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Sommaire

Introduction……………………………………………………………………...1

Descriptif des compétences……………………………………………………...2

Tableau récapitulatif des différentes séquences…………………………………3

Séquence 1……………………………………………………………………….4

Séquence 2……………………………………………………………………….5

Séquence 3……………………………………………………………………….6

Séquence 4……………………………………………………………………….7

Séquence 5……………………………………………………………………….8

Séquence 6 (poésie)……………………………………………………………...9

Séquence 7 ( intégration)……………………………………………………….10

Séquence 8 (évaluation sommative)……………………………………………12

Fiches pédagogiques détaillées de la 4 ème séquence…………………………13

Référentiel des valeurs…………………………………………………………24

Annexes………………………………………………………………………...26
Introduction

L’enseignement est un acte réfléchi et bien structuré parce que basé sur
une planification rigoureuse. Ainsi, l’enseignement-apprentissage du français au
cycle secondaire qualifiant se veut-il être à base de projets pédagogiques
s’articulant principalement autour d’œuvres intégrales et ce dans la perspective
de la pédagogie de l’intégration.

En effet, l’étude de toute œuvre intégrale programmée s’inscrit dans le


cadre d’un module qui devrait déboucher sur la maîtrise d’une macro-
compétence. Pour faire, le professeur est amené à élaborer, pour chaque module,
un ensemble de séquences subdivisées en activités de mise en œuvre dont le
décloisonnement participe à l’acquisition des compétences escomptées.

Ainsi, dans ce présent travail, il est question de la conception du module


« Le dernier jour d’un condamné » de V. Hugo programmé en première année
du cycle du baccalauréat.

Ceci dit, pour mettre en exergue ce module, nous lui avons prévu tout un
arsenal didactique comportant les éléments suivants :

- descriptif des compétences ;

- tableau récapitulatif des différentes séquences ;

- descriptif de chaque séquence ;

- fiches pédagogiques des différentes activités de mise en oeuvre de la 4 ème


séquence ;

- référentiel des valeurs ;

- annexes (supports didactiques).


 Compétence d’intégration : Produire un texte à visée argumentative en vue
de défendre une thèse.

 Compétences intégrées :

• Identifier et reconnaître le roman à thèse.

• Etudier le rôle du paratexte dans un roman à thèse.

• Identifier le rôle de l’énonciation dans l’argumentation.

• Raconter pour argumenter.

• Décrire pour argumenter.

• Exprimer son point de vue en l’étayant d’arguments.

• Rédiger un plaidoyer ou un réquisitoire.

• Reconnaître les caractéristiques de la poésie engagée.

• S’initier à la sémiologie de l’image.

• S’exprimer oralement à partir de divers supports médiatiques (court-


métrage, image, etc.).

• Mobiliser les ressources acquises dans la résolution des situations-


problèmes complexes.
Tableau récapitulatif des différentes séquences

Les activités de mise en œuvre

Lecture Langue Activités orales et Production écrite


travaux encadrés

Entrée dans l’œuvre :

Séquence 1 Le paratexte Le lexique de la justice exposés sur le genre de l’œuvre, la biographie de


l’auteur et le contexte historique

Séquence 2 Lecture méthodique La phrase complexe Raconter un bon ou un Raconter un bon ou


mauvais souvenir un mauvais souvenir
Chapitre I

Séquence 3 Lecture méthodique Quelques figures de style Débat : Pour ou contre la Sujet : Pour ou contre
d’opposition : l’antithèse, peine de mort la peine de mort
Chapitre XIII l’antiphrase et l’oxymore

Séquence 4 Lecture analytique Le registre polémique S’exprimer à partir d’une Sujet : rédiger un
image reflétant un fait plaidoyer ou un
Chapitre XXIII pathétique. réquisitoire

Séquence 5 Lecture linéaire Les registres tragique et Jeux de rôle : plaidoyer Imaginer une autre
pathétique et réquisitoire au tribunal fin, un autre
Chapitre XLIX concernant le condamné dénouement de
à mort l’histoire.

Poème : « Afrique mon Les subordonnées Projection d’un court Synthèse de deux
Afrique » de David Diop circonstancielles métrage « Nini ya textes argumentatifs
Séquence 6 hypothétiques Moumou » de Rachid El
Ouali suivi d’un débat.

Séquence 7 Séquence d’intégration

Séquence 8 Séquence d’évaluation sommative


Compétence intégrée : Identifier et reconnaître le roman à thèse

Travaux encadrés Lecture Langue


Activités

Exposés sur le genre de l’œuvre, la Le paratexte Le lexique de la


Contenus

biographie de l’auteur et le contexte justice


historique

* Identifier le genre de l’œuvre, la * Amener les * Reconnaître le


biographie de l’auteur et le contexte élèves à analyser le lexique de la justice
historique. paratexte de
Capacités

l’œuvre. * Utiliser le lexique


de la justice.
Compétence intégrée : Identifier le rôle de l’énonciation dans l’argumentation
Activités

Lecture Langue Activités Activités de


méthodique orales production
écrite

« Le Dernier jour La phrase Raconter un bon ou Raconter un bon ou


Contenus

d’un condamné » complexe un mauvais souvenir un mauvais souvenir

Chapitre I

- Identifier la - Distinguer la - S’exprimer - Rédiger un récit


situation phrase simple de la oralement en en racontant un bon
d’énonciation. phrase complexe racontant un bon ou ou un mauvais
un mauvais souvenir souvenir
- Distinguer les - Produire des
énoncés ancrés et phrases complexes
les énoncés coupés
Capacités

de la situation
d’énonciation.

- Comprendre la
tonalité d’un texte
et l’effet produit.

Compétence intégrée : Décrire pour argumenter


Activités Lecture Langue Activités orales Activités de
méthodique production
écrite
« Le Dernier jour Quelques figures Débat : Pour ou Sujet : Pour ou
d’un condamné » de style contre la peine de contre la peine de
mort mort
Contenus

d’opposition :
Chapitre XIII
l’antithèse,
l’antiphrase et
l’oxymore

- Distinguer les - Identifier les - Exprimer son point - Exprimer son


passages descriptifs figures de style de vue à propos de point de vue tout
des passages d’opposition la peine de mort en en argumentant
narratifs. l’étayant
- Produire des d’arguments
- Identifier les énoncés où
champs lexicaux et figurent les figures
en dégager une de style
Capacités

impression. d’opposition

- identifier les
figures de style et
leur rôle dans
l’argumentation

Compétence intégrée : Produire un plaidoyer ou un réquisitoire


Activités

Lecture Langue Activités orales Activités de


analytique production
écrite
Contenus

« Le Dernier jour Le registre S’exprimer à partir Sujet : rédiger un


d’un condamné » polémique d’une image plaidoyer ou un
reflétant un fait réquisitoire
Chapitre XXIII pathétique.

- Identifier le - Identifier le - Amener l’élève à - Rédiger un


portrait moral et registre polémique s’exprimer à partir plaidoyer pour
physique du d’une image défendre le friauche
nouveau condamné - Produire des reflétant un fait ou un réquisitoire en
énoncés
Capacités

- Reconnaître la pathétique vue de le condamner


comportant le
mise en abîme
registre polémique
comme technique
de narration

Compétence intégrée : Etudier la dimension tragique dans un roman à thèse


Activités

Lecture Langue Activités orales Activités de


linéaire production
écrite

« Le Dernier jour Les registres Jeux de rôle : Imaginer une autre


Contenus

d’un condamné » tragique et plaidoyer et fin, un autre


pathétique réquisitoire au dénouement de
Chapitre XLIX tribunal concernant l’histoire.
le condamné à mort

- Etudier le - Identifier le - S’exprimer - Amener l’élève à


dénouement registre tragique et oralement en vue de produire un texte où
tragique à partir du pathétique défendre ou de il imagine un autre
Capacités

dernier chapitre de condamner dénouement de


l’œuvre « Le - Produire des l’histoire du
dernier jour d’un énoncés où condamné
condamné » de figurent les
Victor Hugo registres tragique
et pathétique

Compétence intégrée : Reconnaître les caractéristiques de la poésie engagée


Activités

Lecture Langue Activités orales Activités de


méthodique production
écrite

Poème : « Afrique Les subordonnées Projection d’un Rédiger une fiche de


Contenus

mon Afrique » de circonstancielles court métrage « Nini lecture


David Diop (voir hypothétiques ya Moumou » de
les annexes) Rachid El Ouali
suivi d’un débat
(voir les annexes)

- Lire et étudier un - Identifier les - Exprimer son point - Rédiger une fiche
poème engagé subordonnées de vue concernant le de lecture du dernier
Capacités

circonstancielles travail des enfants jour d’un condamné


- Identifier hypothétiques en argumentant
quelques éléments
de la versification - Utiliser les
et leur effet sur le subordonnées
lecteur circonstancielles
hypothétiques

Compétence intégrée : Mobiliser les ressources acquises dans la résolution des


situations-problèmes complexes.
Volume horaire : 4 heures.

Tâche première :

Situation problème :

Réalisez un dépliant pour participer à une compagne en faveur de


l’abolition de la peine de mort : vous utiliserez des dessins, des caricatures, des
messages adressés à ses partisans.

Ressources à mobiliser : Techniques d’argumentation, connaissances sur la


mise en forme du dépliant, l’énonciation (discours avec forte implication du
récepteur), les tonalités du texte (tragique, pathétique et polémique), etc.

Tâche deuxième :

Situation problème :

Vous êtes membre du parlement national de l’enfant. Vous êtes amenés à


discourir devant une assemblée en vue de dénoncer le travail des enfants.
Exposez votre discours.

Ressources à mobiliser: Techniques d’argumentation, connaissances sur les


procédés du plaidoyer et du réquisitoire, utilisation du registre polémique.

Tâche troisième :

Situation problème :

La consommation des stupéfiants constitue un véritable fléau qui menace


la société notamment les jeunes lycéens. Rédigez un texte argumentatif en vue
de dissuader les jeunes qui s’y adonnent toujours.

Ressources à mobiliser: Techniques d’argumentation, utiliser les différents


types d’arguments aussi bien pour convaincre que pour persuader, connaissances
sur les stupéfiants et leurs dangers, etc.

Tâche quatrième :

Situation problème :
Le continent africain n’arrive pas encore à sécher ses larmes (famine,
guerres, maladies…). Rédigez un poème engagé en vue d’apitoyer les lecteurs à
l’égard de ce continent trahi par l’indifférence.

Ressources à mobiliser : Connaissances sur les caractéristiques de la poésie


engagée, La description au service de l’argumentation, les registres tragique,
pathétique et ironique, les figures de style, etc.

Les modalités de déroulement :

La première tâche sera effectuée en sous groupes afin de favoriser la


mobilisation des ressources acquises via le conflit sociocognitif. Quant aux
autres tâches, elles s’inscrivent davantage dans la perspective de
l’autonomisation des apprenants.

Séquence d’évaluation sommative

Séance Activités Supports Capacités


- Analyser le texte et construire
1 Extrait de l’œuvre. son sens.
Evaluation de
la Chapitre XXVI (voir les annexes)
compréhension

Production Sujet : produire un texte argumentatif. (voir - Produire un texte argumentatif.


2
écrite les annexes)

Soutien et - Remédier aux lacunes


remédiation de observées.
la Texte support de l’évaluation.
3
compréhension
de l’écrit

Soutien et - Reconnaître ses erreurs et y


remédiation de remédier.
4 Les productions des élèves.
la production
écrite

Fiches pédagogiques détaillées de la 4 ème séquence

Activité : lecture

Stratégie adoptée : lecture analytique


Support : chapitre XXIII (voir les annexes)

Durée : 1heure

Capacités visées : - Identifier le portrait moral et physique du nouveau

condamné.

- Reconnaître la mise en abîme comme technique de

narration.

Déroulement de la leçon

I- Identification du texte

a) Caractéristiques

- Genre : roman à thèse

- Type : narratif descriptif

- Lieu : le palais de justice

- Temps : aucune indication temporelle précise

- Focalisation : interne

b) Situation du passage

Après avoir été transféré au palais de justice, le narrateur rencontre un


autre condamné qui va occuper sa cellule.

Ce dernier, en attendant d’être transféré à Bicêtre s’apprête à raconter son


histoire.

II- Les axes de lecture

- Axe 1 : La description du friauche

- Qui est le personnage décrit ?

→ Le friauche / le nouveau condamné.


- Décrivez le portrait physique du nouveau condamné.

→ Il a 55 ans, taille moyenne, ridé, voûté, grisonnant, membres trapus, yeux


gris, sale, en guenilles, demi nu.

- Comment trouvez-vous ce portrait physique ? Valorisant, dévalorisant ?

→ Il est dévalorisant ; le narrateur répugne le nouveau condamné.

- Décrivez le portrait moral du friauche.

→ Un regard louche, un rire amer sur son visage, mendiant, je voulais être
honnête homme, j’avais de plus beaux sentiments.

- Quelles sont vos impressions à propos de ce portrait moral ? Est- ce que le


friauche est vraiment une mauvaise personne ?

→ Non. Certes c’est un criminel, pauvre, et sale, habitué aux cachots, mais
c’est quelqu’un de bien au fond (je voulais être honnête).

- Synthèse du 1er axe :

Physiquement, le friauche est un vieux condamné, dégoûtant,


repoussant, sale, mais le portrait moral est là pour expliquer et montrer au
lecteur qu’il a bon cœur et qu’il est honnête. C’est la société négligente
qui a fait de lui un criminel.

- Axe 2 : Le récit dans le récit

- Qui parle dans ce passage ?

→ C’est le narrateur condamné à mort.

- Lisez le passage de : « Je me sais à quoi je pensais… mon héritier. »

- Qui parle dans ce passage ? Relevez des indices justifiant votre réponse
(au niveau de l’énonciation).

→ C’est le condamné à mort / le personnage principal du roman / le


narrateur qui parle dans ce passage. Les indices « je, mes, mon ».

- Passons au passage qui débute par « voilà mon histoire à moi : je suis fils
… voilà mon camarade ».

- Qui parle dans ce passage ? Est-ce que c’est le narrateur qui parle ?
→ Non, c’est le friauche

- C’est l’histoire dans l’histoire, le récit dans le récit, c’est l’histoire d’un
friauche dans celle du narrateur. Donc, le narrateur s’efface pour laisser la
parole au nouveau condamné.

- Pourquoi le narrateur laisse –t- il le nouveau condamné raconter son


histoire ?

→ Pour émouvoir le lecteur et susciter sa pitié envers le nouveau condamné à


mort.

- Donnez des exemples qui le montrent.

→ A six ans je n’avais ni père ni mère.

- Quel est le niveau de langue utilisé dans le 1er récit ?

→ Le niveau soutenu.

- Et le niveau de langue dans le 2ème récit ?

→ Familier (argot de la prison)

- Que montre la différence entre les niveaux de langue ?

→ Le condamné est une personne éduquée, le friauche est une personne sans
éducation, vulgaire.

- Construction du passage : comment trouvez-vous les phrases ?

→ Des phrases courtes, rapides, successives.

- C’est un homme sans style et sans éducation.

- Où se trouve l’histoire du 2ème condamné par rapport à celle du 1er


condamné ?

→ Au milieu.

- Quels sont les temps verbaux dominants ?

→ L’imparfait, le passé composé et le passe simple.

- Synthèse du 2 ème axe :


Récit 1 Récit 2

Enonciation -« je », c’est le narrateur - « je », c’est le friauche qui


personnage principal qui parle.
parle

→ C’est la grande histoire :


→ C’est la petite histoire :
le récit cadre.
le récit enchâssé.
- Le narrateur s’efface pour
- Le friauche s’occupe de
laisser la place à un 2 ème
raconter sa propre histoire.
personnage qui devient
narrateur momentané.

Niveau de langue Soutenu, correct : homme Familier (argot de la


éduqué. prison) : homme sans
éducation.

Temps verbaux Passé composé, imparfait, Passé composé, imparfait,


passé simple. passé simple.

Construction des Phrases longues, Phrases rapides, abrégées,


phrases complexes, bien successives : homme sans
structurées : homme qui sait style.
bien parler.

- Bilan :

Dans ce chapitre, le narrateur nous raconte sa rencontre avec un friauche


qui se charge de raconter sa propre histoire ; il s’agit donc d’une technique de
narration appelée la mise en abîme puisqu’il y a un récit enchâssé dans un autre.

Activité : Langue

Support : Extrait du chapitre XXXIX : " Le dernier jour d'un condamné" de V.


Hugo.

Durée : 1 heure

Capacités : - Identifier le registre polémique.


- Produire des énoncés comportant le registre polémique.

Déroulement de la leçon

I - Observation :

- Demander aux élèves de lire l’extrait suivant du chapitre XXXIX du dernier


jour d’un condamné silencieusement.
« Ils disent que ce n’est rien, qu’on ne souffre pas, que c’est une fin douce,
que la mort de cette façon est bien simplifiée.
Eh ! Qu’est-ce donc cette agonie de six semaines et ce râle de tout un
jour ? Qu’est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s’écoule si
lentement et si vite ? Qu’est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à
l’échafaud ?
Apparemment ce n’est pas là souffrir ».
- Repérer les deux thèses opposées.
→ La thèse du juge et du narrateur
- Identifier la nature des questions dans le texte.
→ Ce sont des questions rhétoriques.
- Dans la dernière phrase, le narrateur dit : «Apparemment ce n’est pas là
souffrir ». Cette phrase exprime-t-elle ce qu’il pense réellement ?
Comment appelle-t-on ce procédé ?
→ Non. Il s’agit d’une antiphrase exprimant l’ironie.
- Quel est l’objectif visé par le narrateur ?
→ Impliquer le lecteur.

II - Conceptualisation :
Le registre polémique consiste en une confrontation d’une thèse à une autre
dont on veut démontrer la faiblesse. Il est caractérisé par :
- l’intention de convaincre ;
- le propos vigoureux ou agressif ;
- des marques de subjectivité, d’exagération et d’ironie.
Les procédés du registre polémique Exemples
- L’implication forte de l’émetteur. - On
- Questions oratoires qui permettent de - Qu’est-ce donc cette agonie de
s’adresser à l’interlocuteur sans six semaines et ce râle de tout
attendre une réponse. un jour ?
- L’interjection qui exprime un effet de - Eh !
surprise.
- L’ironie
- «Apparemment ce n’est pas là
souffrir ».

III – Appropriation :
- Inviter les élèves à formuler des énoncés comportant le registre
polémique en déterminant les procédés utilisés.
IV – Application :
- Repérer les énoncés qui renvoient au registre polémique dans le
chapitre XXXIX.
- Justifiez votre réponse

Activité : orale
Durée: 1 heure.
Capacités : - Amener l’élève à s’exprimer à partir d’une image reflétant un fait
pathétique.
- Décrire les différents éléments d’une image
- Interpréter les différents éléments d’une image

Contenu : Photo prise par le photographe Kevin Carter (voir les annexes).

Déroulement de la leçon

I- Phase de découverte et de précision de l’objet d’étude :


- De quoi s’agit-il ?

→ Photo authentique en couleurs

- Quelle est la source du document ?

→ Photo prise par le photographe Kevin Carter

- Quelle impression cette image suscite-elle chez-vous ?

→ Pitié, compassion, amertume…

II) Analyse communicative :

-L’émetteur : le photographe Kevin Carter

-Le récepteur : large public

-L’objet : un vautour guettant la mort d’un petit enfant africain souffrant de


famine

-Le canal : la photo

- Les éléments de la photo : paysage africain sauvage, un vautour, un petit


enfant nu agonisant, couleurs sombres (noire, marron, jaune terne).

Synthèse :

Avant toute analyse, les éléments constitutifs de la photo, à eux seuls,


parviennent à apitoyer tout récepteur.

III) Analyse thématique :


- Thème 1 : monde animal / monde humain

La posture : un enfant esseulé, agonisant devant un vautour


majestueusement debout ► la famine, les guerres, l’indifférence, entre
autres, sont des facteurs qui ont fait des enfants africains (d’Afrique noire)
une proie facile, voire une charogne pour les animaux les plus arrivistes.

- Thème 2 : horreur et pitié

Cette photo nous fait assister à une scène inédite face à laquelle on ne peut
qu’avoir des frissons devant la cruauté d’une telle réalité : après l’agonie
prématurée, le vautour s’occupera sûrement du reste.

- Thème 3 : indifférence cruelle

Rester indifférent devant un tel drame témoigne d’une lâcheté


incomparable. Comment peut-on se permettre de laisser mourir, voire périr
l’enfance en silence ? Tout le monde est responsable.

Synthèse :

Cette photo représente un véritable drame humain suscitant horreur et pitié


chez tout récepteur qui ne peut qu’éprouver de l’amertume vis-à-vis de
l’indifférence cruelle de l’humanité.

Activité : production – écrite

Durée : 1 heure
Capacité : rédiger un plaidoyer pour défendre le friauche ou un réquisitoire pour
le condamner.
I- Phase orale
1/ présentation du sujet

Sujet : D’après ce que vous avez étudié dans Le dernier jour du


condamné concernant le friauche, rédigez un plaidoyer pour défendre ce
personnage ou un réquisitoire en vue de le condamner.

a – Lecture magistrale + des lectures individuelles


b – Explication des mots – clés :
souligner et expliquer les mots-clés : réquisitoire - plaidoyer
présenter aux élèves un tableau récapitulatif des caractéristiques du
plaidoyer et du réquisitoire.

Plaidoyer Réquisitoire

Qui parle ? Nous, je (implication Nous, je (implication de


de l’émetteur) l’émetteur)

A qui ? Forte implication de Forte implication de l’auditoire à


l’auditoire à convaincre
convaincre

De qui ? D’un sujet considéré D’un sujet considéré comme


de quoi ? comme innocent coupable

Vocabulaire Mélioratif Péjoratif

Registre Pathétique Polémique

Interrogations Interrogations oratoires


Procédés oratoires injonctions (ordres)
orato indignation.
Exclamations
ires longues phrases rythmées

Stratégie Pitié, appel à la Ironie, appel à la raison.


sensibilité

2 / Elaboration du plan
a- Introduction :
- Amener le sujet : présenter le personnage (le friauche) avec un bref aperçu
sur l’histoire de sa vie.

- Poser une question : est-il coupable ou non ? Mérite-t-il la peine de mort ?

b- Développement :
Rédiger le plaidoyer ou le réquisitoire :

Plaidoyer Réquisitoire

-Il s’agit d’un homme devenu orphelin - Le vol est un crime intolérable.
dès l’âge de 6 ans.
-Il ne tire pas profit de ses erreurs
-S’il volait c’est parce qu’il ne puisqu’il tombe dans les crimes à
cherchait qu’à gagner son pain. nouveau.

-Il était privé de tendresse et de -Tuer pour vivre est un acte horrible
protection familiale qui doit être puni sévèrement.

-Il n’a pas vécu une vraie enfance - Celui qui massacre des innocents ne
puisqu’il lui fallait gagner sa vie pour peut guère être innocent.
survivre.

-Il voulait être honnête et avait un bon


coeur.

-Le passeport jaune le mettait à l’écart


et à la marge d’où l’impossibilité de
trouver un travail.

c- conclusion :
- Impression générale
- Question ouverte

II – phase écrite

- Demander aux élèves de rédiger le plaidoyer ou le réquisitoire.


- Lecture de quelques propositions.
- Porter la meilleure production des élèves ou rédiger une production

collective au tableau.
- l’affinement : correction collective.
- Trace écrite : les élèves retiennent la production écrite dans leurs cahiers.
Le référentiel des valeurs

Les valeurs Citations Page

-«Je pensais à ce que je voulais. j’étais libre » -5

-« maintenant je suis captif » -6

-« mon corps est aux fer dans un cachot » -6


-« il me fut impossible de penser à autre chose que - 11
Liberté ma liberté»
-« pris entre quatre murailles de pierre nue et froide, -16 et 17
sans liberté »

-« certes si j'avais l'esprit plus libre je prendrai - 23


intérêt à ce livre »

L’espérance -« Car, je l'avoue, j'espère encore. » - 46

Désespérance - « Maintenant, Dieu merci je n'espère plus. » - 46


(valeur négative
ou contre valeur)
L’obsession -« je n’ai plus qu’une pensée, qu’une conviction, -6
qu’une certitude : condamné à mort ! »
La privation -« pris entre quatre murailles de pierres nues et 16-17
froides, sans liberté pour mes pas, sans horizon
pour mes yeux »
La défense -« cependant mon avocat arriva » - 11
-« le défenseur se leva (l’avocat) : j’ai compris qu’il - 12
cherchait à atténuer la déclaration du jury. .. »
Pitié et -« que ce j’écris sauve des malheureux, innocents - 19
humanisme ou coupables de l’agonie à laquelle je suis
condamné »
-« je laisse ma mère (…) c'est celle-là qui me fait mal » - 21

L’innocence -« ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, - 21


qui rit, qui joue, qui chante à cette heure et ne pense
à rien.
L’amour -«pauvre petite ‼ ton père qui t’aimait tant, ton - 21
père qui bisait ton petit cou blanc et parfumé, qui
passait la main sans cesse dans les boucles de tes
cheveux comme sur de la soie »
-« une petite fille de 3 ans, douce, rose, frêle, avec
de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains »
-« Ô ma pauvre petite fille ‼» - 65
Propreté -« -« Ah ‼ qu'une prison est quelque chose - 44
d'infâme »! il y a un venin qui salit tout. Tout s’y
flétrit, même ma chanson d’une fille de 15 ans !
vous y trouvez un oiseau, il a de la boue Sur les
ailes ; vous y cueillez une jolie fleur, vous la
respirez : elle pue »
-« le tout si sale, si noir, si poudreux.. » - 86
Politesse -« ..et puis ils ont été polis à l’arrivée et au départ » - 46
(geôliers)
Charité -« ces médecins, ces sœurs de charité semblaient - 39
prendre intérêt à moi ».
L’affectivité -« au sortir de la geôle, le directeur m’a pris - 50
affectueusement la main et a renforcé mon escorte
de 4 vétérans »
Curiosité -« sa curiosité s'est éveillée » - 54

-« vous êtes curieux, lui ai-je dit» - 53


Edition DAR ALHARF

Annexes

Le Dernier Jour d'un Condamné

Chapitre XXIII

Tant que j'ai marché dans les galeries publiques du Palais de Justice, je me suis senti presque
libre et à l'aise ; mais toute ma résolution m'a abandonné quand on a ouvert devant moi des
portes basses, des escaliers secrets, des couloirs intérieurs, de longs corridors étouffés et
sourds, où il n'entre que ceux qui condamnent ou ceux qui sont condamnés.
L'huissier m'accompagnait toujours. Le prêtre m'avait quitté pour revenir dans deux heures : il
avait ses affaires.
On m'a conduit au cabinet du directeur entre les mains duquel l'huissier m'a remis. C'était un
échange.
Le directeur l'a prié d'attendre un instant, lui annonçant qu'il allait avoir du gibier à lui
remettre, afin qu'il le conduisît sur-le-champ à Bicêtre parle retour de la carriole. Sans doute
le condamné d'aujourd'hui, celui qui doit coucher ce soir sur la botte de paille que je n'ai pas
eu le temps d'user
- C'est bon, a dit l'huissier au directeur je vais attendre un moment ; nous ferons les deux
procès verbaux à la fois, cela s'arrange bien.
En attendant, on m'a déposé dans un petit cabinet attenant à celui du directeur. Là, on m'a
laissé seul, bien verrouillé.
Je ne sais à quoi je pensais, ni depuis combien de temps j'étais là, quand un brusque et violent
éclat de rire à mon oreille m'a réveillé de ma rêverie.
J'ai levé les yeux en tressaillant. Je n'étais plus seul dans la cellule. Un homme s'y trouvait
avec moi, un homme d'environ cinquante-cinq ans, de moyenne taille ; ridé, voûté,
grisonnant ; à membres trapus ; avec un regard louche dans des yeux gris, un rire amer sur le
visage ; sale, en guenilles, demi-nu, repoussant à voir.

Il paraît que la porte s'était ouverte, l'avait vomi, puis s'était refermée sans que je m'en fusse
aperçu.
Si la mort pouvait venir ainsi !
Nous nous sommes regardés quelques secondes fixement, l'homme et moi ; lui, prolongeant
son rire qui ressemblait à un râle ; moi, demi-étonné, demi-effrayé.
- Qui êtes-vous ? lui ai-je dit enfin.
- Drôle de demande ! a-t-il répondu. Un friauche.
- Un friauche ! Qu'est-ce que cela veut dire ?
Cette question a redoublé sa gaieté.
- Cela veut dire, s'est-il écrié au milieu d'un éclat de rire, que le taule jouera au panier avec ma
sorbonne dans six semaines, comme il va faire avec ta tronche dans six heures. Ha ! ha ! il
paraît que tu comprends maintenant.
En effet, j'étais pâle, et mes cheveux se dressaient.
C'était l'autre condamné, le condamné du jour, celui qu'on attendait à Bicêtre, mon héritier.
Il a continué :
- Que veux-tu ? voilà mon histoire à moi. Je suis fils d'un bon peigre ; c'est dommage que
Charlota ait pris la peine un jour de lui attacher sa cravate.
C'était quand régnait la potence, par la grâce de Dieu. À six ans, je n'avais plus ni père ni
mère ; l'été, je faisais la roue dans la poussière au bord des routes, pour qu'on me jetât un sou
par la portière des chaises de poste ; l'hiver j'allais pieds nus dans la boue en soufflant dans
mes doigts tout rouges ; on voyait mes cuisses à travers mon pantalon. A neuf ans, j'ai
commencé à me servir de mes louches, de temps en temps je vidais une fouillouse, je filais
une pelure ; à dix ans, j'étais un marlou.

Puis j'ai fait des connaissances ; à dix-sept, j'étais un grinche. Je forçais une boutanche, je
faussais une tournante. On m'a pris. J'avais l'âge, on m'a envoyé ramer dans la petite marine.
Le bagne, c'est dur ; coucher sur une planche, boire de l'eau claire, manger du pain noir,
traîner un imbécile de boulet qui ne sert à rien ; des coups de bâton et des coups de soleil.
Avec cela on est tondu, et moi qui avais de beaux cheveux châtains ! N'importe !... j'ai fait
mon temps. Quinze ans, cela s'arrache ! J'avais trente-deux ans. Un beau matin on me donna
une feuille de route et soixante-six francs que je m'étais amassés dans mes quinze ans de
galères, en travaillant seize heures par jour, trente jours par mois, et douze mois par année.
C'est égal, je voulais être honnête homme avec mes soixante-six francs, et j'avais de plus
beaux sentiments sous mes guenilles qu'il n'y en a sous une serpillière de ratichon. Mais que
les diables soient avec le passeport ! Il était jaune, et on avait écrit dessus forçat libéré. Il
fallait montrer cela partout où je passais et le présenter tous les huit jours au maire du village
où l'on me forçait de tapiquer. La belle recommandation ! un galérien ! Je faisais peur, et les
petits enfants se sauvaient, et l'on fermait les portes. Personne ne voulait me donner
d'ouvrage. Je mangeai mes soixante-six francs. Et puis il fallut vivre. Je montrai mes bras
bons au travail, on ferma les portes. J'offris ma journée pour quinze sous, pour dix sous, pour
cinq sous. Point.
Que faire ? Un jour, j'avais faim. Je donnai un coup de coude dans le carreau d'un boulanger ;
j'empoignai un pain, et le boulanger m'empoigna ; je ne mangeai pas le pain, et j'eus les
galères à perpétuité, avec trois lettres de feu sur l'épaule.

Je te montrerai, si tu veux. On appelle cette justice-là la récidive. Me voilà donc cheval de


retour. On me remit à Toulon ; cette fois avec les bonnets verts. Il fallait m'évader.
Pour cela, je n'avais que trois murs à percer deux chaînes à couper, et j'avais un clou. Je
m'évadai. On tira le canon d'alerte ; car, nous autres, nous sommes, comme les cardinaux de
Rome, habillés de rouge, et on tire le canon quand nous partons. Leur poudre alla aux
moineaux. Cette fois, pas de passeport jaune, mais pas d'argent non plus. Je rencontrai des
camarades qui avaient aussi fait leur temps ou cassé leur ficelle. Leur coire me proposa d'être
des leurs, on faisait la grande soulasse sur le trimar. J'acceptai, et je me mis à tuer pour vivre.
C'était tantôt une diligence, tantôt une chaise de poste, tantôt un marchand de boeufs à cheval.
On prenait l'argent, on laissait aller au hasard la bête ou la voiture, et l'on enterrait l'homme
sous un arbre, en ayant soin que les pieds ne sortissent pas ; et puis on dansait sur la fosse,
pour que la terre ne parût pas fraîchement remuée. J'ai vieilli comme cela, gîtant dans les
broussailles, dormant aux belles étoiles, traqué de bois en bois, mais du moins libre et à moi.
Tout a une fin, et autant celle-là qu'une autre. Les marchands de lacets, une belle nuit, nous
ont pris au collet. Mes fanandels se sont sauvés ; mais moi, le plus vieux, je suis resté sous la
griffe de ces chats à chapeaux galonnés. On m'a amené ici.
J'avais déjà passé par tous les échelons de l'échelle, excepté un. Avoir volé un mouchoir ou
tué un homme, c'était tout un pour moi désormais ; il y avait encore une récidive à
m'appliquer. Je n'avais plus qu'à passer par le faucheur.

Mon affaire a été courte. Ma foi, je commençais à vieillir et à n'être plus bon à rien. Mon père
a épousé la veuve , moi je me retire à l'abbaye de Mont-à-Regret. Voilà, camarade.
J'étais resté stupide en l'écoutant. Il s'est remis à rire plus haut encore qu'en commençant, et a
voulu me prendre la main. J'ai reculé avec horreur.
- L'ami, m'a-t-il dit, tu n'as pas l'air brave. Ne va pas faire le singe devant la carline. Vois-tu, il
y a un mauvais moment à passer sur la placarde ; mais cela est sitôt fait ! Je voudrais être là
pour te montrer la culbute. Mille dieux ! j'ai envie de ne pas me pourvoir, si l'on veut me
faucher aujourd'hui avec toi. Le même prêtre nous servira à tous deux ; ça m'est égal d'avoir
tes restes. Tu vois que je suis un bon garçon.
Hein ! dis, veux-tu ? d'amitié !
Il a encore fait un pas pour s'approcher de moi.
- Monsieur, lui ai-je répondu en le repoussant, je vous remercie.
Nouveaux éclats de rire à ma réponse.
- Ah ! ah ! monsieur, vousailles êtes un marquis !
C'est un marquis !
Je l'ai interrompu :
- Mon ami, j'ai besoin de me recueillir laissez-moi.
La gravité de ma parole l'a rendu pensif tout à coup. Il a remué sa tête grise et presque
chauve ; puis, creusant avec ses ongles sa poitrine velue, qui s'offrait nue sous sa chemise
ouverte :
- Je comprends, a-t-il murmuré entre ses dents ; au fait, le sanglier. Puis, après quelques
minutes de silence :

- Tenez, m'a-t-il dit presque timidement, vous êtes un marquis, c'est fort bien ; mais vous avez
là une belle redingote qui ne vous servira plus à grand-chose ! Le taule la prendra. Donnez-la-
moi, je la vendrai pour avoir du tabac.
J'ai ôté ma redingote et je la lui ai donnée. Il s'est mis à battre des mains avec une joie
d'enfant. Puis, voyant que j'étais en chemise et que je grelottais :
-Vous avez froid, monsieur, mettez ceci ; il pleut, et vous seriez mouillé ; et puis il faut être
décemment sur la charrette.
En parlant ainsi, il ôtait sa grosse veste de laine grise et la passait dans mes bras. Je le laissais
faire.
Alors j'ai été m'appuyer contre le mur et je ne saurais dire quel effet me faisait cet homme. Il
s'était mis à examiner la redingote que je lui avais donnée, et poussait à chaque instant des cris
de joie.
- Les poches sont toutes neuves ! le collet n'est pas usé ! J'en aurai au moins quinze francs.
Quel bonheur ! du tabac pour mes six semaines !
La porte s'est rouverte. On venait nous chercher tous deux ; moi, pour me conduire à la
chambre où les condamnés attendent l'heure ; lui, pour le mener à Bicêtre. Il s'est placé en
riant au milieu du piquet qui devait l'emmener, et il disait aux gendarmes :
- Ah ça ! ne vous trompez pas ; nous avons changé de pelure, monsieur et moi ; mais ne me
prenez pas à sa place. Diable ! cela ne m'arrangerait pas, maintenant que j'ai de quoi avoir du
tabac !
Cette photo a été prise par le photographe Kevin Carter qui a gagné un Prix Pulitzer pour cette photo
choquante qui a aidé à attirer l’attention de ce qui se passait en Afrique.

Afrique mon Afrique de David Diop

Afrique
Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les
savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t’ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs
répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de l’esclavage
L’esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de 1’humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
blanches et fanées
C’est l’Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L’amère saveur de la liberté.

Un poème de D. Diop, coups de pilon


Présence Afrique, 1956
Evaluation sommative niveau : 1ère année du bac

Support : Le Dernier Jour d’un condamné, Victor HUGO, chapitre XXVI

Capacités : - Analyser le texte et construire son sens.

- Produire un texte argumentatif

Texte :

Il est dix heures.


Ô ma pauvre petite fille ! Encore six heures, et je serai mort ! Je serai quelque chose d’immonde qui
traînera sur la table froide des amphithéâtres ; une tête qu’on moulera d’un côté, un tronc qu’on
disséquera de l’autre ; puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.
Voilà ce qu’ils vont faire de ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et
tous pourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en
cérémonie, pour le bien de la chose ! Ah ! Grand Dieu !
Pauvre petite ! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui
passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli
visage rond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux, et le soir joignait tes deux petites
mains pour prier Dieu !
Qui est-ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est-ce qui t’aimera ? Tous les enfants de ton âge
auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du Jour de l’An, des
étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ?– Comment te déshabitueras-tu,
malheureuse orpheline, de boire et de manger ?
Oh ! Si ces jurés l’avaient vue, au moins, ma jolie petite Marie ! Ils auraient compris qu’il ne faut pas
tuer le père d’un enfant de trois ans.
Et quand elle sera grande, si elle va jusque-là, que deviendra-t-elle ? Son père sera un des souvenirs
du peuple de Paris. Elle rougira de moi et de mon nom ; elle sera méprisée, repoussée, vile à cause
de moi, de moi qui l’aime de toutes les tendresses de mon cœur. Ô ma petite Marie bien-aimée ! Est-
il bien vrai que tu auras honte et horreur de moi ?
Misérable ! Quel crime j’ai commis, et quel crime je fais commettre à la société !
Oh ! Est-il bien vrai que je vais mourir avant la fin du jour ? Est-il bien vrai que c’est moi ? Ce bruit
sourd de cris que j’entends au-dehors, ce flot de peuple joyeux qui déjà se hâte sur les quais, ces
gendarmes qui s’apprêtent dans leurs casernes, ce prêtre en robe noire, cet autre homme aux mains
rouges, c’est pour moi ! C’est moi qui vais mourir ! Moi, le même qui est ici, qui vit, qui se meut, qui
respire, qui est assis à cette table, laquelle ressemble à une autre table, et pourrait aussi bien être
ailleurs ; moi, enfin, ce moi que je touche et que je sens, et dont le vêtement fait les plis que voilà !

Questions De compréhension

1. Qui est le narrateur dans ce texte ? Justifiez votre réponse en relevant un élément du texte.
(2 points)
2. Comment le narrateur représente-t-il son propre corps ? Quel effet cette description produit-
elle sur le lecteur ? (2 points)

3. Analysez le champ lexical dominant. En évoquant ainsi ses souvenirs avec sa fille, quelle
image du passé propose-t-il ? (2 points)

4. Que produit la ponctuation employée ? Par quelle figure de style le narrateur insiste-t-il sur
le devenir dramatique de sa fille après son exécution ? Expliquez. (2 points)

5. A qui le narrateur s’adresse-t-il de façon fictive ? Quel en est l’intérêt ? (2 points)

Production écrite

Rédigez un texte argumentatif où vous montrez en quoi la peine de mort est une atteinte à la famille
du condamné et à la société. (10 points)

Eléments de correction

Questions De compréhension

1. Le narrateur : le condamné à la peine de mort


indices : marques de la 1ère personne : (adjectif possessif « ma pauvre petite fille » ; pronom
personnel « je serai mort »)

2. La séparation entre « une tête (…) d’un côté, un tronc (…) de l’autre », insistant sur la dislocation
du corps. Elle présente le corps comme un objet, dépersonnalisé, assimilé à une pièce de boucherie.

La description de la future dépouille du narrateur met à distance la barbarie de l’exécution, en


même temps qu’elle la banalise (fonction : toucher la sensibilité du lecteur, souligner la cruauté de la
peine capitale).

3. Dans l’évocation de souvenirs avec sa fille, le narrateur utilise le champ lexical du corps : « ton
petit cou blanc et parfumé », « tes cheveux comme sur de la soie », « ton joli visage rond », « tes
deux petites mains pour prier Dieu ».
Une évocation nostalgique, qui souligne aussi la cruauté de la situation présente.

4. La ponctuation exclamative « Oh ! Si ces jurés l’avaient vue, au moins, ma jolie petite Marie ! »
vient renforcer l’expression du sentiment tragique.

Après avoir insisté sur les souvenirs merveilleux avec sa fille, le narrateur envisage le devenir de sa
fille après son exécution, au moyen de questions rhétoriques, de manière à induire l’approbation du
destinataire quant à la cruauté de condamner non seulement le père (à la peine capitale), mais aussi
sa fille (au désespoir, à la solitude)

5. Le narrateur s’adresse solennellement à sa fille (« Ô ma pauvre petite fille ! », « Pauvre petite ! »,


« malheureuse orpheline ») en employant l’anaphore : « ton père qui t’aimait tant, ton père qui
baisait ton petit cou blanc et parfumé ».

La fille est non seulement le destinataire fictif de ce discours, mais elle constitue surtout pour le
narrateur un argument venant corroborer le caractère inhumain de la condamnation à mort.

Production écrite :

Lors de la production l’élève doit prendre en considération les éléments suivants :


- Etre conforme au sujet (ne pas tomber dans le hors-sujet).
- Présenter son texte en cohérence et en cohésion.

- étayer son texte d’arguments pertinents.


- Chercher des idées originales et riches.
- Soigner et corriger sa langue d’écriture.

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