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2.1. Principe :
Les opérations de distillation ont pour but la purification, partielle ou totale, d’un
mélange binaire liquide.
La distillation consiste à porter le mélange à ébullition et à recueillir, après une
succession de vaporisations et de condensations, une fraction dite légère appelée le distillat.
Celui-ci correspond au produit le plus volatil qui a le point d’ébullition le plus bas et qui
distille en premier.
Le principe des différentes techniques de distillation fait appel aux lois qui régissent
l’équilibre liquide - vapeur des corps purs et des mélanges.
2.2. Équilibre liquide vapeur :
Les différents mélanges de liquide peuvent être classés, d’après le nombre de leurs
constituants, en mélanges binaires, ternaires, …etc. Les mélanges binaires, qui ont été les plus
étudiés, seront seuls considérés dans ce chapitre.
Dans les mélanges binaires on distingue :
Les mélanges miscibles (idéals et réels),
Les mélanges partiellement miscibles,
Les mélanges immiscibles.
2.2.1. Cas de mélanges binaires idéaux :
Lorsqu’un mélange binaire, constitué de deux corps purs A et B, est considéré comme
idéal, il doit satisfaire les conditions suivantes :
Forces d’interaction entre les molécules, identiques ; cela veut dire que les interactions
entre les molécules de A et de B sont de même force qu’entre les molécules de A entre
elles ou entre les molécules de B entre elles : chaque corps se comporte comme s’il
était seul en solution ; ils s’ignorent mutuellement.
Lorsqu’on mélange deux constituants, formant un mélange idéal, il n’y a aucune
absorption ou dégagement de Chaleur.
Le potentiel chimique de chaque constituant dans un mélange idéal s’exprime comme
suit :
𝜇𝑖 = 𝜇𝑖0 (𝑇, 𝑃) + 𝑅𝑇 ln 𝑥𝑖 (2.1)
Chaque constituant de la phase liquide sera caractérisé par sa fraction molaire 𝑥𝑖 :
𝑛
𝑥𝑖 = 𝑛𝑖 (2.2)
𝑖
Les mélanges binaires idéaux sont régis par les lois de Raoult et Dalton.
1 Présenté par : Dr. ZEHIOUA R.
Établissement : Université Constantine 3, Faculté de Génie des Procédés, Département de Génie des Procédés.
Niveau : Licence Semestre 6
Cours : Opérations Unitaires 1.
P 0A
𝑦𝐴 = 𝑥𝐴 (2.10)
PT
Pour un tel système, mélange binaire liquide – vapeur, il existe trois diagrammes :
Diagrammes isothermes (T°fixée) ; on représente les variations de la pression en
fonction de x A et y A (A étant le constituant le plus volatil),
Diagrammes isobares (P fixée) ; on représente les variations de la température en
fonction de x A et y A ,
Diagrammes isobares (P fixée) ; on représente les variations de y A en fonction de x A .
0 xA ou yA 1 0 xA ou yA 1
(a) (b)
Figure 2.1 : Diagramme isotherme d’un mélange binaire : (a) : pression partielle dans le
mélange, (b) : pression totale dans le mélange.
TE,A
PT = f (xA)
Isobare de bulles Liquide
0 x1 y1 1
xA ou yA
1 1 1
Donc : = 𝑦𝐴 + 1 − 𝑦𝐴 (2.16.3)
PT P 0A P 0B
Tableau 2.1 : Équations des pressions de vapeur des corps pur pi0 f (T )
1
15.6875
f Tr = 15.2518 − − 13.4721 ln Tr + 0.43577Tr6
Tr
Tr : Température réduite (T/TC)
PA P
Volatilité de A = et Volatilité de A = 𝑥 B (2.17)
𝑥𝐴 𝐵
Le rapport de ces deux volatilités est connu comme étant la volatilité relative A/ B :
P A 𝑥𝐵
𝛼𝐴/𝐵 = (2.18)
𝑥𝐴 PB
𝑦𝐴 𝑥𝐴
D’où : = 𝛼𝐴/𝐵 (2.19.1)
𝑦𝐵 𝑥𝐵
On peut donc exprimer la relation qui relie la fraction molaire du constituant A en phase
vapeur à celle de la phase liquide comme suit :
𝛼 𝐴 /𝐵 𝑥 𝐴
𝑦𝐴 = (2.20)
1+ 𝛼 𝐴 /𝐵 −1 𝑥 𝐴
Lorsque l’équation (2.20) est utilisée pour construire la courbe d’équilibre liquide
vapeur (figure 2.3), une valeur moyenne de m doit être prise sur toute la colonne.
Généralement, pour une solution idéale, la volatilité relative varie légèrement avec la
température sur l’intervalle de température d’ébullition des deux corps pur du mélange binaire
(A+B). Donc, on peut considérer que 𝛼𝐴/𝐵 est constante sur cet intervalle et égale à une valeur
moyenne m.
On peut également obtenir la courbe d’équilibre liquide vapeur y = f (x), à partir des
isobares d’ébullition et de rosée (figure 2.4).
yA
1ère Bissectrice
xA
0 1
Fraction molaire en phase liquide
Figure 2.3 : Représentation graphique d’une courbe d’équilibre liquide – vapeur d’un mélange
binaire, y = f(x)
TE L V
PT = f (xA)
TE,A
Liquide
0 x1 y1 1 0 x1
xA ou yA Fraction molaire en phase liquide, xA
Figure 2.4 : Représentation graphique d’une courbe d’équilibre liquide – vapeur, y = f(x)
obtenue à partir des isobares d’ébullition et de rosée.
2.2.3. Cas des mélanges binaires réels :
Les écarts par rapport à l’idéalité sont dus aux phénomènes d’association entre les
constituants A et B.
2.2.3.1. Écart par rapport à la loi de Raoult :
La plupart des mélanges liquides sont non idéales (c’est-à-dire qu’ils n’obéissent pas
à la loi de Raoult), dans ce cas la relation 𝑃𝑖 = 𝑃𝑖° 𝑥𝑖 doit être modifiée.
Pour un mélange binaire (A+B) on peut écrire :
PA = γA PA° 𝑥𝐴 et PB = γB PB° (1 − 𝑥𝐴 ) (2.22)
Et en considérant que la phase vapeur produite durant l’opération de distillation obéit à
la loi des gaz parfait, on peut écrire l’équation suivant en se basant sur la loi de Dalton :
γA P 0A γB P 0B
𝑦𝐴 = 𝑥𝐴 et 𝑦𝐵 = (1 − 𝑥𝐴 ) (2.23)
PT PT
1
Le plateau théorique correspond au cas idéal où les courants, de vapeur V et de liquide L, qui en sortent, sont à l'équilibre
thermodynamique. Dans des conditions réelles, les courants V et L n'atteignent pas toujours cet équilibre.
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Cours : Opérations Unitaires 1.
pour déterminer le nombre de plateaux réels d’une colonne on fait appel à la notion
d’efficacité globale (décrite à la fin du chapitre) de la colonne.
QC
Condenseur
Alimentation VA, yA
A, ZA LA, xA
1
D
R
0 XR ZA XD 1
Fraction dans le liquide, x
Figure 2.6 : Construction des plateaux (étages) théoriques par la méthode de Mac Cabe
et Thiele)
Donc, pour l’application de la construction de MacCab et Thiele, en plus de la courbe
d’équilibre liquide – vapeur (présenté dans la section 2.2), il faut établir les équations des
droites opératoires ; pour cela on écrit successivement les bilans de matière globaux et
individuels sur la colonne, sur le condenseur, autour de l’alimentation et sur le bouilleur.
Le bilan thermique de la rectification en continue à deux intérêts :
Connaître la quantité de chaleur QC à évacuer au condenseur ce qui permet le calcul du
débit de fluide froid et le dimensionnement du condenseur.
Connaître la puissance de chauffe à fournir au bouilleur QR.
2.3.2.2. Bilans :
On distingue sur la figure 2.5 les trois parties sur lesquelles nous allons écrire les
bilans de matière et ou de chaleur :
1) zone de rectification,
2) zone d'épuisement,
3) toute la colonne.
Pour chaque partie, le bilan matière (et/ou de chaleur) total et partiel, en régime
permanent et en absence de réaction chimique (ni apparition ni disparition des constituants),
se résume à l'équation simple:
« Ce qui entre = Ce qui sort »
a) Bilan sur toute la colonne :
Les bilans de matière sur toute la colonne (Figure 2.7) sont présentés comme suit :
- QC
D, xD, hD Produit de
L0, xD, hD tête (léger)
A, ZA, HA
Produit de
R, xR, hR base (lourd)
+ QR
Donc, si on a A, ZA, xD, et xR comme données, on peut calculer D et R à partir des équations
(2.26) et (2.27).
VA, H’A, yA
QC
Condenseur
D, hD xD
V1, H1, y1 L0, hD xD
Bouilleur R, hR, xR
QR
Comme sa été mentionner plus haut le but du bilan thermique est de déterminer les
quantités de chaleurs mises en jeux dans l’opération de rectification. Ici au niveau du
bouilleur, le but est de déterminer la quantité de chaleur à fournir QR. Cette dernière peut être
exprimée à partir d’un bilan de chaleur au niveau du bouilleur, ou bien on peut la déduire
directement à partir du bilan thermique global selon l’équation (2.28) :
AHA + Q R = Q C + DhD + RhR (De l’équation 2.28)
QR
: Quantité de chaleur à fournir au bouilleur par mole de résidu, en (cal/h.mole).
R
2
On dit qu'un rebouilleur est total si toute l'alimentation liquide du rebouilleur est vaporisée. Dans le cas
contraire, on dit que le rebouilleur est partiel. Dans notre cas il faut que le rebouilleur soit partiel pour assurer
l’opération de rectification : Un rebouilleur partiel qui conduit à la formation d'un mélange liquide-vapeur.
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QC
Condenseur
D, xD
V1, y1
L0, xD
Plateau 1
V2, y2 L1, x1
D’après cette dernière équation on constate que les courants qui se croisent entre les plateaux
sont des points de coordonnées [xP,yP+1] qui appartiennent a la droite opératoire. L’équation
(2.47) représente la droite opératoire de la zone de rectification en fonction taux de reflux.
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Pour tracer une droite il faut soit connaître deux points, soit connaître un point et la pente.
Donc : Lorsque xP = xD dans l’équation (2.47) on obtient : yP+1 = xD
Donc sur un diagramme y – x, la droite opératoire de la zone de rectification (section
d’enrichissement) passe par le point D de cordonnée (xD ,xD) situé sur la première bissectrice.
f) Bilan autour de la zone d’épuisement :
Le bilan autour de la zone d’épuisement (section appauvrissement), permet de
déterminer l’équation de la droite opératoire de la section épuisement.
f.1) Droite opératoire de la section épuisement :
Faisant un bilan de matière entre un plateau P’ de la section d’épuisement et le bas de
la colonne (Figure 2.11):
V’p, y’P L’P+1, x’P+1
Plateau P’
V’P-1, y’P-1 L’P, x’P
QR
V′0
Sachant que 𝜃 = , l’équation (2.51) devient :
𝑅
𝜃 +1 1
yP = 𝑥P+1 − 𝑥R (2.52)
𝜃 𝜃
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D’après l’équation (2.52) on remarque que les courants qui se croisent entre les plateaux sont
des points de coordonnées [xP+1,yP] qui appartiennent a la droite opératoire. Cette équation
représente la droite opératoire de la zone d’épuisement en fonction taux de rebouillage.
Et pour tracer une droite il faut soit connaître deux points, soit connaître un point et la pente.
Donc : Lorsque xP+1 = xR dans l’équation (2.52) on obtient : yP = xR
Donc sur un diagramme y – x, la droite opératoire de la zone d’épuisement (section
appauvrissement) passe par le point R de cordonnée (xR ,xR) situé sur la première bissectrice.
Les deux droites opératoires (section enrichissement et section épuisement) ainsi
établis, pour un taux de reflux donné en tête de colonne, se rencontrent en un point I (Figure
2.12). On peut montrer également qu'une alimentation à une teneur correspondant à
l'intersection de ces droites opératoires. Par conséquent, le point I est le point de rencontre des
trois droites opératoires.
On verra par la suite que le lieu du point I varie avec la variation du taux de reflux r et
l’état thermique de l’alimentation (T A), on doit donc chercher quel est le lieu du point I.
Étant donné que le point I est le point de rencontre des deux droites opératoires, donc ces
coordonnées (x, y) appartiennent aux équations de ces droite. Donc on peut écrire :
𝐿0 𝐷
𝑦= 𝑥 + 𝑥𝐷 (De l’équation 2.47)
𝑉 𝑉
(2.53)
L′ R
y= 𝑥− 𝑥R (De l’équation 2.51) (2.54)
V ′0 V ′0
1
Courbe d’équilibre D
Droite
d’alimentation
I Droite opératoire
enrichissement
y A
Droite opératoire
épuisement
R
0 xR xA xD 1
Figure 2.12 : Représentation du point de rencontre (I) des droites opératoires sur la courbe
d’équilibre y - x
Les équations (2.53) et (2.54) peuvent être écrites sous la forme :
𝑦𝑉 = 𝐿0 𝑥 + 𝐷𝑥𝐷
(2.55)
V L0
V’0 L’
L’ V’0
V’0 L’
L’ V’0
0 ZA 1
Lorsque (r ∞), la pente tend vers « 1 » et l’ordonnée à l’origine tend vers 0,
l’équation précédente se réduit à : y P1 xP
1 D
5
R
0 XR XD 1
x : Fraction dans le liquide
𝑥𝐷
Donc : 𝑟𝑚 = −1 (2.77)
𝑦𝑚
1
D
I
Fraction molaire vapeur, y
yA
ym
0 xR ZA xD 1
Fraction molaire liquide, x
Coût H∞
Coût total
Frais
d’installatio
ns
Frais
opératoires
Taux de reflux
rmin ropt
Figure 2.18 : Influence de taux de reflux sur les frais de la colonne
2.3.6. Notion d’efficacité :
Afin de comparer les plateaux réels à leurs modèles idéals, on introduit la notion
d’efficacité.
2.3.6.1. Efficacité globale de la colonne :
L’efficacité globale « » d’une colonne est définie comme étant le rapport du nombre
de plateaux théoriques (NPT) nécessaires pour réaliser la séparation au nombre de plateaux
réels (NPR) :
N
PT (2.8)
N PR
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