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INFORMATIQUE, NUMÉRIQUE ET SYSTÈME D’INFORMATION :

DÉFINITIONS, PÉRIMÈTRES, ENJEUX ÉCONOMIQUES

Christophe Legrenzi

ANDESE | « Vie & sciences de l'entreprise »

2015/2 N° 200 | pages 49 à 76


ISSN 2262-5321
DOI 10.3917/vse.200.0049
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VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 49
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INFORMATIQUE, NUMERIQUE ET SYSTEME D’INFORMATION


: DEFINITIONS, PERIMETRES, ENJEUX ECONOMIQUES

Par Christophe LEGRENZI


Chercheur associé à l’International School of Management (ISM)
Président d’Acadys France

Résumé :

Les systèmes d’information constituent un enjeu stratégique majeur pour les


organisations. Ils représentent, selon les secteurs économiques, le premier poste
de dépense : de 20% à 100% du budget annuel de fonctionnement, soit 20 fois
plus que le simple budget informatique. Pour autant, l’immense majorité des
décideurs ignore ces montants du fait d’une comptabilité « verticalisée » construite
historiquement pour mieux maîtriser les dépenses par grande fonction. Ainsi, il est
devenu fondamental de définir clairement : « information », « informatique », «
numérique » et « système d’information » pour mieux en comprendre les enjeux
économiques et donner des éléments tangibles à nos décideurs en vue d’en
optimiser leur usage et pilotage au profit de la compétitivité d’entreprise.

Mots clés : Données, Information, informatique définition, système d’information,


numérique définitio, digital définition

Abstract:
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Information systems are a major strategic challenge for organizations. Depending
on the economic sector, they do represent the first item of expenditure: 20% to
100% of the annual operating budget, 20 times more than the mere IT budget.
However, the vast majority of decision makers ignore these amounts because of
"silo" accounting historically built to better control spending by major function.
Therefore, it becomes essential to clearly define "data", "information", "information
technology", "digital" and "information system" to better understand the economic
and managerial issues and provide tangible elements to business decision makers
in order to optimize their use and control on competitiveness.

Keywords: Data, Information, information technology, computer science,


information system, digital definition
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INTRODUCTION

À l’ère du numérique, les systèmes d’information constituent un enjeu stratégique


majeur pour les organisations. Pour leur seule partie numérisée, ils représentent
déjà selon les secteurs d’activité le premier poste de dépense de l’entreprise – soit
entre 10% à 30% du budget annuel de fonctionnement pour le secteur industriel et
30 à 50% voire plus pour le tertiaire (Legrenzi et Rosé, 2011 ; Legrenzi et Nau,
2012) mais aussi parce qu’ils sont devenus les principaux leviers de croissance et
de performance. En comparaison au budget informatique traditionnel, la partie
numérisée des systèmes d’information pèse près de 10 fois plus (Legrenzi, 2012).
La totalité du système d’information intégrant les pratiques non informatisées
représente des montants en moyenne double, totalisant un montant 20 fois
supérieur au budget informatique.

Pour autant, l’immense majorité des décideurs ignore ces enjeux du fait d’une
comptabilité « verticalisée » construite historiquement pour mieux maîtriser les
dépenses par grande fonction de l’entreprise (Lorino, 1991). À l’époque de
l’élaboration des premières véritables comptabilités analytiques, les coûts
principaux étaient liés à l’achat de matière première ou de composants, et à
l’utilisation des machines, loin devant la masse salariale. Aujourd’hui, le travail
représente la majorité des dépenses des économies développées.

La conséquence de la gestion en « silo » est que les coûts des traitements de


l’information sous toutes leurs formes – « horizontaux ou transversaux » par nature
- sont quasiment impossibles à appréhender quantitativement dans nos systèmes
comptables et de gestion actuels alors qu’ils constituent bien souvent les premiers
postes de dépense. C’est une des raisons majeures expliquant le manque d’intérêt
de nos décideurs pour le sujet (Ackloff, 1967) (Johnson et Kaplan, 1991).
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Pour illustration, il est fréquent d’observer des gestionnaires donner un coût de
revient à 2 voire 3 chiffres après la virgule pour un produit manufacturé et d’être
incapable de connaître à 50% près le coût de revient du dernier reporting ou plus
simplement de l’activité secrétariat ou du contrôle de gestion.
Pour rajouter à la difficulté, il existe une réelle confusion entre les notions
« d’information », « d’informatique », de « numérique » et de « système
d’information » qui nuit largement à toute volonté de maîtrise des activités dites
« informationnelles ».

C’est pourquoi, il nous parait fondamental dans une économie en pleine mutation,
de présenter à la fois l’historique mais aussi les différentes définitions, périmètres
d’application et enjeux économiques tout en repositionnant ces concepts les uns
par rapport aux autres. L’objectif poursuivi est de mieux en comprendre les
interactions afin de fournir des éléments tangibles à nos décideurs en vue
d’optimiser l’usage et le pilotage de l’outil informatique au profit de la compétitivité
de leur entreprise.
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1. DEFINITIONS

1.1. INFORMATION

L'information est un concept polysémique. Mc Kinney affirme à ce sujet que :


« l’information est un ‘caméléon sémantique’ » (Mc Kinney et al, 2012).
Au sens étymologique, le terme information trouve son origine dans le verbe latin
informare, qui signifie « donner forme à » ou « se former une idée de ». Ainsi,
l’information est ce qui donne une forme à un concept ou une idée. En fait,
l'information désigne à la fois le message à communiquer et les symboles utilisés
pour l'écrire comme les lettres de l’alphabet, les chiffres, des dessins,
idéogrammes ou pictogrammes.
Le concept « information » a eu bien des définitions différentes au cours de ces 40
dernières années de recherche en management des Systèmes d’Information.
Stamper note : « La croissance explosive de la technologie de l'information n'a pas
été accompagnée d'une proportionnelle amélioration de la compréhension de
l'information. Il est sans doute plus facile de fabriquer et de distribuer du matériel
électronique que d’affiner nos concepts d'information et de les diffuser aux
hommes et femmes aux abois qui essaient de mettre en œuvre la nouvelle
technologie au sein du gouvernement, de l'industrie et du commerce » (Stamper,
1973). L'absence de progrès dans la compréhension de : « ce qu’est
l’information » n’est pas due à un manque d'effort visant à la définir, mais plutôt
dans une réelle difficulté à clarifier ce qu’est l'information. Certains vont même
jusqu’à affirmer que l’information ne peut pas être décrite par une définition
(Nunberg, 1996 ; Frohman, 2004). Pour Cleveland, l’information est humaine : elle
n’existe qu’au travers de l’observation de l’homme (Cleveland, 1982).
Pourtant, l’information est souvent présentée par rapport à la « donnée ».
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L’information est considérée comme une donnée traitée (Ackoff, 1989) ou comme
une donnée choisie et pertinente par rapport à un but donné (Drucker, 1988)
(Checkland & Holvell, 2006). Pour Gordon, elle est « traitée, organisée, interprétée
et potentiellement formatée, filtrée, analysée et résumée » (Gordon & Gordon,
1999).
Apparemment, la donnée constitue le socle de l’information (Fricke 2009 ; Rowley
2007). Ainsi, l’information est une « donnée traitée » douée de sens (Mc Leod &
Schell, 2007). La question sous-jacente est quel type de traitement permet de
passer de la donnée à l’information (Brier, 2004, 2008 ; Buckland, 1991). Au
passage, les mêmes données peuvent mener à des informations totalement
différentes (Kettinger et Li, 2010). Qui plus est, selon le contexte, l’information n’a
pas forcément le même sens d’un individu à l’autre (Faÿ et al., 2010) voire d’un
contexte à un autre (Checkland et Holwell, 1998).
D’autres la définissent en termes de connaissances qui sont explicitées (Tuomi,
1999) ou comme le produit de l'application de la connaissance à la donnée
(Kettinger et Li, 2010). Machlup pense qu’information et connaissance sont deux
notions redondantes, mais qu’il existe une différence par rapport à l’action et à la
temporalité. L’information est un acte (cf. « informer »). La connaissance est un
état résultant d’une transmission d’information (cf. « connaître ») (Machlup, 1962).
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D'autres encore, séparent l'information du sens (Mingers, 1995, 2010) ou la


définissent comme un changement subjectif de la connaissance (Boland, 1987).
Pour synthétiser ces différentes acceptions, la conceptualisation la plus souvent
citée dans la littérature est celle d’Ackoff qui propose la hiérarchie « données-
information-connaissance » qui va parfois jusqu’à la « sagesse ». Cette hiérarchie -
souvent abrégée «DIKW» (pour Data-Information-Knowledge-Wisdom) part des
données, qui en les structurant et les classant produisent de l'information, qui, à
leur tour, conduit à la connaissance et enfin à la sagesse (Ackoff, 1989). Cette
progression entre les différents niveaux de la hiérarchie DIKW est associée à une
augmentation des niveaux de compréhension (Bellinger et al. 2004 ; Rowley
2007).
Mingers ne partage pas forcément l’avis qu’il y aurait un lien entre l’information et
le sens (Mingers, 1995 ;1997 ; 2010) : « Information is different from meaning.
Information is an objective, although abstract, feature of the world in the same way
as are physical objects and their properties, » (Mingers, 1995)
Brock et Dhilon constatent l'incapacité des universitaires et des praticiens à
différencier de manière adéquate les données de l'information (Brock et Dhillon,
2001). Ainsi, cette difficulté à comprendre la notion d'information engendrerait de
fait un trouble sur l'efficacité des analyses et développements des systèmes
d’information. Ils proposent la définition suivante : « la gestion de l’information peut
être définie tout simplement comme le traitement des données que les
gestionnaires reconnaissent et utilisent dans différents contextes ».
Anne Mayère, chercheure en économie de l’information eu CNRS, remarque trois
grandes caractéristiques de l’information (Mayere, 1990) :
 L’information n’existe pas « en soi », mais elle devient information dans un
processus engageant activement le système qui l’acquiert
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 Elle est relative au système qui l’acquiert
 A chaque information est attachée une incertitude
Ainsi, l'information est liée à la fois, à ce que nous croyons qui existe dans le
monde (ontologie) et à la manière dont nous pouvons acquérir de la connaissance
sur le monde (épistémologie) (Lash, 2006).
Très récemment, et pour faire le lien avec le processus d’informatisation, Boell et
Cecez-Kecmanovic proposent une approche fondamentalement différente. En se
basant sur la philosophie du langage de Wittgenstein, ils développent une théorie
descriptive de l'information où ils différencient trois niveaux ou descriptions de
l’information (Boell et Cecez-Kecmanovic, 2015) :
 L’information voulue (qui est stockée dans les SI),
 L’information potentielle (qui peut être récupérée à partir des SI)
 L’information utilisée (qui est effectivement employée dans un contexte
particulier).
Dans une acception plus générique et dans le contexte d’entreprise, nous
proposons la définition suivante : « L’information constitue l’ensemble des données
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et des connaissances créées, acquises, modifiées, gérées et détenues par


l’entreprise. Elle représente son histoire, son patrimoine, ses savoir-faire, ses
compétences… » (Legrenzi et Nau, 2012) En complément, il nous semble
important de préciser que l’information caractérise aussi bien la dimension statique
(les objets) que la dimension dynamique (les activités) de l’organisation ou du
système. Elle possède aussi et quasi systématiquement une temporalité, qu’elle
soit passée, actuelle ou future. Ainsi, nous rajoutons : « L’information n’est ni plus,
ni moins, qu’une représentation métaphysique de nos actifs et activités, qu’il
s’agisse d’hier, d’aujourd’hui ou de demain ».
En synthèse, l’information est une « représentation métaphysique temporelle de ce
que nous avons et ce que nous faisons ».

1.2. INFORMATIQUE

Le terme « informatique » apparait pour la première fois en 1957 dans un article du


scientifique allemand Karl Steinbuch intitulé « Informatik : Automatische
Informationsverarbeitung » (Steinbuch, 1957), soit « Informatique : traitement
automatique de l’information ».
En 1962, le terme est utilisé conjointement en France et aux États-Unis pour la
dénomination de deux entreprises : la Société d'Informatique Appliquée (SIA)
créée par Philippe Dreyfus, ancien directeur du Centre National de Calcul
Électronique de Bull, et Informatics Inc fondée par Walter F. Bauer. Contrairement
à la France ou à l’Allemagne, le terme « informatics » n’est pas devenu la
référence et n’a pas été déployé massivement aux Etats-Unis. La raison est peu
connue mais réside dans un dépôt de marque. En effet, lorsque l’Association for
Computing Machinery (ACM), la plus grande association d'informaticiens au
monde, sollicite la société Informatics Inc. afin de pouvoir utiliser le mot
« informatics » en remplacement de l'expression « computer machinery »,
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l'entreprise éponyme décline la proposition. Cela ne lui a pas porté chance par la
suite. La société Informatics Inc., achetée par Sterling Software, cesse ses
activités en 1986.
Formé de l’association des termes « information » et « automatique », le
néologisme est officialisé en France par le Général de Gaulle en conseil des
Ministres qui l’aurait préféré à « ordinatique ». On notera que ce choix marque
clairement la prédominance de l’information sur la machine, dont on pressent
l’enjeu majeur qu’elle représente pour les années à venir.
À noter qu’en 1955, IBM-France cherche un terme français pour populariser le
calculateur électronique, en traduction du terme anglais « computer ». La France
s’apprête alors à lancer la production de l’IBM 650, gros succès commercial aux
Etats-Unis, dont on espère une percée significative dans les entreprises
françaises. Dans une lettre du 16 avril 1955 adressée au président d'IBM France,
Jacques Perret, professeur à la Faculté des Lettres de Paris (et également
théologien catholique) propose le terme « ordinateur », adjectif du vocabulaire
théologique « désignant Dieu qui met de l'ordre dans le monde ». On notera que
l’étymologie latine (ordiri, "commencer à tisser") est la même que celle du verbe «
ourdir » (tramer, comploter), qui donna « ordination » : « action de mettre en ordre
». La « machine à calculer » devient donc, en France, une « machine à ordonner
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», prenant ainsi une dimension presque métaphysique, du moins dans l’esprit de


ses concepteurs. Ce néologisme reflète d’ailleurs assez bien d’une part les
ambitions de son créateur John Von Neumann dont l’obsession était de créer une
machine capable de reproduire le cerveau humain, et d’autre part la prise de
conscience globale de l’enjeu stratégique majeur que constitue le traitement d’une
information de plus en plus volumineuse.
Les deux termes ordinateur et informatique sont définitivement consacrés par
l'Académie française en 1967 pour désigner respectivement « une machine
automatique qui permet d'effectuer, dans le cadre de programmes de structure
pré-établis, des ensembles d'opérations arithmétiques et logiques à des fins
scientifiques, administratives ou comptables. » et la « science du traitement
rationnel et automatique de l'information ».

En 1968, le mot « informatica » fait alors son apparition en Italie et en Espagne, de


même qu’ « informatics » au Royaume-Uni.
Aussi, si le terme « informatique » signifie par construction le « traitement
automatique de l’information », l’Académie française en fera quant à elle la «
science du traitement de l’information ». C’est sous ce vocable qu’elle sera
enseignée dans les universités et dans les écoles, au même titre que les sciences
de gestion ou que les mathématiques.
Dans l’histoire de l’apparition du terme, dans sa construction linguistique et dans
sa définition même, l’informatique désigne rarement la machine ou le matériel
utilisé pour traiter l’information, mais bien la science qui étudie ce traitement. La
confusion qui existe dans beaucoup d’esprits entre l’informatique et le matériel
technologique tient peut-être des terminologies utilisées à l’étranger, en particulier
aux États-Unis.

Justement, en Amérique de Nord, après l’interdiction d’utiliser le terme


« informatics » les universités utiliseront le terme de « computer science », qui
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recouvre les notions d'informatique fondamentale ou science des calculateurs. Le
terme « informatics » qui est redevenu « libre de droits » désigne aujourd’hui plutôt
l’ensemble des sciences de l’information et de la communication en tant que
domaine scientifique.

À l’expression « Electronic Data Processing (EDP) », le traitement électronique des


données, a succédé dans le langage courant l’expression : « Information
Technology », qui désigne à la base le secteur industriel des technologies de
l'information. Dans le monde du travail, on parle volontiers d’« Information
Technology » comme terme générique et synonyme d’informatique. Le
département informatique aux Etats-Unis est souvent appelé l’ « IT department ».
Ainsi, l’utilisation aux États-Unis du terme « Computer science », ou « science des
ordinateurs / calculateurs », pour décrire la science du traitement automatique de
l’information n’a probablement pas aidé à dissocier dans nos esprits l’informatique
de l’étude de ces machines. Ce sont ces sens multiples de la traduction en anglais
d’un mot pourtant unique en français : l’« informatique », que découlent de
nombreuses confusions. Comme nous avons pu le constater, celles-ci ont été
résolues dès 1967 en France avec l’homologation des 2 termes : informatique et
ordinateur.
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Le Larousse définit aujourd’hui l’informatique comme :


 Science du traitement automatique et rationnel de l'information considérée
comme le support des connaissances et des communications.
 Ensemble des applications de cette science, mettant en œuvre des
matériels (ordinateurs) et des logiciels.
Quant à Wikipédia, « L'informatique est un domaine d'activité scientifique,
technique et industriel concernant le traitement automatique de l'information via
l’exécution de programmes informatiques par des machines : des systèmes
embarqués, des ordinateurs, des robots, des automates, etc. »
Pour nous, et toujours dans un contexte professionnel, « l’informatique représente
la fonction ou le métier qui a pour but de concevoir, développer, intégrer, exploiter
et maintenir les solutions matérielles et logicielles, ainsi que fournir l’ensemble des
services connexes ».
En cela, l’informatique se positionne clairement du côté du « producteur » (versus
le « consommateur »). Elle caractérise bien le métier qui « tourne » autour des
outils matériels et logiciels et services associés du « traitement automatique » de
l’information.

1.3. NUMERIQUE
Le terme « numérique » est de plus en plus usité dans notre vocabulaire. Il a
même tendance à se substituer à informatique induisant à la fois ambiguïté et
confusion. Pour preuve, en 2013, le syndicat professionnel du secteur informatique
et télécom, le « Syntec » Numérique, a décidé de rebaptiser les « SSII » - Société
de Services et d’Ingénierie en Informatique » en « ESN » - Entreprises de Services
du Numérique.
En fait, le terme « numérique » vient du latin « numerus » (« nombre », « multitude
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») et signifie « représentation par nombres ». On oppose ainsi le calcul numérique
(l'arithmétique) au calcul algébrique ou littéral (par lettres, ou algèbre).
Le terme anglais « digital » vient lui aussi du latin « digitus » qui signifie « doigt » ;
en anglais « digit » désigne un chiffre (0 à 9). Les autres langues romanes gardent
le terme « digital », cf. italien, espagnol. Vraisemblablement, la notion de « digital »
en anglais se rapportait à l’idée de compter avec ses doigts…
Les définitions sont claires et explicites en anglais :
- Wikipedia: « Digital usually refers to something using digits, particularly
binary digits »
- Cambridge Dictionaries: « using the numbers 0–9 »
- Collins English Dictionary: « of, relating to, resembling, or possessing a
digit or digits », « performed with the fingers », « representing data as a
series of numerical values », « displaying information as numbers rather
than by a pointer moving over a dial », « (electronics) responding to
discrete values of input voltage and producing discrete output voltage
levels, as in a logic circuit », etc.
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On y trouve dans ces 3 définitions en langue anglaise un rapport avec les chiffres :
les « digits » qui exprime clairement la conversion du réel analogique vers le
numérique. Exprimé autrement, « numérique », qualifie une représentation de
l'information par un nombre fini de valeurs discrètes, s’opposant à « analogique ».
Le terme « digital », appliqué à un ordinateur, est utilisé en langue anglaise depuis
1945. En 1964, l'Histoire générale des sciences présente « l'histoire des machines
dites numériques ou digitales ». Cette fois-ci le terme anglais est sans confusion
contrairement au terme français. Ainsi, digital est en anglais spécifique au
traitement informatique, sans l'ambiguïté que numérique a en français entre son
usage mathématique et son application aux ordinateurs.
Pour Wikipédia en français : « On dit numérique une information qui se présente
sous forme de nombres associés à une indication de la grandeur à laquelle il
s'applique, permettant les calculs, les statistiques, la vérification des modèles
mathématiques. Le calcul numérique se fait sur ces nombres, par opposition au
calcul algébrique, qui se fait sur des variables désignées par un symbole (…) »
C’est le secteur de l’informatique et des télécommunications qui a permis la
conversion des signaux électriques en suites de nombres, dans le but
d'automatiser les traitements et d’améliorer l'efficacité des transmissions de
données. La théorie de l'information associée à cette transformation indique que
tout message peut être codé sous forme numérique. La théorie de l'information est
une théorie probabiliste permettant de quantifier le contenu moyen en information
d'un ensemble de messages, dont le codage informatique satisfait une distribution
statistique précise. Ce domaine trouve son origine scientifique avec Claude
Shannon qui en est le père fondateur avec son article : « A Mathematical Theory of
Communications » publié en 1948 (Shannon, 1948 ; Shannon et Weaver ,1949).
L'une des caractéristiques fondamentales de cette théorie est l'exclusion de la
sémantique. La théorie de l'information est indifférente à la signification des
messages. Le sens d'un message peut pourtant être considéré comme essentiel
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dans la caractérisation de l'information. Mais le point de vue de la théorie de
l'information se limite à celui d'un messager dont la fonction est de transférer un
objet.
Après sa conversion en données numériques, tout équipement informatique peut
traiter l'information quelle qu’en soit sa forme : lettre, nombre, photo, son, image,
etc. C’est ainsi que le terme « numérique » est employé pour décrire un traitement
numérique, le son numérique, la photographie numérique, la vidéo numérique et le
cinéma numérique, pour les distinguer de leurs versions plus anciennes
fonctionnant avec des procédés analogiques.
Ainsi, le Larousse capitalisant sur ces dernières évolutions définit « Numérique »
comme un terme affecté au secteur d’activité de l’Informatique et
télécommunications :
- Se dit de la représentation d'informations ou de grandeurs physiques au
moyen de caractères, tels que des chiffres, ou au moyen de signaux à
valeurs discrètes.
- Se dit des systèmes, dispositifs ou procédés employant ce mode de
représentation discrète, par opposition à analogique.
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Dans le contexte économique, « le numérique représente à la fois les informations


ainsi que l’ensemble des usages et traitements de ces informations s’appuyant sur
un outil informatique en vue d’une finalité métier ». Aussi, le numérique est
clairement objectivé. Il correspond à une intention. Il se positionne donc clairement
du côté des usages et des consommateurs (versus le « producteur »).

1.4. SYSTEME D’INFORMATION

Le système d’information est une notion complexe, dont la définition et les contours
ne sont pas toujours clairement établis, et qui est souvent confondu avec
informatique.
Avant d’évoquer la notion de système d’information, il nous faut parler de la notion
de système au travers notamment de la théorie générale des systèmes. C’est dans
les années 1940 à partir d’une collaboration entre Norbert Wiener, professeur de
mathématiques au MIT et Arturo Rosenblueth de la Harvard Medical School avec
l'ingénieur Julian Bigelow sur le développement d'appareils de pointage
automatique pour canons antiaériens qu’une théorie fondatrice voit le jour : « pour
contrôler une action finalisée (orientée vers un but), la circulation de l'information
nécessaire à ce contrôle doit former une boucle fermée permettant d'évaluer les
effets de ses actions et de s'adapter à une conduite future grâce aux performances
passées » (De Rosnay, 1975). C’est le principe de rétroaction (ou feed-back) selon
lequel un organisme réagit à son environnement en s’y adaptant progressivement.
C'est la naissance de ce que Wiener appelle la cybernétique » (Wiener, 1947) qui
a pour but principal l'étude des régulations chez les organismes vivants et les
machines construites par l'homme. Il faut comprendre que cette « méthode
comportementale d’étude » est alors totalement révolutionnaire car elle s’oppose
aux procédés traditionnels qui prônent l’analyse des phénomènes par leur
décomposition (ou dissection) et l’étude de leur fonctionnement interne.
Cette nouvelle méthode d’analyse scientifique sera formalisée par la suite par le
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biologiste autrichien Karl Ludwig von Bertalanffy (1901-1972), fondateur de la
Théorie systémique grâce à son ouvrage « General System Theory ». Dès 1937, il
présente le concept de système ouvert qui évoluera petit à petit vers la Théorie
générale des systèmes (General System Theory) (Von Bertalanffy, 1968). Il
introduit la notion de système qu’il définit comme un « ensemble d’éléments en
interaction », et propose une méthode globale d’analyse basée sur l’étude des
analogies entre les différents systèmes observés. « (…) Le but de cette théorie
générale était de dégager des principes explicatifs de l'univers considéré comme
système à l'aide desquels on pourrait modéliser la réalité (…) il y a des systèmes
partout ».

La théorie générale des systèmes inspira des scientifiques aussi célèbres que
l’économiste et sociologue américain Herbert A Simon, qui a permis de mieux
expliciter le processus de décision tout en introduisant le concept de système de
traitement de l’information (Herbert A.S., 1969), ou le français Jacques Mélèse
pour l’analyse modulaire des systèmes de gestion (Mélèse J., 1972), ou encore
Jean-Louis Lemoigne qui inspira plus tard Hubert Tardieu dans la conception de la
méthode Merise sous la forme de système opérant, système de pilotage et
système d’information (Tardieu et al., 2000).
58 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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Reprenant les travaux de Bertalanffy, Jean-Louis Lemoigne écrit : « (…) De tout ce


qui précède, se dégage une vision stupéfiante, la perspective d'une conception
unitaire du monde jusque-là insoupçonnée. Que l'on ait affaire aux objets
inanimés, aux organismes, aux processus mentaux ou aux groupes sociaux,
partout des principes généraux semblables émergent. » (Le Moigne JL, 1973)
Déjà conscient de la difficulté de définir le concept de système d’information, il cite
alors la définition de 3 auteurs américains : NC Churchill, CH Kriebel et AC Stredy
datant de 1965 « … la combinaison formalisée de ressources humaines et
informatiques résultant de la collecte, de la mémorisation, de la recherche, de la
communication et de l’utilisation des données en vue de permettre un
management efficace des opérations au sein d’une organisation… ».
Issu de la théorie des systèmes, le concept de système d’Information est
relativement complexe à appréhender pour les non-initiés, qui privilégieront alors
l’emploi de la notion d’Informatique, beaucoup plus globale, mais pas toujours juste
pour désigner la complexité des organisations. De plus, au départ limité au
périmètre de l’entreprise, les contours du système d’information évoluent au fil du
temps pour aujourd’hui largement déborder sur les organisations extérieures.
Même si le concept est plus récent, les définitions sont nombreuses et variées.
Néanmoins, peu de dirigeants d’entreprises ou directeurs des systèmes
d’information sont capables de donner une définition générique acceptée par
l’ensemble de la communauté.

Pour Claude Salzman, Président du Club européen de la gouvernance des


systèmes d’information : « Trop souvent on confond les termes système
d’information et système informatique. Il est vrai qu’ils sont voisins. Mais ce n’est
pas la même chose. Le système d’information n’est pas le système informatique.
C’est la source de confusions graves car les mécanismes en œuvre ne sont pas
les mêmes et les conséquences non plus. »
Sur le plan du pilotage, c’est un véritable problème. En effet, comment mesurer et
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maîtriser une activité si l’on n’est pas capable de définir sans ambiguïté son
périmètre ?

Pour le Larousse, le système d’information (SI) est « l’ensemble des moyens et


des ressources informatiques dont dispose une entreprise pour recueillir, traiter,
stocker et diffuser les données nécessaires à son activité. »
Pour Wikipédia, un système d’information (SI) est « un ensemble organisé
d’éléments qui permet de regrouper, de classifier, de traiter et de diffuser de
l’information sur un phénomène donné. »

Ces deux définitions sont, peu ou prou, équivalentes à celle


d’informatique. Aussi, nous pouvons nous poser la question suivante :
système d’information et informatique sont-ils synonymes ?

En langue anglaise (Wikipédia, Cambridge dictionary), une fois de plus les sens et
définitions sont divers pour « Information system (IS) » :
- « A computer IS is a system composed of people and computers that
processes or interprets information.The term is also sometimes used in
more restricted senses to refer to only the software used to run a
computerized database or to refer to only a computer system. »
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 59
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- « IS is an academic study of systems with a specific reference to


information and the complementary networks of hardware and software
that people and organizations use to collect, filter, process, create and also
distribute data. An emphasis is placed on an Information System having a
definitive Boundary, Users, Processors, Stores, Inputs, Outputs and the
aforementioned communication networks »
- « A computer system within a company or organization for sharing
information. »
Il apparait comme point commun à ces 3 définitions que les systèmes d'information
introduisent l’homme et l’organisation dans ce qui constitue le système. Elles vont
donc au-delà des définitions précédentes.
Pour l’Encyclopédie Britannica, la définition est encore plus large : « An integrated
set of components for collecting, storing, processing, and communicating
information. Business firms, other organizations, and individuals in contemporary
society rely on information systems to manage their operations, compete in the
marketplace, supply services, and augment personal lives. For instance, modern
corporations rely on computerized information systems to process financial
accounts and manage human resources; municipal governments rely on
information systems to provide basic services to its citizens; and individuals use
information systems to study, shop, bank, and invest. »
On peut observer qu’elle reste dans une logique équivalente tout en étant répétitive
et récursive, preuve, s’il en est, de la difficulté à donner une définition claire et
précise.
Passons à présent à l’encyclopédie Universalis : « Un système d’information peut
être défini comme un ensemble de ressources (personnel, logiciels, processus,
données, matériels, équipements informatiques et de télécommunication...)
permettant la collecte, le stockage, la structuration, la modélisation, la gestion, la
manipulation, l’analyse, le transport, l’échange et la diffusion des informations
(textes, images, sons, vidéo...) au sein d’une organisation. Parmi les ressources
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informatiques figurent en particulier les fichiers de données, bases de données et
système de gestion de bases de données (S.G.B.D.), les progiciels de gestion
intégrés (P.G.I., en anglais ERP : enterprise resource planning), les outils de
gestion des clients (CRM : customer relationship management), de la chaîne
logistique (SCM : supply chain management) ou des collaborateurs (ERM :
employee relationship management). »
Cette définition est certes plus détaillée mais pas forcément plus large que les
précédentes.
Il faut donner la parole aux véritables experts francophones du management des
systèmes d’information pour entrevoir des propositions plus pertinentes à
commencer par Jean-Louis Peaucelle : « Le système d’information (SI) peut être
défini comme un langage servant à représenter de manière fiable et économique
des aspects de l’activité de l’organisation. » (Peaucelle, 1981)
Franz Rowe et Robert Reix en donnent la définition suivante : « Un système
d’information est un ensemble d’acteurs sociaux qui mémorisent et transforment
des représentations via des technologies de l’information et des modes
opératoires. » (Rowe F. et Reix, R., 2011)
Robert Reix dans son ouvrage « Systèmes d’information et management des
organisations » paru en 2004 propose : « Un système d’information est un
ensemble organisé de ressources : matériel, logiciel, personnel, données,
60 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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procédures... permettant d’acquérir, de traiter, de stocker des informations (sous


forme de données, textes, images, sons, etc.) dans et entre des organisations. » »
(Reix, R., 2004)
Ainsi, pour le système d’information, et toujours dans un contexte d’entreprise,
nous proposons la définition suivante : « Le système d’information représente
l’ensemble des ressources internes ou externes – utilisateurs, outils, données – qui
contribuent au traitement (numérique ou non) de l’information ».
Ainsi, pour représenter simplement le système d’information, nous distinguons 3
types de ressources :
- L’outil informatique (infrastructure, matériel informatique, solutions
applicatives…)
- L’homme qui réalise une tâche avec ou sans l’outil
- L’information qui représente la « matière première ».
Il se peut que l’outil informatique ne soit pas systématiquement utilisé comme dans
le cas des activités manuelles ou non encore dématérialisées. Il arrive aussi que
l’homme n’intervienne pas dans le processus. C’est le cas des opérations
totalement automatisées (cas des traitements « machine to machine » ou « objets
connectés »). Par contre, il est difficile d’imaginer un système d’information sans
information.
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Conformément à Ludwig van Bertalanffy, père de la théorie générale des
systèmes, le système d’information est bien un système, composé dans notre cas
de trois types de ressources ou « d’éléments qui sont bien en interaction ».

1.5. SYNTHESE

Nicolas Boileau est une référence incontestée en matière de perfectionnisme, de


justesse, de force, d’objectivité et de goût, avec un art prononcé dans l’acuité de
ses jugements pour atteindre la véritable beauté voire la sagesse. Dans son
ouvrage de 1674, « De L'Art poétique », il rédigea ces vers d’anthologie :

« Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.


Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 61
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L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.


Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »

Reconnaissons que ces nouveaux concepts : « informatique », « numérique » et


« système d’information » sont particulièrement ambigüs et confus. Dans l’usage
courant, ils sont régulièrement employés comme synonymes. D’autres fois, ils
semblent signifier autre chose, l’intersection étant rarement nulle, partageant à
minima l’outil informatique.
Dans l’Organon, traités de logique, Aristote énonce : « La définition fait connaître
ce qu’est la chose. ». Aussi, et malgré la difficulté de l’exercice, nous nous devons
de proposer des définitions, même discutables (et elles doivent l’être), afin de
pouvoir commencer à en appréhender les véritables enjeux économiques et de
performance.

Système
Informatique Numérique
d’Information

Définitions L’informatique Le numérique Le système


représente la représente à la fois d’information
fonction ou le métier les informations ainsi représente
qui a pour but de que l’ensemble des l’ensemble des
concevoir, usages et ressources internes
développer, intégrer, traitements de ces ou externes –
exploiter et informations utilisateurs, outils,
maintenir les s’appuyant sur un données – qui
solutions matérielles outil informatique en contribuent au
et logicielles, ainsi vue d’une finalité traitement
que fournir métier (numérique ou non)
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l’ensemble des de l’information
services connexes

2. ENJEUX ECONOMIQUES

2.1. PREMIERE APPROCHE EMPIRIQUE

Si l’on reprend la définition de système d’information par rapport à l’informatique,


on constate une évolution sémantique qui marque la genèse d’une véritable prise
de conscience des nouveaux enjeux managériaux de nos entreprises à l’ère du
numérique. Elle symbolise le passage du contenant au contenu. C’est un véritable
changement de paradigme, lourd de conséquences. La technologie deviendrait
moins importante que son utilisation, au service de la gestion de l’information et de
la connaissance. Maintenant que la technologie est maîtrisée, la gestion de
l’information doit être replacée au centre des débats. C’est elle qu’il faut maîtriser à
62 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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présent : l’information et tous ses traitements associés, qu’ils soient manuels ou


automatisés.
Ramené à l’échelle de l’entreprise, le budget informatique traditionnel s’élève en
moyenne, pour la grande majorité des organisations, de 1 à 5 % du budget de
fonctionnement de l’entreprise si l’on en croît les principaux instituts de
«Etalonnage / benchmarking » tels que le Gartner Group ou Compass.
Qu’en est-il pour le budget du système d’information ? En adoptant une position
très minimaliste et conservatrice, en considérant uniquement l’utilisation des outils
informatiques par les employés, le budget du système d’information est alors réduit
à sa partie informatisée. Avec cette hypothèse et selon de nombreuses études
« terrain » réalisées dans le cadre de schémas directeurs des systèmes
d’information (Legrenzi et Gapaillard, 2013) ou de sondages réalisés en séminaires
depuis maintenant 10 ans, il ne représente pas moins de 10 à 30% du budget total
de fonctionnement de l’organisation pour le secteur industriel et 30 à 50 % pour le
secteur tertiaire. Aussi, le budget du système d’information représente un enjeu dix
fois supérieur au budget informatique ! Ce n’est donc, ni plus, ni moins, que le
premier facteur de dépense de nos entreprises.

Pourtant, et en dépit des enjeux, ni la direction générale, ni les directions


opérationnelles ou fonctionnelles telles que la direction financière n’en ont
conscience. La « verticalité » et le « carcan » des systèmes comptables et
budgétaires sont à l’origine de cet « aveuglement collectif ».
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Ce qui est intéressant dans la figure ci-dessus est que l’on constate aisément la
disparité des enjeux entre informatique et système d’information, assimilé au
numérique, sur la base d’une simple valorisation monétaire. Ainsi, les coûts du
système d’information sont beaucoup plus importants que les seuls coûts
informatiques. Mieux, les données stockées sur les systèmes informatiques
constituent un actif immatériel très important. Cumulées depuis des années, le
patrimoine informationnel des organisations représente un montant près de dix fois
supérieur au budget annuel des systèmes d’information et cent fois supérieur au
budget annuel informatique.
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 63
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2.2. METHODE D’ESTIMATION

Pour arriver à évaluer ces enjeux économiques, une méthode d’estimation a été
utilisée pour chacune des définitions proposées. Elle repose à la fois sur les
ressources, les parties prenantes concernées, les taux d’utilisation des outils
informatiques ainsi que la part du travail consacrée à des traitements manuels de
l’information.
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2.3. MISE EN PERSPECTIVE : NUMERIQUE VERSUS SYSTEME


D’INFORMATION

Par rapport à la première approche empirique qui associe système d’information à


numérique, en distinguant, sur la base des définitions précédentes, la dimension
numérique qui représente le temps passé par les utilisateurs à travailler avec l’outil
informatique du travail de l’information non informatisé, les enjeux sont encore plus
éloquents :

Cette fois-ci le budget du système d’information représente 20 fois plus que le


budget informatique et le double du budget numérique.
Toujours sur la base de nombreuses études « terrain » réalisées dans le cadre de
schémas directeurs des systèmes d’information (Legrenzi et Gapaillard, 2013) ou
de sondages réalisés en séminaires, le budget système d’information représente
entre 20 à 50% du budget total de fonctionnement de l’organisation pour le secteur
industriel et de 40 à 100 % pour le secteur tertiaire. Dans ce dernier cas, ce n’est
guère étonnant si l’on prend le cas de certaines administrations, où la totalité du
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budget de fonctionnement peut être assimilée au traitement de l’information.

2.4. ILLUSTRATION

Nous avons piloté cette approche dans différentes organisations : entreprise


d’ingénierie immobilière, R&D d’un acteur de la cosmétique, chambre de
commerce et d’industrie, mutuelle, etc. A chaque fois les ordres de grandeur ont
été vérifiés. Cette vision, par nature transversale, s’oppose aux approches
traditionnelles d’optimisation que l’on continue de faire perdurer au sein des
organisations. Qui plus est, les bénéfices de cette nouvelle approche sont très
importants comme nos expériences sur le terrain l’ont montré.

A titre d’exemple, une entreprise a été choisie, filiale d’un grand groupe industriel
français du secteur de l’énergie, et spécialisée dans les interventions de
maintenance. Son budget annuel de fonctionnement est de l’ordre de 800 millions
d’euros employant près de 6000 personnes. Elle affiche des résultats
opérationnels en-dessous des standards du groupe, d’environ 20 millions d’euros
de bénéfices, soit une rentabilité de 2,5%.
66 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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La culture de gestion est très orientée coût. Chaque dépense se doit d’être
pleinement justifiée avant d’être engagée, de l’embauche d’un stagiaire au
déplacement d’un collaborateur, l’acceptation se fait par un membre de la Direction
Générale.

Le budget informatique exhaustif intégrant l’ensemble des dépenses selon la


définition ci-dessus est bien supérieur à la version officielle, annoncée par le DSI. Il
s’élève à environ 10 millions d’euros, soit 1,25% du budget total de fonctionnement.
En introduisant les notions : informatique, numérique et système d’information, il a été
identifié de nouveaux gisements de performance, jusqu’alors ignorés :

Potentiel
Enjeux Gains estimés
d’optimisation
10% par centralisation,
homogénéisation des
Informatique 10 M€
outils et pratiques
1 M€
informatiques
10% à 20% au minimum
sur les usages
Numérique 70 à 90 M€
informatiques et les
7 à 18 M€
processus existants
20% à 40% en
numérisant et
Système
80 à 100 M€ dématérialisant des 16 à 40 M€
d’Information processus et tâches
manuelles

Très clairement, l’approche traditionnelle d’optimisation du budget informatique


révèle un potentiel maximum d’un million d’euros, soit 5% du résultat de
l’entreprise. Une approche d’optimisation numérique permettrait d’envisager un
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gain de l’ordre de 7 à 18 fois plus et quasiment doubler le résultat de l’entreprise.
Pour finir, il y a encore mieux, une vision d’optimisation du système d’information
rajoutée au numérique et à l’informatique, représente un potentiel de 24 à 59
millions d’euros, bien supérieur au résultat actuel de l’entreprise.

3. LE PILOTAGE ET LA GOUVERNANCE DES SYSTEMES


D’INFORMATION REINVENTES

Avant de proposer une nouvelle approche du pilotage et de la gouvernance des


systèmes d’information, il nous semble important de revenir sur l’état actuel des
pratiques et le fait que peu d’entreprises s’intéressent aux nombreux gisements de
productivité issus de l’approche numérique et système d’information.
Nous avons identifié 3 causes majeures empêchant aujourd’hui les entreprises de
profiter pleinement de ces opportunités :
 La méconnaissance des enjeux liés au numérique et aux systèmes
d’information due à l’absence de définition clairement acceptée (voir ci-
dessus) et aux limites des systèmes de gestion traditionnelle
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 67
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 L’utopie technologique couplée à l’homéostasie organisationnelle souvent


véhiculée par l’industrie informatique laissant croire qu’il suffit d’adopter
une nouvelle technologie pour en obtenir les bénéfices
 La gouvernance déficiente se traduisant par une absence d’implication
managériale ou un manque de courage pour initier les changements qui
s’imposent pourtant indispensables pour créer de la valeur.

3.1. LES LIMITES DES SYSTEMES DE GESTION TRADITIONNELLE

Russell Ackloff observant que les dirigeants souffrent d’une surabondance


d’informations inutiles, cite déjà à l’époque, les effets de la déresponsabilisation :
information inadaptée au processus de décision, information divergente suivant les
unités organisationnelles, délégation du pilotage, etc. (Ackloff, 1967)
Philippe Lorino resitue parfaitement l’inadaptation des pratiques comptables :
« Les outils aujourd’hui utilisés par le contrôle de gestion portent la marque de ces
origines historiques. Ils reflètent le type d’environnement pour lequel ils ont été
forgés, la grande industrie naissante de 1880-1910. Il n’est donc pas évident qu’ils
soient adaptés aux besoins des entreprises de 1980-2010, à moins de soutenir
l’hypothèse hardie selon laquelle l’industrie n’aurait guère changé depuis un
siècle… Dans quel domaine de l’activité humaine peut-on prétendre travailler
ème
aujourd’hui, à l’aube du XXI siècle, avec des outils et des méthodes
développées à la fin du siècle dernier ? » (Lorino, 1991)
Dans un livre célèbre sonnant le glas des systèmes de gestion : « Relevance Lost:
The Rise and Fall of Management Accounting », Thomas Johnson et Robert
Kaplan, expliquent eux aussi les limites de la comptabilité actuelle et des systèmes
de gestion. Ils remarquent que l’information issue de la comptabilité classique est
trop lente, agrégée et déformée pour être utile aux décideurs (Johnson et Kaplan,
1991). Ils sont d’autant plus inadaptés quand il s’agit d‘activités nouvelles comme
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l’informatique, le numérique ou les systèmes d’information.

3.2. UTOPIE TECHNOLOGIQUE ET HOMEOSTASIE

Jean-Louis Peaucelle, mandaté par le Ministère de l’Education, a démontré dès le


début des années 80 dans le cas de l’informatisation des fonctions comptables et
financières des Universités françaises que les gains de productivité induits par
l’introduction de l’outil informatique sont conditionnés par des changements
organisationnels (Peaucelle, 1981, 2). Pire, ne pas les engager entraîne
inéluctablement une détérioration de la performance. Simon Caulkin le confirme :
« … trop d’entreprises ont surimposé de nouvelles technologies sur des
organisations anciennes en automatisant les problèmes et non les solutions »
(Caulkin, 1989). Tout comme Lorino : « Le gain virtuel apporté par le progrès
technique a été souvent neutralisé par la transformation trop lente des mentalités
et des organisations » (Lorino, 1989).
Il y a déjà un quart de siècle, le rapport Fontaine cité notamment dans le rapport de
Jean Le Garrec explique parfaitement le phénomène d’homéostasie
organisationnelle couplé à l’utopie technologique : « L’informatique vient en
quelque sorte se plaquer sur l’organisation existante, bien souvent déficiente. Elle
68 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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ne fait alors que la rigidifier, devenant par là-même un obstacle à l’efficacité des
services…/… l’informatisation s’est développée sans lien suffisant avec les
réflexions sur l’évolution des structures administratives et de l’organisation du
travail. L’informatique est restée ‘plaquée’ sur les schémas et les procédures
existants » (Le Garrec, 1992).
En résumé, David Norton identifie trois raisons qui empêchent les entreprises de
retirer tous les bénéfices de leurs investissements dans les technologies de
l’information (Norton, 1987) :
 Nous avons été dirigés par une vision technologique
 Nous n’avons pas su identifier les changements organisationnels
 Nous ne possédons pas les outils nécessaires pour appréhender les
bénéfices

Pour combattre le mythe de l’utopie technologique, Andreu Solé popularise le


concept de « système technicoorganisationnel » en expliquant : « Il n’y a pas de
technique sans organisation, la technique c’est toujours de l’organisation, un
système technique est un système organisationnel… ». Il pointe aussi et surtout
les responsabilités : « D’une manière générale, plus on met de technique dans
l’entreprise, plus on comprend que le problème numéro un, c’est l’organisation et
au-delà la décision…/… la fuite technique en avant conduisant à plaquer la
technique sur les systèmes socio-organisationnels est une manière ‘moderne’ de
fuir les grands problèmes de l’entreprise. Le progrès technique n’est pas une
solution, c’est un problème » (Sole, 1985).

3.3. UNE GOUVERNANCE INFORMATIQUE DEFICIENTE

De nombreuses études, déjà anciennes, ont montré que l’implication de la direction


générale dans le processus d’informatisation était clé (Delone, 1988) tout comme
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leur niveau de compréhension des enjeux (FITI, 1986) et la qualité de leur relation
avec le responsable informatique (Austin, 1988).
En 2004, Weill et Ross avaient démontré sur la base d’une étude mondiale menée
sur 250 entreprises que la valeur générée par des projets à composante
informatique était directement dépendante du niveau de maturité en gouvernance
informatique (Weill & Ross, 2004). Ils soulignaient que près de 62% des décideurs
étaient incapables de définir précisément ce qu’était la gouvernance informatique.
En dehors de l’ouvrage de 2006 de Gérard Balantzian « Le Plan de Gouvernance
du SI » (Balantzian, 2006), on observe dans le microcosme franco-français une
définition très endémique associant les référentiels internationaux de type : ITIL,
ISO 27002 ou CMMI à la gouvernance informatique, en parfaite contradiction avec
les définitions pourtant officielles que sont celles de l’ISACA/ITGI et de l’ISO
38500. L’erreur est de confondre les « bonnes pratiques de gestion interne » qui
représentent avant tout une vision « endogène » et celles de « gouvernance » dont
l’orientation est principalement « exogène », tournée vers l’entreprise, ses métiers
voire ses actionnaires et autres parties prenantes (Legrenzi, 2009).
En 2010, reprenant d’autres études publiées, nous avons pu confirmer que lors du
processus d’informatisation ce n’est pas tant la qualité des solutions envisagées,
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 69
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mais bien le niveau de maturité en Gouvernance Informatique qui conditionne la


performance d’entreprise (Legrenzi & Salzman, 2010).
Le professeur Almiro de Oliveira et Claude Salzman, fondateurs du Club européen
de la gouvernance des systèmes d’information, affirment dans leur Manifeste :
« Dans une économie quaternaire dominée par le secteur de l'information et de la
connaissance, le management de l'information émerge comme un nouveau facteur
de distinction et de différentiation, source d'avantages compétitifs tant pour les
entreprises que les organisations publiques, dans un contexte de globalisation
accélérée.../… Ainsi, la connaissance des coûts et de la valeur de l'information
permet de prendre en compte la variété des problématiques de management de
l'information et concourt aux Bonnes Pratiques de la Gouvernance des Systèmes
d'Information » (De Oliveira & Salzman, 2009). C’est bien la Direction Générale qui
est responsable de la Gouvernance des Systèmes d’Information comme le
confirment les référentiels de l’ISACA/ITGI et de l’ISO38500.

3.4. DE NOUVEAUX GISEMENTS DE PERFORMANCE


La véritable question que doivent se poser les décideurs est de savoir s’il faut
piloter l’informatique uniquement, le numérique, le système d’information ou
l’information ? C’est une question fondamentale, lourde de conséquences à même
de remettre totalement en question les modes managériaux traditionnels en
« silos » issus du secteur industriel.
Même s’il semble indispensable de gérer la fonction informatique (Salzman, 1989),
qui est sans doute la fonction de l’entreprise la plus complexe à piloter, ce serait
une erreur de s’arrêter là (Legrenzi, 1996), (Legrenzi & Nau, 2012). La distinction
entre pilotage informatique et pilotage du système d’information réconciliant les
visions technicistes avec les enjeux métier est incontournable.
Aussi, et sans vouloir être exhaustif, nous proposons dans le tableau ci-dessous
un certain nombre d’indicateurs, propres à chaque concept : informatique,
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numérique et système d’information, ainsi que des mesures possibles
d’optimisations.
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Pour l’informatique, il ne s’agit plus de voir cette fonction par rapport à elle-même
comme l’indique Claude Salzman : « En ce qui concerne l’informatique, l’objectif
consiste à essayer de la rapprocher du reste de l’entreprise et même, si c’est
possible, de la fondre dans les diverses fonctions de l’entreprise…/… Il faut pour
cela apprendre à penser l’informatique comme un outil de développement de
l’entreprise et non plus seulement comme une machine capable de gérer des
procédures administratives » (Salzman, 1989).
Sur le plan du numérique, un enjeu majeur est la productivité des usages et la
gestion du patrimoine informationnel. Jean-Louis Peaucelle affirme : « Les gains
les plus forts sont souvent méconnus car ils apparaissent chez les utilisateurs »
(Peaucelle, 1997). Dès 1997, nous avons au travers une série d’articles et sur la
base de nombreuses études de productivité de l’utilisateur final, montré les
gisements de performance au niveau individuel (Legrenzi, 1997). Mieux, les
données stockées sur les systèmes informatiques constituent un actif immatériel
très important, dont le rôle est croissant. Rappelons que cumulées depuis des
années, les informations d’entreprise représentent des montants près de dix fois
supérieurs au budget annuel des systèmes d’information et cent fois supérieurs au
budget annuel informatique
Pour les systèmes d’information, les opportunités sont encore plus importantes.
Elles concernent à la fois la dématérialisation de certaines activités, la productivité
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globale des processus, ainsi que l’innovation. La Direction Générale et les


directions opérationnelles ou fonctionnelles doivent prendre conscience de la
transversalité de nombre d’activités. L’informatisation a engendré insidieusement
des poches notoires de faible productivité en décentralisant des traitements et en
répartissant de nombreuses tâches sur l’ensemble des collaborateurs d’entreprise.
Peter Drucker (Drucker, 1993) affirme : « Le plus grand challenge auquel font face
les managers des pays développés est d’augmenter la productivité des travailleurs
de l’information et de la connaissance ». Le système d’information constituant, ni
plus ni moins, la colonne vertébrale de l’activité immatérielle de l’entreprise
moderne, c’est sans aucun doute le premier levier de performance des
organisations futures.

3.5. DE NOUVELLES PERSPECTIVES DE RECHERCHE

Loin d’avoir fait le tour des enjeux managériaux liés au numérique et aux systèmes
d’information, de nombreux axes de recherche s’ouvrent à commencer par la
mesure de plus en plus systématique et précise du poids du numérique et des
systèmes d’information de nos organisations, secteur par secteur, tout en mettant
en perspective les quatre concepts que sont : information, informatique, numérique
et système d’information. Les estimations données méritent d’être approfondies.
Comme ces quatre concepts sont intimement liés, il faut bien comprendre leurs
interactions. La performance de l’entreprise « numérique » du futur se joue bien au
confluent de ces notions.
Une autre voie à approfondir serait celle des facteurs de pilotage et de
gouvernance des systèmes d’information influençant le plus la performance
d’entreprise.
CONCLUSION
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Lors des premières recherches entreprises sur la gouvernance des systèmes
d’information, il y a maintenant un quart de siècle, un postulat particulièrement
important issu de l’étude épistémologique s’imposait. Il concerne la dualité science-
mesure (Legrenzi, 1994). Les nombreuses études sur l’évolution des sciences
montrent que les progrès scientifiques sont souvent conditionnés par l’évolution
des instruments de mesure ou de pilotage. L’astronomie avec le télescope en est
une excellente illustration. Ainsi, la mesure devance le progrès.
C’est sur la base de ce postulat que les avancées technologiques n’ont pas
apporté dans la pratique de bénéfices mesurables aux entreprises utilisatrices.
C’est le fameux « Paradoxe de Solow » du Prix Nobel d’économie 1987 (Legrenzi,
1993). Pourquoi ? Tout simplement, parce que la mesure n’a jamais devancé le
progrès technologique en informatique. Ainsi, les entreprises en subissent les
conséquences plus qu’elles n’en profitent. Seule exception : l’industrie
informatique, celle qui produit les technologies et services associés.
Il s’agit à présent de remettre en question les pratiques et replacer le pilotage et la
gouvernance au cœur des débats en définissant clairement les notions et
périmètres tout en clarifiant les enjeux économiques de :
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 L’informatique (outil et services associés)


 Du numérique (usage automatisé en plus de l’outil informatique et des
services associés)
 Des systèmes d’information (usage manuel en plus de la dimension
numérique)

Pour finir, il semble fondamental dans un monde en pleine mutation de changer de


paradigme managérial. Les travaux de Richard Foster de l’Université de Yale, sur
la base des 500 plus grandes entreprises américaines (S&P 500 index), montrent
que leur durée de vie a largement chuté d’une soixantaine d’années en 1960 à 15
ans aujourd’hui. Cette forte diminution s’explique notamment par le changement de
modèles d’affaires et la révolution numérique qui modifie profondément le
processus de création de valeur des entreprises.
L’économiste Ken Boulding affirmait déjà il y a plus d’un demi-siècle : « Le concept
d’industrie du savoir contient suffisamment de dynamite pour envoyer les
économies traditionnelles sur orbite » ! (Boulding, 1964). Cela n’a jamais été aussi
vrai qu’aujourd’hui.
Le traitement de l’information ayant pris une telle ampleur dans nos économies
modernes, nous sommes très vraisemblablement à l’aube d’un véritable
« aggiornamento » de nos pratiques de gouvernance. C’est bien là le rôle des
nouveaux managers selon Joseph Schumpeter : « Entreprendre consiste à
changer un ordre existant » (Schumpeter, 1911). C’est d’autant plus le cas que le
ème
monde connaît la 2 plus grande révolution économique de son histoire : la
Révolution Numérique.

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