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ANALYSE DES PRATIQUES DE GOUVERNANCE DANS LES ENTREPRISES

SÉNÉGALAISES

Melyan Mendy

ANDESE | « Vie & sciences de l'entreprise »

2014/2 N° 198 | pages 55 à 72


ISSN 2262-5321
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VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 55
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ANALYSE DES PRATIQUES DE GOUVERNANCE DANS LES


ENTREPRISES SENEGALAISES
Par Melyan MENDY
Docteur ès Sciences de gestion, LARSES/UFR SES,
Université Assane Seck de Ziguinchor
Résumé :
La question de la gouvernance d’entreprise dans les pays en voie de
développement reste encore largement sous-estimée. En effet, à cause du
développement de leurs économies, les pays occidentaux, pour l’essentiel, les
Etats-Unis d’Amérique et l’Angleterre en particulier, voient leurs critères utilisés
pour évaluer les pratiques de gouvernance d’entreprise à travers le monde. Le
présent article examine les pratiques de gouvernance dans les entreprises
sénégalaises. Vingt (20) entretiens semi-directifs ont été effectués auprès des
dirigeants d’entreprises sénégalaises et ont été traités selon l’analyse de discours
thématique. En mettant en évidence l’existence de plusieurs types de dirigeants en
fonction de leurs pratiques de gouvernance observées au Sénégal, les principaux
résultats (les thèmes émergents) suggèrent, contre les idées reçues, que la
mondialisation n’entraîne pas inexorablement la convergence vers un modèle
universel unique de gouvernance dominé par les marchés financiers. En effet, il
s’avère que les pratiques de gouvernance d’entreprise sont contingentes aux
représentations sociales des dirigeants d’entreprises. L’étude montre aussi que la
confiance accordée au dirigeant réduit la mise en œuvre de mécanismes
contraignants de gouvernance et augmente son pouvoir discrétionnaire.

Mots clés : Gouvernance d’entreprise, typologie, dirigeant d’entreprise,


hybridation, régime de propriété
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Abstract:
The issue of corporate governance in developing countries is still largely
underestimated. Indeed, due to the development of their economies, Western
countries mainly the United States and England in particular, see their criteria used
to assess corporate governance practices worldwide. This article examines the
practices of governance in Senegalese companies. Twenty (20) semi-structured
interviews were conducted with leaders of Senegalese companies and were
treated according to the analysis of thematic discourse. Highlighting the existence
of several types of leaders based on their governance practices observed in
Senegal, the main results (emerging themes) suggest, against conventional
wisdom that globalization does not lead inexorably to a convergence single
universal model of governance dominated by financial markets. Indeed, it appears
that corporate governance practices are contingent social representations of
business leaders. The study also shows that confidence in the CEO reduces the
implementation of binding mechanisms of governance and increases its discretion.

Keywords : Corporate governance, typology, CEO, hybridization, ownership


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INTRODUCTION
On dépeint souvent la gouvernance d’entreprise dans les pays en développement
par rapport aux expériences américaine et anglaise voire occidentales de manière
générale eu égard à la performance de leurs modèles de développement. Ainsi,
les pratiques de gouvernance dans les pays africains sont souvent épiées à l’aune
des critères communément employés pour évaluer les pratiques de gouvernance
d’entreprise en Occident. Cette tendance est confirmée par l’ampleur de la
mondialisation dominée et conduite par les grandes multinationales occidentales
qui imposent de plus en plus leurs pratiques de gouvernance.
Beaucoup de travaux ont porté sur les transformations évidentes des systèmes
nationaux de gouvernance. Certains auteurs projettent une convergence
inéluctable des pratiques de gouvernance d’entreprise vers le modèle universel
unique dominé par les marchés financiers (Hansmann et Kraakman, 2002).
Cependant, en se fondant sur les pratiques de gouvernance d’entreprise au sein
de nombreux pays occidentaux développés, d’autres auteurs répondent que les
systèmes nationaux de gouvernance d’entreprise ne sont pas convergents (Boyer,
1996 ; La Porta et al., 1998 ; Ponssard, 2000 ; Roe, 2001 ; Gomez et Korine,
2009). En effet, la tendance vers la convergence rencontre des résistances tant
29
objectives que théoriques. Une autre vague d’auteurs postulent une hybridation
des pratiques au niveau de plusieurs systèmes nationaux de gouvernance
d’entreprise (Caby, 2003).
A ce propos, l’hybridation pourrait aboutir à un modèle unique par fusion des
pratiques efficaces des systèmes nationaux de gouvernance d’entreprise (Coffee,
2001). L’hybridation peut aussi se manifester par des emprunts localisés, chaque
système national de gouvernance d’entreprise s’enracinant dans son contexte
local spécifique, mais adoptant certaines pratiques caractéristiques d’autres
systèmes nationaux de gouvernance d’entreprise. En d’autres termes, en
Occident, on peut noter une diversité de systèmes de gouvernance d’entreprise
dont la convergence consiste à une hybridation par emprunts de chacun des
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systèmes nationaux.
Cette diversité est liée à celle de la propriété (privée, publique, collective,
familiale...).Ce n’est pas un hasard si la plupart des travaux de recherche sur la
gouvernance des entreprises se sont développés autour de la séparation entre la
propriété du capital de la grande entreprise américaine et sa gestion quotidienne
(Berle et Means, 1932). C’est d’abord le type de propriété qui détermine le type
d’entreprise qui peut à son tour déterminer le type de gouvernance. Or, le tissu
économique sénégalais est largement dominé par les très petites et les petites et
moyennes entreprises non cotées et contrôlées par un actionnaire principal

29
Le processus d’hybridation peut être considéré comme une adaptation d’un modèle à un
environnement institutionnel différent de son environnement institutionnel d’origine. Pour Boyer (1997),
l’hybridation est un mixage entre deux systèmes institutionnels et non une imitation pure et simple.
Selon l’auteur, l’hybridation est aussi un processus dynamique d’adaptation continue et d’apprentissage
qui peut aboutir, soit à l’émergence de pratiques originales, soit à la transplantation et à l’adaptation des
pratiques étrangères par l’environnement autochtone. Concernant la gouvernance d’entreprise, les
éléments d’hybridation seraient : l’importance de plus en plus élevée du pouvoir des actionnaires
minoritaires ou institutionnels dans l’orientation stratégique des activités des entreprises vers l’objectif
de création de la valeur actionnariale ; la prise en compte croissante des intérêts de toutes les parties
prenantes.
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dominant (un seul individu, une coalition d’acteurs, une famille ou une entreprise
étrangère).
Partant de ce constat on peut se poser la question suivante : en quoi l’étude des
pratiques de gouvernance tirées des discours des dirigeants d’entreprises
sénégalaises présente-t-elle un intérêt indéniable pour comprendre
l’évolution des modèles de gouvernance d’entreprise ?
L’objectif général de cet article est, en partant de l’analyse des discours des
dirigeants des entreprises sénégalaises, de comprendre les logiques sous-tendant
leurs pratiques de gouvernance d’entreprise et l’évolution de ces dernières. Ce qui
nous amène aux objectifs spécifiques suivants :

- Déterminer la représentation que les dirigeants d’entreprise se font de la


propriété et de l’entreprise en général pour trouver normales leurs pratiques
de gouvernance d’entreprise ;
- Identifier les pratiques de gouvernance qui ont cours au sein des entreprises
sénégalaises par l’analyse des discours des dirigeants d’entreprise ;
- Construire une typologie de dirigeants d’entreprise à partir des pratiques de
gouvernance d’entreprise ainsi mises en évidence.

Le présent article est articulé autour de trois sections. La première section examine
les concepts utilisés dans le présent article. La deuxième section décrit la situation
du Sénégal avec l’exposition de la méthodologie de la recherche suivie de celle
des résultats empiriques obtenus. La troisième section constituée de la conclusion
et la discussion fait la synthèse de l’article et présente les perspectives de
recherche.

1. LE CADRE CONCEPTUEL DE L’ETUDE


Il semble indiqué de rappeler le sens des concepts que nous empruntons dans le
cadre du présent article avant de nous engager dans les développements ci-après.
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1.1. UN ESSAI DE DEFINITION DES CONCEPTS

1.1.1. Le concept de gouvernance d’entreprise

La gouvernance d’entreprise est une question aussi vieille que l’entreprise elle-
même (Gomez, 2001). Elle remonte à la naissance de l’activité économique (Wirtz,
2008). Cependant, c’est la séparation entre la propriété du capital et le pouvoir de
gestion dans la société par actions qui a suscité l’intérêt de la problématique de la
gouvernance d’entreprise. A partir de leurs travaux sur la grande entreprise
américaine, Adolf Berle et Gardiner Means (1932) ont montré que cette séparation
désavantageait les actionnaires (propriétaires capitalistes) au profit des managers
qui s’occupaient de la gestion quotidienne de l’entreprise. Ainsi pour réduire, voire
annihiler les risques que faisait peser le comportement des managers sur le
patrimoine des actionnaires, il fallait réguler l’espace discrétionnaire des managers.
La problématique de la gouvernance d’entreprise est abordée sous plusieurs
angles : philosophique (essentiellement de l’ordre de la philosophie politique et
morale), sociologique, économique, gestionnaire et juridique. C’est réellement au
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cours des années 1970-1980 qu’elle devient un objet de réflexion central aux
Etats-Unis d’Amérique et au Royaume-Uni et s’est élargie aux autres pays au
cours de la décennie 1990 avec les différents scandales financiers perpétrés dans
les grandes entreprises comme Enron, Parmalat, etc.
Les définitions de la gouvernance sont légion. Pour Gérard Charreaux (1997), la
gouvernance d’entreprise « recouvre l’ensemble des mécanismes qui ont pour
effet de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants,
autrement dit, qui « gouvernent » leur conduite et définissent leur espace
discrétionnaire ». Dans son acception plus large, la gouvernance de l’entreprise est
« un ensemble de dispositions légales, règlementaires ou pratiques qui délimitent
l’étendue du pouvoir et des responsabilités de ceux qui sont chargés d’orienter
durablement l’entreprise. Orienter l’entreprise signifie prendre et contrôler les
décisions qui ont un effet déterminant sur sa pérennité et donc sa performance »
(Gomez, 2009, p.13).
A la lecture de ces définitions, l’on peut retenir que la gouvernance d’entreprise
porte sur les voies et moyens qui permettent aux actionnaires d’une entreprise de
s’assurer d’un rendement satisfaisant de leurs investissements (Jensen et
Meckling, 1976 ; Shleifer et Vishny, 1997). La gouvernance d’entreprise autorise
les actionnaires à légitimer et contrôler le pouvoir décisionnel que les managers
exercent sur les biens et personnes au sein de l’entreprise afin d’assurer sa
pérennité (Gomez, 2001 et 2009). Elle renvoie donc à des rapports de propriété et
de pouvoir au sein de l’entreprise et pose la façon dont les actionnaires légitiment,
orientent et contrôlent les dirigeants. Ce qui nous amène à nous poser la question
principale suivante : « au nom de quoi a-t-on le droit de diriger une entreprise ? »
En d’autres termes, qu’est-ce qui rend socialement acceptables les actions, les
comportements des dirigeants au sein de l’entreprise ? Selon la philosophie
politique libérale, qui part de la légitimité du pouvoir dans l’entreprise pour analyser
la gouvernance (Gomez et Korine, 2009), c’est au nom de la propriété de
l’entreprise que les propriétaires (actionnaires) légitiment le pouvoir des dirigeants
(Gomez, 1996).
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Partant de ce qui suit, l’on retiendra que la question de la propriété fonde celle de
la gouvernance d’entreprise. En quoi la notion de propriété peut-elle aider à penser
30
l’entreprise et sa gouvernance ? Nous postulerons que l’efficacité et l’efficience
d’un système de gouvernance des entreprises ne peuvent être obtenues que
lorsque ce système est en cohérence avec le régime de droit de propriété qui le
légitime. Il en résulte que pour comprendre les pratiques de gouvernance
d’entreprise dans un pays, il faut comprendre les régimes de propriété institués
dans ce pays et surtout centrer l’analyse sur la manière d’y exercer les droits de
propriété.
D’ailleurs, à partir du croisement des caractéristiques du droit de propriété tel que
défini par l’économie politique libérale, on aboutit à une classification des types de
la propriété. De même, dans l’analyse du processus logique qui permet de justifier
les comportements au sein de l’entreprise, on peut se poser la question suivante :
quelle représentation les dirigeants se font-ils de l’entreprise pour trouver normal

30
La gouvernance d’entreprise traite des dispositifs institutionnels qui contraignent les dirigeants en
abordant l’entreprise sous un angle institutionnel. Alors que le management de l’entreprise qui est
considéré comme l’exercice effectif du pouvoir décisionnel (ou de l’autorité) sur les personnes voit
l’entreprise comme une organisation.
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ce qu’ils font, c’est-à-dire leurs pratiques de gouvernance d’entreprise? La réponse


à une telle question est obtenue dans la manière selon laquelle s’exercent les
formes de propriété. D’autant plus que « la vision de la gouvernance apparaît
contingente au modèle de création et de répartition de la valeur, lequel dépend lui-
même d’une conception particulière de la firme retenue » Charreaux (2002).
De cet exercice on déduit une cartographie des formes d’entreprises. A chaque
type de propriété, on peut faire correspondre un type d’entreprise. Ainsi, à la large
panoplie de types de propriété allant de la propriété individuelle à la propriété
publique répond une autre panoplie de types d’entreprise comprenant les
entreprises individuelle (dite entrepreneuriale), familiale, managériale, coopérative
et publique (Gomez, 1996). Or, même si la problématique de la gouvernance
d’entreprise a été largement étudiée dans le cadre de la grande entreprise, c’est-à-
dire la firme managériale, force est de reconnaître qu’elle intéresse aussi les autres
formes d’entreprise. En effet, selon que l’on se trouve dans une entreprise
individuelle, dans une entreprise familiale, dans une entreprise publique, dans une
filiale d’une entreprise à capitaux étrangers ou dans une entreprise cotée, le mode
de gouvernance est différent. Si cette assertion est admise, il faut noter que
l’environnement institutionnel au sens de North compte beaucoup pour la
compréhension des comportements du dirigeant et de son pouvoir discrétionnaire.
La gouvernance est un phénomène qu’il faut différencier de ses manifestations
très particulières que peuvent être les pratiques de gouvernance.

1.1.2. Les pratiques de gouvernance d’entreprise

La notion de pratique peut être comprise comme la manière propre à un individu


d’exécuter une activité (Whittington, 2002). Couramment utilisée en sciences de
gestion, elle peut être appréhendée dans sa dimension matérielle et concrète
(c’est-à-dire la proximité avec le terrain de recherche) que l’on oppose à la
dimension théorique. Par ailleurs, notons qu’en sciences des organisations, on
assiste au développement d’une logique de Practice-Based View où la pratique
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devient un nouvel objet à détermination stratégique. C’est ainsi que l’on parle de
pratiques marketing, de pratiques comptables, de pratiques financières, de
pratiques des ressources humaines, etc.
La notion de pratique est proche de celle d’expérience avec laquelle elle partage la
référence à la conscience et à l’immersion. Elle correspond aussi aux
phénomènes, aux relations de pouvoir, bref aux faits observables que l’on peut
décrire dans telle entreprise analysée (Gomez, 1996). La pratique englobe
l’ensemble des actes observables, des actions, des conduites, mais aussi les
procédés par lesquels l’activité est mise en œuvre dans une situation donnée
(Whittington, 2006). En ce sens, les pratiques sont influencées par les
représentations sociales. C’est pourquoi il est pertinent de rappeler l’importance de
celles-ci dans leur rôle d’opérateur lorsque l’on s’intéresse aux pratiques
organisationnelles en général et aux pratiques de gouvernance en particulier.
La gouvernance d’entreprise regroupe les organes de représentation (assemblée
générale d’actionnaires), les organes exécutifs (conseil d’administration, son
président, le directoire, le directeur général) et les organes de contrôle (conseil de
surveillance et comité d’audit). Les pratiques de gouvernance souvent recensées
dans les travaux de recherche académiques portent généralement sur la manière
de mettre en place ces organes, sur leur composition et fonctionnement. Ainsi en
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est-il de la composition et du fonctionnement du conseil d’administration (ou du


conseil de surveillance et des comités spécialisés), de la convocation de
l’assemblée générale des actionnaires et du déroulement de ses réunions, de
l’exercice du pouvoir des actionnaires minoritaires, de l’exercice du pouvoir
discrétionnaire des dirigeants, du recours à la confiance et au clientélisme comme
mécanismes de gouvernance d’entreprise. La définition et l’application des règles
de répartition des droits entre les organes, mais aussi les processus de prise de
décision entrent dans le cadre des pratiques de gouvernance. Dans cet article
nous proposons une analyse systématique du pouvoir des dirigeants et les formes
de son application en nous appuyant sur la théorie de la représentation sociale.

1.2. LES PRATIQUES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE A L’AUNE DE LA


THEORIE DE LA REPRESENTATION SOCIALE

Beaucoup d’auteurs ont montré que la combinaison des facteurs économiques, de


l’héritage social, politique, historique et culturel d’une nation influe sur l’évolution
de son modèle de gouvernance des entreprises (Pedersen et Thomsen, 1997,
1999). En quoi la représentation sociale permet-elle de comprendre les pratiques
de gouvernance des entreprises ?
Pour aller plus loin dans notre démonstration, il est utile de définir la notion de
représentation sociale. Celle-ci est définie par Abric (1997), comme étant « le
produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe
reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification
spécifique ». C’est donc un système d’interprétation qui régit nos rapports avec nos
semblables et avec le monde dans lequel nous vivons. Ce système a pour rôle
essentiel de guider et d’organiser les conduites des individus et groupes et les
communications sociales (Moscovici, 1961). La représentation sociale assure
quatre fonctions principales à savoir :

- la fonction de code commun. La représentation sociale permet, à travers un


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code commun, à tous les membres d’un groupe social de partager la
compréhension et d’accorder la même explication à la réalité qui les entoure ;
- la fonction de guide des comportements et des pratiques. En effet, « il n’y a
pas de pratiques qui ne se fondent sur la logique de modèles de
comportements » (Gomez, 1996, p.10). Ce sont les représentations sociales
qui donnent leur sens aux pratiques et aux phénomènes observables dans
l’entreprise. Par conséquent, elles vont influer de manière essentielle sur les
pratiques de gouvernance d’entreprise ;
- la fonction de justification des attitudes et des choix effectués. Les pratiques
de gouvernance d’entreprise peuvent être conduites selon des modèles
explicites ou implicites qui justifient et fondent tel ou tel autre comportement
des acteurs des systèmes nationaux de gouvernance. Cela est on ne peut
plus clair lorsque l’on considère que chaque pays produit des institutions et
des règles particulières qui établissent le système de gouvernance approprié
pour ses entreprises ;
- et enfin la fonction identitaire. La représentation sociale permet de construire
des identités qui se développent à travers l’appartenance des individus à un
groupe social par le processus d’intériorisation des pratiques et des codes
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de conduite. Ainsi, la forme de gouvernance d’entreprise dépend de la


société sur laquelle elle s’appuie et évolue avec elle (Gomez et Korine,
2009, p.11).

Nous avons montré que c’est au nom du droit de propriété qu’il revient aux
dirigeants d’orienter durablement l’entreprise, c’est-à-dire définir les stratégies et
les mettre en œuvre à travers des décisions opérationnelles permettant de
pérenniser l’entreprise. Est-il possible de distinguer des profils de dirigeants
d’entreprise en partant des représentations qu’ils ont de leurs pratiques d’une part
et de celles-ci elles-mêmes d’autre part ?

1.3. LA TYPOLOGIE DES DIRIGEANTS COMME CLE DE LECTURE DE


L’EVOLUTION DES PRATIQUES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE

Les travaux sur l’entrepreneuriat, en particulier dans les PME, ont porté sur le
dirigeant, ses objectifs, ses représentations de l’entreprise et du système de
gestion de celle-ci. Ces travaux ont mis en évidence plusieurs profils de dirigeants.
Ces différents travaux se fondent sur les motivations des entrepreneurs (Laufer,
1975), les styles de management (Laufer, 1975 ; Miles et Snow, 1978 ; Julien et
Marchesnay, 1996 ; Marchesnay, 1998 ; Filion, 1999), les objectifs individuels ou
managériaux (Siu, 1995). Cependant, on notera que, dans le domaine de la
gouvernance d’entreprise, Charreaux (1997) a construit une typologie de
mécanismes de gouvernance d’entreprise en croisant leurs caractères
intentionnels (ou non intentionnels) et spécifiques (ou non spécifiques). Il en est de
même pour Gérard Hirigoyen (2008) qui a construit une typologie sur la
gouvernance des entreprises familiales. Le constat effectué est que toutes les
typologies jusqu’ici présentées sont construites selon l’objet d’étude des auteurs.
Nous proposons une typologie de dirigeants d’entreprise en la centrant sur les
représentations de ces derniers relativement à leurs pratiques de gouvernance.
Cette typologie permettra de comprendre l’évolution des systèmes nationaux de
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gouvernance des entreprises en rapport avec les sociétés dans lesquelles
s’inscrivent les entreprises dont on étudie la gouvernance.

2. ILLUSTRATION A TRAVERS LE CAS SENEGALAIS

2.1. METHODES DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES

2.1.1. Collecte des données

L’étude a porté sur les dirigeants des entreprises sénégalaises situées dans la
région de Dakar, vu la forte concentration des entreprises publiques et privées
nationales dans cette région. Nous avons combiné les méthodes quantitative
(utilisation d’un questionnaire) et qualitative (via un guide d’entretien). D’une part,
sachant que seuls trente-huit (38) des quarante-deux (42) questionnaires remplis
par les managers et récupérés par nos soins étaient traitables et effectivement
traités via le logiciel Sphinx Plus 2, nous utilisons les résultats à titre illustratif. En
effet, même si la loi des grands nombres recommande de partir d’un effectif
minimal de 30, les trente-huit (38) questionnaires nous paraissent insuffisants pour
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obtenir une représentation statistique très significative et généralisable des


dirigeants des entreprises sénégalaises.
D’autre part, nous avons utilisé l’entretien semi-directif en ce qu’il est un instrument
privilégié pour collecter des données portant sur les représentations que les
31
individus ont de leurs actions et des actes qu’ils posent. Malgré ses insuffisances ,
l’entretien semi-directif a pour avantage principal de recueillir des données reflétant
la pensée, les représentations des acteurs interviewés, les réponses étant fournies
de manière spontanée aux questions qui sont posées. Vingt-quatre (24) entretiens
ont été effectués auprès des managers, des présidents de conseil d’administration,
des experts comptables et assimilés et des universitaires dont vingt (20) parmi ces
entretiens ont été retenus pour l’analyse.
32
2.1.2. Traitement des données recueillies

Avec l’analyse thématique, nous avons cherché à faire émerger les pratiques de
gouvernance d’entreprise opérées par les dirigeants des entreprises sénégalaises
à partir de leurs propres représentations de la propriété et de l’entreprise. Nous
avons procédé au découpage thématique de notre corpus textuel en nous fondant
sur des unités d’analyse et de contexte (Bardin, 2003 ; De Allard-Poesi et
Maréchal, 2007) que nous avons classées dans des catégories définies en
fonction de l’objet de la recherche.
Notre travail a consisté à repérer des thèmes et sous-thèmes qui ont composé le
discours des acteurs du gouvernement des entreprises au Sénégal que nous
avons interviewés en regroupant, question par question, au sein d’une même liste
de mots, les mots ou expressions du corpus textuel dont la signification est
commune. Un thème peut comporter plusieurs sous-thèmes. Les thèmes et sous-
thèmes sont définis à partir de leur signification et de leur unité d’analyse. Par
exemple pour le thème « Rôle de la confiance dans la pratique des affaires »
quatre sous-thèmes ont été dégagés à savoir : « Respect de la parole donnée » ;
« Préférence pour les promesses orales » ; « Partage des mêmes valeurs morales
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et philosophiques » ; « Fidélité, loyauté et honnêteté. Ce dernier sous thème
correspond aux valeurs défendues par la société sénégalaise. Il est associé à
l’unité d’analyse « Posséder des valeurs cardinales ».
Pour faciliter la manipulation des thèmes, nous en avons réduit le nombre en les
regroupant en fonction de leur proximité syntaxique et en supprimant ceux qui
nous semblent redondants. Notons que la fiabilité du codage dépend de la
précision dans la définition des unités d’analyse et des catégories et de leur
concision. A la suite du codage et de la catégorisation des données, un comptage
des occurrences des thèmes et sous-thèmes avancés dans les vingt (20) réponses
de chacune des vingt-cinq (25) questions posées aux dirigeants des entreprises
sénégalaises a eu lieu pour voir l’importance que ces dirigeants leur ont accordée.
Nous avons calculé le taux d’occurrence et la fréquence absolue des thèmes et
sous-thèmes, mais aussi la fréquence des sous-thèmes par rapport aux thèmes.
Le taux d’occurrence du sous-thème est défini par le rapport entre le nombre

31
L’inconvénient de cette dernière méthode est que la reproductibilité de la méthode de collecte des
données et la généralisation des résultats obtenus sont limitées en ce que les informations recueillies
sont quasi spécifiques aux acteurs et à leur environnement (Allard-Poesi et Maréchal, 2007).
32
Pour avoir plus de détails sur le traitement des données recueillies cf. MENDY (2010).
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d’occurrences du sous-thème et le nombre des individus interrogés. Il désigne la


présence moyenne du thème dans le discours de chaque dirigeant interrogé.
La fréquence absolue d’un thème ou sous-thème est obtenue par le calcul du
rapport entre le nombre d’occurrence du thème ou sous-thème en question et le
nombre total d’occurrences de l’ensemble des thèmes ou sous-thèmes. Elle
permet donc de voir le poids ou la valeur que les dirigeants des entreprises
sénégalaises accordent à chaque thème ou sous-thème dans leurs discours.

2.2. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

2.2.1. Type de propriété

L’analyse thématique montre qu’il existe trois principaux types de propriété


auxquels les acteurs du monde des affaires sénégalais font quotidiennement
référence. Il s’agit de la propriété privée individuelle, de la propriété publique et de
la propriété collective familiale (qui peut aussi être considérée comme une
propriété privée des membres d’une famille).
Ainsi, la structure de propriété des entreprises sénégalaises est marquée, selon
nos interlocuteurs, par une forte domination des entreprises familiales, individuelles
et publiques (ou parapubliques). Cette prépondérance des entreprises familiales
ou individuelles et publiques dans l’économie sénégalaise s’explique par une forte
concentration de la propriété au profit des familles et d’acteurs individus d’une part,
et l’intervention de l’Etat dans des secteurs dits de souveraineté. En effet, même si
l’entreprise sénégalaise est juridiquement constituée sous la forme d’une SARL ou
SA, la répartition de son capital reste pour l’essentiel privée et confinée dans
l’entourage familial ou amical (Sall, 2002), surtout pour le cas des petites et très
petites entreprises, l’Etat n’étant présent que dans les grandes entreprises.

2.2.2. Perception de l’entreprise


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Les résultats obtenus avec l’analyse thématique montrent que beaucoup de
dirigeants des entreprises privées confondent leur patrimoine personnel avec celui
de leur entreprise (le patrimoine professionnel). Cela peut s’expliquer par le fait
que d’une part le monde des affaires sénégalais est marqué par l’importance de la
propriété familiale qui coexiste avec d’autres régimes différents de propriété telle
que la propriété individuelle (Gomez et Mendy, 2005) et d’autre part, l’entreprise
est considérée comme un « bien individuel » appartenant à son créateur, son
fondateur, avant d’être vue comme une « personne morale distincte » de son
propriétaire, puis comme un « bien appartenant à la collectivité ou communauté
familiale ». Enfin, pour les dirigeants interrogés, l’entreprise est un lieu de tissage
des liens sociaux, un « lieu de socialisation » où l’imbrication entre les individus
prime sur les relations professionnelles. L’influence du modèle mental partagé est
prégnante dans la conception de l’entreprise et de son rôle vis-à-vis de la société,
surtout dans le monde de la très petite et de la petite entreprise que d’aucuns
appellent le monde de l’informel. L’entreprise n’est pas considérée comme le lieu
de réalisation à long terme des projets portés par un individu ou le lieu
d’accomplissement personnel, mais plutôt comme une source de revenus pour la
satisfaction des besoins matériels et financiers ou un lieu de socialisation. Près de
64 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
__________________________________________________________________________________

33
81 % des dirigeants interrogés par le biais du questionnaire trouvent que
l’entreprise est un clan (10,8 %) ou une famille (70,3 %).

2.2.3. Les pratiques de gouvernance dans les entreprises sénégalaises

A présent, nous présentons les différentes facettes des pratiques tirées des
discours des chefs d’entreprises sénégalaises.

2.2.3.1. La centralité du propriétaire-gestionnaire de l’entreprise

Entretenue dans la fusion de l’entreprise en tant que propriété privée et de la


personne du propriétaire (les entreprises utilisent souvent les noms de leurs
fondateurs comme la tradition répandue et encore respectée en Occident),
l’importance du pouvoir du dirigeant propriétaire relève du fait qu’il est de coutume
de confondre la propriété privée (pouvant être transférée à d’autres individus) et la
propriété personnelle (intime et indissociable de son propriétaire). Comme le
témoigne l’analyse des entretiens, si théoriquement ou dans le principe les deux
patrimoines sont différents, dans la réalité il est très difficile d’observer leur
détachement. En effet, l’entreprise est incorporée dans la personne de son
fondateur pour l’entreprise familiale et individuelle et de son directeur général pour
l’entreprise publique.
La « Centralité du dirigeant de l’entreprise » est perçue dans la « Gestion
hégémonique de l’entreprise » dont le taux d’occurrence est de 0,55, la « Critique
de la patrimonialisation de l’entreprise » (1,1 de taux d’occurrence et 36,67 % de
fréquence par rapport au thème) et la « Vision patrimonialiste de l’entreprise ». Ce
dernier sous-thème obtient la valeur la plus importante aux yeux de nos
interlocuteurs avec son taux d’occurrence égal à 1,35 et sa fréquence par rapport
au thème équivalant à 45 %. Les pratiques de gouvernement des entreprises dans
les entreprises sénégalaises sont guidées par le paternalisme des fondateurs ou
chefs d’entreprise.
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L’omniprésence du fondateur dans la marche de l’entreprise finit par influencer le
choix des mécanismes de gouvernance de l’entreprise familiale ou individuelle.
Ainsi, les valeurs portées par le fondateur, sa personnalité, son expérience, son
mode de pensée, sa vision de l’avenir et son style de direction peuvent être perçus
dans le fonctionnement et la culture de l’entreprise individuelle ou familiale (Fredy-
Planchot, 2002). Concernant le rôle des parties prenantes dans la gouvernance
des entreprises sénégalaises, les dirigeants interrogés reconnaissent
unanimement la prépondérance des intérêts et du pouvoir discrétionnaire du
propriétaire de la firme sur ceux des autres parties prenantes. Il ressort des
entretiens que le propriétaire-gestionnaire de l’entreprise sénégalaise tient sa
légitimité au fait qu’il possède le capital financier.
Cependant, il ne faut pas voir dans ce phénomène une importation des pratiques
occidentales et vouloir considérer le primat du propriétaire comme le résultat d’une
forme de sacralisation de la propriété privée qui serait enracinée dans les
référentiels collectifs des acteurs économiques sénégalais, car la propriété privée
ou l’entreprise sous sa forme moderne, n’est pas encore bien ancrée dans le

33
Les 38 questionnaires retenus parmi les 42 qui nous ont été renvoyés par les managers des
entreprises sénégalaises ont fait l’objet d’un traitement statistique à l’aide du logiciel le Sphinx Plus2.
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 65
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référentiel sociologique africain à cause de la très courte et récente histoire


34
économique (au regard du capitalisme) de ce pays.

2.2.3.2. La confiance comme mode de gouvernance d’entreprise

La confiance joue un rôle important en tant que pratique de gouvernance


d’entreprise au Sénégal où les promesses orales sont encore largement usitées.
Chez les acteurs économiques sénégalais, la confiance se traduit par « le respect
de la parole donnée », la « préférence pour les promesses orales ». La promesse
d’une partie est prise pour un engagement à respecter, une obligation à exécuter.
Les dirigeants interrogés mettent l’accent sur les valeurs de « fidélité, loyauté et
honnêteté » comme principal facteur de confiance, mais aussi sur le « partage des
mêmes valeurs morales, philosophiques ». C’est essentiellement sur la base des
contrats oraux non formalisés que fonctionne l’entreprise africaine (Boungou-
Bazika, 2005).
Comme le confirme un de nos interlocuteurs, « la confiance peut faire que l’on ne
demande pas les contrats écrits, surtout en cas de transaction urgente » (entretien
D.B). La dimension morale des rapports sociaux particulièrement élevée dans les
sociétés africaines donne à la confiance une force réprobatrice des comportements
déviants. Les contractants qui n’honorent pas leurs engagements sont souvent
exclus de leurs réseaux sociaux. La possibilité d’un blâme, voire d’une exclusion
du réseau d’échange en cas de trahison, permet donc de perpétuer la relation de
confiance entre les acteurs du système de gouvernance des entreprises.
Cela tend à augmenter la conviction des acteurs sur le fait de procéder à des
transactions sans se fonder sur des preuves écrites. Cette conviction que tous les
adhérents respectent la parole donnée (et donc leurs engagements) renforce la
cohérence des éléments du système de gouvernance des entreprises et le rend
donc plus convaincant au regard des acteurs. Ces derniers se conforment de ce
fait à un comportement normé et solidaire d’une représentation commune. Or,
l’adoption d’un comportement normé conduit à la croyance à l’efficacité du système
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de gouvernance des entreprises et à son maintien.

Au niveau des entreprises individuelles ou familiales (les deux types constituant


l’essentiel des entreprises sénégalaises) les membres du conseil d’administration
(lorsqu’il existe) se fient aux talents, à la compétence du dirigeant dans la prise de
décision. Ils lui accordent souvent toute la latitude, car étant persuadés qu’il le fait
selon l’intérêt de l’entreprise. Ainsi, les mécanismes de contrôle contraignant
s’appliquent rarement à ce niveau. C’est la famille ou le groupe d’appartenance qui
constitue l’organe de contrôle du pouvoir des dirigeants.

2.3. QUATRE PROFILS DE DIRIGEANTS DES ENTREPRISES SENEGALAISES

La nature du système de gouvernance des entreprises sénégalaises dépend de la


capacité des dirigeants des entreprises à intégrer des contraintes d’efficacité
institutionnelle et de rentabilité économique. Nous avons décelé que les pratiques

34
Rappelons encore une fois qu’il a fallu à l’Occident plusieurs siècles de débats idéologiques avant de
voir la propriété privée, et partant l’entreprise telle qu’on la connaît actuellement, s’installer dans les
mœurs, cf. Mendy, 2010, chapitre 2.
66 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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de gouvernance des entreprises sénégalaises se fondent sur les logiques


économiques et institutionnelles. La combinaison sophistiquée de ces logiques
implique les différents types de pratiques de gouvernance d’entreprise.
Pour caractériser l’une ou l’autre logique, nous avons compté le nombre de fois
que les dirigeants des entreprises sénégalaises ont recours aux thèmes tels qu’ils
apparaissent dans leur discours. Il en découle des formes de pratiques de
gouvernance d’entreprise en lien avec les logiques qui les sous-tendent.
Nous pouvons alors dégager quatre (04) profils de dirigeants selon leur référence
aux logiques économique et institutionnelle des pratiques de gouvernance des
entreprises sénégalaises.

2.3.1. Le dirigeant Casanier

Chez ce dirigeant, on note le faible recours à la logique économique comme


logique de justification de ses pratiques de gouvernance d’entreprise. Il s’agit plutôt
d’un dirigeant sénégalais trop influencé par les représentations sociales collectives,
car, par hypothèse, c’est un autodidacte qui n’a pas été formé à l’école occidentale
et qui est très attaché à ses traditions et coutumes. Pour lui, l’entreprise n’a de
sens que lorsqu’elle est au service de la communauté.
Le dirigeant casanier est guidé par la tradition du don et contre don. Dans son
comportement on peut déceler la présence de la réciprocité et de la redistribution.

La réciprocité est observée à deux niveaux :

- d’abord, dans le fait qu’il y a obligation de donner et de rendre, obligation


dictée, non pas par une crainte juridique quelconque, mais par quelque
chose de plus intime encore, à savoir les liens de parenté, d’amitié, de
voisinage, d’affiliation tribale ou quelque autre forme de relation sociale ;
- ensuite, la réciprocité est observée dans le paiement socialement obligatoire
de biens matériels, d’objets utilisés comme monnaie ou de main-d’œuvre à
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une autorité centrale traditionnelle, politique ou religieuse. Cette autorité va,
quant à elle, utiliser ces recettes non seulement pour son propre usage,
mais également pour dispenser des services à la collectivité (défense du
groupe et organisation des fêtes, par exemple), pour récompenser ceux qui
lui ont rendu certains services ou en guise de secours d’urgence en cas de
détresse individuelle ou collective.

2.3.2. Le dirigeant Résident

C’est le dirigeant d’entreprise d’origine occidentale qui a longtemps vécu au


Sénégal. Ce dirigeant a tendance à équilibrer les deux logiques dans leur
utilisation selon la situation de gouvernance des entreprises. Il structure ses
pratiques de gouvernance des entreprises en fonction des représentations
collectives partagées dans son pays d’origine et des contingences locales dérivant
du référentiel sociologique de son pays d’accueil (sa trajectoire individuelle).
Notons, cependant, que la logique économique est légèrement plus sollicitée
comme logique de justification des pratiques de gouvernance des entreprises du
dirigeant Résident.
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 67
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2.3.3. Le dirigeant Transhumant

C’est le cas typique des dirigeants africains qui ont séjourné pendant une certaine
période relativement longue dans les pays occidentaux ou ont travaillé avec les
Occidentaux comme principaux partenaires. On peut aussi assimiler ce dirigeant à
ces jeunes dirigeants africains qui ont fréquenté les écoles de gestion occidentales
ou ont été formés sur la base de programmes similaires. Etant partagé entre d’une
part les défis que le climat international des affaires impose à toute entreprise
désirant être compétitive et d’autre part leur sentier historique, le transhumant a
tendance à équilibrer les deux logiques dans leur utilisation selon la situation de
gouvernance des entreprises.
La rigueur économique, inculquée par l’esprit cartésien occidental, est souvent
combinée à son émotion nègre comme le disait Senghor. Il observe les
mécanismes de gouvernance des entreprises en fonction des représentations
sociales collectives africaines et de ses trajectoires individuelles à mesure qu’il
rencontre d’autres civilisations que la sienne. Cela se détend sur son pouvoir
décisionnel. Ainsi par exemple, s’il reconnaît le poids important de la famille dans
ses décisions, le dirigeant Transhumant préfère recruter parmi les siens ceux qui
ont les compétences dont il a besoin. Il n’hésitera pas d’ailleurs à recourir aux
services d’un cabinet de conseil en ressources humaines pour échapper à la
pression communautaire qu’il n’ignore pas.
Le dirigeant Transhumant fait des compromis entre les pratiques traditionnelles
fondées sur des critères relationnels et les méthodes modernes guidées par
l’obtention du profit. Il procède donc à une adaptation casuelle de ces modèles. On
note chez lui l’existence « des tactiques de bricolages, conscients et volontaires,
entre des réalités locales et étrangères, mais aussi des pratiques souterraines
probablement involontaires, inconscientes qui, bien sûr, s’inscrivent dans la longue
35
durée, et des pratiques de réappropriation et de métissage » (Elikia Mbokolo ,
2005, p.11). Ce que nous définissons par une hybridation des pratiques de
gouvernance des entreprises.
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2.3.4. Le dirigeant Campeur

Le dirigeant Campeur est typiquement le dirigeant occidental qui est nouvellement


arrivé en Afrique c’est-à-dire à une période inférieure à dix ans. Il est très imprégné
des représentations sociales occidentales à dominance libérale. Il voit sa mission
comme celle qui consiste à faire fructifier l’argent des actionnaires. L’entreprise a
vocation à produire des richesses pour ses actionnaires, tout en assurant sa
pérennité. La logique institutionnelle, en particulier la logique socioculturelle est
faiblement comme logique justificative de ses pratiques de gouvernement des
entreprises.
Le dirigeant Campeur privilégie la réussite économique et relègue souvent au
second plan les questions sociales. Il peut tolérer certains principes liés au
contexte socioculturel local, mais dans une proportion faible. L’entreprise prime sur
tous les autres intérêts et le plus important est de maximiser la valeur pour les
actionnaires, gage de pérennité et de réussite de l’entreprise.

35
M’bokolo E. in Kuyu, M.C. (dir.), (2005), « A la recherche du droit africain du XXIème siècle », Les
Editions Connaissances et Savoirs, Paris.
68 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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DISCUSSION ET CONCLUSION
L’absence de modèle référentiel absolu permet d’expliquer la diversité des
pratiques selon les situations de gestion auxquelles les dirigeants des entreprises
sénégalaises font face. On est non pas en présence d’un nouveau modèle de
gouvernement d’entreprise, mais d’une matrice de pratiques de gouvernance
d’entreprise qui se voit assigner un double rôle. D’une part, cette matrice de
pratiques permet l’émergence d’un champ de pratiques inédites, d’autre part, elle
fait entrevoir le maintien de pratiques s’appliquant souvent de manière isolée selon
les situations de gestion.

Les résultats de cette étude montrent qu’il y a un phénomène d’hybridation des


modèles occidentaux de gouvernance des entreprises à leur contact avec le
monde des affaires africain. Ce processus d’hybridation des pratiques de
gouvernance d’entreprise est marqué par l’apparition des principes inspirés des
modèles dominants occidentaux et la persistance des déterminants des modèles
mentaux partagés locaux. L’adoption des modèles occidentaux de gouvernance
d’entreprise, même par l’élite managériale sénégalaise, ne garantit pas que la
pratique soit conforme aux normes ainsi importées. Elle ne garantit pas non plus
que ces modèles se généralisent.
Les pratiques de gouvernance des entreprises au Sénégal sont le résultat de
bricolages que les dirigeants des entreprises sénégalaises effectuent en puisant
dans les différents modèles de gouvernance se référant à des formes de propriétés
différentes, les éléments qui les arrangent. Cet « arrangement » institutionnel
définit des hybridations par emprunts sans aboutir à un modèle hybride unique.
C’est un bricolage qui concilie l’efficacité économique et la solidarité
communautaire ou clanique en formalisant les pratiques fondées sur la confiance
et le contrôle (la première n’excluant pas le dernier).

L’analyse que nous avons menée à partir d’une approche qualitative n’est
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qu’exploratoire. Elle témoigne de la difficulté de plaquer des méthodes
scientifiques occidentales dans le contexte sénégalais (statistiques, enquête de
grande échelle), mais elle peut constituer un préalable souhaitable à de futures
études quantitatives sur la gouvernance d’entreprise en Afrique. En effet, la
question des représentations étant difficile à manipuler, il est plus commode de
procéder d’abord à une étude qualitative exploratoire avant d’emprunter une
approche quantitative fondée sur une démarche hypothético-déductive. Nous
avons tenté de combiner les deux méthodes en soumettant un questionnaire à nos
interlocuteurs et en les interrogeant à l’aide d’un guide d’entretiens semi-directifs,
mais cela reste, bien entendu, à développer sur une plus grande échelle.
L’objectif général de cet article est, en partant de l’analyse des discours des
dirigeants des entreprises sénégalaises, de comprendre les logiques sous-tendant
leurs pratiques de gouvernance d’entreprise et l’évolution de ces dernières. En
étudiant particulièrement leurs représentations, nous avons montré que le contexte
sénégalais est différent du contexte occidental fondé sur la propriété privée
individuelle, essence de l’entreprise telle qu’elle est connue actuellement.
L’attachement des dirigeants sénégalais aux valeurs traditionnelles de solidarité et
leur ancrage dans la famille ont contribué à la création de l’entreprise fondée
essentiellement sur la propriété familiale ou individuelle. Or, la gouvernance
VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE 69
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d’entreprise est cohérente avec le régime de propriété qui le légitime lorsque ses
mécanismes s’ajustent à un système socialement construit de normes qui
définissent les actions considérées comme désirables par les différentes parties
prenantes.

Nous avons vu que la gouvernance des entreprises sénégalaises est caractérisée


par l’importance du pouvoir des dirigeants d’entreprise qui se traduit dans la variété
de ses manifestations. Cette variété répond à la nature de la combinaison des
logiques économique et institutionnelle observées dans les discours recueillis.
L’analyse de ces différentes combinaisons a abouti à la mise en évidence des
concepts de Casanier, Résident, Transhumant, Campeur pour comprendre les
différentes représentations des dirigeants des entreprises sénégalaises en matière
de gouvernance d’entreprise. Ce résultat confirme l’existence d’une diversité de
pratiques de gouvernance des entreprises selon les trajectoires individuelles
constituées des expériences personnelles des dirigeants et selon leurs
représentations sociales collectives.

Comment peut-on imaginer l’évolution au Sénégal ? Un modèle de gouvernement


des entreprises ne pourra s’enraciner que si les représentations sociales
individuelles des acteurs économiques sont cohérentes avec les représentations
sociales collectives. C’est donc de la réussite du bricolage entre ces deux types de
représentations sociales que sera défini le modèle de gouvernement des
entreprises sénégalaises que nous considérerions comme un modèle hybride
embrassant quelques éléments universels généralisables des modèles
occidentaux et d’autres spécifiques aux représentations sociales collectives au
Sénégal.

L’hybridation montre que les dirigeants sont certes enracinés dans leur
environnement institutionnel, mais sont ouverts à l’extérieur. L’approfondissement
de cette catégorie intermédiaire de dirigeants présente un intérêt indéniable et
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permettra sans doute de répondre aux questions suivantes : quelles sont les
caractéristiques individuelles des dirigeants de cette catégorie (âge, études, degré
d’ouverture) ? Quel est leur degré d’intégration dans leur famille ? Quelles sont les
pratiques que l’on abandonne facilement ? Quelles sont celles qu’il faut maintenir
sous peine de rompre avec le groupe d’appartenance ? Les compromis conduisant
à l’hybridation résultent-ils de pratiques volontaires ou inconscientes ?
70 VSE : VIE & SCIENCES DE L’ENTREPRISE
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