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Commentaire de l’arrêt Cass. Com, 21 février 2012, 10-27.

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La décision commentée est un arrêt rendu par la Cour de


cassation, en date du 21 février 2012.
La décision s'inscrit dans le domaine du droit des sociétés
commerciales et plus spécifiquement dans celui du droit des contrats.
Le sujet précis abordé est la validité des contrats conclus par
une société avant son immatriculation au registre du commerce et
des sociétés.
Cette question revêt un intérêt majeur dans le domaine
juridique des affaires car elle touche à la capacité juridique des
sociétés en formation et aux conséquences de leur immatriculation
sur les contrats conclus antérieurement.
La décision de la Cour de cassation éclaire ainsi les règles
régissant la capacité des sociétés à contracter et soulève des enjeux
cruciaux en matière de sécurité juridique des transactions
commerciales.
La société Dolce Vita avait conclu des contrats avec des sociétés
du groupe Guess pour l'ouverture d'un magasin "Guess by Marciano"
avant même son immatriculation au registre du commerce et des
sociétés. Par la suite, des litiges ont émergé concernant la fourniture
de marchandises et le respect des droits contractuels, conduisant à
une action en justice de Dolce Vita contre les sociétés du groupe
Guess.
Dans cette affaire, Dolce Vita a intenté une action en justice
contre la société One, titulaire d'un bail commercial sur une boutique
"Guess Jean's", ainsi que contre les sociétés du groupe Guess. Dolce
Vita demandait l'exécution des contrats et réclamait des dommages-
intérêts. En réponse, les sociétés du groupe Guess ont soulevé
reconventionnellement la nullité des contrats conclus avec Dolce Vita.
L'affaire a été portée devant la cour d'appel, qui a rendu un
jugement déclarant nulles les conventions des 20 janvier et 1er
février 2005 et rejetant les demandes de Dolce Vita. Suite à cela,
Dolce Vita a formé un pourvoi en cassation contre cette décision de la
cour d'appel.
Dolce Vita soutient que les contrats conclus avant son
immatriculation au registre du commerce et des sociétés sont valides
et exécutoires, et demande l'exécution des contrats ainsi que des
dommages-intérêts pour leur inexécution. Les sociétés du groupe
Guess affirment que les contrats conclus par Dolce Vita avant son
immatriculation sont nuls en raison de l'absence de capacité juridique
de Dolce Vita à ce moment-là. Elles demandent donc la nullité des
contrats et le rejet des demandes de Dolce Vita.
Le problème juridique soulevé par l'arrêt est le suivant : Les
contrats conclus par une société avant son immatriculation au
registre du commerce et des sociétés sont-ils nuls pour défaut de
personnalité juridique, et cette nullité peut-elle être opposée par les
tiers contractants pour invalider lesdits contrats ?
La juridiction a confirmé la nullité des contrats conclus par Dolce
Vita avant son immatriculation au registre du commerce et des
sociétés.
En vertu de la solution donnée par la juridiction, notre
commentaire portera d'une part sur la nullité des contrats pour
défaut de personnalité juridique de la société Dolce Vita (I), et d'autre
part sur l'impossibilité de régulariser les contrats postérieurement à
l'immatriculation (II)
I - Nullité des contrats pour défaut de personnalité juridique de
la société Dolce Vita

A - Absence de capacité juridique de la société avant son


immatriculation
La Cour de cassation se prononce sur la capacité juridique de
la société Dolce Vita avant son immatriculation au registre du
commerce et des sociétés. Elle constate que Dolce Vita n'avait pas
acquis la personnalité juridique nécessaire à la conclusion des
contrats litigieux. En effet, la capacité juridique d'une société est
conditionnée par son immatriculation, et avant cette étape, elle ne
peut pas valablement contracter.

B - Nature de la nullité
1 - Nullité absolue des contrats
La Cour de cassation confirme la nullité absolue des contrats
conclus par Dolce Vita avant son immatriculation. Cette nullité
absolue prive les contrats de tout effet juridique, les rendant réputés
n'avoir jamais existé. Ainsi, les parties contractantes sont libérées de
leurs obligations découlant de ces contrats.

2 - Opposabilité de la nullité par les tiers contractants


La nullité des contrats peut être opposée par les tiers
contractants, en l'occurrence les sociétés du groupe Guess. Ces tiers
peuvent invoquer la nullité pour refuser d'exécuter les obligations
prévues par les contrats. Cette opposabilité renforce la protection des
tiers contractants contre les conséquences néfastes de la conclusion
de contrats avec une société dépourvue de capacité juridique. Qu’en
est-il de l’impossibilité de régulariser les contrats postérieurement à
l’immatriculation ?

II - Impossibilité de régulariser les contrats postérieurement à


l'immatriculation
A - irrecevabilité de la régularisation des contrats
La Cour de cassation souligne l'irrecevabilité de toute
tentative de régularisation des contrats conclus avant
l'immatriculation de Dolce Vita. En effet, une fois la nullité constatée,
il est impossible de régulariser ces contrats rétroactivement.

B - Absence de confirmation ou de ratification des contrats


La Cour de cassation constate l'absence de confirmation ou
de ratification des contrats par Dolce Vita après son immatriculation.
Cette absence de confirmation ou de ratification empêche toute
validation rétroactive des contrats, confirmant ainsi leur nullité
absolue. En conclusion, la Cour de cassation confirme la nullité
absolue des contrats conclus par Dolce Vita avant son
immatriculation au registre du commerce et des sociétés. Cette
nullité est opposable par les tiers contractants, et il est impossible de
régulariser les contrats postérieurement à l'immatriculation de la
société.

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