services
TIC, et la fabrication de haute technologie, il reste encore des obstacles à
surmonter tels que les compétences en matière de formation digitale, les
faiblesses en matière d’innovation, de propriété intellectuelle et de collabo-
ration en R&D entre l’université et l’industrie (Mahboub & Sadok 2023b).
Sur la base de cette analyse et de ces données, il apparaît que la trans-
formation digitale nécessite encore plus d’efforts, en particulier au niveau
public. Des améliorations majeures devraient être mises en place plus
spécifiquement en termes de formation des compétences, de cybersécurité,
de droits de propriété et de protection des données. Malgré la disponibilité
globale des ressources, la performance digitale du Maroc reste faible en
raison de l’absence d’une stratégie globale et de la prolifération de solutions
sectorielles chronophages (Conseil économique, social et environnemental,
2021). Cela peut également être dû au taux d’analphabétisme élevé (30% en
2021 selon l’Observatoire Alesco), mais aussi à la fracture digitale au Maroc
(31%), en particulier pour la catégorie Senior. Ce constat met en évidence
que l’inefficacité du décideur politique dans sa conception de la transfor-
mation digitale est un obstacle important à prendre en considération dans
la mise en œuvre des politiques publiques liées à la transformation digitale.

4.2. Comparaison des performances digitales dans la région MENA


En raison du manque d’études comparatives sur la digitalisation dans la
région MENA, mais aussi de la similitude structurelle de leurs économies,
cette étude compare le positionnement du Maroc vis-à-vis du digital par
rapport à celui de l’Égypte, de la Tunisie et de l’Iran.
Sur la base de l’indice de développement des TIC (IDI), qui synthétise
trois sous-indices d’accès, d’utilisation et de compétences digitales, il semble
clair que les 4 pays de l’échantillon ont investi de manière significative dans
les TIC entre les années 2012 et 2017 (Figure 2). En effet, le score du Maroc
Transformation digitale de l’économie marocaine... 59

s’est amélioré de 16,63% et de 18,43% en Tunisie. En revanche, l’Égypte a


enregistré une augmentation de seulement 8%, tandis que l’Iran est celui
qui a le plus boosté sa situation avec un taux de croissance de 38,81%.
Ainsi, en tenant compte de l’indice d’accès IDI, le Maroc reste l’un des
pays les mieux classés dans l’ensemble, avec une amélioration de 29,76%
pour la période 2012-2017. La Tunisie enregistre une augmentation de
29,37%, suivie par l’Égypte avec 28,57%. L’Iran, qui était une peu en retard
en matière d’accès à l’IDI, a pu rattraper son retard en dépassant les autres
pays avec une variation en hausse de 44,02%.
En termes d’emplois IDI, les indices des quatre pays comparés pour la
période 2012-2017. Initialement, l’Iran avait le score le plus bas, suivi par
la Tunisie, le Maroc et l’Égypte. Au fil du temps, l’Iran et la Tunisie ont fait
un effort significatif dans l’utilisation de l’IDI pour atteindre 33,47% pour
l’Égypte, 61,4% pour le Maroc, et 125,82% pour la Tunisie alors qu’il a plus
que doubler pour le cas de l’Iran (+210,53%).
En ce qui concerne la mesure des compétences de l’IDI, la variation des
performances des pays de l’échantillon étudié n’est pas satisfaisante. En effet,
l’Iran est mieux classé en réalisant une timide progression de 0,27% pour la
période couvrant les années 2012-2017, tandis que le niveau de compétences
reste insatisfaisant pour la Tunisie et l’Égypte, et encore plus inquiétant pour le
cas du Maroc. La situation des trois pays de l’Afrique du nord s’est détériorée
au fil du temps, enregistrant une baisse de 2,41% pour l’Égypte, de 13,52%
pour le Maroc et de 18,42% pour la Tunisie. Il apparaît donc clairement qu’un
effort de politique publique doit être envisagé dans ce domaine.
La Figure 2 résume les principales dynamiques de l’indice de dévelop-
pement des TIC (IDI) pour les quatre pays de notre échantillon.

Figure 2. Dynamique de l’indice de développement des TIC (IDI) pour le


Maroc, la Tunisie, l’Égypte et l’Iran

Source : Contribution des auteurs à partir des Rapports de l’UIT (UIT 2021).
60 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

L’analyse des données de l’indice mondial de l’innovation révèle que le


Maroc a progressé en matière d’innovation, améliorant son score de 22,5 à
63,6 entre 2013 et 2018 (près de +183%). La Tunisie a augmenté son score de
+68,3%. L’Égypte, en revanche, n’a pas enregistré une performance digitale
satisfaisante en raison de sa situation politique et économique difficile durant
cette période, ce qui a impacté négativement son effort d’investissement.
La Figure 3 fournit une comparaison de l’indice mondial de l’innovation
(IME) au cours de la période 2013-2018 pour les quatre pays de référence.

Figure 3. Comparaison de l’indice global d’innovation (GII) (2013-2018)

Source : auteurs à partir des rapports du WIPO (2021).

L’indice mondial de l’innovation comprend quatre axes : l’accès aux TIC,


l’utilisation des TIC, les services publics en ligne et l’e-participation en ligne.
L’analyse des axes composant l’indice souligne qu’en termes de services
gouvernementaux en ligne, l’Égypte et l’Iran étaient les pays les mieux classés
au départ, contrairement au Maroc et à la Tunisie. Cependant, depuis 2015,
ce constat s’est inversé ; le Maroc se classant premier, suivi de la Tunisie,
puis de l’Égypte et de l’Iran.
En ce qui concerne l’axe de la participation en ligne à l’indice mondial
de l’innovation, l’Égypte était considérée, parmi les quatre pays de notre
échantillon, comme le pays le mieux classé au début de la période étudiée ;
le Maroc était deuxième, suivi de la Tunisie et de l’Iran.
Transformation digitale de l’économie marocaine... 61

Au fur et à mesure que les années passent, le retournement s’accentue.


Ainsi, en termes de performance globale, le Maroc enregistre le meilleur
score à la fin de la période étudiée, suivi de la Tunisie, de l’Égypte, puis
de l’Iran. La Figure 4 dessine l’évolution de chaque pays selon les quatre
composantes de l’indice mondial de l’innovation analysées.

Figure 4. Dynamique des TIC dans l’indice mondial de l’innovation


pour 2013-2018

Source : auteurs à partir des rapports du WIPO (2021).

4.3. L’état de l’innovation dans les pays de référence après la période


Covid
Dans un contexte d’incertitude accrue, d’instabilité politique, de lenteur de
la reprise économique après la crise de Covid-19 et de bien d’autres boule-
versements, les investissements et les transformations digitales constituent
à la fois un levier et un défi.
En effet, la crise du Covid-19 a considérablement augmenté l’intérêt de la
majorité des entreprises et des États à investir dans le digital. Les résultats
du Global Innovation Index 2023 a révélé cet élément, conduisant à une
amélioration intéressante en termes de mise en œuvre du digital et d’amé-
lioration des budgets y consacrés par les gouvernements. Les résultats de
l’IIG pour 2023 y sont révélateurs (tableau 2).
L’analyse des progrès réalisés par les quatre pays de référence révèle
que l’Iran a considérablement amélioré sa position au cours des trois
dernières années. Il fait partie des 69 premiers pays du monde, et des trois
premières économies de l’innovation (2ème) dans la catégorie Asie centrale
et du Sud. Le Maroc et l’Égypte ont également amélioré leur score de plus
de 20 rangs au cours de la dernière décennie, ce qui témoigne d’un inves-
tissement intéressant dans la mise en œuvre de l’économie digitale. Ils font
62 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

même partie du top 10 dans la catégorie des pays à revenu moyen inférieur
(Organisation mondiale de la propriété intellectuelle 2023).
En 2023, le Maroc affiche un score de 28,4 en termes d’IIG (11ème rang
dans sa région et 8ème dans la catégorie des pays à revenu moyen inférieur,
70ème au niveau mondial), suivi par la Tunisie avec un score de 26,9 (14ème
dans sa région et 9ème dans la catégorie des pays à revenu moyen inférieur),
puis par l’Égypte avec un score IIG de 24,2 et un classement de 15ème dans sa
région, 11ème dans la catégorie des pays à faible revenu et 86ème au niveau
mondial. Au sein de notre groupe, l’Iran arrive en tête avec un score de
30,1, se classant 2ème dans la région et 6ème parmi les pays à revenu moyen
inférieur. Son score le classe 62ème dans le monde. En ce sens, le classement
des pays de référence semble identique entre 2015 et 2023. Il faut cependant
noter que la trajectoire de l’évolution digitale au Maroc reste supérieure
aux attentes en ce qui concerne son niveau de développement. Ce constat
est également valable pour la Tunisie qui vient juste après le cas marocain
dans le classement des performances dans leur catégorie de revenus. En
revanche, les performances de l’Égypte et de l’Iran sont en ligne avec le
niveau de développement de leur catégorie de revenus (WIPO, 2023).

Tableau 2. L’évolution de l’innovation entre 2013 et 2023

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
Égypte
GII 108 99 100 107 105 95 92 96 94 89 86
Apports de 101 104 108 107 97 79 74 104 102 97 99
l’innovation
Résultats de 112 89 96 98 106 105 106 82 86 83 74
l’innovation
Score TIC 47.4 48.9 48.4 48.1 43 43.8 49.4 50.3 52.5 60.1 53.7
Iran
GII 113 120 106 78 75 65 61 67 60 53 62
Apports de 107 107 106 90 98 93 86 90 86 73 87
l’innovation
Résultats de 120 125 105 72 57 46 47 50 44 38 48
l’innovation
Score TIC 32.9 31.4 34 37 35.9 39.1 59.6 61.1 60.1 65.4 51.2
Maroc
GII 92 84 78 72 72 76 74 75 77 67 70
Apports de 90 89 76 75 79 84 83 85 84 87 90
l’innovation
Résultats de 99 86 84 70 68 69 66 69 67 56 55
l’innovation
Score TIC 22.5 40.8 57.7 58.9 62.9 63.6 62.5 63.2 54.8 63.7 56
Transformation digitale de l’économie marocaine... 63

Tunisie
GII 70 78 76 77 74 66 70 65 71 73 79
Apports de 80 77 83 82 71 77 74 78 78 89 96
l’innovation
Résultats de 59 87 71 84 81 63 65 59 64 59 61
l’innovation
Score TIC 34.7 35.6 50 53 58.4 58.4 65.4 67.5 61.7 68.4 63
Source : auteurs à partir des rapports du WIPO (2023).

Le Maroc et l’Égypte ont également amélioré leur score de plus de 20


rangs au cours de la dernière décennie, ce qui témoigne d’un investissement
intéressant dans la mise en œuvre de l’économie digitale. Ils font même
partie du top 10 de la classe des pays à revenu intermédiaire inférieur
(WIPO, 2023).
Cependant, si le Maroc se classe 62nd dans le monde, il convient tout
de même de noter que la trajectoire de l’évolution digital au Maroc reste
supérieure aux attentes par rapport à son niveau de développement. Cette
observation est également valable pour la Tunisie, qui talonne le Maroc
dans le classement des performances dans leur catégorie de revenus. En
revanche, les performances de l’Égypte et de l’Iran sont en ligne avec le
niveau de développement (WIPO, 2023). Cependant, la performance de
l’Iran reste remarquable en termes de score GII (113ème à 62ème entre 2013
et 2023) malgré toutes les contraintes politiques subies au cours des deux
dernières décennies (WIPO, 2023).
Ainsi, selon ces indices synthétiques et les scores analysés ci-dessus, il
s’avère que le COVID-19 a servi de véritable accélérateur de l’économie
digitale au Maroc et en Iran, notamment en termes de production de TIC et
d’innovation. En revanche, ce constat ne semble pas être le cas en Égypte, où
la transformation digitale est quasiment stable avant et après la pandémie.
Ce statu quo digital est également spécifique à la Tunisie. Berceau de la
transformation politique dans la région avec la révolution du printemps
arabe, la Tunisie a géré tant bien que mal sa facilité d’accès au digital, mais
elle semble qu’elle a reporté pour plus tard sa révolution digitale.

5. Conclusion
La transformation digitale désigne la mutation de la société permise par
l’adoption des nouvelles technologies numériques. Ce processus révolu-
tionnaire implique un changement radical dans la manière dont une
organisation opère et interagit. Cette mutation présente, à la fois, un défi
et une opportunité majeure poussant à des investissements massifs dans
les TIC. Ces investissements sont susceptibles, d’une part, d’améliorer le
développement économique des pays, et d’autre part, d’atténuer les impacts
des crises successives.
64 Houda MAHBOUB et Hicham SADOK

Le présent travail analyse, à travers une enquête exploratoire, la perfor-


mance digitale du Maroc en utilisant deux critères de référence, l’IDI et le
GII. Cette analyse permet de dresser un bilan de la transformation digitale
en cours, et de procéder à une étude comparative avec trois autres pays de
la région MENA, à savoir la Tunisie, l’Égypte et l’Iran.
Ainsi, la transformation digitale en cours au Maroc laisse apparaitre une
performance honorable, prenant en considération le niveau de développement
de ce pays, en termes d’accès aux TIC, d’utilisation des services en ligne du
gouvernement et l’e-participation. Cependant, des faiblesses à surmonter
sont encore manifestes au niveau des compétences digitales disponibles.
En guise de comparaison entre les pays de référence, l’Iran peut repré-
senter un modèle pour les pays de l’échantillon en matière d’investissement
dans l’accessibilité aux TIC, alors que la Tunisie et le Maroc voient émerger
l’indice de l’innovation, tandis que l’Égypte accuse un affaissement de son
niveau de digitalisation au cours de la décennie étudiée.
Toutefois, l’analyse comparative de la transformation digitale serait plus
éclairante lors de la prise en compte des caractéristiques des pays, telles que
la fracture digitale, le niveau de revenu, l’éducation, l’infrastructure et les
aspects réglementaires et sociopolitiques (Nobanee et al. 2024). Conscients
de cette limite, nous envisageons dans les travaux futurs d’étudier les déter-
minants de la maturité digitale dans ces pays.

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